2003_10_18
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SdT volume 9, numero 4.
                                                                                           LES CITATIONS DU MOIS
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                                             J'ai l'impression, parfois, d'être un flot de
                                             courants multiples. Je préfère cela à l'idée
                                             d'un moi solide, identité à laquelle tant
                                             d'entre nous accordent tant d'importance
                                                            Edward Saïd, A contre-voie
                                                            (Le Serpent à plumes, 2002)
                                             La lengua es un sistema di citas.
                                                            Borges,
                                                            Utopía de un hombre que esta cansádo.
                                                            El libro de arena, IX.
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                                                            SOMMAIRE
1- Coordonnees
              - Bienvenue a Rabah Moulay et Daria Toussaint.
              - Changement d'adresse pour Jean-Luc Benoît, Christiane Jadelot,
               Thierry Mezaille, Georges-Elia Sarfati et Damon Mayaffre.
2- Carnet
              - Programme du seminaire "Formes symboliques" a l'ENS.
              - Programme du seminaire Semantique des textes de F. Rastier.
              - Presentation du projet PRINCIP.
3- Publications
              - Nouveautes dans l'Encyclopedie de la recherche litteraire
               assistee par ordinateur, sur le site de l'Astrolabe.
              - Kjersti Flottum & Francois Rastier (eds.) :
               "Academic Discourse. Multidisciplinary Approaches"
              - D. Ablali : "La semiotique du texte -du discontinu au continu"
              - Compte-rendu par Domninic Forest de
               Louwerse & van Peer : "Thematics : Interdisciplinary Studies"
4- Dialogue
              - J. Guilhaumou et F. Rastier : Saussurisme et ontologie.
5- Appels : Colloques et revues
              - "Actualite de Saussure", mardi 21 octobre, MSH, Paris.
              - Colloque "Sciences et ecritures", 13-14 mai 2004, Besancon.
              - "Genres of Digital Documents", n° special de la revue
               Information, Technology & People.
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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BIENVENUE AUX NOUVEAUX ABONNÉS
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{FR, 13/10/2003}
SÉMINAIRES
                              Séminaire 'Formes Symboliques'
Ecole Normale Supérieure
Bâtiment de physique,  24 rue Lhomond 75005 Paris Salle T2, 3ème étage
Les jeudis après-midi de 14h30 à 17h30
Organisé par  Jean Lassègue & Yves-Marie Visetti
Conformément au programme ouvert en 2002-2003, le séminaire vise à
repenser l'articulation des sciences cognitives et des sciences de la
culture dans le cadre d'une anthropologie sémiotique.
Y ont déjà été présentés des travaux relevant d'une large palette de
disciplines :  anthropologie, paléo-anthropologie, éthologie,
archéologie, psychologie, linguistique, philosophie et épistémologie.
Programme, argumentaire, articles sur le site :
              http://formes-symboliques.org
Premier trimestre 2003-2004 :
16 Octobre :             Jean Lassègue et Yves-Marie Visetti (Lattice/ENS)
              séance d'ouverture
20 Novembre :         Carlo Severi
              (Laboratoire d'anthropologie sociale/Collège de France)
              "Arts de la mémoire et tradition orale : recherches sur la
               pictographie amérindienne "
27 Novembre :         Michael Houseman
              (Laboratoire "Systèmes de pensée en Afrique Noire"/EPHE)
              titre à préciser
4 Décembre :           Marika Moisseeff
              (Laboratoire d'anthropologie sociale/Collège de France)
              "Les objets cultuels ou l'art de représenter l'invisible"
11 Décembre :         Laurence Kaufmann et Fabrice Clément
              (Université de Genève)
              "Aux origines cognitives de la culture : la pensée analogique"
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{FR, 13/10/2003}
              Séminaire Sémantique des textes, année 2003-2004
                                             François RASTIER
                                  Directeur de recherche
                                             Formes textuelles
Dans une perspective de comparaison entre discours et entre genres, on
pose le problème des formes textuelles tant sur le plan du contenu que
sur celui de l'expression. Cela intéresse aussi bien, par exemple, la
construction des acteurs du récit que l'"extraction" des concepts dans
les textes théoriques.
On s'attachera au problème négligé de la sémiosis textuelle, que les
avancées de la théorie des genres et les progrès de la linguistique de
corpus permettent de préciser sinon de résoudre.
On accordera enfin une attention particulière à la sémantique de
l'intertexte, notamment dans les domaines de la topique et de la doxa.
Premier semestre. - Institut national des langues et civilisations
orientales [Centre de Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de
Lille, 75007 Paris - Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Les jeudis 4 et 11 décembre ; 8, 15 et 22 janvier ; 5 et 12 février.
Horaire : de 17h à 19 h.
Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
Site du séminaire virtuel : http://www.revue-texto.net
Parmi les lectures possibles :
Cadiot, P. et Visetti, Y.-M., Pour une théorie des formes sémantiques -
 Motifs, profils, thèmes, Paris, Puf, 2001.
Rastier, F., Arts et sciences du texte, Paris, Puf, 2001.
Rastier F., Semantics for descriptions, Chicago, Chicago University
 Press (CSLI Lectures Notes, 138) 2002. Avec la collaboration de Marc
 Cavazza et Anne Abeillé.
Rastier, F. et Bouquet, S. (dir.), Une introduction aux sciences de la
 culture, Paris, Puf, 2002.
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{FR, 13/10/2003}
PRÉSENTATION DE PROJET : PRINCIP
Mathieu Valette
La demande des institutions, notamment au niveau européen, en matière 
de protection des usagers contre les contenus illicites ou
préjudiciables sur Internet (racisme, xénophobie, pédophilie, etc.) se
fait aujourd'hui  pressante. Elle relaie et soutient les inquiétudes des
mouvements associatifs alertés par l'impuissance des acteurs socio-
éducatifs à maîtriser un média auquel ils sont encore peu familiers, et
conscients de l'inefficacité notoire des logiciels de filtrage
actuellement sur le marché. Ces outils (CyberSitter, CyberPatrol,
GuardDog, etc.) sont en effet basés sur des techniques rudimentaires peu
à même de détecter correctement et de façon fiable les pages web
contenant des propos racistes et xénophobes. Ils ontle plus souvent
recours à de simples listes de mots-clés ou à des annuaires d'adresses
préétablies qui nécessitent de fréquentes mises à jour.
PRINCIP (Plate-forme pour la Recherche, l'Identification et la 
Neutralisation des Contenus Illégaux et Préjudiciables sur l'Internet)
est un système de détection automatique des pages web racistes,
xénophobes et révisionnistes développé conjointement par plusieurs
laboratoires de  recherche européens. Il repose sur une critique des
systèmes de filtrage actuels, et notamment sur ceux à prétentions
linguistiques qui recourent à  des listes de mots-clés. Ceux-ci
témoignent en effet d'une approche naïve du texte raciste, suggérant
qu'il y a des mots racistes et des mots qui ne le sont pas, sans
considération pour leur mise en texte. Autrement dit, ces systèmes
reposent sur un préjugé ontologique discutable, comme si le racisme
était une langue de spécialité avec une terminologie stable et univoque
(il y aurait des concepts racistes et des mots leur correspondant).
