2005_02_22 ________________________________________________________________________ SdT volume 11, numero 2. LES CITATIONS DU MOIS ________________________________________________ Le néanderthalien, et peut-être quelques groupes d'anthropoïdes encore antérieurs à lui, manifestait déjà une tendance à conceptualiser, défaut qui devait devenir une des caractéristiques de l'espèce. Emmanuel Anati (1999) La religion des origines, Paris, Bayard, p. 61. ________________________________________________ SOMMAIRE 1- Coordonnees - Bienvenue a Michel Ballabriga, Nicolas Couegnas, Cedric Detienne, Francoise Dufour, Charlotte Lacoste, Benedicte Laurent et Michelle Lecolle. - Changement d'adresse pour Jean-Yves Antoine, Maria Antonia Coutinho, Hakim Hessas, Yvon Keromnes, Franson Manjali et Michele Noailly. 2- Carnet - Mehran Zendehboudi nomme maitre de conferences a l'Universite Ferdowsi. - Courrier des lecteurs : des SdT moins longs et plus frequents? - Seminaire Semantique en contexte (Brest) - Seminaire du CPST (Toulouse) : Le plan de l'expression 3- Textes electroniques - Site Artamene : le plus long roman francais - Guide pour la recherche d'information en sciences du langage - Creation de l'Association Internationale de Stylistique 4- Publications - Marino Pulliero : Walter Benjamin - Le desir d'authenticite - Creation des Editions Lambert-Lucas - Olivier Remaud : Russie : La "culturologie", nouvelle science des civilisations ? - Compte rendu de l'ouvrage de Jutta Scherrer : Kulturologie. Russland auf der Suche nach einer zivilisatorischen Identitat 5- Dialogue - "Texte et document numerique" : dialogue entre Roger T. Pedauque (le RTP-Doc) et Francois Rastier 6- Appels : Colloques et revues - 6e Rencontres Terminologie et Intelligence Artificielle Rouen, 4-5 avril 2005. - Journee COGNISUD "Cognition de la musique" Marseille, Vendredi 4 mars 2005. - JETOU "Role et place des corpus en linguistique" Toulouse, 1-2 juillet 2005. - ColDoc "Recueil des donnees en sciences du langage et constitution de corpus : donnees, methodologie, outillage" Nanterre, 16-17 juin 2005. 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 [information réservée aux abonnés] 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {Zendehboudi, 07/02/2005} De Mehran ZENDEHBOUDI : J'ai le plaisir de vous annoncer que je suis à présent titulaire d'un poste de Maître de conférences à l'Université Ferdowsi (Iran). 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {FR, 13/02/2005} COURRIER DES LECTEURS Une réaction sympa ! From: Marc Arabyan <m.arabyan@chello.fr> Bravo et merci pour ce nouveau numéro, court et clair. Tous mes voeux à l'équipe. Le travail fourni est impressionnant, et le résultat, c'est un véritable outil de travail. Ca me suggère une suggestion : Pourquoi ne pas augmenter la périodicité et diminuer à proportion la longueur (densité) de chaque livraison ? Bon courage. Bien amicalement Marc Arabyan RPLR (réponse de la rédaction) : Au siècle dernier, voir Archives sur Texto! pour les nouveaux lecteurs, les numéros du Bulletin Sémantique des Textes étaient plus courts et plus fréquents. Ils ont pris des kilos avec l'âge. On allait contre la parcellisation de l'info : mais en effet les numéros sont un peu longs, donc, bonne résolution, on va essayer de suivre ce conseil d'ami. 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {FR, 13/02/2005} Séminaire Sémantique en contexte Organisé par Michael Rinn et Ioannis Kanellos Faculté Victor Segalen, Brest Salle A111, 17h-19h 24 février 2005 Dominique MAINGUENEAU (Université de Paris XII Val de Marne) Esprit, es-tu là ? Hyperénonciateur et participation. 17 mars 2005 Simone BONNAFOUS (Université de Paris XII Val de Marne) Qu'est-ce qu'un événement discursif ? L'exemple des déclarations de Journée Internationale des Femmes (8 mars). 31 mars François RASTIER (CNRS) Les Mots sans les choses. 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {Mpondo-Dicka, 28/01/2005 et 21/02/2005} Séminaire du C.P.S.T. 2e semestre 2004 Le plan de l'expression, un objet majeur pour la réflexion sémiotique. Texte d'orientation Maintenant qu'il est largement reconnu que la sémiotique a fait aussi ses preuves hors du champ littéraire, et, plus encore, hors du champ linguistique, il est peut-être temps de réinterroger un concept qui fait partie des fondamentaux (on pourrait presque dire de la vulgate) sémiotiques, sans pour autant avoir été vraiment examiné : le plan de l'expression. Ce dernier est au fondement de la relation sémiotique, mais il reste, pour l'instant, un postulat dans l'économie générale de la théorie. Car si, dans un premier temps, il était possible déléguer l'examen du plan (et des formes) de l'expression à d'autres disciplines linguistiques (phonologie, prosodie), voire de considérer que sa description avait déjà été établie et qu'il fallait asseoir la description du plan du contenu (position de Greimas dans Sémantique structurale), parce qu'il s'agissait de construire une sémantique linguistique, aujourd'hui, l'étape de vérification ou de contrôle à laquelle aspirait Greimas (1) devient urgente et cruciale pour la sémiotique, qu'on la conçoive comme une sémiotique générale, une sémiotique fédérative des diverses sémiotiques particulières, ou encore comme une sémiotique des cultures, avec tout ce que cette expression a de problématique et/ou de programmatique à ce jour. La question du plan de l'expression, dont dépend celle de la sémiosis nous paraît aujourd'hui cruciale. Ce séminaire se propose de réexaminer la notion et, au mieux, d'en proposer in fine une (re)définition théoriquement argumentée et que l'on espère heuristique. Ce projet s'appuiera sur des contributions relevant des sciences du langage, mais aussi d'autres disciplines appartenant aux sciences humaines et sociales, si le besoin s'en fait sentir (des apports d'ordre philosophique, anthropologique, pour ne donner que quelques exemples, sont envisagés). La réflexion pourra être aussi bien épistémologique (exégèse hjelmslevienne, greimassienne, et autres réflexions sur l'histoire des concepts linguistiques), que méthodologique ou concrète, notamment à partir d'étude de cas de sémiotiques syncrétiques (sans exclusive). Il nous semble que la réflexion sémiotique actuelle ne saurait éviter à nouveau cette question problématique (notamment au regard des apports profitables d'une telle réflexion à la question tensive, qui est au coeur des préoccupations actuelles), sous peine de manquer une fois de plus le sémiotique dans les divers langages auxquels elle s'est confrontée, et dans les différents ensembles signifiants dont elle a proposé l'analyse. En somme, par ce séminaire, le C.P.S.T. tente d'oeuvrer à la conciliation de la sémiotique (ou des sémiotiques, puisque la question est ouverte) et du sémiotique, et invite l'ensemble de la communauté à l'aider dans cette réflexion. Il nous semble en effet qu'un certain nombre de questions restées sans réponse, ou auxquelles il n'a été répondu que partiellement (nous pensons, sans souci d'exhaustivité ni de classement, à la question de l'iconicité, au problème des sémiotiques syncrétiques -et notamment, au problème sous-jacent du statut du verbal dans ces sémiotiques, à la réflexion sur la synesthésie, à la question de l'isomorphisme des plans de l'expression et du contenu, etc.) , trouverait un éclairage nouveau, et peut-être un début de résolution, tout au moins un consensus heuristique et théorique profitable. Notes (1) Dans l'article "Du sens" qui ouvre le livre du même nom : "les procédures dites de description et de découverte du niveau du signifiant deviennent, pour la sémantique, des procédures de vérification, qui doivent être utilisées simultanément avec la description de la signification. Si le moindre changement dans l'état du signifiant signale quelque changement de sens, on ne doit enregistrer, inversement, le mondre changement de sens s'il ne peut être vérifié par la reconnaissance d'un écart correspondant dans le signifiant. Il ne faut pourtant pas se faire d'illusions : ces procédures [...] ne font qu'établir une corrélation de contrôle entre deux plans indépendants du langage. Si la description de la signification reste arbitraire, les procédures de contrôle garantissent, cependant, dans une large mesure, sa cohérence interne." ________________________ 17 Février, 14h30-16h30 Joseph Courtés (CPST, Université de Toulouse 2) Plan de l'expression et perception À l'issue de la séance, le CPST proposera aux participants de se retrouver devant un verre, en l'honneur de Joseph Courtés, à l'occasion de son départ à la retraite. 