LE PETIT GLOSSAIRE DU SÉMANTICIEN

La selection de Louis Hébert,
Université de Rimouski

 

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A

acception : sémème dont le sens comprend des sèmes afférents socialement normés.

actant : complexe sémique comprenant un sème casuel.

acteur : unité du niveau événementiel de la dialectique, composée d'une molécule sémique à laquelle sont associés des rôles.

actualisation : opération interprétative permettant d'identifier ou de construire un sème en contexte.

afférence : inférence permettant d'actualiser un sème afférent.

assimilation : actualisation d'un sème par présomption d'isotopie.

B

C

champ : ensemble des taxèmes pertinents dans une tâche.

cas (sémantique) : relation sémantique entre actants. Primitives sémantiques de méthode, les cas ne se confondent pas avec les fonctions morphosyntaxiques.

classème : ensemble des sèmes génériques d'un sémème.

cohérence : unité d'une suite linguistique, définie par ses relations avec son entour.

cohésion : unité d'une suite linguistique, définie par ses relations sémantiques internes.

complexe sémique : structure sémantique temporaire qui résulte de l'assemblage des sémies dans le syntagme (par activation et inhibitions de sèmes, mises en saillance et délétions, ainsi que par afférence de sèmes casuels). Au palier textuel, les complexes sémiques analogues sont considérés comme des occurrences de la même molécule sémique.

composant : trait sémantique. On distingue deux sortes de composants, les sèmes et les primitives.

composante : instance systématique qui, en interaction avec d'autres instances de même sorte, règle la production et l'interprétation des suites linguistiques. Pour le plan du contenu, on distingue quatre composantes : thématique, dialectique, dialogique et tactique.

connexion : relation entre deux sémèmes appartenant à deux isotopies génériques différentes.

contenu : plan du texte constitué par l'ensemble des signifiés.

contexte : pour une unité sémantique, ensemble des unités qui ont une incidence sur elle (contexte actif), et sur lequel elle a une incidence (contexte passif). Le contexte connaît autant de zones de localité qu'il y a de paliers de complexité.

D

dialectique : composante sémantique qui articule la succession des intervalles dans le temps textuel, comme les états qui y prennent place et les processus qui s'y déroulent.

dialogique : composante sémantique qui articule les relations modales entre univers et entre mondes.

dimension : classe de sémèmes de généralité supérieure, indépendante des domaines. Les dimensions sont groupées en petites catégories fermées (ex : //animé// vs //inanimé//). Les évaluations font partie des dimensions.

dimensionnel : relatif à une dimension sémantique.

discours : ensemble d'usages linguistiques codifiés attaché à un type de pratique sociale. Ex. : discours juridique, médical, religieux.

dissimilation : actualisation de sèmes afférents opposés dans deux occurrences du même sémème, ou dans deux sémèmes parasynonymes.

domaine : groupe de taxèmes lié à une pratique sociale. Il est commun aux divers genres propres au discours qui correspond à cette pratique. Dans un domaine déterminé il n'existe généralement pas de polysémie.

E

emploi : sémème dont le sens comprend des sèmes afférents localement normés ou idiolectaux.

entour : ensemble des phénomènes sémiotiques associés à une suite linguistique ; plus généralement, contexte non linguistique.

F

fonction (dialectique) : interaction typique entre acteurs.

G

genre : programme de prescriptions positives ou négatives (et de licences) qui règlent la production et l'interprétation d'un texte. Tout texte relève d'un genre et tout genre, d'un discours. Les genres n'appartiennent pas au système de la langue au sens strict, mais à d'autres normes sociales.

grammème : morphème appartenant à une classe fortement fermée, dans un état synchronique donné. Ex. : donc, -ir (dans courir).

H

herméneutique : théorie de l'interprétation des textes. Dans notre tradition culturelle, on peut distinguer d'une part l'herméneutique philologique, issue historiquement de la tâche d'établissement des textes anciens : elle établit le sens des textes, en tant qu'il est immanent à la situation de communication dans laquelle ils ont été produits. Pour sa part, l'herméneutique philosophique, indépendante de la linguistique, cherche à déterminer les conditions transcendantales de toute interprétation.

I

idiolecte : usage d'une langue et d'autres normes sociales propre à un énonciateur.

interprétant : unité du contexte linguistique ou sémiotique permettant d'établir une relation sémique pertinente entre des unités reliées par un parcours interprétatif.

interprétation : assignation d'un sens à une suite linguistique.

isosémie : isotopie prescrite par le système fonctionnel de la langue (ex.: accord, rection).

isotopant : se dit d'un sème dont la récurrence induit une isotopie.

isotopie sémantique : effet de la récurrence d'un même sème. Les relations d'identité entre les occurrences du sème isotopant induisent des relations d'équivalence entre les sémèmes qui les incluent.

J

K

L

lexème : morphème appartenant à une ou plusieurs classes faiblement fermées, dans un état synchronique donné. Ex.: cour- dans courir.

lexicographie : partie de la linguistique appliquée qui se consacre à la rédaction de dictionnaires.

lexicologie : étude linguistique du lexique.

lexie : groupement stable de morphèmes, constituant une unité fonctionnelle.

