1998_11_17

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SdT volume 4, numero 9.

 

                                                                                             LA CITATION DU MOIS

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                                        Quodcirca nomen, verbum et relique orationis partes

                                        per se tantum soni sunt, sed multiplicem habent ex

                                        institutione hominum significantiam : ut in coloribus

                                        pictorum videmus que nihil per se adombrant picturarum,

                                        et tamen ex artificio unanquanque personam et quicquid

                                        volumus representant.

                                                     Lorenzo Valla, Repastinatio, 433.32-434.5

                                        ________________________________________________________

 

                          

 

                                                     SOMMAIRE

 

1- Coordonnees

             - Bienvenue a Maryvonne Holzem.

             - Changement d'adresse : Genevieve Caelen-Haumont.

 

2- Carnet

             - Genevieve Caelen-Haumont détachée a Aix-Marseille.

             - Au courrier de SdT.

             - Avis de recherche : base lexicale avec associations et frequences.

             - Beaux sites : Le Grimoire (apprentissage du français) ;

             Christine de Pizan database (ancien français).

             - Attention : des changements de lieu et de dates pour le seminaire

             de Francois Rastier

             - Enseignement de Bill Winder : La Sémantique et le discours littéraire

              - Seminaire organise par Patrick Seriot : Epistémologie comparée des

             sciences humaines, Russie / Europe de l'Ouest, années 1920-1930 (le

             discours sur la langue)

 

3- Publications

             - Numero special de Semiosis, comprenant des etudes de Francois Rastier

             traduites en castillan.

 

4- Dialogue

             - Jean-Emmanuel Tyvaert & Francois Rastier : "L'obscure clarte".

 

5- Chronique

             - Le cyberlexique, par Gabriel Otman.

             A suivre aussi sur France Culture, vendredi 20 novembre matin.

 

6- Colloques

             - 5eme colloque annuel de la Societe de Semiotique du Quebec :

             "Le lisible, le visible, l'audible et le tactile - Relations

             intersemiotiques et polysensorielles", Ottawa, 12-13 mai 1999.

 

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NOUVELLE ABONNÉE

 

[information réservée aux abonnés]

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{Caelen-Haumont, 20/10/98 et FR, 15/11/98}

 

Genevieve Caelen-Haumont, du Laboratoire CLIPS-IMAG, est détachée pour un an

au Laboratoire Langages et Parole Universite des Lettres d'AIX-MARSEILLE 1,

28 av Robert Schuman, 13621 Aix-en-Provence.

tel : 04 42 95 36 21, fax : 04 42 59 50 96.

 

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{FR, 15/11/98}

 

AU COURRIER

 

Un correspondant nous écrit : "La lecture de SdT est toujours revigorante".

Qu'il en soit ainsi pour sa rédaction !

 

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{Tigerghien, 21/10/98}

 

AVIS DE RECHERCHE

 

Je recherche une base lexicale (français) -- la plus complète et la plus

récente possible -- contenant des normes associatives entre mots et un

index des fréquences lexicales (familiarité).

 

Merci d'avance,

 

Guy Tiberghien

 

Guy TIBERGHIEN, Professeur

Institut des Sciences Cognitives (CNRS) - 67, boulevard Pinel - 69675 BRON Cedex

Tél. 1 : (33) 04 37 91 12 59 ; Tél. 2 : (33) 04 76 62 80 66

e-mail : tiberghien@isc.cnrs.fr, Guy.Tiberghien@upmf-grenoble.fr

http://rockefeller.univ-lyon1.fr/~montoute/Tiberghien/

 

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{FR, 15/11/98}

 

BEAUX SITES

 

* LE  GRIMOIRE

 

Le Grimoire est un site Internet qui rassemble divers matériels pédagogiques

pour l'apprentissage de la langue et de la civilisation françaises au niveau

de la première année universitaire (français langue seconde). Les documents

(+200, 4MB de texte) sont présentés sous forme hypertextuelle et soigneusement

hiérarchisés de façon à rendre la navigation claire pour l'usager. Le Grimoire

intègre :

- une grammaire descriptive (traditionnelle) du français,

comprenant de nombreux exemples et un glossaire terminologique explicatif

- une anthologie de textes courts puisés dans la littérature canonique

(42 extraits du moyen âge à nos jours, avec dictionnaire français-anglais)

- un guide daté des événements, tendances et personnalités de la vie

culturelle, politique et littéraire [13 livraisons]

- un ensemble de tests et de barèmes de correction, ainsi que divers

renseignements relatifs à l'administration et à la gestion du cours.

 

Pascal Michelucci

             pascal.michelucci@utoronto.ca

             www.chass.utoronto.ca/french/vale

 

* LA DEVINETTE DE LA REDACTION :

 

Pourquoi ce site s'appelle-t-il Le Grimoire ? Qui donne la bonne hypothèse

gagne un abonnement décennal au bénéfice d'un tiers.

Solution de l'énigme dans le prochain numéro.

 

* OLD FRENCH

 

Objet : Christine de Pizan database

Anyone interested in a concordance of old French see the Christine de Pizan

database made available by Jim Laidlaw

http://www.arts.ed.ac.uk/french/christine/cpstart.htm

Contact :  Geoff Hare <G.E.Hare@newcastle.ac.uk>

 

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{FR, 11/11/98}

 

Si vous avez deja note l'information sur le seminaire de Francois Rastier,

attention aux PRECISIONS DE LIEU et MODIFICATIONS DE DATE

apportees dans le programme definitif ci-dessous :

 

                                             SEMINAIRE

                                        Université PARIS VII &

             Institut NAtional des Langues et Civilisations Orientales

 

                                 Conférences de sémantique

                                            année 1998-1999

 

                                           François RASTIER

                                        Directeur de recherche

                                              INaLF-CNRS

 

Premier semestre

________________

 

Université Paris VII (Jussieu), UFR Sciences des textes et documents

Tour centrale, deuxième étage, salle 212.

