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SdT volume 5, numero 3.
LA CITATION DU MOIS
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"Si l'on a un livre à la main, si complexe ou
difficile à comprendre qu'il puisse être,
quand on l'a fini, on peut si l'on veut
retourner au début, le relire, comprendre ainsi
ce qui est difficile, et, en même temps,
comprendre ainsi la vie".
Orhan Pamuk.
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SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Lionel Stouder.
- Changements d'adresse : Didier Bourigault, Michel Gailliard.
2- Publications
- These de Benedicte Pincemin : "Diffusion ciblee automatique
d'informations : conception et mise en oeuvre d'une linguistique
textuelle pour la caracterisation des destinataires et des documents"
- DICOMOTUS, dictionnaire des motifs d'action.
- (Suite et fin des) resumes des communications au colloque :
"Analyse des discours : Textes, Types et Genres"
(Toulouse, 3-5 decembre 1998)
3- Colloques
- Colloque "Sciences cognitives et semiotique des cultures"
Geneve - Archamps, 20-23 juin 1999 : appel a participation.
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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{BP, 19/04/1999}
Bénédicte BOMMIER-PINCEMIN a soutenu en Sorbonne, le 6 avril dernier,
sa thèse (en Linguistique) intitulée :
Diffusion Ciblée automatique d'informations :
conception et mise en oeuvre d'une Linguistique Textuelle
pour la caractérisation des destinataires et des documents
JURY :
Mme Monique SLODZIAN (INaLCO, Paris) rapporteur
MM. Ioannis KANELLOS (ENSTb, Brest) examinateur
Xavier LEMESLE (EDF-DER, Clamart) examinateur
Robert MARTIN (Université Paris IV) co-directeur
Jean-Marie PIERREL (LORIA, Nancy) rapporteur
François RASTIER (INaLF-CNRS, St-Cloud) directeur
RESUME :
Le serveur DECID (Diffusion Electronique Ciblée d'Informations et de
Documents), sur l'Intranet EDF, est utilisé pour trouver les personnes
les plus concernées par un document ou les experts sur un sujet.
La diffusion ciblée repose sur trois principes fondateurs :
(i) l'automatisation et la robustesse des traitements ; (ii) le texte,
aussi bien comme mode d'interrogation du système (les documents sont
soumis tels quels, sans passer par des mots clés), que comme moyen de
caractériser des intérêts et compétences des personnes (les profils sont
calculés à partir d'un corpus de textes) ; (iii) la base formée par les
profils des destinataires potentiels : toutes les activités de
l'organisme sont systématiquement prises en compte.
Dans le contexte de documents écrits à dominante scientifique et
technique, nous définissons quatre facettes textuelles pour guider la
conception des traitements : (i) la matière linguistique du texte ;
(ii) son organisation interne, structurée, close et orientée ;
(iii) l'intertextualité ; (iv) le rôle constitutif des lectures et
la dynamique de l'interprétation. Ce modèle motive des innovations
à toutes les étapes du traitement.
Un format de codage (DTD SGML) est construit, pour être à la fois
robuste et général, mais aussi enregistrer des structurations
significatives.
Pour la caractérisation des textes, nous proposons des unités
descriptives, plus contextuelles que des mots-clés. Elles prennent
en compte la détermination du local par le global et la formation des
isotopies sémantiques. Ces unités descriptives sont adaptées à la
recherche en texte intégral.
Une grille d'analyse est établie et appliquée à l'interprétation des
formules de calcul et de mesures sur les textes.
Enfin, nous introduisons de nouvelles formes d'interface pour adapter
l'ergonomie Web à l'affichage de textes : vue simultanément globale et
focalisée, points saillants, contextualisations multiples. Une
représentation différentielle de la pertinence facilite le parcours des
réponses du système et leur appropriation.
DISPONIBILITE DU MEMOIRE
Un "résumé long", et peut-être une édition électronique du mémoire,
seront prochainement accessibles sur le site Texto :
http://www.msh-paris.fr/texto/
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{FR, 06/04/1999}
PRÉSENTATION D'UN DICTIONNAIRE DES MOTIFS D'ACTION
DICOMOTUS, copyright © Michel Martins-Baltar 1999, mmb@ens-fcl.fr
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Le modèle Motif - Réaction
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Le discours ordinaire en témoigne, l'acte humain, supposé volontaire, a
pour complément nécessaire la motivation : agir, c'est réagir à un motif.