Pourtant, l'analyse des textes montre une toute autre réalité : d'une
part, en tant qu'expression d'une opinion, le racisme n'est pas un
discours référentiel, mais relève davantage de la rhétorique ; d'autre
part -et en conséquence- sa caractérisation et son filtrage implique la
prise en compte de l'intertextualité inhérente au web, manifestée, dans
le cas présent, par la présence de sites sur le racisme (c'est-à-dire
antiracistes) qui partagent avec les textes racistes une part non
négligeable de leur vocabulaire. Enfin, pour des raisons qui tiennent à
sa délictuosité, du moins au regard du droit français, le texte raciste
fait la part belle à l'euphémisme et la mise à distance. En bref, l'idée
de mots-clés racistes s'avère-t-elle peu pertinente : les traits
sémantiques caractéristiques du  texte raciste se situent en-deçà, ou
au-delà de ces mots-clés, privilégiés par l'approche ontologique
classique. Ce sont ces traits sémantiques, qui participent à des thèmes
récurrents, que nous avons choisi de privilégier pour PRINCIP.
NDLR : Pour plus d'information, consulter le site du projet
              http://www-poleia.lip6.fr/~princip/
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 13/10/2003}
BEAUX SITES
"Recherche littéraire et informatique". Le site du projet, l'Astrolabe,
propose maintenant dans sa section "Encyclopédie de la recherche
littéraire assistée par ordinateur" près de quarante articles dans le
domaine.
Au cours de la dernière année, les collaborateurs suivants ont publié
des textes : Alain Vuillemin, Dominique Labbé, Damon Mayaffre, Margareta
Kastberg Sjöblom, William Winder, Jacques Fontanille, Jacques Virbel,
Yannick Maignien, Bertrand Gervais, Nicolas Xanthos, Philippe Bootz,
Geoffrey Rockwell, John Bradley et Russon Wooldridge. Je vous invite à
découvrir ces textes à l'adresse suivante :
              www.uottawa.ca/academic/arts/astrolabe
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{FR, 13/10/2003}
VIENT DE PARAÎTRE
New book from Novus forlag:
                              Kjersti Fløttum & François Rastier (eds.)
                 Academic Discourse. Multidisciplinary Approaches.
See more at
              http://www.novus.no
Sommaire :
Preface                                                                                                               5
1. Epistemological and semantic approaches in corpus linguistics 13
François Rastier : Semantic approaches to theoretical texts     15
Sylvain Loiseau : Philosophical discourse from autonomy to
              engagement: Deleuze, commentator of Spinoza                       36
Mathieu Valette : Conceptualisation and evolution of concepts.
              The example of French linguist Gustave Guillaume   55
II. Linguistic approaches to texts in economics, linguistics
              and medicine                                                                                        75
Céline Poudat : Characterization of French linguistic research
              articles by morphosyntactic variables                                      77
Kjersti Fløttum : Bibliographical references and polyphony in
              research articles                                                                    97           
Trine Dahl : Metadiscourse in research articles                                       120
III. Socio-discursive approaches to texts in history and science 139
Kjell Lars Berge : The scientific text genres as social actions :
              text theoretical reflections on the relations between
              context and text in scientific writing                                        141
Johan L. Tønnesson : Model readers and other textual strategies
              in Norwegian historian Professor Finn Olstad's paper
              "New perspectives on the rise and fall of the working
              class" (2000)                                                                                        158
Erik Knain & Karl Henrik Flyum : Genre as a resource for
              science education - The history of the development of
              the experimental report                                                                          181
IV. Epilogue                                                                                                         207
Arild Utaker : How to use history in order to analyse
              scientific discourses                                                              209
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{FR, 13/10/2003}
VIENT DE PARAÎTRE
Driss Ablali
La sémiotique du texte : du discontinu au continu.
Paris, L'Harmattan, Col. Sémantiques, 2003, p.285.
Ce livre est une version remaniée de ma thèse, soutenue en novembre 2001
à l'université de Paris 10/Nanterre. La question à laquelle j'ai essayé
de répondre est celle du rapport entre le texte comme objet empirique,
et le point de vue retenu pour l'analyse, ici le discontinu et le
continu. L'ouvrage retrace sous cet angle théorique, à partir et autour
de la problématique du texte, les activités scientifiques de l'Ecole
Française de sémiotique.
Ce travail s'inscrit dans le cadre de l'épistémologie sémiotique,
notamment greimassienne. Il s'agit d'étudier le tournant qui a marqué la
sémiotique au début des années quatre-vingt-dix, celui qui consiste à
partir de la catégorisation et de la discrétisation, pour saisir les
conditions antérieures à l'apparition du sens comme "effet de sens". Les
problèmes posés par le discontinu et le continu ont fait l'objet de
réflexions, débats et controverses innombrables et bien connus, tant
chez les physiciens que chez les philosophes et les mathématiciens. La
question est donc loin d'être nouvelle, mais elle reste à tous égards
centrale, par son ancienneté, par sa permanence et par son actualité. Et
ce n'est donc pas à ces questions d'ancienneté et de permanence, aussi
importantes soient-elles, que ce travail s'est efforcé de répondre, mais
plutôt à celle de l'actualité : son actualité en sémiotique dans
l'analyse de la signification des textes.
La première partie, intitulée "Le texte et le paradigme du discontinu",
est répartie en cinq chapitres. Après une présentation de ce qui, de la
sémiotique greimassienne, se rattache à la description discontinue de la
signification du texte, nous sommes passé, ensuite, à la source de cette
sémiotique du discontinu, telle qu'elle s'enracine chez Hjelmslev. C'est
dans ce chapitre qu'apparaît le concept de texte comme objet d'analyse,
revendiqué à la fois par Hjelmslev et par Greimas. La question des
"niveaux sémiotiques " a affaire aux convergences qui unissent
glossématique et sémiotique autour de la question de la reconduction,
non du projet linguistique, mais du projet épistémologique de Hjelmslev
par Greimas. Les trois derniers chapitres traitent des points de
tangences entre psychanalyse, et linguistique, sous l'égide du
discontinu. En d'autres termes, comment la sémiotique rencontre des
postulats psychanalytiques, herméneutiques et linguistiques lorsqu'elle
étudie le texte dans une optique topologique et catégorisée.
