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SdT volume 5, numero 3.

 

                                                                                             LA CITATION DU MOIS

                                                     ________________________________________________

                                                     "Si l'on a un livre à la main, si complexe ou

                                                     difficile à comprendre qu'il puisse être,

                                                     quand on l'a fini, on peut si l'on veut

                                                     retourner au début, le relire, comprendre ainsi

                                                     ce qui est difficile, et, en même temps,

                                                     comprendre ainsi la vie".

                                                                                                          Orhan Pamuk.

                                                     ________________________________________________

 

                          

 

                                                     SOMMAIRE

 

1- Coordonnees

             - Bienvenue a Lionel Stouder.

             - Changements d'adresse : Didier Bourigault, Michel Gailliard.

 

2- Publications

             - These de Benedicte Pincemin : "Diffusion ciblee automatique

             d'informations : conception et mise en oeuvre d'une linguistique

             textuelle pour la caracterisation des destinataires et des documents"

             - DICOMOTUS, dictionnaire des motifs d'action.

             - (Suite et fin des) resumes des communications au colloque :

             "Analyse des discours : Textes, Types et Genres"

             (Toulouse, 3-5 decembre 1998)

 

3- Colloques

             - Colloque "Sciences cognitives et semiotique des cultures"

             Geneve - Archamps, 20-23 juin 1999 : appel a participation.

 

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NOUVEL ABONNÉ

[information réservée aux abonnés]

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{BP, 19/04/1999}

 

Bénédicte BOMMIER-PINCEMIN a soutenu en Sorbonne, le 6 avril dernier,

sa thèse (en Linguistique) intitulée :

 

        Diffusion Ciblée automatique d'informations :

        conception et mise en oeuvre d'une Linguistique Textuelle

        pour la caractérisation des destinataires et des documents

 

JURY :

 

Mme Monique     SLODZIAN         (INaLCO, Paris)         rapporteur

MM. Ioannis     KANELLOS        (ENSTb, Brest)          examinateur

    Xavier      LEMESLE         (EDF-DER, Clamart)      examinateur

    Robert      MARTIN          (Université Paris IV)   co-directeur

    Jean-Marie  PIERREL         (LORIA, Nancy)          rapporteur

    François    RASTIER         (INaLF-CNRS, St-Cloud)  directeur

 

RESUME :

 

Le serveur DECID (Diffusion Electronique Ciblée d'Informations et de

Documents), sur l'Intranet EDF, est utilisé pour trouver les personnes

les plus concernées par un document ou les experts sur un sujet.

La diffusion ciblée repose sur trois principes fondateurs :

(i) l'automatisation et la robustesse des traitements ; (ii) le texte,

aussi bien comme mode d'interrogation du système (les documents sont

soumis tels quels, sans passer par des mots clés), que comme moyen de

caractériser des intérêts et compétences des personnes (les profils sont

calculés à partir d'un corpus de textes) ; (iii) la base formée par les

profils des destinataires potentiels : toutes les activités de

l'organisme sont systématiquement prises en compte.

 

Dans le contexte de documents écrits à dominante scientifique et

technique, nous définissons quatre facettes textuelles pour guider la

conception des traitements : (i) la matière linguistique du texte ;

(ii) son organisation interne, structurée, close et orientée ;

(iii) l'intertextualité ; (iv) le rôle constitutif des lectures et

la dynamique de l'interprétation. Ce modèle motive des innovations

à toutes les étapes du traitement.

 

Un format de codage (DTD SGML) est construit, pour être à la fois

robuste et général, mais aussi enregistrer des structurations

significatives.

 

Pour la caractérisation des textes, nous proposons des unités

descriptives, plus contextuelles que des mots-clés. Elles prennent

en compte la détermination du local par le global et la formation des

isotopies sémantiques. Ces unités descriptives sont adaptées à la

recherche en texte intégral.

 

Une grille d'analyse est établie et appliquée à l'interprétation des

formules de calcul et de mesures sur les textes.

 

Enfin, nous introduisons de nouvelles formes d'interface pour adapter

l'ergonomie Web à l'affichage de textes : vue simultanément globale et

focalisée, points saillants, contextualisations multiples. Une

représentation différentielle de la pertinence facilite le parcours des

réponses du système et leur appropriation.

