1998_08_14

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SdT volume 4, numero 7.

 

                                                                                             LES CITATIONS DU MOIS

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                                        L'Etre dont le langage est la maison ne peut se fixer,

                                        regarder, il n'est que de loin.

                                        Merleau-Ponty, Notes de travail,

                                        in Le Visible et l'Invisible, p. 267

                                        _____________________________________________________

 

 

 

                                                     SOMMAIRE

 

1- Coordonnees

             - Bienvenue au nouveau correspondant du mois : Guido Ferraro.

             - Importante vague de changements d'adresse : Dominique Le Roux,

             Marc Ratcliff, Benedicte Pincemin, Yves-Marie Visetti, Louis Panier,

             et Pascal Vaillant.

 

2- Carnet

             - (S')abonner a SdT.

             - Ouverture d'un florilege electronique.

             - Seminaires de Semantique Textuelle, licence et maitrise/DEA,

             a Paris VII, avec Franck Neveu.

 

3- Publications

             - Franck Neveu : Etudes sur l'apposition

 

4- Dialogues

             - L'affaire Sokal - Pierre Dumesnil, Francois Rastier, Jean-Michel

             Salanskis.

 

5- Colloques

             - "L'image et les champs de la theologie", Lausanne, 13-14 nov. 1998.

             - "Modeling and using context", Trento, Italy, 9-11 sept. 1999.

             - "Faits de langue et sens des textes", Paris VII, 23-24 nov. 1998.

 

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NOUVEAU CORRESPONDANT

[information réservée aux abonnés]

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{FR, 28/07/98}

 

LES AMIS DE NOS AMIS

 

SdT reste une liste modérée. Elle est fermée dans la mesure où n'importe qui

ne peut pas s'y inscrire (nous souhaitons éviter les dérives de l'internet,

et le n'importe qui n'importe comment, pour ménager un espace d'information

sélectionnée et de débat). Mais elle n'est pas close : si vous connaissez

quelqu'un qui serait intéressé à recevoir SdT, et qui souscrit à ses principes

de confidentialité et de bienveillance, n'hésitez pas à le "patronner" en nous

communiquant son adresse !

 

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{FR, 28/07/98}

 

NOUVEAU JEU : LE FLORILÈGE ÉLECTRONIQUE

 

Les textes électroniques sont souvent très inférieurs aux éditions papier.

Pour encourager la fidélité philologique, ouvrons un "best of" des textes

électroniques !

 

Premier exemple, ou comment les livres deviennent des litres :

 

                           LES PLAISIRS ET LES JOURS - Marcel Proust

 

                                                     À MON AMI WILLIE HEATH

                                                     Mort à Paris le 3 octobre 1893

 

                                                                  « Du sein de Dieu où tu reposes...

                                                                  révèle-moi ces vérités

                                                                  qui dominent la mort,

                                                                  empêchent de la craindre

                                                                  et la font presque aimer. »

 

« Les anciens Grecs apportaient à leurs morts des gâteaux, du lait et du vin.

Séduits par une illusion plus raffinée, sinon plus sage, nous leur offrons

des fleurs et des litres. »

 

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{FR, 28/07/98}

 

Deux seminaires a l'Universite Paris VII :

 

* SEMANTIQUE DES TEXTES (Licence)

 

L'enseignement de sémantique des textes propose une approche linguistique de la

textualité. Partant d'une observation minutieuse des faits de langue, on aborde

progressivement la problématique du contexte et celle de l'interpretation.

Trois étapes structurent cet enseignement :

 

1/ Une presentation théorique et une réflexion méthodologique sur les notions

de texte et de textualité ;

 

2/ Une description des principaux faits linguistiques entrant dans

l'organisation des textes (l'ancrage énonciatif, les chaines de référence,

la temporalite, les isotopies, la coherence, la dynamique de la communication,

etc.) ;

 

3/ Une initiation à la pragmatique et à la stylistique (les actes de langage,

l'implicite, les lois du discours, la structure linguistique et rhétorique de

l'argumentation dans le texte littéraire, etc.).

 

Les travaux porteront sur des textes litteraires et non littéraires, de

typologie variee.