La deuxième partie, intitulée "De la phénoménologie aux recherches
cognitives", comporte quatre chapitres. L'évolution de la sémiotique
l'amène à revendiquer aujourd'hui une base perceptive et continue,
empruntée à la phénoménologie, pour élargir son heuristique et enrichir
sa théorie ; c'est la phénoménologie qui montre à la sémiotique la voie
adéquate pour interroger le niveau continu du texte. Le premier chapitre
intitulé "Le continu comme rêve constructeur ou comme imaginaire
épistémologique" est consacré, pour commencer, au concept de continu,
autour de la théorie de G. Guillaume, qu'on considère comme l'ancêtre
des théories continuistes. Le deuxième chapitre "Le tournant du continu
en sémiotique", met en place la façon dont le continu a fait son entrée
en sémiotique et les concepts qui s'y rattachent. Le troisième chapitre,
intitulé "Sémiotique et phénoménologie", aborde le retour des travaux de
E. Husserl, M. Merleau-Ponty et de M. Dufrenne en sémiotique. Cette
rencontre avec la phénoménologie est marquée aussi et surtout par
l'apparition de nouveaux thèmes de recherche qui avaient auparavant été
le plus souvent écartés. L'objectif du chapitre, "Sémiotique et
recherches cognitives", consiste à montrer que l'on peut désormais
parler de "cognition", de "corps" ou de "perception" en sémiotique, au
même titre que de narrativité, de génération et de discontinuité. Dans
le dernier chapitre, "D'une Sémiotique universelle à une sémiotique des
cultures", nous avons aussi essayé de montrer comment la sémantique
interprétative développée par F. Rastier pourrait redonner à la
sémiotique un nouvel élan, notamment contre l'universalisme,
l'immanentisme et le générativisme au profit du rôle du contexte
socio-culturel dans l'interprétation des textes. On ne peut plus
continuer à traiter les textes comme s'ils étaient tous pareils. La
"soupe au pistou" et les "Deux amis" de Maupassant appartiennent à deux
genres différents, et le genre d'un texte a une influence sur son
lexique, sur sa syntaxe et sur son mode énonciatif et pragmatique. Il
apparaît donc important pour la sémiotique de donner des genres textuels
une caractérisation opératoire et d'élaborer des méthodes et des
techniques pour l'intégrer au sein de la théorie.
                                                                           Driss Ablali
LASELDI, Université de Franche - Comté 
              ablali@u-paris10.fr
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 13/10/2003}
COMPTE RENDU
THEMATICS, par Dominic Forest
Louwerse, Max and Willie van Peer (2002)
Thematics: Interdisciplinary Studies.
John Benjamins Publishing Company, x+430pp,
hardback ISBN 1- 58811-107-5, $123.00,
Converging Evidence in Language and Communication Research 3.
Book Announcement on LinguistList:
http://linguistlist.org/issues/13/13-2420.html
Dominic Forest, Université du Québec à Montréal
SYNOPSIS
The aim of the book "Thematics : Interdisciplinary Studies" is to
define, from an interdisciplinary point of view, the concept of theme.
The book is composed of 22 essays (from various disciplines such as
literature, linguistics, psychology and cognitive sciences) grouped into
two main parts (each part is preceded by a useful, clear and concise
introduction).
The first part, entitled "Structure and Processing", focuses on language
and linguistic aspects of thematic structures and processes. This first
part is divided into three sections.
The section "Theoretical approaches" discusses the concept of theme.
Graesser, Pomeroy and Craig (chapter 1) give an overview of
psychological and computational researches on theme comprehension. The
goal of their paper is to "investigate psychological theories that
explain how humans comprehend text" (p.19). This goal can be achieved in
part by a better comprehension of how the reader identifies and
understands themes in a text. Zwaan, Radvansky and Written (chapter 2)
present a detailed examination of the situation models within the
framework of the Event-Indexing Model, focusing on their applications to
language comprehension. The authors argue that situation models are an
interesting strating point to explain how the readers extract themes
from stories, but those models seem not to be necessary and sufficient
for the abstraction of theme-motifs. Finally, Van Oostendorp, Otero and
Campanario (chapter 3) present an interesting explanation of how the
situation-models update during text processing.
The section "Experimental and corpus linguistic approaches" concerns the
relation between textual structures and theme emergence. The problem is
to identify the potential relation between specific linguistic
expressions and the emergence of themes in the reader's mind. From this
point of view, Shen (chapter 4) discusses the relation between the
concept of point structure theory of stories (where the point is defined
as the raison d'être of the story) and the affective state of the
reader. Similarly, Emmott (chapter 5) discusses the importance of
linguistic style in relation to thematic meaning in the context of
cohesive chains of referring expressions. Gernsbacher and Robertson
(chapter 6) defend the idea that the definite article "the" constitutes
a structural marker of thematic cohesion, a cue to map thematic
information. In the last chapter of this section, Kim (chapter 7)
demonstrates the interaction between Korean case markers and the
thematic structure of the discourse.
The section "Computational approaches" is dedicated to computer models
that, in various ways, process textual and linguistic elements to
retrieve themes in a text. Kintsch's (chapter 8) presents how the
knowledge used to understand a text can be presented in an algebraic
form. He presents a specific model of text comprehension (the
construction / integration (CI) theory). An important part of this paper
is dedicated to the presentation and discussion of the Latent Semantic
Analysis (LSA) and to the analysis of themes in terms of hierarchical
macrostructures. In chapter 9, Le presents an original point of view on
theme analysis based on the idea that units of text larger than the
sentence are composed of concepts and are therefore relevant to theme
analysis. Thus, she presents the grounds of thematic analysis and
organization based on discursive structures at the paragraph level. In
the last chapter of this section, Louwerse (chapter 10) presents and
evaluates a connectionist model of theme retrieval. The computer program
presented by Louwerse, called CoCon (Coherence Connectionist model), is
based on the concept of coherence in text. For Louwerse, the
referential, locational, causal and temporal coherence can help defining
what text is about, facilitating the retrieval of themes texts. The
evaluation of the model presented was done by comparing the results
obtained by the computer model and readers' summaries of the same text.
The results obtained showed the success of this approach in performing
relatively accurate summaries of texts and theme retrieval.
The second part, entitled "Content and Context", discusses the content
and context of thematic issues. This second section is also divided into
three sections : "Theoretical Approaches", "Interpretive Approaches" and
"Computational Approaches".
In the first section, "Theoretical Approaches", Sollors (chapter 11)
raises a few questions concerning the role of thematic approaches in
contemporary literary criticism. In the first part of his paper, the
author presents an overview of current perspective on theme analysis.
This clear and useful overview leads the author to discuss possibilities
regarding the problem of identifying themes in texts. In chapter 12,
Petterson gives an overview of recent studies in thematics. This
overview is developed through seven trends identified by the author.