 

DISPONIBILITE DU MEMOIRE

 

Un "résumé long", et peut-être une édition électronique du mémoire,

seront prochainement accessibles sur le site Texto :

http://www.msh-paris.fr/texto/

 

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{FR, 06/04/1999}

 

PRÉSENTATION D'UN DICTIONNAIRE DES MOTIFS D'ACTION

 

DICOMOTUS, copyright © Michel Martins-Baltar 1999, mmb@ens-fcl.fr

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Le modèle Motif - Réaction

========================

 

Le discours ordinaire en témoigne, l'acte humain, supposé volontaire, a

pour complément nécessaire la motivation : agir, c'est réagir à un motif.

 

Peut être motif tout ce qui donne valeur (hédonique, éthique, technique) à

un acte : valeur programmative pour un acte potentiel (cf. 'vouloir',

'devoir', 'falloir'), valeur factive pour un acte réalisé ('agréable',

'bien', 'utile').

 

Ce qui donne valeur à un acte le fait en raison soit d'une évaluation

(valeurs hédoniques, éthiques, techniques, mais aussi valeurs "cognitives"

des représentations sur l'axe de la vérité, et des états de choses par

rapport à la connaissance de leurs déterminations ('qui', 'quoi', 'quand',

Š)), soit d'une convention faisant de tel état de choses le motif de tel

acte, sans évaluation de l'état de choses motif (le feu rouge comme motif

pour stopper son véhicule).

 

On peut concevoir que la propriété, pour un état de choses, d'être motif

d'un certain acte puisse être reconnue, selon les cas, par un individu, une

classe d'individus, ou par tout individu.

 

L'effectivité du motif peut être indépendante ou dépendante de celle de

l'acte motivé : on oppose ainsi des motifs "point d'origine de l'acte" (le

fait qu'il pleut motivant de prendre son parapluie) et des motifs "point

d'arrivée de l'acte" (conséquences, buts) (le but de ne pas se faire

mouiller, le risque de se faire mouiller par la pluie motivant de prendre

son parapluie).

 

La réaction d'un acte se définit par la valeur de cet acte par rapport à

son motif : l'acte participe à son motif ou s'y oppose. Je ne vais pas

l'abîmer incite l'allocutaire à "participer" à mon projet d'utiliser

quelque chose en m'en laissant la disposition. Dernier avertissement incite

l'allocutaire à "s'opposer" à sa conduite, en la rendant conforme à mes

exigences.

 

L'acte que tel état de choses motive peut être, selon l'état de choses

considéré, défini en termes très précis (le fait que le feu est rouge) ou

très généraux (le fait que je m'ennuie).

 

Application à l'énonciation

========================

 

L'acte d'énonciation d'un énoncé doit pouvoir être rapporté à un motif, son

motif d'énonciation ; on doit pouvoir décrire la fonction réactive de

l'énonciation de l'énoncé par rapport à son motif d'énonciation.

 

Les motifs des actes d'énonciation, tout comme les motifs des autres actes,

peuvent être réalisés hors discours ou dans le discours (le motif est alors

un acte de langage), ou représentés dans le discours.

 

Certains énoncés, qu'ils soient ou non porteurs d'une marque d'évaluation,

ont la propriété de représenter des états de choses qui sont des motifs

d'actes.

 

Mais c'est par le biais d'une convention d'usage que certains énoncés

peuvent être considérés comme des représentations de motif : ce n'est pas

du fait que tu serais un ange que l'énoncé 'Tu serais un ange' tient sa

propriété de représenter un motif pour que tu me rendes service, mais d'une

convention d'usage, certes relativement "motivée" (au sens saussurien,

cette fois).

 

L'analyse du contenu motivationnel des énoncés ne se réduit donc pas à

l'analyse motivationnelle de leur contenu référentiel.

 

Les énoncés liés

===============

 

Une manière de considérer un énoncé "en langue" est de poser la question :

quel est le motif d'énonciation nécessaire de cet énoncé, c'est-à-dire le

plus précis motif d'énonciation commun à tous ses emplois ?

 

Le motif d'énonciation nécessaire d'une assertion telle que 'Il pleut' est

que le locuteur croit qu'il pleut ; d'une question telle que 'Quelle heure

est-il ?', que le locuteur désire qu'on lui dise l'heure ; d'un impératif

tel que 'Viens', que le locuteur désire que l'allocutaire vienne.

 

D'autres énoncés ont un motif d'énonciation nécessaire auquel ils sont

"liés" mais qu'ils ne représentent pas : 'Rien ne va plus' est l'énoncé

adressé par le croupier aux joueurs en train de miser pour leur demander de

cesser les mises.

 

Cette dernière classe d'énoncés, les énoncés liés, peut (et, sans doute,

doit) faire l'objet d'une lexicographie *.