 

Groupe 1 : Franck Neveu

 

* SEMANTIQUE TEXTUELLE : CONTEXTE ET INTERPRETATION (maitrise/DEA, 1998-1999)

Franck Neveu

 

Ce séminaire propose un ensemble de reflexions méthodologiques et d'analyses

detaillees pour l'etude linguistique de la textualité. On developpera

principalement les deux problematiques connexes du contexte et de

l'interpretation : le contexte comme environnement verbal et comme situation,

le contexte comme cadre générique (intertexte), le sens littéral des énonces et

leur sens dérivé (par inference), les effets de la présomption de pertinence,

l'objectif de clarté de la communication et ses applications, les diverses

sémiologies de l'objet texte (linearité/tabularité) et la notion de parcours

interprétatif (zones de localité et compréhension).

 

Pour illustrer ces problemes, on travaillera sur quelques questions relatives

a la reference, au theme et a l'iconicite : l'emploi des designateurs dans le

texte dramatique et dans le texte romanesque, la determination nominale et les

effets de presentification du referent dans le texte poetique, les niveaux de

fonctionnement de je dans le texte philosophique, le role des detachements en

tete de phrase dans le texte biographique, l'image textuelle et la signaletique

denominative dans l'ecrit scientifique.

 

Tres eloigne d'une approche neopositiviste de la textualite fermee a

l'esthetique, ce seminaire est tout a la fois une initiation a la pragmatique

et a la stylistique generale.

 

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{FR, 28/07/98}

 

VIENT DE PARAITRE

 

NEVEU Franck -  ETUDES SUR L'APPOSITION

1998, Coll. Bibliotheque de Grammaire et de Linguistique,

Paris, Honore Champion, 288 pages, 290F

 

De toutes les categories fonctionnelles, l'apposition est sans doute la plus

meconnue. Les frequents achoppements theoriques expliquent d'ailleurs pourquoi

la science du langage manifeste une relative indifference a l'egard d'une

notion dont les marges restent si vaporeuses. Pourtant, cette "introuvable"

fonction a ceci de commun avec tous les vrais problemes linguistiques : on

n'en a jamais tout a fait fini avec elle, et les nombreuses etapes de son

developpement refletent bien les preoccupations successives de la discipline.

Voila ce que font clairement apparaitre les etudes reunies ici, qui proposent

de nouveaux modes d'entree dans une des categories les plus recalcitrantes de

la grammaire traditionnelle en redefinissant les seuils de lisibilite et

d'operativite de certains concepts qui lui sont attaches. A partir d'un corpus

de textes biographiques de Jean-Paul Sartre, quatre perspectives differentes

sur le phenomene appositif structurent l'ensemble :

1/ Essai de presentation historique de l'apposition,

2/ Syntaxe et semantique des constructions appositives - Approche quantitative,

3/ Les appositions frontales et la dynamique communicationnelle,

4/ Le systeme appositif comme mode de caracterisation ontologique.

 

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{FR, 15/03/98 et 17/07/98}

 

TRILOGUE entre Pierre Dumesnil (Economie, INT Evry), François Rastier

(Linguistique, CNRS Paris) et Jean-Michel Salanskis (Philosophie, Université

de Lille III) :

 

                           Sur l'affaire Sokal, après une table ronde sur le thème

                                                     Herméneutique et sciences

 

[Note de la rédaction : Alan Sokal, physicien américain, est parvenu à publier

dans la revue Social Text un article sur l'"herméneutique quantique", pastiche

de la rhétorique déconstructionniste volontairement truffé d'erreurs grossières.

Il a ensuite publié en français, en collaboration avec Bricmont, Impostures

intellectuelles (1997), un florilège accusateur qui critique divers auteurs

favoris de l'avant-gardisme.]

 

Pierre Dumesnil : Je me permets de vous faire part d'une certaine déception

après avoir assisté à la "table ronde sur le thème Herméneutique et sciences"

et sur "L'après-Sokal...". A mon avis un vrai débat sur pièces et... sur textes

reste à faire. Vous aurez remarqué que personne n'avait "l'objet du délit" en

main et que la discussion en est restée aux intentions supposées malignes des

auteurs.

 

François Rastier : Votre appréciation me semble restrictive, ou peut-être

attendiez-vous trop. L'essentiel de la réunion a été consacré au projet

intellectuel des auteurs de l'ouvrage Herméneutique : textes, sciences.