These seven trends are : "Theme as unifying element", "focus on motif",
"focus on communicative and interpretive aspects", "theme as an
interrelation between text and world", "humanist thematic", "computer
content analysis" and "empirical thematics". Keeping these seven trends
in mind, the author concludes with a reflection on the future of
literary thematics. In the next chapter, Van Peer (chapter 13) gives
some relevant answers to the question of why there are themes in
literature. He argues that literary themes are to be considered
differently (and also operate differently) from themes in non-literary
texts. This distinction lies in the foregrounded nature of literary
themes. Also, literary themes are characterized by specific features
(their "meaning maximizing" potential and their emotional coloring, for
example) and their tendency toward intercultural and interperiodical
representation. Finally, he underlines the importance of an
interdisciplinary approach to the study of themes. In the last part of
this section, Roque (chapter 14) presents an explanation of thematics in
visual arts based on Panofsky's theory of visual meaning. His objective
is to demonstrate the importance of the artist's motives in order to
understand artisitic works.
The second section, "Interpretative approaches", is dedicated to
detailed analysis of specific themes from textual and cultural
perspectives. For instance, in her paper, Giora (chapter 15) explains
how some taboo themes in some cultures can only be exposed by means of
irony. Hjort (chapter 16) presents some important aspects of themes of
nation and argues that thematizations of nation usually imply elements
of self-deception, mythmaking and motivated irrationality. Daemmrich
(chapter 17) focuses on the theme of war in contemporary German
literature. He attempts to identify some of the textual elements by
which thematization of war is realized and the meaning of such a theme.
Finally, in the last chapter of this section, Wolf (chapter 18)
discusses the variance between the literary modes of presentation (often
characterized by its subjectivity and irrationality) and the
non-literary modes of presentation (often characterized by its
objectivity) of a theme. Tosupport his ideas, the author uses the theme
of "money" as example.
As Louwerse and van Peer point out in their introduction to part 2, one
important point about themes is that they "allow the grouping of
meanings into manageable chunks" and therefore text processing
technologies based on thematic analysis can be seen as a form of
"knowledge management". From this point of view, "Themes render the
multitude of information meaningful by streamlining individual pieces
of information into a meaningful whole which can then be processed more
efficiently and linked to ongoing cultural concerns" (p. 215). The last
section of this book, "Computational Approaches", is dedicated to this
topic of text processing techniques and their applications to thematic
analysis.
In chapter 19, Hogenraad illustrates the potential of a text-mining
approach to identify themes (defined as groups or clusters of words) in
literary texts. Hogenraad also presents the results he obtained by using
the software PROTAN on Flaubert's L'éducation sentimentale. Researches
using computer programs based on text-mining methods for theme
identification in textual corpus are upon the most promising one.
Similar recent work using text-mining techniques applied to thematic
analysis has also been done by Forest and Meunier (2000), Forest (2002)
and Forest, Meunier and Piron (2001). Martindale and West (chapter 20)
also defend the thesis that themes in texts can be identified by
clustering techniques. They describe a quantitative hermeneutical method
based on the Regressive Imagery Dictionary (used to categorize
documents) and using the COUNT computer program. In his chapter, Fortier
(chapter 21) presents how an analysis of lexical frequencies of texts
(identifying prototypes or rarity effects in word occurrences) can lead
to the identification of textual themes. Throughout the chapter,
examples from André Gide's L'immoraliste are presented. In the last
chapter of the book (chapter 22), Meister focuses on the link between
psychological processes of theme identification and computational theme
discovery and analysis. Meister's aim is to find out whether or not the
emergence of themes in the mind of a reader can be identified by a
computational analysis of text.
DISCUSSION
"Thematics: Interdisciplinary Studies", edited by Max Louwerse and
Willie van Peer, is obviously an essential book for academics from
various disciplines concerned by thematics. The book is well balanced
between theoretical and practical aspects. It also demonstrates clearly
the importance of an interdisciplinary point of view to the study and
analysis of thematics. Furthermore, it presents a good overview of the
"classical" perspectives as well as a more recent computational
perspective to the problem of thematics. It allows the reader to
understand the importance and the complexity of the subject. Researchers
concerned by the computational approach to thematic analysis will find
in the section "Computational Approaches" very interesting methods of
analysis endorsed by relevant experiments.
On the other hand, some chapters of the book are very technical and deal
with very specific aspects of thematic analysis. Therefore, in our point
of view, these chapters can only be relevant to academics that are
already familiar with thematic analysis. To this respect, we would not
recommend this book as an introduction to this matter.
We also regret that this book does not mention Rastier's work on
thematic analysis. We think it would have been relevant to include in
this book a chapter presenting Rastier's work on thematic analysis
(Rastier, 2001; Rastier and Martin, 1995).
Nevertheless, we would definitely recommend this book to any researcher
concerned by thematics.
REFERENCES
Forest, D. (2002). Lecture et analyse de textes philosophiques assistées
 par ordinateur : application d'une approche classificatoire
 mathématique à l'analyse thématique du Discours de la méthode et des
 Méditations métaphysiques de Descartes. Mémoire de maitrise, Montréal,
 Université du Québec a Montréal.
Forest, D., Meunier, J.-G. et Piron, S. (2001). From mathematical
 classification to thematic analysis of philosophical texts. Actes du
 colloque ACH/ALLC 2001, 13-16 juin 2001, New York University, New
 York, U.S.A. 
Forest, D. et Meunier, J.-G. (2000). La classification mathématique des
 textes : un outil d'assistance à la lecture et à l'analyse de textes
 philosophiques. In Rajman, M. & Chappelier, J.-C. (eds.). Actes des
 5es Journees internationales d'Analyse statistique des Donnees
 Textuelles, 9-11 mars 2000, EPFL, Lausanne, Suisse. Volume 1, pages
 325 - 329. 
Rastier, F. (2001). Arts et sciences du texte. Paris : Presses
 Universitaires de France.
Rastier, F. et Martin, E. (1995). L'analyse thématique des données
 textuelles : l'exemple des sentiments. Paris : Didier Erudition.
ABOUT THE REVIEWER
After completing a Master degree in philosophy on the application of
computer technologies to thematical analysis of philosophical texts,
Dominic Forest is now a doctorate candidate in the cognitive computer
science program at the Université du Québec à Montreal. Since 1996, he
is also a researcher at the Laboratoire d'ANalyse Cognitive de
l'Information (LANCI). His research interests mainly concern
computer-assisted reading and analysis of texts, analysis of textual
data, text mining as well as the impacts and applications of computer
technologies to knowledge management.
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{FR, 13/10/2003}
SAUSSURISME ET ONTOLOGIE
Dialogue entre Jacques Guilhaumou (linguiste et historien, Cnrs)
et François Rastier (linguiste, Cnrs)
JG - J'ai bien reçu votre article sur le silence de Saussure dans les
Cahiers de l'Herne. Je viens de le lire avec un très grand intérêt dans
la lignée de mes réflexions préalables sur l'immense intérêt de la
récente publication des manuscrits de Saussure. À vrai dire, il présente
aussi le grand avantage de s'articuler à l'ensemble de vos recherches et
d'en donner, du côté de la théorie des signes, une vue d'ensemble. Je
comprends ainsi mieux ce qui sépare votre conception de la linguistique
de celle des linguistes de la langue d'obédience saussurienne
"orthodoxe".
