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Sertainly, sivil servants will resieve this news with joy. Also, the hard "c" will be replaced with "k". Not only will this klear up konfusion, but typewriters kan have one less letter. There will be growing publik enthusiasm in the sekond year, when the troublesome "ph" will be replaced by "f". This will make words like "fotograf" 20 per sent shorter. In the third year, publik akseptanse of the new spelling kan be expekted to reach the stage where more komplikated changes are possible. Governments will enkorage the removal of double letters, which have always ben a deterent to akurate speling. Also, al wil agre that the horible mes of silent "e"s in the languag is disgrasful, and they would go. By the fourth year, peopl wil be reseptiv to steps such as replasing "th" by "z" and "w" by "v". During ze fifz year, ze unesesary "o" kan be dropd from vords kontaining "ou", and similar changes vud of kors be aplid to ozer kombinations of leters. Und efter ze fifz yer, ve vil al be speking German like zey vunted in ze forst place.... 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {FR, 12/06/2002} BEAUX SITES Vu sur Litor ; Sur : http://www.intratext.com/X/FRA0024.HTM On y trouve le texte de 93, avec accès à la concordance de tous les mots employés plusieurs fois, et index alphabétique et hiérarchique (le texte est un énorme hypertexte qui renvoie à des pages consacrées à la concordance de chaque mot !). Allant au catalogue de cette cyber-congrégation http://www.intratext.com/FRA/ on découvre 180 ouvrages en français ayant les mêmes particularités. Notamment : le Colonel Chabert, la Chartreuse de Parme, le Discours de la méthode, les trois Mousquetaires, Madame Bovary, Bel-Ami, Candide et... beaucoup de textes religieux. 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {FR, 13/06/2002} SITE TEXTO! Les archives de la liste SdT, depuis sa création en 1995, vont être accessibles sur le site Texto! dans la nouvelle rubrique Archives et secrets. Est-il déjà émouvant de se pencher sur ce passé ? Pour consulter Texto! une adresse historique : http://www.msh-paris.fr/texto/ Mais comme le serveur est parfois défaillant, nous avons créé un site miroir à cette nouvelle adresse : http://www.revue-texto.net Vos critiques et avis sont bienvenus ! 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {FR, 12/06/2002} De Pascal Vaillant : Ghostscript, distiller apocryphe, est un interpréteur de postscript, capable de visualiser des fichiers d'imprimante, et de les convertir en différents formats, dont par exemple PICT ou JPEG, et entre autres PDF (sauf qu'il est moins performant dans cette tâche que la dernière version d'Acrobat Distiller par Adobe -mais si c'est pour convertir du texte, en particulier s'il utilise des polices de base, il fait très bien son boulot). Informations : http://www.cs.wisc.edu/~ghost/doc/AFPL/index.htm Page de liens pour le télécharger : http://www.cs.wisc.edu/~ghost/doc/AFPL/get704.htm (Il semble bien que les macintosh soient dans la liste). Et si vous avez juste besoin de faire une conversion ponctuellement, l'Université de Tübingen met gracieusement à la disposition des usagers d'internet une interface vers ce programme, qui prend un fichier postscript en entrée, et vous renvoie le résultat : http://w210.ub.uni-tuebingen.de/ps2pdf/ [N.B. Vous savez faire des fichiers postscript sans les envoyer à l'imprimante ? Dans les menus d'impression, il faut choisir "imprimer dans un fichier".] 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 Publications Publications Publications Publications Publications 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {Chabin, 16/05/2002} VIENT DE PARAÎTRE Le dernier numéro de la revue Document numérique, numéro spécial, s'intitule "Nouvelles écritures", sous la direction de Sylvie Leleu-Merviel. Quelques extraits du sommaire : - "Nouvelles écritures de théâtre : le texte est tout le problème", de Sylvie Leleu-Merviel - "La littérature au risque du numérique", de Jean Clément - "Les politiques de l'invisible : du mythe de l'intégration à la fabrique de l'évidence" d'Yves Jeanneret. Etc. Pour plus d'informations : http://www.hermes-science.com/ 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {Chabin, 11/06/2002} VIENT DE PARAÎTRE Marie-Anne Chabin : L'Affaire Chevreau Julien L'Harmattan, collection Roman historique, 2002, 288 p. ISBN : 2-7475-2560-0 - Prix : 22,85 euros L'Affaire Chevreau Julien 1918. Julien Chevreau est installé en Perse, sur les bords de la mer Caspienne. Handicapé par sa jambe orthopédique mais servi par un don des langues hors du commun, ce paysan français ne passe pas inaperçu. Brusquement, il est accusé d'espionnage par les Anglais, dépouillé de ses biens, expédié en France. Soutenu par la Ligue des droits de l'Homme et de nombreux députés, Chevreau réclame vainement justice. C'est alors qu'il rencontre Emma. Un dossier "Affaire Chevreau Julien" dormait dans les archives du Quai d'Orsay. Fascinée par cette histoire singulière, Marie-Anne Chabin a voulu faire revivre le personnage de Julien. De Paris à Londres, en passant par Saint-Mars-la-Brière (Sarthe) et Asnières-sur-Seine, chaque indice historique a été traqué et utilisé pour mettre en scène les acteurs de cette tranche de vie. Ancienne élève de l'Ecole des Chartes, Marie-Anne Chabin a été archiviste départementale de l'Essonne, puis administrateur de la vidéothèque d'actualités de l'Institut national de l'audiovisuel. Elle dirige aujourd'hui un cabinet d'expertise en archivage. Elle est notamment l'auteur d'un essai : Je pense donc j'archive (L'Harmattan, 1999). 