1999_07_03
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SdT volume 4, numero 6.
LES CITATIONS DU MOIS
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and the Rose,
leaning against the morning light,
is longing to be named anew
Archibald Michiels,
Tamquam vas figuli, Liege, 1994
Auch die Philosophie ist das Resultat zwei streitender
Kräfte, der Poesie und Praxis. Wo diese sich ganz
durchdringen und ins eins schmelzen, da Entsteht
Philosophie. Wenn sie sich wieder zersetzt, wird sie
Mythologie, oder wirft sie ins Leben zurück.
F. Schlegel,
Athaenaeum, Fragmente, p. 114.
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SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue aux nouveaux correspondants : Jacques Anis, Jean-Luc
Benoit, Hans-George Ruprecht, Nadia Viscogliosi.
- Dolores Vivero, Ludovic Tanguy et Andreas Blank changent d'adresse.
2- Carnet
- Anniversaire SdT.
- Ludovic Tanguy est maintenant chercheur post-doctorant a l' ISSCO.
- Un avis de recherche sur des etudes de Semantique des Textes,
pour des langues d'Amerique du Sud.
- Site Web : la Bibliotheque Universelle.
3- Publications
- Bjorn Larsson, Vincent Nyckees, Michael Rinn, Gabriel Otman, Marco
Bischofsberger, Michel Ballabriga, Louis Hébert, François Vaucluse.
- These de Théodore Thlivitis :
"Semantique interpretative intertextuelle : assistance
informatique anthropocentree a la comprehension de textes"
- Benoit Habert, Cecile Fabre, Fabrice Issac :
"De l'ecrit au numerique :
constituer, normaliser et exploiter les corpus electroniques"
4- Bibliographie
- Litterateurs atypiques et penseurs irreguliers ; site M.A.D.O.N.N.A.
5- Dialogue
- Debat sur l'oxymore (M. Schmouchkovitch, F. Rastier).
6- Colloques
- "Conflits des interpretations et interpretation des conflits",
Journees de Rochebrune 1999, Megeve, 31 janvier - 6 fevrier 1999.
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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NOUVEAUX CORRESPONDANTS
[information réservée aux abonnés]
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{FR, 01/07/98 et 02/07/98}
UNE COMMÉMORATION PRÉMATURÉE : LA LISTE SdT A TROIS ANS !
Lancée en juin 1995 la liste Sémantique des textes a publié 45 numéros et
compte aujourd'hui 132 correspondants.
Sa rédaction perd peu à peu sa science infuse, et a donc de plus en plus
besoin de vos contributions, critiques et suggestions.
Faut-il, par exemple sortir de l'ombre conspirative, mettre un formulaire
d'inscription et/ou des archives sur Texto! ?
Rappelons l'adresse du petit frere de SdT, le site Web Texto! :
http://www.msh-paris.fr/texto/
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{FR, 01/07/98}
Ludovic Tanguy est maintenant chercheur post-doctorant a l' ISSCO,
Université de Genève - 54 Route des Acacias - CH-1227 Geneve
Telephone : +41/22 705 7115 - Fax : +41/22 300 1086
Ludovic.Tanguy@issco.unige.ch
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{FR, 01/07/98}
AU COURRIER DE TEXTO!
SALUDOS DESDE PERÚ
Hola, mi nombre es Marco Y SOY UN ESTUDIANTE DE LlINGUíSTICA de la Universidad
Nacional Mayor de San Marco. Estoy muy interesado en saber más sobre los
estudios que realizan en la Semántica del Texto. La universidad a la que
pertenezco enseña la semántica de Rastier, es por eso que me gustaría saber
más y aplicarlo a las lenguas que estudiamos en nuestro país como son :
Quechua, Aymara, Shipibo, y demás lenguas amerindias.
Espero que me respondan porque así como yo, hay muchos compañeros que tambien
quieren saber sobre linguistica del texto.
Me despido muy cordialmente.
MARCO ANTONIO PINEDO SALAZAR
0300536@UNMSM.EDU.PE
NDLR : Rappelons les travaux de Enrique Ballon Aguirre et de ses
collaborateurs qui utilisent la sémantique interprétative pour la
description du vocabulaire agraire du quechua.
