LA MORTE AMOUREUSE
L’enjeu de l’analyse se situe au niveau rhétorique :
- On peut attendre que soit repéré l’étroit parallélisme dû à la métaphore \ oxymore de la conversation muette, qu’expriment l’équivalence des yeux féminins avec " une bouche invisible " envoyant des phrases qui sont entendues non par le sens auditif mais directement par le cœur masculin amoureux (on note que le pléonasme du " souffle dans l’âme " de la communication mystérieuse accentue le climat spiritualiste).
- Antithèse extériorité \ intériorité qui induit un premier distinguo entre ‘cœur’ /amour terrestre/ vs ‘âme’ /principe spirituel d’origine divine/, au-delà de la parasynonymie ménagée par le parallélisme syntaxique " au fond de mon cœur " \ " dans mon âme " (= locatif + possessif) : ‘cœur’ relève en effet de l’affectivité " normale ", surtout dans le genre romanesque, alors que ‘âme’ est introduite par cette ‘bouche invisible’ qui la situe dans le surnaturel.
Mais aussi un second distinguo entre ‘les yeux’ (imparfaits duratifs + év. Méliorative : ‘douceur infinie’ de la femme angélique), organe de la présence mystique, et ‘l'œil’ au singulier (passés simples ponctuels + év. Péjorative : ‘lames acérées, glaives, douleurs’ lancés par la femme cette fois diabolique) qui est la marque de la séduction plus terre-à-terre, comme si venait d’avoir la lieu la prise de conscience que cela est incompatible avec la vocation.
