2001_07_11

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SdT volume 7, numero 5.

 

 

                                                                                LES CITATIONS DU MOIS

                                        ________________________________________________

                                        COMMENTAIRE. Il est agréable d'écrire dans les

                                        remarques : "Y.-nous ne pouvons pas l'expliquer"

                                        Comme si l'on signait son appartenance au genre

                                        humain. Le commentaire est indispensable pour

                                        que le lecteur se rende compte de ce qu'il a le

                                        droit de ne pas comprendre. (Et peut-être, de ce

                                        qu'il est obligé de comprendre).

 

                                        ART. La textologie -série convaincante de

                                        brouillons consécutifs a, b, c-, ce n'est pas

                                        de la science mais de l'art : Tomachevskii

                                        maîtrisait cet art d'une manière géniale,

                                        moi -médiocrement, certains ne se doutent même

                                        pas de son existence.

                                        ________________________________________________

 

[Extraits du livre "Ecritures et lectures" de Mikhaïl L. Gasparov,

académicien russe, spécialiste en théorie littéraire. Ce livre est

l'objet des débats dans les milieux littéraires tant pour les

conceptions hors du commun de l'auteur, que pour son genre qu'un

critique a qualifié de "genre moderne indéfini". Le livre représente un

"bricolage" de fragments : maximes, notes de lecture, souvenirs, rêves,

réflexions, essais, etc., organisés par ordre alphabétique à la manière

d'un dictionnaire encyclopédique. La pré-publication du livre a été

couronnée par le prix "Andrey Beli" de meilleure prose russe en 1999.

(Ref. "Zapisi i vypiski", Moscou, Editions Novoe litératournoe

obozrenié, 2000, 415 p.)].

 

Citations et notices proposées par Rossitza Kyheng

              {Kyheng, 25/05/2001}                        

 

 

                                                     SOMMAIRE

 

 

1- Coordonnees

             - Bienvenue a Sahbi BABA, Yong-ho CHOI, Maria Antonia COUTINHO,

               et Sylvie MELLET.

             - Dominic FOREST change d'adresse.

 

2- Carnet

             - Offre d'emploi : poste de Directeur a l'Universite de Toronto.

 

3- Publications

             - These de M.-A.Coutinho (1999) : Texto(s) e competencia textual

             - Journal des anthropologues (2001, n°85-86) : Sens - Action.

             - A. Rouibah, P.U.G., 2001 : Entendre a lire :

               Approche cognitive des traitements phonologique et semantique

 

4- Textes

             - D. Maingueneau : Archéologie et analyse du discours.

 

5- Appels

             - Stage : "Le metier des archives dans l'environnement

               electronique".

             - Workshop "Multidiscpilinary Approaches to Discourse. From text

               structure to text type", Ittre, Belgique, 5-8 aout 2001.

             - Journees d'Analyse des Donnees Textuelles, Saint Malo,

               mars 2002.

 

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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees

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[information réservée aux abonnés]

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{FR, 04/07/2001}

 

OFFRE D'EMPLOI

 

University of Toronto

Program in Communication, Culture, and Information Technology

                                                     DIRECTOR

DEADLINE APPLICATION : July 15, 2001

Info :

http://eir.library.utoronto.ca/academicjobs/

                                        display_job_detail_public.cfm?JOBID=556

 

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Publications Publications Publications Publications Publications

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{FR, 04/07/2001}

 

PRÉSENTATION DE THÈSE

 

Faculdade de Ciências Sociais e Humanas

Universidade Nova de Lisboa

Departamento de Linguística

 

                                        Maria Antónia Coutinho

                               Texto(s) e competência textual

 

Tese de Doutoramento, FCSH-UNL, 1999.

 

                              Texte(s) et compétence textuelle

 

* Résumé

 

L'objectif principal de cette thèse, c'était de contribuer à

l'éclaircissement de la notion de compétence textuelle, resituée dans le

cadre théorique et épistémologique de la théorie du texte, ouvert à des

approches interdisciplinaires comme celles qui sont privilégiées dans ce

cas : la rhétorique et la logique naturelle (dans la perspective créée

par Jean-Blaise Grize et développée dans le Centre de Recherches

Sémiologiques de Neuchâtel).

 

La première partie du travail est dédiée à des questions de

typologisation -censées comprises dans la compétence textuelle. On

assume le rapport nécessaire entre le 'texte' (objet de figure) et le

'discours' (objet du dire), et on reconnait une fonction centrale aux

genres textuels, en tant que modèles préétablis, quoique sujets à des

phénomènes de variation, et qui impliquent une figure séquentialisée.

C'est pourquoi, dans la seconde partie, on passe en revue les

différentes approches des notions de 'séquence' et 'séquentialité', dans

le cadre des études linguistiques sur le texte ; on  montre par ailleurs

l'intérêt particulier qui revient au plan rhétorique de la 'dispositio',

dans une perspective d'organisation séquentielle. Ce parcours met en

évidence le besoin de tenir compte d'opérations particulières,

responsables par le travail d'organisation textuelle qui structure, en

tant que figure du texte, l'activité discursive -celle-ci étant

envisagée, dans la perspective de la logique naturelle, comme

schématisation. On propose donc la notion d' 'opérations de

séquentialisation' et de 'méta-séquentialisation' -les secondes

soulignant les premières, en assurant leur inscription figurale dans le

texte.

