1999_12_08

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SdT volume 5, numero 6.

                                                                                             LA CITATION DU MOIS

                                                     ________________________________________________

                                                     " C'est en usant seulement de la vie et des

                                                       conversations ordinaires, et en s'abstenant

                                                       de méditer et d'étudier aux choses qui

                                                       exercent l'imagination, qu'on apprend à

                                                       concevoir l'union et de l'âme et du corps "

                                                                                (Descartes,

                                                                                lettre à Elisabeth de Bohême,

                                                                                28 juin 1643).

                                                     ________________________________________________

                          

                                                     SOMMAIRE

1- Coordonnees

             - Bienvenue a Simona CONSTANTINOVICI et Cosimo CAPUTO.

2- Carnet

             - Yannick PRIE soutient sa these le 15 decembre 1999 :

             "Modelisation de documents audiovisuels en strates-interconnectees

               par les annotations pour l'exploitation contextuelle"

             - Programme du seminaire de Patrick SERIOT : Epistémologie comparée

             des sciences humaines, Russie / Europe de l'Ouest, années 1920-1930

             (histoire intellectuelle du discours sur la langue)

3- Textes electroniques

             - Corpus : Catalogue critique  des ressources textuelles sur internet ;

             Corpus linguistique en environnement québécois ; Corpus du Témiscouata.

             - Fonctionnalites du correcteur et analyseur Cordial 6 Universites.

4- Publications

             - Sur Texto! :

             Francoise DOUAY - "La contre-analogie" ;

             Simon BOUQUET - "La linguistique generale de Ferdinand de Saussure :

                                        textes et retour aux textes"

             - Vient de paraître :

             Patrick SERIOT - Structure et totalite (Les origines intellectuelles

                                        du structuralisme en Europe centrale et orientale)

             Marie-Anne CHABIN - Je pense donc j'archive. L'archive dans la societe

                                        de l'information

             Jean ROUSSEAU, Denis THOUARD (éds.) -  Lettres édifiantes et curieuses

                                        sur la langue chinoise.

                                        Un débat philosophico-grammatical entre

                                        Wilhelm von Humboldt et Jean-Pierre Abel-Rémusat

             - Deuxieme partie des notes de Mathieu BRUGIDOU sur le colloque

             "Semiotique des cultures et sciences cognitives" (Geneve-Archamps,

             20-23 juin 1999).

5- Colloques

             - Colloque international, Lyon, 16-18 decembre 1999 :

                                        "Les relations intersemiotiques"

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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees

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NOUVEAUX ABONNES

[information réservée aux abonnés]

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{FR, 07/12/1999}

THÈSE :

Yannick Prié (LISI INSA-Lyon, LISA CPE-Lyon)

Soutenance de thèse de doctorat

spécialité informatique :

             MODELISATION DE DOCUMENTS AUDIOVISUELS EN STRATES-INTERCONNECTEES

                           PAR LES ANNOTATIONS POUR L'EXPLOITATION CONTEXTUELLE

15 décembre 1999 à 10h30

Grande salle des conseils, CPE-Lyon, Campus de la Doua, Villeurbanne.

Jury :   B.    Bachimont           (UTC Compiègne, INA Bry/Marne)

             M.-F. Bruandet            (CLIPS, UJF, Grenoble)

             F.    Chassaing             (CNET, Rennes)

             M.    Nanard   (LIRMM, CNAM, Montpellier)

             A.    Mille        (LISA, CPE-Lyon, Lyon)

             J.-M. Pinon     (LISI, INSA-Lyon, Lyon)

Résumé :

La numérisation et la création numérique de flux audiovisuels (AV) permettent

leur exploitation dans des systèmes d'information audiovisuels. Cela nécessite

une modélisation et une instrumentation des contenus des documents AV qui en

autorise l'accès direct et soit adaptée aux diverses utilisations possibles :

recherche, indexation, navigation, etc. Après une revue des propositions

actuelles de modélisation de documents AV, nous justifions quelques nécessités

en vue de leur représentation. Nous proposons de représenter les documents AV

en Strates Interconnectées par les Annotations (Strates-IA), c'est à dire

d'« écrire » sur le flux à l'aide de termes (éléments d'annotation). Ceux-ci

annotent des morceaux de flux (unités audiovisuelles), sont en relation entre

eux, et sont instances d'éléments d'annotations abstraits décrits dans un

graphe de relations conceptuelles. L'ensemble du système représente alors un

graphe de connaissances global dans lequel nous définissons la notion de

contexte comme extrémité de chemin contextuel et pour l'exploitation duquel

nous décrivons divers outils contextuels basés sur la notion de graphe

potentiel. Les graphes potentiels représentent des visées de description de

l'utilisateur liées à ses tâches particulières. Ils s'instancient dans le

graphe global (recherche d'isomorphismes de sous-graphes partiels) et nous en

proposons un algorithme efficace de multi-propagation. Nous proposons également

une modélisation des systèmes documentaires permettant le stockage intelligent

de l'expérience sous la forme de cas d'utilisation en vue d'une réutilisation

pour l'assistance. Enfin, nous discutons plus généralement les rapports entre

documents et connaissances.

[NDLR : Yannick Prié a récemment publié sur le site Texto! une étude sur la

modélisation informatique de la sémantique interprétative].

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{FR, 06/12/1999}

SEMINAIRE

Patrick SERIOT, Professeur à l'Université de Lausanne

Présentation du séminaire à l'EPHESS, année universitaire 1999-2000.

54 Bd Raspail, salle 801, un vendredi par mois, de 13 h à 15 h.

             « Epistémologie comparée des sciences humaines,

               Russie / Europe de l'Ouest, années 1920-1930

             (histoire intellectuelle du discours sur la langue) »

14 janvier :      La réception de Saussure en URSS : qu'est-ce que la

                           « linguistique sociale » ?

4 février :         La langue et l'âme du peuple : le discours sur l'homogénéité

                           de la société en URSS (Vinogradov) et en Allemagne nazie

                           (Schmidt-Rohr)

17 mars :          La philosophie du nom et les « glorificateurs du nom »

21 avril :           Antidarwinisme, « nomogénèse » et théories des totalités

                           dans l'émergence du structuralisme russe

5 mai :              Peut-il y avoir une « linguistique marxiste » ?

                           La théorie des deux sciences

9 juin : Le sujet et la langue texte :

                           V. Voloshinov : Marksizm i filosofija jazyka (1929)

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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes

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{FR, 06/12/1999}

CORPUS

1 / Catalogue critique  des ressources textuelles sur internet (CCRTI).

Adresse du catalogue: http://inalf.ivry.cnrs.fr/ccrti

Cet outil de travail en est à son début. Vos suggestions et remarques sur

l'ensemble du CCRTI seront bienvenues : <arlette.attali@inalf.cnrs.fr>

2 / Corpus linguistique en environnement québécois : Le corpus linguistique en

environnement québécois (CLEQ) est constitué d'un ensemble de documents écrits

relatifs au domaine hydro-électrique de la province de Québec.

Philippe Barbaud, UQAM

Corpus du Témiscouata : Le corpus du Témiscouata (1930-1936) est constitué de

documents relatifs à la colonisation du Témiscouata suite à la crise de 1929

et couvre la période 1930 à 1936.

Christine Portelance, UQAR

Deux accès :

* Le Fonds québécois des données linguistiques :

             http://www.spl.gouv.qc.ca/banque/banque.html

* Centre ATO :

             http://www.ling.uqam.ca/sato

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{FR, 06/12/1999}

NOUVELLE RUBRIQUE : PUBLICITÉ RÉDACTIONNELLE !

CORDIAL 6 Universités

Cordial 6 est le correcteur et l'analyseur de la langue française le plus primé

(15 fois placé en 1ère place sur 17 bancs d'essai comparatifs) et le plus vendu.

Conçu en 1991 par une équipe de linguistes et d'informaticiens, Cordial

représente plus de 30 années-homme de travail, sa première version a été

commercialisée début 1995. Il fonctionne sur les plate-formes Windows 95,

Windows 98, Windows NT. Au-delà de la correction orthographique et grammaticale,

ce logiciel offre nombre de fonctionnalités : analyse syntaxique visualisable,

analyse sémantique, statistiques, recherche d'occurrences et de mots clés.