 

DICOMOTUS

==========

 

DICOMOTUS vise à recenser et à analyser principalement un sous-ensemble des

énoncés liés, ceux qui ont la propriété, en langue, de représenter un motif

pour un acte définissable, qui n'est pas leur motif d'énonciation

nécessaire, mais qui est : - soit le motif de leur motif d'énonciation

nécessaire (lequel est donc un acte) : 'Tu me mets aux anges' : motif

approuvant ce que tu fais, - soit le motif d'un acte motivé par le motif

d'énonciation nécessaire de l'énoncé : 'Il ne faut pas se laisser abattre',

motif pour réagir à une situation pénible, laquelle est le motif de

l'énonciation.

 

La nomenclature de ce dictionnaire est élargie - à des expressions qui

représentent des motifs, mais qui sont d'un niveau inférieur à l'énoncé

('par acquit de conscience'), - à des expressions qui représentent des

conditions d'action connexes à la notion de motif : conditions de

faisabilité ('On ne t'a rien appris !'), conditions de succès ('Tu peux me

croire'), et autres, - à des expressions formulaires ('Je n'ai plus qu'à

faire [tel acte de valeur négative pour moi]').

 

L'objectif de cette entreprise lexicographique est multiple. Il s'agit :

 

- de procéder à un recensement d'une classe d'énoncés liés (la nomenclature

est définie comme l'ensemble des "énoncés de motifs usuels eu autres

expressions usuelles représentant des conditions d'action") complétant les

relevés, relativement peu étendus, des dictionnaires usuels ;

 

- de donner des attestations en contexte de ces expressions, notamment dans

le corpus cinématographique ;

 

- de montrer que, dans la théorie des actes illocutoires, la notion de

motivation est la clé sémantique (non exclusive de conventions d'usage) des

actes de langage indirects ;

 

- de montrer que la notion d'acte illocutoire ne suffit pas à rendre compte

de la fonction des énonciations, en proposant une organisation des

fonctions des actes de langage intégrée dans une théorie de l'action

motivée (langagière ou non) ;

 

- de construire un dictionnaire pragmatique dans lequel chaque entrée soit

analysée selon les mêmes variables pragmatiques, sémantiques, rhétoriques,

formelles, et où la partie sémasiologique soit complétée par des listes de

type onomasiologique établies sur les différentes variables qui organisent

la partie sémasiologique ;

 

- de susciter, en proposant un modèle d'analyse indépendant de la langue

étudiée, l'élaboration de dictionnaires pragmatiques unilingues ou

plurilingues.

 

                   *

 

La version présentée de DICOMOTUS ne porte que sur les expressions (560)

rangées sous la lettre A. Elle est provisoire et pourra être améliorée. Les

observations des lecteurs seront précieuses pour la poursuite de cette

entreprise.

 

                   *

 

Mots-clés :

=========

actes de langage indirects, action, cognition, dictionnaire, français,

illocutoire, lexicographie, motivation des actes, onomasiologie, pourquoi,

pragmatique, praxéologie, sémantique, universaux.

 

 

--------

  * La notion d'énoncé lié et les bases d'une lexicographie pragmatique font

l'objet du Situation et Signification d'Ivan Fónagy (Amsterdam, Benjamins,

1982).

 

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DICOMOTUS, copyright © Michel Martins-Baltar 1999, mmb@ens-fcl.fr

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{FR, 18/04/1999}

 

FLORILÈGE SUR LES GENRES (suite et fin)

 

Du 3 au 5 décembre se tenait à Toulouse le colloque international :

 

                           Analyse des discours : Textes, Types et Genres

 

organisé par Michel Ballabriga et le CPST (Université de Toulouse le

Mirail).

 

Nous avons commencé dans les deux premiers numéros de cette année à

publier les  résumés d'interventions ; voici les derniers.

 

                                        _______________________

 

Agnès FONTVIEILLE

(Maître de conférences, Université de Lyon II)

 

             La métaphore filée

             dans les inventaires descriptifs de Paul Eluard

 

« Poésie ininterrompue », la poésie d'Eluard ne l'est pas seulement du fait

qu'elle thématise les notions de retour et de renouvellement mais aussi

parce que son mouvement continu s'inscrit formellement dans la facture

syntaxique et rythmique de la phrase. Nous voudrions montrer que la phrase

d'Eluard, qui se développe par parallélismes syntaxiques ou inventaires, se

démultiplie pour devenir une série, virtuellement sans fin. Et il est

fréquent que le poème, fût-il long, coïncide avec un développement unique,

ce que vient confirmer la présence d'un point final, seul signe de

ponctuation de la phrase-poème.