 

L'analyse de textes, qui constitue la dernière partie du travail, met en

évidence ces opérations -qui sont analysées en rapport avec les

'schématisations expositives', présentes dans différents genres de

textes. Elles font émerger, entre la reproduction et la (re)création du

genre, la figure du texte -que l'on pourra finalement accepter comme une

question de style. La compétence textuelle sera donc liée à une

compétence rhétorique -dans le double sens d'une conception moderne de

la 'dispositio' et d'une conception linguistique/textuelle du style.

 

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{FR, 04/07/2001}

 

VIENT DE PARAÎTRE

 

Journal des anthropologues

2001/ n°85-86

 

                                        SENS

                                                     ACTION

 

J.-P. CAPRILE, A.-M. DESPRINGRE, F. RASTIER - Avant-propos

F. ALVAREZ-PEREYRE - Une anthropologie de l'action :

                           champ spécifique ou moment critique ?

Ch. BROCHIER -       Etudier l'activité des agents subalternes d'une

                           organisation : travail et statut des manoeuvres

                           du bâtiment au Brésil.

J.-P. CAPRILE - Quand la voix et le geste font sens :

                           rôle médiateur de deux petits textes chantés en Afrique.

                           Un zootrope sonore et une leçon de français dansée.

A.-M. DESPRINGRE - Entre textes et actions. La musique bretonne

                           et celtique dans l'imaginaire social de Bretagne.

A. CAUTY, J.-M. HOPPAN, E. TRELUT - Numération et action.

                           Le cas des numérations maya.

Ch. A. TIJUS, E. ZIBETTI - Le rôle du but et de l'objet dans la

                           détermination sémantique du verbe d'action.

F. RASTIER -             L'action et le sens. Pour une sémiotique des cultures.

 

                                        - RECHERCHES ET DEBATS -

 

M. MEBTOUL -         Etat et société.

                           Connivences et absence de reconnaissance des autres.

R. GIBB -        Toward an Anthropology of Social Movements.

A. DOJA -       Politique de la religion dans les

                           recompositions identitaires : le cas albanais.

 

                                               CHRONIQUES

V. G. UZUNOVA -    Mobilisation sociologique de la réalité virtuelle

                           du musée.

Le musée de l'Homme en grand danger

 

                                        ANTHROPOLOGIE VISUELLE

 

C. PIAULT -  Nouvelles de la SFAV

Th. ROCHE - A propos de l'ouvrage de Marc Piault

                           "Anthropologie et cinéma".

                                        _____________________

 

Prix :    140 FF. + 16 FF. (frais de port) = 156 FF.

             21,34 E + 2,44 E (frais de port)  = 23,78 Euros.

Chèque libellé à l'ordre de L'AFA et à expédier à l'adresse ci-dessous

Rédaction :      Association française des anthropologues

                           MSH, 54 bd Raspail - 75006 Paris

Tél. : 01 49 54 21 81 - Emel : afa@msh-paris.fr

Site Web : http://www.afa.msh-paris.fr

 

Abonnement annuel (4 numéros) : 250 francs, étudiants : 160 francs.

                                        _____________________

 

Journal des Anthropologues, 85-86, " Sens - Action ", 2001

 

AVANT-PROPOS

 

À partir de la problématique de la cognition située, que l'on doit à des

anthropologues comme Lucille A. Suchman, se précisent depuis quelques

années des convergences entre l'ethnolinguistique, l'anthropologie

linguistique, la sémiotique et certains cantons des sciences cognitives.

Par exemple, le colloque inaugural du Centre Ferdinand de Saussure

(juin 1999, Archamps-Genève) a pris pour thème Sciences cognitives et

sémiotique des cultures, associant des chercheurs comme Jerome Bruner en

psychologie, Clifford Geertz en anthropologie culturelle, André Langaney

et Rachel Caspari en anthropologie génétique, Boris Cyrulnik en

éthologie, etc.

 

Dans un esprit comparable, les responsables de ce numéro ont pris

l'initiative de proposer à l'AFA une publication thématique propre à

susciter des contributions d'anthropologues, de sémioticiens, de

linguistes, de psychologues, d'ethnomusicologues, voire d'archéologues

s'intéressant au sens autour du thème de l'action. Un texte rédigé par

J.-P. Caprile, André-Marie Despringre et François Rastier a pris la

forme finale d'un appel à communications.

 

L'action, domaine interdisciplinaire, fait à présent l'objet d'un

renouveau de recherches en anthropologie, en didactique, en ergonomie,

etc. Si, dans la perspective d'une naturalisation du sens,

l'anthropologie cognitive a beaucoup travaillé sur les régularités des

systèmes de classification des objets, le problème de la description et

de la typologie des actions reste beaucoup plus difficile à cerner, et

non moins prometteur : en effet, le concept même de pratique est en jeu

ainsi que l'articulation des performances sémiotiques dans le cours des

actions.

 

Pour les anthropologues qui décrivent des actions sociales et

recherchent les liens avec les médiations symboliques, il s'agit non

seulement de classer ces actions mais aussi de les interpréter.

 

Ce numéro interdisciplinaire n'est pas conçu d'emblée comme une

confrontation de disciplines au plan épistémologique, comme au temps du

structuralisme qui a opposé et oppose encore très souvent les tenants de

l'"objectivité scientifique", abstraite du sujet et qui réfutent toute

intersubjectivité considérée comme une recherche psychologisante... et

les partisans d'une approche compréhensive (Clifford Geertz) vivant

l'objectivité comme un "obstacle à la compréhension".

