CINNA (IV, 5)

L’enjeu pédagogique est encore rhétorique : argumentation et antithèse mêlés :

On est ici en présence d’une tirade faite de reproches, nourris d’arrière-pensées, où Maxime, rival de Cinna, s’adressant à celle qu’il convoite, essaie de la persuader que son âme et son cœur ne sont pas si monolithiques qu’elle le croit mais régis par une dualité (en italique sur doc. : ‘aveugle vs ouvrez les yeux’, ‘faiblesse vs forte’).

A ajouter : la synecdoque : l’absence de possessif devant âme et cœur contribue à leur personnification ; ce sont des entités autonomes et agissantes, non plus lieux passifs.

Resituer les actes de parole dans le registre de la galanterie: l’accusation de manque de lucidité (par les exclamatives) s’accompagne de l’injonction à l’interlocutrice de connaître les sentiments que le locuteur éprouve, si bien que l’impératif " ouvrez les yeux " relève du thème de la passion (connaître c’est aimer).

On attend de l’élève qu’il replace ce segment local dans la globalité de l’intrigue et qu’il perçoive le paradoxe au niveau du renversement des rôles implicite (car l’accusation de faiblesse sentimentale d’Emilie – qui accepte de suivre le sort tragique de celui qu’elle aime – est une traîtrise et un opportunisme déplacé de la part du locuteur Maxime au moment où Cinna est " perdu " : c’est son âme & son cœur qui ont une faiblesse pour Emilie, et ses yeux qui sont aveuglés par celle qu’il aime ; extrait représentatif de la scène dans son ensemble ; il en est le point central).