 

L'inventaire se caractérise par le développement paradigmatique de deux

filières lexicales. Cette organisation linguistique de l'énoncé est encore

caractéristique de l'amplificatio descriptive et du fonctionnement de la

métaphore filée. Nous nous intéresserons donc à la rencontre d'une forme,

d'un type et d'une figure. Dans les inventaires descriptifs éluardiens, la

relation entre les deux séries métonymiques ou synecdochiques est souvent

doublée d'une relation métaphorique entre chaque proposition de la

séquence, ce qui conduit à se demander en quoi le double lien métaphorique

est contraint par la forme inventaire et en quoi il modifie la relation

prédicative de l'énoncé. Cette étude s'appuiera essentiellement sur des

extraits du recueil La Rose publique (1934), et plus précisément sur le

poème CE QUE DIT L'HOMME DE PEINE EST TOUJOURS HORS DE PROPOS.

                                        _______________________

 

Andrée BORILLO, Marie-Paule PERY-WOODLEY

(ERSS, Toulouse)

 

             Modalité du dire de faire

 

Nous cherchons à formuler ici une grammaire des instructions dans un corpus

de "textes à consignes" : des manuels de logiciels.

 

Se pose d'emblée le problème de la catégorisation des textes : nous

l'abordons selon une typologie fonctionnelle en termes de genre discursif

et de domaine.

 

Notre analyse comporte deux volets :

* Analyse structurelle des instructions. Nous identifions dans notre corpus

plusieurs types structurels de consignes, que nous caractérisons sur les

plans linguistique et fonctionnel : définitions, injonctions, systèmes

corrélatifs, etc...

* Examen de l'intégration de ces instructions dans le texte pris dans son

ensemble. L'examen de la distribution des grands types structurels ou de

leurs variantes suggère une corrélation régulière entre type de consigne et

moment du texte : niveau dans la hiérarchie des parties, place dans le

chapitre ou le paragraphe...

                                        _______________________

 

Simon BOUQUET

(CNRS UMR 7597, Groupe "Didactique du français et des langages")

 

             Wittgenstein, théoricien d'une sémantique des genres textuels

 

La philosophie du langage de Wittgenstein peut être regardée, pour une part

centrale, comme une longue tentative pour élaborer la question du sens -

tentative que soutient et qu'accompagne, de manière cruciale, une critique

du savoir de la logique. Après avoir posé deux préliminaires dans une

optique d'histoire de la linguistique {(A) Division des savoirs des

sciences du langage en savoirs logicaux-grammaticaux, et en savoirs

rhétorico-herméneutiques  -- dualité empruntée à F. Rastier -- ; (B)

Ambiguïtés théoriques relatives au concept de "genre" dans la linguistique

textuelle aujourd'hui}, on défendra deux thèses :

 

* Première thèse  : la division entre  "deux philosophies" de Wittgenstein

correspond exactement à la dualité des savoirs des sciences du langage ;

 

* Seconde thèse : la contribution de Wittgenstein à la pensée

rhétorico-hérméneutique construit, de manière cruciale, le cadre conceptuel

d'une sémantique des genres textuels.

 

On s'attachera à montrer comment, en prenant en compte cet aspect négligé

des recherches philosophiques de Wittgenstein, on peut déboucher sur la

pratique d'une "sémantique du genre".

                                        _______________________

 

Ayoub BOUHOUHOU

(Docteur en Sciences du Langages, Université Lumière Lyon 2)

 

             Le discours du portrait physique dans le roman "réaliste" :

             l'exemple de Au Bonheur des Dames d'E. Zola.

 

Quand la vie intérieure échappe au discours (par opposition à la langue),

la souffrance, l'amour se manifestent à travers le corps. Les descriptions

physiques ne révèlent pas uniquement le psychique de l'acteur. Bien au

contraire, elles sont structurées dans et par la diégèse.

 

Nous proposons d'étudier le système du portrait physique dans un texte dit

"réaliste". Nous travaillerons sur un roman d'Emile Zola Au Bonheur des

Dames. Nous essayerons alors de voir comment l'écriture réaliste, comme

genre, contextualiste (F. Rastier) le portrait physique des acteurs.

 

Notre démarche est sémiotique car elle considère comme étant le lieu de

convergence de la grammaire narrative et de la grammaire discursive. Elle

tente aussi de dégager le sens qui est présent dans les méandres du

portrait.

 

Le portrait physique : fonction narrative

 

Concernant le rapport entre le portrait et le récit, nous nous sommes fondé

sur les travaux de G. Genette, Ph. Hamon, J-M. Adam, N. Everaert-Desmedt et

de J. Courtès.