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{FR, 01/07/98}
BEAU SITE
ABU : la Bibliothèque Universelle
http://cedric.cnam.fr/ABU/
202 textes. 66 auteurs. 13500 pages (Jan. 98)
On peut également consulter la liste de textes en cours de préparation.
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Publications Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 01/07/98 et 02/07/98}
LES CORRESPONDANTS PUBLIENT :
* Long John Silver, un des romans de Bjorn Larsson, vient d'être traduit en
français (chez Grasset). Le matelot roublard de Stevenson cingle vers de
nouvelles aventures.
* Vincent Nyckees : La sémantique, Paris, Belin. Eminemment recommandable !
* Michael Rinn : Les récits du génocide - sémiotique de l'indicible,
Lausanne, Delachaux et Niestlé.
* Gabriel Otman : Les mots de la cyberculture, Paris, Belin.
* Marco Bischofsberger : Sguardi Lessicali. Ricerche di semantica storica su
postmoderno et fine della storia. Clueb, Bologna.
* Michel Ballabriga (éd) : Sémantique et rhétorique, Presses universitaires
du sud. (actes d'un colloque tenu à Albi sur ce thème).
* Louis Hébert (éd.) : Interprétation, Protée, 26, 1 (numéro spécial).
LES PSEUDONYMES PUBLIENT AUSSI :
François Vaucluse (1998) Epistémologie minimale, Mot@Mot, site :
http://engdep1.philo.ulg.ac.be/MotAMot/
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A propos des "Mots de la cyberculture", de Gabriel Otman :
"A la lecture de cet ouvrage, on constatera que les termes anglo-saxons sont
finalement assez minoritaires, et qu'ils coexistent souvent avec leurs
équivalents français. "Naviguer" concurrence "surfer" et la "toile" côtoie le
"net". Mais ce qui est surtout frappant, c'est que la plupart des termes
cyberculturels sont souvent non pas des néologismes mais des mots connus
auxquels le cyberespace impartit une extension sémantique. Ainsi en est-il de
la "mémoire", du "cerveau" ou des "virus" qui appartiennent au lexique
désormais courant de l'informatique, et qui auguraient déjà de la tendance de
ce vocabulaire à l'anthropomorphisme aujourd'hui confirmé. Un "agent social",
un "assistant" ou un "clone" ne sont ni une personne travaillant pour la DDASS,
ni un collaborateur, ni un être humain ou un animal dupliqués à partir d'une
seule cellule, mais un agent informatique qui dresse la liste des préférences
sur Internet, un logiciel utilitaire et un ordinateur copie conforme d'un
autre." (Marie Duteau, RFI)
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{FR, 01/07/98}
BELLE THESE
Théodore Thlivitis a soutenu avec succès à l'Ecole Nationale Supérieure des
Télécommunications de Brest sa thèse :
Sémantique interprétative intertextuelle :
assistance informatique anthropocentrée
à la compréhension de textes
On reparlera de cette avancée théorique et pratique. Le chapitre 2 va
paraître sur Texto! (http://www.msh-paris.fr/texto/).
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{FR, 01/07/98}
De l'ecrit au numerique :
constituer, normaliser et exploiter les corpus electroniques
Benoit Habert, Cecile Fabre, Fabrice Issac
InterEditions, 1998, 295 F
Resume :
Internet donne acces a un gisement considerable de connaissances sous
forme electronique. Ce gisement est cependant rarement utilisable
directement : il faut nettoyer les donnees textuelles disponibles et les
ramener aux standards des documents electroniques (SGML, HTML, etc.).
Cet ouvrage presente les criteres a prendre en compte pour constituer un
corpus electronique representatif. Il montre egalement comment le
normaliser et comment l'exploiter. Mis au point et teste dans le cadre
d'une formation professionnelle, cet ouvrage forme aux outils standard
qui permettent de filtrer les donnees (grep), d'operer des
transformations simples (sed), de travailler sur des tableaux (awk), de
segmenter (lex) et de structurer des textes (perl) ou d'appliquer des
traitements arbitrairement complexes (perl).
Un CD-Rom d'accompagnement permet de se familiariser avec ces notions en
travaillant sur un corpus d'entrainement a l'aide des outils
presentes. Ces manipulations et de nombreux exercices corriges
conduisent a une maitrise effective de ces techniques. Cette formation
pratique est completee par la presentation des concepts (langages
reguliers, automates ...) et des standards (SGML, HTML, ISO-Latin1) dont
la connaissance est indispensable dans le domaine en pleine expansion
des corpus electroniques.