Thouard, Miesckiewicz, Bachimont, Stewart, Clément, Salanskis, notamment ont

pris la parole. "L'affaire Sokal" n'avait qu'une place secondaire (et ne figure

pas sur le carton d'invitation !).

 

PD : Même si le thème principal de la séance n'était pas cette "affaire", il

m'est simplement apparu qu'on l'avait expédiée un peu vite. Sans doute

était-elle d'emblée réglée pour tous, j'avoue que, pour moi, elle ne l'est pas

encore vraiment (d'où mon attente, sans doute excessive).

 

Dire, par exemple, qu'il y avait un aspect "délateur" ou policier dans la

"dénonciation" des auteurs épinglés par S & B me semble hors de propos et

récuse par avance toute attitude critique - que je croyais être le b a ba de

la démarche herméneutique.

 

C'est précisément l'attitude qu'avait eue, par exemple, Bernard Henri-Lévy,

il y a une quinzaine d'années, après avoir été justement éreinté par

P. Vidal-Naquet, ce qui lui avait valu un article cinglant de C. Castoriadis

dans le Nouvel Observateur, sous le titre "Les divertisseurs".

 

FR : Ce "dénonciation" est sans doute d'une approximation lexicale. Je

souligne cependant qu'un partisan de Sokal lançait cet appel dans le Monde

de l'Education de janvier (Article : Des Normaliens jugent les impostures

intellectuelles) : "il faut une police philosophique capable de poser les

bornes à ne pas franchir" (p. 10). Cela est notable dans le paysage

intellectuel français d'aujourd'hui.

 

La dénonciation à laquelle se livrent joyeusement Sokal et Bricmont n'a rien

de policier ; mais elle n'a pas grand chose de philosophique : ils n'ajoutent

à leur florilège de sottises aucun argumentaire, et laissent s'interroger sur

leurs intentions, ce qui leur permet d'en donner dans divers entretiens des

versions adaptées aux divers publics.

 

PD : Autre exemple : Sokal et Bricmont ne sont pas contre l'emploi de

métaphores issues du monde scientifique mais contre leur emploi frauduleux.

Ce qui n'est pas du tout la même chose.

 

FR : Tout le monde est d'accord là-dessus.

 

PD : Après tout, le discours scientifique ou mathématique est truffé de termes

métaphoriques, mais je ne crois pas que Bourbaki prenne appui sur les

significations externes au champ mathématique des mots "ensemble", "tribu",

"clique", ... pour légitimer des propriétés dans ce champ. Que ces métaphores

aient des propriétés heuristiques n'est pas en cause.

 

FR : Ces termes seraient simplement des catachrèses. Je note seulement que

Sokal ne s'en prend pas aux métaphores des auteurs "sérieux", dont certains le

soutiennent, que ce soit la métaphore computationnelle chez Chomsky et Fodor,

ou la métaphore épidémiologique chez Sperber.

 

Ces métaphores ont pourtant une fonction purement idéologique (rabattre les

sciences humaines sur la computation ou la biologie), et non heuristique.

 

PD : Là où il y a fraude, c'est lorsque les auteurs "jouent double jeu" :

j'éblouis mes lecteurs ou auditeurs de mes connaissances scientifiques,

lorsqu'ils sont largement ignorant du domaine, leur laissant entendre que je

ne suis pas dans la métaphore et je crie à la censure anti-métaphore lorsque

j'ai affaire à un spécialiste du domaine.

 

FR : Ils rendaient un pénible hommage à une image périmée de la science - et

les références de Sokal et Bricmont ont souvent plus de vingt ans : avec le

recul du scientisme, la métaphore scientifique a de fait cessé d'avoir un rôle

de caution.

 

PD : Vous aurez compris que je trouve l'entreprise de  Sokal et Bricmont plutôt

salubre et je ne la crois pas anti-herméneutique, au sens où je crois que le

groupe l'entend.

 

FR : Je doute que si groupe il y avait il soit unifié sur ce point.

