DOMINIQUE

Genre décalé : roman sentimental et d’analyse psychologique fondé sur une histoire d’amour impossible qui jure avec la période réaliste où il est écrit.

Difficulté de classement : c’est parce qu’il est ouvertement romanesque que cet écrit autobiographique est plus proche du témoignage des aventures fantastiques (Gautier), que de l’analyse rousseauiste de rêveries (infra).

Modification des 3 coocc. : dans la nouvelle triade cœur/âme/esprit, remarquable par sa reprise, qui s’ordonne de façon biblique :

On trouve en effet dans la base ABU cette parabole de ESAIE : " Voici, mes serviteurs chanteront dans la joie de leur CŒUR ; Mais vous, vous crierez dans la douleur de votre âme, Et vous vous lamenterez dans l'abattement de votre esprit. " (registre du discours – direct – alors qu’elle relève du récit – rétrospectif – dans Dominique)

les yeux deviennent secondaires au profit de l’esprit, qui entre avec cœur dans l’antithèse classique /affectif vs rationnel/, récurrente dans le roman :

On retrouve le dualisme par exemple dans les Maximes de La Rochefoucauld :

Quelle est alors la place de l’âme chez Fromentin, sinon qu’elle occupe une position tactique mais aussi sémantique intermédiaire entre la réflexion et la sensibilité, suivant en cela le distinguo opéré par Littré entre :
- CŒUR, comme " 
L'ensemble des facultés affectives et des sentiments moraux, par opposition à esprit, qui est l'ensemble des facultés intellectuelles "
- et AME, comme " 
L'ensemble des facultés morales et intellectuelles. Les yeux sont le miroir de l'âme. CORN. Cinna (III, 4) : une âme généreuse et que la vertu guide "

Rythmique : le ternaire (cœur + groupe adjectival \ âme + gr. adj. \ esprit + gr. adj.) induit l'isotopie /plénitude/, dans une association tripartite qui confère force et ascendant.

Contrairement à l’agression de Clarimonde sur le prêtre, ici la dysphorie des groupes 'plein de grief' et 'amère d’impuissance' est inhibée par le passage euphorique à la maturité (militaire : ‘soldat’).