2005_05_07 ________________________________________________________________________ SdT volume 11, numero 3. LES CITATIONS DU MOIS ________________________________________________ Ce qui commande chez un écrivain l'efficacité dans l'emploi des mots, ce n'est pas la capacité d'en serrer de plus près le sens, c'est une connaissance presque tactile du tracé de leur clôture, et plus encore de leurs litiges de mitoyenneté. Pour lui, presque tout dans le mot est frontière, et presque rien n'est contenu. Julien Gracq, En lisant en écrivant, p. 257. ________________________________________________ SOMMAIRE 1- Coordonnees - Bienvenue a Vassilena Kolarova, Racha El Khamissy, Anje Muller Gjesdal, Yann Portugues, Mirna Velcic-Canivez, Anne-Laure Jousse, et Michel Favriaud. 2- Carnet - Journee "Litterature, Linguistique, Philosophie", 23 mai. - "L'avenir des langues et des sciences humaines dans les Grandes Ecoles", Evry, 13 mai. - Listes de diffusion : Reperes ; LaLiF. 3- Textes electroniques - Beaux sites : L'Information Grammaticale ; Centre Canguilhem. 4- Publications - Charles NODIER, Notions elementaires de linguistique. Ou Histoire abregee de la parole et de l'ecriture, Jean-François JEANDILLOU (ed.). - Texto! : nouveautes de la derniere mise a jour (mars 2005). 5- Dialogues - Texte et document numerique (suite) : discussion de Ph. Lacour - Sur les mots-cles et la semantique differentielle : dialogue entre Thierry Mezaille et Francois Rastier. 6- Appels : Colloques et revues - Assises europeennes du multilinguisme, Paris, 24-25 nov. 2005. 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees 111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 [information réservée aux abonnés] 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {FR, 21/04/2005} JOURNEE PLURIDISCIPLINAIRE Département de littérature moderne et comparée Département de philosophie Département des sciences du langage Ecole doctorale "Connaissance et culture" Collège pour la pluridisciplinarité en sciences humaines et sociales Journée pluridisciplinaire Littérature, Linguistique, Philosophie LUNDI 23 MAI 2005 Université Paris X Nanterre - Bâtiment L - Salle 212 Matinée 9h30 Jean-Michel SALANSKIS Le Kampfplatz du langage 10h30 Jean-Michel MAULPOIX Propositions pour une approche critique de la poésie 11h30 Simon BOUQUET Convergences philosophiques, littéraires et linguistiques : Saussure et Peirce, Bakhtine et Wittgenstein Après-midi : Langage, vérité, interprétation 14h Evelyne GROSSMAN La vérité est-elle une question littéraire? 15h Heinz WISMANN Les logiques de l'interprétation 16h Antoine CULIOLI Compréhension et malentendu 17h Table ronde : Langage, vérité, interprétation 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {Dumesnil, 26/04/2005} JOURNEE SCIENCES HUMAINES DANS LES GRANDES ECOLES A l'occasion des dix ans de son département Langues et Science Humaines, l'Institut National des Télécommunications d'Evry organise une journée d'études le vendredi 13 mai qui sera consacrée à L'avenir des langues et des sciences humaines dans les Grandes Ecoles Dans une période où il est autant question de mondialisation, doit-on craindre une instrumentalisation des langues ainsi qu'un processus d'uniformisation ? Ne doit-on pas, par conséquent, commencer à souligner une sorte d'appauvrissement civilisationnel qui coïnciderait avec le fait de limiter la communication à une simple stratégie ? Quel est, en outre, l'impact réel des technologies de l'information et de la communication sur les échanges avec autrui ? Quels sont leurs impacts sur le développement des sociétés ? Quelles sont leurs conséquences éthico-politiques? Parmi les intervenants : Heinz Wismann (EHESS), Bernard Reber (CNRS), Patrik Alac (Université de recherche Paul Celan, ENS), Shirley Thomas (INT/CNRS), Jacques Guyot (Université de Paris 8). Renseignements et inscription : http://www.int-evry.fr/lsh/10ans/ 222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222 {FR, 21/04/2005, Duteil, 03/05/2005} TÊTE DE LISTES La liste Repères Repères est une liste de diffusion, créée à partir de la liste Sémantique des Textes. L'objectif de cette liste est de permettre l'échange de documents pédagogiques entre enseignants ou chercheurs qui ont l'occasion d'enseigner la sémantique, et particulièrement la sémantique interprétative. La demande de documents porte aussi, bien entendu, sur d'autres aspects de la linguistique et aussi sur la sémiotique. Il s'agit d'organiser en quelque sorte une petite bourse d'échange et de faire circuler au sein du groupe des supports de cours (y compris des transparents et des présentations PowerPoint), des analyses réalisées en Travaux Dirigés, des glossaires, des bibliographies (si possible commentées), des extraits choisis sur un thème... Les abonnés s'engagent à respecter la confidentialité pour les documents inédits et à mentionner leurs sources conformément aux usages. La liste paraît environ tous les deux mois (périodicité variable selon le volume des contributions) ; elle compte actuellement 34 abonnés. SOMMAIRE des trois premiers numéros : - N°1 : Supports de cours : Un exposé sur les composantes textuelles (thématique, dialectique, dialogique, tactique) ; et une étude sur la notion d'isotopie par Michel Ballabriga, Professeur à l'Université de Toulouse II. - N°2 : Documents pédagogiques : A/ Fiches de cours : "Sémantique textuelle 1" ; "Sémantique textuelle 2" par Michel Ballabriga, Professeur à l'Université de Toulouse II. B/ Etude : "Classification automatique de textes" par Pascal Vaillant, Maître de conférences à l'Université des Antilles et de la Guyane. C/ Sujet de partiel et Exercice (textes publicitaires) par Michel Ballabriga et Carine Duteil-Mougel, ATER à l'Université de Limoges. D/ Document de travail sur le triangle sémiotique par Hugues Constantin Dechanay, Maître de conférences à l'Université Lumière Lyon 2. - N°3 : Documents pédagogiques : A/ Etude : "Sémantique d'un mot vedette et de ses corrélats en contexte dans les corpus littéraires numérisés -Sur l'isotopie montagnarde, de Chateaubriand à Gracq" par Thierry Mézaille, Enseignant de Lettres modernes (lycée / collège) et formateur TICE à l'IUFM d'Aquitaine. B/ Sujets de partiels avec des éléments de corrigé (textes littéraires et textes publicitaires) par Michel Ballabriga (Professeur à Toulouse II), Carine Duteil-Mougel (ATER à Limoges), Patrick MPondo-Dicka (Maître de conférences à Toulouse II), Régis Missire (ATER à Toulouse II). C/ Exercices et analyses (textes de Raymond Devos) par Baptiste Foulquié, Allocataire-moniteur à l'Université de Toulouse II. - Au SOMMAIRE (provisoire) du prochain numéro (N°4) : Un texte inédit de Sémir Badir, chercheur qualifié du Fonds National belge de la Recherche Scientifique au laboratoire de "Sémiologie et rhétorique" de l'Université de Liège ; Une étude "Description morphosémantique d'un texte poétique" par Christophe Gérard, Docteur