10 Mars, 14h-16h Louis Panier (SEMEIA, Université de Lyon 2) La "substance du figuratif" dans le discours (titre provisoire) 24 Mars, 14h-16h Alessandro Zinna (CÉRES, Université de Limoges) Le plan de l'expression des objets d'écriture : analyses pratiques d'hypertextes. 7 ou 14 Avril (date à confirmer), 14h-16h Patrick Mpondo-Dicka (CPST, Université de Toulouse 2) Le plan de l'expression d'une séquence de film (scène de violence dans un film de Spike Lee) 6 Mai, 10h-12h (au lieu du 5 mai, férié) Sémir Badir (Fonds National Belge de la Recherche Scientifique, Université de Liège) Un plan de l'expression chez Hjelmslev 19 Mai, 14h-16h Michael Rinn (CÉDITEC, Université de Bretagne Occidentale) La fin de la culture. Pour une sémiotique de l'internet négationniste 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {FR, 13/02/2005} BEAUX SITES Quelques nouveautés importantes du site "Artamène" qui, à son stade de développement actuel, donne l'intégralité du texte du plus long roman de la littérature française, Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) de Madeleine de Scudéry (13 095 pages dans son édition originale, 7443 dans cette édition en ligne). http://www.artamene.org 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {Vaillant, 02/02/2005} GUIDE POUR LA RECHERCHE D'INFORMATION SUR LA TOILE De Pascal Vaillant : Je viens de finir de rédiger un guide « Points de départ pour la recherche d'information en Sciences du Langage » que j'ai fait à l'origine pour mes étudiants de l'Université des Antilles-Guyane, en Martinique, mais dont les parties non-spécifiques à l'UAG peuvent être utiles à d'autres (liens sur des sites d'archives de publications scientifiques, sur des sites portails, sur des revues en ligne ...). L'adresse du guide : http://www.univ-ag.fr/gerec-f/points_de_depart_recherche/ 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {FR, 13/02/2005} ASSOCIATION INTERNATIONALE DE STYLISTIQUE Nous sommes très heureux de vous annoncer officiellement la création d'une Association Internationale de Stylistique (A.I.S.). Celle-ci a pour mission de rassembler les stylisticiens français et étrangers, de proposer un lieu d'échange et de recherche sous la forme d'un site internet, d'organiser un annuaire des stylisticiens, de rassembler les colloques et manifestations à orientation stylistique, d'informer les stylisticiens des travaux en cours, des ouvrages de recherches parus, etc. Le site propose une recherche en ligne, avec un forum de discussion. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter notre site internet : http://www.styl-m.org/AIS/ Pour que cette entreprise réussisse, nous avons absolument besoin de vous. D'abord évidemment de vos travaux de recherches, qui feront avancer les débats (premier programme prévu : Formes et normes en poésie contemporaine, premier article de Joelle Gardes-Tamine). Mais aussi des informations que vous possédez les uns et les autres sur la stylistique (sites, ouvrages, articles, thèses soutenues en stylistique...). Certains d'entre vous pourront proposer des partenariats avec des Universités ou des Équipes de recherche, conseiller des sites web... Pour le moment, nous vous invitons donc à prendre contact avec nous et à rejoindre l'Association ainsi qu'à diffuser largement cette lettre d'information en France et à l'étranger. Nous étudierons toutes vos propositions et répercuterons avec plaisir les informations que vous nous transmettrez. Notre plus grand désir est que cette Association soit réellement celle de tous les stylisticiens et qu'ils puissent y trouver un véritable lieu d'échange. Nous vous remercions donc par avance du soutien que vous saurez apporter à ce qui doit être votre A.I.S. Contacts : bougault.laurence@wanadoo.fr j.wulf@free.fr julys@wanadoo.fr ou A.I.S., Boriga, 35290 GAEL. Les membres fondateurs Laurence Bougault, Judith Wulf, Joël July. 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 Publications Publications Publications Publications Publications 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 13/02/2005} VIENT DE PARAÎTRE Walter Benjamin - Le désir d'authenticité Cette biographie intellectuelle de Walter Benjamin est en même temps un travail d'histoire de la culture qui s'attache à brosser une fresque de l'Allemagne wilhelminienne, comme à en dégager une ligne rectrice : le désir d'authenticité. Cet axe dominant résulte de l'analyse des courants et des conflits philosophiques, esthétiques, religieux et politiques qui animèrent l'Allemagne au tournant du XIXe siècle et qui se manifestèrent dans toute leur ampleur, juste après la fin de la Première Guerre mondiale, comme un rejet du monde d'avant 1914. Toutes les grandes thématiques sont abordées par l'ouvrage : la critique de la culture (puissamment entretenue par l'influence nietzschéenne), la transformation de la vie et de la sensibilité au sein des grandes métropoles modernes, les différentes faces de la refonte de l'identité juive (les sionismes et les réactions qu'ils déclenchèrent), les mouvements de jeunesse et leurs idéologies du retour à la nature et au corps, les conflits religieux autour de la problématique de la sécularisation et du désenchantement, les thèmes socio-politiques de la "communauté" opposée à la "société", enfin la question de la philosophie de l'histoire et celle, plus philosophique de la conception nouvelle de l'expérience réagissant au positivisme et au scientisme. Ce livre est l'histoire d'une formation ; mais si la figure de Benjamin apparaît à ce point exemplaire, c'est que les éléments de cette formation ont exercé leur influence bien au-delà de la Grande Guerre, et jusque dans la réception contemporaine et, notamment, française, de cet auteur. L'ouvrage nous propose ainsi un miroir de nos propres conflits en nous offrant les moyens de retrouver leurs racines et de reconstituer leur généalogie. Marino Pulliero, né en 1952, a d'abord fait une thèse de philosophie antique à l'Université de Venise, puis une thèse de philosophie contemporaine à la Sorbonne. Historien et philosophe, il est spécialiste de l'Allemagne wilhelminienne. Editions Bayard, 2005, 1.053 pages, 49 Euros. 