LETTRES PHILOSOPHIQUES

Dans cet extrait de la Seconde lettre consacrée aux quakers (évangélistes formant une " secte " selon Littré ; donc toujours dans le domaine religieux, omniprésent dans la plupart de nos segments) le locuteur pose une thèse déterministe qui étonne le scripteur (Voltaire), lequel est passé du témoignage narratif à la parole rapportée.

Mais la fonction distanciatrice de la citation au discours direct ne va toutefois pas, comme chez Valmont, jusqu’à l’opposition ou l’ironie malveillante vis-à-vis de la personne citée.

Selon cette thèse déterministe, dans le corps résultant de la création divine, les yeux occupent une place particulière, de par leur médiation valorisée puisqu’ils s’ouvrent sur les idées contenues dans l’âme (si bien que contrairement à la topique amoureuse précédente, le regard ne traduit pas l’affectivité personnelle mais la foi universelle manifestée par l’englobement lumineux), âme qui équivaut ici à l’esprit mais non au cœur, lequel est le seul à être LIBRE (en dépit de la limitation de cette liberté par la notion de mérite).

Enjeu : sans entrer dans le débat théologique, montrer que du point de vue rhétorique antithèse ne signifie pas antinomie, car ce n’est pas à contrecœur que s’impose la vérité divine, ce qui plaide pour " une révélation immédiate ".

Faire surtout repérer que le distinguo esprit & cœur répond à la paire corps & âme (densité des corrélats), dans une totalité idéologique conforme à la discussion philosophique, dont la thèse conciliatrice des contraires (hugolienne avant la lettre, ici non pas de mort et vie, mais de libre-arbitre et révélation.