Peut être motif tout ce qui donne valeur (hédonique, éthique, technique) à
un acte : valeur programmative pour un acte potentiel (cf. 'vouloir',
'devoir', 'falloir'), valeur factive pour un acte réalisé ('agréable',
'bien', 'utile').
Ce qui donne valeur à un acte le fait en raison soit d'une évaluation
(valeurs hédoniques, éthiques, techniques, mais aussi valeurs "cognitives"
des représentations sur l'axe de la vérité, et des états de choses par
rapport à la connaissance de leurs déterminations ('qui', 'quoi', 'quand',
Š)), soit d'une convention faisant de tel état de choses le motif de tel
acte, sans évaluation de l'état de choses motif (le feu rouge comme motif
pour stopper son véhicule).
On peut concevoir que la propriété, pour un état de choses, d'être motif
d'un certain acte puisse être reconnue, selon les cas, par un individu, une
classe d'individus, ou par tout individu.
L'effectivité du motif peut être indépendante ou dépendante de celle de
l'acte motivé : on oppose ainsi des motifs "point d'origine de l'acte" (le
fait qu'il pleut motivant de prendre son parapluie) et des motifs "point
d'arrivée de l'acte" (conséquences, buts) (le but de ne pas se faire
mouiller, le risque de se faire mouiller par la pluie motivant de prendre
son parapluie).
La réaction d'un acte se définit par la valeur de cet acte par rapport à
son motif : l'acte participe à son motif ou s'y oppose. Je ne vais pas
l'abîmer incite l'allocutaire à "participer" à mon projet d'utiliser
quelque chose en m'en laissant la disposition. Dernier avertissement incite
l'allocutaire à "s'opposer" à sa conduite, en la rendant conforme à mes
exigences.
L'acte que tel état de choses motive peut être, selon l'état de choses
considéré, défini en termes très précis (le fait que le feu est rouge) ou
très généraux (le fait que je m'ennuie).
Application à l'énonciation
========================
L'acte d'énonciation d'un énoncé doit pouvoir être rapporté à un motif, son
motif d'énonciation ; on doit pouvoir décrire la fonction réactive de
l'énonciation de l'énoncé par rapport à son motif d'énonciation.
Les motifs des actes d'énonciation, tout comme les motifs des autres actes,
peuvent être réalisés hors discours ou dans le discours (le motif est alors
un acte de langage), ou représentés dans le discours.
Certains énoncés, qu'ils soient ou non porteurs d'une marque d'évaluation,
ont la propriété de représenter des états de choses qui sont des motifs
d'actes.
Mais c'est par le biais d'une convention d'usage que certains énoncés
peuvent être considérés comme des représentations de motif : ce n'est pas
du fait que tu serais un ange que l'énoncé 'Tu serais un ange' tient sa
propriété de représenter un motif pour que tu me rendes service, mais d'une
convention d'usage, certes relativement "motivée" (au sens saussurien,
cette fois).
L'analyse du contenu motivationnel des énoncés ne se réduit donc pas à
l'analyse motivationnelle de leur contenu référentiel.
Les énoncés liés
===============
Une manière de considérer un énoncé "en langue" est de poser la question :
quel est le motif d'énonciation nécessaire de cet énoncé, c'est-à-dire le
plus précis motif d'énonciation commun à tous ses emplois ?
Le motif d'énonciation nécessaire d'une assertion telle que 'Il pleut' est
que le locuteur croit qu'il pleut ; d'une question telle que 'Quelle heure
est-il ?', que le locuteur désire qu'on lui dise l'heure ; d'un impératif
tel que 'Viens', que le locuteur désire que l'allocutaire vienne.
D'autres énoncés ont un motif d'énonciation nécessaire auquel ils sont
"liés" mais qu'ils ne représentent pas : 'Rien ne va plus' est l'énoncé
adressé par le croupier aux joueurs en train de miser pour leur demander de
cesser les mises.
Cette dernière classe d'énoncés, les énoncés liés, peut (et, sans doute,
doit) faire l'objet d'une lexicographie *.