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 12/06/2002} Yong-Ho CHOI Le problème du temps chez Ferdinand de Saussure L'Harmattan, coll. Sémantiques, 2002 Yong-Ho Choi : Le retour à Saussure que je réclame doit être compris non pas comme un retour à l'origine romantique, impliquant l'idée d'auteur, mais comme un retour à la source textuelle. D'où la question de lecture de Saussure à travers ses divers écrits : cours de linguistique générale, recherches sur la légende germanique et recherches sur les anagrammes. Cette lecture se voudrait d'abord critique et ensuite positive. En introduisant le problème du temps, je voudrais donc faire d'une pierre deux coups : d'abord mettre un correctif à la sévère critique selon laquelle la pensée saussurienne est à la fois anhistorique et anti-pragmatique, bref a-temporelle ; ensuite ouvrir une nouvelle dimension socio-historique, voire discursive nous permettant de penser le dynamisme du système linguistique. Quelle conséquence en tirer ? Le problème du temps ainsi posé me permet, à la fin du parcours argumentatif, de revenir sur la notion de valeur saussurienne. Je m'explique. D'après Saussure, la valeur d'un signe, par exemple, a, ne peut être défini que par non-a. L'erreur du structuralisme en linguistique consiste à dire que la relation entre a et non-a est complètement circonscrite par un Système A, qui est immuable et fermé. On pourrait schématiser cela comme suit : A(a, -a). Or, la langue c système de signes n'est jamais en repos. Elle n'existe qu'en circulant dans la société. (L'hypothèse de Johannes Fehr). Si tel est bien le cas, le A n'existe que comme A', A'', A''', etc. Donc, la configuration théorique doit être complètement changée. La langue comme système de signes se réalise différemment à chaque instant suivant la situation de communication. Pour en rendre compte, il faurait modifier notre premier schéma comme suit : A : A'(a, b), A''(a, c), A'''(a, d), etc. On pourrait en tirer la conclusion suivante : La valeur linguistique n'est pas donnée une fois pour toutes mais déterminée chaque fois différemment dans un discours. Cet ensemble de réflexions me permettra de rejoindre la sémantique textuelle. 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 12/06/2002} Ferdinand de Saussure Ecrits de linguistique générale édités par Simon Bouquet et Rudolf Engler Bibliothèque de Philosophie, Editions Gallimard, février 2002. La découverte en 1996, dans l'orangerie de l'hôtel de Saussure à Genève, des manuscrits d'un "livre sur la linguistique générale" évoqué plusieurs fois par Ferdinand de Saussure et qu'on croyait définitivement perdu, jette un jour nouveau sur la pensée du refondateur moderne des sciences du langage. Publiées pour la première fois dans la présente édition, ces pages sont réunies avec l'ensemble des écrits saussuriens concernant la linguistique générale conservés à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève. Grâce à ces textes, une nouvelle lecture de la pensée du linguiste genevois peut prendre forme, permettant de briser une épaisse gangue de préjugés. Ils obligent à revoir l'image qui s'était fixée sur la foi de la reconstruction de la pensée du maître par ses élèves, effectué dans le Cours de linguistique générale paru en 1916. Saussure apparaît aujourd'hui, dans ses écrits originaux, à la fois comme un épistémologue de sa discipline et comme un philosophe, soucieux de dénoncer les illusions de toutes sortes dont l'étude du langage est l'occasion pour repenser les fondements de son étude. A l'orée du XXI° siècle, l'héritage retardé de cette pensée entre en résonance de façon étonnamment actuelle avec les questionnements des sciences du langage, des sciences humaines et des philosophies du langage. La manière saussurienne de s'interroger sur la nature du sens du langage demeure, plus que jamais, dérangeante. 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 12/06/2002} LA LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN a le plaisir de vous informer de la parution de SYMPHILOSOPHIE F. SCHLEGEL À IÉNA avec la traduction de la PHILOSOPHIE TRANSCENDANTALE (INTRODUCTION - PHILOSOPHIE DE LA PHILOSOPHIE) Collection "Bibliothèque des Textes Philosophiques" 224 pages, 13,5 x 21,5 cm, ISBN 2-7116-1558-8, 28 e Le romantisme d'Iéna s'est voulu non seulement l'organe d'une "poétisation" du monde (Novalis), mais aussi d'une transformation de la philosophie à partir d'une réflexion sur le langage. La philosophie devient "recherche en commun de l'omniscience", symphilosophie, mise en relation universelle, recomposition des arts et des savoirs, polémique infinie, dialogue. En reconstituant dans sa cohérence le projet encyclopédique de Friedrich Schlegel (1772-1829), ce livre replace le romantisme dans le contexte philosophique de la naissance de l'idéalisme. Celui-ci n'aurait pas su, à ses yeux, penser le langage, et avec lui la dimension de l'échange et de l'histoire. La symphilosophie, en revanche, s'inspire de la philologie, de la philosophie du langage, de l'herméneutique et de l'essai d'une reformulation dialectique de la philosophie transcendantale. Au-delà des "fragments", c'est dans le cours de Philosophie transcendantale donné à Iéna en 1800-1801 que Friedrich Schlegel expose sa pensée de façon quasi systématique à partir des trois propositions suivantes : toute vérité est relative ; tout savoir est symbolique ; la philosophie est infinie. La réconciliation de la philosophie et de l'histoire prend alors la forme d'une philosophie de la philosophie, dont on souligne la portée autant que les limites. Une bibliographie étendue présente l'état de la recherche sur F. Schlegel et la philosophie depuis vingt ans. Avec la traduction de F. Schlegel, Philosophie transcendantale (introduction et troisième partie) et d'aphorismes de 1800 - 1801. Edité par Denis Thouard, chercheur au C.N.R.S. à Lille (U.M.R. "Savoirs et textes"). Ont collaboré à cet ouvrage : D. Di Cesare (Rome), E. Behler Ý (Seattle), C. Berner (Lille). 