 

Dans les sciences de la culture, le cours des choses que l'on décrit et

l'action humaine sont en fait imbriqués et leur séparation au moment de

la description n'est qu'un artifice méthodologique.

 

Les modèles linguistiques et sémiologiques d'explication, de style

structural, sont les plus fréquents en France, ils proposent un décodage

utile, montrent des relations stables entre des unités discrètes. Il

s'agit plutôt d'un domaine d'étude que d'une discipline constituée.

 

La problématique dans ce domaine a naturellement évolué depuis l'époque

du structuralisme. Si l'objectif demeure, selon la formulation de

Saussure, de décrire les systèmes de signes au sein de la vie sociale,

la variété des contextes et des situations, les relations entre systèmes

de signes, les diversités culturelles sont maintenant au centre de la

réflexion.

 

Certes, pour l'herméneutique, le modèle sémiotique est venu se placer en

concurrence avec celui des sciences de la nature ; mais plutôt qu'au

niveau des modèles, nous avons souhaité situer le débat au plan de la

description des pratiques effectives, où les disciplines ont le plus à

apprendre mutuellement. Aussi avons-nous privilégié d'une part les

questions sur la nature des actions, qui appellent plusieurs points de

vue complémentaires dans la mesure où elles mettent en jeu plusieurs

systèmes de signes ; et d'autre part, l'interprétation par

l'anthropologue du sens de l'action considérée dans les différents

contextes dans lesquels on la retrouve, comme par rapport aux discours

qui sont tenus sur elle.

 

L'action a été le thème privilégié de certains sociologues américains

avant la dernière guerre, notamment Parsons. L'analyse parsonienne

définissait l'action sociale comme le produit de choix individuels qui

font sens pour l'acteur mais qui sont aussi en phase avec un ensemble de

préférences collectives et de systèmes d'expression symbolique. Parsons

proposait ainsi une tripartition de l'action individuelle en fonction

de :

- la personnalité (avec la notion de rôle social du père, de l'enfant

etc.) ;

- la culture (notion différente de celle de "société") est constituée

par l'ensemble des valeurs et des symboles communs aux acteurs ;

- enfin la société comprend les structures sociales.

 

Alors qu'en France, le structuralisme des années soixante concevait

l'action en fonction de structures narratives (Greimas), Paul Ricoeur a

jeté les bases d'une théorie de l'action issue de la tradition anglo-

saxonne mais en la conciliant avec la tradition de l'herméneutique

"continentale", pour la placer sous la rection du problème du sens. En

plaçant le récit au centre de sa démonstration, en isolant des unités

d'action qui ne sont pas pour lui d'ordre psychologique, il met en

évidence une logique de l'action qui, par l'enchaînement de noyaux

d'action, constitue la continuité structurale du récit, les procès

d'actions emboîtées. Les actants sont ici définis "par les seuls

prédicats de l'action, par les axes sémantiques de la phrase et du récit

[...]". L'analyse structurale fait ainsi apparaître une hiérarchie des

actants corrélative de la hiérarchie des actions. Greimas et

Lévi-Strauss sont sollicités au niveau de la méthode, mais Ricoeur

s'emploie constamment à relier ce que beaucoup avaient séparé : la

causalité et la motivation, l'explication et la compréhension, lien qui

se situe à l'intérieur de la même sphère du langage pour faire sens.

Ainsi, tradition anglo-saxonne et tradition française ont-elles été

réunies autour de l'action envisagée comme texte.

 

Les questions anthropologiques et sémiotiques que proposent les auteurs

de ce numéro ont suscité de vifs débats entre les anthropologues de

notre association. Nous avons aujourd'hui besoin de réfléchir dans le

cadre pluridisciplinaire d'une anthropologie qui prendrait en compte

plus précisément, les connaissances qu'apportent les différentes

sémiotiques, qu'elles s'appliquent aux langages, aux systèmes sociaux,

économiques ou idéologiques.

 

Indications bibliographiques :

DESPRINGRE A.-M. D. LESTEL, 1997, "Anthropologie et Cognition", Journal

des anthropologues, 70, [Introduction p. 9-15].

GREIMAS A.-J. COURTES, J., 1979 et 1986, Sémiotique, dictionnaire

raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette, 2 vol.

LEVI-STRAUSS C., 1968, Anthropologie structurale, Paris, Plon.

PARSONS T., 1937, The structure of Social Action, New York, The Free

Press.

PARSONS T., 1955, Éléments pour une sociologie del'action, New York,

The Free Press.

PIETTE A., 1996, Ethnographie de l'action, Paris, Métailié.

RICOEUR P., 1998 (1986), Théorie de l'action, Du texte à l'action,

Essais d'herméneutique II, Essais, Paris, Le Seuil (Points 377),187-203.

SUCHMAN   L.A., 1987, Plans and Situated Action, New York, CUP.

TOURAINE A., 1984, Le retour de l'action, essai de sociologie, Paris,

Fayard.

 

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{Rouibah, 21/05/2001 et 11/07/2001}

 

VIENT DE PARAÎTRE

 

                                            Aïcha ROUIBAH

 

                           Entendre à lire : Approche cognitive

                  des traitements phonologique et sémantique

 

Sciences et technologies de la connaissance, Presses Universitaires de

Grenoble, 2001.