DICOMOTUS
==========
DICOMOTUS vise à recenser et à analyser principalement un sous-ensemble des
énoncés liés, ceux qui ont la propriété, en langue, de représenter un motif
pour un acte définissable, qui n'est pas leur motif d'énonciation
nécessaire, mais qui est : - soit le motif de leur motif d'énonciation
nécessaire (lequel est donc un acte) : 'Tu me mets aux anges' : motif
approuvant ce que tu fais, - soit le motif d'un acte motivé par le motif
d'énonciation nécessaire de l'énoncé : 'Il ne faut pas se laisser abattre',
motif pour réagir à une situation pénible, laquelle est le motif de
l'énonciation.
La nomenclature de ce dictionnaire est élargie - à des expressions qui
représentent des motifs, mais qui sont d'un niveau inférieur à l'énoncé
('par acquit de conscience'), - à des expressions qui représentent des
conditions d'action connexes à la notion de motif : conditions de
faisabilité ('On ne t'a rien appris !'), conditions de succès ('Tu peux me
croire'), et autres, - à des expressions formulaires ('Je n'ai plus qu'à
faire [tel acte de valeur négative pour moi]').
L'objectif de cette entreprise lexicographique est multiple. Il s'agit :
- de procéder à un recensement d'une classe d'énoncés liés (la nomenclature
est définie comme l'ensemble des "énoncés de motifs usuels eu autres
expressions usuelles représentant des conditions d'action") complétant les
relevés, relativement peu étendus, des dictionnaires usuels ;
- de donner des attestations en contexte de ces expressions, notamment dans
le corpus cinématographique ;
- de montrer que, dans la théorie des actes illocutoires, la notion de
motivation est la clé sémantique (non exclusive de conventions d'usage) des
actes de langage indirects ;
- de montrer que la notion d'acte illocutoire ne suffit pas à rendre compte
de la fonction des énonciations, en proposant une organisation des
fonctions des actes de langage intégrée dans une théorie de l'action
motivée (langagière ou non) ;
- de construire un dictionnaire pragmatique dans lequel chaque entrée soit
analysée selon les mêmes variables pragmatiques, sémantiques, rhétoriques,
formelles, et où la partie sémasiologique soit complétée par des listes de
type onomasiologique établies sur les différentes variables qui organisent
la partie sémasiologique ;
- de susciter, en proposant un modèle d'analyse indépendant de la langue
étudiée, l'élaboration de dictionnaires pragmatiques unilingues ou
plurilingues.
*
La version présentée de DICOMOTUS ne porte que sur les expressions (560)
rangées sous la lettre A. Elle est provisoire et pourra être améliorée. Les
observations des lecteurs seront précieuses pour la poursuite de cette
entreprise.
*
Mots-clés :
=========
actes de langage indirects, action, cognition, dictionnaire, français,
illocutoire, lexicographie, motivation des actes, onomasiologie, pourquoi,
pragmatique, praxéologie, sémantique, universaux.
--------
* La notion d'énoncé lié et les bases d'une lexicographie pragmatique font
l'objet du Situation et Signification d'Ivan Fónagy (Amsterdam, Benjamins,
1982).
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DICOMOTUS, copyright © Michel Martins-Baltar 1999, mmb@ens-fcl.fr
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{FR, 18/04/1999}
FLORILÈGE SUR LES GENRES (suite et fin)
Du 3 au 5 décembre se tenait à Toulouse le colloque international :
Analyse des discours : Textes, Types et Genres
organisé par Michel Ballabriga et le CPST (Université de Toulouse le
Mirail).
Nous avons commencé dans les deux premiers numéros de cette année à
publier les résumés d'interventions ; voici les derniers.
_______________________
Agnès FONTVIEILLE
(Maître de conférences, Université de Lyon II)
La métaphore filée
dans les inventaires descriptifs de Paul Eluard
« Poésie ininterrompue », la poésie d'Eluard ne l'est pas seulement du fait
qu'elle thématise les notions de retour et de renouvellement mais aussi
parce que son mouvement continu s'inscrit formellement dans la facture
syntaxique et rythmique de la phrase. Nous voudrions montrer que la phrase
d'Eluard, qui se développe par parallélismes syntaxiques ou inventaires, se
démultiplie pour devenir une série, virtuellement sans fin. Et il est
fréquent que le poème, fût-il long, coïncide avec un développement unique,
ce que vient confirmer la présence d'un point final, seul signe de
ponctuation de la phrase-poème.