en Sciences du langage, Laboratoire CPST ; Des sujets de partiels et des exercices. La liste Repères est "modérée" ; si vous souhaitez être abonné (abonnement gratuit), veuillez envoyer un courrier électronique avec une petite présentation personnelle, qui sera publiée sur la liste. Contact : Carine.DUTEIL@wanadoo.fr _______________ La liste LaLiF : Langue et Littérature françaises. La vocation internationale de LALIF en fait un lieu de rencontre et de débats entre amateurs et spécialistes de tous pays, francophones ou non. Organe de discussions et d'échanges d'expériences, elle fait aussi connaître les travaux, publications, colloques. Interdisciplinaire (ou indisciplinée ?), la liste Langue et Littérature françaises s'ouvre sans exclusive à toutes les disciplines éclairant les textes littéraires. Elle privilégie l'articulation entre langue et littérature et reconnaît l'évidence que la littérature est un art du langage. La liste se veut à la fois un lieu de débats et d'informations. Prenant pour objet privilégié les textes littéraires, elle poursuit l'objectif de resserrer les liens entre les arts et les sciences du langage et oeuvre pour la modernisation et l'élargissement des études littéraires et des sciences du langage. Dépassant les querelles d'école et les frontières académiques, elle entend favoriser le débat entre courants et disciplines : rhétorique, poétique, stylistique, linguistique, sémiotique, analyse du discours, pragmatique, sémantique textuelle, philologie, herméneutique, thématique, etc. Elle prend donc le parti du pluralisme. Au-delà des disputes sur la scientificité, elle entend ainsi prendre une place dans la vie intellectuelle et l'actualité culturelle. Début du dernier numéro : >NOUVELLE SERIE - 12 - 452 Abonné(e)s > >=============================================== >Abonnements / désabonnements >Envoyer un message à calvet@univ-tlse2.fr avec comme sujet >"abonnement Lalif" ou "désabonnement Lalif". >=============================================== > >Lalif se veut un espace convivial d'information, de discussion et >d'échanges ouvert et sans exclusive : linguistiques, littératures, >information et communication, actualité culturelle. > >Vos informations, suggestions et réflexions seront diffusées par >l'animatrice Christine Calvet et "son" équipe (calvet@univ-tlse2.fr) >N'hésitez pas à faire part de nouvelles parutions, soutenances, >colloques, travaux en cours, compte rendus. > >En attendant vos réactions et en espérant votre coopération, bonne >lecture à tous. > >========================= >EDITO - LE SITE LALIF FAIT PEAU NEUVE : http://lalif.over-blog.com > >Depuis notre dernier numéro de Septembre 2004, LaLiF a fait peau neuve, >ce qui explique cet inhabituel silence. >En sus de la liste de diffusion à laquelle vous êtes plus des 450 >abonnés, plaçant ainsi LaLiF parmi les toutes premières listes de >diffusion littéraires francophones, LaLiF est désormais également >consultable via un nouveau site : > http://lalif.over-blog.com >Vous pouvez désormais : >- retrouver et consulter toutes les informations en fonction de leur > rubrique de publication (ouvrages et parutions, colloques & > conférences, Cyber-LaLiF, etc.) >- disposer d'un moteur de recherche interne au site LaLiF, >- vous abonner à la "Newsletter" pour recevoir chaque nouvelle > information sur votre messagerie dès sa parution et sans attendre les > livraisons mensuelles ou bi-mensuelles habituelles >- consulter nos liens vers des sites choisis pour leur intérêt > "littéraire", >- réagir directement à chaque information en déposant un commentaire > directement sur le site >- la possibilité de "recommander" le site LaLiF à vos amis et collègues >- enfin, les initiés disposant d'un logiciel dit de "syndication de > contenu" peuvent y ajouter le fil LaLiF > (http://lalif.over-blog.com/index.rdf) > >Nous espérons que ce nouvel "espace" vous permettra de mieux profiter >des échanges LaLifiens et d'y participer encore davantage. >Bonne découverte ! http://www.lalif.over-blog.com 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes 333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333 {FR, 21/04/2005} BEAUX SITES * L'Information Grammaticale Nous sommes heureux de vous informer de la renaissance de l'information grammaticale à sa nouvelle adresse : http://www.informationgrammaticale.com Cécile Narjoux, webmestre * Centre Canguilhem Programme complet des séminaires et des activités du Centre Georges Canguilhem (www.centrecanguilhem.net) : http://www.centrecanguilhem.net/evenements/evenements.html 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 Publications Publications Publications Publications Publications 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 21/04/2005} VIENT DE PARAÎTRE Charles NODIER Notions élémentaires de linguistique. Ou Histoire abrégée de la parole et de l'écriture Edition procurée par Jean-François JEANDILLOU Droz, 2005, ISBN 2-600-00960-4, 353 pages. C'est en particulier à Charles Nodier que le terme même de "linguistique" doit sa fortune, dès la première moitié du XIXe siècle. D'une série d'articles de presse, l'auteur alors quinquagénaire a fait un ouvrage où il exposait -sur l'origine des langues, l'alphabet, l'étymologie, la néologie, les patois ou l'onomastique- des vues qui étaient déjà les siennes quelque trente ans auparavant. Au Nodier conteur, pétri de lexiques et pénétré de sa langue maternelle, on doit donc ce prolongement cursif et didactique du "Dictionnaire des onomatopées", qui présente mieux encore que ses essais critiques une conception originale de la poésie et, plus largement, de la littérature. Relatée avec autant de brio que de mordant, l'"Histoire abrégée de la parole et de l'écriture" peut également se lire comme une diatribe cinglante contre les aléas subis, jusqu'à nos jours, par l'orthographe française et les sciences du langage ; car à son analyse Nodier donne volontiers une extension aussi bien rétrospective que prospective. L'édition minutieusement annotée de ce texte est assortie de plusieurs autres écrits linguistiques du "dériseur sensé" : témoignant de son érudite alacrité comme de ses convictions inébranlables, ils montrent ce philologue cratylien, cet académicien caustique et insoucieux des recherches scientifiques de l'époque, sous un jour qui n'a rien perdu de son éclat. 