1998_08_14
________________________________________________________________________________
SdT volume 4, numero 7.
LES CITATIONS DU MOIS
_____________________________________________________
L'Etre dont le langage est la maison ne peut se fixer,
regarder, il n'est que de loin.
Merleau-Ponty, Notes de travail,
in Le Visible et l'Invisible, p. 267
_____________________________________________________
SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue au nouveau correspondant du mois : Guido Ferraro.
- Importante vague de changements d'adresse : Dominique Le Roux,
Marc Ratcliff, Benedicte Pincemin, Yves-Marie Visetti, Louis Panier,
et Pascal Vaillant.
2- Carnet
- (S')abonner a SdT.
- Ouverture d'un florilege electronique.
- Seminaires de Semantique Textuelle, licence et maitrise/DEA,
a Paris VII, avec Franck Neveu.
3- Publications
- Franck Neveu : Etudes sur l'apposition
4- Dialogues
- L'affaire Sokal - Pierre Dumesnil, Francois Rastier, Jean-Michel
Salanskis.
5- Colloques
- "L'image et les champs de la theologie", Lausanne, 13-14 nov. 1998.
- "Modeling and using context", Trento, Italy, 9-11 sept. 1999.
- "Faits de langue et sens des textes", Paris VII, 23-24 nov. 1998.
11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
NOUVEAU CORRESPONDANT
[information réservée aux abonnés]
22222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet
22222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 28/07/98}
LES AMIS DE NOS AMIS
SdT reste une liste modérée. Elle est fermée dans la mesure où n'importe qui
ne peut pas s'y inscrire (nous souhaitons éviter les dérives de l'internet,
et le n'importe qui n'importe comment, pour ménager un espace d'information
sélectionnée et de débat). Mais elle n'est pas close : si vous connaissez
quelqu'un qui serait intéressé à recevoir SdT, et qui souscrit à ses principes
de confidentialité et de bienveillance, n'hésitez pas à le "patronner" en nous
communiquant son adresse !
22222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 28/07/98}
NOUVEAU JEU : LE FLORILÈGE ÉLECTRONIQUE
Les textes électroniques sont souvent très inférieurs aux éditions papier.
Pour encourager la fidélité philologique, ouvrons un "best of" des textes
électroniques !
Premier exemple, ou comment les livres deviennent des litres :
LES PLAISIRS ET LES JOURS - Marcel Proust
À MON AMI WILLIE HEATH
Mort à Paris le 3 octobre 1893
« Du sein de Dieu où tu reposes...
révèle-moi ces vérités
qui dominent la mort,
empêchent de la craindre
et la font presque aimer. »
« Les anciens Grecs apportaient à leurs morts des gâteaux, du lait et du vin.
Séduits par une illusion plus raffinée, sinon plus sage, nous leur offrons
des fleurs et des litres. »
22222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 28/07/98}
Deux seminaires a l'Universite Paris VII :
* SEMANTIQUE DES TEXTES (Licence)
L'enseignement de sémantique des textes propose une approche linguistique de la
textualité. Partant d'une observation minutieuse des faits de langue, on aborde
progressivement la problématique du contexte et celle de l'interpretation.
Trois étapes structurent cet enseignement :
1/ Une presentation théorique et une réflexion méthodologique sur les notions
de texte et de textualité ;
2/ Une description des principaux faits linguistiques entrant dans
l'organisation des textes (l'ancrage énonciatif, les chaines de référence,
la temporalite, les isotopies, la coherence, la dynamique de la communication,
etc.) ;
3/ Une initiation à la pragmatique et à la stylistique (les actes de langage,
l'implicite, les lois du discours, la structure linguistique et rhétorique de
l'argumentation dans le texte littéraire, etc.).
Les travaux porteront sur des textes litteraires et non littéraires, de
typologie variee.
Groupe 1 : Franck Neveu
* SEMANTIQUE TEXTUELLE : CONTEXTE ET INTERPRETATION (maitrise/DEA, 1998-1999)
Franck Neveu
Ce séminaire propose un ensemble de reflexions méthodologiques et d'analyses
detaillees pour l'etude linguistique de la textualité. On developpera
principalement les deux problematiques connexes du contexte et de
l'interpretation : le contexte comme environnement verbal et comme situation,
le contexte comme cadre générique (intertexte), le sens littéral des énonces et
leur sens dérivé (par inference), les effets de la présomption de pertinence,
l'objectif de clarté de la communication et ses applications, les diverses
sémiologies de l'objet texte (linearité/tabularité) et la notion de parcours
interprétatif (zones de localité et compréhension).
Pour illustrer ces problemes, on travaillera sur quelques questions relatives
a la reference, au theme et a l'iconicite : l'emploi des designateurs dans le
texte dramatique et dans le texte romanesque, la determination nominale et les
effets de presentification du referent dans le texte poetique, les niveaux de
fonctionnement de je dans le texte philosophique, le role des detachements en
tete de phrase dans le texte biographique, l'image textuelle et la signaletique
denominative dans l'ecrit scientifique.
Tres eloigne d'une approche neopositiviste de la textualite fermee a
l'esthetique, ce seminaire est tout a la fois une initiation a la pragmatique
et a la stylistique generale.
