DERRIÈRE LES PROBLÈMES MÉTHODOLOGIQUES
DU RECUEIL DES DONNÉES
[1]

Françoise GADET
Université de Paris 10


Parmi les échantillons de discours oraux que l'on peut souhaiter voir figurer dans un corpus multi-genres de quelque ampleur, il est un ensemble dont le recueil pose des problèmes spécifiques, souvent difficiles à résoudre : ce sont les énoncés de vernaculaire où prédomine le parler familier, recueillis dans des contextes ordinaires. Les énoncés les plus informels (entre pairs) sont plus difficiles à recueillir que les énoncés formels (publics).

Les problèmes de constitution d'un corpus diffèrent selon les objectifs assignés au travail, et nous nous intéresserons ici seulement aux préliminaires et aux étapes initiales. Nous partons de l’hypothèse que l'accès aux données n'est pas dissociable des orientations non seulement épistémologiques mais éthiques qui les sous-tendent. Nous étudierons d'abord les options classiques sur le recueil de données, où l'accent est mis sur une optimisation des informations collectées. Puis nous envisagerons une option où la dimension sociale et éthique est mise au cœur de la pratique. Cette seconde option, qui occupe actuellement une position marginale dans les considérations de méthode en sociolinguistique, nous paraît mériter l’attention.

1. Que le sociolinguiste “ sache ce qu'il fait ” [2]

La première option nous conduit à revenir sur des observations bien connues, afin de mieux caractériser les postures de recherche auxquelles les sociolinguistes ont fait appel pour recueillir du vernaculaire.

1.1.  Le paradoxe de l'observateur 

La linguistique dispose d'une tradition d'étude de terrain, surtout dans sa version américaine (Samarin 1967), mais celle-ci est restée dépendante de conceptions théoriques et d'objectifs d'analyse de langues non encore décrites (structuralisme américain). Les objectifs des sociolinguistes étant différents, ce sont des modèles issus des sciences sociales [3]  qui ont été décisifs pour leurs options d'enquête.

La sociolinguistique naissante des années 60 s'est trouvée fortement influencée par les réflexions sur les méthodes initiées par Labov, et la plupart des sociolinguistes adopteront les orientations posées dans le “ paradoxe de l'observateur ”, dont il a été le promoteur constant : 

Quelle que soit leur pratique effective, cette référence demeure omni-présente chez eux aujourd'hui, comme l’atteste par exemple la présence d'une entrée “ paradoxe de l'observateur ” dans le dictionnaire de sociolinguistique de Moreau 1997, ou cette citation d'un travail récent, parmi beaucoup d'autres que l'on aurait pu citer ici : 

Il n'est ainsi pas exagéré de dire que c'est la réflexion autour du paradoxe de l'observateur, et de la problématique souvent considérée comme purement technique de son “ dépassement ”, qui a constitué le moteur des réflexions méthodologiques en sociolinguistique. En effet, si la présence de l'observateur est regardée comme un handicap, il va falloir s'efforcer de le marginaliser en tant que participant à l'échange de paroles. Les initiatives méthodologiques concernent donc toutes les places que peut occuper un acteur social dans la structure de participation à l'échange verbal décrite par Goffman 1979, dans un article précurseur où il décompose les différentes positions que les acteurs peuvent occuper [4].  L’observateur ne saurait être le locuteur (le sociolinguiste ne peut qu'occasionnellement s'observer lui-même) ; il ne faut pas qu'il soit l'interlocuteur (critique des différentes formes d'interview) ; il ne faut pas qu'il soit le destinataire principal ; et il faut même le marginaliser en tant que participant occasionnel. 