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 {FR, 12/06/2002} BONNES FEUILLES ET BONNES BOUTEILLES François Rastier, avant-propos à l'ouvrage de Sylvie Normand, Les mots de la dégustation du champagne, Paris, Editions du CNRS, sous presse. Le goût des mots The bottleneck of the hedonic agent is the lack of experience. Paul Bourgine, Documents du troisième congrès européen de systémique Comme tous les objets culturels, le champagne suscite des questions qui intéressent sa perception et son évaluation, voire son interprétation. Puisqu'il ne suffit pas à donner assez d'esprit pour les résoudre, il convient de les aborder scientifiquement. Inutile de souligner l'importance du thème traité par Sylvie Normand : la verbalisation de l'expérience gustative reste le principal moyen d'évaluer les produits alimentaires, et les enjeux économiques des analyses de textes de dégustation ne sont pas minces. Par ailleurs, l'étude des divergences évaluatives revêt un intérêt scientifique particulier : les méthodes d'enquête classiques ont tendance en effet à lisser les différences individuelles, qui éclatent pourtant dans l'évaluation, rendue si difficile par les différences individuelles de perception, d'expérience et de compétence. Cependant, la psychologie sociale a confirmé la force du consensus et sa rétroaction sur les perceptions. En généralisant ses conclusions, on peut dire que c'est en partageant des valeurs et en synchronisant nos émotions que nous pouvons vivre dans un monde culturel commun. La dimension sociale de la perception reste toutefois sous-estimée, alors qu'elle revêt la plus grande importance pour une sémiotique des cultures. Le vin n'est certes pas qu'affaire de mots, mais, comme tout objet culturel, il n'entre dans l'espace social que quand il est dit et jugé. Toutes les étapes de son élaboration et de sa consommation sont accompagnées par des propos et des textes qui relèvent de genres souvent plus stricts qu'il ne paraît et qui n'ont jamais été décrits systématiquement. Le contrat social. - L'évaluation suppose une norme sociale ou du moins socialement sanctionnée, sur laquelle s'exerce la critique collective : elle s'élabore dans le langage et par lui. L'étiquette, au sens bordelais du terme, qui inclut toutes les conditions externes de la dégustation, préjugés compris, pourrait être définie comme la stratification de cette norme sociale implicite. On retrouve à propos du vin toutes les ambiguïtés des objets culturels. Comme les avancées brillantes de la chimie et de la neurophysiologie ne permettront pas de trouver la molécule du prestige et ses récepteurs, c'est dans les sémiotiques qui entourent le vin et dans les textes qui en parlent que l'on pourra saisir et analyser les évaluations qui instaurent ce prestige. Le sémiotique exerce une rétroaction sur l'expérience perceptive : les objets culturels sont perçus et catégorisés de manière spécifique, liée à l'expérience culturelle, comme en témoigne la perception catégorielle des sons du langage. Puisque les évaluations se mêlent inextricablement aux descriptions, est-ce à dire que l'on doit en rester à la subjectivité ? Peut-on, à propos de la dégustation, retrouver les ambitions scientifiques de la phénoménologie, qui serait une science des perceptions et non des objets qui en sont les corrélats ? Parmi les niveaux de description de l'objet culturel, on a souvent tendance à privilégier le substrat physique et physiologique, en l'espèce les molécules aromatiques, et leurs récepteurs neuronaux. On rappelle ainsi que la perception transforme du stigmatique en vectoriel, extrait des formants des fréquences, permet par des calculs d'invariance l'objectivation des percepts, en rapportant la série des stimuli à un même objet. Toutefois, le rapport entre le dégustateur et le vin ne se limite aucunement à cela, car scientifiquement tous les vins se valent, et il faut donc admettre la rétroaction du niveau sémiotique, tant celui des discours (critique, voire scientifique) que celui des sémiotiques associées (images, étiquettes) ; et d'autre part celui des représentations individuelles et collectives, pour autant qu'on puisse les distinguer de leur substrat sémiotique. Cependant, à ces trois niveaux, physique, sémiotique et représentationnel, ne correspondent que deux langages : celui de la chimie et de la neurophysiologie, tourné vers le niveau physique ; celui de la critique, tourné vers celui des représentations. Entre les deux, y a-t-il une place pour un langage de description de l'expérience pure, une phénoménologie scientifique ? Nous formulons l'hypothèse que les représentations ne sont pas dissociables des discours qui les expriment, les stabilisent, permettent de les partager, voire de les retrouver, comme l'évocation qui émane du nom même des crus. Il reste impossible de réduire la perception à une simple catégorisation, car elle est aussi d'emblée une évaluation, entendue comme forme de la perception sociale. Pourquoi un sujet, fût-il expert, isolé dans un box de dégustation, sans repères ni consignes, ne peut-il rien verbaliser, alors que si on lui glisse quelques mots écrits sur un papier, il le peut ? Cette petite liste, sans doute lue comme un texte, voire une question qui établit un contrat social, instaure une hypothétique doxa qui lui permet de formuler une réponse. Les expériences dérangeantes de Frédéric Brochet ont montré la force des attentes liées à la bouteille ou à la couleur, qui reflète sans doute une volonté de partager une opinion et peut-être de synchroniser des émotions. Alors qu'on utilise des vocabulaires différents pour les blancs et pour les rouges, un blanc coloré en rouge sera décrit comme un rouge, car la couleur présage du goût. Quant à la qualité, les dégustateurs, même professionnels, restent si sensibles aux "données corrollaires" que la notation du même vin peut varier de cinq points dans une même session. Il ne s'agit pas là d' "erreurs perceptives" : ces variations montrent simplement le caractère déterminant du contexte situationnel et le rôle médiateur du sémiotique, sans parler du caractère inducteur des consignes. En fonction de leurs objectifs, les pratiques spécifient l'intentionnalité, dirigent l'attention sur des gammes particulières de propriétés et déterminent pour une part des régimes sensoriels. Non seulement le vin dégusté et le vin simplement bu n'ont pas les mêmes caractères, mais encore il faut distinguer diverses pratiques de dégustation, comme la dégustation hédonique de l'amateur ou les dégustations professionnelles d'assemblage et de comparaison. Bref, l'analyse du goût et de ses verbalisations doit être contextualisée par la connaissance des ces pratiques . Mots et textes. - En matière d'odeurs et de goûts, nos langues disposent de vocabulaires peu différenciés. En outre, les traditions culturelles -et culturales- différentes ne favorisent pas la traduction. Ainsi le concept