 

Jeudi 26 novembre, 16h-18h  :           La sémantique des textes littéraires

 

Jeudi 10 décembre, 16h-18h  :            Description sémantique et interprétation

 

Jeudi 14 janvier, 16h-18h  :    Les disciplines du texte

                                                     - De la philologie à l'herméneutique

 

Second semestre

_______________

 

Institut national des langues et civilisations orientales

2 rue de Lille, 75007 Paris

Salons de l'Inalco

 

Jeudi 4 février, 17h-19h :        L'accès sémantique aux banques textuelles

 

Jeudi 11 mars, 17h-19h :        Terminologie et lexicologie des textes d'experts

 

Jeudi 18 mars, 17h-19h :        Textes descriptifs et image documentaire

 

Jeudi 1er avril, 17h-19h :        Les genres textuels : typologie et codage

 

 

Contact électronique : lpe2@ext.jussieu.fr

Site du séminaire virtuel :  http://www.msh-paris.fr/texto/

 

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{FR, 15/11/98}

 

ENSEIGNEMENTS

 

De Bill Winder, professeur à l'University of Bristish Columbia (Vancouver) :

 

                    La Sémantique et le discours littéraire

 

La problématique de l'analyse du sens déborde largement les sciences du

langage ; on la  retrouve, sous des formes différentes, en philosophie

(essences), en logique mathématique  (interprétation des systèmes formels),

en science cognitive (acte cognitif), en anthropologie  (axiologies), etc.

En linguistique, bien que les pratiques lexicographiques aient fait une place

importante aux questions sémantiques, des chercheurs de courants majeurs

se sont efforcés de  restreindre le champ de leur science en évacuant la

question du sens (Harris, Chomsky) ou en  postulant qu'il n'y a pas de

linguistique au-delà de la phrase (Benveniste). A rebours de ces

linguistiques restreintes, d'autres chercheurs se donnent pour tâche de

pousser l'analyse  linguistique au-delà de la syntaxe et au-delà de la

phrase, jusqu'au sens et au texte.

 

 

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{15/11/98}

 

SÉMINAIRE

 

Organisateur : Patrick SERIOT, Professeur à l'Université de Lausanne

             Patrick.Seriot@slav.unil.ch

             http://www.unil.ch/slav/ling

 

Séminaire au centre russe de l'EHESS, 54 Bd Raspail, 75006 PARIS

année universitaire 1998-1999, 1er vendredi de chaque mois, 11 h - 13 h :

 

                           « Epistémologie comparée des sciences humaines,

                                                     Russie / Europe de l'Ouest,

                             années 1920-1930 (le discours sur la langue) »

 

Le travail sera réparti en 7 séances de 2 h chaque mois.

Programme proposé :

 

- 2) 4 décembre 1998 :

Culture 1 (système ouvert) : Les utopies de langue :

* A.A. Bogdanov : Krasnaja zvezda

* la langue AO

* l'idéologie cosmiste

Culture 2 (système fermé) : P. N. Savickij et la linguistique eurasiste.

Une vision platonicienne des rapports de l'espace et des langues

 

- 3) 8 janvier 1999 : Les avatars de la politique linguistique -> textes :

* L.P. Jakubinskij : «F. de Soss°r o ne-vozmozhnosti jazykovoj politiki»,(1931)

* E.D. Polivanov : «Revoljucija i literaturnye jazyki Sojuza SSR» (1927)

Culture 1 : La «Mezhrabsvjaz'» et l'espéranto prolétarien. Textes :

* E.K. Drezen : Ocherki teorii Esperanto (1931)

* L.I. Zhirkov : «Pochemu èsperanto dolzhen pobedit'?» (1933)

 

- 4) 5 février 1999 : La réception de Saussure et la notion de

«linguistique sociale» -> textes :

* R. Shor : Jazyk i oschestvo (1926)

* F.P. Filin : «Na povodu u klassovogo vraga» (1932)

Le sujet et la langue -> texte :

* V. Voloshinov : Marksizm i filosofija jazyka (1929)

 

- 5) 5 mars 1999 : La simplicité en langue : langue du peuple ou langue

populaire ?

- Quand les extrêmes se rejoignent : évolutionnisme stadialiste contre

pseudo-diffusionisme eurasiste

 

- 6) 2 avril 1999

- La philosophie du nom et les «imjaslavcy»

ou :

- Shirokogorov et la théorie de l'ethnos / N. S. Tru-beckoj et le concept

de culture

Texte : N. Trubeckoj : O turanskom èlemente v russkoj kul'ture (1925)

S. Shirokogorov : Etnos (1923)

ou :

- La langue et l'âme du peuple : le discours sur l'u-nanimisme en URSS

(V. Vinogradov : Velikij russkij jazyk, 1945) et en Allemagne nazie

(G. SCHMIDT-ROHR : Die Sprache als Bildnerin der Völker, 1932).

 

- 7) 7 mai 1999 : - La théorie des «langues littéraires» et la «culture de

la langue» : G. Vinokur, (Kul'tura jazyka, 1923) V. Vinogradov,

L. Jakubinskij (Kul'tura jazyka, 1925)

ou :

- Lysenko, lamarckisme et solidarisme : O. Mandel'shtam : Lamark (1930)

ou :

- Anti-darwinisme, «nomogénèse» et théorie des totalités dans l'émergence

du structuralisme russe

-> L. S. Berg : Nomogenez (1922)

 

L'Union soviétique des années 1920-1930, comme l'émigration russe de

l'entre-deux-guerres constitue un domaine certes controversé, mais

abondamment exploré par les chercheurs en sciences politiques et en

histoire. Le domaine littéraire est au centre des études universitaires

classiques de russe. La linguistique du russe est également bien

représentée à l'Université, mais elle se concentre essentiellement sur

l'étude de la langue russe. Or il reste tout un pan d'activités

scientifiques de toute première importance dans le monde russophone qui

semble plus ou moins négligé par les chercheurs, c'est celui des sciences

humaines. Certes, l'activité scientifique en général en URSS a été

explorée, principalement aux USA, par des chercheurs comme Loren GRAHAM et

Alexander VUCINICH, dans une perspective de sociologie de la science.

Andrzej WALICKI de son côté, comme Isaiah BERLIN, a étudié l'«histoire

intellectuelle» de la Russie chez ceux qu'on appelle les «penseurs russes».

On ne compte plus les études consacrées à un philosophe du langage et de la

culture comme Mixail BAXTIN. L'histoire de la philosophie soviétique a fait

l'objet de nombreux travaux de la part de René ZAPATA, Dominique rètement, à partir de textes premiers, originaux, un certain

nombre de traits propres à la culture scientifique dans le monde

russophone, comme de mettre en évidence un certain nombre de

questions-clés telles que le rapport de l'individuel au collectif, la

construction discursive de l'identité collective, de l'opposition de soi à

l'autre, les représentations de ce qu'est le «social», la notion de

«mentalité collective», l'opposition entre identité de classe et identité

nationale, etc.