1.2. Les écueils de l'interview

Les limites de l'interview quand il s'agit d'obtenir de la langue naturelle ont souvent été soulignées. Les interviews dites informelles (dans lesquelles l'enquêteur s'efforce de “ mettre l'interviewé à son aise ”) se présentent alors comme un compromis pour une méthode qui a pu constituer une ressource tentante, pour sa facilité de mise en place, et pour la comparabilité qu'elle permet. Cependant, parce qu'elles laissent une place non marginale à un enquêteur qui la plupart du temps n’est pas un familier, le degré de naturel de la relation a pu être mis en cause, et du même coup la qualité (en tant qu'ensemble de données) de la langue ainsi obtenue : 

Nous ne prendrons ici qu’un exemple : Wolfson 1976, qui étudie minutieusement les données récoltées lors d’interviews informelles. En prenant quelques exemples comme celui des récits, elle établit une distorsion entre les récits produits en conversation ordinaire spontanée et ceux intervenant dans ces interviews informelles, dans la façon d’amener le récit, la longueur, la mise en scène des acteurs et des propos, les passages mis en valeur, l’évaluation finale...) : 

1.3. Astuces et trucages (relativement anodins)

Labov 1972, conscient des écueils de différentes formes d'interview, fera des suggestions pour exploiter les marges de celle-ci. Afin de recueillir ces énoncés naturels, la rigidité des positions à l'œuvre dans la relation d'interview peut être contournée, au moyen de différents procédés : laisser le magnétophone tourner après la fin de l'enregistrement, ne pas manquer d'observer (voire d'enregistrer) les interruptions inopinées, comme coup de téléphone, enfant, animal... L'un des procédés de Labov, mis au point en contexte new-yorkais, consistait à glisser une question demandant à l'interviewé s'il s'était déjà trouvé en danger de mort ; et si la réponse était positive, d'attendre le récit justificatif qui ne devait pas manquer de suivre, en misant sur la charge émotionnelle pour inhiber toute tentation de surveillance.

Par la suite, le “ truc du danger de mort ” a été très fréquemment ré-exploité. Milroy 1987 évoque pourtant deux contextes (extrêmes, certes) où une telle incitation ne peut que manquer tout effet : une ville où il ne se passe jamais grand chose (travail de Trudgill dans la petite ville anglaise tranquille qu’est Norwich), et une ville où règne une telle violence endémique que le danger de mort s'y trouve banalisé (son propre travail à Belfast).

Les observations de Milroy montrent bien l'inadéquation d'une posture d'enquête qui n'est pas spécifiquement adaptée au terrain visé, se contentant de mettre en œuvre des recettes établies pour d'autres contextes. 

1.4. La relation sociale observateur/observé 

Reconnaître la spécificité d'un terrain, c'est avant tout se soucier de la qualité de relation avec les observés [5]  (co-opération, enquêteur proche de la population observée, participation, écoute des enquêtés, et, dans la mesure du possible, informations quant aux objectifs de la recherche).

Ainsi, si l'on décide de maintenir la pratique des interviews informelles, malgré les écueils qu’on leur connaît, ce sera en s'efforçant de prendre en compte la dimension sociale de la relation d'échange. S’il est impossible d’éviter qu’une enquête constitue une “ relation sociale qui exerce des effets sur les résultats obtenus ”, selon le propos de Bourdieu 1993 (p. 1391), il est toujours possible d’atténuer ces effets. Il est ainsi au minimum indispensable de respecter certains principes, comme le préconise Bourdieu, qui s'appuie sur une méthodologie inspirée de Milroy 1987, adhérant elle-même à une approche en termes de “ réseau social ” exploitée à travers la technique de “ l'ami d'un ami ” (Boissevain 1974), que Bourdieu résume ainsi : 

1.5. L'observation participante 

Les enquêtes fondées sur l'interview ayant toutes l'inconvénient de ne constituer ni du “ socialement naturel ” ni du spontané, elles se sont trouvées mises en question par le travail de terrain. Encore une fois, c'est l'ethnographie qui va offrir une méthode permettant de s'éloigner du face-à-face : l'observation participante, instituée par l'ethnologue Malinowski, et pratiquée par exemple par le sociologue Whyte dans son ouvrage de 1943 (Street Corner Society, dont la méthodologie est commentée dans Whyte 1984). Dans cet “ idéal type de l'enquête de terrain ” (Copans 1998, p. 35), le chercheur quitte le rôle d'interlocuteur pour se faire membre de la communauté.