FR - En fait les saussuriens orthodoxes sont une fiction : au milieu des
années soixante-dix, elle engageait à "dépasser" un Saussure réduit à un
dogme et assimilé au structuralisme, par un Bakhtine-Voloshinov
considéré comme marxiste.
Ce Saussure appartient à l'histoire des luttes politiques au sein du
Centre d'études et de recherches marxistes (CERM), alors que l'histoire
de la linguistique retient du saussurisme la linguistique de la parole
chez Bally, la linguistique de l'énonciation (entre autres) chez
Coseriu, etc.
JG - Etudiant à cette époque, j'ai retenu plus le contenu d'excellente
qualité des cours de linguistique proposés par le CERM, en complément de
ma formation de linguiste à Nanterre, que le débat Saussure-Bakhtine !
Le silence de Saussure m'intéresse d'autant  plus qu'il nous introduit,
selon vos propres termes, dans une herméneutique de l'esquisse
manuscrite, question que je retrouve, formulée de manière assez proche,
dans ma recherche sur les manuscrits inédits de Sieyès, et tout
particulièrement sur la métaphysique du langage qui s'y déploie.
FR - Il y a peut-être dans toute théorie du langage une préconception du
réel antérieure à son déploiement, mais ce n'est métaphysique que dans
un sens bien spécial.
JG - Ce point sur la "préconception du réel" dans la question de la
langue est au centre de ma réflexion actuelle : elle satisfait en effet
mon double souci d'ancrer la langue dans l'empiricité et l'historicité
d'une part, et de retrouver le cheminement ontologique du signifiant au
signifié, si l'on peut dire, trajet garant de l'ouverture des possibles
d'autre part. Il faut donc s'entendre ici, en effet, sur ce qu'on
appelle métaphysique : n'est-ce pas une métaphysique requalifiée au
contact des théories de la connaissance, et tout particulièrement de la
théorie de la langue qui accorde à la question des signes (du principe
de liaison des signes et des idées à la formule "la langue est un
système de signes") une place centrale ?
FR - Il me semble que l'ontologie est la forme centrale de la
métaphysique occidentale. Revêtir une forme matérialiste ne lui permet
pas de rompre avec une théorie des essences, qui réapparaît sans cesse,
par exemple avec le déterminisme génétique : les espèces ont toujours
été l'exemple même des essences.
Ce n'est pas le matérialisme qui est nouveau, mais la conception d'une
dialectique "naturalisée". Dès lors que l'on récuse le concept
philosophique (métaphysique) de matière, pour considérer la matière
selon la physique : depuis un siècle, rien ne permet plus de soutenir
une ontologie des substances. Paradoxalement, la physique est
dialectique, elle reflète à sa manière la dialectique de la nature. Et
les physiciens ne sont pas physicalistes, à la différence de nos
philosophes analytiques.
P
our revenir à Saussure, nous (je veux dire le commun des linguistes)
sommes décontenancés devant les manuscrits des savants, car nous les
jugeons en terme de science et non de pensée, et nous ne souhaitons pas
admettre que la science soit une restriction de la pensée. L'élaboration
scientifique consiste cependant à conduire des textes dans des genres
contraignants de la discipline (le mot est heureux).
JG- L'ontologie refusée de Saussure est tout aussi intéressante, voire
quelque part fascinante dans son entreprise de déréliction : les énoncés
de Saussure sur le vide, le négatif, le chaos montrent en effet que nous
sommes plus dans une rupture ontologique que dans une rupture
épistémologique. Cette fameuse marche des catégories négatives, dégagées
de tout fait concret est quelque part tout à fait étonnante dans la
manière dont elle fait à la fois écho et différence par rapport à mes
interrogations sur l'avènement du signe politique au 18ème siècle où la
part du négatif n'est pas absente,loin de là, tout en restant dans
l'analogie et l'ordre naturel.
FR-  Alors que notre tradition épistémologique, d'ascendance
aristotélicienne, lie étroitement description scientifique et positivité
ontologique par des procédures comme l'élimination des accidents, la
catégorisation, l'abstraction, il semble que la découverte saussurienne
de la négativité dans le langage impose une reconception de
l'objectivité et de l'activité scientique elle-même, dans un sens
critique qui me paraît seul propre à fonder l'épistémologie des sciences
sociales, toujours tentées par le positivisme, dont les programmes de
naturalisation sont l'exemple contemporain le plus abouti.
JG- Je me demande quand même s'il n'existe pas une ontologie de la
langue, non aristotélicienne et non substantialiste, mais qui conserve
une part de naturalisme, tout en se dissociant du positivisme. Je pense
par exemple à la lecture actuelle que fait Aliénor Bertrand de la
philosophie du langage chez Condillac, tout en étant responsable de la
réédition des oeuvres de ce philosophe. Il est difficile pout moi de
réfléchir sur l'historicité de la langue sans "présupposer" un langage
naturel et ses ressources interprétatives, ou sinon, on risque de
tomber, me semble-t-il, dans le relativisme. Mais ce sont là encore des
considérations très générales.
Cette ontologie refusée de Saussure suppose aussi un rapport au
contexte, point souvent évoqué dans vos travaux, qui m'intéresse au
premier chef.
Ma question, vous vous en doutez, est de savoir comment la linguistique
historique (je préfère parler d'histoire linguistique) peut-elle se
situer par rapport à cette rupture qui nous introduit à une
linguistique, partie intégrante de la sémiologie. Sans entrer dans votre
débat critique avec le cognitivisme, je dirai que que cette linguistique
est moins dans la rupture, et plus dans la cognition par le fait du
maintien, en son sein, d'une métaphysique, donc d'une interrogation sur
les questions du référent ontologique et de la vérité historique.
FR - La dimension historique des objets culturels justifiait jadis
l'intégration de la linguistique dans les sciences historiques. Elle a
perdu cependant la dimension critique propre à ces sciences, en même
temps qu'elle abandonnait de fait l'histoire des langues. Ainsi peut-on
souligner la pauvreté de la linguistique historique inspirée par le
cognitivisme, car le programme cognitiviste veut ramener la variété
culturelle des langues à des principes anhistoriques de l'esprit humain.
JG - Là encore, j'aimerais discuter sur le fait de savoir si le maintien
d'un point de vue, en linguistique, sur l'ontologie génétique de
l'esprit humain ne présente pas l'avantage, par analogie avec le
développement du monde historique, d'éviter de limiter la linguistique
de la parole à des considérations sur les usages, les pratiques et les
situations,  voire de réduire la linguistique historique à des
inventaires d'usages ou de théories. Ce point de vue permettrait aussi
de conserver, par le fait de la considération du travail de l'esprit
humain (bien sûr dans la réciprocité de toute communication humaine),
l'ouverture des possibles (en langue) vers ce qui, dans l'histoire, est
la part prospective, le plus souvent mise en place dans des événements
(linguistiques).
