L'ART D'ETRE GRAND-PERE

Quant au genre, se manifeste l’art, dans ces derniers vers d’Hugo, de masquer les données autobiographiques dans l’Ode à la 3° personne.

Les louanges aux petits sont une manière de concilier les extrêmes, comme en témoigne le dernier vers, où l’espace ‘matin + lueur vs soir + ombre’ extériorise en quelque sorte la notion de mort par vieillissement débouchant sur une renaissance.

Rôle de la mythologie : converger vers ce sémantisme euphorique : ainsi du jeune " ange sacré " dont l’âme appartient à l’empyrée (firmament et lieu de séjour des dieux) ; mais aussi du " parfum d’asphodèle " de Booz, qui, contrairement à celui des giroflées chez Zola, réfère à ces plantes ornant les tombeaux, car, selon Pline, on croyait que les mânes (= âmes des morts) se nourrissaient de leurs racines ; le côté vivace de la plante rejoignant son symbolisme de reviviscence.

Le segment présente encore deux enjeux :
- Génerique : le registre de la poésie lyrique extériorise la relation affective de " l’aïeul " dans le portrait qu’il fait de la petite-fille (sans pour autant dire JE, comme dans l’extrait de la tragédie), de la même façon que les
yeux de la poupée extériorisent les sentiments dorés de " l’enfant qui la presse sur son cœur ". Toujours par rapport à la tragédie, montrer que, contrairement à la violence des conjurés, l’émotion suscitée est ici celle de la douceur de l’amour filial.
- Rhétorique : puisque si l’
antithèse est présente ici comme dans la tragédie (laquelle ajoute le dramatique au lyrique), en revanche au lieu d’être successifs comme dans la tirade de Maxime, les contraires sont simultanés, ce qui accroît leur conciliation (régime fusionnel, non de la séparation : aveugle en T1 vs ouvrez vos yeux et votre cœur en T2).