L'observation participante est une posture qui procure d’excellents résultats : les données y gagnent, outre en authenticité, en qualité et en intérêt, en compréhensibilité du point de vue des acteurs ; et c’est un accès sans équivalent aux pratiques non officielles, sur lesquelles les observés ne diront rien à un enquêteur, qu’ils les trouvent trop banales ou trop peu légitimes. La durée de l’insertion finit par avoir pour effet d’assouplir la relation enquêteur/enquêté. Cependant, le coût est élevé pour le chercheur, en investissement de sa personne, de son énergie, de son temps ; et elle n'est pas non plus sans poser parfois des problèmes éthiques.

La balance entre les gains et les coûts est d'ailleurs un thème de réflexion de Schwartz 1990 [6], qui, voulant faire une “ ethnographie de la vie privée ” dans une cité ouvrière du Nord de la France, va habiter plusieurs années sur son terrain. Considérant que l'intrusion de l'ethnologue ne peut pas ne pas avoir d'effets, il propose d'assumer deux types de perturbations : la “ perturbation utilisée ” (jouer des effets induits par la position reconnue du chercheur), et la “ perturbation réduite ” (limiter les effets perturbateurs qui pourraient être induits par la position d'observateur). Il n'est pas dupe de la position inconfortable de “ cynisme ” de l'enquêteur, mais elle est elle-même sujette au renversement :  

1.6. Les sessions de groupe 

Comme l'avait bien vu Goffman (1979), la structure de participation à un échange verbal offre un éventail suffisamment large de places pour qu'il soit possible de réduire encore l’impact de la position de l'observateur. Celui-ci peut occuper une position d'auditeur passif ou de non-participation (bystander  ou overhearer), comme il peut partager son rôle de récepteur indirect avec d'autres (audience ou intermédaire). Levinson 1988 va jusqu'à distinguer entre sept places de réception, quatre participantes et trois non participantes (p. 173).

D'où une méthode mise au point en ethnographie de la communication, introduite en sociolinguistique par Gumperz (synthèse dans son ouvrage de 1982), qui permet d'obtenir de bonnes données sans être aussi coûteuse que l'observation participante : ce sont les enregistrements de “ sessions de groupe ”, mettant en scène un groupe auto-sélectionné de locuteurs relevant d'un réseau social serré. Il apparaît en effet que lors des enregistrements de ces interactions naturelles, le contrôle du groupe (le facteur “ audience ” de Bell 1984) l'emporte sur d'éventuels effets d'observation : 

Ces procédés et ces techniques reposent sur l’implicite selon lequel la relation d'observation peut optimiser la nature des informations qu'elle produit, même si le recueil d'un discours vernaculaire “ pur ” reste posé comme un horizon difficilement atteignable [7].

2. Cadre épistémologique 

Dans cette variété de démarches, on peut certes décider de ne voir qu'une heureuse diversification des méthodes, qui permettrait par elle-même de réduire les distorsions inhérentes à chacune d'entre elles :

Labov lui-même a opéré un tournant dans ses pratiques de recueil de données, sans toutefois jamais renoncer aux méthodes quantitatives fondées sur un échantillonage contrôlé. On peut opposer chez lui une première période axée sur l'enquête inspirée de la sociologie quantitativiste de Lazarsfeld, à une seconde orientation issue des travaux émergents en micro-sociologie et en anthropologie dans les Etats-Unis des années 60, fondée sur l'observation directe des communications courantes et sur l’induction. Mais dans les deux périodes, il n'abandonne jamais son adhésion au paradoxe de l'observateur.

Si l'on peut souligner une diversification relative des attitudes quant au terrain, et en fin de compte, quant aux options épistémologiques sous-jacentes, ces dernières restent la plupart du temps peu explicitées chez les sociolinguistes. Il ne s’agit naturellement pas de considérer que les praticiens des sciences sociales (et les sociolinguistes parmi eux) n'ont fait qu'adhérer sans distance aux différentes méthodes disponibles (voir en particulier Briggs 1986 pour une revue critique des réflexions sur la pratique d'interview, au-delà des “ ouvrages de recettes de cuisine ”). Mais c'est un fait que les incidences théoriques et épistémologiques des méthodes ne sont bien souvent évaluées que selon la seule dimension de l'immédiate efficacité pratique et méthodologique.