L'inventaire se caractérise par le développement paradigmatique de deux
filières lexicales. Cette organisation linguistique de l'énoncé est encore
caractéristique de l'amplificatio descriptive et du fonctionnement de la
métaphore filée. Nous nous intéresserons donc à la rencontre d'une forme,
d'un type et d'une figure. Dans les inventaires descriptifs éluardiens, la
relation entre les deux séries métonymiques ou synecdochiques est souvent
doublée d'une relation métaphorique entre chaque proposition de la
séquence, ce qui conduit à se demander en quoi le double lien métaphorique
est contraint par la forme inventaire et en quoi il modifie la relation
prédicative de l'énoncé. Cette étude s'appuiera essentiellement sur des
extraits du recueil La Rose publique (1934), et plus précisément sur le
poème CE QUE DIT L'HOMME DE PEINE EST TOUJOURS HORS DE PROPOS.
_______________________
Andrée BORILLO, Marie-Paule PERY-WOODLEY
(ERSS, Toulouse)
Modalité du dire de faire
Nous cherchons à formuler ici une grammaire des instructions dans un corpus
de "textes à consignes" : des manuels de logiciels.
Se pose d'emblée le problème de la catégorisation des textes : nous
l'abordons selon une typologie fonctionnelle en termes de genre discursif
et de domaine.
Notre analyse comporte deux volets :
* Analyse structurelle des instructions. Nous identifions dans notre corpus
plusieurs types structurels de consignes, que nous caractérisons sur les
plans linguistique et fonctionnel : définitions, injonctions, systèmes
corrélatifs, etc...
* Examen de l'intégration de ces instructions dans le texte pris dans son
ensemble. L'examen de la distribution des grands types structurels ou de
leurs variantes suggère une corrélation régulière entre type de consigne et
moment du texte : niveau dans la hiérarchie des parties, place dans le
chapitre ou le paragraphe...
_______________________
Simon BOUQUET
(CNRS UMR 7597, Groupe "Didactique du français et des langages")
Wittgenstein, théoricien d'une sémantique des genres textuels
La philosophie du langage de Wittgenstein peut être regardée, pour une part
centrale, comme une longue tentative pour élaborer la question du sens -
tentative que soutient et qu'accompagne, de manière cruciale, une critique
du savoir de la logique. Après avoir posé deux préliminaires dans une
optique d'histoire de la linguistique {(A) Division des savoirs des
sciences du langage en savoirs logicaux-grammaticaux, et en savoirs
rhétorico-herméneutiques -- dualité empruntée à F. Rastier -- ; (B)
Ambiguïtés théoriques relatives au concept de "genre" dans la linguistique
textuelle aujourd'hui}, on défendra deux thèses :
* Première thèse : la division entre "deux philosophies" de Wittgenstein
correspond exactement à la dualité des savoirs des sciences du langage ;
* Seconde thèse : la contribution de Wittgenstein à la pensée
rhétorico-hérméneutique construit, de manière cruciale, le cadre conceptuel
d'une sémantique des genres textuels.
On s'attachera à montrer comment, en prenant en compte cet aspect négligé
des recherches philosophiques de Wittgenstein, on peut déboucher sur la
pratique d'une "sémantique du genre".
_______________________
Ayoub BOUHOUHOU
(Docteur en Sciences du Langages, Université Lumière Lyon 2)
Le discours du portrait physique dans le roman "réaliste" :
l'exemple de Au Bonheur des Dames d'E. Zola.
Quand la vie intérieure échappe au discours (par opposition à la langue),
la souffrance, l'amour se manifestent à travers le corps. Les descriptions
physiques ne révèlent pas uniquement le psychique de l'acteur. Bien au
contraire, elles sont structurées dans et par la diégèse.
Nous proposons d'étudier le système du portrait physique dans un texte dit
"réaliste". Nous travaillerons sur un roman d'Emile Zola Au Bonheur des
Dames. Nous essayerons alors de voir comment l'écriture réaliste, comme
genre, contextualiste (F. Rastier) le portrait physique des acteurs.
Notre démarche est sémiotique car elle considère comme étant le lieu de
convergence de la grammaire narrative et de la grammaire discursive. Elle
tente aussi de dégager le sens qui est présent dans les méandres du
portrait.
Le portrait physique : fonction narrative
Concernant le rapport entre le portrait et le récit, nous nous sommes fondé
sur les travaux de G. Genette, Ph. Hamon, J-M. Adam, N. Everaert-Desmedt et
de J. Courtès.