et le mot de terroir n'existent pas dans les langues germaniques, ni même en espagnol. Même en français, les traditions régionales demeurent, les mots varient avec les régions ; par exemple, la notion bourguignonne de mâche n'a pas d'équivalent propre dans le Bordelais. En première analyse, il est clair que les "mots du vin" sont liés à des genres et à des situations précises : Sylvie Normand en donne des exemples pour les termes d'évaluation, et leurs grandes variations selon les contextes, notamment les variations des seuils évaluatifs qui structurent les classes lexicales. Le lexique n'est pas une nomenclature, car les mots dépendent des textes où ils prennent sens. Tout d'abord, ils ne sont pas les mêmes selon l'oral et l'écrit. À l'oral même, ils diffèrent selon les types de dégustation ; à l'écrit, selon les genres, note courte, article critique, etc. À la diversité des pratiques correspond celle des genres et des lexiques qui leur correspondent ; ce facteur de diversité linguistique reste largement sous-estimé, voire insoupçonné : à l'oral, on pourra entendre qu'un champagne est "épicé" ou "sent la charcuterie" ; c'est exact, car la charcuterie comme le vin contiennent des ferments lactiques, mais ces appréciations restent totalement exclues des genres écrits en vigueur. A l'écrit, les propos laudatifs sont plus fréquents, car les genres écrits ont plutôt pour objectif de vanter les qualités que de déceler les défauts. Tout cela apparaît clairement dans ce livre. Le lecteur verra par exemple que sur des listes comparables d'une soixantaine d'adjectifs répertoriés à l'oral et à l'écrit, seuls une dizaine sont communs, et encore ne sont-ils pas dans les mêmes classes, ou n'ont pas les mêmes voisins : par exemple, la paire généreux / mûr à l'écrit devient généreux / ouvert à l'oral. Par ailleurs, les types d'énoncés diffèrent également : généralement affirmatifs à l'écrit, ils sont plus souvent nuancés voire hypothétiques à l'oral. Enfin, les structures lexicales sont plus variables à l'oral, car le travail de la discussion critique consiste précisément à remanier les classes et à déplacer leurs seuils évaluatifs. Appliquées ici de façon novatrice dans ce domaine, les méthodes de la linguistique de corpus ouvrent des possibilités empiriques très prometteuses, permettent de tester des hypothèses, voire engagent à en formuler de nouvelles. Intrigue gustative et totalité. - Faut-il rêver d'un discours critique devenu scientifique, qui refléterait les perceptions d'un observateur standard et reléguerait le discours critique dans les brumes de la pensée magique ? Ou bien le discours scientifique et le discours critique sont-ils en train de diverger irrémédiablement ? Depuis quelques années, avec les progrès de l'analyse physico-chimique, un écart croissant se creuse entre les deux discours. Il serait illusoire de vouloir le combler par une terminologie ad hoc : pour représenter les huit cents molécules qui concourent au goût du vin, les noms de ces molécules suffisent amplement. Dans le discours critique, inutile de vouloir distinguer les descriptions et les évaluations, même en prétendant que les dernières priment : le langage de la dégustation ne peut véritablement distinguer les unes des autres, et il n'a pas d'autre objectivité que celui d'une intersubjectivité conquise. De ce point de vue, les systèmes de métaphores, loin de s'écarter d'une illusoire description objective, soulignent, outre les richesses évocatoires de la synesthésie, les fonctionnalités mythiques des discours de dégustation : par exemple, une mention comme bassine à confiture, utilisée par un professionnel pour décrire un Roederer 1982, renvoie d'une part à la couleur, de l'autre au goût, enfin à l'artisanat et à l'image des cuisines d'antan. L'ancrage métaphorique revêt ainsi une fonction de contextualisation culturelle. Sans doute d'ailleurs chaque région a-t-elle son mythe : les fruits rouges du Bourgogne semblent en rapport avec l'image paysanne et sans façons que veut donner cette région, si différente de la prétention aristocratique du Bordelais, où l'on évoquera volontiers la canelle et autres épices lointaines familières dans cette région de commerces maritimes. Parler de fonction mythique, n'est-ce pas encore une métaphore de plus ? Sylvie Normand a justement souligné l'orientation temporelle des différents adjectifs descriptifs de son corpus. Elle reflète une dialectique implicite, dont les trois phases sont l'attaque, le corps et le finale. Or, Aristote définit le mythos comme une action menée à sa fin et formant un tout. La dialectique de la dégustation se présente ainsi comme une succession de phases, chacune accompagnée de ses évaluations, mais qui forment une totalité. Cette structure événementielle élémentaire apparaît dans le déroulement même des comptes rendus de dégustation. Si le mythos n'est ici qu'un développement temporel, il faut s'interroger cependant sur la fonction rituelle de la dégustation collective entre amateurs : dans tout rituel, on renoue le lien entre un mythe, un moment déterminé et une catégorie singulière de sensations. Cela approfondit une révélation ou du moins la rend présente. L'unité retrouvée de la perception et de la description, de la situation rituelle et du mythe induisent un effet de révélation, comme en poésie l'accord du son et du sens. D'où sans doute l'atmosphère dévotionnelle des groupes de dégustation. Cependant, comme tant d'autres, ce rituel garde quelque chose de sacrificiel : l'objet du débat tend à disparaître à mesure qu'il se développe, puis finit inévitablement par prendre un tour commémoratif. Art, critique et herméneutique.