Pourtant, les différents problèmes évoqués jusqu'ici (et naturellement les réponses qui y sont apportées) n'ont de valeur que si l'on admet ce cadre général où seule la dimension épistémique est prise en compte, c'est-à-dire si l'on adhère à une position scientifique que l’on peut résumer comme “ positiviste ”. Pour cette option, encore largement dominante dans les sciences sociales aujourd’hui, il existerait une réalité neutre, indépendante de la perspective prise par l'observateur. L'observateur ne peut qu'introduire des “ biais ”, ou au minimum une distorsion, dans cette réalité, et à ce titre il constitue une gêne (on trouve même le terme “ danger ”) pour une observation scientifique pure. Le paradoxe de l'observateur, où les chercheurs ne voient la plupart du temps qu'une invitation à s'interroger sur les possibilités purement méthodologiques, astucieuses ou techniques de le détourner ou de le dépasser [8], ne constitue donc un principe de réflexion judicieux que pour ceux qui considèrent que la présence de l'observateur ne peut avoir d'effets que négatifs sur l'observable.

Dès lors, pour ces chercheurs, tout semble autorisé si cela peut conduire à éviter les effets du paradoxe de l'observateur. Position que Cameron et al 1992 dénonce par une caricature dans la description suivante  [9]: 

Le sociolinguiste de tradition purement linguisticienne se trouve ici particulièrement en ligne de mire, étant donné son attitude en fin de compte cynique vis-à-vis de l'observé, que l'on pourrait représenter sous la forme : “ en fin de compte, peu m'importe ce que vous avez à dire ; je ne cherche qu'à savoir comment vous le dites ” (sociolinguistique des indices).

Il y a évidemment là un problème sur lequel nous allons revenir, si l'on veut bien tirer les conséquences de ce que, les objets d'investigation dans les sciences humaines étant des êtres sociaux et non des artefacts, on ne peut se comporter envers eux comme s'ils n'étaient que des artefacts. En effet, le savoir d'expertise en sciences humaines n'est pas séparable de la mise en lumière du savoir du membre d'une communauté, ce qui devrait inciter à adopter une déontologie exigeante à l'égard de l'observé.

Aussi est-ce en réaction contre les tentations et les dérives positivistes du paradoxe de l'observateur que les Britanniques Cameron et ses collègues (1992 et 1993) s'interrogent sur les rapports entre “ power and method in a range of social science disciplines [10] (anthropology, sociology and sociolinguistics ) ” (1993, p. 145). Pour eux, les relations de pouvoir ne sont pas seulement l'effet de différences de statut préexistantes entre l'observateur et l'observé ; elles sont aussi mises en œuvre dans le processus de recherche même, qui instaure une relation de pouvoir inégale.

Pour autant, cette nouvelle option ne cherche aucunement à inciter à renoncer à l’ethnographie comme mode d’enquête (“ type d’enquête qui repose sur une insertion personnelle et de longue durée du sociologue dans le groupe qu’il étudie ” Schwartz 1993, p. 266). Il s’agit plutôt d’assurer les conditions pour que le sociolinguiste sache ce qu’il fait (Gadet 2000), ce qu’il fait avec ses données, et ce qu’il fait avec ses enquêtés. Il faut pour cela admettre que le paradoxe de l’observateur est intrinsèque à la démarche, savoir “ allier conscience critico-méthodologique de [ses] démarches et tolérance à l’impureté de [ses] matériaux, donc à la contingence de [ses] résultats (Schwartz 1993, p. 271).

3. Les postures de l'observateur en sciences sociales, et leurs incidences

Cameron et al. vont alors définir trois cadres caractérisant les relations des chercheurs en sciences sociales envers le terrain : “ l'éthique ” (ethics), “ la défense ” (advocacy), et “ la responsabilisation ” (empowerment) [11]. La première position détermine une recherche sur des observés, la deuxième une recherche sur et pour eux, et la troisième une recherche sur, pour et avec eux.