Cordial 6 Universités est la seconde édition d'une version spécifiquement

développée pour les universitaires. S'il ne permet pas de sauvegarder des

textes corrigés, ce logiciel intègre la totalité des fonctionnalités de

Cordial 6 et y ajoute deux options supplémentaires : un étiqueteur morpho-

syntaxique et un extracteur de phrase (ou de paragraphe) du corpus sur des

critères très complets.

1. Fonctionnalités de Cordial 6

En tant que correcteur orthographique, typographique, grammatical et

stylistique, Cordial 6 offre d'abord aux universitaires un objet d'étude,

dans un domaine encore peu étudié par les linguistes, celui de la correction

automatique. Étudier les analyses syntaxiques du correcteur, les messages

d'erreur, justifiés ou non, observer les mécanismes de groupement ou de

dégroupement des propositions et des groupes grammaticaux lorsqu'une faute

d'accord rend les appariements et l'analyse théoriquement impossible, constitue

en soi une application que quelques équipes enseignantes ont d'ores et déjà

mise en oeuvre.

Mais ce sont surtout les fonctions connexes du correcteur qui constituent de

vrais outils d'analyse de texte, tant pour la recherche littéraire que pour

les sciences humaines ou le TALN. Ces fonctions sont décrites ci-dessous.

1.1. Occurrences de formes et de lemmes

CORDIAL6 offre deux fonctions d'affichage des occurrences : les occurrences

orthographiques, dans lesquelles toutes les formes de mots font l'objet d'une

entrée, et les occurrences syntaxiques, dans laquelle seuls les lemmes sont

répertoriés.

Le tableau de présentation des occurrences "orthographiques" fournit une liste

classée alphabétiquement ou par ordre de fréquence, le nombre total de mots,

le nombre total d'occurrences. Les affichages des mots en majuscules, des

chiffres, des noms communs et des noms propres sont tous activables ou

désactivables, ce qui autorise par exemple une vérification de cohérence des

écritures de noms propres ou des majuscules accentuées ou non.

Le tableau de présentation des occurrences "syntaxiques" offre la même liste et

les mêmes paramètres mais dispose d'une option complémentaire. Il est possible

de fixer les catégories grammaticales affichées (nom, adjectif, adverbe, verbe,

pronom, déterminant, préposition, conjonction) dans une association quelconque

de ces catégories.

Ces deux tableaux d'occurrences sont sauvegardables en Ascii par simple clic.

1.2. Mots-clés, syntagmes-clés, phrases-clés, mots délaissés

CORDIAL 6 permet d'extraire les mots-clés du texte chargé. Ces mots-clés sont

les mots les plus présents dans le texte relativement à leur fréquence dans

la langue. Sont affichés jusqu'à 100 mots-clés signifiants (noms, adjectifs,

verbes, adverbes), jusqu'à 50 mots-clés outils signifiants (pronoms,

déterminants, prépositions, conjonctions) et jusqu'à 50 mots-clés noms propres.

Un paramètre permet d'étendre cette recherche aux syntagmes-clés, c'est-à-dire,

au-delà des lemmes simples, les associations adjectif+nom, nom+adjectif,

nom+préposition+nom, nom+adjectif+préposition+nom, nom+adjectif+préposition+

nom+adjectif. Un coefficient de variance permet de visualiser le poids

respectif de chacun des mots-clés ou syntagmes-clés.

Il est également possible de rechercher, sur le même principe, les mots

délaissés, c'est-à-dire les mots signifiants ou les mots outils ne figurant que

peu ou pas du tout dans le texte alors que leur emploi est fréquent dans la

langue. Enfin, l'option "phrases-clés" permet d'extraire les phrases censées

être les plus significatives, en l'occurrence celles qui contiennent la plus

forte proportion de mots-clés, en tenant compte de la fonction grammaticale de

ces mots. Tous les résultats de ces différentes options sont sauvegardables par

simple clic.

1.3. Concepts-clés, concepts délaissés

CORDIAL 6 dispose d'une ontologie sur 3 classes principales (l'Univers,

l'Individu, la Collectivité), 29 sous-classes, 92 sous-sous-classes et 740 feuilles. Plus de 58 000 lemmes et sens sont répertoriés vis-à-vis de cette

ontologie, ce qui permet de déterminer les concepts-clés du texte vis-à-vis

de l'ensemble des concepts des corpora (voir 1.8.).

Seuls les concepts-clés ayant une probabilité supérieure à 95% d'être

significatifs sont affichés. L'écart-type est fourni pour chacun des

concepts-clés. De la même façon, les concepts délaissés, c'est-à-dire les

concepts les plus absents du texte, sont affichables avec leur écart-type.

1.4. Segments répétés

Pour les utilisateurs de CORDIAL 6 Universités, cette option offre un intérêt

mineur, la fonction spécifique d'extraction de phrases du corpus présentant un

ensemble de paramètres nettement plus étoffé. Il s'agit ici d'extraire les

concordances pour une forme de mot (avec possibilité de traitement des formes

plurielles ou féminines, en sus de la forme de base).

Ces concordances peuvent être triées par ordre d'apparition, par ordre

lexicographique des formes qui précèdent ou par ordre lexicographique des

formes qui suivent. Le contexte précédant (jusqu'à 299 caractères) et le

contexte suivant l'occurrence trouvée (jusqu'à 299 caractères) peuvent être

sauvegardés, une option permettant de stopper en début ou en fin de phrase,

et une autre option permettant de sauver le paragraphe total.

Cette option peut s'appliquer à des mots ou à des groupes de caractères

(parties de mots ou ensembles de mots). Il s'agit donc d'une recherche full text

sans caractérisation grammaticale, a fortiori sémantique, contrairement à

l'extraction de phrases qui ne concerne que des mots entiers ou des lemmes.

1.5. Statistiques

CORDIAL 6 offre un éventail de statistiques sur le texte extrêmement complet

puisque sont fournies 1120 variables, parmi lesquelles, par exemple :

Longueur moyenne de période (entre deux ponctuations faible ou/et fortes)

Proportion de point final dans les ponctuations

Proportion de crochets ouverts ou fermés dans les ponctuations

Proportion de parenthèses ouvertes ou fermées dans les ponctuations

Proportion de tirets dans les ponctuations

Moyenne de mots par phrase (avec comparaison par style d'écriture)

Moyenne de mots par paragraphe (avec comparaison par style d'écriture)

Moyenne de phrases par paragraphe (avec comparaison par style d'écriture)

Proportion de mots outils

Proportion de substantifs (avec comparaison par style d'écriture)

Proportion d'adjectifs (avec comparaison par style d'écriture)

Proportion de verbes (avec comparaison par style d'écriture)

Proportion d'adverbes (avec comparaison par style d'écriture)

Proportion de pronoms personnels 1e et 2e personne (avec comparaison par

style d'écriture)

Proportion de pronoms personnels à la 3e personne (avec comparaison par

style d'écriture)

Proportion d'articles définis

Proportion d'articles indéfinis

Proportion d'indicatif présent par rapport aux formes verbales

Proportion d'indicatif imparfait par rapport aux formes verbales

Proportion d'indicatif passé simple par rapport aux formes verbales

etc.

L'ensemble de ces statistiques sont visualisables et sauvegardables dans un

fichier Ascii. En addition des informations stylistiques sont fournies.

1.6. Comparaison avec 2000 ouvrages

Pour les 1100 variables décrites, il est possible par un simple clic sur la

variable affichée d'obtenir un graphique situant le texte parmi 2000 ouvrages

pour la variable choisie. Ces 2000 ouvrages sont pour l'essentiel des ouvrages

littéraires, leur répartition par type étant la suivante :

             Littérature Romans, Contes, Récits : 1357 ouvrages

             Littérature Poésie :                                  77 ouvrages

             Littérature Théâtre :                              148 ouvrages

             Littérature Essais, Mémoires :                          265 ouvrages

             Ouvrages techniques :                                          43 ouvrages

             Ouvrages juridiques, textes de lois :   110 ouvrages

La moitié des ouvrages ont paru depuis moins de cinquante ans et un tiers

depuis moins de vingt ans. La sélection couvre aussi bien les grands classiques

que les ouvrages les plus diffusés en France et certains secteurs spécifiques

comme le roman policier, les ouvrages francophones, etc.