 

L'article princeps de Sokal mentionne l'herméneutique dans son titre, et

c'est bien elle, et non la physique quantique qui est visée. On peut certes

restreindre leur propos et dire que nos auteurs visent essentiellement le

déconstructionnisme américain et certains de ses inspirateurs français

secondaires, qui ont en effet discrédité le thème herméneutique. On note

cependant la quasi absence dans cet ouvrage des auteurs les plus importants de

l'herméneutique contemporaine : Ricoeur, Lévinas, Bollack, etc. Même Derrida

n'est affronté que par raccroc, et nos auteurs se rabattent sur Irigaray ou

Virilio qui ne sont pour rien dans l'affaire. Je pense que la critique

d'auteurs comme Kristeva (dont les billevesées sur Mallarmé ne sont pas moins

divertissantes que sur l'axiome du choix) reste largement à faire - pour qui

serait prodigue de son temps. Personnellement, je ne me suis jamais censuré

sur ce point.

 

Mais le problème de l'interprétation demeure entier et doit être posé

autrement, ce qu'essaye de faire l'ouvrage Herméneutique : textes, sciences.

 

PD :  Peut-être s'agit-il, après tout, d'un malentendu sur la signification,

vous l'avouerez quelque peu variée, de l'herméneutique ? Sokal et Bricmont

accepteraient-ils l'attitude herméneutique, sinon le mot lui-même, telle que

décrite par la très belle "définition" de JM Salanskis que j'attribuais sans

doute trop vite, après vous avoir lu la citer, au "groupe" : "le point de vue

herméneutique serait [...] celui qui récuse par principe toute idée selon

laquelle le sujet humain aborderait son réel à partir de structures filtrantes

données, qu'elles soient logiques ou esthétiques. L'herméneutique serait

l'anti-transcendantalisme par excellence, la doctrine qui dit que toute forme

du comportement cognitif de l'homme s'élabore toujours comme rectification

réitérée d'elle-même" ? (Herméneutique : textes, sciences, p. 413). Cela reste

pour moi en suspens.

 

FR : Il s'agit d'une des définitions possibles - et je ne suis pas certain que

Salanskis la reprenne à son compte.

 

PD : Cela ne veut pas dire que j'approuve tout de la démarche  de Sokal et

Bricmont, notamment un certain amalgame dans le traitement des auteurs

"épinglés" me gène : Merleau-Ponty, Bergson ont pu, comme tout le monde, ne

pas comprendre ou se tromper ; ce ne sont pas des imposteurs.

 

D'autre part, l'inexistence d'auteurs, autres que strictement "scientifiques"

(physiciens ou mathématiciens) trouvant grâce à leurs yeux est suspecte : n'y

a-t-il aucun "bon" philosophe des sciences ? peut-on, tout simplement, écrire

sur la science ?

 

FR : La science unifiée, sans doute non, du moins si l'on n'est pas

métaphysicien. C'est pourquoi le propos philosophique d'auteurs qui viennent

des sciences (par exemple Salanskis des mathématiques, Stewart et Clément de

la biologie) me paraît particulièrement intéressant - bien que non-sokalien.

 

J'ai l'impression que Sokal et Bricmont visent à renforcer l'opposition entre

les lettres et les sciences, et qu'ils sont pour un "développement séparé" -

d'où le bon accueil qu'on leur réserve en France, où cette séparation pèse plus

qu'ailleurs.

 

De ce point de vue, l'épistémologie est bien ce qui résiste au scientisme. Et

l'on regretterait l'absence délibérée de réflexion épistémologique chez Sokal

et Bricmont, si leur ouvrage n'était pas une provocation (au sens non policier,

mais tout de même politique du terme), qui se justifie non par des arguments

qu'il néglige de fournir mais par la confusion qu'il sème au nom de la clarté

et du bon sens. Provocation dont notre discussion même atteste la réussite.

 

Jean-Michel Salanskis : Je n'ai plus d'avis simple et rapidement communicable

sur toute cette affaire. Je propose donc juste quelques réactions sommaires à

votre dialogue :

 