On voit que le «discours sur la langue» est plus large que «la

linguistique». S'il est bien évident que les oeuvres de linguistes

fourniront un important contingent de textes, le discours sur la langue ne

s'y réduit pas. On trouve ainsi dans les «conseils» que M. Gorki donnait

aux écrivains débutants une vision très cohérente de la langue, qui n'avait

aucun rapport avec le discours marriste dominant dans la linguistique

soviétique de l'époque, tout en coexistant avec lui en pure ignorance

réciproque. Le sort réservé aux espérantistes et aux inventeurs de langues

artificielles, aux représentants de l'idéologie «cosmiste» est lui aussi

révélateur d'un grand basculement, qui se fit progressivement, et qui n'eut

pas lieu l'année du «grand tournant» (1929). De même, la réception de

Saussure, de chef de file de «l'école sociologique française» à

représentant de l'«idéologie bourgeoise», montre combien les mêmes textes

peuvent être interprétés de façon parfois radicalement opposée. On voit

ainsi peu à peu apparaître un monde intellectuel infiniment moins

«monolithique» qu'une image stéréotypée de l'URSS stalinienne tend à le

présenter. Prenant le discours sur la langue comme indice, comme révélateur

des tensions qui parcourent la société soviétique des années 1920-1930, on

va explorer un basculement fondamental de cette société, qui a été observé

dans beaucoup d'autres domaines, entre deux «attitudes», ou «paradigmes,

celui en gros des années 20, fondé sur l'ouverture, sur l'internationalisme

et celui des années 30, fondé sur la fermeture et le nationalisme. On

s'appuiera pour ce faire sur l'hypothèse du sémioticien de l'architecture

Vladimir PAPERNYJ quant à l'existence d'une «culture-2» (en gros, celle des

années 30), qui vient supplanter une «culture-1», en gros celle des années

20. On verra alors que la notion de «paradigme» de l'épistémologie de Th.

KUHN, pas plus que celle d'«épistémè» de Michel FOUCAULT, ne sont adéquates

pour rendre compte des contradictions très vives, des retours en arrière,

des avancées en spirale qui parcourent ce monde scientifique travaillé par

des tensions idéologiques et philosophiques. On proposera alors une notion

plus modeste mais plus large, celle d'«air du temps», qui permet de

remarquer que les ethnolinguistes américains des années 30 (Sapir et

Whorf) et les linguistes marristes (essentiellement I.I. Meschaninov), qui

apparemment avaient une vision radicalement opposée (les Américains

voyaient un rapport de détermination langue ->pensée, les Soviétiques à

l'inverse un rapport base socio-économique -> pensée -> langue), avaient

néanmoins en commun la quête de la mise en relation du langage et de la

pensée, qui reposait elle-même sur l'héritage de W. von Humboldt, jamais

vraiment disparu en Russie.

Un autre aspect de ce thème large de «discours sur la langue» est le lien à

faire avec l'anthropologie, science interdite sous Staline, mais dont les

postulats évolutionnistes affleurent constamment dans les déclarations sur

la langue, par exemple dans le domaine de la politique linguistique, ou

«édification linguistique» (jazykovoe stroitel'stvo) : pourquoi et pour qui

créer des alphabets et des langues normatives, comment faire la différence

entre une nation (nacija) et une «population», ou «pré-nation»

(narodnost')?

Enfin un autre type de discours sur la langue s'impose à l'investigation,

c'est celui des intellectuels russes émigrés, principalement les deux

grands linguistes unanimement reconnus comme faisant partie des pères

fondateurs du structuralisme : N. TROUBETZKOY et R. JAKOBSON. On sait moins

leur engagement dans le mouvement idéologique et politique de l'eurasisme.

Jakobson voyait une totalité, une unité dans la science russe, qu'elle soit

en URSS ou dans l'émigration. On verra alors que bien nombreux sont les

points communs entre un structuraliste comme TROUBETZKOY et un

évolutionniste marginal comme N. MARR. On s'orientera vers la conclusion

que les clivages scientifiques et intellectuels ne passent pas forcément là

où l'on croit qu'ils passent, et que l'histoire du structuralisme en Europe

«de l'Est» à cette époque a peut-être un rapport avec la Naturphilosophie

allemande d'un côté, avec les idéologies de la totalité de l'autre.

On insistera essentiellement sur les problèmes de passage d'une «culture» à

l'autre, en s'attachant à suivre dans les textes les indices de

basculement, de transformation, de glissement d'un type de discours à

l'autre. C'est pourquoi les textes des années 1929 à 1931 seront d'une

importance toute particulière.

Le séminaire sera tenu en français, à partir de textes écrits en russe. Une

connaissance au moins passive du russe est donc recommandée. Il sera

proposé aux étudiants des travaux écrits sous forme de commentaires de

textes ou de réflexions sur un sujet de synthèse. Mais des textes en

français seront disponibles pour ceux qui ne connaissent pas le russe.

 

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{FR, 15/11/98}

 

VIENT DE PARAÎTRE

 

SEMIOSIS NUMERO SPECIAL

  Nº 2, Nouvelle série

 

Un dossier de huit études traduites en castillan :

1. "Las semanticas" . 2. "La semántica unificada". 3. "Microsemántica y

textualidad". 4. "Microsemmantica y sintaxis". 5. "Significacion, sentido y

referencia de la palabra"  6. "Problemáticas semánticas: semántica lingüística

y filosofia del lenguaje". 7. "Realismo semántico y realismo estetico".

8. "La hermeneutica literaria : comprension-explicacion-comprensión" de

Renato Prada. 9. "'Clemencia' una lectura a dos voces" de Norma Angelica

Cuevas.

En su presentecion dice:

"Este numero tiene el honor -y, además, cumple con una obligacion

editorial- al dedicar este numero casi en su integridad a ofrecer un

'perfil' de uno de los mas importantes investigadores de la semantica

interpretativa, Francois Rastier [...] Francois Rastier es un autor

prolifico, entre sus principales obras destacan: "Semantique

interpretative" (1987)"Sens et textualite" (1989) y "Semantique et

recherches cognitives" (1991), etc.