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 13/02/2005} NOUVELLE MAISON D'EDITION On nous informe de la création des EDITIONS LAMBERT-LUCAS, association selon la loi française de 1901 (publiée au J.O. du 26 juin 2004) par une dizaine de professeurs des universités, a l'initiative de Marc Arabyan dont on connaît par ailleurs la collection "Sémantiques" toujours très active aux éditions l'Harmattan. Cette nouvelle maison d'édition s'est donné pour but de rééditer sous une forme particulièrement soignée des ouvrages de référence auxquels les principaux éditeurs du secteur des sciences humaines ne croient plus, ainsi que des travaux de recherche, thèses de doctorat ou d'habilitation, recueils, actes de colloques, etc. Dans le domaine des sciences du langage, on citera d'ores et déjà Michel Bréal, William Dwight Whitney, Max Muller, Antoine Meillet, Bernard Gardin, ou encore Robert Lafont, Gilles Lugrin, Jean-Pierre Kaminker, Michel Arrivé, Frédéric François, Pierre Lejeune, Juan Alonso Aldama, Akatane Suenaga, entre autres auteurs publiés, en cours de publication ou en projet. En juin 2005 les EDITIONS LAMBERT-LUCAS éditeront la revue LANGAGE ET INCONSCIENT, animée par Izabel Vilela et Michel Arrivé, qui ont été les organisateurs des numeros 7 et 8 de Marges Linguistiques (www.marges-linguistiques.com). Pour commander ou faire commander des ouvrages (ou la revue) par votre laboratoire ou votre bibliothèque universitaire, veuillez passer par notre site : http://www.lambertlucas.com Vous y trouverez le catalogue et un formulaire imprimable pour passer commande. 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 13/02/2005} COMPTE RENDU Olivier Remaud Russie : La "culturologie", nouvelle science des civilisations ? Compte rendu de l'ouvrage de Jutta Scherrer : Kulturologie. Russland auf der Suche nach einer zivilisatorischen Identität Wallstein Verlag, Göttingen, 2003. [Publié dans la revue La vie des idées, novembre/décembre 2003] Disponible sur : <http://www.repid.com/article.php3?id_article=135>. Consulté le 20/01/2005. Le concept de "culturologie" (koul'tourologuiya) traduit l'une des évolutions profondes du monde intellectuel russe de ces dernières années. Il accompagne le vaste mouvement de renaissance des interrogations à caractère global sur le devenir des civilisations, dans le sillage de la géopolitique de Samuel P. Huntington et d'un certain comparatisme inter-culturel. Ce terme désigne d'abord une réalité universitaire qui émerge dès le tournant politique de 1991 et qui ne se limite pas à l'actuelle Fédération russe. Elle se constitue rapidement comme une discipline à part entière et s'inscrit dans le paysage des connaissances au même titre que la sociologie, les mathématiques ou la linguistique. Elle redessine le contenu de certains enseignements ainsi que l'allure générale des publications plus ou moins spécialisées. Il est désormais possible de rédiger des thèses de culturologie et d'étudier cette matière non seulement dans les universités de Moscou, Rostov sur le Don ou Krasnoïarsk, mais aussi dans les divers instituts des anciennes républiques de l'Union soviétique, à Tartu, Kiev ou Almaty. Jutta Scherrer rappelle que durant la seule année 1999, la bibliothèque d'Etat russe a recensé 1146 nouveaux titres susceptibles d'être répertoriés sous cette rubrique. Mais la culturologie désigne plus fondamentalement une sorte de philosophie globale qui poursuit l'idéal d'une synthèse de toutes les activités culturelles. A la différence du cultural turn américain et des Kulturwissenschaften allemandes, qui s'intéressent prioritairement aux micro-pratiques sociales, elle se détermine elle-même comme une science de l'identité qui privilégie le "paradigme civilisationnel". En rupture complète avec les précédentes décennies, elle revalorise par exemple la distinction entre les sciences sociales et les humanités classiques pour mieux redéfinir l'unité culturelle russe et la qualité créative de son "âme". Les avocats de la culturologie, dont plusieurs furent d'ardents marxistes-léninistes, citent volontiers parmi leurs pères littéraires les figures de Nietzsche, Spengler, Berdiaev, Freud, Sorokin, Ortega y Gasset ou plus récemment Arnold Toynbee, Leslie White et Samuel P. Huntington. Ils y ajoutent les oeuvres des fondateurs des mouvements slavophiles de la seconde moitié du XIXe s., notamment le livre intitulé "La Russie et l'Europe" que Nikolaï Danilevskij publie en 1871, plusieurs fois réimprimé de son vivant et nouvellement réédité, qui développe une critique réglée de l'eurocentrisme. En lisant J. Scherrer, on comprend que la culturologie se signale par la manière qu'elle a de réactiver plusieurs vieux débats. La culturologie saute littéralement par-dessus l'année 1917 et préfère résorber le stalinisme, comme l'époque soviétique, dans le contexte historique des cultures totalitaires qui ont marqué indifféremment l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam, Cuba et enfin l'Irak. Elle remonte à contre-courant vers les doctrines de l'eurasisme qui ont jadis opposé l'esprit russe au règne supposé corrompu de la pensée moderne occidentale et qui inspirent maintenant une forme de néo-eurasisme dans les milieux de la politique étrangère fortement intéressés par les mutations de l'Asie centrale. Elle abat une nouvelle fois la carte de la religion orthodoxe, composante stratégique et indispensable de la culture russe, pour déjouer les avancées du matérialisme de l'Ouest. Contre la version marxiste d'un progrès linéaire, elle ranime les théories cycliques de l'histoire et estime que les civilisations sont des organismes individuels qui possèdent des rythmes de vie constitués d'apogées et de déclins. Sans surprise, elle défend le rôle providentiel, voire eschatologique, de l'histoire nationale. J. Scherrer observe que la culturologie enseignée dans les universités se divise depuis 1997 en quatre spécialités : théorie de la culture, culturologie historique, conservation du patrimoine et culturologie appliquée. Ce dernier domaine éclaire les enjeux non plus seulement intellectuels mais aussi politiques de la discipline. L'auteur mentionne un exemple éloquent qui paraît bien caractériser le style des années 1990. Après sa réélection, le président Eltsine a lancé durant l'été 1996 un concours dont le thème était "Une idée pour la Russie". Il s'agissait pour l'essentiel de répondre à deux questions : "Où allons-nous ?" et "Qui sommes-nous ?". Afin de justifier cette initiative, Boris Eltsine déclarait que l'histoire russe avait connu plusieurs périodes marquées par l'idéologie (la Monarchie, le Communisme, la Perestroïka) et qu'aujourd'hui, il était temps de retrouver une notion de l'Etat qui soit capable de mobiliser à nouveaux frais le sens de l'identité nationale. L'historien député de Vologda qui a remporté le concours envisageait de manière significative une idée de la Russie articulée en six points dont chacun renouvelait le combat de l'orthodoxie contre les pièges de l'individualisme occidental. La sphère du pouvoir en exercice puise donc très explicitement dans les thèses proposées par la culturologie (comme l'illustre encore le "programme gouvernemental d'éducation patriotique des citoyens de la Fédération russe" fixé par le président Poutine en mars 2001). Elle situe sa visée politique et ses études prospectives sur l'horizon d'une recherche d'identité qui s'affirme sans détours. Les élites gouvernementales empruntent des idées aux élites intellectuelles pour tenter d'évaluer le rôle mondial de la Russie, de préciser les courbes de sa future puissance et de garantir sa mission universelle. C'est dans ce contexte qu'elles renouent avec le discours de l'empire qui imprègne actuellement l'ensemble des esprits politiques russes. Ainsi explique-t-on que la