- La hiérarchie antique établie entre les sens nobles (la vue et l'ouïe) et les sens ignobles (le toucher, l'odorat et le goût) se reflète dans la hiérarchie des discours critiques : la critique picturale, littéraire et musicale, bref la critique artistique tient le haut du pavé, alors que la critique gastronomique et la dégustation (on parlait jadis de critique des vins) sont considérées comme des passe-temps d'amateurs, les notions artistiques n'étant là que par métaphore. On hésite à parler d'art, car les vins n'ont pas d'auteur unique et semblent des oeuvres d'atelier : on évoquera plus facilement l'art d'un cuisinier que celui d'un vigneron ou d'un château. Malgré tout, pour ce qui concerne les sens non nobles, on ne parle d'art qu'avec humour, comme Proust à propos de sa cuisinière. Ayant eu naguère, distinction inoubliable, la chance de participer aux travaux du conseil scientifique de L'amateur de bordeaux, j'y ai retrouvé tous les problèmes classiques de la critique et de l'herméneutique. Tout d'abord, celui de la qualité allait sans dire : Schleiermacher notait qu'on n'interprète pas les conversations sur la pluie et le beau temps (Wetterspräche) ; on ne déguste pas plus les vins de table. Au moment où les grandes productions de demi-luxe favorisent les vins de cépage et les produits griffés aisément reconnaissables, il faut en outre rappeler le problème de la complexité, crucial et pourtant mal cerné : de la même façon qu'un texte classique ne peut jamais être complètement compris, un grand vin ne laisse jamais discerner tous ses secrets, peut être bu en ménageant des surprises indéfinies, et demeure dans la mémoire, voire dans l'histoire. Il rejoint la tradition interprétative qui permet de garder lisibles (ou buvables...) des objets culturels dont le sens pourrait sans cela disparaître. On retrouve ici le rôle du public, celui des amateurs pour qui l'artiste crée, la ferveur des cercles et la fonction collective d'un inépuisable débat. Ainsi une sémantique des textes de dégustation peut-elle introduire, au niveau d'analyse qui reste le sien, les grands problèmes d'une sémiotique des cultures. 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 {FR, 12/06/2002} Valérie Delavigne : Les principes d'Alceste (extrait de sa thèse : Les mots du nucléaire Contribution socioterminologique à une analyse de discours, Université de Rouen, 2001, pp. 324-329) Quels sont ses principes d'Alceste ? Alceste est issu des travaux de Max Reinert qui a développé dans l'équipe de Jean-Paul Benzécri au CNRS une méthode de classification originale. Généralement, les logiciels d'analyse statistique partent des mots et, en recherchant leurs cooccurrents, forment des classes. Ce type d'analyse s'appelle une classification hiérarchique ascendante. Alceste inverse la démarche, à savoir qu'il utilise une méthode de classification descendante : le logiciel opère des fractionnements successifs du texte et en extrait des classes représentatives en rapprochant les segments qui contiennent les mêmes vocables. Des "documents lexicométriques" sont obtenus à partir des formes segmentées : calculs des fréquences des vocables ; index alphabétique et hiérarchique (par ordre de fréquence) qui permettent de localiser l'ensemble des occurrences et de visualiser leur contexte immédiat ; concordanciers qui, en mettant en rapport les différents contextes d'une même forme, offrent une vision bien plus synthétique qu'une lecture séquentielle ; inventaire des segments répétés qui peuvent être des locutions ou de simples associations syntagmatiques ; repérage des cooccurrences (associations privilégiées de formes au sein d'une unité de contexte donnée). Ces documents peuvent être obtenus sur le corpus entier ou sur plusieurs fragments du corpus que l'on peut ensuite comparer entre eux. Il faut bien voir que les données numériques n'ont de valeur qu'en tant qu'éléments de comparaison, soit à l'intérieur d'un même corpus, soit entre corpus comparables. L'avantage de tels documents tient au fait qu'en sortant de la linéarité du texte, le regard porté sur le corpus est différent. Mais il semble évident qu'un retour au texte dans sa globalité reste nécessaire pour une analyse complète. Comment Alceste procède-t-il ? A partir d'un corpus mis en forme, le logiciel découpe le texte en "phrases", les "unités de contexte" (u.c.), découpage qui peut reposer sur la ponctuation si elle existe, puis, en cours de traitement, sur le nombre de mots présents au sein de ces u.c.. Alceste reconnaît ensuite les formes dans les u.c. suivant trois phases : - une phase de segmentation découpe le corpus en formes grâce aux délimitateurs que constitue la ponctuation ; - la phase suivante identifie les occurrences de chaque forme grâce à un dictionnaire ; les mots outils sont distingués des mots pleins ; - la dernière phase lemmatise et désambiguïse les formes repérées. Trois types d'unités de contextes sont nécessaires à Alceste. - Les unités de contexte initiales (u.c.i.) sont définies par l'analyste. Elles permettent de croiser les textes en leur affectant des variables. Pour notre part, chaque u.c.i. est constituée par les textes provenant de nos douze énonciateurs. - La deuxième unité de contexte, l'unité de contexte élémentaire (u.c.e.) est définie par Alceste. Comme nous l'avons dit, elle est fondée sur la ponctuation, puis sur le nombre de mots. L'u.c.e. correspond grosso modo à la phrase. - Nous ne nous préoccupons pas de la troisième unité de contexte, également définie par le logiciel. C'est un regroupement d'u.c.e. consécutives qui permet les calculs. Le logiciel est fondé sur l'analyse statistique distributionnelle. Les mécanismes qu'il met en oeuvre sont donc indépendants du sens : Alceste classe de façon statistique des "phrases" du corpus étudié en fonction de la distribution du vocabulaire à l'intérieur de ces "phrases". Le logiciel repère ensuite les formes réduites dans les différentes unités de contexte du texte et les met en relation : le logiciel calcule les liens entre ces unités de contextes, c'est-à-dire qu'il relie les contextes qui ont des mots communs. Il croise les unités de contexte et la présence/absence de ces formes dans les u.c. En d'autres termes, il forme des classes à partir des "phrases" qui contiennent les même mots. Le principe d'Alceste est d'effectuer diverses classifications en partitionnant les u.c. et les formes. Puis, de façon itérative, le logiciel fait varier le nombre de formes par u.c., compare les classes obtenues et conserve les classes qui sont associées au plus grand nombre d'u.c.. En fin de course, on obtient un certain nombre de classes représentatives du texte analysé. Il met ainsi en évidence les principaux "mondes lexicaux" (1995 : 3) du corpus traité, c'est-à-dire des ensembles de mots plus particulièrement associés à une classe. L'analyse se déroule en quatre phases subdivisées en plusieurs opérations (le "plan d'analyse"), modulable selon son gré. Pour notre part nous avons conservé le plan d'analyse standard. - L'étape A. Cette première étape reconnaît les u.c.i. et les "mots étoilés", c'est-à-dire les mots que l'on marque à l'aide d'une étoile et qui, considérés comme hors corpus, ne seront pas analysés (ex : les énonciateurs). Grâce à un dictionnaire s'effectuent l'identification des locutions et des mots-outils, une catégorisation et une lemmatisation. Alceste établit alors un dictionnaire des formes réduites du corpus analysé à partir de la racine des mots quelle que soit leur catégorie syntaxique. Par exemple, act+ion regroupe tout à la fois les adjectifs actif et actifs et les noms action, activité et activités. - L'étape B. La deuxième étape découpe le corpus en unité de contexte élémentaire (u.c.e., grossièrement : les phrases) et les classe en fonction de leur distribution. Alceste constitue ainsi une classe sur la base du contenu lexical de chaque u.c.e. : il rapproche les u.c.e. contenant les mêmes formes lexicales. - L'étape C fournit les résultats sous forme de fichiers : les classes obtenues, les formes les plus fréquentes de chacune d'elles... - C'est au cours de l'étape D que sont effectués des calculs complémentaires : deux types de tris croisés (une partie du texte est croisée avec une variable ou un mot particulier ; c'est ce qui permet de se rendre compte de qui utilise quoi, avec quels autres mots), l'analyse factorielle des correspondances (croisement du vocabulaire et des classes) visualisée sous forme de représentations graphiques très parlantes, et une classification ascendante hiérarchique qui montre les liens plus ou moins proches que les mots entretiennent entre eux. Ces analyses constituent une aide à l'interprétation des résultats statistiques et à la description des classes. Chaque classe peut être ensuite examinée grâce à un "profil" : pour chacune, Alceste donne accès à la liste des mots les plus significatifs (mots pleins, mots outils, mots étoilés), aux u.c. les plus significatives, aux cotextes caractéristiques des classes, aux concordances. L'analyse par le calcul du Chi2 permet de déterminer la forte ou la faible appartenance d'un mot à une classe : le Chi2 met en évidence les termes les plus représentatifs d'une classe donnée. D'autres méthodes viennent compléter cette analyse par classe (tris croisés, analyse factorielle des correspondances, classification ascendante hiérarchique). Pourquoi utiliser Alceste ? En procédant à l'analyse statistique d'un corpus, Alceste présente l'avantage d'offrir des pistes interprétatives. Il ouvre la voie à un certain type d'analyse et éclaire sur des faits statistiques du corpus. C'est donc une aide informatique que nous utiliserons comme un guide vers une description d'usage des formes linguistiques dans le corpus. Comme nous l'avons dit, il offre un autre regard sur le corpus, même s'il ne saurait suffire à une analyse réellement linguistique. Le logiciel réclame, afin d'être optimisé, que le corpus qu'on lui soumet présente une certaine cohérence thématique (autrement dit, que les différentes parties du corpus aient des mots en commun), ce qui est le cas de notre corpus. L'analyse de type statistique effectuée par Alceste découpe ensuite le corpus en sous-parties homogènes d'un point de vue thématique (les différents motifs abordés dans ce thème général). Le logiciel offre alors un découpage du corpus en classes thématiquement homogènes. Dans chacune de ces classes, les mots coprésents sont associés. Nous pouvons ainsi examiner quelles occurrences apparaissent dans ces classes et fonctionnent en cooccurrence. A partir du plan d'analyse qui peut être modulé par l'analyste, Alceste classe les ressemblances et les dissemblances de vocabulaire. L'intérêt de ce logiciel est de fournir plusieurs types d'outils qui permettent des commentaires informés. Ainsi, il permet d'avoir accès à un certain nombre de données comme : - Le dictionnaire des formes analysées ; - Le dictionnaire des formes réduites avec leur affectation à chaque classe et leur distribution ; - La liste des formes réduites les plus fréquentes; - La liste des hapax du corpus ; - Des dendrogrammes qui permettent de visualiser le liens que les formes d'une même classe entretiennent entre elles ; - Le profil des classes en fonction des absences significatives ; - Le profil des classes en fonction des présences significatives ; - La carte correspondant à l'analyse factorielle des correspondances ; - La liste des segments répétés par fréquence décroissante sur l'ensemble du corpus et par classe. L'ensemble de ces documents lexicométriques offre ainsi des pistes pour une analyse de contenu du corpus. Cependant, ces documents présentent également un intérêt certain pour une analyse de discours et une étude du fonctionnement des termes dans la mesure où le logiciel dénombre des formes lexicales et en montre les cooccurrences. Cet outil a été validé en terminologie par les travaux de Josette Rebeyrolle (1995) dans le domaine spatial et ceux de Sylvie Normand (1999) sur le vocabulaire de la dégustation par exemple. Les limites du logiciel Les outils contraignent parfois les objectifs de recherche. Ainsi Alceste permet d'effectuer une analyse sur un certain volume de documents numérisés. Afin que les résultats statistiques gardent leur pertinence, le corpus soumis à Alceste doit être suffisamment volumineux. Cependant, la;version du logiciel que nous avons exploitée dans un premier temps ne peut traiter de corpus supérieur à 1,5 mégaoctets. Aussi avons-nous dû fractionner notre corpus. Ce n'est pas inintéressant dans la mesure où cette partition permet d'avoir une description énonciateur par énonciateur ou de regrouper certains énonciateurs (le corpus institutionnel rassemble EDF, ANDRA et COGEMA ; le corpus vulgarisation rassemble Science & vie et Sciences et Avenir ; le corpus média rassemble le Monde diplomatique, le Paris-Normandie, le Courrier