 

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{FR, 15/11/98}

 

DIALOGUE CLAIR-OBSCUR

 

DISCUSSION ENTRE JEAN-EMMANUEL TYVAERT ET FRANCOIS RASTIER,

A PARTIR D'UN TEXTE DE CE DERNIER INTITULÉ :

 

                                                     L'OBSCURE CLARTÉ

 

(À PARAITRE DANS LA REVUE LA LECTURE LITTÉRAIRE).

 

L'OBSCURE CLARTÉ (désormais OC) : "Un texte ne peut être illisible que pour

les herméneutiques de la clarté".

 

JET : le travail d'interprétation va-t-il d'une absence (première) de sens

(pour l'interprète) vers un sens construit (par l'interprète) sur la base

des significations des items, (donc en procédant du - vers le +), ou plutôt

d'une surabondance première de sens vers un sens décanté et "raisonnable",

la surabondance première des significations et de leurs mises en relation

obligeant l'interprète à réduire drastiquement le nombre des configurations

significatives (du + vers le -). Ce qui me paraît important ce sont ces

deux sens (= directions) du travail interprétatif qui induisent deux

conceptions de l'obscurité. Je préfère la seconde direction.

 

FR : On pourrait lier cela aux deux processus perceptifs d'activation

(- vers +) et d'inhibition (+ vers -) : corrélativement la vérification des

attentes et l'élimination de ce qui disconvient. En termes linguistiques,

catégorisation du pertinent.

Mais on a sans doute affaire à des phases temporelles : après cette phase

de clarté (rapide, on ne peut s'empêcher de comprendre), l'attention à un

rôle inhibiteur et l'obscurité peut revenir, si la structure du texte y

conduit.

Il y aurait peut-être possibilité de faire là-dessus une expérience de

psycholinguistique, mais les protocoles ordinaires ne s'y prêtent pas.

 

OC : "l'interprétation doit être rapportée à la diversité des discours,

des genres"

 

JET :  En deux mots, il faut disposer d'une typologie des textes qui soit

opératoire et non vicieuse. Je pense que les marques déclenchent des

interprétations à tiroir (exemple : "et" [1] logique, [2] chronologique,

[3] causal, [4] intentionnel) qui ne demandent qu'à se donner à l'interprète,

et que les textes possèdent des indices bloquant l'interprétation à un niveau

(comme pour une boite de vitesse automatique).

Exemple : "et en même temps" bloque en [1]), voire des indices "débloquant"

le "verrouillage" suggéré antérieurement (exemple : "et ensuite" débloque

de [1] pour redonner (au moins) [2]). A suivre.

 

FR : Mais les freins de ce véhicule interprétatif ne se bloquent pas pour

autant en cas d'indices contradictoires. Votre proposition, si on peut la

développer, conduit à une articulation très intéressante entre la

mésosémantique et macrosémantique : les "connecteurs" n'ont ici rien de

logique, mais indiquent des moments critiques du parcours interprétatif au

palier de la période.

Par parenthèse, je préfère pour ma part me passer de la notion de marque,

la marque en l'espèce n'étant qu'un moment réifié du parcours interprétatif.

 

OC : "Les deux sources traditionnelles de la clarté sont la loi naturelle et

la grâce..."

 

JET : il y a deux façons de concevoir la loi naturelle. Soit qu'elle soit

donnée par révélation, soit qu'elle se révèle dans l'histoire. La deuxième

façon mérite attention (un exemple : l'église (église et non pas Eglise) se

doit d'être pauvre :

 

FR : La minuscule est déjà franciscaine.

 

JET : ...ses propres mésaventures dans l'histoire devrait suffire à lui

rappeler : confiscation des biens du clergé à la révolution, répétition

(après tentative assez convaincante de reconstitution) lors de la

séparation : on peut déduire la loi naturelle par l'observation des

mésaventures.

La tradition ayant par essence une dimension historique, on peut penser à

une source de clarté de type dévoilement progressif lié à l'observation

recommencée à chaque génération de l'adéquation des textes à l'expérience...

 

FR : Mais on peut avoir cumulation de l'interprétation sans cumulation du

dévoilement, a moins de créditer les textes des bonheurs de l'interprétation.

L'accumulation des interprétations ne rend pas les textes plus clairs, mais

au moins les maintient dans l'espace changeant et toujours menacé du lisible.

 

OC : "nous ne partageons pas la conception représentationnelle du langage"...

 

JET : globalement je suis d'accord, tout en me demandant si dans les échanges

(dans l'espace et le temps) ce ne sont pas des fragments représentationnels

que nous échangeons, fragments à reconnaître comme tels, fragments provoquant

sans cesse des reconfigurations. Bref : s'il faut renier la conception

représentationnelle du langage, il faudrait peut-être néanmoins retenir une

conception représentationnelle servile des fragments langagiers (les

phrases ?). Il peut alors y avoir conflits interprétatifs et Héraclite est

possible. Tout à fait d'accord pour insister sur le rôle de l'écrit.

 

FR : On pourrait dire que la représentation fait disparaître le langage ou

du moins en atténue l'epaisseur.

 

OC : "On peut distinguer signification (des mots) et sens (des textes)"

 

JET : la question qui subsiste est celle (identifiée supra) de l'accès au

sens des textes. Je proposerai volontiers de retourner les études classiques

sur l'anaphore (en particulier sur les anaphores de reformulation lexicale)

en dépassant leur côté descriptif pour en faire les moments de la livraison

du sens des textes. Soit un texte : il commence par une phrase où des items

lexicaux sont mentionnés avec une forte dose d'inadéquation (à moins d'être

dans un paradigme scientifique tout à fait à part) et où le sens "métaphorique"

est lié (mais comment?) à la signification (littérale) des mots. S'il y a

texte, c'est que l'on continue à parler de la même chose. Il y aura alors

naturellement de multiples occasions à reparler des entités visées par nos

premiers mots maladroits. Ce qui importe (ce qui fonde le sens des textes),

ce sont alors les correctifs introduits par les changements de termes.

 

FR : Oui, c'est ce que j'appelle a part moi le modèle plat de l'énonciation

comme correction des premiers mots.

 

JET : Les vraies entités sont celles dont on saisit progressivement la

signification en accumulant ces précieuses indications de transformation

(et ce, quel que soit le point de départ, ou presque). Une construction

sémémique fondée sur ces transformations (délétion, addition, maintien) qui

s'expriment dans le texte donne accès à un sémème porteur de sens, qui

d'ailleurs ne correspond pas toujours à un lexème d'où l'appel à la

définition... HELAS : il faut que je m'arrête, le doyen m'attend.