 

Le premier chapitre de cet ouvrage est intégralement disponible

sur les pages des PUG : http://www.pug.fr/

 

Résumé :

Cet ouvrage traite du problème de la nature et de l’organisation des

processus cognitifs impliqués dans la reconnaissance des mots présentés

visuellement avec les moyens et méthodes de la psychologie cognitive

expérimentale. Plus précisément, ce livre questionne l’existence d’une

relation entre le son (la phonologie) et le sens (la sémantique) en

tentant, d’une part, de situer cette problématique au coeur du débat sur

les rapports entre le langage et la pensée et, d’autre part, de montrer

expérimentalement que cette relation est une véritable interaction. Les

conséquences de l’existence d’une telle interaction sur le comportement

complexe qu’est la lecture sont alors envisagées. Cette étude se

distingue des travaux concurrents en ce sens qu’elle traite du langage

écrit en prenant compte plusieurs processus, plutôt qu’un seul. En

effet, le langage écrit est généralement abordé sous l’un de ses aspects

seulement : l’aspect orthographique ou l’aspect phonologique ou l’aspect

sémantique. Ces trois processus sont maintenant relativement bien

définis mais le problème de leurs relations reste entier. Le travail

proposé tente de répondre à cette question de l’organisation des

processus en jeu lors de la reconnaissance des mots écrits. Par

ailleurs, la méthode employée pour répondre à cette question est

elle-même originale puisqu’il ne s’agit pas ici d’une juxtaposition de

connaissances diverses mais d’une tentative d’intégration de ces

connaissances.

 

Sommaire :

 

Introduction     

 

Chapitre I - Les théories de la signification

La pensée et le langage de Vygotski

             Le rapport dynamique entre le mot et la pensée

             Les significations de mots ne sont pas immuables

             Les rapports mot-pensée dans "la conscience développée"

             Sens et signification

             Entre le béhaviorisme et l'idéalisme

La signification comme substitut mental de la réalité

La forme et la nature des représentations mentales

             La théorie nominaliste

             La théorie des traits sémantiques

La sémantique symbolique privée de substrat physique

             La théorie cognitiviste orthodoxe

             Le langage naturel de la pensée

             Décloisonner le système du langage

La sémantique n'est pas vierge des traces du réel

 

Chapitre II - Le lexique mental et la fréquence d'occurrence des mots       

Les processus impliqués dans la reconnaissance des mots présentés

  visuellement

             Le lexique mental

             Les effets de fréquence

                           La localisation des effets de fréquence

                           La sensibilité des traitements phonologique et

                             sémantique à la fréquence

                           Les effets de fréquence et l'apprentissage

 

Chapitre III - Le traitement phonologique et les modèles du lexique

                           mental

Les modèles double-voie

             Architecture des modèles double-voie

             Remise en cause de l'hypothèse de la phonologie retardée

             Le traitement phonologique est-il obligatoire ?

Les modèles intégrateurs

             Le modèle des logogen de Morton (1969)

             La théorie de diffusion de l'activation de Collins&Loftus (1975)

             Points communs et différences

L'hypothèse de la phonologie retardée à l'épreuve des données

             Influence du contexte sur les processus de traitement          

             Vers un modèle de décision lexicale et de prononciation

 

Chapitre IV - L'amorçage phonologique est-il un processus automatique ?

Quels critères pour une définition de l'automaticité ?

Les phénomènes d'amorçage sémantique

             L'amorçage associatif

             L'amorçage non associatif

L'amorçage phonologique

Automaticité du traitement phonologique, une expérience d'amorçage

  phonologico-orthographique

 

Chapitre V - La sémantique lexicale médiatisée par la phonologie

La phonologie interfère avec la sémantique

Amorçage associatif médiatisé par la phonologie

             Effet facilitateur des homophones dans des expériences

               d'amorçage mettant en oeuvre des mots anglais

             Effet facilitateur des homophones dans des expériences

               d'amorçage mettant en oeuvre des mots hébreux

 

Chapitre VI - Interdépendance des processus de traitement phonologique

  et sémantique

Comment montrer la relation entre la phonologie et la sémantique ?

             Le caractère irrépressible des deux processus

             L'organisation des deux processus

             Les contraintes temporelles : l'effet de la longueur du SOA

Amorçages de la rime et de la catégorie dans des tâches de nature

  sémantique et phonologique

             Le "son" influence la catégorisation sémantique

             Le "sens" influence la détection de rime

             Interdépendance des traitements phonologique et sémantique

Amorçages phonologique et sémantique dans une tâche non linguistique

             Le "son" et le "sens" influencent l'appariement de couleur  

             Les traitements interviennent sans stratégie volontaire

La diffusion de l'activation

Une seule structure mentale pour deux processus ?

 

Perspective : les conséquences pour la lecture

 

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{FR, 04/07/2001}

 

TEXTE INÉDIT : AU DOSSIER TEXTE ET DISCOURS

 

                                        Dominique Maingueneau

                                        Université d'Amiens (France)

 

                               Archéologie et analyse du discours

 

communication à une table-ronde sur Foucault, le 23 juillet 1998

à la 6° Conférence internationale de Pragmatique (Reims)

 

 

             Un inévitable malentendu

 

Je limiterai doublement mon propos. Tout d'abord parce que je ne

m'intéresserai qu'à "l'Archéologie du savoir". En second lieu parce que

je m'interrogerai non sur l'apport de Foucault à une philosophie du

langage d'inspiration pragmatique ou à une théorie du pouvoir et de

l'idéologie, mais à son apport au champ plus spécifique de l'analyse du

discours. Je suis bien conscient que cela peut sembler une curieuse

façon de rendre justice à un penseur que de ne considérer qu'un secteur

étroit de son oeuvre et surtout de l'inscrire dans une problématique qui

n'est pas vraiment la sienne. Parler de la contribution de Michel

Foucault au champ de l'analyse du discours ne peut en effet se faire

qu'à l'intérieur d'un malentendu fondamental, dans la mesure où Foucault

ne s'est jamais posé en fondateur d'une discipline, sinon sur un mode

ironique dont il ne faut pas être dupe.