444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444 {FR, 21/04/2005} TEXTO ! Textes et cultures (revue électronique) Les nouveautés de la dernière mise à jour (mars 2005) Ouverture d'une nouvelle rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE : Traversée par la dualité entre herméneutique et philologie, cette rubrique entend poser le problème de l'interprétation en relation avec les sciences du langage. Elle privilégie la littérature, particulièrement la lecture de la poésie et la réflexion sur la traduction. Plurilingue, elle souhaite favoriser les contacts entre champs disciplinaires et entre communautés académiques. Les classiques : Berner, Christian & Denis Thouard La dialectique ou l'"art de philosopher" (1997) Préface à la Dialectique de Schleiermacher. Thouard, Denis Stylistique herméneutique : J. G. Hamman (1995) J. G. Hamann marque une césure décisive pour la signification que prend le concept de style. On peut le considérer à juste titre comme un représentant exemplaire de la résistance à la rhétorique : le style n'est plus chez Hamann un moyen d'expression ou une ressource rhétorique, mais fait un avec la pensée qui s'exprime en lui, indissociable de son auteur. Parcours : Rastier, François Rhétorique et interprétation - ou le Miroir et les Larmes (1998) En posant à propos de la rhétorique la question de l'interprétation, l'auteur entend rompre avec l'involution positiviste de la rhétorique, et souligner comment l'identification même des tropes dépend de conditions herméneutiques. Thouard, Denis Une lecture appliquée : Gadamer lecteur de Celan (1996) Quand un herméneute illustre se charge d'éclaircir un poète... Le sujet dans la langue (2004) L'auteur s'interroge sur la solidarité de trois moments constitutifs du langage : la langue n'est pas comprise, tant que l'on ne s'est pas intéressé à l'interprétation. Mais alors, qu'interprète-t-on dans la langue, sinon le sujet ? Herméneutique matérielle : Bachimont, Bruno Herméneutique matérielle et artéfacture : des machines qui pensent aux machines qui donnent à penser (1996) Critique du formalisme en intelligence artificielle. Mayaffre, Damon L'Herméneutique numérique (2002) [Article extrait de l'Astrolabe] Une réflexion sur les apports épistémologiques réels, objectivement constatés, de l'ordinateur pour les différentes sciences humaines dans leur rapport fondamental aux textes. Un bilan critique et pragmatique du point de vue de l'historien qui, comme le littéraire, se nourrit de corpus textuels, et dont la pratique quotidienne, l'herméneutique, se trouve revisitée par la révolution numérique. Dans la rubrique FERDINAND DE SAUSSURE : Saussure, Ferdinand de De l'essence double du langage Transcription diplomatique établie par Rudolf Engler d'après le manuscrit déposé à la Bibliothèque de Genève (1996). Deuxième livraison. Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes (1879) Réédition électronique en fac-similé téléchargeable. Utaker, Arild Le problème philosophique du son chez Ferdinand de Saussure et son enjeu pour la philosophie du langage (1996) Saussure rompt la complicité entre la parole et l'écriture et entre les mots et les choses : la parole est déliée de l'écriture pour être liée à l'oreille et le mot est délié de la chose pour être lié à l'ouïe. Il s'en suit une nouvelle théorie de la parole et de la voix étroitement liée à une nouvelle théorie du signe. Rastier, François Saussure au futur : écrits retrouvés et nouvelles réceptions (2004) Introduction à une relecture de Saussure. Dans la rubrique DITS ET INÉDITS : Lacour, Philippe Gilles-Gaston Granger et la critique de la raison symbolique (2005) Une interprétation de l'ensemble de l'oeuvre de Gilles-Gaston Granger, épistémologue et philosophe rationaliste français contemporain, dont l'effort obstiné pour constituer une ample critique de la raison symbolique s'avère particulièrement précieux pour comprendre les particularités respectives des systèmes formels et des langues naturelles. Missire, Régis Rythmes sémantiques et temporalité des parcours interprétatifs (2005) Moisseeff, Marika Les objets cultuels aborigènes ou comment représenter l'irreprésentable (1994) Rastier, François Sémiotique du cognitivisme et sémantique cognitive : Questions d'histoire et d'épistémologie (2005) Rosenthal, Victor Formes, sens et développement : quelques aperçus de la microgenèse (2004) Le concept de microgenèse désigne le développement à l'échelle du temps présent d'un percept, d'une expression, d'une pensée ou d'un objet d'imagination. Cet article décrit plusieurs aspects de la théorie qui concernent notamment la genèse dans la culture des formes sémiotiques et des valeurs. Dans la rubrique REPÈRES : Thèmes : Michel Ballabriga Sémantique du slogan publicitaire (2000) Article sur les relations de sens exploitées dans les slogans publicitaires. Réflexions sur l'homonymie, la polysémie, l'antonymie et l'hypéronymie/hyponymie. Pascal Vaillant Points de départ pour la recherche d'information en Sciences du Langage (2005) Guide qui a pour but de donner à ceux qui se lancent dans un travail de recherche en sciences du langage quelques conseils et quelques adresses utiles pour leur recherche de documentation. Fiches de cours : Niveau 1 Pour l'oral du Bac de Français. Textes expliqués par Thierry Mézaille (2001) Niveau 2 Sémantique textuelle 1 par Michel Ballabriga (2003) Fiches de cours pour les étudiants en DEUG 2ème année de Sciences du langage. Niveau 3 Sémantique textuelle 2 par Michel Ballabriga (2003) Fiches de cours pour les étudiants en LICENCE de Sciences du langage. Exercices en ligne : Niveau 2 : Exercice 1 par Carine Duteil-Mougel (2005) Exercice 2 par Carine Duteil-Mougel (2005) Niveau 3 : Exercice 3 par Carine Duteil-Mougel (2005) Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS : Jacques Guillaumou Compte-rendu de : SAUSSURE, Ferdinand de. Ecrits de linguistique générale, édités par S. Bouquet et R. Engler. Gallimard, 2001. Compte-rendu de : HUGLO, Pierre-André. Approche nominaliste de Saussure, Paris : L'Harmattan, 2002. Dans la rubrique AGENDA : Les séminaires les colloques 2005 Dans la rubrique LIENS ET LIANNES : L'Astrolabe, Encyclopédie de la recherche littéraire assistée par ordinateur L'encyclopédie du site Astrolabe propose des articles, complètement inédits pour la plupart ou du moins inédits au format électronique, signés par des spécialistes de la question. http://www.uottawa.ca/academic/arts/astrolabe/encyclopedie.htm Répertoire des sites littéraires Une base de données du site Astrolabe offrant maintenant des évaluations détaillées de quelques centaines de sites Internet sur la littérature. http://www.uottawa.ca/academic/arts/astrolabe/repertoire.htm La métaphore en question Un site de documentation sur la métaphore, qui propose des articles en ligne, des références bibliographiques, de nombreuses définitions de la métaphore (dans différents domaines), un forum de discussion, etc. http://www.info-metaphore.com Centre Hermogène Le Centre d'Herméneutique littéraire (Centre Hermogène) se propose, dans le sillage des travaux de Paul Ricoeur, de raviver, tout en la redéfinissant,l'approche herméneutique des textes (littéraires). L'herméneutique est ainsi conçue comme discipline de médiation et de réconciliation entre, d'une part,des perspectives aussi riches que la stylistique, la translinguistique bakhtinienne, la linguistique textuelle et l'analyse du discours et, d'autre part, le "monde" que le texte projette. http://www.ulb.ac.be/rech/inventaire/unites/ULB620.html Dans la rubrique CORPUS : Bénédicte Pincemin Lexicométrie sur corpus étiquetés (2004) Compte rendu du n°2 de la revue Corpus sur "La distance intertextuelle" (2004) Dick Bulterman Is It Time for a Moratorium on Metadata ? (2004) (Article publié dans IEEE Multimedia, 11(4), reproduit avec l'autorisation de l'auteur) TRADUCTIONS : RASTIER, Francois La Bette y la bestia - una aporía del realismo. Traducción de Lía Mallol de Albarracín (Universidad Nacional de Cuyo). 