cauchois, L'Express et le Nouvel Observateur), ces deux derniers sous-corpus ayant également été analysés ensemble. Nous avons tenté de nous familiariser avec un certain nombre de méthodes statistiques, nécessaires à l'exploitation des résultats. Cependant, malgré la transparence affirmée par l'auteur, le logiciel reste une "boîte noire", qui, de fait, "donne à voir sa complexité" (Alceste, 1995 : 5) ! Les résultats obtenus permettent néanmoins une utile analyse de contenu du corpus et fournissent d'intéressantes pistes de réflexion. Une bonne connaissance du corpus est cependant nécessaire avant l'utilisation d'Alceste. Certains traitements sont un peu trop elliptiques sur le plan de l'analyse. Par exemple, la lemmatisation peut constituer un non-sens de l'analyse : utiliser un terme au singulier peut ne pas être la même chose que de l'utiliser au pluriel. De la même façon, Alceste classe sous la même forme arme+ : arme, armées, armement, armements, armes ou sous incid+ent : incidence, incidences, incident et incidents, ce qui est bien évidemment contestable. De même, il regroupe sous américa+, les formes américain, américaine, américaines, américains, ce qui se justifie tout à fait d'un point de vue de lemmatisation, mais également américano-soviétique(s), ce qui là, pose plus de problèmes. D'autre part, dans la mesure où Alceste ne prend pas le sens en compte, il ne peut départager les cotextes dans lesquels une forme est utilisée au sens propre et ceux dans lesquels elle prend un sens métaphorique. D'autre part, le traitement auquel procède Alceste est sous-tendu par l'hypothèse selon laquelle que les structures sémantiques sont liées à la distribution des mots dans le texte et que cette distribution est pertinente. C'est une hypothèse forte qui doit être gardée à l'esprit afin de jeter un regard critique sur les résultats que le logiciel propose. Si Alceste repère par des méthodes statistiques ce qu'il y a de commun entre les différents points de vue sur un objet de discours particulier, rappelons que l'analyste a une part essentielle en ce qui concerne l'interprétation des résultats. Par exemple, la construction de classes peut laisser croire que le logiciel livre une "vérité intrinsèque" sur le corpus, mais il s'avère que, dès lors que l'on change quelques paramètres (introduction de variables par exemple), ces classes peuvent changer. D'autre part, c'est l'analyste qui attribue un nom aux classes obtenues, en fonction du travail exploratoire qu'il a pu mener sur le corpus, donc qui produit une interprétation. En dernier ressort, dans l'ensemble des résultats, seules les données pertinentes pour la problématique envisagée sont retenues. La connaissance préalable que l'on a du corpus induit la sélection de tel ou tel fait aux dépens d'autres. Sont passées sous silence certains faits "anormaux" ou difficilement interprétables. En fait, cette sélection vise à montrer ce que l'analyste devine ou pressent et ne sont recherchés que les résultats qui viennent corroborer ses hypothèses implicites ou explicites. Il existe donc un risque de dérapage interprétatif qui nécessite de se poser la question de la fiabilité des résultats de ce type d'analyse. Une méthodologie d'analyse des réponses doit être élaborée afin de minimiser ce risque. Il faut donc considérer que les données fournies par le logiciel ne sont que des pistes qui réclament un retour à la linéarité des textes et que les résultats doivent être croisés avec d'autres types de faits. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 12/06/2002} Un atelier-formation interdisciplinaire à l'initiative de l'ARCo soutenu par le CNRS sur "Variation, construction et instrumentation du sens" aura lieu à Tatihou (50) du 10 au 18 juillet 2002. Vous trouverez toutes les informations sur le site : http://users.info.unicaen.fr/~anne/HTML/atelier.htm 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 12/06/2002} Le XVII Congrès des linguistes (2003) à Prague. Si vous n'avez pas encore vu l'information, regardez sur : http://www.cil17.org/ 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 12/06/2002} Les fondements philosophiques, épistémologiques et idéologiques du discours sur la langue en Union Soviétique, 1917-1950 Crêt-Bérard (Vaud, Suisse), 5-7 juillet 2002 contacts : Patrick SERIOT patrick.seriot@slav.unil.ch Programme : vendredi 5 juillet 2002 - 10 h 00 V.M. ALPATOV (Moscou) La recherche d'une linguistique marxiste dans les années 1920-30 (en russe) - 10 h 30 pause - 11 h 00 DULICHENKO A. (Tartu) Le marxisme et les projets de langue universelle du communisme - 11 h 30 T.M. NIKOLAEVA (Moscou) Deux regards sur la langue et sa description dans la linguistique russe de l'entre-deux guerres. - 14 h 30 Curt WOOLHISER (Austin, Texas) La politique linguistique soviétique dans les confins polono- biélorusses dans les années 30. - 15 h 00 Virginie SYMANIEC (Paris) L'Académisation du biélorussien : un problème politique (1918-1937) - 16 h 00 Paul WEXLER (Tel Aviv) Evaluating Soviet Yiddish language policy in the light of the history of the language - 16 h 30 GVANTSELADZE Teimuraz (Tbilisi) Les bases théoriques de la "guerre linguistique" dans le Caucase à l'époque soviétique (1917-1950) Samedi 6 juillet 2002 - 9 h 30 Patrick SERIOT (Lausanne) L'antidarwinisme comme alternative explicite au paradigme néogrammairien chez Jakobson et dans la linguistique soviétique des années 30. - 10 h 00 Boris GASPAROV (New-York) Bakhtin, Lysenko et le paradigme de l'hybridation - 10 h 30 pause - 11 h 00 Kalevi KULL (Tartu) Holisme et nomogénèse en biologie - 11 h 30 VELMEZOVA E. (Lausanne/Moscou) Marr et L. Lévy-Bruhl, deux visions de l'évolutionnisme - 14 h 30 T. GLANC (Prague) Le lexique du linguiste. Le discours sur la langue dans les cours inédits de Jakobson sur le formalisme russe (1935) - 15 h 00 K. ZBINDEN (Sheffield / Lausanne) Bakhtin, Novelistic Discourse and Heterology [raznorechie]. - 15 h 30 pause - 16 h 00 B. VAUTHIER (Madrid) Bakhtine, une relecture - 16 h 30 Craig BRANDIST (Sheffield) Bakhtin, Marrism and the sociolinguistics of the cultural revolution Dimanche 7 juillet 2002 - 9 h 30 IVANOVA Irina (Lausanne) Les théories du dialogue en URSS