 

Je pourrais me justifier en disant que nous sommes ici dans un congrès

de pragmatique, non dans un congrès d'historiens de la philosophie ou de

spécialistes de Foucault, et que par conséquent je dois respecter le

contrat qui m'a été proposé par l'organisatrice de ce panel. Mais il

n'est sans doute pas besoin de recourir à des justifications aussi peu

théoriques. Non seulement, l'histoire des cheminements créatifs est

faite de bifurcations, de déplacements inattendus, de greffes..., mais

encore, dans le cas de Foucault il est difficile d'invoquer quelque

orthodoxie pour une réflexion qui prétend ouvrir des pistes nouvelles en

déstabilisant divers domaines du savoir.

 

"L'Archéologie" n'est pas un texte isolé dans l'oeuvre de Foucault, elle

s'inscrit dans un parcours, entre "les Mots et les choses" et la série

d'ouvrages qui réfléchissent sur le pouvoir et la sexualité. "Coincée",

avec "l'Ordre du discours", entre la série de livres à orientation

nettement épistémologique et des textes à la tonalité plus politique,

"l'Archéologie" embarrasse les commentateurs, même si tout bon

spécialiste de philosophie se fait fort d'établir des connexions entre

ce livre et le reste de l'oeuvre de Foucault. Cet embarras est

compréhensible : le philosophe ne retrouve pas un univers qui lui est

familier dans cette réflexion qui semble menée à partir des "Mots et les

choses" mais qui ouvre un nouvel espace de pensée.

 

J'ai lu ce livre dès sa parution en 1969 et il m'a toujours paru à la

fois étrange et familier. Etrange car c'est un livre déroutant,

insaisissable, un livre qui a l'air de se donner des objets empiriques

et de découper un territoire, mais qui glisse, d'une certaine manière,

entre les doigts. Mais un livre familier aussi, car à tort ou à raison,

il me semble que ce livre ouvre un espace à l'analyse et à la réflexion,

l'ordre du discours, qui s'impose au lecteur avec une sorte d'évidence.

 

Etant donné la multiplicité des courants qui traversent le champ du

discours, on ne peut pas s'attendre à ce que l'ensemble des analystes du

discours se sentent concernés par l'entreprise de Foucault. Mais son

apport à l'analyse du discours n'est absolument pas passé inaperçu.

L'année où est parue "l'Archéologie du savoir" fut aussi l'année où avec

le numéro 13 de la revue Langages l'analyse du discours s'est fait

connaître en France sous le visage de ce qu'on appelé plus tard "l'Ecole

française". La coïncidence des deux parutions est heureuse pour

l'historien des idées. "L'Ecole française d'analyse du discours", très

influencée par le marxisme d'Althusser et la psychanalyse de Lacan,

brisait la continuité des textes pour établir des connexions invisibles

et révéler ainsi le travail d'une sorte d'inconscient textuel, supposé

être la condition du sens manifeste. Cette démarche d'analyse du

discours pensait produire une "rupture épistémologique" en contribuant à

construire une véritable science de l'idéologie, qui se serait fondée à

la fois sur la linguistique structurale, sur le marxisme et sur la

psychanalyse. Or voilà que le livre de Foucault, bien loin de s'inscrire

dans cette perspective, ouvrait une conception de la discursivité qui

était orientée tout à fait différemment. Comme il n'était pas seulement

une suite d'intuitions fulgurantes, qu'il proposait un réseau serré de

concepts au service d'une conception forte et cohérente du discours, il

ne pouvait pas ne pas exercer une forte attraction sur les analystes du

discours. En fait, "L'Archéologie du savoir" a exercé une influence

qu'on pourrait dire "oblique", dans la mesure où cet ouvrage s'éloignait

des courants dominants mais sans définir nettement un espace alternatif,

en suscitant des travaux empiriques inscrits dans un cadre théorique

stable.

 

Je ne vais pas retracer l'histoire compliquée des rapports entre

Foucault et l'analyse du discours, car j'imagine que cela n'intéresse

qu'un nombre très limité de gens. Le fait essentiel est que le reflux

des courants dominants à la fin des années 60 a donné une "visibilité"

croissante à "l'Archéologie", qui a bénéficié du succès qu'ont connu les

courants pragmatiques dans l'ensemble des sciences sociales et en

linguistique, particulièrement par le biais des théories de

l'énonciation. Mais sur ce point il ne faut pas être victime d'une

illusion retrospective en faisant de Foucault l'initiateur de

problématiques d'analyse du discours qui, en réalité, n'ont pu être

marquées par lui que de façon indirecte.

 

Je vais d'abord souligner quelques points qui, à mon sens, rendent

difficile l'exploitation de la démarche de "l'Archéologie du savoir".

Je mettrai ensuite en évidence quelques idées force qui me paraissent

fructueuses pour l'analyse du discours, du moins pour le type d'analyse

du discours que je pratique.