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 {FR, 21/04/2005} TEXTE ET DOCUMENT NUMERIQUE (suite) 1) Le réseau RTP-DOC présente sous la signature collective de Roger T. Pédauque un certain nombre de réflexions visant à mieux repérer le champ et les objets qu'il couvre. * Un premier texte a permis de préciser et baliser les thématiques et spécialités concernées. Il est accessible en ligne : "Le document : forme, signe et medium, les re-formulations du numérique" Roger T. Pédauque, STIC-CNRS - Working paper - 8 juillet 2003. http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000511.html * Pour encourager ce mouvement maintenant largement alimenté par des contributions et initiatives nombreuses, nous proposons ici un approfondissement qui relève prioritairement de la deuxième entrée (texte), parmi les trois repérées. Comme le précédent document, celui-ci a été rédigé collectivement suite à un long processus de discussion. Le texte en jeu, "Permanence et transformations du document", Roger T. Pédauque, STIC-SHS-CNRS - Working paper - 7 avril 2005. http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/documents/ archives0/00/00/14/01/index_fr.html [à copier sur une seule ligne dans le navigateur] Résumé : La brutalité des évolutions actuelles s'appuie sur des implicites, séparant structure et contenu et rapprochant les activités de lecture et d'écriture. Trois modélisations informatiques, successives et distinctes, sous-tendent les développements récents des outils autour du document codé en XML : les DTD, les Schémas et le Web sémantique. Ces modélisations négligent des réflexions multidisciplinaires indispensables. 2) Discussion : de Philippe Lacour, en commentaire au débat sur les ontologies et le web sémantique publié dans notre précédent numéro (SdT volume 11 numéro 2). Je n'entends pas grand chose aux questions d'ontologie-web, mais la fin de la troisième partie du bulletin SdT abordait la question de la nature de l'informatique. Je ne suis pas informaticien non plus. Merci donc de votre indulgence si, malgré ma prudence, je profère des âneries. Ces précautions étant prises, il me semble que le propos de Granger peut vous intéresser, qui se propose de "préciser les caractères spécifiques respectifs d'un système formel, d'un langage de programmation, et d'un 'langage-machine'" (Langages et épistémologies, Paris, Klincksieck, 1979, chap 7 "les pseudo-langues de programmation", p. 145). Son schéma (p. 141) est assez simple mais ne me semble pas avoir perdu sa pertinence. Dans un article qui vient de paraître sur Texto! ("Granger et la Critique de la Raison Symbolique"), j'analyse l'effort de Granger pour situer l'un par rapport à l'autre symbolisme formel et naturel (les systèmes formels sont caractérisés par la fonction de symbolisation ; les systèmes naturels sont plus riches : ils symbolisent ET communiquent). Notamment (ce thème a été abordé par M. Bachimont), Granger tente de définir ce qu'est "l'objet" des mathématiques (ou des logiques, en dehors du cas très particulier du calcul des propositions) en terme de "contenu formel", susceptibles d'être appliqués à l'expérience (à condition que celle-ci soit convenablement "neutralisée" : réussite pour la mécanique classique, échec pour la mécanique quantique). Du point de vue de cette comparaison formel-naturel, les "langages" informatiques sont des pseudo-langues naturelles, mâtinées d'outils formels (mais leur analyse pragmatique montre bien leur lien aux langues naturelles). Ce sont en fait des prolongements mathématisées des langues naturelles : la mathématisation permet la rigueur et la précision (essentielle pour la réalisation non ambiguë d'opérations techniques), mais elle implique aussi une paupérisation pragmatique (la "prise de parole" informatique est beaucoup plus contrainte que dans le cas des langues naturelles). Je cite la fin du chapitre (p. 146-7) : "Les langues de programmation, à la différence des systèmes formels purs et simples, sont bien déjà des instruments complets de communication. Mais le seul point de vue de l'analyse syntaxique ne permet pas de les distinguer des seconds puisqu'il réduit au contraire les premières aux productions d'automates à pile de mémoire, productions directement codables en "langage-machine" qui permet de transférer à l'organisation statique du hardware toute l'organisation sémantique. Les différences n'apparaissent en fait que lorsque, les réintégrant dans leurs conditions "pragmatiques" de fonctionnement, on considère leur propre organisation sémantique. Quant aux langues naturelles, il nous semble d'abord qu'elles présentent comme signe distinctif une polysémie essentielle, qui, loin d'être, en général, un obstacle à la communication, la rend au contraire possible dans des circonstances extrêmement variables et complexes. Une telle adaptation de leur sémantique fonctionne grâce à l'outillage proprement pragmatique qu'elles comportent. Or les langues de programmation sont certainement construites en vue d'éviter cette polysémie. Tant que les machines en seront pas conçues de façon à tenir compte des circonstances pragmatiques, il en sera nécessairement ainsi, et les possibilités de communication homme-machine se limiteront à des ordres plus ou moins complexes pour l'exécution d'algorithmes. Car les indices pragmatiques dont elles sont usage sont en réalité des indices muets, dont la flexibilité est neutralisée par la fixité des renvois au cablage de la machine (...) Parmi les indices pragmatiques présents dans toute langue naturelle et totalement absents des pseudolangues de programmation figurent au premier chef les signes d'embrayeurs dont nous soulignions déjà l'absence dans les symbolismes mathématiques. Par là se manifeste de la façon la plus décisive l'irréductibilité des langues naturelles non seulement à des systèmes formels, mais encore aux systèmes sémantiquement plus complexes que sont les langues de programme". 