Votre lecture de la Note sur le discours en témoigne sur la question de
la relation sens/discours que je perçois de manière différente de mon
poste d'observation, j'y vois une pré-formulation de ce que Sylvain
Auroux appelle la langue empirique, tout à la fois distincte du
discours, mais dans sa continuité de sens, au titre de la participation
du monde externe (lingual) lui-même au sens.
FR - Là je vous suis mal, car je ne comprends pas cette acception de la
notion de monde externe.
JG - Je pense à des formulations d'Auroux du type : "le langage
appartient irréductiblement à l'ordre des réalités", "l'esprit lui-même
est d'essence historique et empirique", "le monde externe lui-même
participe au sens", etc. dans son ouvrage sur La raison, le langage et
les normes (1998). Je lis ces formules dans le sens d'une extension de
la langue à l'intérieur d'une réalité, elle-même extensible à l'infini
et, en second lieu, dans le sens d'une réduction de toute métaphysique
de la langue à un seul principe (certes ce principe n'est pas
nécessairement le même d'un linguiste à l'autre), ce qui permet une
économie ontologique.
Bien sûr, en tant qu'historien, je réfléchis actuellement à partir d'un
moment historique, et non  exclusivement à partir d'un auteur (Sieyès) :
il s'agit de la période d'émergence du nominalisme politique, basé sur
une métaphysique de la langue politique, mais une métaphysique non
substantialiste, donc réduite au principe sensible et requalifiée dans
une théorie de la connaissance. Il s'agit plus précisément des années
1770 et 1780, à travers ses penseurs et son contexte historique, dans un
rapport étroit bien sûr à la manière dont s'articulent l'ordre de la
langue et l'ordre social au 18ème siècle. Voilà mon projet dans les
années à venir, et bien des points que vous abordez me concernent
directement, mais d'une manière plus historicisée, donc moins sensible à
une rupture fondatrice.
FR - Je pense que la rupture n'a pas eu lieu, et que le silence de
Saussure témoigne de son caractère impensable. Du moins, la force du
positivisme logique puis du cognitivisme, et plus généralement du
scientisme est telle que la sémantique différentielle (et donc
proprement linguistique) permise par le saussurisme pourrait
parfaitement disparaître.
JG - Est-ce à dire que la rupture reste à faire ? Il me semble que ce
vous qualifiez de sémantique différentielle est quand même très présent
dans ce qu'on appelle de façon commune la linguistique saussurienne.
FR - Elle n'est même que là.
JG - Mais la question que je me pose, c'est la nature de la rupture
revendiquée par certains linguistes de la parole entre le
différentialisme et l'ontologie, voire le cognitif. Cette rupture
n'a-t-elle pas aussi comme effet la mise en place d'un rapport très
distendu à l'historicité dans son fondement de vérité, et donc
"l'aplatissement" de l'histoire sur le social ? J'ajoute en vrac : la
question de l'événement (Saussure parle d'événements linguistiques dans
ses manuscrits), le refus de la linguistique comme pensée à achever
(C'est tout mon "combat" contre la tendance actuelle à vouloir faire de
l'analyse de discours une discipline constituée).
FR - Par parenthèse, je vous suis tout à fait sur ce point : la
disciplinarisation obéit hélas à des stratégies académiques et non
scientifiques. D'où, pour la théorie qui s'érige en discipline,
l'auto-évaluation souvent paresseuse, l'héraldisation de figures
secondaires, la réécriture constante de sa propre histoire, les cadavres
dans le placard (Pêcheux). En publiant des dictionnaires de sa propre
terminologie, elle se pose en monde intellectuel clos, se constitue en
orthodoxie et rend inutile le débat avec d'autres théories qui traitent
du même objet.
JG - J'ajoute encore le refus de tout substantialisme ontologique (mais,
pour moi, au profit d'un ontologie des signes de type condillacien),
donc d'un moi substantiel (mais, pour moi, le maintien d'un moi
fondateur issu de la seule activité), le refus du dualisme, le principe
de l'unité immanente de l'ordre, etc.
Là où je me pose vraiment des questions, c'est sur la façon dont vous
mettez en scène la rupture de Saussure avec la tradition
aristotélicienne. A le lire dans ses manuscrits, je me demande si son
rapport à la tradition de la métaphysique du langage, en particulier la
nouvelle métaphysique des signes du 18ème siècle, Condillac en tête (et
plutôt le second Condillac situé dans le contexte nominaliste), ne
procède pas à la fois de la continuité et de la rupture.
FR - On pourrait développer en effet la remarque incidente de Bréal sur
"nos pères de l'école de Condillac". L'analogie entre le sème et l'idée
élémentaire est en effet tentante : je lui dois d'ailleurs d'avoir une
enquêté pendant deux ans sur l'Idéologie de Tracy (qui somme à sa
manière cette école). Mais l'analogie ne vaut que pour Bréal. La valeur
saussurienne n'est pas une idée élémentaire. D'ailleurs, la théorie des
idées élémentaires est parfaitement compatible avec l'ontologie (depuis
la théorie des catégories chez Aristote, jusqu'au notae de la
philosophie médiévale du langage) ; beaucoup d'auteurs contemporains en
font des primitives soit référentielles, soit cognitives.
L'apport des synonymistes du XVIIIe aura été de mettre en oeuvre une
méthodologie différentielle (traditionnelle dans la problématique
rhétorique, ils continuaient sans doute les differentiae de la seconde
sophistique, voire des auteurs comme Graciàn -qui suit Quintilien).
Mais élevée au plan théorique et appliquée tant au contenu qu'à
l'expression, la perspective différentielle conduit dans le saussurisme
à ruiner toute positivité ontologique : les différences dépendent de la
pratique et de la situation, tant dans la production que dans
l'interprétation.
JG - Oui, c'est vraiment le problème, le côté à la fois génial, mais
hors de tout fondement en vérité historique (voir mes remarques
précédentes) du différentialisme. Avec Saussure, je vois bien une
linguistique de la parole sociale, dans son contexte et ses pratiques,
mais je ne vois plus ce qui, dans le réel de la langue, construit
l'avenir des sociétés, question très sensible sur le terrain de la
langue politique, qui ne peut se réduire à des usages et des situations
en discours, dans la mesure où elle constitue la principale forme
d'intelligibilité de l'émancipation humaine.