3.1. Les enjeux des considérations éthiques

L'exigence d'éthique apparaît comme le requis minimal, compte tenu de la responsabilité morale contractée par un chercheur envers les personnes sur/avec lesquelles il travaille (décision sur ce qui est à dire ou non, décisions sur ce qui pourra être publié, garantie d'anonymat,... voir 1.3.). Labov a été un énergique défenseur de la nécessité d'une position éthique, même si ses premiers travaux mettaient en œuvre, comme on l'a vu, des pratiques qui constituaient d'incontestables manipulations, qui me semblent toutefois plus anodines que beaucoup de pratiques de piégeage ayant encore cours à l'heure actuelle, surtout si elles sont à la source même du projet.

Comment trouver un équilibre entre les intérêts éventuellement contradictoires du chercheur et de l'observé ? Une position éthique doit exclure tout piégeage, pratiques de “ micro caché ”, de “ caméra invisible ” ou d'enregistrement à l’insu de l’enquêté (“ La morale excluant les gadgets d'espion... ”, écrivait déjà Séguy en 1973, p. 84, à propos des pratiques qu'il lui paraissait licite à un dialectologue d’adopter) ; sauf peut-être en quelques cas bien particuliers, à considérer au coup par coup [12]. Et elle implique de se préoccuper avant tout de la qualité de la relation à l'observé, en traitant ce dernier non seulement comme un locuteur-producteur-de-données, mais comme l'agent social et moral qu'il est [13].

Mais la considération éthique, indispensable, demeure insuffisante, car elle laisse intacte le dispositif d'observation, et l'observé demeure assigné à un rôle purement passif, le chercheur ne se préoccupant guère des bénéfices que son observé pourrait tirer de la recherche (sauf la satisfaction qu'il doit éprouver pour avoir participé à l'élaboration de la science !). C'est d'ailleurs toujours le chercheur qui est en position d'agent moral, car il décide seul en dernière instance quelles sont les pratiques éthiquement correctes, et celles à éviter. 

3.2. La défense : objectivité et engagement 

Dans une affaire exposée dans Labov 1982, le sociolinguiste américain s'est engagé personnellement pour défendre l'idée qu'une position d'éthique n'était pas suffisante. Il considère en effet que le chercheur contracte envers son terrain une responsabilité sociale, qui se manifeste à travers deux principes relevant de l'engagement : le “ principe de rectification ”, qui consiste à être prêt à s'opposer à des propos de sens commun erronés mais couramment tenus (comme “ telle variété n'est pas une langue ”, ou “ il y a déprivation linguistique des enfants de milieux défavorisés ”...) ; et le “ principe de la dette encourue ”, selon lequel un chercheur ne peut refuser son expertise si besoin est à la communauté qui l'a accueilli pour son terrain ; à condition de ne pas avoir à céder sur l'objectivité, bien entendu.

Travaillant à l'époque sur le Black English, c'est tout naturellement que Labov a accepté d'intervenir en tant qu’expert [14] devant un tribunal, aux côtés de plaignants parents d'élèves affirmant que la distance entre anglais standard et Black English constituait pour les enfants une “ barrière linguistique ” aboutissant à une discrimination si la différence n'était pas reconnue et prise en compte par l'école ; ce qui imposait de convaincre le tribunal que le Black English constituait, d'un point de vue historique aussi bien qu'actuellement, une variété linguistiquement distincte de l'anglais standard.

Il n'échappe pourtant évidemment pas à Labov que “ objectivité ” et “ engagement ” [15] ne sont pas toujours des plus aisés à conjoindre : 

3.3. Définir un projet de recherche au-delà du positivisme

Cameron et al. 1992 approuvent évidemment la position d'éthique, et n’excluent pas la gentille générosité de la position de défense, mais ils jugent cette dernière insuffisante, et en fin de compte criticable. Insuffisante, puisqu'il est possible d'aller plus loin (dans des programmes de recherche-action, par exemple). Criticable, pour au moins deux raisons : 1) “ rectifier des erreurs ” est une idée généreuse, mais qui n'a de sens que dans une perspective fondée sur la dichotomie des faits et des valeurs, où “ du vrai ” s'oppose à “ du faux ” ; 2) comme il est peu probable que l'ensemble d'une communauté s'accorde jamais sur ce qui serait souhaitable pour elle, comment le chercheur fera-t-il le choix du camp qu'il va soutenir, sinon en adoptant une position de pouvoir qui ne lui est octroyée que par sa position d'expertise ? (ce risque n'a d'ailleurs pas non plus échappé à Labov).