 

Pour être plus clair, nous commencerons par définir la notion de "récit ",

ensuite nous montrerons comment et de quelle manière le portrait physique

peut s'intégrer dans celle-ci.

 

Du point de vu sémiotique, on définit le récit "comme étant la

représentation d'un événement1" Vue sous cet angle, l'articulation entre le

portrait et le récit peut s'expliquer par le fait que celui-là représente

un événement (dans le récit) qu'il met en scène explicitement.

Les portraits physiques renvoient au temps du récit. Certains se

construisent au fur et à mesure de l'avancement de la lecture. D'autres

restent figés. Ils servent de mémoire discursive au lecteur en lui

rappelant l'antagonisme qui lie certains acteurs spatialisés : le magasin

de Mouret, rappelé par le portrait de Denise et celui des Baudu rappelé par

le portrait de Geneviève.

 

Nous partirons lors de cette intervention de l'hypothèse suivante : le

discours sur le portait physique est comme un "micro-récit" car "quelque

chose se passe". Si l'énonciateur décrit les "cheveux" de Denise, par

exemple, c'est pour thématiser le/mépris/, l'/humiliation/, etc..., des

vendeurs vis-à vis d'elle.

 

Si on nous parle avec insistance (répétition) du "nez" de Jouve, c'est

parce que grâce à cet acteur, des clientes comme Mme de Boves, sont

démasquées et dévoilées.

 

Si on nous décrit le "bras amputé" de l'homme, c'est parce que, comme nous

allons le voir, ce portrait sert à dire "quelque chose" sur l'acteur, son

parcours figuratif, et ses rôles thématiques joués dans le récit.

Le portrait physique en tant que "micro-récit" thématise le récit

(portrait/rôle thématique).

 

Le portrait physique : fonction discursive

 

Le portrait physique est figuratif car il se rapporte à l'un des cinq sens

: il est vu et perçu par un observateur. bien plus : il a un rapport avec

la vue (yeux), l'ouïe (oreille), l'odorat (nez), le goût (bouche) et le

toucher "mains" etc...

 

les "souliers" de Denise, ses "cheveux", ses "vêtements" sont des figures

qui ont besoin d'être thématisées pour être désambiguïsées. à la suite de

J. Coutès, différents types  de rapports entre le figuratif et le

thématique.

 

En tant que signifiant graphique représentant des acteurs différents, les

"cheveux" déterminent l'interprétation sémantique. Grâce à la syntaxe

discursive (acteurs, espace et temps) et au contexte, l'interprétation du

signifiant est désambiguïsée.

 

Nous essayerons de montrer, lors de notre intervention, que

l'interprétation discursive du portrait physique, dans le discours dit

"réaliste", est étroitement liée au contexte. Les couples

figuratif/thématique serviront à illustrer cela.

                                        _______________________

 

Jean-Paul BERNIE

(IUFM d'Aquitaine, Université de Bordeaux II)

 

             Les genres discursifs, un outil de transformation

             des connaissances -Fonctionnement linguistique et

             fonction sociale du mémoire scientifique chez Lavoisier

 

Le propos s'inscrit dans le projet de tirer le plus loin possible les

conséquences de l'inscription de l'activité scripturale dans un contexte

d'interaction caractérisé par divers paramètres (Producteur, Coproducteurs,

Finalité et Lieu social). Dans le cas du mémoire scientifique, la

"fictionalisation" de ces paramètres par le scripteur passe par des étapes

descriptibles en termes de genres discursifs dont la mise en oeuvre

transforme les contenus et ruine l'idée d'un invariant sémantique qui

survivrait aux reformulations.

 

Or, tout un héritage dualiste et représentationniste présente encore le

texte scientifique comme une pure mise en mots de contenus "déjà là".

L'idée de la transparence du langage alimente aussi bien les

représentations ordinaires que divers pans de la recherche et de la

pratique d'enseignement / apprentissage. La reconnaissance d'une finalité

argumentative au texte scientifiques, est encore souvent perçue comme

relevant de techniques de présentation d'un contenu sémantique invariant.

Ce premier pas a le mérite de secouer divers carcans typologiques. Mais il

ne suffit pas.

 

L'analyse sémiologique et pragmatique des genres successifs par lesquels

 

Lavoisier reformule ses expériences, dan des contextes historique, social

et intellectuel déterminés, montre que la fictionalisation qui est la

sienne engendre des configurations démonstratives, à leur tour productrice

de faits scientifiques, dans le cadre de la constitution d'une communauté

discursives.