En fin de compte, je suis très attaché à la linguistique historique de
Brunot, que j'ai de la difficulté, il est vrai, à situer par rapport aux
autres courants de la linguistique. Mon ambition, c'est de pouvoir
articuler l'histoire linguistique, si l'on admet qu'elle se situe dans
le sillage de Brunot, au "remembrement disciplinaire" que vous évoquez à
la fin de votre article, dans le maintien de sa spécificité historique :
une spécificité qui se situe bien au-delà, à mon avis, de l'apport de
l'histoire des idées linguistiques, domaine certes d'une grande richesse
mais restant trop souvent dans le champ de ce qui est de l'ordre de la
conscience des faits linguistiques, lorsqu'il s'agit de mettre en oeuvre
les arguments du contexte : de ce point de vue, l'histoire (langagière)
des concepts apporte plus, mais dans une relation au langage parfois
trop simplement métaphorique.
FR - L'historicité absolue du sens, qui fait que chaque mot est un
hapax, est redoublée chez Saussure par une réflexion sur le temps
interne de l'évolution de la langue. Mais on ne trouve pas chez lui
d'histoire des idées linguistiques ! Notre réflexion épistémologique
reste cependant indissociable de l'histoire des idées. Là-dessus
Saussure nous aide peu ; on sait qu'il estimait que Humboldt n'était pas
allé assez loin, mais il ne se situe pas lui-même dans l'histoire de sa
discipline.
JG - Je serai curieux de connaître ce que dit Saussure sur Humboldt,
dont la conception du langage est vraiment d'un intérêt majeur dans la
perspective empirique et historique qui est la mienne.
Une question demeure : si les individus disposent d'une faculté du
langage liée à leur activité, comme le dit Saussure, alors il s'agit
bien d'une réorganisation autour d'une linguistique de la parole, mais,
si l'on conteste l'existence de cette faculté individuelle tout en
posant la réalité de la langue (empirique) dans l'intercommunication
entre les humains, en liaison avec un principe d'activité totalement
immanent, donc antérieur à toute faculté, il s'agirait alors plutôt
d'une linguistique de la langue (hors de la vision structuraliste bien
sûr). C'est déjà le débat entre Rousseau et Condillac.
FR - Le langage est entre nous, mais c'est aussi notre milieu, c'est
pourquoi l'activité de langage est un couplage avec notre environnement.
La notion de faculté de langage n'explique rien, bien qu'elle soit au
fondement de toutes les explications causales de type chomskien.
Mais si l'on sort de l'individualisme méthodologique, on ne peut plus
opposer la faculté individuelle et la pratique sociale. Dès lors
l'antinomie langue/parole n'en est plus une, et linguistique de la
langue et linguistique de la parole s'unissent dans une linguistique des
normes (discours, genres, styles, etc.).
JG - Oui, la médiation de la norme est vraiment importante : elle est
même à mon avis constituante du contexte qui permet de faire le lien
entre la réalité et le discours. Mais là encore, à défaut d'une faculté
de langage, une ontologie de l'activité humaine, et de sa dimension
foncièrement linguistique, me semble garante d'une compréhension de la
langue dans son cheminement historique, en esprit et hors de l'esprit,
mais au sein d'une même réalité.
FR - Cette question serait la matière d'un autre entretien : l'activité
humaine ne peut être saisie dans une ontologie, puisque l'Etre se
définit par son invariabilité. Ainsi la critique de l'ontologie, ou
simplement son refus (la dé-ontologie de Saussure) me paraît une
condition de toute praxéologie.
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{FR, 13/10/2003}
JOURNÉE SCIENTIFIQUE
                                             ACTUALITÉ DE  SAUSSURE
Réunion scientifique à la mémoire de Rudolf Engler
Le Mardi le 21 octobre à La Maison des Sciences de l'Homme, Salle 214
MAISON DES SCIENCES DE L'HOMME, 54 Boulevard Raspail, Paris 6e.
Alors que le saussurisme développe depuis un siècle un grand courant de
pensée dans les sciences du langage, la découverte de nouveaux
manuscrits et plusieurs ouvrages parus récemment renouvellent la
compréhension de la pensée de Ferdinand de Saussure. Les participants de
cette journée scientifique débattront des enjeux intellectuels de cette
actualité qui intéresse l'ensemble des sciences de la culture.  
10.00 Simon Bouquet : Inachèvement et actualité du programme
              épistemologique saussurien
11.00 André Green : Psychanalyse : langue et parole, nature-culture
12.00 Pause déjeuner
14.00 Antoine Culioli : "(...) autrement que par ce même plexus de
              différences éternellement négatives (...)"
15.00 Francois Rastier : Saussure et la négativité
!6.00 Pause
16.15 Arild Utaker : "Un langage n'existe que par son emploi"
17.15 - 18.00 Table ronde : Les actualités saussuriennes
Organisé par l'Institut de Ferdinand de Saussure et le Centre de 
coopération franco-norvégienne en sciences sociales et humaines, MSH.
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{FR, 13/10/2003}
UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTE
UFR SCIENCES DU LANGAGE DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE
SECTION SCIENCES DU LANGAGE
LASELDI (EA 2281)
                                             Sciences et écritures
                              Dispositifs d'écriture et production,
                              certification, diffusion des savoirs
                                             Appel à communication
Colloque international pluridisciplinaire - 13-14 mai 2004 - Besançon
Objectif
________
L'importance de l'écriture et des documents graphiques dans la
production des connaissances scientifiques, dans leur certification et
dans les processus de médiation de savoirs scientifiques a depuis
longtemps été mise en évidence par les travaux du champ Science,
Technologie et Société (STS).Il n'en reste pas moins qu'il paraît
opportun de développer des recherches françaises spécifiquement centrées
sur l'écriture scientifique en cherchant à approfondir conjointement ces
différentes thématiques.
L'écrit scientifique ne peut pas, en effet, être réduit au seul article
publié dans une revue reconnue. Le travail scientifique s'organise
autour de dispositifs de communication qui génèrent la production et
l'interprétation de signes graphiques de natures diverses (supports mais
aussi registres sémiotiques utilisés). Les écritures intermédiaires qui
précèdent toute publication méritent aussi d'être prises en compte. En
quoi ces dispositifs sont-ils constitutifs de la recherche et
participent-ils aux processus de conceptualisation ? L'écrit assure la
circulation et la diffusion du savoir scientifique mais l'activité
d'inscription et de mise en forme matérielle n'est-elle pas essentielle
à l'élaboration du savoir scientifique ?
L'écriture constitue également un outil de certification des
connaissances scientifiques. Pour être publiés, les textes scientifiques
adoptent une mise en forme spécifique ou format scientifique. Doit-on
alors parler de "genres" scientifiques ? Quelles en sont les
caractéristiques (rhétorique, structure argumentative...) ? Quelle place
y occupe l'auteur ? Dans quelle mesure peut-il apposer sa marque ou son
style sur un texte standardisé ? Plus fondamentalement, que signifie la
notion d'auteur en science alors que dans certaines sciences (physique
des particules par exemple) la publication est co-signée par 50
chercheurs ?