Pour être plus clair, nous commencerons par définir la notion de "récit ",
ensuite nous montrerons comment et de quelle manière le portrait physique
peut s'intégrer dans celle-ci.
Du point de vu sémiotique, on définit le récit "comme étant la
représentation d'un événement1" Vue sous cet angle, l'articulation entre le
portrait et le récit peut s'expliquer par le fait que celui-là représente
un événement (dans le récit) qu'il met en scène explicitement.
Les portraits physiques renvoient au temps du récit. Certains se
construisent au fur et à mesure de l'avancement de la lecture. D'autres
restent figés. Ils servent de mémoire discursive au lecteur en lui
rappelant l'antagonisme qui lie certains acteurs spatialisés : le magasin
de Mouret, rappelé par le portrait de Denise et celui des Baudu rappelé par
le portrait de Geneviève.
Nous partirons lors de cette intervention de l'hypothèse suivante : le
discours sur le portait physique est comme un "micro-récit" car "quelque
chose se passe". Si l'énonciateur décrit les "cheveux" de Denise, par
exemple, c'est pour thématiser le/mépris/, l'/humiliation/, etc..., des
vendeurs vis-à vis d'elle.
Si on nous parle avec insistance (répétition) du "nez" de Jouve, c'est
parce que grâce à cet acteur, des clientes comme Mme de Boves, sont
démasquées et dévoilées.
Si on nous décrit le "bras amputé" de l'homme, c'est parce que, comme nous
allons le voir, ce portrait sert à dire "quelque chose" sur l'acteur, son
parcours figuratif, et ses rôles thématiques joués dans le récit.
Le portrait physique en tant que "micro-récit" thématise le récit
(portrait/rôle thématique).
Le portrait physique : fonction discursive
Le portrait physique est figuratif car il se rapporte à l'un des cinq sens
: il est vu et perçu par un observateur. bien plus : il a un rapport avec
la vue (yeux), l'ouïe (oreille), l'odorat (nez), le goût (bouche) et le
toucher "mains" etc...
les "souliers" de Denise, ses "cheveux", ses "vêtements" sont des figures
qui ont besoin d'être thématisées pour être désambiguïsées. à la suite de
J. Coutès, différents types de rapports entre le figuratif et le
thématique.
En tant que signifiant graphique représentant des acteurs différents, les
"cheveux" déterminent l'interprétation sémantique. Grâce à la syntaxe
discursive (acteurs, espace et temps) et au contexte, l'interprétation du
signifiant est désambiguïsée.
Nous essayerons de montrer, lors de notre intervention, que
l'interprétation discursive du portrait physique, dans le discours dit
"réaliste", est étroitement liée au contexte. Les couples
figuratif/thématique serviront à illustrer cela.
_______________________
Jean-Paul BERNIE
(IUFM d'Aquitaine, Université de Bordeaux II)
Les genres discursifs, un outil de transformation
des connaissances -Fonctionnement linguistique et
fonction sociale du mémoire scientifique chez Lavoisier
Le propos s'inscrit dans le projet de tirer le plus loin possible les
conséquences de l'inscription de l'activité scripturale dans un contexte
d'interaction caractérisé par divers paramètres (Producteur, Coproducteurs,
Finalité et Lieu social). Dans le cas du mémoire scientifique, la
"fictionalisation" de ces paramètres par le scripteur passe par des étapes
descriptibles en termes de genres discursifs dont la mise en oeuvre
transforme les contenus et ruine l'idée d'un invariant sémantique qui
survivrait aux reformulations.
Or, tout un héritage dualiste et représentationniste présente encore le
texte scientifique comme une pure mise en mots de contenus "déjà là".
L'idée de la transparence du langage alimente aussi bien les
représentations ordinaires que divers pans de la recherche et de la
pratique d'enseignement / apprentissage. La reconnaissance d'une finalité
argumentative au texte scientifiques, est encore souvent perçue comme
relevant de techniques de présentation d'un contenu sémantique invariant.
Ce premier pas a le mérite de secouer divers carcans typologiques. Mais il
ne suffit pas.
L'analyse sémiologique et pragmatique des genres successifs par lesquels
Lavoisier reformule ses expériences, dan des contextes historique, social
et intellectuel déterminés, montre que la fictionalisation qui est la
sienne engendre des configurations démonstratives, à leur tour productrice
de faits scientifiques, dans le cadre de la constitution d'une communauté
discursives.