 

 

             Un texte insaisissable

 

On ne peut pas énumérer toutes les difficultés que soulève

"l'Archéologie" dès qu'on a l'idée inopportune de l'interroger en

analyste du discours. Il en est néanmoins une qui est radicale, car elle

touche au contrat même de lecture : comment lire ce texte ? cherche-t-il

véritablement, comme il l'annonce, à  refonder "ces disciplines si

incertaines de leurs frontières, si indécises dans leur contenu qu'on

appelle histoire des idées, ou de la pensée, ou des sciences, ou des

connaissances" (p.31) ? [Les références sont données avec la pagination

de l'édition originale (Paris, Gallimard, 1969)]

 

Ce n'est pas qu'il faille absolument ranger tous les livres dans une

catégorie, mais du point de vue auquel nous nous plaçons ici, c'est un

obstacle considérable. Le texte de Foucault a ceci d'étrange qu'il

entrelace des modes d'exposition franchement philosophiques et d'autres

qui semblent relever de démarches classiques dans les sciences sociales.

C'est ainsi que certains chapitres de la II° partie et de la III° partie 

proposent une mise en scène éminemment philosophique, tant par la

structure que le style, celle-là même du doute hyperbolique cartésien ou

de l'épochè phénoménologique. Par exemple au chapitre II, I ("Les unités

du discours") il s'agit de "s'affranchir de tout un jeu de notions qui

diversifient, chacune à leur manière, le thème de la continuité" (p.31),

de "mettre en suspens les unités qui s'imposent de la façon la plus

immédiate" (p.33), de "mettre hors circuit les continuités irréfléchies

par lesquelles on organise, par avance, le discours qu'on entend

analyser" (p.36), de faire apparaître "dans sa pureté non synthétique le

champ des faits de discours" (p.38), de projeter "une description pure

des événements discursifs" (p.39), etc.

 

Autre difficulté : la discordance entre le corpus de référence et la

portée des concepts mis en place. Le corpus de référence est dans sa

grande majorité emprunté aux "Mots et les choses", c'est-à-dire à la

généalogie de quelques sciences depuis la Renaissance. A cela s'ajoutent

des matériaux empruntés à l'histoire de la médecine, première occupation

de l'auteur. C'est donc un corpus étroit si l'on songe à l'ampleur et à

la radicalité des réflexions menées sur "les unités du discours" (II,I),

"les formations discursives" (II,II), "la fonction énonciative"(II,III),

etc. Foucault le reconnaît d'ailleurs au début de son livre : le

privilège accordé à ces "sciences de l'homme" n'est qu' "un privilège de

départ. Il faut garder bien présent à l'esprit [...] que l'analyse des

événements discursifs n'est en aucune manière limitée à un pareil

domaine" (p.43). On ne peut pas reprocher à l'auteur de s'appuyer sur un

corpus limité ; en revanche, on peut s'interroger quand la spécificité

d'un tel corpus infléchit la théorie elle-même. Il s'agit en effet de

types de textes pour lesquels la matérialité linguistique et textuelle

semble, à tort d'ailleurs, plus facilement éludable que pour d'autres.

Foucault a beau parler de "discours" ou de "fonction énonciative", il

manipule en fait des éléments qui se situent à un niveau en quelque

sorte prélinguistique. Cela n'est pas sans effet sur la conception du

discours qu'il propose. Ces lignes sont révélatrices :

 

  "Ce qu'on décrit comme des "systèmes de formation" ne constitue pas

   l'étage terminal des discours, si par ce terme on entend les textes

   (ou les paroles) tels qu'ils se donnent avec leur vocabulaire, leur

   syntaxe, leur structure logique ou leur organisation rhétorique.

   L'analyse reste en deçà de ce niveau manifeste, qui est celui de la

   construction achevée [...] si elle étudie les modalités

   d'énonciation, elle ne met en question ni le style ni l'enchaînement

   des phrases ; bref, elle laisse en pointillé la mise en place finale

   du TEXTE" (p.100).

 

Ce type d'affirmation est difficilement compatible avec les postulats de

toute analyse du discours, qui ne peut que récuser cette conception

stratifiée où l'organisation textuelle ne serait qu'un phénomène de

surface, où les stratégies interactionnelles seraient réduites au statut

d'accessoire : "style", "rhétorique"...

 

Cette difficulté entre en consonance avec celles que soulève la notion

même d' "archéologie". Le livre s'ouvre sur la revendication d'un

projet, transformer les "documents" en "monuments", et file longuement

cette métaphore archéologique ; mais il y est aussi constamment question

d' "analyse énonciative" et de "pratique discursive". Il y a donc une

tension certaine entre l'inspiration nettement structuraliste de cette

"archéologie" et le mouvement de pensée qui porte au premier plan la

"fonction énonciative" et, plus largement, des problématiques qui sont

aujourd'hui familières aux courants pragmatiques.

 

Sur ce point on ne peut ignorer la transformation postérieure des

sciences du langage, dont le succès des perspectives pragmatiques est

un des symptômes les plus évidents. En restreignant la linguistique à

l'étude de la phrase, "l'Archéologie" se ménage les conditions

nécessaires au maintien de ses ambiguïtés. Foucault récuse tout apport

de la linguistique, qu'il réduit à une science de la "langue", au sens

saussurien, ou de la "compétence" au sens chomskyen. Mais on ne peut pas

lire "l'Archéologie" en restant à travers la situation épistémologique

qui prévalait, lors de sa rédaction, dans la seconde moitié des années

60. En se donnant une conception aussi pauvre de la linguistique,

Foucault se confère le droit de réserver le champ du "discours" à

l'archéologie qu'il semble promouvoir, alors que la conjoncture actuelle

renforce l'idée qu'on doit étudier le discours en s'aidant des sciences

du langage et non en les ignorant ou en les cantonnant dans un espace

réduit.