 

C'est ce processus que les comptes rendus et mémoires du célèbre chimiste

permettent de décrire dans des termes dont le cadre s'inspire notamment des

pistes proposés par Bakhtine et par Rastier.

 

L'accent sera mis sur l'appareil linguistique permettant d'identifier le

{jeu des "je"}, ces images d'énonciateur gérant le dispositif agonistique

et qui participent de la construction d'une identité sociale de scripteur.

 

Le mode d'approche proposé permet de situer les enjeux de la problématique

des genres (théorie du texte ? Théorie de l'activité langagière ? Théorie

de l'outil ?).

 

Dans une perspective didactique enfin, cette optique permet une approche

radicalement différente de tous  les "genres du travail de l'institution"

fondés sur la reformulation (résumé, compte rendu, prise de notes, mémoires

divers), ainsi que des multiples activités d'apprentissage qui s'en

alimentent (activités métalinguistiques ou métadiscursives).

 

FIN

 

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Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques

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{FR, 18/04/1999}

 

COLLOQUE Sémiotique des cultures et sciences cognitives

 

Voici le programme mis à jour. Rectificatif : Le colloque de Genève-Archamps

traitera de la sémiotique des cultures, et non de la nature

comme nous l'avons écrit par erreur dans notre dernière édition !

 

Si vous souhaitez faire connaître cette manifestation, vous pouvez

vous procurer des affiches ou des bulletins auprès de Simon Bouquet :

             bouquet@ext.jussieu.fr

 

 

CONDITIONS SPECIALES POUR LES ABONNES DE LA LISTE SDT

 

Une bonne nouvelle : les abonnés de la liste SdT bénéficient du tarif réduit

sans limitation de date...

 

Pour les pays à devise faible : réservation sans droit d'inscription,

les repas restant à la charge de la personne inscrite.

                                        ___________________________

 

Inaugural International Colloquium

 

                           "Cultural Semiotics and the Cognitive Sciences"

 

Geneva, Switzerland / Archamps, France (French Geneva Campus)

20-23 June 1999

ifsgenev@cur-archamps.fr

http://www-cami.imag.fr/~rialle/colloque

 

Simon Bouquet / François Rastier / Vincent Rialle

 

* THE FERDINAND DE SAUSSURE INSTITUTE :

 

The Ferdinand de Saussure Institute will be inaugurated in June

1999. In keeping with Ferdinand de Saussure's vision of semiotics,

the Institute's purpose is to develop multidisciplinary exchanges

in the human sciences. The Institute does not represent any orthodoxy,

school, or movement. Its purpose is to promote new types of

interdisciplinary methods toward the creation of a "science of signs

within social life."

 

The Ferdinand de Saussure Institute is being established under

the patronage of professors Claude Lévi-Strauss, Rudolf Engler and

Jean Starobinski.

 

* THE INAUGURAL COLLOQUIUM :

 

On the occasion of the inauguration of the Ferdinand de Saussure

Institute an international colloquium is being organized, whose

theme is "Cultural Semiotics and the Cognitive Sciences" (see

program below). The colloquium will take place from June 20-23,

1999, in part on the University of Geneva campus, and in part on

the French Geneva Campus of Archamps, the future headquarters

of the Institute's Research Center, located in the countryside

15 minutes from center of Geneva. Hotel services and universitary

residence facilities are provided at the Archamps campus.

 

WITH THE SUPPORT OF

Université de Genève (Faculté des lettres, Faculté de psychologie

et des sciences de l'éducation, Faculté des sciences, Faculté des

sciences économiques et sociales) Université de Grenoble,

Université de Lausanne, Association Transfrontalière Universitaire,

Maison des Sciences de l'Homme, Fondation Pro Helvetia,

Région Rhône-Alpes, Ville de Grenoble, Revue Sciences Humaines,

Pôle Rhône-Alpes des Sciences Cognitives, Institut des Sciences

Cognitives, Association pour la Recherche Cognitive

 

* OBJECT OF THE COLLOQUIUM

 

Two well-known controversies have marked contemporary intellectual history.

First, the Davos controversy between Cassirer and Heidegger -rather than

leading to reflection on the sciences of culture- led a large part of

European philosophy to elaborate systems that are mistrustful of the

sciences. Second, the Royaumont controversy between Piaget and Chomsky

for a time lent credence in the human sciences to the idea of the triumph

of an orthodox cognitivism that in its extreme forms, given its goal of

"naturalizing" meaning, does not grant any specific character to the

sciences of culture. The continued expansion of neo-Darwinism in cognitive

anthropology and in the philosophy of the mind illustrates the persistence

of this objective.