C'est la dichotomie fait/valeur (inconsciente, ou parfois plus ou moins assumée) qui empêche les chercheurs d'aller au-delà d'une position de défense. On voit ainsi, par la mise en cause des implications des deux premières positions, se dessiner une troisième position, que vont adopter Cameron et ses collègues, celle de la responsabilisation : l'interaction entre chercheur et observé n'est plus considérée comme un biais (source d'interférence ou de contamination), elle constitue une situation naturelle, quoique peu fréquente, de communication, où la relation observateur/observé se négocie en contexte, les rôles n'étant pas fixés une fois pour toutes.

Les observés peuvent alors jouer un rôle dans la détermination des objectifs d'enquête, et l'expert doit se trouver prêt à partager au moins une partie de son savoir. 

3.4. Conséquences pour le travail du chercheur 

Admettre cette position revient à accepter de mettre en œuvre trois pratiques, qui toutes trois supposent de considérer les observés autrement que comme de simples objets/lieux d'investigation : des méthodes susceptibles de tenir compte de l'échange interactif, la prise en compte des souhaits et désirs des observés, et l'acceptation du partage et de l'effet en retour du savoir.

Nous allons illustrer les conséquences avec le premier point, où peut intervenir une technique en contradiction radicale avec ce qu'implique le paradoxe de l'observateur : l'auto-réflexion, ou élicitation. Le chercheur considère que l'observé dispose d'un certain savoir sur ce qui se passe, et il se soucie suffisamment de son opinion et de ses perceptions pour revenir le voir après l'enregistrement, et lui demander de commenter certains moments notables de l'interview ou de l'interaction, certains gestes, certaines paroles, certains manques ou certains silences ; on parlera d'auto-confrontation (avec verbalisation consécutive).

Cette technique, exploitée surtout par des ethnologues et par des ergonomes, a été en sociolinguistique mise en œuvre par Rampton, à côté d'autres techniques d'observation (in Cameron et al. 1992) ; il fait revenir sur leurs interviews de jeunes garçons d'origine indienne ou pakistanaise quant à leurs rapports à l'anglais d'Angleterre (il parle de “ feedback research ”). Il leur présente aussi sa propre analyse de leur situation, et leur demande ce qu'ils en pensent (“ respondent validation ”).

3.5. Le chercheur comme personne située socialement

Les réflexions autour de la responsabilité sociale du chercheur conduisent à s'interroger sur les pratiques empiristes, si massivement dominantes dans la sociolinguistique. Mondada 1998 résume d'ailleurs comment une réflexion générale sur le rapport entre le chercheur et son terrain peut déplacer l'intérêt, loin des arguties autour du paradoxe de l'observateur : 

Le sens même de la recherche est désormais totalement modifié, dès lors que l'on va reconnaître “ les effets pervers, dans les sciences sociales, d'un parti pris systématique de distanciation des chercheurs par rapport aux sujets ” (Schwartz 1990, p. 36).

Cette position ne règle évidemment pas tout, et Cameron 1998 montre que d'autres problèmes surviennent, quand on veut mettre en œuvre la responsabilisation des enquêtés : elle présente quelques réactions (pas toujours attendues) auxquelles le groupe s’est heurté. L'une d'entre elles concerne la distinction entre “ responsabilisation intellectuelle ” et “ responsabilisation pratique ” : cette deuxième suppose nécessairement l'intervention de la première, mais il y a entre les deux une étape souvent difficile à franchir pour les populations concernées (différence entre “ savoir ” et “ faire un usage pratique de ce que l'on sait ”). Dans cet article, Cameron montre aussi qu'il n'est pas facile de déterminer ce qui est ou non potentiel de responsabilisation (et en ce point, les observés ne voient pas nécessairement les choses comme le chercheur). En tous cas, le choix échappe en grande partie à la bonne volonté du chercheur, qui court ici le risque, soit du paternalisme, soit du coup de force pour imposer sa propre expertise ; il perd en tout cas sur sa position de maîtrise.