1.7. Dictionnaires

Toutes les analyses de CORDIAL 6 s'appuient sur plusieurs dictionnaires

orthographiques visualisables (et modifiables grâce à un éditeur de

dictionnaire, optionnel) et sur un dictionnaire grammatical comportant

plus de trois millions d'informations grammaticales et plus d'un million

d'informations sémantiques sur plus de 58 000 mots.

Les dictionnaires orthographiques sont :

NCOMPLET.DIC      dictionnaire de noms communs offrant plus de 105 000 lemmes

                           pour plus de 670 000 mots

NPROPRE.DIC          dictionnaire de noms propres offrant plus de 30 000 lemmes

ABREGES.DIC           dictionnaire d'abréviations offrant plus de 1 000 abréviations

                           et sigles

FEMININE.DIC         dictionnaire de féminisations offrant plus de 800 lemmes,

                           correspondant au répertoire des formes féminines conseillées

                           édité sous l'égide de l'Inalf ne figurant pas déjà dans

                           NCOMPLET.DIC.

COMMUNES.DIC     dictionnaire de 38 016 noms de communes et lieux-dits

Tous ces dictionnaires sont des dictionnaires de lemmes, dans lesquels sont

codés les genre, nombre et type grammatical, ainsi que la forme féminine

régulière possible et la forme plurielle régulière possible.

1.8. Corpora

Les variables statistiques, la recherche des mots clés et de nombreux

algorithmes d'analyse de CORDIAL 6 s'appuient sur les données recueillies

dans les différents corpora rassemblés par Synapse Développement. Ces corpora

regroupent actuellement environ 500 000 000 de mots. La répartition par

domaine est la suivante :

             Littérature :                                                           27 %

             Ouvrages et articles techniques :                      9 %

             Articles de journaux, dépêches de presse :    45 %

             Pages Internet :                                                    10 %

             Sites de discussion Internet :                             8 %

             Courriers :                                                             1 %

Cet ensemble de corpora ne saurait être considéré comme représentatif de la

langue, le poids des articles de journaux et dépêches de presse y étant en

particulier très élevé. Associant un grand nombre d'ouvrages littéraires à un

gros corpus de langage quasi-parlé (celui des sites de discussion Internet),

cet ensemble de corpora offre toutefois un éventail très ouvert et nous fournit

une vision assez large des faits de langue. Pour des raisons de copyright, cet

ensemble de corpora reste la propriété exclusive de Synapse Développement.

1.9. Formats de fichier

CORDIAL 6 charge les formats suivants :

             Ascii ANSI (= Ascii Windows)

             Ascii OEM (= Ascii DOS)

             RTF (Rich Text Format)

             HTML (Hypertext Markup Language)

             WordPerfect 6.0, 6.1, 7, 8, 9

             AmiPro 2.0, 3.0, 3.1

             WordPro

             Word 2.0, 6.0, 7.0 (= Word 95)

Il est également possible de charger tout texte utilisant des balises

introduites par '<' et terminées par '>' dès lors qu'aucun retour chariot ne

figure dans l'intervalle. Il est ainsi possible de charger et d'analyser des

textes au format SGML ou des textes issus de logiciels de présentation comme

Ventura.

1.10. Paramétrage

CORDIAL 6 offre un paramétrage extrêmement sophistiqué, qui constitue sans nul

doute l'une des spécificités essentielles du logiciel. Ce paramétrage s'applique

essentiellement à la correction orthographique, typographique et grammaticale.

Mais certains paramètres ont un impact direct sur l'analyse du texte, en

particulier le paramètre permettant de ne pas considérer le retour chariot comme

marquant obligatoirement une fin de paragraphe (utile pour l'analyse de poèmes)

ou le paramètre de non-prise en compte des balises (utile pour le traitement de

textes en SGML).

2. Fonctionnalités spécifiques de Cordial 6 Universités

Au-delà des fonctions décrites plus haut, CORDIAL 6 Universités offre deux

outils complets : un étiqueteur morpho-syntaxique hyper-paramétrable et un

outil d'extraction de phrase de corpus très modulable.

2.1. Étiqueteur morpho-syntaxique

Cet étiqueteur offre de multiples données, dont l'affichage et la sauvegarde

sont paramétrables :

- numéro du mot dans la phrase

- intitulé du mot

- nombre d'ambiguïtés grammaticales pour le mot

- type grammatical détaillé (ex: adjectif masculin singulier, pronom personnel

3e personne du pluriel...)

- lemme

- mot de codage spécialisé (genre, nombre, fonction grammaticale, etc.)

- représentation symbolique du mot de codage spécialisé

- numéro du mot pivot du groupe d'appartenance, numéro du mot pivot de

l'éventuel sous-groupe

- fonction grammaticale du mot ou du groupe auquel appartient le mot

(sujet, attribut, cod, coi, circonstanciel de lieu, de temps, autre, etc.)

- numéro de la proposition à laquelle appartient le mot

- numéro du verbe central de la proposition à laquelle appartient le mot

- équivalent sémantique lorsque le mot est reconnu par nos dictionnaires

comme polysémique

Tous ces paramètres sont optionnels, à l'exclusion de l'intitulé du mot.

Le mot de codage spécialisé offre des caractéristiques supplémentaires

spécifiques selon le type grammatical du mot. Ce codage est compatible avec le

codage fixé lors de l'action GRACE. Cet étiqueteur offre en fait des fonctions

de lemmatisation, de désambiguïsation grammaticale, de découpe en propositions

(analyse logique), de découpe en groupes en sous-groupes grammaticaux,

d'analyseur de fonctions grammaticales, de désambiguïseur sémantique. Par

ailleurs, une fonction également paramétrable permet d'ajouter une signalétique

ou une correction des erreurs d'orthographe ou de grammaire détectées par

l'analyseur.

Durant l'étiquetage du texte, un fichier résultat est sauvé sur disque. Ce

fichier est au format Ascii, donc chargeable sur n'importe quel matériel ou

logiciel. Les différents champs sont séparés par des tabulations, ce qui

autorise un éventuel traitement ultérieur simplifié. Les éventuelles balises

ou caractères résiduels non analysés sont repris dans le corps de l'étiquetage

de sorte que le fichier résultat permette éventuellement de retrouver le texte

d'origine.

La taille maximale des textes pouvant être traités par l'étiqueteur est

actuellement de 4 méga-octets. La vitesse de traitement dépend naturellement

de la nature du texte, du taux de mots rares et inconnus, des options choisies

mais elle est de l'ordre de 2 000 mots par seconde sur un Pentium 400, à

laquelle il faut ajouter le temps de sauvegarde sur le disque dur, très

dépendant du système de gestion de ce disque et de l'état de fragmentation du

disque.

2.1. Extracteur de phrase de corpus

Cet outil est en principe destiné à extraire d'un corpus toutes les phrases

(ou les paragraphes) dans lesquel(le)s figure un mot ou un lemme donné. A

partir de ce principe de base, l'outil offre de très nombreux paramètres :

- mot tel quel, ou lemme

- élision acceptée ou non (particulièrement utile pour "de", "que", etc.)

- type grammatical désiré (tous types, ou nom, ou adjectif, ou verbe, ou

adverbe, ou déterminant, ou pronom, ou conjonction, ou interjection, ou

préposition)

- genre désiré (quelconque, masculin, féminin), utile pour les homographes

- nombre désiré (quelconque, singulier, pluriel), utile pour les invariants

en nombre

- sens du mot, lorsque le logiciel considère ce mot comme polysémique

A ces caractéristiques du mot ou du lemme recherché, peut s'ajouter une autre

condition :

- autre mot attendu dans un intervalle donné avant et/ou après le mot.

L'intervalle peut aller de 99 mots avant à 0, et de 0 à 99 mots après.