 

As the most intolerant forms of scientism recede, new social demands are

addressing themselves to the sciences of culture. To respond to these

issues, the cultural sciences must-without losing sight of their target,

which is to reflect on cultural objects-take into account the

accomplishments of the cognitive sciences. The debate that is opening

up today draws inspiration from recent findings in fields such as the

ethnosciences or anthropology, paleontology, human ethology, archeology,

and comparative linguistics. Indeed, over the past ten years unprecedented

convergences in research in the fields of population genetics, historic and

comparative linguistics, and paleoanthropology have enabled us to envision

in new way the phylogenesis of cultures and the emergence of the semiotic

world. Such convergences are sparking thought around a cultural semiotics.

They may allow us to clearly define the border between the cultural sciences

and the natural and life sciences, and will undoubtedly enable us to pursue

-in a renewed intellectual landscape- the project for semiotics that

Ferdinand de Saussure, as well as the Anglo-Saxon philosophical tradition,

placed at the heart of the human sciences.

 

By bringing together researchers who are contributing in a variety of ways

to the founding of the sciences of culture, the colloquium aims to fulfill

two objectives : First, to report on current research, its accomplishments

and the hypotheses now being disputed. Second, to offer those involved in

this research the opportunity for in-depth debate in a privileged setting.

 

* PROGRAM

 

.........Dimanche 20 juin

 

Archamps

 

14 00 / 14 30 - ouverture du colloque / opening of colloquium

 

14 30 / 16 10 -             S. Auroux (Ecole Normale Supérieure - Fontenay-St. Cloud)

             La révolution sémiotique en philosophie

 

                           A. Langaney (Université de Genève)

             Les pratiques interdisciplinaires en anthropologie

 

16 10 / 16 25 -             pause / break

 

16 25 / 17 15 -             J.-G. Meunier (Université du Québec, Montréal)

             Niveau de représentation, information et culture

 

17 15 / 17 45 -             thé / tea

 

17 45 / 18 45 -             débat 1 / debate 1

             Sciences et philosophies du symbolique

             Sciences and philosophies of symbolism

 

.........Lundi 21 juin / Monday 21 June

 

Archamps

 

8 20 / 10 00 -  D. Vernant (Université de Grenoble)

             Dialogisme et culture

                           G. Jucquois (Université de Louvain)

             L'émergence de la pensée comparative en Occident et

             les fondements d'une épistémologie de la diversité

 

10 00 / 10 15 -             pause / break

 

10 15 / 11 05 -             M. Bischofsberger (Université de Bâle)

             Quel constructivisme pour la linguistique cognitive?

 

11 05 / 11 20 -             pause / break

 

11 20 / 12 20 -             débat 2 / debate 2

             De l'organe du langage à l'histoire des  langues

             From the organ of language to the history of languages

 

12 30 / 14 00 -             déjeuner / lunch

 

14 00 / 14 30 -             transfert à Genève / transport to Geneva

 

Genève

 

14 30 / 16 10 -             J. Bruner (New York University)

             Recent findings about the rôle of 'intersubjectivity' in the

             development of culture and in the structuring of langage

                           C. Geertz (Institute for Adanced Studies, Princeton)

             The role of culture in the working of the human mind

 

16 10 / 16 25 -             pause / break

 

16 25 / 17 15 -             B. Cyrulnik (Centre hospitalier de Toulon-La Seyne-sur-Mer)

             Les objets saillants ou Historicisation de nos perceptions

 

17 15 / 17 30 -             pause /  break

 

17 30 / 18 45 -             débat 3 / debate 3

             Sciences cognitives et sociobiologie

             Cognitive Science and sociobiology

 

......... Mardi 22 juin / Tuesday 22 June

 

Archamps

 

8 20 / 10 00 -  P. Sériot (Université de Lausanne)

             Les théories de la culture en Russie

                           Carol Fleisher Feldman (New York University)

             Speech Genres as Mental and Cultural Models

 

10 00 / 10 15 -             pause / break

 

10 15 / 11 05 -             Heinz Wismann (University of Heidelberg)

             Connaissance et reconnaissance dans les sciences de la culture

 

11 05 / 11 20 -             pause / break

 

11 20 / 12 20 -             débat 4 / debate 4

             Theories de la culture et théories de l'évolution

             Theories of Culture and theories of Evolution

 

12 30 / 14 00 -             déjeuner / lunch

 

14 00 / 14 30 -             transfert à Genève / transport to Geneva

 

Genève

 

14 30 / 16 10 - F. Rastier (CNRS, Paris)

             Langues et anthropologie linguistique

                           J.-P. Bronckart (Université de Genève)

             La culture comme sémantique du social

 

16 10 / 16 25 -             pause / break

 

16 25 / 17 15 -             M. Olender (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris)

             Généalogie d'une fable savante : Babel, raison linguistique et

             constructions culturelles

 

17 15 / 17 30 - pause /  break

 

17 30 / 18 45 -             débat 5 / debate 5

             Généalogie du mythique et théories du récit

             Genealogy of Myth and narratology.