 

 

             Quelques idées forces

 

Néanmoins, il me semble évident qu'un certain nombre de notions

élaborées par "l'Archéologie" constituent des idées forces pour

l'analyse du discours, du moins le style d'analyse du discours qui

m'intéresse personnellement.

 

* L'affirmation de ce qui, à mon sens, fonde toute véritable analyse du

discours, à savoir L'OPACITE DU DISCOURS, qui n'est réductible ni à la

langue ni à des instances sociales ou psychologiques. Foucault là-dessus

a des formules pénétrantes :

 

  "Mais ce dont il s'agit ici, ce n'est pas de neutraliser le discours,

   d'en faire le signe d'autre chose et d'en traverser l'épaisseur pour

   rejoindre ce qui demeure silencieusement en deçà de lui, c'est au

   contraire de le maintenir dans sa consistance, de le faire surgir

   dans la complexité qui lui est propre [...]. Je voudrais montrer que

   le discours n'est pas une mince surface de contact, ou

   d'affrontement, entre une réalité et une langue, l'intrication d'un

   lexique et d'une expérience ; je voudrais montrer sur des exemples

   précis, qu'en analysant les discours eux-mêmes, on voit se desserrer

   l'étreinte apparemment si forte des mots et des choses, et se dégager

   un ensemble de règles propres à la pratique discursive [...]. Tâche

   qui consiste à ne pas -à ne plus- traiter les discours comme des

   ensembles de signes (d'éléments signifiants renvoyant à des contenus

   ou à des représentations) mais comme des pratiques qui forment

   systématiquement les objets dont ils parlent." (p.65-67)

 

* Cette affirmation de l'irréductibilité de l'ordre du discours se

marque en termes de "pratique discursive", ce qui implique une

SUBJECTIVITE énonciative IRREDUCTIBLE AUX FORMES CLASSIQUES. En nouant

ainsi étroitement discours et institution dans des dispositifs

d'énonciation qui à la fois permettent qu'adviennent des événements

énonciatifs et qui constituent par leur existence même des événements,

Foucault déstabilise ici encore les partages traditionnels :

 

  "Le discours, ainsi conçu, n'est pas la manifestation, majestueusement

   déroulée, d'un sujet qui pense, qui connaît, et qui le dit : c'est au

   contraire un ensemble où peuvent se déterminer la dispersion du sujet

   et sa discontinuité avec lui-même. Il est un espace d'extériorité où

   se déploie un réseau d'emplacements distincts. [...] ce n'est ni par

   le recours à un sujet transcendantal ni par le recours à une

   subjectivité psychologique qu'il faut définir le régime de ses (=

   d'une formation discursive) énonciations" (p.74)

 

* La problématique de L'ARCHIVE permet de ne pas réduire l'espace du

discours à une topographie de textes de multiples sortes : le discours

n'est jamais un donné, il surgit porté par un bruissement de pratiques

obscures qui le configurent et le font circuler selon des trajectoires

qui ne font qu'un avec ses multiples modes d'existence :

 

  "Entre la 'langue' qui définit le système de construction des phrases

   possibles, et le 'corpus' qui recueille passivement les paroles

   prononcées, l' 'archive' définit un niveau particulier : celui d'une

   pratique qui fait surgir une multiplicité d'énoncés comme autant

   d'événements réguliers, comme autant de choses offertes au traitement

    et à la manipulation. Elle n'a pas la lourdeur de la tradition ; et

   elle ne constitue pas la bibliothèque sans temps ni lieu de toutes

   les bibliothèques ; mais elle n'est pas non plus l'oubli accueillant

   qui ouvre à toute parole nouvelle le champ d'exercice de sa liberté ;

   entre la tradition et l'oubli, elle fait apparaître les règles d'une

   pratique qui permet aux énoncés à la fois de subsister et de se

   modifier régulièrement. C'est LE SYSTEME GENERAL DE LA FORMATION ET

   DE LA TRANSFORMATION DES ENONCES" (p.171).

 

* Une telle problématique amène à prendre de la distance à l'égard de

l'herméneutique spontanée qui guide l'analyse des textes :

 

  "L'analyse de la pensée est toujours ALLEGORIQUE par rapport au

   discours qu'elle utilise. Sa question est infailliblement : qu'est-ce

   qui se disait donc dans ce qui était dit ? L'analyse du champ

   discursif est orientée tout autrement ; il s'agit de saisir l'énoncé

   dans l'étroitesse et la singularité de son événement ; de déterminer

   les conditions de son existence, d'en fixer au plus juste les

   limites, d'établir ses corrélations aux autres énoncés qui peuvent

   lui être liés, de montrer quelles autres formes d'énonciation il

   exclut. On ne cherche point, au-dessous de ce qui est manifeste, le

   bavardage à demi silencieux d'un autre discours ; on doit montrer

   pourquoi il ne pouvait être autre qu'il n'était [...]" (p.40)

 

Il y a dans une telle posture quelque chose d'ascétique qui ne peut être

poussé à l'extrême. Néanmoins, c'est une condition sine qua non pour

accéder pleinement à la discursivité, pour ne pas traverser le discours

comme une mince surface de façon à atteindre un sens qui ne lui devrait

rien.