555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555 {FR, 21/04/2005} SUR LES MOTS-CLÉS ET LA SÉMANTIQUE DIFFÉRENTIELLE Dialoque entre Thierry MÉZAILLE et François RASTIER La sémantique est typiquement une science sociale (H. Putnam, La définition, chap. 24, 1988) TM> Si l'on ne peut que vous suivre quand vous dénoncez en microsémantique (Sémantique pour l'analyse, Masson, 1994 : 51) les "artefacts d'une perspective sémasiologique" (complice d'une "conception essentialiste du sens" -ontologique- et créatrice de problèmes de polysémie et d'ambiguïté), par antithèse avec "les opérations interprétatives" (ibid. : 73 et 137), où la paraphrase de la neige dévalait furieusement la pente par avalanche témoigne de "la prééminence du signifié sur le signifiant", par la lexicalisation d'une "molécule sémique composée des traits /neige/, /descente/, /intensité/", difficile en revanche de souscrire à la dénonciation que vous faites de l'utilisation du mot-clé en recherche documentaire (plein-texte), qui semble découler de cette perspective lexicographique, dans le dernier SdT 11, vol. 2. Je n'arrive pas bien en effet à comprendre : 1) pourquoi l'usage du mot-clé serait comme en lexicographie gagé sur l'ontologie ? FR> Il l'est certainement quand ces mots-clés sont organisés en thésaurus ou comme on le dit maintenant en une ontologie (comme un réseau sémantique à la Wordnet). En ce cas, la liste des mots-clés est fixe, et se confond avec la nomenclature de l'ontologie. En revanche, dans le cas d'une interrogation ouverte sur un texte ou un corpus, n'importe quelle chaîne de caractères, ponctuation, mot, syntagme, ou n'importe quelle annotation peut être un point d'entrée pour une recherche. TM> 2) Pourquoi la multiplication de mots vedettes (statistiquement motivés) pour interroger un corpus dans divers contextes serait-elle vaine ? (pédagogiquement, j'ai eu le plaisir de constater auprès d'une classe de 4° que devant une trentaine de graphiques d'Hyperbase concernant des mots-clés dans le long Capitaine Hatteras (absent du corpus Verne de Hyperbase et qui a fait l'objet d'un traitement à part), les élèves parvenaient à établir des convergences entre ces mots... sans avoir lu le livre -que je leur avais exposé à l'oral ; leurs inférences accréditent que l'échelle globale du roman est déterminante pour le niveau local du mot, dès lors que celui-ci est recontextualisé). D'ailleurs vous n'étiez pas contre en 94 (ibid.) : "En pratique, dans certaines applications, on peut traiter du texte sans tenir compte de la textualité. Dans l'objet empirique qu'est le texte, on peut ne retenir que des unités de petite taille (pour l'indexation, l'étude de co-occurrences, etc.) sans les rapporter à la textualité, ni même à la totalité du texte. Les méthodes statistiques occupent une situation intermédiaire entre analyse atomiste et analyse globale : elles retiennent de petites unités du signifiant, mais évaluent leur récurrence par rapport à l'ensemble du corpus (fréquences relatives, écarts réduits)." Précisément : du local quantitatif (niveau du signifiant) pour restituer le global qualitatif (signifié). FR> Quand vous évoquez les mots vedettes, ce ne sont pas exactement des mots-clés, car il ne sont pas inclus dans un thésaurus. Et il faut bien reconnaître que ce sont parfois des vedettes d'un jour ou d'une heure, s'ils sont mal choisis, tout simplement parce qu'ils ne lexicalisent rien de ce que l'on recherche. Pour les choisir, on peut simplement partir d'une hypothèse à vérifier, mais il peut être utile de les choisir parmi des mots qui passent un certain seuil d'écart réduit, et qui de ce fait "frappent à la porte" comme disait André Breton. Si l'on s'en tient aux mots graphiques, ceux qui lexicalisent de manière synthétique une forme sémantique sont les plus proches de ce qu'on appelle traditionnellement des mots clés. Mais rien n'est définissable a priori : par exemple le nom d'Hitler est plus fréquent sur les sites antiracistes que sur les racistes ; en revanche celui de Rudolf Hess reste caractéristique des sites racistes. Par contraste avec les antiracistes, le mot homme est presque absent des sites racistes. En effet, ils déploient de grands efforts pour rendre l'humanité inconcevable : mais qui aurait pensé à faire de homme un mot caractérisant ? J'ai l'impression que les stratégies peuvent et doivent varier selon les tâches : celle que vous employez est parfaitement adaptée à vos objectifs didactiques, puisqu'il s'agit d'aller du mot au texte et au corpus. Cette stratégie est "diffusante" puisqu'il s'agit d'entrer dans une oeuvre pour la rendre intéressante. Mais pour une application de caractérisation automatique on choisira les points d'entrée autrement. Le rapport entre le point d'entrée (mot vedette d'un jour) et le parcours d'interprétation se trouve en somme inversé. Vous partez d'un mot pour déployer didactiquement des parcours d'interprétation, alors que dans le projet Princip de détection automatique de sites racistes, nous partions d'une caractérisation du racisme, affinée par la comparaison de corpus, pour trouver des indices discriminants, lexicaux ou non lexicaux. TM> Pourquoi vouloir alors comme vous l'écrivez "sortir de la (termino)logique du mot-clé" ; et si vous connaissez un autre moyen assisté par ordinateur, lequel proposeriez-vous pour une thématique ? Je pensais que le coloriage isotopique du Thème Editor de Pierre Beust par exemple http://users.info.unicaen.fr/~beust/ThemeEd/ (ou PASTEL, encore) serait un logiciel qui, tenant compte de votre théorie, aurait aujourd'hui une forme sinon aboutie du moins opérationnelle sur textes littéraires. FR> Je pensais à la prévalence de l'imaginaire terminologique dans certains cantons de l'ingéniérie linguistique (représentation des connaissances, construction d' ontologies). La pratique de la linguistique de corpus permet de proposer de nouvelles fonctions lexicométriques : après le projet Analyse thématique qui a donné lieu à un livre sur les sentiments dans le roman français, Etienne Brunet a ajouté à son logiciel Hyperbase une fonction thème bien utile. Toutefois, le problème n'est pas tant de créer de nouveaux outils que d'utiliser et de combiner ceux qui existent en renouvelant les hypothèses et les voies de recherche. TM> Vous écrivez : "Ainsi, le trait /Toussaint/ pour 'chrysanthème' est largement attesté, sans être fort pertinent en botanique. Bref, ce qui paraît extralexical n'est pas pour autant extralinguistique mais témoigne que la structuration des classes sémantiques reflète l'incidence de pratiques sociales dont la récurrence est assez forte pour induire une doxa." (Précisément, P. Siblot dans L'Information grammaticale n° 77 (1998:26) persistait à ne pas comprendre la réquisition de telles afférences : "Les travaux herméneutiques de F. Rastier ou d'autres sémioticiens, nous semblent pris entre les analyses textuelles qui tiennent compte du rapport au réel -qui dépasse la seule désignation des objets concrets- dans la construction du sens, et des préalables théoriques qui les intègrent mal." En outre, "l'incidence de la praxis sur le sens" pour laquelle plaide Siblot se manifeste par une causalité ignorée : "l'outil de nomination apparaît comme le lieu d'opérations dynamiques et interactives de production de sens dont les sèmes ou les traits sémantiques