L’AVARE (I, 2)

Dans ce dialogue et non plus monologue, on retrouve le paradoxe : ce n’est pas la sœur confidente qui " ignore " tout de la relation amoureuse, mais bien le frère qui croit savoir.

Supériorité féminine qui n’est pas incompatible avec une identité de rôles : leur double blocage mutuel (" j’appréhende " pour l’un ; " ne parlons point " pour la seconde) repose sur le topos antithétique la passion (cœurs & âme, assimilés) contre la raison (sagesse, ‘aux yeux’ ; le paraître sage masquant l’être de la " douce violence " affective), topos qui empêche le double aveu de leur situation que le spectateur, lui, connaît (depuis la scène 1).

Quant au genre, l’intérêt de cet extrait est ainsi de participer d’un décalage de savoir (problème d’ordre épistémique relevant de la dialogique – terminologie de Pottier & Rastier), lequel n’a pas la même portée que dans la tragédie où la tromperie est crapuleuse et guidée par l’intérêt personnel, alors que dans la comédie la rétention d’informations repose sur une crainte pudique ; de même que la destinée, fixée dans les deux cas par le " ciel " (mot pris au sérieux en Tragédie ; simple phraséologie, parfois parodiée, dans la Comédie).