Le séminaire de Sémantique générale de Bernard POTTIER
« Étude des processus de conceptualisation qui conduisent aux choix sémantico-syntaxiques de discours. Hypothèses concernant les mécanismes mentaux qui conditionnent le fonctionnement des catégories grammaticales et les combinatoires lexico-grammaticales. Exemples français, espagnols et de langues présentant des faits originaux. Réflexions sur les universaux du langage ».
Ouvert aux étudiants intéressés par le sujet. Inscription libre lors des séances.
Université de Paris-IV (La Sorbonne)
1, rue Victor Cousin, 75230 Paris
Escalier F, 2e étage, salle 368.
Métro : Saint-Michel, Odéon, ou Cluny-la-Sorbonne
RER : Luxembourg, ou Cluny-la-Sorbonne
Le samedi, de 10 heures à 13 heures :
18 et 25 novembre
2, 9, 16 décembre
13, 20 janvier 2007
Le séminaire Sémantique des textes de François RASTIER
Thèmes : Les corpus, leur constitution. Textes et documents. Objectivation et interprétation dans les sciences de la culture.
Institut national des langues et civilisations orientales
[Equipe de recherche Textes, informatique, multilinguisque],
2 rue de Lille, 75007 Paris
Escalier B, 1er étage, salle 124.
Métro : Saint-Germain, Musée d’Orsay ou Palais-Royal.
Les jeudis de 17h30 à 19h15 :
11 janvier,
1er, 8 et 15 février ;
8, 15, 22 mars.
Contact: Lpe2<@>ext.jussieu.fr
Agenda : http://www.revue-texto.net
Le séminaire Narratologies contemporaines de Charlotte LACOSTE
École Normale Supérieure
45, rue d'Ulm, Paris 5e
salle 18 (escalier A, 1er étage, entre la salle des Actes et la salle Cavaillès)
RER : Luxembourg
Les mardi de 17h à 19h :
1er semestre : 17 et 31 octobre, 21 novembre, 5 et 19 décembre 2006
2e semestre : tous les 15 jours à partir du 16 janvier.
Entrée libre.
Contact : lacoste.charlotte@neuf.fr
Objectif :
Il s'agit de faire un état des lieux de la narratologie, discipline florissante dont les récents développements soulèvent des débats souvent mal connus des étudiants français. Conçu comme un atelier de réflexion, ce séminaire d'élèves, à vocation pluridisciplinaire (littérature, philosophie, études cinématographiques), se tient en marge de celui, intitulé « De la figure à la fiction », proposé par Jean-Marie Schaeffer, Michel Murat et Marielle Macé, et est ouvert à tous ceux qui souhaitent relire en détails les textes fondateurs de la théorie de récit, suivre et débattre de l'actualité de la recherche en narratologie et mener, en parallèle, une réflexion épistémologique concernant le destin mouvementé de l'une des nombreuses disciplines du texte, « la science du récit » (Todorov 1969 : 10), traversée à cette heure par de multiples courants, charriant eux-mêmes d'innombrables sous-disciplines hybrides. Un tel fourmillement rend nécessaire un travail de synthèse.
Problématique :
Nous nous pencherons tout d'abord sur l'histoire de la discipline : sur les conditions de sa naissance, dans le giron de la linguistique, sur les espoirs que son parrain, Tzvetan Todorov, conçut pour elle en la tenant, en 1969, sur les fonts baptismaux ; sur ses premiers mots, qui ne furent que curieux néologismes ; sur sa courte vie, dont on sait surtout qu'elle fut austère (sa systématicité maniaque, son obscurité terminologique, sa compulsion typologisante) ; sur son agonie, dans les années 1980, abrégée par les coups que lui porta une foule, soûlée de logocentrisme et de synchronie, moquant ses prétentions à la vérité (la narratologie aurait péché par excès de ligne droite) ; sur sa résurrection, enfin, sous d'improbables atours, qui fit grand bruit à la veille du troisième millénaire. De fait, son double « turn » (« cultural turn » et « cognitive turn ») nous la rendit mieux en chair, réhydratée, et grosse d'une multitude de petites narratologies qui font aujourd'hui leur chemin : narratologie thématique (féministe, ethnique, contextualiste, postcoloniale), narratologie cognitive, théorie des mondes possibles, narratologie postmoderne, narratologie appliquée, comparée, phénoménologique, etc. ont repeuplé la terre, s'alliant parfois à d'autres disciplines comme l'IA, la psychologie cognitive ou l'historiographie, dont sont encore nés récemment quelques rejetons (psycho-narratologie, socio-narratologie, etc.)?
Nous analyserons les tours et les détours de cette histoire rocambolesque, et nous appesantirons tout particulièrement sur l'entrelacs subtil qui en compose le bouquet final. S'agit-il d'une renaissance de la narratologie, d'une fusion-acquisition bref, d'un happy end, comme une première lecture tendrait à le faire croire, ou d'un démantèlement, d'une explosion-liquidation des concepts et des méthodes de la narratologie classique ? Les nouvelles narratologies qui ont émergé à la faveur de ce « revival of narrative » (Ansgar Nünning 1999) ont réintégré à l'analyse du récit les problématiques historiques, anthropologiques, éthiques, culturelles, philosophiques et même scientifiques qui semblaient lui faire défaut, tout en s'affranchissant des modèles abstraits et du cadre jugé scientiste qu'avait construit la narratologie première manière. On s'interrogera donc sur l'héritage du structuralisme, sur l'usage que les nouvelles narratologies font de l'outillage fourbi par la narratologie classique, et sur les présupposés philosophiques (et les postulats ontologiques) de leur nouveau programme scientifique.
A la faveur du « cultural turn », certaines questions, qui avaient un temps passé pour obsolètes, sont remises à l'honneur. Parmi elles, celle de la mimèsis témoigne de l'orientation « réaliste » des problématiques narratologiques ; de la triple mimèsis ricœurienne au problème de l'influence respective de la fiction et de la « réalité réelle » (Schaeffer 1999 : 40) sur le lecteur, en passant par la volonté de « rendre au texte littéraire sa référence » (F. Jacques 1992) et par la théorie des scripts et des plans, les nouvelles narratologies font fond sur un « réel », longtemps ostracisé par la narratologie structurale (affranchie du modèle de la référence), et enfin réhabilité. La question de la mimèsis, pierre de touche du nouveau paradigme, constituera donc pour nous un angle d'approche fécond qui nous permettra : De repartir de Platon, dont « nous sommes toujours les contemporains » (Schaeffer 1999 : 12), et de proposer une lecture renouvelée de son anti-mimétisme.
De souligner, au gré de nos lectures critiques, le caractère métaphysique des approches réalistes des textes de fiction (réalisme empirique dans le cadre de la théorie des mondes possibles, réalisme transcendant selon la phénoménologie ricœurienne), dont l'analyse reste toujours indexée, en définitive, sur un monde réel qui sert d'unique étalon à la référence fictionnelle.
De réenvisager la question du réel en termes d'impressions (et non d'illusions) référentielles : « tout texte impose des contraintes sur la formation des images mentales, notamment par ses structures sémantiques.
Ces contraintes sont dépendantes des régimes discursifs (ex. littéraire, scientifique, religieux, etc.) et des pactes qui régissent l'interprétation des genres textuels au sein des pratiques sociales » (Rastier 1992 : 101).
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