1. Je suis d'accord que l'enjeu le plus grave est celui de la lecture.

Sokal-Bricmont soulèvent un problème qui ne peut être que celui de la lecture,

et le traitent de façon particulièrement indigente. Impossible de comprendre

"La limite est la puissance du continu" chez Deleuze sans savoir que le

contexte est celui d'une théorie de l'individuation par engendrement de

frontière, différenciation de parties dans l'espace. Faute de comprendre ce

contexte, Sokal et Bricmont interprètent de façon grotesque "la notion

mathématique de limite est égale au cardinal de l'ensemble des réels", et

relèvent fièrement une bourde ! Sans examiner le détail, il est clair que faire

de larges citations, dire à la suite que c'est ridicule et que cela n'a pas de

sens, et concentrer tout le travail critique dans des notes de bas de page

renvoyant aux passages cités ne peut pas être une procédure rationnelle de

lecture, une procédure intellectuellement honnête. On peut à mon avis suivre

pas à pas les prises à témoin et les condamnations de Sokal et Bricmont pour

montrer que ce qu'ils font est tout le contraire d'une démystification, d'une

clarification, d'une critique. Et, disant cela, je prends pour critère de la

critique le critère standard des Lumières. À vrai dire, il n'y a pas de

critique rationaliste sans "prise de perspective" herméneutique adéquate sur

les documents, n'importe quel universitaire sérieux de la galaxie SHS le sait,

le défaut de Sokal et Bricmont est de n'avoir pas été formés à cette rigueur.

Mon rejet de leur pseudo-lecture va très loin, même lorsqu'ils parlent de Régis

Debray et Serres, et se moquent de l'évocation par ce dernier d'un "théorème de

Gödel-Debray", je trouve qu'il y a plus de clarté, de vérité et de rigueur dans

Debray que chez eux.

 

2. C'est un fait que beaucoup d'excellents esprits réagissent favorablement à

la "dénonciation" de Sokal et Bricmont. Outre Pierre Dumesnil, je peux en citer

au moins trois proches de moi. Je le comprends de deux manières.

 

D'une part, il y a une affaire d'identification (à la France, à la galaxie SHS,

au gauchisme philosophique de 1965-1975) qui partage les gens. L'affaire Sokal

distingue parmi nous, notamment, ceux qui se conçoivent prioritairement comme

des savants et ceux qui se conçoivent prioritairement comme des littérateurs,

des érudits, des essayistes, des philosophes, des philologues, etc. Je crois

cette détermination contraignante et inaccessible à la discussion.

 

D'autre part, il y a l'hypothèse que les auteurs accusés ont triché, se sont

adjugé mensongèrement le prestige de la science. Je comprends que cela

exaspère, mais je crois que c'est tout à fait faux. Deleuze n'est pas devenu

connu à cause de "Différence et répétition" mais de "L'anti-Oedipe". Lacan

n'est pas devenu Lacan à cause de sa seconde période des tores et noeuds

borroméens, mais à cause de sa première période anthropologico-structuraliste

(période au cours de laquelle ses références à la mathématique étaient pour

l'essentiel justes, à mon avis). Serres n'est pas devenu célèbre pour son flirt

avec la science, mais, au contraire, pour sa dénonciation "écologiste" de la

science, et son plaidoyer vibrant ("féminin") en faveur de la sensation et de

la nature. Latour et consorts représentent de façon vivante le désaveu du

prestige de la science.

 

3. La citation de moi est un passage où je formule de façon ramassée quelque

chose comme la pensée de Rorty, pas la mienne. Pour moi, l'herméneutique bien

comprise est complice du transcendantal, c'est cette complicité qui sauve l'un

et l'autre.

 

François Rastier : Le procédé de Sokal et Bricmont me rappelle fort la façon

dont Maingueneau reprochait vertement à Pascal d'avoir employé le mot suffisant

au sens mathématique dans sa querelle avec les jésuites sur la grâce suffisante.

 

Si la lecture que pratiquent Sokal et Bricmont est insuffisante, si elle se

réduit souvent à la citation et à une sorte d'ostension, c'est sans doute

parce qu'ils mettent en pratique le refus de l'herméneutique qui les anime :

leur pratique de lecture procède de leur refus théorique. D'où l'absence de

déontologie critique : on juxtapose les époques, les oeuvres et les auteurs,

sans jamais chercher à restituer les contextes, les situations, les projets,

sans donc permettre l'intelligence des propos. Ainsi la méthode de lecture

accuse voire suscite les absurdités dénoncées.

 

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{Karakash, 06/07/98}

 

Colloque annuel de la Societe Suisse de Theologie :

 

                           L'image et les champs de la theologie

 

Universite de Lausanne, 13-14 novembre 1998.

Renseignements et inscriptions :

IRSB Batiment central - Universite de Lausanne - 1015 Lausanne

tel.: (0)21 692 27 30   fax.: (0)21 692 27 35

Jean-Daniel.Kaestli@irsb.unil.ch

 

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{FR, 28/07/98}

 

             2nd INTERNATIONAL AND INTERDISCIPLINARY CONFERENCE ON

                       MODELING AND USING CONTEXT

                   Trento, Italy, September 9-11, 1999.