Par ailleurs ce second terme dispose des mêmes paramètres que le premier

(élision, type grammatical, genre, nombre, sens)

- ou forme grammaticale attendue avant le mot de référence (nom, adjectif,

verbe, adverbe, déterminant, pronom, conjonction, interjection, préposition)

- ou forme grammaticale attendue après le mot de référence (nom, adjectif,

verbe, adverbe, déterminant, pronom, conjonction, interjection, préposition)

Il est ainsi possible de rechercher les occurrences ou les cooccurrences de

lemmes ou de mots avec une excellente discrimination. Par exemple il est

possible d'extraire toutes les relatives en "que" ou "qu'" précédées d'un

nom, ou de rechercher toutes les occurrences d'un lemme précédé ou suivi d'un

adjectif, etc.

Les conditions d'utilisation et la vitesse d'exécution de cette fonction sont

voisines des conditions décrites en 2.1.

3. Quelles utilisations actuelles et futures ?

CORDIAL 6 Universités propose une palette d'outils si importante et si

paramétrable qu'il est impossible d'en imaginer toutes les utilisations

possibles ! Les littéraires utiliseront sans doute avant tout les statistiques,

la comparaison avec les 2000 ouvrages, ou l'outil d'extraction de phrases.

Les linguistes informaticiens s'intéresseront plutôt à l'étiqueteur, les

terminologues aux mots-clés et aux syntagmes-clés...

CORDIAL 6 Universités n'est pas un ensemble d'outils figés. L'équipe de Synapse

Développement travaille en permanence sur l'amélioration tant du logiciel que

des ressources. Ainsi le nombre de mots polysémiques (actuellement environ

5 000 pour 14 000 sens) devrait augmenter très sensiblement dans les mois à

venir. Les options spécifiques de cette version Universités ont été augmentées

et améliorées grâce aux commentaires de ses utilisateurs et elles continueront

à l'être à l'avenir.

4. Prix de vente

Cordial Université : le prix de la version monoposte est de 690F TTC. En

version multiposte, c'est-à-dire à partir de 3 postes, le prix est de 345F TTC

par poste (exemple: licence 4 postes = 690F + 3x345 = 1725 F TTC).

Le prix de Cordial Universités est très serré et il est impossible d'envisager

une réduction (d'autant que cette version n'est vendue qu'à des universités).

Pour les autres versions de Cordial (version essentiel : 490F, version

standard : 990 F, version Pro : 1290F TTC), la société Synapse consent une

remise de 10% aux lecteurs de SdT . De toutes façons le port est toujours

gratuit à Synapse !

Renseignements complémentaires, commandes :

             synapse@wanadoo.fr

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{FR, 06/12/1999}

VIENT DE PARAITRE SUR le site TEXTO ! de l'équipe Sémantique des Textes :

             http://www.msh-paris.fr/texto/

Deux études inédites

Françoise Douay, Université d'Aix-en-Provence

                           LA CONTRE-ANALOGIE

Simon Bouquet, Université de Paris X-Nanterre

             LA LINGUISTIQUE GÉNÉRALE DE FERDINAND DE SAUSSURE :

                           TEXTES ET RETOUR AUX TEXTES

                           ___________________________

Tous les chemins mènent à Texto ! Dans le courrier du site :

Bonjour ! En envoyant un message sur son "mobile" à quelqu'un de ma famille par

le service Texto de SFR, je tombe sur vous au hasard d'un moteur de recherche !

J'ai rapidement créé un raccourci vers votre site, original, intéressant, et

nécessaire. Mais pourquoi cette typographie minimaliste ? Les gens des

Rencontres de Lurs vous diraient que la typographie est l'une des composantes

du sens d'un texte. Cordialement, et à bientôt.

Christian GUILLAUME  christian@A4a.fr.

Je suis étudiant, en lisant un livre je suis tombé sur le mot "sémanticien",

ne comprenant pas ce mot je suis allé voir dans le dictionnaire. La définition

ne me satisfaisant pas, je suis alors allé consulter votre site internet qui je

vous félicite et extrêmement bien fait pour un connaisseur, mais voilà je ne

suis qu'un novice dans ce domaine. C'est pourquoi je vous serais infiniment

reconnaissant si vous pourriez me donner une définition plus simple et plus

claire.

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{FR, 06/12/1999}

VIENT DE PARAITRE

Patrick Sériot (Université de Lausanne)

             STRUCTURE ET TOTALITE (Les origines intellectuelles du structuralisme

             en Europe centrale et orientale)

Paris : Presses Universitaires de France, 1999, 352 p. ISBN 2-13-050297-0.

Présentation :

Tout n'a pas été dit sur le structuralisme. Des pans entiers de l'histoire

de son émergence et de ses origines intellectuelles restent en attente

d'investigation. En particulier, le fait qu'une large part de cette histoire

se soit déroulée en Europe centrale et orientale dans l'entre-deux-guerres

reste largement méconnu dans le monde francophone. C'est à reconstituer cette

histoire ignorée, occultée, qu'est consacré ce livre. Son but est une enquête

d'épistémologie historique sur l'apparition de la notion de structure au cercle

linguistique de Prague, et principalement chez ses représentants russes, à

partir de la notion romantique de totalité, comme un lent et douloureux

arrachement à la métaphore organiciste, dans un monde intellectuel très

différent de celui de Saussure.

Patrick Sériot est titulaire de la chaire de linguistique slave à l'Université

de Lausanne. Ses travaux ont d'abord porté sur l'analyse du discours politique

en Union Soviétique. Il est maintenant spécialiste de l'histoire et de

l'épistémologie du discours sur la langue en Russie et en Union Soviétique.

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{FR, 06/12/1999}

VIENT DE PARAITRE

Marie-Anne Chabin

             Je pense donc j'archive. L'archive dans la société de l'information

L'Harmattan, 1999, ISBN 2-7384-8340-2

C'est une réflexion synthétique à partir de mon expérience professionnelle

dans les archives papier, électroniques et audiovisuelles.

L'ouvrage compte six chapitres :

1- Le syndrome d'Epaminondas

2- Tout est archive

3- Ordre et désordres

4- Science et conscience des archivistes

5- Les universaux

6- Au coeur de la société de l'information

Epilogue (petites nouvelles de SF)

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{FR, 06/12/1999}

VIENT DE PARAITRE

Jean Rousseau / Denis Thouard (éds.)

             Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise. Un débat

             philosophico-grammatical entre Wilhelm von Humboldt et Jean-Pierre

             Abel-Rémusat

Lille : Presses Universitaires du Septentrion, 1999, 344 pages,

ISBN 2-85939-588-1

Le livre rassemble les textes du débat qui s'est déroulé sur une décennie

(1821-1831) avec une correspondante inédite de Humboldt. Table :

Humboldt, Abel-Rémusat et le chinois : la recherche de la correspondance (Denis Thouard) ; La question du chinois dans la théorie de Humboldt (Jean Rousseau) ;

                                        I. La discussion publique :

1. Wilhelm von Humboldt, Sur la naissance des formes grammaticales et leur

influence sur le développement des idées (17 janvier 1822) (tr. D.T.) ;

Note sur les langues évoquées par Humboldt (Jean Rousseau) ;

2. Abel-Rémusat, Compte-rendu de Über das Entstehen der grammatischen Formen

(Journal Asiatique V, 1824, pp. 51-61) ;

3. W. von Humboldt, Lettre à Monsieur Abel-Rémusat sur la nature des formes

grammaticales en général et sur le génie de la langue chinoise en particulier

(7 mars 1826) Version publiée par Rémusat, avec les variantes en énétique de la typologie, il s'engageait dans une hiérarchisation

problématique. Selon ce modèle en effet, l'évolution historique se doublait d'un

perfectionnement qui se singularise par l'émergence des formes grammaticales

spécifiques dans la langue, là où les langues primitives ne faisaient que les

sous-entendre. Humboldt présentait alors le langage comme un processus

d'abstraction des perceptions sensibles et qualitatives par le truchement de la

forme verbale. La progression de cette traduction du monde sensible et

qualitatif en pensées lui apportait un point de vue pour apprécier les

différences des langues entre elles. Les langues primitives pèchent ainsi dans

la maîtrise de la forme, car elles procèdent en alignant immédiatement des

significations ; les relations grammaticales y sont simplement suggérées ou

représentées par un des mots signifiant déjà quelque chose de matériel. La

seconde étape, et le second groupe de langues entrevu par Humboldt, est

représentée par l'apparition des flexions. L'emploi d'une forme grammaticale

comme un cas ou une déclinaison imprime au lexique une torsion grammaticale,

mais elle n'apparaît qu'en cas de nécessité. Les mots restent non marqués quand

il ne s'agit pas d'exprimer une spécificité, comme pour le singulier ou le

présent. Ce n'est que lorsque tous les éléments matériels sont intégrés dans des

relations formelles par l'opération du discours (Rede) et que la forme pénètre

ainsi chaque élément que la langue est véritablement libérée de l'agglutination

de syllabes initiales. Mais selon Humboldt, aucune langue n'est encore parvenue

à ce dernier stade. L'autre voie qui reste aux langues est de combiner les deux

premiers procédés pour les assouplir mutuellement et les plier aux exigences de

l'abstraction. La typologie n'est qu'esquissée, mais la tentative de la

superposer à une perspective évolutive est imprudente.