culturologie, nouvelle doctrine d'Etat, parvienne à dépasser les clivages politiques et à se diffuser dans les propos d'un Zjuganov comme dans ceux d'un Zirinovskij. Il est peut-être encore trop tôt pour avancer que ce concept qualifie un authentique Sonderweg de la société russe, une évolution qui serait particulière à la Fédération. Mais il paraît évident que la culturologie vient combler un grand vide et qu'elle s'enracine dans la volonté de prescrire les normes à la fois morales et politiques du passage au XXIe siècle. En substituant au déterminisme économique du marxisme-léninisme le déterminisme culturel d'une spiritualité renforcée qui n'oublie jamais le destin de la Russie, elle exprime un nouveau besoin d'histoire totalisante et une quête de catégories existentielles au long cours. Cette approche civilisationnelle des problèmes de société est directement issue de la difficulté à s'orienter dans le temps présent et à maîtriser un futur qui se révèle à beaucoup chaque jour plus opaque. Dans un monde post-soviétique privé de boussole, la culturologie est une méthode de réécriture de l'histoire qui remplit une "fonction d'ersatz idéologique". En refermant cet ouvrage, on se demande quel type de scientificité une discipline qui semble ériger la notion de civilisation en langue unique de description du monde est capable de revendiquer ; et surtout vers quel genre d'histoire politique elle est susceptible de conduire, dans le prolongement des discours officiels, la société civile russe. Olivier Remaud Centre Marc Bloch (Berlin) & Institut Max Planck (Berlin) 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 {FR, 13/02/2005} TEXTE ET DOCUMENT NUMERIQUE Dialogue entre Roger T. Pédauque (le RTP-Doc) et François Rastier Un groupe de travail autour du document numérique réuni en 2004 a élaboré un document de travail intitulé "Le texte en jeu -Permanence et transformations du document", sous le nom collectif de Roger T. Pédauque, dont les initiales évoquent obstinément les RTP (Recherches Thématiques Programmées du CNRS). La seconde version du document a été mise en ligne le 23-12-2004. Les discussions en cours ne sont pas publiques. Cependant, il m'a paru utile, pour les lecteurs du bulletin Sémantique des Textes, d'en donner un écho évidemment partiel. Les quelques échanges ci-dessous ont été légèrement scénarisés, mais leur lettre respectée. L'expression "Version de référence" désigne le document de travail en débat. Il est plusieurs fois fait allusion au "cake" de Tim Berners-Lee, initiateur du Web sémantique. Il s'agit d'une figure qui se présente ainsi : [à visualiser en police non proportionnelle, par exemple "courrier"] _____________________ | Trust | ___|_____________________| | Proof | | ___|_____________| | | Logic | Digital | ___|_________________| | | Ontology vocabulary | signature | ___|_____________________| | | RDF + rdfschema | | ___|_________________________|___________| | XML + NS + xmlschema | |_________________________________________| | Unicode | URI | |_______________________|__________________| 1. François Rastier> La linguistique parle de longue date du discours (discourse) comme une de ses dimensions (cf. l'école française d'Analyse du discours). Mais ce discours cache le texte comme unité minimale d'étude, et véritable objet empirique de la linguistique. C'est sur la coupure entre philologie et linguistique qu'il faut revenir, car la philologie numérique présente doit faire évoluer la linguistique. Le problème d'ailleurs ne réside pas tant dans l'oubli du texte que dans l'extension au texte des préconceptions et procédures de la grammaire : on veut traiter le texte par une macrosyntaxe de séquences, alors que les unités textuelles ne sont pas nécessairement discrètes. Il me semble, cher Roger, que ta position à l'égard du Web sémantique reste un compromis. Ou du moins tu ne dis pas que le Web sémantique doit être découplé de l'ontologie et des ontologies. En effet, si tout texte procède d'un genre, il faut bien dire que les ontologies varient avec les genres, les champs génériques (ex. le théâtre) et les discours : non seulement on n'y trouve pas le même "mobilier", mais pas les mêmes relations (il y a par exemple des corpus où la relation d'hypéronymie n'est pas attestée). Par ailleurs, dans chaque genre, il y a des positions différentes voire contradictoires : cf. vos héros sont des assassins. Où met-on G.W. Bush dans l'ontologie ? Tant qu'on reste dans la sémantique dénotationnelle, on ne peut éviter ces difficultés insolubles. Les ontologies sont des machines normatives ; or le Web sémantique a besoin d'un tournant descriptif qui ne peut être pris qu'en développant la sémantique et la sémiotique de corpus, de façon qu'il puisse évoluer en fonction des usages effectifs. Les modèles type cake sont des compendiums sans aucun substrat épistémologique. Aussi je m'étonne de lire que les ontologies sont encore plus précises [que les thésaurus -qui sont pourtant une impasse notoire], "avec une sémantique permettant des traitements automatiques". Cet éloge des ontologies comme progrès surprend : que peut-on faire de plus que de l'héritage (ex. Wordnet : une église est un bâtiment, comme une usine) ? Roger T. Pédauque (désormais RTP)> Dans le Web, les textes ne respectent aucune contrainte, sauf celle du langage HTML. FR> N'oublions pas leurs propres contraintes, linguistiques, génériques, etc. RTP> La conséquence de cette liberté est que le seul moyen d'accès aux textes est celui des moteurs de recherche fondé sur la recherche "plein texte", avec toutes les difficultés que l'on connaît : incapacité à prendre en compte les synonymies, à retrouver des textes du même sujet, c'est-à-dire ayant des contextes d'énonciation similaires ou partageant les mêmes concepts. FR> Aucune de ces difficultés n'est une difficulté de principe, sauf si l'on s'en tient à une logique du mot-clé, qui est précisément celle des ontologies. L'analyse thématique assistée est précisément un moyen de sortir de la (termino)logique du mot-clé. RTP> La réponse du Web sémantique est d'indexer les textes avec les concepts d'une ontologie partagée par une large communauté. La recherche se fait alors sur les concepts avec lesquels les textes sont indexés. Cet index est une représentation formelle du document. FR> Elle est normalisée, mais non pour autant formelle : il n'y a pas de calculabilité. Le mot formel est ici ambigu, comme ailleurs dans le document. RTP> Cette représentation se substitue au texte pour la phase de recherche et même plus : le texte est arraisonné à la représentation formelle. FR> Ce que Quine appelle l'enrégimentation. Le texte disparaît donc, au profit de sa réduction, qui laisse inévitablement tomber ce que l'on recherche effectivement, notamment en quoi il est spécifique, par rapport à d'autres qui auront la même représentation "formelle". Le problème de la synonymie se pose alors à une tout autre échelle : deux textes peuvent être indexés par les mêmes concepts et se contredire. RTP> Cet arraisonnement est un véritable changement de paradigme. FR> Non, c'est une conservation : on reste au paradigme (dénotationnel) de la représentation des connaissances. RTP> Le document devient une représentation formelle de connaissances dont on contrôle la sémantique (formelle) pour l'inférence et le calcul par des agents implémentant des services. C'est ce qu'on retrouve implicitement dans le "cake" de la figure 2 : au-dessus du niveau documentaire, on a des "data" qui ne sont plus sujettes -ou soumises- à