 

.........Mercredi 23 juin / Wednesday 23 June

 

Archamps

 

8 20 / 10 00 -  R. Caspari (University of Michigan)

             The concept of 'race' : evolutionary biology,

             ethnogenesis and symbolic construction

                           G. P. Capprettini (Université de Turin)

             Protohistoire du symbolique et formation de la pensée mythique

 

10 00 / 10 15 -             pause / break

 

10 15 / 11 05 -             E. Masson (Collège de France)

             Relations entre configurations naturelles,

             ensembles architecturaux et mythologie

 

11 05 / 11 20 -             pause / break

 

11 20 / 12 20 -             débat 6 / debate 6

             Phylogenèse du monde sémiotique

             Phylogenesis of the semiotic world

 

12 30 / 14 30 -             déjeuner / lunch

 

14 30 / 16 30 -             Séance de préparation des actes

                           preparation of colloquium acts

 

(debate themes are still provisional)

 

* INFORMATION

 

International Colloquium "Cultural Semiotics and the

Cognitive Sciences", Centre Universitaire et de Recherche,

74166 Archamps, France

             e-mail: ifsgenev@cur-archamps.fr

             http://www-cami.imag.fr/~rialle/colloque

 

* REGISTRATION

 

Fees (including participation, transports Achramps-Geneva, 2 meals

per day) : 1 500 FF (1 200 FF until 15/5/99) ; reduced fees (student) :

750 FF (600 FF until 15/4/99)

- Please send payment to : ASDEV, IFS-Centre Universitaire et de

Recherche, 74166 Archamps, France.

 

* HOTEL AND RESIDENCE, ARCHAMPS

 

Hôtel Ibis : ph.  + 33 4 50 95 38 18

Résidence universitaire « Grand Angle » : ph.  + 33 4 50 43 26 00

 

 

* REGISTRATION FORM

 

NAME :

 

FIRST NAME :

 

ADRESS

 

ADRESS FOR INVOICE :

 

PHONE:

 

FAX:

 

E-MAIL:

 

ACADEMIC INFORMATIONS

 

FIELD(S) OF INTEREST

 

Date :

 

33333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333

 

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1999_07_27

 

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ATTENTION : Vous venez de recevoir DEUX numeros de SdT DIFFERENTS :

             - ceci est le dernier numero de SdT (vol. 5, n.4) ;

             - l'autre envoi est une rediffusion du precedent numero (avril,

               vol.5 n.3), que beaucoup n'ont pas recu suite a un pb. technique.

 

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SdT volume 5, numero 4.

 

                                                     Éditorial

 

Plusieurs lecteurs se sont aimablement inquiétés de la soudaine raréfaction de

ce bulletin. De fait, depuis juin 1995, nous avons publié une cinquantaine de

numéros, et trois seulement sont sortis ce semestre. Pire, le troisième n'a

connu qu'une diffusion partielle, par accident informatique, et nous le

rediffusons en même temps celui-ci, en demandant aux lecteurs qui l'ont déjà

reçu de pardonner ce doublon.

 

Tirons quelques leçons :

- Ce bulletin a quelque utilité, ou du moins a su créer des habitudes de

lecture, d'où de flatteuses protestations. Faut-il se faire regretter ?

A vos claviers, chers lecteurs !

- Les deux rédacteurs, soussignés, ne suffisent pas toujours à la tâche

(surtout en fin de thèse ou en préparation d'ouvrages). Qui voudra la partager

sera bien accueilli ! N'hésitez donc pas à envoyer textes et informations.

- La périodicité, en général mensuelle, sera désormais imprévisible, et nous

ferons nôtre cette pensée  de Cédric POUSSIN, en DEA de Sciences Cognitives à

Grenoble : "Dans la vie il n'y a pas de stress, il n'y a que des émotions".

- Quand l'année prochaine le bulletin Sémantique des Textes fêtera son premier

lustre, nous ferons le point.

 

François Rastier, Bénédicte Pincemin.