enregistrent l'effet, mais dont ils méconnaissent les processus. [...] La praxématique rencontre alors des interrogations ordinairement dévolues à la sociolinguistique ou à la pragmatique" (pp. 27-28). Or dans quelle mesure peut-on dire que cette théorie du reflet n'induit pas un déterminisme extralinguistique (sociologique) sur les afférences ? FR> Certes, mais le social n'est pas extérieur à la langue : elle est de part en part du social. D'une part le sémiotique est partout présent dansles pratiques sociales (analysables en trois niveaux intercorrélés : phéno-physique, sémiotique, (re)présentationnel). En bref, on peut décrire la doxa par la linguistique de corpus, et se limiter à cela pour justifier les afférences, sans postuler une "autre scène" déterminante qui serait le social non autrement défini mais rituellement invoqué. Il est vrai que dans les sciences sociales, un marxisme "vulgaire" (je dis cela sans nuance péjorative) a longtemps accrédité la détermination du social sur le linguistique. Mais la solution saussurienne que je viens de reformuler me paraît moins mécaniste. TM> Pourriez-vous préciser, au-delà de l'opposition matérialisme vs idéalisme, en quoi votre conception de la praxéologie ("physique", chez les deux auteurs suivants) diffère de celle que revendiquent dans une même conception générative : (a) Siblot, voulant que les "travaux intègrent l'expérience anthropologique comme source d'éléments constitutifs du sens", lesquels ressortissent en revanche au "fondement réaliste de la linguistique" (in Cahiers de Praxématique 21, 1993:153) ; "C'est dans la praxis que les sèmes, ou plutôt les programmes de sens trouvent leurs fondements anthropologiques", pour "la praxématique définie comme une linguistique de la production de sens" (p. 159) ; (b) et à sa suite Nyckees, dont la thèse centrale de son livre (La Sémantique, Belin, 1998 -une des meilleures synthèses sur les tendances actuelles mais aussi antiques et médiévales de la sémantique lexicale) est qu'il "rejoint certaines positions exprimées par un mouvement linguistique contemporain, la praxématique, qui s'attache tout particulièrement à inscrire le fonctionnement du langage dans l'ensemble des pratiques culturelles et sociales. La praxématique souligne ainsi que le sens n'est pas séparable de l'agir humain. C'est pourquoi elle reproche à la linguistique issue de Saussure de se désintéresser des "conditions de production" des signes dans les langues. [...] La praxématique oppose à cette conception "idéaliste" de la signification une conception inspirée à la fois par Guillaume et Marx" (pp. 258-9). Et pour "récuser le mythe d'un langage qui ne ferait qu'exprimer une pensée formée hors de l'expérience humaine" (p. 260), pour "proposer un modèle alternatif de l'histoire sémantique fort différent de celui que développe Saussure", modèle qui se veut étiologique, où les nouvelles significations lexicales "sont intégralement conditionnées par les relations entre le système linguistique et les expériences collectives" (p. 297), Nyckees, qui place au coeur de son livre l'évolution diachronique du sens lexical, cite abondamment Meillet ("Le seul élément auquel on puisse recourir pour rendre compte du changement linguistique est le changement social", p. 132). Une "archéologie sémantique" est alors requise pour "rendre perceptible la relation causale" supposée unir les structures linguistiques à l'expérience collective, et ainsi expliquer leur évolution mutuelle (par exemple le changement de sens métonymique du mot 'boucher' reposerait avant tout sur "sa relation avec l'industrialisation et l'urbanisation croissantes dans nos sociétés", p. 146). D'où sa conclusion : "Les changements de sens apparaissent ainsi comme des phénomènes d'ajustement quasi automatique des significations aux circonstances de l'expérience collective" (p. 155). En sorte que sa praxéologie en diachronie concurrence celle de votre théorie des parangons par un déterministe physique, semble-t-il. Précisément, c'est cette prise en compte du niveau expérienciel (et perceptuel avec la proposition de catégories sémiques fondées sur "le critère sensori-moteur", p. 337 : théorie cognitive), et des "attaches dans la réalité" qui engage Nyckees à considérer "l'actualité de la question des origines du langage" (p. 60). FR> Ces références utiles sont à mettre entre toutes les mains. Rappelons les différences d'approche : ma perspective est plus interprétative que générative ; la praxématique est une théorie référentielle (explicitement réaliste chez Siblot), alors que je me situe dans la tradition différentielle ; enfin le praxème est un mot, alors que je considère le texte comme unité linguistique élémentaire. On sait que les événements socio-politiques peuvent influer sur les usages linguistiques, et d'abord le vocabulaire. Mais cette influence est évidemment réciproque et l'événement de langage fait partie de l'évolution sociale dans laquelle il s'inscrit. J'avais étudié pour ma part l'évolution des dénominations du visage en français depuis le XVIe siècle ; elle confirme clairement le rôle du tabou déjà relevé par Meillet. Mais ce tabou se concrétise par un événement linguistique qui fait scandale. L'année qui suivit la décollation de Louis XVI, le mot "fortune" cessa de désigner la faveur du Prince, pour revêtir la signification qu'on lui connaît encore aujourd'hui. Mais l'absence du Prince, pour cette raison de force majeure, n'est qu'un élément des changements sociaux d'alors. On ne peut en tirer la conclusion qu'un ordre social externe à la langue s'impose à chacune de ses modifications. Le grand livre de Klemperer, LTI, sur la langue du troisième Reich, montre bien l'interrelation entre pratiques linguistiques et pratiques politiques.Il reste que l'évolution lexicale, souvent spectaculaire n'est qu'un élément secondaire de la diachronie linguistique : une langue n'est pas un lexique, et je dirais même que le lexique n'appartient pas à la langue (du moins le lexique dont nous parlons ici, et dont parle Nyckees : le lexique des lexies, qui sont dejà des combinaisons de morphèmes et donc des formations de discours). La diachronie morphématique, syntaxique ou phonologique relève d'autres échelles temporelles et ne se laisse pas réduire à des événements socio-politiques datés. L'incidence des pratiques sur la langue n'est pas externe, car chaque pratique sociale comporte ses genres linguistiques et plus généralement sémiotiques. En outre, la typologie des discours et des genres -sur lesquels la praxématique n'a pas proposé de programme de recherche- reste il me semble une voie indispensable pour décrire les normes linguistiques, chaînon manquant entre la linguistique de la langue à laquelle on résume abusivement Saussure et la linguistique de la parole. Je doute enfin que l'on puisse concilier Guillaume et Marx, même s'ils dérivent tous deux de l'idéalisme allemand. C'est