l'interprétation. FR> Les données, c'est ce qu'on se donne, aucune n'échappe à l'interprétation, ne serait-ce que pour être identifiée comme identique à travers le temps. RTP> On retrouve là une des conséquences de la représentation ontologique d'un texte : le texte, avec toute l'ambiguïté de la langue, laisse ouvert toute la richesse de l'interprétation ; l'ontologie, en privilégiant un (ou deux au plus) contexte, bloque toute capacité d'interprétation de l'homme comme de la machine. C'est le prix à payer de l'automatisation. FR> Ce fatalisme un tantinet résigné n'est-il pas une rationalisation (j'espère confortable) du conformisme ? Il faut sortir du préjugé que l'automatisation fait disparaître la richesse et la diversité des données textuelles, alors même qu'elle doit l'exploiter. Il existe en effet toutes sortes de modèles informatiques qui décrivent les contextes sans les prédéfinir, par exemple en reconnaissance de formes. Et c'est précisément (à mon avis) la reconnaissance de formes textuelles que nous avons à privilégier. Plus généralement, le suspens de l'interprétation est impossible dans les sciences de la culture (nous sommes condamnés au sens). La formalisation certes suspend l'interprétation, mais le temps du calcul : or les ontologies ne permettent aucune calculabilité digne de ce nom. 2. FR> Le cake de Tim Berners-Lee, même déguisé en galette des Rois, me semble un peu indigeste. Il empile benoîtement de normes indispensables comme Unicode à des normes purement idéologiques comme les ontologies à la Wordnet. Les prendre pour argent comptant me semble un mauvais calcul : ce sont des thésaurus relookés. Or les thésaurus avaient leur utilité (relative) quand on n'avait pas accès au plein texte. Maintenant qu'on peut l'avoir, ce type de représentation statique et normatif est devenu simplement obsolète. C'est donc à mon avis du côté moteurs de recherche qu'il faut se tourner, en proposant de l'indexation dynamique. Le caractère plurisémiotique des textes est insuffisamment reconnu en linguistique : mais on devrait bien admettre que la ponctuation sans parler même de la mise en page ou de la typo ne correspond pas au modèle du signe standard et fait bien partie du texte (bien que les grammaires n'en disent rien et les ontologistes non plus). C'est une étape pour étendre le concept de texte au document multimédia. Il est bien entendu qu'un texte n'est pas un ensemble de mots, mais ce qui est irréductible à un ensemble de mots : nous sommes dans les sciences de la culture et dans les technologies sémiotiques, et dans ces domaines c'est le global qui détermine le local. La compositionnalité reste illusoire : une pommade n'est pas une préparation à base de pomme, une métaphore n'est pas un transport à distance ni un déménagement (on écrit métaphora sur les camions de déménagement en Grèce) ; etc. On ne peut évidemment projeter la compositionnalité des langages logiques sur les langues. 3. Dominique Cotte> Je propose d'affirmer plus nettement que l'informatique en général repose sur des présupposés idéologiques qui l'engagent de toutes façons dans des formes de représentation qui sont dépendants des paradigmes de la logique formelle et qu'elle y trouve des limites concrètes même quand on la considère uniquement sous un angle industriel/opérationnel. Le décalage s'accroît ensuite si on transfère sans précaution ces approches, déjà en soi limitées, à une représentation "macroscopique" de la réalité. FR> Il me semble que l'informatique ne repose pas sur des présupposées idéologiques et n'est pas liée par nature à tel ou tel type de formalisme logique. Il s'agit bien plutôt d'une technologie sémiotique qui d'une part s'appuie sur les mathématiques, d'autre part sur un état de l'art technique, enfin sur des savoirs issus des domaines d'application. Elle a des objectifs (à tout le moins, le traitement de l'information) mais aucun objet propre : elle n'est pas une science et n'a donc pas d'épistémologie. Cela ne lui enlève rien, bien au contraire, et pourrait dissuader de prêter à l'informatique des travers qui ne sont pas les siens. L'outrance momentanément vendeuse du programme d'Intelligence artificielle est maintenant retombée ; comme ce programme reposait sur la métaphore impropre du cerveau et de l'ordinateur, on supposait que toute connaissance avait un format prédicatif qu'il fallait formaliser pour rendre opérationnelle et manipulable sa représentation. Le mécanisme métaphysique a perdu à présent de sa superbe, mais l'informatique reste victime du computationnalisme qui a cherché à l'instrumentaliser. Or, le connexionnisme a bien montré que le format d'entrée des données et le format de sortie des résultats n'avait rien de nécessairement logique. Ce n'est donc pas la logique ni l'informatique qui sont à récuser, mais l'idéologie logiciste qui a imprégné les milieux scientifiques d'une manière d'ailleurs inégale, mais très sensible en linguistique -d'où par exemple la sous-estimation des méthodes quantitatives en linguistique de corpus, qui ne doivent rien à la problématique de la représentation des connaissances. 4. Bruno Bachimont (désormais BB)> Il me semble réducteur de considérer l'informatique comme simple technique, si on veut entendre par là un ensemble de procédés empiriquement mis au point selon des finalités exclusivement pragmatiques et extérieures à ces procédés. Autrement dit, l'informatique n'aurait pas d'objet propre, et donc ne pourrait être une science car toute science a un objet. Or l'informatique a bien un objet, le calcul. C'est ce qu'ont montré les travaux de Hilbert, Turing, et de la logique mathématique. L'objectif de l'informatique est d'explorer et de proposer les différents moyens d'opérationnaliser et d'"effectiviser" les transformations que l'on peut spécifier. (...) FR> Les mathématiques appliquées sont une partie des mathématiques, et l'informatique en ce sens une partie des mathématiques appliquées. La théorie des automates, par exemple est une pure théorie mathématique, complètement indépendante de toute incarnation machinale : qu'une machine à calculer soit en bois comme la Pascaline importe peu :-), et l'URSS a eu des informaticiens brillants qui travaillaient sans guère de matériel informatique (généralement réservé à la recherche militaire), avec papier et crayon. Rien ne s'oppose à considérer l'informatique comme un art (au sens des arts et métiers, voire plus) : mais une science qui aurait pour objet le calcul, j'en doute. D'une part le calcul est depuis des millénaires l'objet des mathématiques (ta mention de Hilbert appuie ce propos). Pourquoi l'informatique ne serait-elle pas une technologie qui emprunte aux mathématiques appliquées, à l'électronique (mais jadis la menuiserie et bientôt l'optique), et aux domaines d'applications eux-mêmes ? La science du calcul se distingue ici de la technique d'automatisation du calcul. De fait, on définit tantôt l'informatique par référence aux mathématiques : l'algorithmique, la théorie des langages, la théorie des machines logiques, la théorie de la calculabilité en général, incluant à la limite par sa puissance d'expression la théorie de la démonstration d'abord, toute la logique mathématique ensuite. Tantôt, on la définit par le design informatique, les processeurs et de leurs agencements, la programmation, etc. BB> Evidemment, on peut rétorquer que l'informatique est une construction d'ordre technique, car elle construit ce qu'elle décrit, son objet n'étant pas donné par la nature, mais constitué et