Table des matieres :
Vers des textes utilisables
Les textes : des gisements d'information
Le texte dans tous ses etats
Rendre les textes comparables
Operations elementaires sur les textes
<<geler >> et << degeler >> les textes
Constituer un corpus
Problemes juridiques
Que veut-on etudier ?
Caracteriser les donnees textuelles
Documenter un corpus
Normaliser
Jeux de caracteres
Vers une representation logique : SGML
Norme HTML pour hypertextes
Normes pour corpus
Combiner les traitements
<< Motifs >>, recherches, filtrages
Notions informatiques necessaires
Articuler les traitements elementaires
Outils de base : grep et sed
Le langage des expressions regulieres
Filtrage de lignes : grep
Remodelage de lignes : sed
Outils extensibles : awk et perl
Travail par ligne structuree : awk
Un outil federateur: perl
Segmenter
Segmenter un texte : lex
Segmenter en << phrases >> et en << mots >>
Sequences repetees
Automates a etats finis et langages reguliers
Structurer
Grammaires et langages
Manipuler des donnees structurees : yacc
Conclusion
Apprendre a << voir >> et a faire
Choisir les bons outils
Des savoir-faire aux savoirs
Annexes
Variantes des expressions regulieres
Operateurs les plus courants
Raccourcis
Adresses et sites utiles
Bibliographie
Index
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Bibliographie Bibliographie Bibliographie Bibliographie Bibliographie Biblio
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{FR, 01/07/98}
«Littérateurs atypiques et penseurs irréguliers. Numéro préparé par Pierre
Popovic», _Tangence_, 57, mai 1998, 128 p. Revue publiée par l'Université
du Québec à Rimouski. ISSN : 0226-9554. (8 $CDN)
Ce numéro de revue s'inscrit dans la programmation scientifique du Module
d'analyse des originaux nébuleux et noéticiens allodoxiques (M.A.D.O.N.N.A.),
dont le site Web se trouve à l'adresse suivante :
http://tornade.ere.umontreal.ca/~melancon/madonna.tdm.html
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Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue
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{FR, 01/07/98}
DÉBAT SUR L'OXYMORE
F. Rastier : Vous avez étudié (NDLR dans votre thèse sur l'interprétation de
l'oxymore chez Rousseau) l'expression avare magnificence, dans le célèbre
programme de vie tiré de l'Emile. On y trouve le verger idéal qui donne au
promeneur, avec une avare magnificence, les fruits qu'il prend selon ses
besoins heureusement modérés.
On pourrait éclairer ce passage par la lettre XI de la quatrième partie de
La nouvelle Héloïse, dont sort le texte prélevé dans l'Emile (et d'abord
rédigé sur l'exemplaire personnel de Rousseau). On y trouve un compendium des
oppositions entre jardin (artificieux) et verger, un hortus conclusus qui aura
une longue postérité (par exemple le Paradou dans La faute de l'abbé Mouret).
Il faut sans doute passer du jardin évangélique au verger édénique, même si
le jardinier Gustin, au nom fort augustinien, n'y consacre que le nombre
évangélique de 12 journées par an. Il fait antithèse au bosquet fatal (de
l'autre côté de la maison, et qui sera rappelé dans la lettre suivante, p. 367),
car il a "été planté des mains mêmes de la vertu"(p. 364).
M. Schmouchkovitch : Je me permets d'être en désaccord avec vous quant à
l'analogie que vous faites entre le passage en cause de l'Emile et la
lettre XI de la quatrième partie de la Nouvelle Héloïse. Voici mon point de
vue à ce sujet. Un point de vue global : l'appréciation de Rousseau sur cet
Elisée ; un point de vue plus local : les oppositions isotopiques entre les
deux textes.
1) On peut repérer deux parties dans cette lettre XI. La redécouverte du verger
et les souvenirs ou la collection des divers types de jardin à cette époque.