C'est ce processus que les comptes rendus et mémoires du célèbre chimiste
permettent de décrire dans des termes dont le cadre s'inspire notamment des
pistes proposés par Bakhtine et par Rastier.
L'accent sera mis sur l'appareil linguistique permettant d'identifier le
{jeu des "je"}, ces images d'énonciateur gérant le dispositif agonistique
et qui participent de la construction d'une identité sociale de scripteur.
Le mode d'approche proposé permet de situer les enjeux de la problématique
des genres (théorie du texte ? Théorie de l'activité langagière ? Théorie
de l'outil ?).
Dans une perspective didactique enfin, cette optique permet une approche
radicalement différente de tous les "genres du travail de l'institution"
fondés sur la reformulation (résumé, compte rendu, prise de notes, mémoires
divers), ainsi que des multiples activités d'apprentissage qui s'en
alimentent (activités métalinguistiques ou métadiscursives).
FIN
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Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques
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{FR, 18/04/1999}
COLLOQUE Sémiotique des cultures et sciences cognitives
Voici le programme mis à jour. Rectificatif : Le colloque de Genève-Archamps
traitera de la sémiotique des cultures, et non de la nature
comme nous l'avons écrit par erreur dans notre dernière édition !
Si vous souhaitez faire connaître cette manifestation, vous pouvez
vous procurer des affiches ou des bulletins auprès de Simon Bouquet :
bouquet@ext.jussieu.fr
CONDITIONS SPECIALES POUR LES ABONNES DE LA LISTE SDT
Une bonne nouvelle : les abonnés de la liste SdT bénéficient du tarif réduit
sans limitation de date...
Pour les pays à devise faible : réservation sans droit d'inscription,
les repas restant à la charge de la personne inscrite.
___________________________
Inaugural International Colloquium
"Cultural Semiotics and the Cognitive Sciences"
Geneva, Switzerland / Archamps, France (French Geneva Campus)
20-23 June 1999
ifsgenev@cur-archamps.fr
http://www-cami.imag.fr/~rialle/colloque
Simon Bouquet / François Rastier / Vincent Rialle
* THE FERDINAND DE SAUSSURE INSTITUTE :
The Ferdinand de Saussure Institute will be inaugurated in June
1999. In keeping with Ferdinand de Saussure's vision of semiotics,
the Institute's purpose is to develop multidisciplinary exchanges
in the human sciences. The Institute does not represent any orthodoxy,
school, or movement. Its purpose is to promote new types of
interdisciplinary methods toward the creation of a "science of signs
within social life."
The Ferdinand de Saussure Institute is being established under
the patronage of professors Claude Lévi-Strauss, Rudolf Engler and
Jean Starobinski.
* THE INAUGURAL COLLOQUIUM :
On the occasion of the inauguration of the Ferdinand de Saussure
Institute an international colloquium is being organized, whose
theme is "Cultural Semiotics and the Cognitive Sciences" (see
program below). The colloquium will take place from June 20-23,
1999, in part on the University of Geneva campus, and in part on
the French Geneva Campus of Archamps, the future headquarters
of the Institute's Research Center, located in the countryside
15 minutes from center of Geneva. Hotel services and universitary
residence facilities are provided at the Archamps campus.
WITH THE SUPPORT OF
Université de Genève (Faculté des lettres, Faculté de psychologie
et des sciences de l'éducation, Faculté des sciences, Faculté des
sciences économiques et sociales) Université de Grenoble,
Université de Lausanne, Association Transfrontalière Universitaire,
Maison des Sciences de l'Homme, Fondation Pro Helvetia,
Région Rhône-Alpes, Ville de Grenoble, Revue Sciences Humaines,
Pôle Rhône-Alpes des Sciences Cognitives, Institut des Sciences
Cognitives, Association pour la Recherche Cognitive
* OBJECT OF THE COLLOQUIUM
Two well-known controversies have marked contemporary intellectual history.