peut-être la métaphore mécaniste récurrente (dans le nom même de psychomécanique) qui fonde leur unité paradoxale. C'est en fait la logique du déterminisme que je récuse : le matérialisme mécaniste qui l'inspire fait presque regretter le matérialisme dialectique (je dis cela pour nos lecteurs d'un certain âge). Dire que la théorie de la signification chez Saussure est "idéaliste" ne me paraît pas une caractérisation suffisante. On entendait cela en URSS dans les années 1930. C'est précisément l'usage de catégories massives et extra-linguistiques comme matérialisme vs idéalisme qui empêche de concevoir la spécificité du sémiotique. Par exemple, la dualité signifiant/signifié ne se laisse par réduire à l'opposition matière/esprit : d'une part le signifiant est aussi cosa mentale, d'autre part le signifié fait l'objet d'une perception sémantique. Les programmes cognitifs de naturalisation du sens se réclament aussi d'un matérialisme militant (chez des auteurs comme Jacob, Sperber, Proust, Changeux, etc.). Mais il me semble que le matérialisme éliminationniste de nos naturalisateurs inverse simplement l'idéalisme absolu sans plus de valeur explicative. Chose embarrassante, il lui faut pour justifier son programme de réduction maintenir un dualisme, au lieu de réfléchir au problème tout saussurien de la dualité. Ce qui a été montré dans ce siècle, c'est l'importance des problèmes d'échelle et de degré de complexité, qui fait que les systèmes matériels ont des comportements différents selon l'échelle macro- ou microphysique. D'où l'affaiblissement d'une explication causale de la pensée par ses substrats neuronaux : il y a bien une clôture organisationnelle de l'organisme, mais la notion de couplage la relativise en montrant qu'une petite modification des paramètres externes peut modifier grandement la stabilité des paramètres internes. Il faut donc admettre un retard de la théorie du matérialisme dogmatique sur l'évolution des sciences de la matière et de la vie : rattraper ce retard ébranlerait ses formes dogmatiques mais permettrait de concevoir la matérialité du sémiotique, qui ne se réduit pas à celle du signifiant ! TM> Je reviens à Nyckees pour le citer longuement, car il présente comme deux positions antinomiques le matérialisme praxématique opposé à l'idéalisme de "la langue" saussurienne (récusé comme obsolète) : "Peut-on se satisfaire de la théorie saussurienne de la signification ? Force est de constater que cette théorie ne permet pas de rendre compte de l'intercompréhension linguistique" (1998: 295). Celle-ci le pousse à conclure en particulier sur le fait que "l'on ne peut expliquer les phénomènes sémantiques par les seules ressources de la synchronie : l'élaboration des significations codées dans une langue n'est pas intelligible si on ne les rapporte pas à l'expérience des groupes humains où elles se sont développées. Or chaque époque réorganise les significations dont elle hérite et tend à effacer les traces des organisations antérieures. Il s'ensuit que la théorie sémantique ne peut progresser sans s'appuyer sur la linguistique historique et l'étymologie" (p. 340). A cette alternative pro- et anti-saussurienne s'ajoute la convergence fort à la mode (notamment dans les sciences de l'éducation -didactique du français) d'un déterminisme marxisant, paradoxalement couplé à la pragmatique cognitive : "à partir de la prise de conscience de l'incomplétude du sens hors situation, nous avons été progressivement amenés à récuser le mythe d'un langage qui ne ferait qu'exprimer une pensée formée hors de l'expérience humaine et avons conclu à l'ancrage culturel de toute signification linguistique. Nous voici en mesure d'affronter avec profit la question cruciale de l'intercompréhension. Grâce aux intuitions de la praxématique en effet, nous pouvons mieux identifier le milieu où se constituent les significations, à savoir ces groupes d'êtres humains en interaction linguistique, continuellement engagés dans des pratiques socio-culturelles. [...] Les unités lexicales sont bel et bien des praxèmes, c'est-à-dire des outils d'analyse du réel en relation avec des pratiques socio-culturelles [...]. Cette évidence prend une signification toute particulière au moment où la sémantique cognitive fait ressurgir dans le champ de la sémantique la question de la constitution des significations linguistiques" (p. 260). Bref, toutes ces options retenues par Nyckees empêcheraient "que l'on fît simplement de l'éviction du rapport à la réalité un principe de bonne méthode scientifique en linguistique" (p. 286), allant ainsi à l'encontre du "dogme" saussurien qu'il critique sévèrement. Réalisme vs nominalisme ("seuls les nominalistes ont promu l'idée d'un système sans choses et sans sujet", déclare Coquet dans le sillage de Ricoeur ; la phénoménologie au contraire pose que "le langage se dépasse et s'établit dans un mouvement intentionnel de référence" ; l'antagonisme remonte à Benveniste opposant le système, d'ordre sémiotique, à l'acte phrastique et énonciatif de prédication qu'il définit comme sémantique, in Langages 103, 1991 : 26, 28, 31). Or une telle convergence oecuménique de théories et disciplines sans rapport, voire contradictoires (marxisme + pragmatique + catégorisation, par CNS et Gestalt, + sémantique diachronique -le "conceptualisme" (p. 308) des sciences cognitives étant peu compatible avec le matérialisme) peut-elle constituer un argument valable alternatif à "l'impasse que représente la théorie négative de la signification de Saussure" (p. 296) ? N.B. 1 : Cette stigmatisation de la "linguistique interne" se situe dans le droit fil des partisans de "la linguistique cognitive", tel Vandeloise dont le métalangage utilisé pour décrire les termes spatiaux, "qui est constitué d'éléments extralinguistiques", rejette le concept de sème. Il affirme, dans une omission des contextes (verbaux) et de leur rôle constituant : "Je soupçonne aujourd'hui la définition différentielle de la valeur d'avoir surtout, aux yeux des structuralistes, le mérite d'enfermer la signification dans le système de la langue, garantissant ainsi son autonomie. Une définition positive, au contraire, ne pourrait que renvoyer au monde extérieur et, par conséquent, violer le principe d'autonomie." (in Communications, 53, 1991 : 74, 96). N.B. 2 : Le difficile compromis de Nyckees apparaît déjà dans son article "Pour une archéologie du sens figuré (in Langue Française 113, 1997), dont la conclusion "la sémantique d'aujourd'hui, et la sémantique cognitive en particulier, devrait rencontrer de nouveau la sémantique historique, formidable outil d'élucidation [...]" (p. 64) -écho à Geeraerts (in Histoire, Epistémologie, Langage 15/I, 1993 : 112-3) pour qui "la Sémantique Cognitive constitue d'un point de vue méthodologique, un retour à la position préstructuraliste de la sémantique historique traditionnelle", par sa double orientation psychologique