 

FR : Belle occurrence du topos des Bucoliques : "car de ces monts descend

une grande ombre"...

 

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Chronique Chronique Chronique Chronique Chronique Chronique Chronique Chronique

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{FR, 15/11/98}

 

UNE NOUVELLE RUBRIQUE : LES MOTS BRANCHÉS DE L'ONCLE GABRIEL

 

Nous publions une chronique de terminologie, dûe à la plume de Gabriel Otman,

terminologue et traducteur (gabrielotman@compuserve.com).

 

On pourra l'entendre :

Vendredi 20 novembre au matin, sur France Culture, de 10h30 à 11h30,

l'émission "Tire ta langue" a pour sujet

                Le cyberlexique

Avec Gabriel Otman, Michel Aishelbaum et Michel Deslangues.

 

 

De l'informatique à la cyberculture

___________________________________

 

On peut considérer que le vocabulaire de l'informatique est né en 1955 avec

la création du terme "ordinateur". Mais l'informatique elle-même, qui a

connu une croissance et une démultiplication exponentielles au cours de la

seconde moitié de ce siècle pour constituer l'un des faits sociaux majeurs

de cette période, a été englobée par un phénomène plus large, celui des

technologies de l'information et de la communication (TIC). On peut dès lors

avancer la date de naissance de ce domaine sémantique de quelques années à

1948, date à laquelle le mathématicien américain Norbert Wiener proposait

une nouvelle définition de la cybernétique, très proche du concept actuel

d'informatique. De fait, ce domaine sémantique a certainement été l'un des

plus féconds des sciences et techniques au cours de cette période, en tout

cas si l'on en juge par l'abondance des dictionnaires, lexiques et vocabulaires

publiés (qui se comptent par dizaines, et même centaines si on y inclut les

éditions de poche, les bilingues, les multilingues et les versions les plus

récentes sur support électronique). Au cours de cette période, l'informatique

s'est subdivisée en une pléthore de sous-domaines (programmation, génie

logiciel, bureautique, CAO, GPAO, micro-informatique, circuits intégrés...)

et de domaines connexes (intelligence artificielle, infographie, robotique,

cybernétique, micro-électronique, multimédia, télécommunications, mécatronique,

Internet, fibres optiques, productique...) qui ont chacun leur vocabulaire

propre dérivé d'une souche commune d'origine électronique et informatique.

La dernière décennie de ce siècle a vu apparaître un phénomène social nouveau,

né des technologies de la communication, en particulier l'Internet et ses

dérivés, la téléphonie mobile et l'informatique nomade, que l'on appelle déjà

communément la cyberculture. Le vocabulaire de la cyberculture, riche de

plusieurs centaines de vocables propres et qui, avec le parler de la rue et

des banlieues, est indubitablement le domaine sémantique le plus fécond de la

fin du siècle, peut servir d'indicateur de tendance de l'évolution de notre

langue technique pour le début du siècle prochain.

 

Ordinateur, informatique et cybernétique

________________________________________

 

Les trois vocables les plus emblématiques de ce vocabulaire - ordinateur,

informatique et cybernétique - permettent d'analyser les trois procédés de

création linguistique les plus productifs de ce domaine sémantique, la

métaphore, le mot-valise et le recours à des affixes. Ce sont d'ailleurs des

modes de formation de mots très classiques de notre langue. Si l'on accepte,

comme nous l'avons suggéré en introduction, que le terme "ordinateur" soit

l'une des pierres fondatrices de l'édifice terminologique que nous examinons,

on peut noter qu'il s'agit d'une métaphore, d'origine religieuse, lourde de

conséquences sur le développement linguistique de ce domaine. La création du

mot ordinateur (destiné à remplacer l'anglicisme computer) remonte à 1955 et

est l'oeuvre d'un linguiste, Jacques Perret, alors professeur de langue et de

littérature classique à la Sorbonne et parallèlement conférencier dans un

centre de formation dépendant du plus grand constructeur informatique de

l'époque, IBM. "C'est un mot correctement formé", soulignait-il, "qui se

trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l'ordre

dans le monde". Ce nom d'objet pouvait en outre se dériver aisément en verbe

(ordiner) ou en nom d'action (ordination). De ces dérivés proposés à l'origine,

seul ordination (dans le sens de science des techniques liées à l'informatique)

s'est implanté. Mais ordinateur a également produit directement ordinatique

(technique des ordinateurs) et ordinaticien (synonyme quasi inusité de

informaticien). Constatant qu'à l'époque de nombreux noms d'appareils étaient

du genre féminin (trieuse, tabulatrice, ...), Jacques Perret proposa également

ordinatrice, mais, finalement, la forme masculine a prévalu et elle a ensuite

entraîné dans son sillage un passage massif vers le masculin de la quasi

totalité des noms d'appareils dans le domine des technologies de l'information

et de la communication (lecteur, organiseur, communicateur, simulateur,

serveur, navigateur, répéteur, concentrateur, numériseur, pointeur, routeur,

accélérateur, compacteur, modulateur, moniteur, processeur, positionneur par

satellite, onduleur, optimiseur...). On peut préciser, pour l'anecdote

historique, que les cogitations langagières de J. Perret avaient également

produit dans le même moule lexical et dans le même but de recherche d'un

équivalent à computer, les vocables systémateur, combinateur, congesteur,

digesteur et synthétiseur. Seule la dernière création de cette série est

aujourd'hui attestée dans le domaine de l'électroacoustique, avec

l'abréviation "synthé" dans le jargon familier.