A mon sens la seconde partie éclaire la première. La bascule entre l'Elisée et
la falsification de la nature est indiquée par au moins deux remarques :
"A ces mots il me vint une imagination..." (II, 480), et "...c'est d'être un
amusement superflu" (II, 485). La réprimande que reçoit Saint-Preux fait
basculer sa critique sur une autre scène : celle de l'amour. Julie ne
s'autorise comme promenade que ce verger clos, dont le mari est un des seul à
avoir la clef (même sans le bon Dr Freud on pense aux grivoiseries de Voltaire
dans ses lettres sur la Nouvelle Héloïse), et ce lieu me semble être le reflet
de la facticité du bonheur conjugal de Julie. Le mot facticité est sans doute
un peu fort car la sincérité de Julie n'est pas en cause (quoique les auteurs
américains, mais non pas les français, parlent de la duplicité de Julie).
2) S'il est vrai que la 'négligence' ("il ne vous en a coûté que de la
négligence" (II, 472)) a quelque chose à voir avec l'avare magnificence,
plusieurs traits significatifs m'apparaissent en opposition. Le fait que le
jardin soit fermé à clef, que les arbres soient greffés, et horreur, par
d'autres espèces, qu'un système compliqué amène l'eau (cela lui rappelle sans
aucun doute le souvenir de l'aqueduc détruit), bref que l'art imite la nature
comme dans les jardins florentins ou de Tivoli.
Par ailleurs je suis d'accord avec votre analyse.
F. Rastier : N'oublions pas que rien n'y paraît, que ce ruisseau serpente
comme naturellement, que les allées sont des chemins, non des perspectives,
que les oiseaux ne sont point en volière, mais pullulent attirés par des
plantes friandes semées ça et là, c'est j'en conviens un paradis non sans
facticité mais c'est celui de l'art - plutôt que du mariage - et en est-il
un autre ?
Quoi qu'il en soit, je me demande en quoi l'emploi de l'oxymore est-il
caractéristique de Rousseau et quelle est sa fonction dans son oeuvre. Elle se
trouve peut-être dans sa théorie de la nature : l'origine était conçue comme
indisctinction in nuce, et l'oxymore redit cette unité perdue des contraires.
Ou encore, dans une lecture dissimilatrice, il permet de renvoyer des
apparences, pour la civilisation corrompue (ex. avare), à la vérité d'une âme
pure (ex. magnificence). Ainsi l'avare magnificence comme l'éloquence muette
sont-elles deux témoignages concordants, l'un sémiotique, l'autre économique,
de la modération qui régnait à l'état de nature.
M. Schmouchkovitch : Je reviens à l'interprétation de l'oxymore "avare
magnificence". Vous en proposez une lecture dissimilatrice qui indexe "avare"
du côté de l'apparence et "magnificence" du côté de la vérité intime, de
l'adéquation de l'être à la généreuse économie de la nature. Cette lecture m'a
tout d'abord déstabilisé. Cependant elle me permet de mettre en évidence une
différence d'approche interprétative que j'aimerais discuter avec vous.
Je trouve deux raisons à votre lecture:
1) que le global déterminant le local, le thème inhérent à la pensée sociale
de Rousseau de la disparité de l'être et du paraître (qui à mon sens se
continue dans son délire de persécution que je préfère voir comme un délire
d'authenticité) justifie cette application dissimilatrice à l'oxymore, et
2) que le texte procède par opposition binaire entre le luxe et le simple (le
rustique). Le terme "avare" gardant alors son sens usuel : celui d'un riche
(un Rousseau fictivement riche) qui ne se fait bâtir qu'une si modeste maison.
Je rappelle de façon succincte mon interprétation : Rousseau qui épouse un
moment le rôle d'un propriétaire qu'il n'a par ailleurs jamais été, devient
alors aussi prodigue que peut l'être la généreuse nature (est-il devenu le
Dieu d'un paradis où le promeneur ne serait autre qu'Adam [un Adam auquel
aucun fruit ne serait défendu (nouvel effacement du péché originel)]...
lecture intertextuelle ou à nouveau détermination du local par le global ?)
mais son avarice est alors celle :
a) de l'état de nature où les êtres sont séparés les uns des autres, sans
aucune relation entre eux, donc sans échange aucun ou
b) de celui qui aurait voulu vider l'échange, le don, de l'aliénation
respective (dette/obligation) des contractants.
Si les mots ont un poids on arrive là au juste équilibre entre avarice
et magnificence, à l'économie, à la bonne mesure. Il me semble que mon
interprétation économique est plus "inhérente" au texte, à sa thématique,
que celle que vous me proposez, que je qualifierais d'"afférente". Qu'en
pensez-vous ?