En développant ces vues dans son discours Sur la naissance des formes

grammaticales, et en fournissant un certain nombre d'exemples, Humboldt allait

au-devant de difficultés insurmontables. Il maintenait en effet sa tentative

d'ordonner génétiquement les différents types linguistiques, et voyait dans les

langues flexionnelles le couronnement de cette évolution. La langue en son

premier état s'y trouvait ainsi décrite :

La langue désigne originairement des objets, et abandonne à celui qui comprend

le soin d'introduire par la pensée les formes de liaison du discours.

Elle cherche cependant à faciliter cette introduction par la pensée par la

position des mots et en se servant de mots désignant des objets et des choses

pour indiquer le rapport et la forme.

La différence entre les langues "grammaticalement formées", aptes au

développement des idées, et celles qui ne le sont pas débouche sur deux "classes

de langues" constituant une "différence absolue". Mais quand Humboldt pose qu'

"il est indéniable que seules les langues grammaticalement formées possèdent

une aptitude parfaite au développement des idées", il se heurte aussitôt aux

objections massives représentées par le chinois et le copte. Pourtant, il

rejette provisoirement l'objection au motif que les littératures coptes et

chinoises anciennes ne traduisaient sans doute pas une telle suprématie de

l'esprit, telle que l'attestent des prouesses rhétoriques ou dialectiques du

grec. Comparées au modèle grec, et particulièrement attique, les témoignages

anciens rapportent que le style chinois est "trop indéterminé et haché". Le

contre-exemple chinois est donc d'emblée écarté, alors même que Humboldt est

encore peu documenté à son sujet. Il ne prend en effet connaissance des Elémens

de grammaire chinoise qu'après la rédaction de son discours, et les cite en note

pour la publication, en 1823. Rémusat précisait entre autre dans sa grammaire

que "les rapports des noms, les modifications de temps et de personnes des

verbes, les relations de temps et de lieu, la nature des propositions positives,

optatives, conditionnelles, ou bien se déduisent de la position des mots, ou se

marquent par des mots séparés, qui s'écrivent avec des caractères distincts,

avant ou après le thème du nom ou du verbe." Humboldt, qui présente encore le

chinois comme "une langue presque entièrement dépourvue de grammaire au sens

habituel du mot", se contente de signaler "que les rapports grammaticaux [y]

sont désignés uniquement par la position ou par des mots séparés, et que le

lecteur a souvent en charge de deviner à partir du contexte s'il doit prendre

un mot pour un substantif, un adjectif, un verbe ou une particule."

L'argumentation de Humboldt pour évacuer l'objection déplace en fait le

questionnement sur le développement des arts du discours, dont le modèle est

visiblement Démosthène. La réplique de Rémusat ne se fait pas attendre, avec

l'article du Journal asiatique de 1824. Rémusat interroge le lien supposé par

Humboldt entre les formes grammaticales d'une langues et la plus ou moins grande

facilité du développement des idées. Il résume cette thèse humboldtienne en écrivant que "l'étude de la grammaire philosophique, de la dialectique et de la

rhétorique tire le plus grand avantage de ces formes régulières et symétriques

sous lesquelles apparaissent les conceptions de l'intelligence". Les langues qui

recourent à la seule position des mots pour les désignations grammaticales, ou

qui emploient provisoirement d'autres mots à cette fin, se compliqueraient la

tâche : l'absence de formes grammaticales autonomes nuirait au développement des

idées. Rémusat a beau jeu alors de rappeler que "l'une des langues les plus

abondantes de l'Asie, celle dont la littérature est la plus riche et la plus

savante, n'a, selon les découvertes les plus récentes, d'autres ressources que

celles dont parle ici M. de Humboldt, et par lesquelles on ne saurait douter

qu'il n'ait voulu la désigner". Il voit bien que le chinois ne se laisse pas

plier à la construction humboldtienne. Humboldt insistait sur le peu de

souplesse de cette solution, Rémusat montrera qu'elle laisse au contraire

beaucoup de liberté à l'utilisateur, et qu'elle n'est du reste pas exclusive

d'autres procédés. A-t-on en effet fait reproche au latin des ambiguïtés de son

génitif ? Les mots composés de l'Allemand, qui reprennent le modèle du génitif

saxon, ne montrent-ils pas clairement les avantages économiques d'une solution

paratactique? Ce que l'on perd en précision et en information, on le gagne en

liberté, en rapidité, en énergie.

En objectant à Humboldt le cas du chinois, Rémusat l'amenait à reconsidérer

non seulement sa typologie linguistique et son modèle téléologique, mais les principes mêmes qui présidaient à son jugement sur les langues. L'appréciation

des réalisations philosophiques et rhétoriques des peuples risquait de gauchir

la perspective. Rémusat le redira en présentant au public français la Lettre à

Rémusat :

Cependant le chinois semblait sous quelque rapport faire exception aux principes

de l'auteur et on appela son attention sur ce singulier phénomène d'un peuple

qui depuis quatre mille ans possède une littérature florissante sans formes

grammaticales. Comparée sous ce rapport au sanscrit, au grec, à l'allemand et

aux autres idiomes pour lesquels monsieur Guillaume de Humboldt annonçait une

juste prédilection, la langue chinoise offrait des particularités qu'il n'était

plus permis de négliger.

Si Rémusat s'exagère sans doute un peu la "prédilection" affichée par Humboldt

pour le sanscrit et l'allemand, il a sans doute raison de le pousser davantage

à relever le défi de la langue chinoise. Celui-ci prend acte de l'objection, il

s'en laisse ébranler et la transforme en problème. Il accorde d'emblée à Rémusat

que la grammaire du chinois n'utilise pas de catégories spécifiques pour

indiquer la liaison des mots et "fixe d'une autre manière les rapports des éléments du langage dans l'enchaînement de la pensée", comme si elle était pure

syntaxe sans morphologie. Il reconnaît de même qu'en invoquant des "catégories

grammaticales", qu'il définit comme les "formes assignées aux mots sens. Paradoxalement, il faut donc en passer par le dictionnaire pour être en

mesure de retrouver la grammaire. Ce passage par le dictionnaire, pour un

locuteur étranger, ne signifie pas une régression vers une conception purement

compositionnelle du sens, mais représente l'unique moyen de dégager un contexte

d'élucidation, préalable au repérage du fonctionnement grammatical d'un

discours. Le procédé de la construction, en revanche, aurait simplement

transposé les habitudes de penser et les formes grammaticales des langues

européennes au chinois. Dans le résumé qu'il a prononcé devant l'académie de

Berlin le 20 mars 1826, Humboldt expliquait ce caractère diffus de la grammaire,

qu'elle se fige en formes déterminées ou non :

La grammaire, plus qu'aucune autre partie du langage, est présente invisiblement

dans la façon de penser du locuteur, et chacun apporte dans une langue étrangère

ses idées grammaticales, et les dépose, si elles sont plus parfaites et

accomplies, dans la langue étrangère. Car bien sûr, dans chaque langue, si l'on

prend en compte tous les moments de l'usage, on peut assigner à chaque mot d'une

phrase une forme grammaticale.