M

molécule sémique : groupement stable de sèmes, non nécessairement lexicalisé, ou dont la lexicalisation peut varier. Un ì thème î, quand il peut être défini sémantiquement, n'est autre qu'une molécule sémique).

morphème : signe minimal, indécomposable dans un état synchronique donné. Ex. : rétropropulseurs compte cinq morphèmes.

mot : groupement de morphèmes complètement intégré.

N

niveau événementiel : niveau de la dialectique constitué par les acteurs et les fonctions.

niveau agonistique : niveau de la dialectique constitué d'agonistes et de séquences. Seuls les récits comportent un tel niveau, hiérarchiquement supérieur au niveau événementiel.

O

ordre syntagmatique : ordre de la linéarisation du langage, dans une étendue spatiale et/ou temporelle. Il rend compte des relations positionnelles et des relations fonctionnelles. Ainsi, il est le site des relations contextuelles.

ordre paradigmatique : ordre de l'association codifiée. Une unité sémantique ne prend sa valeur que relativement à d'autres qui sont substituables avec elle et qui forment son paradigme de définition.

ordre herméneutique : ordre des conditions de production et d'interprétation des textes. Il englobe les phénomènes de communication, mais dépasse les facteurs pragmatiques, en incluant les situations de communication codifiées, différées, et non nécessairement interpersonnelles. Il est inséparable des situations historique et culturelle de la production et de l'interprétation.

ordre référentiel : ordre qui détermine l'incidence du linguistique sur les strates non linguistiques de la pratique. Il participe à la constitution d'impressions référentielles.

P

palier : degré de complexité. Les principaux paliers sont le morphème, le syntagme, la période, et le texte.

parcours interprétatif : suite d'opérations permettant d'assigner un ou plusieurs sens à une suite linguistique.

période : unité textuelle composée de syntagmes qui entretiennent des relations de concordance obligatoire.

pertinence : activation d'un sème. On distingue trois sortes de pertinence (linguistique, générique, ou situationnelle), selon que l'activation est prescrite par le système de la langue, le genre du texte, ou la pratique en cours.

phrase : structure syntaxique d'un énoncé normé.

philologie : discipline qui établit et étudie les textes à tous leurs niveaux d'analyse, la philologie est le fondement de la linguistique.

pratique sociale : activité codifiée, qui met en jeu des rapports spécifiques entre la sphère sémiotique (dont relèvent les textes ), la sphère des représentations mentales, et la sphère physique.

Q

R

référence : rapport entre le texte et la part non linguistique de la pratique où il est produit et interprété (plutôt qu'un rapport de représentation de choses ou d'états de choses). Pour déterminer une référence, il faut préciser à quelles conditions une suite linguistique induit une impression référentielle.

réseau associatif : ensemble des relations qui permettent d'identifier la récurrence d'une molécule sémique.

rôle : valence dialectique élémentaire d'un acteur. Chaque fonction confère un rôle à chacun des acteurs qui y participent.

S

sémantème : ensemble des sèmes spécifiques d'un sémème.

sémème :signifié d'un morphème.

sème : élément d'un sémème, défini comme l'extrémité d'une relation fonctionnelle binaire entre sémèmes. Le sème est la plus petite unité de signification définie par l'analyse.

sème afférent : extrémité d'une relation anti-symétrique entre deux sémèmes appartenant à des taxèmes différents. Ex.: /faiblesse/ pour 'femme'. Un sème afférent est actualisé par instruction contextuelle.

sème générique : élément du classème, marquant l'appartenance du sémème à une classe sémantique ( taxème, domaine, ou dimension).

sème inhérent : sème que l'occurrence hérite du type, par défaut. Ex.: /noir/ pour 'corbeau'.

sème spécifique : élément du sémantème opposant le sémème à un ou plusieurs sémèmes du taxème auquel il appartient. Ex.: /sexe féminin/ pour 'femme'.

sémie : signifié d'une lexie.

sens : ensemble des sèmes inhérents et afférents actualisés dans une suite linguistique. Le sens se détermine relativement au contexte et à la situation, au sein d'une pratique sociale.

signification : signifié d'une unité linguistique, défini en faisant abstraction des contextes et des situations. Toute signification est ainsi un artefact.

signifié : contenu d'une unité linguistique.

sociolecte : usage d'une langue fonctionnelle, propre à une pratique sociale déterminée.

T

taxème : classe de sémèmes minimale en langue, à l'intérieur de laquelle sont définis leurs sémantèmes, et leur sème microgénérique commun.

taxémique : relatif à un taxème.

texte : suite linguistique autonome (orale ou écrite) constituant une unité empirique, et produite par un ou plusieurs énonciateurs dans pratique sociale attestée. Les textes sont l'objet de la linguistique.

topos : axiome normatif sous-tendant une afférence socialisée.

U

V

virtualisation : neutralisation d'un sème, en contexte.

W

X

Y

Z


©  1999 pour l'édition électronique