construit par son propre faire. Mais, n'en-est il pas ainsi pour toute science, qui hypostasie sa technique expérimentale et opératoire en objets scientifiques ? FR> Si l'informatique a des applications, cela n'en fait pas pour autant une science expérimentale : la sanction est ergonomique, commerciale, etc., bref la satisfaction ou non de la demande sociale. En tant que branche des mathématiques, elle n'est pas une discipline expérimentale. On peut certes faire de la preuve de programme, mais c'est là une validation intrathéorique de la cohérence d'un ensemble d'algorithmes. En tant que technologie, elle ne valide rien par elle-même, voir par exemple les horoscopes calculés par ordinateur... Ainsi en lui assignant un objet scientifique, on l'exposerait à des critiques injustes. Je me suis permis de revenir sur cette question de la place de l'informatique parce que l'on a connu de façon récurrente l'argument du "bon formalisme". Des lobbies successifs ont voulu s'imposer en prétendant leur théorie implémentable (argument fort du chomskisme qui s'appuyait sur le cousinage de la théorie des grammaires et de la théorie des automates), et l'on n'a pas tiré leçon de leur échec. Aujourd'hui on veut imposer des langages prédicatifs (RDF) et des ontologies (Web sémantique) avec le même genre d'arguments ; tout cela peut éventuellement être utile sans pour autant être nécessaire. Un raisonnement couramment implicité semble le suivant : la construction d'ontologies est inévitable pour accéder aux documents, car cela correspondrait aux nécessités de l'opérationnalisation informatique. Comme s'il y avait une "théorie de l'informatique" qui déterminait entièrement ses applications... Cette "théorie" n'est pas une théorie au sens du noyau épistémologique d'une science, c'est une doxa révisable. Il est vrai que le projet rationnel d'interprétation logico- computationnelle du langage, et de là, de la pensée et de l'ensemble des compétences humaines, s'associe au vingtième siècle au développement de la logique mathématique et de la théorie des la machines logiques. D'où la continuité évidente qui lie Frege, Hilbert, Turing, Chomsky (élève de Carnap), jusqu'à Fodor et Pylyshyn. Ils ont élaboré des idées formelles, pures et décontextualisées de calcul, de preuve et de machine, avec le grand rêve de tout ressaisir en ces termes. Mais, ce logicisme fait l'impasse sur les trois grands objets mathématiques, les grands nombres, le continu, et l'infini, car il préjuge un monde du discret, du discontinu et du dénombrable, qui anticipe le mobilier ontologique des ontologies et du Web sémantique. Si maintenant on prend quelque recul à l'égard de l'imaginaire techno- scientifique, on peut reconnaître que l'outil n'impose aucune fatalité, sinon celle des préjugés qui ont présidé à sa fabrication : rien n'empêche alors de changer de préjugés, et d'adopter un point de vue stratégiquement opportuniste -et je m'appuie ici sur les contributions de Choisy. Les critères sont alors ceux de l'efficacité et de la sagesse pratique (régulée par l'éthique). Cela dit, les difficultés que nous rencontrons dans le débat montrent qu'on manque d'une "épistémologie" ou plus exactement d'une philosophie de la technique -Bruno Bachimont a d'ailleurs fait de fortes propositions dans ce sens dans sa seconde thèse et dans son habilitation. 5. FR> Le cake de Berners-Lee (principal hors-texte de la Version de référence) se présente comme une tranche napolitaine, mais, si l'on y regarde bien, la figure représente un escalier, bien connu des traditions scolastiques, le fameux Gradus ad Parnassum qui symbolisait la montée vers la vérité : on commence par Unicode, on monte vers XML, puis RDF, on passe à Ontologie, puis à Logique, puis Preuve (que prouve-t-on ?), enfin la Confiance -ou le Trust- (qui résulte de la vérité logique, associée à l'authenticité de la signature digitale). La ficelle est grosse : on part d'un standard nécessaire et accepté (Unicode) pour faire des degrés suivants des standards également nécessaires. Pourtant les ontologies sont parfaitement résistibles. Les exemples partout invoqués, je pense à Wordnet, montrent une mise en réseau de normes de pensée nord-américaines dans un vocabulaire "conceptuel" fait de mots anglo-américains en capitales (ex. CASH vs CREDIT) : l'enjeu est clair, les documents qui ne correspondent pas à ces normes ne seront pas représentés par le Web sémantique et donc inaccessibles. La CIA a d'ailleurs financé Wordnet, ce qui confirme son intérêt stratégique -sans confirmer d'ailleurs son efficacité. Le document de référence appelle le Web sémantique "une ontologie partagée par une large communauté" : en effet, celle du Web Sémantique. Elle serait de toutes façon objective et non soumise à l'interprétation : "au-dessus du niveau documentaire, on a des "data" qui ne sont plus sujettes -ou soumises- à l'interprétation". Cela ressemble fort à une transformation du préjugé (largement partagé) en évidence (par définition non soumise à l'interprétation). Bien entendu, des ontologies locales comme celles de la médecine occidentale peuvent être utiles dès lors qu'il y a consensus des utilisateurs -et une tradition ontologique millénaire : Aristote était médecin. Mais l'homéopathie, la médecine orientale, etc., leur échappent. Si l'on peut faire des ontologies dans des domaines bien normés, cela ne justifie pas une OPA ontologique sur l'ensemble du Web. Pendant le moratoire encore éventuel, ne pourrait-on mieux préciser : - Quels sont les besoins ? - A quoi servent effectivement les ontologies ? Sont-elles adaptées au Web, alors que ce sont des réseaux sémantiques dont tous les principes étaient acquis avant la création du Web ? Quels sont les savoirs linguistiques et sémiotiques qu'elles mettent en oeuvre ? (Dans le cas de Wordnet, ces savoirs sont antérieurs à la formation de la linguistique : Gardner et ses collaborateurs croient encore que les mots sont des unités, ignorent des notions de base comme le morphème ou la lexie, etc.). On peut douter que tout traitement suppose une représentation, qu'il faille des formats logiques et non sémiotiques de représentation, et qu'il y ait une fatalité disciplinaire des formats de représentation. Pourquoi y aurait-il nécessairement quelque chose au-dessus du niveau documentaire ? Dans le langage, le plus profond, c'est le document. Rien n'est plus complet : toute représentation élimine ce qui n'est pas exprimable dans son formalisme. Or n'importe quoi dans un document peut être pertinent pour une requête, y compris la ponctuation par exemple, et il n'y a pas d'ontologie de la ponctuation. Les éléments requis et donc pertinents dépendent des tâches et donc des requêtes (alors que dans une ontologie rien ne dépend des requêtes). Les parcours vers les documents dépendent du corpus considéré -et finalement de la structure du Web, évolutive, car c'est une sédimentation d'actions multiples (liens, parcours renforcés par le rating). L'exemple de l'efficacité croissante de moteurs de recherche doit faire réfléchir. Il faudra un jour (à la fin du moratoire sur les métadonnées) choisir entre un paradigme cognitif de la représentation ou un paradigme interprétatif de la communication, qui dépend non d'une ontologie (théorie de l'Etre), mais d'une théorie de l'action (praxéologie). Les contradictions du document de référence me semblent liées à la difficulté actuelle à se prononcer clairement (voir notamment le paragraphe : Pour le Web sémantique mais contre l'universalisme). Ce manque de clarté me semble justifier un ralliement au principe d'un moratoire qui permettrait d'explorer des voies nouvelles. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {Delavigne, 26/01/2005} COLLOQUE J'ai le plaisir de vous annoncer que les Sixièmes Rencontres Terminologie et Intelligence Artificielle se tiendront à Rouen les 4 et 5 avril 2005. Le programme sera défini en février, mais vous pouvez d'ores et déjà aller visiter le site : http://www.univ-rouen.fr/dyalang/tia2005 Bien cordialement Valérie Delavigne Présidente du Comité d'organisation TIA 2005 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 13/02/2005} Journée COGNISUD "COGNITION DE LA MUSIQUE" Vendredi 4 mars 2005 Agora des Sciences, Auditorium Marcel Benarroche 61 La Canebière, 13001 Marseille En partenariat avec le CCSTI-Agora des Sciences http://www.cognisud.org/ Organisateur : J. Vion-Dury Le développement récent des neurosciences cognitives a permis de jeter un regard nouveau sur la musique, et de préciser certaines des conditions ou corrélats neurophysiologiques ou cognitifs qui sont à la base de sa production et de son écoute. Le but de cette journée n'est pas de faire un bilan exhaustif des connaissances dans le domaine de la cognition de la musique, mais 1) de poser quelques balises nous permettant de comprendre dans quelles directions les approches scientifiques nous permettent de progresser et 2) d'examiner de manière critique les concepts mobilisés par ces approches. Après tout, il ne va nullement de soi que le paradigme dominant des sciences cognitives, largement fondé sur l'organisation computationnelle de la pensée, soit pertinent pour aborder le problème de la musique. Si la musique est plus milieu qu'objet, si l'approche réductionniste de la méthode scientifique perd, au moment où elle s'initie, le but même de son analyse, si le processus musical ne peut être perçu que de manière holiste, si le caractère contextuel de l'écoute et de la création musicale relativise le discours sur les règles et les déterminations, si enfin la musique est du domaine de la métaphore ou de l'objet fictionnel conçus comme facteurs d'une intelligibilité de l'expérience individuelle, il semble alors légitime de soumettre l'approche cognitiviste à la réflexion philosophique. Aussi cette journée dédiée aux sciences cognitives lui réservera-t-elle une place dans son introduction et dans ses conclusions, sous la forme d'une table ronde réunissant l'ensemble des participants. * Programme 8h15 Accueil 8h45 Présentation de la journée. Jean Vion-Dury (INCM-CNRS Marseille) 9h15 La musique et la question de l'esprit Jean Pierre Cometti (CEPERC-CNRS Marseille) 9h45 Un soupir vaut deux croches. Comment l'entendez-vous ? Françoise Macar (LNC-CNRS , Marseille) 10h30 Pause 11h Temps et rythmes musicaux Daniele Schön (INCM-CNRS Marseille) 11h45 Les émotions en musique Emmanuel Bigand, LEAD CNRS- Université de Bourgogne 12h15 Repas 14h30 Neuropsychologie des émotions musicales Séverine Samson, Université de Lille 3 et Hôpital de la Salpêtrière, Paris 15h15 Etudier les attentes musicales de l'auditeur non musicien : le paradigme d'amorçage musical Barbara Tillman, CNRS (UMR 5020), Lyon 16h00 Pause 16h30 La question de la précision dans la philosophie de la musique B. Sève, Lycée Louis le Grand, Paris 17h15 Quels paradigmes pour comprendre la musique? Discussion générale : J. Vion-Dury, J.P. Cometti. * Inscriptions En raison du nombre limité de places l'inscription est obligatoire. L'inscription est gratuite. Elle peut se faire par courrier électronique : contact-cognisud@cognisud.org par le site web : http://www.cognisud.org/ 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 18/02/2005} COLLOQUE JETOU : Journées d'Etude TOUlousaines en sciences du langage Rôle et place des corpus en linguistique Les 1 et 2 juillet 2005 à TOULOUSE, Université Toulouse-Le Mirail Les doctorants et jeunes chercheurs des 3 laboratoires de Sciences du langage de Toulouse : C.P.S.T. (Centre Pluridisciplinaire de Sémiolinguistique Textuelle) E.R.S.S. (Equipe de Recherche en Syntaxe et Sémantique) Laboratoire Jacques Lordat (Centre Interdisciplinaire des Sciences du Langage et de la Cognition) ainsi que du laboratoire d'informatique : I.R.I.T. (Institut de Recherches en Informatique de Toulouse) organisent les deuxièmes journées JETOU qui s'adressent aux doctorants et jeunes chercheurs en sciences du langage. Au cours de ces journées, nous nous interrogerons sur le rôle et la place des corpus en linguistique. Les corpus en linguistique suscitent de multiples interrogations, comme en témoignent les nombreux colloques, ouvrages, conférences, consacrés à ce sujet. Nous citerons à titre d'exemple, pour l'année écoulée : - Ecole d'été du CNRS "Linguistique de Corpus", Université de Caen, 14-19 juin 2004 ; - COLDOC'2004 "La construction des observables en sciences du langage", Colloque Jeunes Chercheurs Modyco, 29-30 avril 2004 ; - n° 2004-1 de RFLA, revue de l'AFLA, "Linguistique et informatique : nouveaux défis" ; - n° 3 de Corpus, "L'usage des corpus en phonologie", décembre 2004 ; etc. Ces manifestations montrent que l'utilisation des corpus intéresse différents champs des Sciences du langage. Au-delà des traditionnelles questions liées à la constitution des corpus, aux formats des données, aux outils d'exploitation, etc., nous nous focaliserons sur le rôle et la place des corpus pour la description et la théorie linguistique. En d'autres termes, il s'agit d'expliciter comment les corpus s'intègrent à la recherche linguistique. Les contributions pourront donc s'articuler autour des problématiques suivantes : - les corpus : garants d'une démarche scientifique ou effet de mode ? - quels sont les enjeux liés à une linguistique de corpus ? - faut-il parler de la linguistique de corpus ou des linguistiques de corpus ? - quelles analyses linguistiques sont menées à partir des corpus ? - comment les résultats de ces analyses alimentent-ils une/la linguistique théorique ? - comment les connaissances théoriques sont-elles exploitables pour l'analyse de corpus ? - plus globalement, quelles sont les interactions possibles entre empirie et théorie ? - quel cadre donner à l'interprétation par rapport aux analyses théoriques ? - jusqu'où peut-on aller dans l'interprétation ? tous les résultats sont-ils interprétables ? Les travaux pourront s'inscrire dans une perspective épistémologique ou se fonder sur une étude de corpus proprement dite. Dans ce dernier cas, nous invitons l'auteur à préciser la nature de son corpus. Conférence invitée : Les débats seront ouverts par une conférence inaugurale. Le nom de la personne invitée sera communiqué ultérieurement. Au terme de ces deux journées, une table ronde fera la synthèse des questions débattues. Comité d'organisation Farida Aouladomar, Estelle Cabrillac, Christine Fèvre-Pernet, Baptiste Foulquié, Carine Duteil-Mougel, Julien Eychenne, Cécile Frérot, Edith Galy, Marie-Paule Jacques, Gerd Jendraschek, Marion Laignelet, Véronique Moriceau, Emmanuel Nicolas, Christophe Pimm, Karine Rigaldie, Halima Sahraoui, Pascale Vergely. Comité d'évaluation M. Ballabriga (CPST, Toulouse), K. Duvignau (Lordat, Toulouse), J.L. Nespoulous (Lordat, Toulouse), B. Köpke (Lordat, Toulouse), C. Garcia-Debanc (Lordat, Toulouse), N. Spanghero-Gaillard (Lordat, Toulouse), P. Muller, (IRIT, Toulouse), P. Saint-Dizier, (IRIT, Toulouse), N.V igouroux (IRIT, Toulouse), J. Durand (ERSS, Toulouse), A. Condamines (ERSS, Toulouse), N. Hathout (ERSS, Toulouse), C. Fabre (ERSS, Toulouse), M.