La compréhensibilité d'une langue pour une autre langue est possible grâce à

l'existence de règles universelles, et sans doute d'une grammaire universelle,

que Humboldt, tout attentif aux diversités empiriques, ne perd pas de vue. Mais

ces règles ne sauraient être formulées définitivement pour toutes les langues. Elles représentent plutôt l'idéal régulateur de la grammaire comparée. Elles

sont monnayées de façon originale par chaque langue ou groupe de langues.

Humboldt ne considère  plus qu'il pourrait y avoir des langues sans grammaire,

ou des langues à la grammaire imparfaite, mais souligne que la grammaire

chinoise se sert d'une "autre méthode" :

En n'adoptant point le système de la distinction des catégories grammaticales

des mots, on est dans la nécessité de se servir d'une autre méthode pour faire

connaître la liaison grammaticale des idées [...] La langue chinoise emploie

tous les mots dans l'état où ils indiquent l'idée qu'ils expriment, abstraction

faite de tout rapport grammatical.

Tout en ayant une préférence pour le modèle flexionnel qui lui paraît

représenter la synthèse linguistique articulant le mieux la pensée, Humboldt

s'accommode de ces mots non fléchis dont la réunion correspond au procédé du

chinois. On pourrait caractériser celui-ci en disant que les racines lexicales

y sont le moins modifiées par la grammaire, mais aussi bien insister sur le

caractère déterminant du contexte et des relations des mots dans la phrase. Derrière un aspect substantiel se cache un fonctionnalisme : la fonction n'est

pas marquée dans le mot lui-même, c'est l'ensemble de la phrase qui l'établit.

La position des mots établit leur relation grammaticale comme l'accomplissement

de leur dynamisme sémantique. La contiguïté des mots renvoie à leur

interrelation.

Ce fonctionnalisme implique à son tour le sens herméneutique du locuteur : la

position des mots ne suffit pas si l'on ne recourt pas en même temps au sens

lexical et au contexte du discours. Autrement dit, "les règles grammaticales ne

suffisant pas dans ce cas, il ne reste d'autre moyen que de recourir à la

signification des mots et au sens du contexte."

Pour s'en tenir à la part publique de la discussion des deux savants, nous

assistons à un rapprochement sur le fond, Humboldt reconnaissant volontiers les

limites de ses connaissances, et Rémusat sachant apprécier la qualité des

intuitions contenues dans la Lettre. Le fait que Rémusat ait accueilli les

réflexions de Humboldt, sa correction même très respectueuse des formulations

de ce dernier, et son choix d'insérer des points de discussion en note, donnant

au texte une véritable structure dialogique, témoigne d'une qualité d'échange

qui fait honneur à la république des savants. Pour autant, ses réserves ne disparaissent pas, qui tiennent non à la différence entre une science positive

française et une métaphysique allemande forcément obscure, mais à l'appréciation

différente des modèles culturels et de leur valeur. Jean-Claude Chevalier, dans

son article sur "un obstacle épistémologique en 1825 : le chinois à Paris", a

sans doute exagéré l'opposition entre le Français, défendant le rôle actif du

sujet parlant, et l'Allemand, ayant une approche plus esthétique du langage et

comme fasciné par la "forme pure visant à l'absolu de la loi" .

L'opposition n'est pas tant dans les caractères nationaux, entre le savant

pratique et le métaphysicien rêveur. Elle est peut-être culturelle, mais se

réfugie alors dans le domaine de l'appréciation subjective et esthétique.

Humboldt accordera à Rémusat la diversité des perfections linguistiques, mais

conservera son ultime réserve sur la limitation rhétorique du chinois, qui ne

produirait pas de périodes. Dans son esprit, la collaboration incessante

demandée à l'auditeur ou au lecteur dans la production du sens, celui-ci

devant apporter ou expliciter la grammaire seulement sous-entendue, exclut le

développement d'un art oratoire et la construction de longues périodes comme en

grec. L'esprit serait trop sollicité. Il ne peut en même temps reconstruire en

détail le sens des énoncés ou des séquences et appréhender des unités plus

grandes. Si la grammaire implicite n'empêche pas le déploiement de tous les

registres de la pensée, une certaine qualité esthétique liée à la rhétorique

lui paraît néanmoins faire défaut. Rémusat précise dans une observation que la

portée de cette remarque se limite au style antique, et assure au contraire

qu'il "y a des périodes très longues dans le style littéraire et dans celui de

la conversation". On pourrait montrer sur un tel cas que Humboldt reste

esthétiquement dépendant d'un modèle grec, dont l'emprise est désormais limitée

au domaine subjectif, ce qui traduit sa profonde remise en question due à la

réflexion linguistique comparée.

L'évolution des modèles typologiques est à cet égard significative. A la faveur

de l'étude du chinois et des échanges avec Rémusat, Humboldt abandonne

définitivement son premier modèle téléologique au profit d'une approche qu'on

pourrait qualifier de structurale. Le dépassement de la flexion dans une langue

peut à sa façon faciliter l'exercice de la pensée et le développement de

l'esprit. Les langues romanes, dans leur évolution au-delà de la flexion, mais

aussi le chinois deviennent, dans l'Introduction au Kavi, des réalisations

linguistiques aussi parfaites dans leur genre que le grec. En revenant dans ce

dernier écrit sur la question de la classification, Humboldt distingue deux

grands pôles d'invention linguistique, le sanscrit et les langues flexionnelles

d'un côté, le chinois de l'autre, qui renonce résolument à la flexion. "Son

mérite le plus exprès repose au contraire, comme Rémusat en fait d'ailleurs au

même endroit et à juste titre la remarque, sur le système qui lui est propre et

qui, du même coup, la fait diverger des autres langues, bien qu'il la prive par

là même de maints avantages" Tout en rappelant les inconvénients de ce système,

il en fait clairement apparaître maintenant les bénéfices, à commencer par celui

de forcer l'esprit "à opérer une combinaison plus subtile de ces relations avec

les mots et à découvrir dans les mots la présence véritable des relations sans

pour autant les y inscrire à proprement parler". Le caractère implicite de la

forme maintient l'esprit en alerte, et éloigne en fait le chinois d'une langue

formulaire, en la rangeant pleinement au nombre des "langues les plus

parfaites". Elle accentue l'implication réciproque du locuteur et de la langue,

ce qui correspond à une des thèses principales de Humboldt sur le langage.

Entre l'homme et le monde, mais aussi entre les hommes, le milieu invisible du

langage, spontanément oublié, produit ses effets. Humboldt le décrit dans une

formule forte comme un "monde intermédiaire entre le monde extérieur et celui

qui agit en nous" : le langage n'est pas une chose parmi d'autres, mais il n'est

pas non plus identique à la subjectivité. Il est le lieu de la rencontre des

hommes, et par cela, ce en quoi et par quoi se forme leur humanité. C'est

pourquoi l'anthropologie comparée entrevue par Humboldt prendra la forme d'une

étude comparée des langues, vergleichendes Sprachstudium. L'étude des langues

permet une véritable reconnaisance de l'homme parce qu'elle allie nécessairement

la reconstruction d'une objectivité, à un niveau structural, à la prise en

compte des modes de sémantisation qui ne s'y réduisent pas mais regardent

l'usage de la langue. A ce titre, Humboldt esquisse une méthodologie des

"sciences humaines" assumant aussi bien les contraintes collectives que les

évolutions historiques, à partir de la linguistique élargie qu'il pratique.

                                                                                             Denis Thouard

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{FR, 06/12/1999}

COLLOQUE SEMIOTIQUE DES CULTURES

Note de la rédaction :

Nous poursuivons la publication de notes prises au colloque inaugural de

l'Institut Ferdinand de Saussure : Sémiotique des cultures et sciences

cognitives (Genève-Archamps, juin 1999). Nous les devons à l'un des inscrits,

Mathieu Brugidou, chercheur à l'Electricité de France. Le lecteur gardera en

tête que ce document n'a pas été rédigé à notre demande, et, dit son auteur,

"est plus une retranscription de mes notes qu'un compte rendu critique à

proprement parler".