First, the Davos controversy between Cassirer and Heidegger -rather than
leading to reflection on the sciences of culture- led a large part of
European philosophy to elaborate systems that are mistrustful of the
sciences. Second, the Royaumont controversy between Piaget and Chomsky
for a time lent credence in the human sciences to the idea of the triumph
of an orthodox cognitivism that in its extreme forms, given its goal of
"naturalizing" meaning, does not grant any specific character to the
sciences of culture. The continued expansion of neo-Darwinism in cognitive
anthropology and in the philosophy of the mind illustrates the persistence
of this objective.
As the most intolerant forms of scientism recede, new social demands are
addressing themselves to the sciences of culture. To respond to these
issues, the cultural sciences must-without losing sight of their target,
which is to reflect on cultural objects-take into account the
accomplishments of the cognitive sciences. The debate that is opening
up today draws inspiration from recent findings in fields such as the
ethnosciences or anthropology, paleontology, human ethology, archeology,
and comparative linguistics. Indeed, over the past ten years unprecedented
convergences in research in the fields of population genetics, historic and
comparative linguistics, and paleoanthropology have enabled us to envision
in new way the phylogenesis of cultures and the emergence of the semiotic
world. Such convergences are sparking thought around a cultural semiotics.
They may allow us to clearly define the border between the cultural sciences
and the natural and life sciences, and will undoubtedly enable us to pursue
-in a renewed intellectual landscape- the project for semiotics that
Ferdinand de Saussure, as well as the Anglo-Saxon philosophical tradition,
placed at the heart of the human sciences.
By bringing together researchers who are contributing in a variety of ways
to the founding of the sciences of culture, the colloquium aims to fulfill
two objectives : First, to report on current research, its accomplishments
and the hypotheses now being disputed. Second, to offer those involved in
this research the opportunity for in-depth debate in a privileged setting.
* PROGRAM
.........Dimanche 20 juin
Archamps
14 00 / 14 30 - ouverture du colloque / opening of colloquium
14 30 / 16 10 - S. Auroux (Ecole Normale Supérieure - Fontenay-St. Cloud)
La révolution sémiotique en philosophie
A. Langaney (Université de Genève)
Les pratiques interdisciplinaires en anthropologie
16 10 / 16 25 - pause / break
16 25 / 17 15 - J.-G. Meunier (Université du Québec, Montréal)
Niveau de représentation, information et culture
17 15 / 17 45 - thé / tea
17 45 / 18 45 - débat 1 / debate 1
Sciences et philosophies du symbolique
Sciences and philosophies of symbolism
.........Lundi 21 juin / Monday 21 June
Archamps
8 20 / 10 00 - D. Vernant (Université de Grenoble)
Dialogisme et culture
G. Jucquois (Université de Louvain)
L'émergence de la pensée comparative en Occident et
les fondements d'une épistémologie de la diversité
10 00 / 10 15 - pause / break
10 15 / 11 05 - M. Bischofsberger (Université de Bâle)
Quel constructivisme pour la linguistique cognitive?
11 05 / 11 20 - pause / break
11 20 / 12 20 - débat 2 / debate 2
De l'organe du langage à l'histoire des langues
From the organ of language to the history of languages
12 30 / 14 00 - déjeuner / lunch
14 00 / 14 30 - transfert à Genève / transport to Geneva
Genève
14 30 / 16 10 - J. Bruner (New York University)
Recent findings about the rôle of 'intersubjectivity' in the
development of culture and in the structuring of langage
C. Geertz (Institute for Adanced Studies, Princeton)
The role of culture in the working of the human mind
16 10 / 16 25 - pause / break
16 25 / 17 15 - B. Cyrulnik (Centre hospitalier de Toulon-La Seyne-sur-Mer)
Les objets saillants ou Historicisation de nos perceptions
17 15 / 17 30 - pause / break
17 30 / 18 45 - débat 3 / debate 3
Sciences cognitives et sociobiologie
Cognitive Science and sociobiology
......... Mardi 22 juin / Tuesday 22 June
Archamps
8 20 / 10 00 - P. Sériot (Université de Lausanne)
Les théories de la culture en Russie
Carol Fleisher Feldman (New York University)
Speech Genres as Mental and Cultural Models
10 00 / 10 15 - pause / break
10 15 / 11 05 - Heinz Wismann (University of Heidelberg)
Connaissance et reconnaissance dans les sciences de la culture
11 05 / 11 20 - pause / break
11 20 / 12 20 - débat 4 / debate 4
Theories de la culture et théories de l'évolution
Theories of Culture and theories of Evolution
12 30 / 14 00 - déjeuner / lunch
14 00 / 14 30 - transfert à Genève / transport to Geneva
Genève
14 30 / 16 10 - F. Rastier (CNRS, Paris)
Langues et anthropologie linguistique
J.-P. Bronckart (Université de Genève)
La culture comme sémantique du social
16 10 / 16 25 - pause / break
16 25 / 17 15 - M. Olender (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris)
Généalogie d'une fable savante : Babel, raison linguistique et
constructions culturelles
17 15 / 17 30 - pause / break
17 30 / 18 45 - débat 5 / debate 5
Généalogie du mythique et théories du récit
Genealogy of Myth and narratology.