C'est effectivement encore ici la détermination du local par le global, celui
de sa sensitivité à tout rapport social (qu'il soit affectif ou économique).
Mais je ne vois pas là de décalage dissimilateur entre deux registres : "avare"
et "magnificence" appartiennent tous deux au même univers, celui de l'univers
non aliéné (naturel dont la simplicité rustique peut donner quelque idée) de
Rousseau. Disons encore au même point de vue narratif. Il me semble donc que
la dissimilation n'a pas le dernier mot et c'est donc sur cette question de la
légitimité des interprétations que j'aimerais avoir votre commentaire. L'autre
interrogation que je me pose concerne les limites de l'interprétation. Certes,
mon interprétation semble cohérente avec la pensée de Rousseau (c'est-à-dire
avec le corpus exégétique des lectures de Rousseau, sans d'ailleurs négliger
leurs divergences) mais y a-t-il un moment où l'interprétation devient une
réécriture? Où s'arrête la bonne foi dans la "fidélité créatrice" ? Quelle est
la différence entre le commentaire et l'interprétation? Vous êtes surpris que
ma conclusion porte sur Rousseau mais c'est vrai que j'ai ce souci de revenir
en dernier lieu au texte car j'ai la conviction encore maladroite que le texte
porte en lui-même ses propres contraintes interprétatives et que l'essai de
détermination de celles-ci a à voir avec une éventuelle légitimation de
l'interprétation, une fidélité à l'auteur.
F. Rastier : Vous avez raison (si je ne me trompe) : les deux termes avare et
magnificence, qui sont péjoratifs dans l'état de civilisation, du moins selon
Rousseau qui voit dans la magnificence un excès, se neutralisent l'un l'autre,
ou du moins se proportionnent à une juste mesure dans l'état de nature, par un
parcours que vous dites à bon droit endoxal.
J'aurais fait une lecture de l'oxymore comme un paradoxe qui indexerait un
terme dans un univers ou une époque et l'autre dans un(e) autre. Chez Chamfort
(mais j'ai peut être trop travaillé sur lui) il en serait ainsi, comme vous
vous doutez bien.
Magnificence est normalement mélioratif dans la doxa de l'époque, et chez
Rousseau il peut devenir péjoratif : mais dans cet emploi il reste mélioratif,
en changeant d'acception et en contredisant son étymologie, et en devenant une
"offrande" frugale.
Par contraste, avare, normalement péjoratif devient mélioratif dans ce
contexte. On doit remarquer cependant que le statut d'avare prête à
discussion : on trouve dans la première édition du dictionnaire de l'Académie
française des emplois mélioratifs d'avare (par exemple : "une femme avare de
ses charmes").
On peut soutenir que si l'oxymore unit des termes en relation de contradiction
sémantique (comme par exemple tonnerre muet chez Mallarmé), il s'ajoute ici
une inversion évaluative par rapport au sens le plus commun à l'époque, puisque
avare est ici mélioratif. Mais comme l'acception méliorative est parfois
attestée, notamment dans des contextes moralisants, on pourrait en outre lire
ici une syllepse sur avare : dans l'univers social avare est généralement
péjoratif, dans celui de Rousseau, c'est l'autre acception qui prévaut.
Je retiendrai pour ma part que la caractérisation d'une forme sémantique comme
oxymore, paradoxe ou syllepse, en admettant que ces tropes négligés ne puissent
se combiner (ce que je ne crois pas) dépend non seulement des normes
sémantiques propres à l'oeuvre de Rousseau, mais aussi des parcours
interprétatifs que l'on y trace, selon que l'on formule ou non une hypothèse
d'isonomie sur l'oeuvre.
Pour les autres questions, il me faudrait ou me faudra un livre pour les poser,
sans prétendre y répondre. Je vous l'épargne, et j'espère que nous pourrons
bientôt lire sur Texto! votre belle analyse !
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Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques
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{FR, 01/07/98}
HERMÉNEUTIQUE COGNITIVE ?
Journées de Rochebrune 1999,
du dimanche 31 janvier 1999 au samedi 6 février 1999 à Rochebrune (Megève):
Rencontres interdisciplinaires sur les
systèmes complexes naturels et artificiels
Appel à communications / Thème des journées 1999
Conflits des interprétations et interprétation des conflits
[...]