 

Anthropomorphisme

_________________

 

Cette métaphore religieuse n'est pas étrangère à la vague d'anthropomorphisme

sémantique liée à l'ordinateur. Ce phénomène, probablement né avec le robot

(du tchèque robota, travail forcé, 1924), automate d'aspect humain ou

humanoïde, a été entretenu par la littérature de science-fiction et a essaimé

au sein du lexique informatique même si l'ordinateur, sous ses formes les plus

variées, n'a dans son apparence aucune communauté avec l'être humain. Au

premier rang de ce sous-champ lexical, on trouve le terme mémoire qui

connaît une foule de composés dont certains reprennent des traits du vivant,

en particulier mémoire vive, mémoire morte, mémoire active, mémoire passive,

mémoire de travail, mémoire immédiate, mémoire optique) et de dérivés

(mémorisation, mémorisable, mémoriser). En outre, l'emploi de la formule

"cerveau électronique" pour ordinateur est si fréquente que l'on peut parler

de cliché. De nombreux verbes désignant une activité humaine sont employés

en informatique pour dénommer des traitements de données et des calculs

particuliers. On peut citer dans ce registre les verbes lire, manipuler,

saisir, afficher, mémoriser, reconnaître, comprendre, chercher, trier, classer,

écrire, copier, déduire, comparer, surveiller... Ce phénomène a probablement

connu son apogée en 1956 aux États-Unis, soit seulement un an après la

proposition de J. Perret, avec la création du terme "artificial intelligence",

que le français intégrera en 1962 sous la forme du calque parfait "intelligence

artificielle". La genèse de ce terme est connue et mérite d'être rapportée ici

car elle exemplarise une pratique singulière de création lexicale où la

désignation formelle (avec ses connotations et associations d'idées) peut

compter autant que la référence au concept. Cet exemple est anglo-américain

mais la technique vaut également pour le français. L'acte de naissance du

terme artificial intelligence a été élaboré au cours de l'été 1956 à

l'Université de Dartmouth dans le New Hampshire et signé par le mathématicien

John Mac Carthy. Il avait organisé un séminaire consacré à l'étude de la

théorie des automates et se proposait d'examiner l'hypothèse selon laquelle

toute activité intelligente pouvait être décrite avec suffisamment de

précision pour être simulée par une machine. Il suggéra de désigner cette

nouvelle discipline par le nom intelligence artificielle. L'adoption du terme

par ses pairs a fait l'objet de débats houleux, les uns défendant cette

désignation anthropomorphique propre à frapper les esprits, d'autres soutenant

avec la même virulence des formes plus académiques dont les éléments se

référaient au contenu de la discipline en question. Furent ainsi proposés

"cognitive science" et "knowledge engineering" (sciences cognitives et

ingénierie de la connaissance). Ironie du sort linguistique ou juste retour

des choses, ce sont aujourd'hui ces deux dernières dénominations qui

connaissent leurs heures de gloire au sein de la communauté scientifique,

intelligence artificielle se trouvant pratiquement déconsidéré par sa trop

grande vulgarisation, alors qu'elle a atteint le statut de discipline

scientifique à part entière. L'introduction de la notion en français est

datée de 1962 et on la doit à Jacques Pitrat. La désignation de la discipline

Intelligence Artificielle a néanmoins produit une dérivation déjà bien

implantée, intelligence économique (qui désigne un ensemble de services et

d'activités de veille et de renseignement économiques). Aujourd'hui,

l'adjectif intelligent appliqué à un appareil électronique ou mécanique

(réseau, téléphone, boîte de vitesses automobile) ou à un objet de notre

environnement quotidien (maison, stylo, lave-linge...) signifie que ce

dispositif est doté d'un microprocesseur et qu'il est capable de réagir sans

intervention immédiate de son utilisateur. Cet emploi du vocable intelligence

dans ce contexte n'a en rien modifié le sens de ce concept lorsqu'il

s'applique à l'être humain comme on l'entend dire fréquemment mais lui a

ajouté un sens nouveau applicable uniquement aux objets inanimés de nature

électronique.

 

Métaphores animales

___________________

 

L'être humain n'est pas la seule source d'emprunt au vivant. Le monde animal

en est une autre et le vocable désignant le rongeur souris est celui qui vient

immédiatement à l'esprit de chacun si l'on évoque l'association animal +

informatique. C'est en 1964 que l'ingénieur américain Douglas Engelbart a

développé dans son laboratoire du Stanford Research Institute le premier

prototype de souris, un boîtier en bois muni de deux disques placés à angle

droit que l'on pouvait faire tourner du bout du doigt et qui déplaçaient le

curseur dans l'axe vertical ou horizontal de l'écran, et d'une cordelette

torsadée qui rattachait ce boîtier à l'ordinateur. Le brevet du premier

prototype a été déposé en 1969 sous le nom scientifique d'indicateur de

position X-Y pour écran. Mais c'est Apple qui a popularisé ce dispositif -

et son nom (en anglais, mouse) - à partir de 1983 avec la commercialisation

de l'ordinateur Lisa et sa célèbre interface utilisateur graphique. Le nom

souris reste toutefois l'invention de Douglas Engelbart, qui, selon ses

propres déclarations, aurait reconnu dans le fil émergeant de ce boîtier la

queue du petit rongeur commun. Cette métaphore animale a été calquée en

français et dans d'autres langues. L'italien, en revanche, parle de taupe

pour désigner ce dispositif de pointage et, en français, depuis quelque temps,

la souris est également appelée par dérision mulot. Cet emploi familier et

ironique a été introduit par les auteurs de l'émission télévisée satirique

Les Guignols de l'info de Canal+ et placé dans la bouche de la marionnette

de Jacques Chirac. La popularité de l'émission et le bouche à oreille aidant,

le vocable s'est répandu dans la presse et dans le langage parlé. Aujourd'hui,

les souris se sont multipliées et diversifiées : souris mécanique, souris

optique, souris optomécanique, souris électromécanique, souris à capteurs

rotatifs, souris à ultrasons, souris à infrarouge, souris 3D, stylo-souris...

La souris est actuellement concurrencée par d'autres dispositifs de pointage

comme la boule de commande (trackball) en particulier. Les termes à valeur

anthropomorphique liés à l'ordinateur sont nombreux (intelligence, mémoire,

comprendre, lire...), les métaphores animales, en revanche, sont rares et

la popularité de la souris fait figure d'exception. Les punaises et autres

blattes (génériquement désignées en anglais par le terme bugs), qui venaient

se coller dans les lampes et circuits des premiers ordinateurs, provoquant

des courts-circuits et donc des erreurs ou des blocages, ont donné naissance

aux bogues informatiques. Le terme puce, vocable familier désignant la

pastille de silicium qui contient un ensemble de circuits intégrés, a été

choisi par analogie avec l'insecte sauteur bien connu pour deux raisons,

l'analogie de couleur (brune) et la présence de griffes de fixation placées

sous la pastille rappelant étrangement les pattes de la puce. Cette référence

animalière est bien française car le mot d'origine, chip, qui, au sens propre

signifie fragment, copeau, lamelle, éclat n'a rien à voir avec le règne du

vivant.