                                                     ____________

Interlude sur le symbolique et petit débat...

A propos du symbolique... par J Lassègue

Cinq sens du symbole

- le symbole, comme signe plus ou moins motivé (par exemple la croix des

  chrétiens)

- le symbolisme, comme dictionnaire des symboles (clés des songes etc.)

- la symbolique, comme répertoire liste de symboles

- le symbolique, anthropologique, psychologique, fonction symbolique

- la symbolisation, comme l'ensemble des opérations qui constituent cet ordre

  (cf. plus haut) du symbolique.

C'est Le symbolique qui apparaît comme la notion la plus riche, la plus complexe

à prétention scientifique.

On en retiendra 4 traits :

1) le rapport au milieu :

- permet l'accès au milieu, le marquage (du territoire), manipulation d'objets

dans un réseau de science,

- fonction de prescription, ce qui doit arriver par rapport à un certain ordre

possible ou nécessaire.

2) La signification

- un ordre toujours antécédent par rapport au symbole

- un symbole s'inscrit dans un réseau de symboles

3) Les conduites

caractère réitérable / les rites. L'ordre symbolique induit la croyance.

4) Couvre un vaste champ du linguistique au non linguistique.

La notion de symbolique en 4 étapes :

1- Mauss. Le symbole comme don obligatoire permettant de caractériser les

rapports sociaux.

2- Levi-Strauss. Mise à jour des réseaux de symbole/ algèbre.

3- Thom, Petitot (?). La genèse du symbolique. A partir de la difficulté du

structuralisme à décrire la genèse du symbole.

4- Extension de la notion...

**** un autre intervenant (Daniele Gambarara) précise que le symbole reçoit des

définitions différentes et même opposées chez Saussure (ou il est naturel, non

conventionnel) et Pierce où il est langagier avant tout. Le programme cognitif

est décrit par cet intervenant essentiellement comme celui d'un naturalisme

réductionniste (cf. déjà les interventions de Bronckart) qui consiste à mettre

de la relation causale à la place de la relation de signification. L'espace de

l'auto réflexivité est pour lui non pensé par ce paradigme (cf. aussi Meunier

plus haut), cette "courbure" qui permet de créer de l'interne et de l'externe.

**** Meunier : C'est cette substitution de la signification à la causalité qui

est fondamentale (cf. Bronckart et le passage mystérieux de la causalité à l'implication signifiante chez Piaget, entre l'intelligence pratique et

abstraction, de 18 mois à 5 ans que se passe-t-il ?) N'importe quel objet peut

être pris pour autre chose, comment cela est-il possible ? Cf. le signe

"naturel" : "je vois la fumée, je vois le feu", j'ai une théorie causale entre

X et Y (pas de fumée sans feu). Y a-t-il isomorphisme entre ces deux relations,

y a t il des structures d'identité entre une relation causale du signe et une

relation signifiante ? Malheureusement, il n'y a pas de métalangage pour penser

cet éventuel isomorphisme (cf. théorie des catégories.)

**** Rastier : le Symbole suppose de généraliser des instances, de fabriquer des

classes. Si on fait varier un signal sonore de p à b, on entend p ou b mais rien

entre les deux (catégorisation). L'opération de classification est distincte de

l'opération de catégorisation. Par exemple, on dira la classes des traces

similaires. Pour catégoriser, il faut d'abord classer. Classer signifier trouver

une similitude entre deux objets, catégoriser penser les classes comme formant

un système (relation d'opposition et de similitudes).

                                                     ____________

Denis VERNANT       - Dialogisme et Culture -

1- Dialogique

Dialogue, capacité de communication. Selon Saussure pas de dialogue sans

système de signes. Mais le dialogue oral n'est pas uniquement symbolique,

il est fait aussi de mimiques, de regards de postures etc. Il y a donc une

pluridimensionnalité du dialogue.

Le dialogue peut être décrit comme une activité conjointe, qui répond à

des règles, des modèles projectifs mais non prédictifs.

Le dialogue est hétéronome, sa finalité et sons sens réside dans une

transaction extra langagière.

La dimension transactionnelle.

- 2 interlocuteurs, une reconnaissance interpersonnelle située. Le dialogue

a pour fin la reconnaissance et la coopération des personnes pour agir sur

un monde. Ainsi se mêle le dire et le faire.

On peut garder une trace écrite du dialogue oral qui ne concerne plus que la

forme "dialogale". On peut aussi écrire directement un texte sous cette forme,

le dialogue est ici un pur artefact, une écriture qui s'émancipe de l'oral (cf.

Le dialogue philosophique). Substitution du simulacre dialogique à l'événement

dialogique (extra langagier etc.).

Ceci est valable pour toute forme d'activité artistique.

2- Production artistique

La peinture est une forme d'écriture qui invente au fur et à mesure son propre

code. Double médiation à propos de l'art :

- importance du discours sur l'art

- marché de l'art

Dimension transactionnelle de l'art.

"Débrayé" - en fait sorti de son contexte dialogique, "textualisé" dans un

musée... - l'oeuvre fait écran et acquiert autonomie par rapport à son créateur.

Pour fonctionner comme art l'oeuvre à besoin d'un lieu de publication, le musée

(plus les églises).

Installation : placement dans un lieu institué et sacralisé ("mise en stalle").

Moyen d'échapper au face-à-face dialogique. L'oeuvre renonce à sa finalité

intramondaine, rituelle. L'art est alors défini comme "textualité débrayée"

[cf. plus haut, en gros sorti du contexte d'usage et de l'interaction immédiate,

renvoie au phénomène d'autonomisation du symbole décrit au niveau ontogénétique

et s'inscrit dans la phylogenèse du symbole cf. plus haut].

3- "Formes de vie"

Les jeux de langages font partie d'une "forme de vie". Ce sont de manière de

dire, de voir qui dépendent de manière de faire. Le réalisme ne repose que sur

la familiarité du code choisi. La perspective est une illusion, une construction

intellectuelle, une idéologie qui repose sur une manière de percevoir.

Il y a donc de nouveaux " jeux de langage ", de nouvelles manières de voir.

C'est donc bien l'enracinement anthropologique qui assure la communicabilité de

l'art. Le goût c'est toujours selon Wittgenstein, le meilleur moyen de décrire

une culture [une classe sociale aussi selon Bourdieu... mais ce commentaire est

probablement réducteur !]

4- L'art et la manière

L'art est autophage, il se dévore lui-même. Il a perdu son enracinement

actionnel (forme de l'objet répondant à une fonction utilitaire par exemple

le stylique...)

L'art doit être plutôt conçu comme dans "l'art de la conversation". L'art doit

devenir la manière de vivre en commun. L'art perd alors toute autonomie et

quitte le musée. Pour Wittgenstein encore, l'esthétique et l'éthique sont une

seule et même chose.

**** Discussion

Vernant : Le signe littéraire est une configuration à la fois signe linguistique

et signe iconique/figural.

L'art est la proposition d'un "monde", d'une "manière de voir".

Rastier : théorie du dialogue comme genre premier est discutable. Par ailleurs,

il y a une critique de la spiritualisation du dialogue à faire. Par exemple,

chez Habermas qui projette le dialogue philosophique (discussion réglée et

rationnelle) pour comprendre le dialogue. Le dialogique (comme description du

processus interactionnel) est différent du dialogue comme genre littéraire.

                                                     ____________

G. JUCQUOIS            - Le traitement de la diversité à l'époque classique

                             17/18ième siècle -

Sur l'émergence de la pensée comparative en occident.

Introduction

Pour qu'il y ait comparaison (19ième siècle), il faut qu'il y ait plusieurs

objets, il faut donc qu'il y ait diversité : cette découverte c'est celle du

17 et du 18ième siècle.

On peut distinguer trois grandes périodes.

- 1er moment :  de 1630 à la fin de l'ancien régime

- 2ième moment : époque contemporaine, intégration systématique de la diversité

du vivant au sein d'épistémologie évolutionniste avec la méthode comparative

(début du 19ième siècle)

- 3ième moment débute aujourd'hui

a) fin des totalitarismes, des idéologies

b) paradoxe de la montée de la mondialisation et des nationalismes

c) déception des sciences - y compris des sciences de l'homme

===>  Réflexions sur :

- pluralisme politique

- régionalisme, l'identité collective

- science et société

1er moment : de l'épistémé de la fixité à la mobilité.