Les conséquences épistémologiques sont soulignées par Franceschini 1998 (p. 70), qui étudie la périodisation des théories prenant en charge de telles problématiques (en un sens plus large que la simple chronologie) dans l'histoire de la discipline sociolinguistique : d’une phase objectivante qu'est le paradigme variationniste, à une période interactive, sous l'influence de l'ethnométhodologie, de l'ethnographie de la communication, et de l'anthropologie sociale (sur ce point, voir aussi Dittmar 1997, p. 98-102, pour une synthèse comparative des paradigmes en jeu).

Conclusion

La participation des enquêtés au travail de recherche peut enrichir l'objet même :

Plusieurs dizaines d'années de réflexion sur les techniques d'enquêtes (à condition de ne pas les réduire à la méthodologie) porteront donc aujourd'hui leurs fruits, si l'on est davantage conscients des limitations et des difficultés, et si l'on est persuadé qu'à tout problème spécifique il y a une solution spécifique, comme le formule l'introduction de Mahmoudian et Mondada (1998), qui se conclut ainsi :

Nous avons voulu montrer que les interrogations sur la position du chercheur dans l'observation peuvent s'argumenter selon deux orientations :

- une orientation pragmatique et fonctionnelle (instrumentale), où sont privilégiés les aspects communicationnels et informationnels de la relation d'observation. Elle se conçoit dans une optique d'optimisation, à la fois de la qualité des données et de la communication verbale ;

- une orientation normative et éthique, où la relation observateur/observé sort du cadre limité de l'échange verbal, pour prendre en compte les dimensions éthique, politique et sociale. Elle conduit à une atténuation de la dichotomie fait/valeur, puisqu'il ne s'agit pas seulement de restituer la parole dans son état naturel, mais de donner aux locuteurs un contrôle sur l'information collectée, son usage et son évaluation.

Cette dernière option n'a pas seulement une portée critique, mais elle soulève des questions d'épistémologie des sciences du langage qui se trouvent au cœur des débats actuels. Elle intègre, probablement mieux que la première perspective, à quel point, sur le terrain, l'expert ne saurait être le maître.


NOTES

[1] Cet article, paru initialement dans Les Cahiers de l’Université de Perpignan (n° 31, 2000, “ Linguistique sur corpus ”), a ici fait l’objet de reformulassions, de précisions et d’ajouts.

[2] C'est par ces mots que Saussure invite les linguistes à réfléchir sur les méthodes qu'ils mettent en pratique, et sur ce qu'elles impliquent comme posture épistémologique.

[3] Spécifiquement pour la langue, une autre catégorie de spécialistes (surtout en Europe) a historiquement contribué à une telle réflexion : ce sont les dialectologues. Voir Lyche & Durand 1999 pour une comparaison entre les méthodes des dialectologues et celles des sociolinguistes, ainsi que Milroy 1987, chap. 1.
Du coup, il faut bien reconnaître que les sociolinguistes, s'étant inspirés des méthodes de dialectologues, d’ethnologues et de sociologues, ne se sont pas montrés très innovateurs en matière de méthodologie : “ sociolinguists are relatively conservative, methodologically speaking ” (Briggs 1986, p. 17).

[4] Levinson (1988) précise son travail en présentant un modèle à la fois plus systématique, plus détaillé et plus linguistique de l'ensemble de ces places ; et Bell (1984) en a tiré un bon parti dans son modèle de l'Audience Design, où il considère que c’est l’audience qui constitue le facteur principal qui façonne le style.

[5] Faute d'un mot français satisfaisant pour traduire “ researched ” (qui s’oppose à “ researcher ”), je généralise désormais “ observé ”, tout en lui attribuant un sens large, indépendant de la nature même de la démarche méthodologique (par exemple, d'une distinction entre “ observation ” et “ enquête ”), qui ne me semble pas décisive ici (voir Maurer 1999).