dans les années 1920-1930. - 10 h 00 FRIEDRICH Janette (Genève) L'idée de langue fonctionnelle et son reflet dans la discussion du langage intérieur par L.S. Vygotskij - 11 h 00 K. DOLININ (Saint-Pétersbourg) Du réalisme socialiste en linguistique: la stylistique dite fonctionnelle en URSS - 14 h 00 BOLKVADZE T. (Tbilisi) Tchikobava et les linguistes géorgiens face à Staline - 14 h 30 VAKHTIN Nikolaj (Saint-Pétersbourg) La politique linguistique soviétique envers les peuples du Nord - 15 h 00 V.N. BAZYLEV (Moscou) En lutte pour la linguistique soviétique (évalutation et auto- évaluation de l'époque) (en russe) 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 12/06/2002} COLLOQUE CENTRO INTERNAZIONALE DI SEMIOTICA E LINGUISTICA Università degli Studi di Urbino Piazza Rinascimento, 7 - I-61029 URBINO (PU) Tel. & fax.: (0039) 0722.2289 E-Mail : semiotica@uniurb.it http://www.uniurb.it/semiotica/home.htm 11-12-13 luglio : Semiotica e Retorica generale Sémiotique et Rhétorique générale Semiotics and general Rhetoric Coordinatori: J.M. Klinkenberg / Francis Edeline (Università di Liegi) La figure est un élément majeur du dispositif de la rhétorique verbale. Ses vertus herméneutiques expliquent sans doute le rôle capital qu'elle joue dans les communications littéraire, scientifique, affective, publicitaire, etc. Les mécanismes des figures du verbal ont été mis en évidence par la néo-rhétorique structurale des années soixante (Jakobson, Levin, Genette, Groupe µ, etc.). Mais ces acquis ont été sensiblement réévalués, au cours de la dernière décennie, grâce à l'apport de la sémantique cognitive (Lakoff et Johnson, Kleiber...) et de la psychologie de la perception (Kennedy, Hochberg...). Par ailleurs, on mesure mieux aujourd'hui le rôle argumentatif des figures, mis en évidence par la pragmatique (Sperber et Wilson, Moeschler et Reboul...) autant que par la philosophie (Rastier, Prandi, Charbonnel...). De sorte que l'on assiste à la réconciliation des deux néo-rhétoriques au sein d'une rhétorique générale. D'un autre côté, le modèle rhétorique trouve aujourd'hui à s'appliquer à des sémiotiques non-verbales. Par exemple, on est actuellement à même de réaliser le programme exposé par Barthes dans son article fameux Rhétorique de l'image (1964) : celui de la transposition de la notion de trope à la communication visuelle. Le modèle structural alors dominant ne permettait pas de traiter adéquatement tous les aspects de la question. Mais les avancées de la sémiotique visuelle -et notamment celles qui ont fait leur profit de la psychologie de la forme et des sciences de la cognition, voire de la phénoménologie-, avancées venant à la rencontre de celles de la rhétorique cognitive, autorisent peut-être à jeter un pont solide entre les deux domaines du verbal et du visuel. Une mise au point sur les développements de la rhétorique au sein de la sémiotique s'impose donc. C'est à l'étude de ces différentes articulations disciplinaires que sera consacré le colloque qui se tiendra au Centro Internazionale di Semiotica d'Urbino les 11, 12 et 13 juillet 2002. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 12/06/2002} La syllepse Figure stylistique Colloque organisé par l'équipe "Textes et langue" les vendredi 25 et samedi 26 octobre 2002 à l'Université Lumière-Lyon 2 Figure tardive de la rhétorique française, la syllepse apparaît comme une clé essentielle de la littérarité. Elle offre à l'analyse stylistique une occasion de refonder l'héritage rhétorique sur des bases linguistiques, pour mieux affirmer sa visée herméneutique. Les définitions de la syllepse doivent être rapportées à son histoire. Cette figure de compréhension est grammaticale (syllepse d'accord : Arnauld et Lancelot, Lamy), avant d'être sémantique : "un même mot est pris en deux sens dans la même phrase, l'un au propre, l'autre au figuré" (Du Marsais). Alors que Fontanier apparente encore ce "trope mixte" à l'antanaclase, la syllepse de sens repose aujourd'hui sur l'occurrence unique d'un signe actualisant en contexte deux signifiés (ou plus). La perspective stylistique incite à ne pas préjuger du rapport entre ces signifiés pour privilégier le principe général d'une polysémie activée en discours. L'analyse linguistique permet de préciser les modes de réalisation de la figure selon différents paliers de description, du mot au texte. Elle s'intéresse à ses déterminations syntaxiques et au rôle de la ponctuation dans le processus de double lecture ; à ses implications sémantico-référentielles, variables selon la nature grammaticale du/des terme(s) concerné(s). La sémantique lexicale doit s'articuler à la sémantique textuelle pour saisir la syllepse sur un mode dynamique, comme principe organisateur de la textualité (rapport entre les sens ou les sèmes impliqués, degré d'actualisation sémantique, mode d'indexation sur les isotopies textuelles). Les enjeux herméneutiques et esthétiques de la syllepse engagent son historicité comme figure de sens : suspecte au regard du principe classique de clarté, valorisée dans une perspective faisant de l'ambiguïté "un corollaire obligé de la poésie" (Jakobson). Les conventions de genre (théâtre, roman, poésie) orientent les attentes en réception et permettent de spécifier certaines visées pragmatiques (quiproquo, ironie). L'analyse stylistique s'étend du micro- au macrocontexte pour identifier les interprétants de la figure, étudier sa situation dans le texte et les configurations discursives dans lesquelles elle s'intègre. Isolée, elle peut produire un effet ponctuel ou se faire noeud de signification ; répétée, elle peut soutenir une stratégie discursive particulière ou s'imposer comme principe poétique. Ce colloque sera l'occasion d'une réflexion sur la méthode stylistique appliquée à une figure particulière, dans des corpus variés (auteur, genre, époque). À l'horizon de ces analyses : la question cruciale de la lecture (relecture, rétrolecture), qui institue un arrangement verbal en figure et décide de son devenir interprétatif et esthétique. Contacts : Noël Dazord : dazord@univ-lyon2.fr Philippe Wahl : wahl@univ-lyon2.fr 04 78 27 09 41 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666