 

Les virus sont une autre forme pernicieuse (et métaphorique) d'immixtion du

vivant dans le monde informatique. Un virus informatique est un petit

programme autopropageable dont la fonction est de perturber, par modification

ou destruction, un système informatique dans lequel il a été installé par

malveillance à l'insu de son utilisateur courant. Les virus sont capables de

s'autopropager et donc de se reproduire. Ils constituent une forme très

étudiée de vie artificielle. Contrairement à l'opinion généralement répandue,

l'apparition du premier virus informatique n'est pas l'oeuvre d'un

informaticien malveillant à l'esprit destructeur mais est le fruit d'un

concours de programmation organisé aux États-Unis au milieu des années 80.

Il s'agissait de rédiger un programme capable de prendre des décisions dans

l'esprit du Jeu de la Vie, jeu mathématique de simulation d'une population de

cellules vivantes. On comprend mieux dans ce contexte que, pour parler de

cette forme nouvelle et pernicieuse de criminalité que constituent les virus

informatiques, le jargon informatique ait emprunté largement au vocabulaire

médical. Cette métaphore est un moyen pratique de concrétiser le phénomène,

d'en faire ressentir les dangers et les risques en ayant recours à une

imagerie effrayante qui évoque en nous les pires temps de la peste bubonique.

Jugez-en plutôt. Un virus contamine votre ordinateur ; il s'y propage par

auto-reproduction et laisse son empreinte dans tous les programmes infectés.

Il s'est introduit dans votre système par un vecteur de contamination comme

des disquettes de démonstration ou une opération de téléchargement. Ses

méfaits se manifestent par des blocages ou des erreurs inexplicables. Les

spécialistes ont déjà recensé plusieurs milliers de ces virus, qu'ils ont

tous dotés d'un nom et d'un diagnostic. Les spécialistes distinguent des

espèces de virus plus ou moins dangereuses et destructrices, en particulier,

le virus inoffensif qui affiche un simple message, souvent humoristique, le

virus destructeur qui s'attaque aux données et aux programmes, le virus furtif

qui se dissimule pour devenir indétectable, le virus dormant qui est activé

par un déclencheur (date, commande...), le virus mutant qui se transforme à

chaque nouvelle installation, le virus encrypté qui peut déjouer les antivirus,

le virus polymorphe (ou polymorphique) qui se transforme à chaque duplication

mais continue à causer des dégâts du même type (il a provoqué la mise au point

d'un antivirus polymorphe), le virus de secteur d'amorce qui s'active à chaque

opération de lecture ou d'écriture sur un disque, le virus de fichier résident

qui réside en mémoire et s'immisce dans le système d'exploitation, le virus

associatif qui se substitue à un programme, le virus blindé qui résiste à la

détection par des techniques de dissimulation... ou encore le Cheval de Troie.

L'expression Cheval de Troie désigne un type de virus particulier dont l'effet

néfaste se déclenche à un moment imprévisible. Il est caché à l'intérieur d'un

programme normal. Ce mode de comportement explique l'adoption de la métaphore

du cheval de Troie. Le terme Cheval de Troie désigne également un petit

logiciel que l'on place sur un ordinateur à l'insu de son propriétaire pour

enregistrer des informations le concernant. Pour essayer d'enrayer ces

épidémies, les informaticiens ont mis au point une panoplie de moyens de

désinfection et de décontamination. Il y a d'abord les vaccins, préventifs.

Ce sont des programmes qui modifient les logiciels pour les rendre résistants.

On propose ensuite des antivirus, curatifs. Ils sont destinés à dépister et à

détruire les virus déjà inoculés. On peut les appliquer soi-même ou confier

son matériel à un centre de décontamination. Ce centre, véritable clinique

informatique, se chargera de détecter d'éventuels virus mutants et de les

éliminer jusqu'à la dernière souche. Dans ce combat, les délinquants

informatiques sont pour l'instant les plus ingénieux car l'antivirus universel,

qui assurera une immunité totale à nos machines, reste encore à mettre au

point. L'informatique a adopté une grande partie de la terminologie médicale

de la virologie pour traiter de la question des virus informatiques comme

contamination, infection, agression, empreinte, vecteur, décontamination,

souche, transmetteur ou signature virale.

 

L'apparition récente de la notion de toile d'araignée (Web) a entraîné dans

son sillage l'utilisation d'une nouvelle métaphore animale, l'araignée, pour

désigner un moteur de recherche qui parcourt le Web et l'indexe. L'araignée,

à la différence de la punaise et des virus, est utile et positif dans

l'environnement informatique. Si l'on s'aventure plus avant dans l'idée de

l'animalité et de l'animé, on trouve des termes comme lutin ou avatar. Ils

nous conduisent à la limite de la métaphore humaine et animale pour nous

ouvrir les portes du monde des esprits et des incarnations.

 

(à suivre au prochain numéro)

 

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Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques

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{FR, 15/11/98}

 

SOCIETE DE SEMIOTIQUE DU QUEBEC

APPEL DE COMMUNICATIONS (version courriel)

CINQUIEME COLLOQUE ANNUEL

 

                           Le lisible, le visible, l'audible et le tactile

                           Relations intersemiotiques et polysensorielles

 

Deux evenements recents ont remis a l'ordre du jour les etudes sur les

phenomenes polysemiotiques, multimodaux ou polysensoriels, et

multimediatiques : l'essor des sciences cognitives et le developpement de

ce qu'il est convenu d'appeler les nouvelles technologies de l'information

et des communications (NTCI). En fait, cette problematique interesse de pres

de tres nombreuses disciplines qui peuvent, doivent se feconder mutuellement.

Nous vous convions a une reflexion pluridisciplinaire (litterature,

linguistique, histoire de l'art, philosophie, informatique, etc.) avec pour

perspective commune la semiotique. La communication peut etre essentiellement

theorique ou encore se consacrer a l'analyse d'une production ou d'un corpus

de quelque ordre qu'il soit.

 

A l'instar de Rastier et Cavazza (1994), nous croyons qu'il faut

methodologiquement distinguer le polysemiotique, le multimodal et le

multimediatique : une semotique peut-etre mono ou polymodale, une interaction

mediatique etre mono ou polysemiotique, etc. Approfondissons ici les deux

premiers concepts.

