SÉMANTIQUE TEXTUELLE 1

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3. La sémantique textuelle

3.1. Méthode d’analyse en champs lexicaux

3.1.1. Présentation

Avec la sémantique structurale textuelle, on applique cette méthode à l'analyse de texte en construisant des champs lexicaux. Cette notion, dans cette perspective, doit être revue et précisée. Le champ lexical, appliqué au texte, désigne l'ensemble des mots (n'appartenant pas nécessairement à la même catégorie grammaticale) qui ont entre eux au moins un élément de signification commun ; on range ces mots dans un ensemble et on donne à cet ensemble, comme titre, cet élément commun qui est un sème. Si les mots a, b, c, d, e, f ont /x/ en commun, ils forment le champ dénommé /x/ ; si, en outre, a, c et d ont /y/ en commun, ils forment un autre champ dénommé /y/ (un même mot pouvant appartenir, suivant ses unités constitutives, à plusieurs champs). Ces unités de signification doivent être rapportées au contexte, car elles sont souvent suggérées par le texte qui choisit dans les virtualités du dictionnaire. On voit qu'on est ici dans une présentation en extension (ranger dans le même ensemble tous les termes contenant tel trait), mais qui repose sur  une analyse en compréhension (identifier tous les traits, de façon contextuelle, des termes du texte). Pour ce qui est de l'organisation des champs, ce type d'analyse met en jeu plusieurs relations sémantiques :

- la relation d'équivalence entre des termes qui ont en commun un ou plusieurs sèmes. L'équivalence correspond à une identité sémique partielle entre deux ou plusieurs lexèmes.

- la relation d'opposition, d'antonymie, à relier à la précédente (on n'oppose que des termes qui peuvent être comparés, qui sont équivalents sous un certain aspect), telle qu'elle existe, par exemple, entre des opposés comme « vie »/ « mort », « chaud »/ « froid », « blanc »/ « noir », « santé »/ « maladie ». C'est une des conséquences du postulat théorique de la sémantique structurale : la signification se crée à partir d'oppositions du type « haut »/ « bas », « grand »/ « petit ». Il faut repérer le plus possible de ces oppositions, les intégrer à des champs antonymes et voir comment le texte se comporte à l'égard de ces oppositions.

- la relation d'inclusion : les champs sont souvent articulés en sous-champs ; ainsi le champ du /mouvement/ pourra s'articuler, si c'est le cas, en /mouvement horizontal/ vs /mouvement vertical/.

Soit les termes suivants que l’on supposera appartenir à un texte : {infime, étroit, court, gigantesque, large, long, minuscule, nain, maisonnette, colossal, géant, building}. Une analyse sommaire permet de constituer deux champs lexicaux : celui de la /petite quantité/ comprenant les termes {infime, étroit, court, minuscule, nain, maisonnette} et celui de la /grande quantité/ comprenant {gigantesque, large, long, colossal, géant, building}. On retrouve la relation d’équivalence (elle est constitutive de chaque champ), la relation d’opposition (opposition entre les champs) et la relation d’inclusion (dans la mesure où l’opposition /petite quantité/ vs /grande quantité est subsumée par un axe sémantique générique que l’on pourrait dénommer /quantitatif/). Noter que les termes appartiennent à différentes catégories morphologiques : on est dans une perspective textuelle.

Un même lexème peut être à la croisée de plusieurs champs lexicaux. Le sème est une unité minimale de signification, mais surtout c'est par comparaison systématique avec d'autres termes qu'un terme lexical peut être décomposé en différents sèmes ; le sème n'est pas un élément atomique et autonome ; il ne tire son existence que de l'écart différentiel qui l'oppose à d'autres sèmes. La nature du sème est relationnelle et non substantielle ; il vaut mieux insister sur ce caractère relationnel et différentiel du sème (noté entre barres obliques : /sème/) que sur son caractère d’élément minimal de signification, cette minimalité étant toute relative...

Après le montage des champs lexicaux qui s'effectue progressivement et par lectures successives du texte, on peut examiner la distribution de ces éléments de sens dans le texte (où se trouvent-ils, comment sont-ils repartis? - étude distributionnelle) et les relations qu'ils contractent par le biais de la syntaxe (étude syntagmatique).

Les champs peuvent être présentés, pour plus de lisibilité, sous forme de colonnes.

Voici une analyse textuelle appliquant cette méthode des champs lexicaux. Il convient de préciser que ces types d’analyses, et cela est valable pour toute analyse textuelle en général, ne sont pas des modèles et ne prétendent pas dire le vrai sens du texte. Nous utilisons certains outils pour interpréter un texte et les résultats peuvent (et peut-être doivent) être critiqués sur les mêmes bases méthodologiques

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