-P. Péry-Woodley (ERSS, Toulouse), A. Borillo (ERSS, Toulouse), I. Choi-Jonin (ERSS, Toulouse), E. Delais-Roussarie (ERSS, Toulouse), B. Habert (LIMSI, Paris), I. Léglise (Tours), T. Scheer (Bases, Corpus et Langage, Nice), B. Laks (Modyco, Paris), F. Gadet (Modyco, Paris), A. Lacheret (Crisco, Caen), M. Lecolle (Celted, Metz), F. Rastier (CNRS, Paris), S. Mellet (Bases, Corpus et Langage, Nice), E. Brunet (Bases, Corpus et Langage, Nice), S. Caddéo (Delic, Université de Provence). Durée des communications Les communications de 20 minutes seront suivies de 10 minutes de discussion. Modalités de soumission Les propositions de communication seront de préférence envoyées sous format électronique, en fichier Word ou rtf. Elles prendront la forme d'un résumé de 4000 à 5000 caractères, espaces comprises, en Times New Roman, 12 pts. Le résumé sera accompagné d'une bibliographie d'une page maxi dans la même police. Les propositions sont à transmettre à l'adresse suivante : vergely@univ-tlse2.fr * un fichier attaché contiendra : - le titre, le résumé anonyme et la bibliographie sur une feuille à part. * le corps du message contiendra : - les nom et prénom / l'affiliation / les coordonnées postales et électroniques, - le titre de la communication. Les personnes n'ayant pas la possibilité de faire parvenir leur proposition de communication par courrier électronique, pourront le faire par courrier postal à l'adresse suivante : CPST - Colloque JETOU'2005 - Pavillon de la Recherche 5, allées Antonio Machado - F-31058 Toulouse cedex 9 Pour tout renseignement, veuillez vous adresser à l'une des adresses suivantes : halima.sahraoui@univ-tlse2.fr ou chr.pernet@wanadoo.fr Langue Les communications se feront de préférence en français, mais des présentations en anglais pourront être acceptées. Pré-inscriptions Les pré-inscriptions devront se faire avant le 15 juin 2005. La participation aux journées est gratuite mais l'inscription es obligatoire. Calendrier Date limite de RECEPTION des communications : 2 avril 2005 Notification d'acceptation : mi-mai 2005 Pré-inscriptions : 15 juin 2005 Date des journées : 1 et 2 juillet 2005 Site internet Pour retrouver l'appel et obtenir davantage d'informations sur ces deux journées d'étude, n'hésitez pas à visiter notre site web : http://www.univ-tlse2.fr/erss/jetou2005/ Nous envisageons la publication d'actes à l'issue du colloque. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {BP, 21/02/2005} APPEL A COMMUNICATIONS 2ème Colloque des Jeunes Chercheurs du Laboratoire MoDyCo Recueil des données en Sciences du langage et constitution de corpus : données, méthodologie, outillage. Les 16 et 17 juin 2005 se tiendra à l'Université Paris X Nanterre la seconde édition de Col'Doc, colloque organisé par les jeunes chercheurs du laboratoire Modèles, Dynamiques, Corpus (UMR 7114). L'objectif est de rassembler des étudiants de DEA, des doctorants et postdoctorants en Sciences du Langage, tous domaines confondus, autour d'un thème fédérateur : recueil des données et constitution de corpus. Il ne semble pas que la réflexion linguistique puisse faire l'économie d'énoncés sur lesquels s'appuyer ; désignés comme faits, données ou encore exemples, ces matériaux linguistiques peuvent constituer un corpus. Parfois réservée aux seuls ensembles d'énoncés attestés (Arrivé et alii, 1986:198, Riegel et alii, 1994:18), la dénomination corpus recouvre une réalité changeante (Mellet, 2002:6), la pression des approches quantitatives ayant joué un grand rôle dans la complexification de la notion (Habert, 1995:4). Il s'agit donc de montrer à travers l'ensemble des communications que le recueil des données et la notion de corpus qui lui est associée, en apparence si simples à saisir et à décrire, sont problématiques. Selon les hypothèses de chaque chercheur, selon les savoirs, selon les disciplines (syntaxe, lexique, sémantique, analyse de discours...) le recueil des données ne sera ni de même envergure (Fillmore 1992), ni de même nature : on n'attribuera pas la même valeur à la notion de corpus. Les communications pourront partir des interrogations suivantes : - Qu'entend-on par corpus ? - Pourquoi constituer un corpus ? - Sur quel type d'énoncés (attestés, forgés, oraux, écrits...) travailler ? - De quelles sources extraire les données ? Est-ce d'un certain type de source (la littérature, la presse...) ? Est-ce à partir de supports existants (base de données informatisées, thèses soutenues, corpus répertoriés dans des ouvrages divers...) ? - Comment et où collecter les données ? Est-ce par le biais d'enquêtes ? A l'aide de requêtes sur Internet ou de logiciels disponibles ? Lesquels ? - Quelle exploitation faire du corpus ? Approche quantitative, tris (sur quels critères ?) ? Quelle est la méthodologie adoptée ? - On pourra également réfléchir aux problèmes soulevés par les notions de représentativité, d'exhaustivité, de corpus clos, d'acceptabilité, de grammaticalité. Les problèmes terminologiques pourront également être discutés ("attesté" vs "forgé", "corpus" vs "base de données" par exemple). Références citées Arrive m., Gadet f., Galmiche m. (1986) La grammaire d'aujourd'hui. Paris, Flammarion. Corbin, p. (1980) "De la production de données en linguistique introspective", in A.-M. Dessaux-Berthonneau (ed.) Théorie linguistiques et traditions grammaticales, Villeneuve-d'Asq, Presses Universitaires de Lille (pp. 121-179). Fillmore, c. j. (1992) "Corpus linguistics or Computer-aided armchair linguistics", in J. Svartvik (ed.) Directions in Corpus Linguistics, Berlin/New York, Mouton de Gruyter (pp. 35-60). Habert, b. (1995) "Introduction", in T.A.L., 36, ATALA CNRS (3-5). Habert, b. (ed.) (2004) R.F.L.A. vol IX-1 : Linguistique et informatique : nouveaux défis, Amsterdam, Edition de Werelt. Mellet, s. (2002) "Corpus et recherches linguistiques. Introduction", in S. Mellet (ed.) Corpus, 1, Nice, Publications de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines de Nice (pp. 5-12). Milner, j.-c. (1989) Introduction à une science du langage, Paris, Le Seuil. Riegel m., Pellat j.-c., Rioul r. (1994) Grammaire méthodique du français, Paris, PUF. Modalités de soumission Les communications de 30 minutes seront suivies de 10 minutes de questions. Les propositions de communication seront évaluées anonymement par le comité scientifique. Les auteurs feront parvenir leur proposition pour le 1er mars 2005 au plus tard par courrier électronique à coldoc_paris10@yahoo.fr, sous la forme suivante : - dans le corps du message : nom, prénom, affiliation, niveau de la recherche (DEA, Thèse 1, 2, 3, 4 ou plus), adresse de correspondance, titre de la communication ; - dans un fichier joint au format .doc et dont le nom répondra au schéma suivant <nomd'auteur.doc> : un résumé de 3 000 signes maximum reprenant le titre de l'exposé, une indication bibliographique (5 titres maximum) -mais en aucun cas le nom du/des auteurs, ni du laboratoire auquel il(s) est/sont rattaché(s). Comité d'organisation : Anne Lablanche, Valelia Muni Toke, Céline Vaguer. Calendrier - Mi-janvier : Appel à communication. - 1er mars 2005 : Limite des soumissions. - 1er avril 2005 : Notification aux auteurs. - 6 juin 2005 : Envoi de la première version de l'article. - 16-17 juin 2005 : Colloque. - 06/06 au 01/07 : Relecture des articles par le comité scientifique. - 01/07 : Retour des articles accompagnés des remarques des relecteurs. - 31/07 : Version définitive de l'article. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666