 

Le mot "mutimodal" (de l'anglais "multimodal", Birdwhistell) refere ici aux

modalites sensorielles (il existe des modalites autres, cuturelles par ex.).

Si le visible, l'audible, le tactile, etc., definissent des champs modaux,

tout objet d'analyse est-il modal ? existe-t-il notamment, comme le veut un

courant des sciences cognitives, un niveau semantique amodal? Une telle

typologie modale demeure evidemment grossiere voire incomplete. En particulier,

il faut se demander si le lisible (au sens oral et/ou ecrit) n'est qu'une

simple specification de ces modalites ou une modalite a part entiere. Des

objets seront consideres comme monomodaux (par ex. un dessin destine a la

contemplation sans manipulation), d'autres comme multimodaux (une installation,

le texte dans ses deux types de signifiant) voire panmodaux (par ex. un feu

de bois). Differentes reductions modales seront eventuellement produites en

abstrayant comme accidentelles une ou plusieurs modalites (par ex. l'odeur

du papier d'un dessin). Par ailleurs, il faut distinguer les modalites reelles,

formelles et les modalites representees et ce, dans la triple perspective

semiotique de la production, du niveau neutre de l'objet et de la reception

(cf. Molino). Ainsi, un texte pourra susciter des representations gustatives

lesquelles pourraient susciter chez le lecteur effectif non seulement des

stimulations gustatives mais egalement olfactives, etc. Parmi les

representations modales, il convient sans doute de distinguer les

representations par "thematisation" et les autres types de representations.

Par exemple, le theme de la gloire peut certes produire chez le lecteur des

representations associees a diverses modalites ; mais il ne thematise pas une

modalite particuliere ; tandis que le present texte "thematise", parle

explicitement de ces modalites. Evidemment, les criteres de thematisation/

non-thematisation sont susceptibles de varier.

 

Le mot "polysemiotique", comme l'indique sa composition, qualifie un

phenomene ou interviennent plusieurs "monosemiotiques". Or, les criteres

delimitant les differentes semiotiques sont nombreux. Le critere des modalites

sensorielles impliquees dans le canal emprunte par le signifiant, la forme

sensible du signe, est l'un des plus frequement employes pour classer les

signes et les semiotiques (cf. Eco). Ainsi postule-t-on, sur une base modale,

l'existence de mono-semiotiques, par exemple la semiotique visuelle ou la

semiotique du visible, et de poly-semiotiques, par exemple le theatre, le

cinema, la danse. Cependant, un autre critere, comme le type de performance

implique, est susceptible de bouleverser la typologie : theatre, cinema, danse

relevent alors de monosemiotiques, a moins de les considerer comme reductibles,

methodologiquement ou factuellement, a une composition de monosemiotiques

(par exemple, pour la danse, la semiotique musicale et la semiotique

gestuelle). Par ailleurs, en principe, toute semiotique est susceptible

d'entrer en relation avec toute autre semiotique (par exemple, dans le

rapport entre une legende et une image). Sans compter que des relations

intrasemiotiques peuvent aussi etre etablies, entre un objet et un autre

objet de la meme semiotique (par exemple entre un texte et son commentaire).

Il s'agit alors de decrire et caracteriser ces relations. Donnons quelques

caracterisations possibles. Une relation polysemiotique peut : (1) etre

qualifiee d'unidirectionnelle ou de bidirectionnelle (d'une semiotique a

l'autre et vice-versa) ; (2) s'installer, si l'on retient le modele saussurien

du signe, de signifiant a signifiant ou de signifie a signifie ou entre les

deux plans du signe ; (3) avoir pour resultat l'actualisation, la mise en

saillance, la virtualisation ou la neutralisation d'un element (par ex. une

legende fait ressortir des traits d'une image et en occulte d'autres) ;

(4) consister, d'un point de vue semantique, en une identite, une equivalence,

une alterite, une opposition de sens (par ex. le celebre titre de Magritte

"Ceci n'est pas une pipe"). On trouve dans la problematique peircienne du

signe, les notions d'interpretant et de semiose qui sont susceptibles de

fournir les instruments necessaires pour abolir les frontieres trop peu

poreuses entre diverses semiotiques; peut-etre cette theorie semiotique

repose-t-elle, en definitive, sur le postulat d'une appartenance necessaire

du signe a une pluralite de lieux semiotiques definissant du meme coup, la

signification comme une traversee oblique des divers plans, qu'ils

appartiennent a des ordres differencies du sensible, de la modalite ou de la

simple classification logique. On se rappellera ce simple exemple : c'est a

partir de la question que posait le statut logique de la legende d'une image

de sa presence ou de son absence, qu'a pu etre construite la notion devenue

centrale d'hypoicone. Enfin, il faut interroger l'identite a soi des

semiotiques et se demander si meme les semiotiques les mieux definies, en

mettant en presence des fonctionnements et fonctions semiotiques differencies,

ne sont pas polysemiotiques : pourquoi un signe de ponctuation, par exemple,

devrait-il fonctionner semiotiquement exactement comme un mot, un type de mot

comme un autre type? (cf. Rastier et Cavazza, 1994) Peut-etre est-il preferable

alors de distinguer relations intersemiotiques et polysemiotiques.

 

Ce cinquieme colloque de la Societe de semiotique du Quebec se tiendra les

mercredi et jeudi 12 et 13 mai 1999, dans le cadre du 67e congres de l'ACFAS,

a l'Universite d'Ottawa. La Societe encourage la participation des etudiants

et etudiantes aux cycles superieurs : la meilleure communication est publiee

dans Debats semiotiques (si les conditions pour la tenue du concours sont

remplies). Faites parvenir un court projet de communication, de preference par

courriel, avant le 15 janvier 1999 a : M. LOUIS HEBERT, 145, rue Lockwell,

No 2, Quebec (G1R 1V6), tel.: (418) 523-4126, telec.: (418) 688-0087

(College F.-X.-G., dep. des lettres), courriel: LOUIS_HEBERT@UQAR.UQUEBEC.CA.

IMPORTANT: Indiquez votre statut (professeur ou charge de cours, etudiant,

autre), votre adresse electronique et vos besoins en materiel audiovisuel

(retroprojecteur, projecteur a diapositives, magnetoscope). Toute personne

retenue doit etre membre en regle de la S.S.Q. ou le devenir immediatement

apres acceptation. Une reponse sera donnee au plus tard au debut de fevrier.

 

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