 

* A ces quelques idées de portée extrêmement générale, j'en ajouterai

une qui concerne plus particulièrement le type d'analyse du discours sur

lequel je travaille depuis quelques années, celle des "discours

constituants", c'est-à-dire des discours (religieux, littéraire,

scientifique, philosophique...) qui dans une société donnée prennent en

charge les fondements, qui fondent l'immense masse des paroles sans être

fondées par elles. Il me semble que l'apport de "l'Archéologie" est ici

d'une grande importance, de par la critique radicale que ce livre fait

des présupposés de la démarche philologique : quand il récuse des

notions telles "vision du monde", "auteur", "document", "influence",

"contexte", etc., il libère un espace pour une démarche d'analyse du

discours centrée sur ce que j'appelle "institution discursive",

l'enveloppement réciproque d'un usage de la langue et d'un lieu dans ces

dispositifs d'énonciation que sont les genres de discours. En s'appuyant

sur "l'Archéologie", sur les théories de l'énonciation linguistique et

la pragmatique, on peut repenser tout un ensemble de pratiques et de

notions immémoriales qui dominent encore notre approche des textes.

 

 

Je n'ai parlé qu'en fonction de ma conception de l'analyse du discours ;

j'imagine qu'un autre considérerait différemment "l'Archéologie", ou

même qu'il ne privilégierait pas nécessairement ce livre dans l'oeuvre

de Foucault. Je reconnais que ma lecture a été doublement infidèle.

 

Quand ce livre a été publié, il a pu sembler inactuel : on ne voyait pas

immédiatement comment le rapporter aux savoirs qui l'entouraient,

puisque c'est une série de bouleversements ultérieurs qui l'ont rendu de

plus en plus lisible. On est donc incité à le lire, comme je l'ai fait,

de la manière dont Foucault se refusait à lire les textes des autres :

comme la préfiguration d'un discours à venir.

 

Ma lecture a aussi été infidèle en ce qu'elle l'a interrogé depuis

l'espace d'une discipline dont sa démarche récuse l'univocité. Si l'on

devait commenter Foucault en philosophe, on devrait chercher à

comprendre l'ambivalence de "l'Archéologie" et à montrer comment tout à

la fois elle structure et défait son discours. Car cette démarche n'est

pas ambivalente par accident, c'est la condition d'un mode de penser qui

instaure méticuleusement un monde conceptuel mais qui en même temps

esquive, à travers une série toujours ouverte de négations ou

dénégations, toute fondation et tout territoire. Et qui pourtant laisse

entrevoir cette énigmatique opacité du discours qui fonde la possibilité

de toute analyse du discours.  

 

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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels

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{Chabin, 10/06/2001}

 

STAGE

 

Archive 17 propose un nouveau stage

             "Le métier des archives dans l'environnement électronique"

 

Cible : archivistes et responsables de services d'archives confrontés

à la problématique de l'archivage électronique

 

But du stage :

a) connaître les mots, les notions et les textes de référence liés à

   l'archivage électronique

b) maîtriser le savoir-faire archivistique pérenne dans ce contexte et

   le mettre en oeuvre

 

Contenu :

a) impact des nouvelles technologies sur la production, la diffusion et

   la conservation des documents d'archives ; mutations et permanences

   des concepts archivistiques

b) panorama des lois, normes et groupes de travail relatifs aux archives

   numériques

c) les partenaires de l'archiviste : compétences respectives et langage

   commun

d) atelier

 

Déroulement : session de deux jours, limitée à 6 participants pour

permettre un échange réel et efficace entre formateur et stagiaires

 

Date : 20 et 21 novembre 2001 à Paris (lieu à préciser ultérieurement).

 

Formateur : Marie-Anne Chabin, archiviste-paléographe, théoricienne et

praticienne des archives depuis 15 ans, auteur du Management de

l'archive (Hermès, 2000).

 

Coût du stage : 6300 HT par participant pour les deux jours, prix

comprenant l'animation du stage (cours et atelier), le support de cours

et les déjeuners.

 

Pour toute question, contacter info@archive17.fr

 

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{FR, 04/07/2001}

 

COLLOQUES

 

* De Liesbeth Degand :

Comme vous travaillez sur le texte, je voulais savoir si vous avez

connaissance du workshop que nous organisons au mois d'août :

                           Multidiscpilinary Approaches to Discourse.

                                From text structure to text type.

Si cela vous intéresse (ou quelqu'un de votre équipe), il reste encore

quelques places. Toutes les informations se trouvent sur le site Web :

             http://www.exco.ucl.ac.be/ld/MAD/mad-presentation.htm

Liesbeth Degand (degand@exco.ucl.ac.be)

Université catholique de Louvain, Dép. de Psychologie expérimentale

             http://www.exco.ucl.ac.be/ld/ld-engl.htm

 

* De Etienne Brunet

JOURNÉES D'ANALYSE DES DONNÉES TEXTUELLES de Saint Malo en mars 2002.

La date d'envoi des articles pour JADT est fixée au 1er septembre et

nous demandons une première version de la communication de 12 pages

maximum. Les consignes figurent sur le site :

             http://www.irisa.fr/manifestations/2002/JADT/

 

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