L'opposition nature/culture est centrale.

Le divers est négativement défini : c'est l'absence de l'ordre mais aussi

tout ce qui fait problème à l'ordre.

Une société d'ordre ne peut accepter le divers sauf comme reflétant la nature.

1- Formes de pouvoir

Monarchie de droit divin. L'église est la garante des règles, le roi représente

Dieu. Les rapports entre le monarque et le sujet sont imaginés comme directs.

Révolution conservatrice permanente.

L'argumentation historique va progressivement prendre le relais de

l'argumentation religieuse qui deviendra moins pertinente. Les justifications

deviennent plurielles, évolutives...

Production très abondante au 18ième siècle qui va de plus en plus s'avérer

être une critique du pouvoir.

2- Formes de société

La deuxième moitié du 17ième siècle voit une forte adhésion des français à la

politique absolutiste.

Après les guerres de religion, régicide et fronde, les français aspirent à une

société stable et à la prospérité économique.

On passe progressivement d'une société hiérarchisée, complexe et stable à une

hiérarchie complexe et mobile (au XVIII siècle). L'idée d'égalité est discutée

notamment à propos de l'esclavage, du féminisme, de la fiscalité... (débats qui

restent théoriques).

Les recherches généalogiques se multiplient, il s'agit de justifier les statuts.

Emergence à la fin du siècle de la notion de progrès.

XVII siècle : géométrisation du monde, tout le travail de civilisation

consiste à arracher au chaos des espaces à ordonner.

--> métaphore du "chemin" qui ordonne la nature, ligne droite qui rejoint deux

points, trace des précurseurs,

--> métaphore de "l'arbre" (généalogique en particulier), qui croît de façon

hiérarchique et régulière, réconciliation de la culture et de la nature sur le

mode de la domination.

Trois types d'espaces au XVII : les jardins, le territoire, les colonies.

- formes de jardin : le potager, espace unique des petites gens, le jardin

espace fermé, le parc (ex bois de chasse) dont la forme la plus accomplie

se trouve à Versailles.

Le jardin doit être parcouru selon un ordre, un point de vue. A partir du

XVIII siècle, le jardin devient celui de "l'homme sensible" (Angleterre)

qui deviendra le jardin romantique. On passe des formes géométriques aux

effets de perspective. La grotte, lieu de retraite et d'intimité.

(On passe sur les autres formes d'espaces, on notera toutefois le passage

des colonies de peuplement aux colonies de rapport...)

3- Traitement de la diversité

Explosion du nombre d'espèces connues : on invente la catégorie "exotique" qui

va s'enfler de plus en plus (voir aussi le cabinet de curiosité). On ne peut

plus se satisfaire de classification a priori. Le XVIII siècle traitera cette

diversité : Vauvenargues qui vante la richesse de la diversité humaine et

Buffon qui commente la laideur des lapons.

Conclusion : à partir du XVIII siècle, gradation et continuité, le changement

devient progrès : 1ère épistémologie de la diversité. Au XIX siècle, la question

de la diversité deviendra sociale et politique, bref idéologique.

Reconnaissance d'inégalités entre les colonies et les métropoles mais inégalités

temporaires (civilisation). La théorie évolutionniste donne un cadre global.

**** Discussion

Une des personnes de la salle se demande si l'exposé ne simplifie pas a

posteriori. Le XVII siècle a plus connu la diversité que ne le prétend le

conférencier.

                                                     ____________

Marco BISCHOFSBERGER - Quel constructivisme pour la linguistique cognitive ?-

Ce n'est pas l'objet qui fait la discipline mais la manière de la concevoir...

Les sciences cognitives ont accepté le paradigme des sciences de la nature

(sciences "exactes") qui deviennent les "sciences guides" tant pour la méthode

que pour l'intérêt.

La linguistique cognitive veut ancrer le linguistique dans le cognitif.

C'est la perception qui structure le langage.

Que le substrat physiologique est un impact sur la langue est probable.

Mais un même ancrage corporel permet des systèmes très différents (par exemple

pour la représentation des nombres, on peut compter avec une main, deux mains,

avec les mains et les pieds etc.). Même type d'exemple sur les couleurs

(définition d'un dictionnaire italien à propos "d'un jaune intense qu'on

appelle aussi rouge").

Risque de circularité :   langage ----------------------> cognitif

                               <-------------------------------

Si la structure du savoir a une origine linguistique alors il est inacceptable

de déduire la structure langagière du cognitif.

Par exemple, l'expression "un tas de" serait révélatrice d'une structure

cognitive sous-jacente, cas prototypique pour organiser l'idée de grande

quantité. Or l'étude d'un corpus limité montre la richesse et la grande

diversité des expressions et donc l'importance de l'indexicalité, de la

situation concrète.

Exemples :

italien parlé : un mucchio di

français parlé : un tas de

allemand : ein haufen

espagnol : un montòn de

Or on trouve aussi :

- italien régional farne una strage, faire beaucoup, produire beaucoup de

pièces, littéralement en faire un massacre.

- italien régional ce n'era uno stermino, il y en avait beaucoup, litt. il

y en avait une extermination

- italien parlé un casino di gente, beaucoup de gens, litt. un bordel de gens

- italien régional una republica di ucelli, une république d'oiseaux, une

volée d'oiseaux

- français fumer comme un sapeur, allemand rauchen wie ein Türke; italien

fumare come un turco,

- tessinois 'na gerlada da castegn, une hotte de châtaignes

- tessinois una scusarada da castegn, un tablier plein de châtaignes

- italien régional ricevere un fracco di legnate, recevoir une peignée, une

série de coups

(Sources : Koch, 1996, Lurati (sous presse), corpus Donadini (Bâle 1998))

La cognition n'a pas à découvrir une réalité ontologique

constructiviste

biologique                      vs                constructionisme social

mentaliste

universalisant

La nature de l'homme, c'est la culture. On peut tenter une variante

praxéologique de concevoir la cognition. L'opposition entre connaissance et

action est rhétorique. Connaître n'est pas une contemplation.

C'est dans les pratiques sociales que se produit l'exercice d'une langue.

C'est l'unité relative des pratiques sociales qui permet l'interprétation.

En conclusion, on plaidera pour un constructivisme pluraliste. Dans la

connaissance il fait reconnaître le rôle des facteurs historiques, politiques

etc.

La langue, la culture et la société constituent des niveaux non isomorphes.

                                                     ____________

...A SUIVRE AU PROCHAIN SdT !...

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Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques

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{Panier, 14/11/1999}

                                        LES RELATIONS INTERSÉMIOTIQUES

                                            COLLOQUE INTERNATIONAL

                                        LYON, 16, 17, 18 décembre 1999

Dans le champ des pratiques et communications humaines, les productions

polysémiotiques sont la règle. Leur analyse nécessite ainsi une réflexion

interdisciplinaire et l'élaboration de concepts transversaux. Cinéma, publicité,

conversations quotidiennes, médias, musiques, arts,... Tous seront conviés de

plein droit sur la scène inter-sémiotique et feront l'objet de débats qui se

consacreront à l'étude de corpus complexes et aux problèmes théoriques et

méthodologiques posés par leur description.

UNIVERSITÉ LUMIERE LYON 2

EQUIPE D'ACCUEIL : LANGUES TEXTES IMAGES

GDR  1065 'SÉMIOTIQUE' CNRS

Informations :

             Tel - ++33 (0)4 78 77 44 42 ; Fax - ++33 (0)4 78 77 43 73

             Mél - lti@univ-lyon2.fr

             Web - http://sir.univ-lyon2.fr/lti

Adresse postale (pour le renvoi des fiches d'inscriptions) :

             Equipe " Langues, Textes, Images "

             Département des Sciences du Langage

             Université Lumière Lyon 2

             5 avenue Pierre Mendès-France - CP11

             F 69676 - BRON CEDEX.

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