.........Mercredi 23 juin / Wednesday 23 June
Archamps
8 20 / 10 00 - R. Caspari (University of Michigan)
The concept of 'race' : evolutionary biology,
ethnogenesis and symbolic construction
G. P. Capprettini (Université de Turin)
Protohistoire du symbolique et formation de la pensée mythique
10 00 / 10 15 - pause / break
10 15 / 11 05 - E. Masson (Collège de France)
Relations entre configurations naturelles,
ensembles architecturaux et mythologie
11 05 / 11 20 - pause / break
11 20 / 12 20 - débat 6 / debate 6
Phylogenèse du monde sémiotique
Phylogenesis of the semiotic world
12 30 / 14 30 - déjeuner / lunch
14 30 / 16 30 - Séance de préparation des actes
preparation of colloquium acts
(debate themes are still provisional)
* INFORMATION
International Colloquium "Cultural Semiotics and the
Cognitive Sciences", Centre Universitaire et de Recherche,
74166 Archamps, France
e-mail: ifsgenev@cur-archamps.fr
http://www-cami.imag.fr/~rialle/colloque
* REGISTRATION
Fees (including participation, transports Achramps-Geneva, 2 meals
per day) : 1 500 FF (1 200 FF until 15/5/99) ; reduced fees (student) :
750 FF (600 FF until 15/4/99)
- Please send payment to : ASDEV, IFS-Centre Universitaire et de
Recherche, 74166 Archamps, France.
* HOTEL AND RESIDENCE, ARCHAMPS
Hôtel Ibis : ph. + 33 4 50 95 38 18
Résidence universitaire « Grand Angle » : ph. + 33 4 50 43 26 00
* REGISTRATION FORM
NAME :
FIRST NAME :
ADRESS
ADRESS FOR INVOICE :
PHONE:
FAX:
E-MAIL:
ACADEMIC INFORMATIONS
FIELD(S) OF INTEREST
Date :
33333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
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1999_07_27
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ATTENTION : Vous venez de recevoir DEUX numeros de SdT DIFFERENTS :
- ceci est le dernier numero de SdT (vol. 5, n.4) ;
- l'autre envoi est une rediffusion du precedent numero (avril,
vol.5 n.3), que beaucoup n'ont pas recu suite a un pb. technique.
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SdT volume 5, numero 4.
Éditorial
Plusieurs lecteurs se sont aimablement inquiétés de la soudaine raréfaction de
ce bulletin. De fait, depuis juin 1995, nous avons publié une cinquantaine de
numéros, et trois seulement sont sortis ce semestre. Pire, le troisième n'a
connu qu'une diffusion partielle, par accident informatique, et nous le
rediffusons en même temps celui-ci, en demandant aux lecteurs qui l'ont déjà
reçu de pardonner ce doublon.
Tirons quelques leçons :
- Ce bulletin a quelque utilité, ou du moins a su créer des habitudes de
lecture, d'où de flatteuses protestations. Faut-il se faire regretter ?
A vos claviers, chers lecteurs !
- Les deux rédacteurs, soussignés, ne suffisent pas toujours à la tâche
(surtout en fin de thèse ou en préparation d'ouvrages). Qui voudra la partager
sera bien accueilli ! N'hésitez donc pas à envoyer textes et informations.
- La périodicité, en général mensuelle, sera désormais imprévisible, et nous
ferons nôtre cette pensée de Cédric POUSSIN, en DEA de Sciences Cognitives à
Grenoble : "Dans la vie il n'y a pas de stress, il n'y a que des émotions".
- Quand l'année prochaine le bulletin Sémantique des Textes fêtera son premier
lustre, nous ferons le point.
François Rastier, Bénédicte Pincemin.