 

                   http://www-sysdef.lip6.fr/CONTEXT-99/

 

The Second International and Interdisciplinary Conference on Modeling and

Using Context (CONTEXT'99) aims at providing a high quality forum for

discussion on context among researchers active in Artificial Intelligence,

Cognitive Science, Computer Science, Linguistics, Philosophy, and Psychology.

 

SUBMISSION OF PAPERS

 

Participants will be selected on the basis of submitted papers (10 single-

spaced A4 pages maximum) by three referees at least. Papers must include in

the first page : title, author's name(s), affiliation, complete mailing

address, phone number, fax number, e-mail address, an abstract of 300 words

maximum, and up to five keywords. Electronic submission (compressed / zipped /

gzipped standard PostScript file under the name first-author.ps) is strongly

encouraged ; alternatively, authors may send five hardcopies of the paper via

surface mail. Submitted papers should arrive to the Conference Chair no later

than March 30, 1999.

 

PATRICK BREZILLION - CONTEXT'99 Conference Chair,

University Paris VI - 4, Place Jussieu - F-75252 Paris Cedex 05, France.

             Patrick.Brezillon@lip6.fr

 

IMPORTANT DATES

 

Submission deadline :              March 30, 1999

Notification of acceptance :    May 21, 1999

Deadline for final papers :       June 11, 1999

Conference :                              Sept. 9-11, 1999

 

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{FR, 28/07/98}

 

Le lundi 23 et le mardi 24 novembre Franck NEVEU organise a Paris VII un

colloque intitulé "Faits de langue et sens des textes", destine notamment aux

agregatifs. Voici le programme provisoire :

 

                           MOYEN AGE / XVIe siecle

 

Daniele JAMES-RAOUL (Universite Paris IV)

             La rhetorique du silence dans Le Conte du Graal

 

Anne WANONO (Universite Paris XII)

             Etude du vocabulaire du costume, des ustensiles et de l'equipement

             dans Le Conte du Graal

 

Bernard COMBETTES (Universite Nancy II)

             Les constructions detachees dans Saul le furieux de Jean de la Taille :

             le cas des participes

 

Gerard MILHE POUTINGON (Universite Grenoble III)

             Le lexique de la fureur dans Saul le furieux

 

                           XVIIe / XVIIIe siecle

 

Claire BADIOU-MONFERRAN (Universite de Bourgogne)

             Les hyperbates dans les Maximes de La Rochefoucauld

 

Catherine COSTENTIN (ENS Ulm)

             Les Maximes comme piege rhetorique : examen de quelques typologies

             caracteristiques de clausules

 

Catherine JULIA (Universite Paris III)

             Les Maximes de La Rochefoucauld : semantique des enonces paradoxaux

 

Jean-Christophe PELLAT (Universite Strasbourg II)

             Les procedes de generalisation dans les Maximes de La Rochefoucauld

 

Eric BORDAS (Universite Bordeaux III)

             Les dangereuses liaisons parataxiques du libertinage - Style et rythme

 

Anne-Marie PAILLET-GUTH (Universite Lyon II)

             Les mentions dangereuses : discours rapporte et ironie dans Les Liaisons

 

Didier SAMAIN (Universite Paris VII)

             Aspects de l'ambiguite syntaxique et semantique dans les Maximes et

             Les Liaisons dangereuses

 

                           XIXe / XXe siecle

 

Arnaud BERNADET (ENS Fontenay/Saint-Cloud)

             Le facteur contre-accentuel dans les Poesies de Mallarme

 

Jacques-Philippe SAINT-GERAND (Universite Clermont-Ferrand II)

             "Disposer leurs ecrits de fagon inusitee, decorativement entre la

             phrase et le vers, certains traits parents a ceci..." :

             ordre, syntaxe et rythme chez Mallarme

 

Gilles SIOUFFI (Universite Montpellier III)

             Sur quelques idealites linguistiques de Mallarme

 

Simone DELESALLE (Universite Paris VIII)

             Emplois de on dans Fin de partie

 

Franck NEVEU (Universite Paris VII)

             Sur quelques designateurs dans Fin de partie - La problematique

             contextuelle au theatre

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