[6] Voir aussi Lepoutre 1997 pour le domaine français (observation de jeunes de la banlieue parisienne), qui réfléchit sur la constitution des données à partir d’une position d’observation. On trouvera également une réflexion épistémologique et théorique sur ce point dans Schwartz 1993, qui souligne entre autres que le terme même de “ participant ” adjoint à ce mode d’observation est légèrement illusoire, il “ peut tromper par excès ” (p. 270), et finalement conduire à une “ mystique du terrain ”.

[7] Tous les cas de figure d'enquêtes ne sont pas ici présentés (pour leur correspondance avec les recherches effectives, voir par exemple Maurer 1999, qui s'attache à des recherches menées récemment en France) ; mais toutes les positions méthodologiques le sont.

[8] Il serait sûrement instructif d'établir une liste des verbes apparaissant dans la position où je viens de faire figurer dépasser. Rien que chez Cukor-Avila & Bailey 1995, par exemple, on trouve “ attaquer ” et “ améliorer ”. Schwartz 1993 nous invite à une réflexion approfondie sur ce point.

[9] On parle ici de caricature non tant quant à la position elle-même, ni quant au fait de la dénoncer, mais parce qu'à ma connaissance il n'y a plus de nos jours grand monde pour l'assumer totalement : il n'y aurait plus de positivistes radicaux que naïfs ou honteux ; du moins en France, où la réflexion critico-méthodologique (selon l’expression de Schwartz 1993) et épistémologique s’est attachée à démonter cette position.

[10] Anthropologues, sociologues, sociolinguistiques ou spécialistes des médias, les participants à ce groupe de réflexion ont tous en commun de pouvoir définir ainsi les enquêtés avec lesquels ils travaillent : “ groups of people whose position in society [was] subordinate to our own in terms of economic status, race or ethnicity, education and symbolic capital ” (Cameron 1998, p. 23).

[11] A part le premier, ces termes ne sont pas faciles à traduire en français. J'ai choisi de rester assez près des termes de Cameron et al, mais je signale qu'on a proposé de traduire “ advocacy ” par “ restitution ” (c.p. de Bernard Conein), et on pourrait aussi penser à “ conscientisation ” pour empowerment(c.p. de Jean-Pierre Zirotti) ; il apparaît toutefois difficile de rendre justice au power qu’il y a dans empowerment (acquérir du pouvoir sur sa propre vie).

[12] Laroussi 1996 donne un tel exemple de cas où  la déclaration du but ne peut que faire complètement disparaître l’objet. Il travaille sur les pratiques d’alternance codique français-arabe en Tunisie, et se résigne à cacher le micro après avoir essuyé de nombreux refus d’enregistrement ouvert, et après avoir constaté que la déclaration préliminaire faisait bel et bien disparaître l’objet.

[13] L'ethnologie, sans doute parce que des chercheurs se sont trouvés confrontés à des occasions où la discrétion nécessaire na pas été assurée,  dont certaines ont pu avoir des conséquences  graves, a accumulé une solide réflexion sur les risques de l'espionnage, volontaire ou non (Copans 1998, p. 20 et 57).

[14] La tradition française, où la linguistique appliquée est fortement coupée de sa contre-partie théorique, et où les universitaires, au contraire des Américains, ont peu l'habitude de se voir appelés comme experts sur le monde du travail, de la médecine ou de la justice (voir Labov 1988), manifeste peu de réflexions sur l'expertise sociale, et de façon plus générale sur “ l'utilité sociale de la linguistique ” (Labov 1982, p. 378).
Le seul domaine français où une telle perspective existe réellement est l'école, en particulier à propos de l'échec scolaire et de l'enseignement en direction de locuteurs à cheval sur deux langues, ou ayant comme vernaculaire une variété dominée.

[15] Que les deux soient indépendants de l'expertise, c'est ce qui est montré par un petit article de Canale, Mougeon & Klokeid, trois linguistes de Toronto qui se sont trouvés cités comme experts pour le même procès, deux d'entre eux pour la défense et le troisième pour l'accusation : ils émettent de forts doutes quant à la marge de manœuvre réelle du côté de l'objectivité.

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Référence bibliographique : GADET, Françoise. Derrière les problèmes méthodologiques du recueil des données. Texto ! juin-septembre 2003 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.revue-texto.net/Inedits/Gadet_Principes.html>. (Consultée le ...).