et herméneutique- ne fait pas oublier la dissension vis-à-vis d'une théorie cognitive du changement de sens (Sweetser, 1990) recourant aux "explications en termes de tropes" (p. 54). Etudiant un cas de "juridisation" (p. 63) donnant lieu, en latin, à la transition de obligare-lien-physique à obligare-lien-financier (long exemple de polysémie repris dans 1998, chap. 7), Nyckees entend substituer à la tropologie cognitive une explication en termes "d'écart dialogique entre la signification du locuteur et la signification du récepteur" (p. 57). "La cause de la variation réside ainsi en dernière analyse dans la transformation des expériences vécues par les différents groupes composant la société." (p. 58) Or cette thèse l'amène à poser un "principe de vérisemblance", par lequel se neutralisent à un moment historique donné les différences d'emploi, soit un principe de "véricondionnalité pragmatique" dont l'association interne des deux concepts trahit bien l'oecuménisme rapprochant la logique et les circonstances de communication. FR> C'est sans doute un référentialisme commun (mais divers) qui permet de fédérer cette coalition oecuménique, qui, en effet, empêche la réception de Saussure -d'autant mieux stigmatisé qu'il reste mal compris. Ces positions sont très ordinaires ; voir par exemple Catherine Fuchs et Pierre Le Goffic : "Toute l'élaboration théorique de Saussure repose sur sa définition de l'objet langue, dont l'étude suppose un double rejet : celui de l'histoire et celui de la réalité objective (entre autres, sociale)." (Les linguistiques contemporaines, Hachette, 1992, p. 21). Alors que Saussure répète que la langue est du social. TM> Votre position n'est-elle pas au contraire que le "holisme" de la sémantique saussurienne (système, valeur, 1998 : 292) est suffisant, et qu'il n'est pas nécessaire de le rapporter -comme le fait Nyckees au dernier chapitre- au déterminisme (conditions contraignantes) qu'exerce le niveau linguistique sur la "catégorisation perceptive" ("prélinguistique", p. 332, dont les substrats neuronaux relèvent de la biologie, non de la linguistique, p. 333), sur la conceptualisation du monde ("contrairement au conceptualisme classique, le langage joue un rôle de tout premier plan dans la formation des idées générales", p. 298), en diachronie comme en synchronie ? FR> La catégorisation n'est un problème linguistique que pour la conception référentielle du langage. Les postulats de détermination : du social sur le linguistique, ou du linguistique sur la conceptualisation, etc. sont multiples, récurrents, et généralement gratuits. Ils témoignent d'une difficulté pour la linguistique, tout particulièrement dans le domaine sémantique, à définir le mode d'autonomie de son objet - et par là son propre statut épistémologique. TM> En dépit de son parti pris contre la réforme saussurienne (1998:14) et contre l'analyse sémique au double motif d'intuitionnisme (p. 232) et d'infinitude (p. 235) -sans parler de son assimilation des sèmes aux propriétés référentielles (cf. la "fonction sensori-motrice" requise par les traits définitoires (p. 314) chez Wierzbicka, qui ne diffère pas sur ce plan des "traits perceptuels" distinctifs de Pottier)-, Nyckees est bien obligé de s'accorder avec Saussure sur l'idée que "le fait social peut seul créer un système linguistique" (p. 285) ; en outre il vous rejoint sur le refus d'une ontologie définie comme un renvoi à "la réalité objective" (arguments roschien p. 306, et du nominalisme de Wittgenstein par l'exemple de la "ressemblance de famille" entre les différentes acceptions de jeu (Spiel), pp. 320-5) et un anti-essentialisme, qui plaide a contrario pour la praxis : "Meillet n'a cessé de souligner que toute langue est de part en part une réalité sociale. [...] Aucun groupe social ne se définit dans la radicalité d'une "essence". Ce qui cimente et définit le groupe réside fondamentalement dans la communauté des expériences." (p. 116) "Plutôt que de traiter l'ensemble des significations comme l'expression d'un composant conceptuel autonome, distinct des langues, il paraît infiniment plus juste et plus fécond de considérer qu'elles se constituent graduellement, historiquement, au fil des interactions entre les membres d'une communauté" (p. 230). De là sa critique des "théories atomistes" de Wierzbicka et Pottier, dont "le niveau d'abstraction trop élevé les empêchait de prendre vraiment en compte la réalité historique des phénomènes linguistiques" (p. 266). On notera que de telles réserves implicite vis-à-vis des pré-requis cognitifs et logicistes rendent difficile l'éclectisme théorique de Nyckees. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666 {FR, 21/04/2005} ASSISES EUROPÉENNES DU MULTILINGUISME PARIS, 24-25 NOVEMBRE 2005 Appel à contributions (réponse demandée pour le 15 juin 2005) Condition d'émergence d'une citoyenneté active, le plurilinguisme est une composante essentielle de l'identité européenne. Garant de la diversité culturelle et du respect des personnes, il conditionne le développement individuel et professionnel de chacun. En permettant une véritable compréhension interculturelle, il devient enfin aujourd'hui un important facteur de paix et de développement. Les Assises Européennes du Plurilinguisme visent les objectifs suivants : * promouvoir la collaboration entre la recherche, l'éducation et la société civile ; * associer dans une même problématique les enjeux économiques et culturels ; * développer et coordonner des initiatives aux niveaux national et européen, en proposant une gamme d'actions concrètes. Voici les thèmes majeurs retenus : 1. Les enjeux culturels, économiques et sociaux du plurilinguisme 2. La sensibilisation et l'éducation aux langues tout au long de la vie 3. Le plurilinguisme dans les relations et échanges internationaux. Calendrier : Les travaux se dérouleront sur trois demi-journées : * Jeudi 24 novembre matin : ouverture (au CIEP à Sèvres ou la Sorbonne). * Jeudi 24 novembre après-midi (au CIEP à Sèvres ou à la Sorbonne) : séances en commissions et ateliers. * Vendredi 25 matin au Sénat : clôture. Les Assises proposeront un programme d'action pour le plurilinguisme, qui sera accompagné par la publication des actes et la mise en place d'un observatoire du plurilinguisme. Les participants seront tout aussi bien des chercheurs de tous les domaines de la recherche concernés que des décideurs publics nationaux et internationaux, et que personnes issues des divers secteurs de la société civile : entreprises, syndicats, parents d'élèves, familles, jeunes, etc. Pour participer aux Assises en tant qu'intervenant, vous devez prendre connaissance du dossier intégral : http://assisesplurilinguisme.affinitiz.com/ et remplir le petit formulaire joint. Il comprend un résumé de votre projet d'intervention et doit être envoyé avant le 15 juin 2005. 666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666