L'interprétation peut se comprendre à la fois comme un processus et comme
son résultat. Elle peut donc être difficilement séparée de sa dynamique
d'élaboration. C'est pourquoi nous voulons explorer plus précisément le rôle
des conflits et antagonismes dont Héraclite disait qu'ils sont les seuls
moteurs d'évolution. Le conflit ne doit pas forcément être compris dans le
sens de la logique classique dans laquelle il est source d'incohérence ; ni
dans le sens étymologique de forces qui se heurtent ce qui rendrait le conflit
source de destruction, mais au contraire comme dynamique créatrice une fois
placée dans un mécanisme d'équilibration, possiblement par interprétation du
conflit lui-même. Nous souhaitons poser les questions (non-exhaustives)
suivantes :
* le vivant interprète-t-il son environnement et quel sens donner à cette
assertion ? Entre ADN et organisation cellulaire, qu'en est-il de
l'embryogenèse comme herméneutique du vivant ?
* quelle différence y a-t-il entre l'interprétation par le vivant, l'homme
et la machine ? Quels modèles en avons-nous et sont-ils conflictuels ? Que
nous apprend l'ordinateur comme machine universelle à traiter le signe ?
* quel est le rôle des conflits et antagonismes dans la construction
d'interprétation ? Pourquoi les éviter et comment les utiliser ?
* comment une interprétation individuelle est-elle possible ou qu'en est-il de
l'interprétation collective et du rôle de la multiplicité des points de vue,
qu'ils soient méthodologiques, contextuels ou de niveaux, et donc des conflits
qui peuvent en résulter ? Qu'en est-il de l'interprétation comme résolution
des conflits et donc moteur d'évolution ?
* si, comme dans la deuxième définition du Greimas (voir notes), les signes
sont toujours déjà signifiants, comment peuvent-ils avoir ce statut ?
Qu'est-ce qui les rend signifiants ? Qu'en est-il de la pensée symbolique
des civilisations anciennes ou orientales et qui a été cultivée chez nous
jusqu'au Moyen-Age (G. Durand) ? Comment cette forme d'interprétation
s'articule-t-elle avec les signes décontextualisés, jusqu'à être calculables
et à la conception de l'interprétation qui en découle ?
* de quels processus de légitimation des interprétations disposons-nous ?
Quelles relations l'interprétation entretient-elle avec l'action ou
l'argumentation que ce soit avant, par ou après coup ? Comment l'interprétation
s'articule-t-elle à la controverse, la négociation, l'ajustement ?
* puisque la simulation joue un rôle de plus en plus grand dans l'activité
du modélisateur: comment s'articulent la simulation et l'interprétation ?
[...]
* Soumission des contributions
Les propositions de communication, de 4 à 12 pages, devront parvenir en trois
exemplaires ou sous forme électronique (Word attaché vivement souhaité) à
l'adresse suivante :
Christophe Parisse
INSERM
Laboratoire de Neuropsychologie de l'Enfant
Bâtiment Pharmacie 3ème étage
Hôpital de la Salpêtrière
47 bd de l'Hôpital
75651 PARIS CEDEX 13
FRANCE
E-mail : parisse@ext.jussieu.fr - Tél : (33) 1 42 16 00 58
* Modalités d'inscription
Le coût de la participation aux journées s'élève à :
- en cas de paiement avant le 30 novembre 1998 :
2900 Frs par chèque personnel
3200 Frs par bon de commande institutionnel
- en cas de paiement après le 30 novembre 1998 :
3100 Frs par chèque personnel
3800 Frs par bon de commande institutionnel
Cette somme couvre l'inscription aux journées, les actes, le logement et les
repas au chalet de haute-montagne de Rochebrune, ainsi que diverses activités.
Pour toutes les personnes désirant participer, un bon de commande ou un chèque
pour la totalité de la somme doit parvenir à l'adresse ci-dessus avant le 15
janvier 1999. Attention, mettez le paiement à l'ordre de : ECAL.
Un nombre très limité de bourses (2100 Frs) pourront être accordées à des
étudiants qui adresseront une demande motivée par écrit.
* Dates importantes
Réception des manuscrits : les textes sont souhaités pour le 31 septembre 1998
Notification d'acceptation : 9 novembre 1998
Remise des versions finales : 10 décembre 1998
NDLR : Journées chargées, mais une piste de ski passe tout près du chalet...
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