Tout texte scientifique devient également le support privilégié des
processus de médiation des savoirs, que ce soit entre scientifiques ou
vers un public de non-spécialistes. En quoi ces écrits scientifiques
reformulés, transportés vers de nouveaux publics, constituent-ils
cependant bien plus que de simples supports de communication ? Dans
quelle mesure l'écriture se trouve-t-elle alors au coeur d'enjeux
épistémiques, épistémologiques mais aussi politiques, économiques et
socioculturels liés à toute tentative de médiation des savoirs ?
Ce colloque sera l'occasion de confronter différentes approches
disciplinaires de la problématique "sciences et écritures" : en mettant
en présence des chercheurs issus des sciences de l'information et de la
communication, de la sociologie et de l'histoire des sciences, des
sciences du langage ou encore de la didactique.
Principaux thèmes
_________________
L'objet de ce colloque sera d'étudier les multiples relations
qu'entretiennent (et ont entretenues à travers l'histoire) la science et
l'écriture, au travers des trois thématiques suivantes :
A. Ecriture  et production des savoirs
B. Ecriture et certification des savoirs
C. Ecriture et diffusion/médiation des savoirs
Ces trois thèmes seront l'occasion d'aborder des questions comme :
- rôle de l'écrit dans la production des savoirs
- construction de l'objet scientifique dans le discours
- utilisation et articulation entre différents registres sémiotiques,
 utilisation de symbolismes spécifiques
- usages induits par des dispositifs d'écriture électronique (langage
 TeX, courrier électronique)
- standards de publication (manuels de style / format) et
 écrit-certification
- correspondances scientifiques
- question des "genres scientifiques"
- discours scientifiques : rhétorique et argumentation scientifique
- l'auteur, sa signature, son style
- documentation et gestion de l'information scientifique
- rôle de l'écriture dans tout processus de médiation : à l'intérieur de
 la communauté scientifique et vers un public non-spécialiste
 (vulgarisation, enseignement, médiatisation)
Ce colloque sera organisé autour de conférences plénières, d'ateliers
thématiques (maximum 2 en parallèle) et d'un espace "posters". A l'issue
de chaque atelier, des discutants commenteront les communications
présentées.
Soumission et évaluation
________________________
La date limite de dépôt des propositions de communication est le 1er
décembre 2003. Les auteurs sont invités à soumettre des travaux
originaux. Les propositions de communication devront comporter :
- le titre de la contribution
- le nom du ou des auteurs
- leur affiliation
- leur adresse e-mail
- une liste de 4 mots-clefs
- le résumé de la contribution (3000 caractères au plus)
- la thématique dans laquelle ils souhaitent inscrire leur communication
Chaque proposition de communication fera l'objet d'une évaluation par au
moins deux membres du comité scientifique. Les auteurs de posters
devront procéder de la même manière que pour les communications orales,
en précisant qu'il s'agit d'un poster affiché.
Toutes les propositions de communication devront être adressées par
courrier électronique à l'adresse suivante :
              muriel.lefebvre@univ-fcomte.fr
Si l'option courrier électronique n'est pas disponible, par la poste à :
Muriel Lefebvre - LASELDI - Université de Franche Comté - 30 rue
Mégevand - 25 030 Besançon Cedex
Calendrier
1er décembre 2003 : Date limite de réception des propositions de
              communication
15 février 2004 :   Notifications d'acceptation/refus
15 avril 2004 :     Réception des textes par les discutants
13-14 mai 2004 :    Colloque à Besançon
Coordination scientifique
Muriel Lefebvre, LASELDI, Université de Franche Comté
Comité scientifique   
Karine Chemla, REHSEIS
Claude Condé, LASELDI, Université de Franche Comté
Ulrike Felt, Université de Vienne, Autriche
Béatrice Fraenkel, EHESS
Daniel Jacobi, LCC, Université d'Avignon
Yves Jeanneret, CELSA, Université Paris IV
Baudouin Jurdant, CCI, Université Paris VII
Dominique Vinck, CRISTO, Université de Grenoble
Pour toute information complémentaire :
Muriel Lefebvre : muriel.lefebvre@univ-fcomte.fr
Tel : 03 81 66 54 08 ou 03 81 47 68 84     
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR, 13/10/2003}
Appel à contributions
Call for Papers
                                             Special issue on
                               Genres of Digital Documents
                                              To appear in
                              Information, Technology & People
                               Papers due Monday 1 March 2004
We invite papers for a special issue of the journal Information
Technology & People on Genres of Digital Documents. Genres are
communicative actions with a socially recognized purposes and common
aspects of form (such as newsletters, FAQs, and homepages). Genres are
situated in complex communicative practices ; they are anchored in
specific institutions and processes and apply to physical as well as
electronic documents. Genres are useful because they make communications
more easily recognizable and understandable by recipients and more
easily generated by senders. Thus, the study of genres, besides
enhancing our understanding of information search and use, may also
provide insights into organizational and community structuring.
In a digital environment, documents have functionality as well as Form
and content but in many ways the contextual clues to ascertain
functionality are missing. As a result, it is becoming increasingly
clear that the successful use of digital media requires the emergence of
new or transformed genres of digital communication. Genre provides a
certain fixity in communication and provides conventions for navigating
broad information spaces, helping to mitigate "information overload." In
practice, genres disambiguate the information environment, making it
easier for users to categorically ignore certain communications while
attending carefully to others, based on the perception of genre and the
conformity of an instance to its genre.
Suggested topics for the special issue include:
o   Issues in the transformation of print genres to digital form
o   The evolution of genres of digital documents
o   Genre theory and its application to digital documents
o   Emergent genres
o   Investigations of genre in use
o   Analyses of particular document genres
o   Genres in digital search and classification
o   Genres in non-text digital documents
o   Genres for electronic commerce
o   Designing systems in support of and using genre
o   Genres that spill over into other applications
o   Limitations and presuppositions of genres
Special issue editors
Kevin Crowston and Barbara Kwasnik
Syracuse University School of Information Studies
4-206 Centre for Science and Technology
Syracuse, NY   13244-4100   USA
Email: {crowston,bkwasnik}@syr.edu
                      Instructions to authors
1. Each paper must have a title page that includes the title of the
  paper, full name of all authors, and complete addresses including
  affiliation(s), telephone number(s), and e-mail address(es).
2. The first page of the manuscript should include the title and a
  300-word abstract of the paper.
3. Papers should contain original material and not be previously
  published, or currently submitted for consideration elsewhere.
4. Papers should be submitted on the ITP website at
              http://www.itandpeople.org/
Important dates
Papers due :                                           Monday 1 March 2004
Notification of acceptance :      Tuesday 1 June 2004
Final copy due :                       Monday 16 August 2004
Anticipated publication :           November 2004
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