33333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Publications Publications Publications Publications Publications Publications
33333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 28/07/98}
VIENT DE PARAITRE
NEVEU Franck - ETUDES SUR L'APPOSITION
1998, Coll. Bibliotheque de Grammaire et de Linguistique,
Paris, Honore Champion, 288 pages, 290F
De toutes les categories fonctionnelles, l'apposition est sans doute la plus
meconnue. Les frequents achoppements theoriques expliquent d'ailleurs pourquoi
la science du langage manifeste une relative indifference a l'egard d'une
notion dont les marges restent si vaporeuses. Pourtant, cette "introuvable"
fonction a ceci de commun avec tous les vrais problemes linguistiques : on
n'en a jamais tout a fait fini avec elle, et les nombreuses etapes de son
developpement refletent bien les preoccupations successives de la discipline.
Voila ce que font clairement apparaitre les etudes reunies ici, qui proposent
de nouveaux modes d'entree dans une des categories les plus recalcitrantes de
la grammaire traditionnelle en redefinissant les seuils de lisibilite et
d'operativite de certains concepts qui lui sont attaches. A partir d'un corpus
de textes biographiques de Jean-Paul Sartre, quatre perspectives differentes
sur le phenomene appositif structurent l'ensemble :
1/ Essai de presentation historique de l'apposition,
2/ Syntaxe et semantique des constructions appositives - Approche quantitative,
3/ Les appositions frontales et la dynamique communicationnelle,
4/ Le systeme appositif comme mode de caracterisation ontologique.
44444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue Dialogue
44444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
{FR, 15/03/98 et 17/07/98}
TRILOGUE entre Pierre Dumesnil (Economie, INT Evry), François Rastier
(Linguistique, CNRS Paris) et Jean-Michel Salanskis (Philosophie, Université
de Lille III) :
Sur l'affaire Sokal, après une table ronde sur le thème
Herméneutique et sciences
[Note de la rédaction : Alan Sokal, physicien américain, est parvenu à publier
dans la revue Social Text un article sur l'"herméneutique quantique", pastiche
de la rhétorique déconstructionniste volontairement truffé d'erreurs grossières.
Il a ensuite publié en français, en collaboration avec Bricmont, Impostures
intellectuelles (1997), un florilège accusateur qui critique divers auteurs
favoris de l'avant-gardisme.]
Pierre Dumesnil : Je me permets de vous faire part d'une certaine déception
après avoir assisté à la "table ronde sur le thème Herméneutique et sciences"
et sur "L'après-Sokal...". A mon avis un vrai débat sur pièces et... sur textes
reste à faire. Vous aurez remarqué que personne n'avait "l'objet du délit" en
main et que la discussion en est restée aux intentions supposées malignes des
auteurs.
François Rastier : Votre appréciation me semble restrictive, ou peut-être
attendiez-vous trop. L'essentiel de la réunion a été consacré au projet
intellectuel des auteurs de l'ouvrage Herméneutique : textes, sciences.
Thouard, Miesckiewicz, Bachimont, Stewart, Clément, Salanskis, notamment ont
pris la parole. "L'affaire Sokal" n'avait qu'une place secondaire (et ne figure
pas sur le carton d'invitation !).
PD : Même si le thème principal de la séance n'était pas cette "affaire", il
m'est simplement apparu qu'on l'avait expédiée un peu vite. Sans doute
était-elle d'emblée réglée pour tous, j'avoue que, pour moi, elle ne l'est pas
encore vraiment (d'où mon attente, sans doute excessive).
Dire, par exemple, qu'il y avait un aspect "délateur" ou policier dans la
"dénonciation" des auteurs épinglés par S & B me semble hors de propos et
récuse par avance toute attitude critique - que je croyais être le b a ba de
la démarche herméneutique.
C'est précisément l'attitude qu'avait eue, par exemple, Bernard Henri-Lévy,
il y a une quinzaine d'années, après avoir été justement éreinté par
P. Vidal-Naquet, ce qui lui avait valu un article cinglant de C. Castoriadis
dans le Nouvel Observateur, sous le titre "Les divertisseurs".
FR : Ce "dénonciation" est sans doute d'une approximation lexicale. Je
souligne cependant qu'un partisan de Sokal lançait cet appel dans le Monde
de l'Education de janvier (Article : Des Normaliens jugent les impostures
intellectuelles) : "il faut une police philosophique capable de poser les
bornes à ne pas franchir" (p. 10). Cela est notable dans le paysage
intellectuel français d'aujourd'hui.
La dénonciation à laquelle se livrent joyeusement Sokal et Bricmont n'a rien
de policier ; mais elle n'a pas grand chose de philosophique : ils n'ajoutent
à leur florilège de sottises aucun argumentaire, et laissent s'interroger sur
leurs intentions, ce qui leur permet d'en donner dans divers entretiens des
versions adaptées aux divers publics.
PD : Autre exemple : Sokal et Bricmont ne sont pas contre l'emploi de
métaphores issues du monde scientifique mais contre leur emploi frauduleux.
Ce qui n'est pas du tout la même chose.
FR : Tout le monde est d'accord là-dessus.
PD : Après tout, le discours scientifique ou mathématique est truffé de termes
métaphoriques, mais je ne crois pas que Bourbaki prenne appui sur les
significations externes au champ mathématique des mots "ensemble", "tribu",
"clique", ... pour légitimer des propriétés dans ce champ. Que ces métaphores
aient des propriétés heuristiques n'est pas en cause.
FR : Ces termes seraient simplement des catachrèses. Je note seulement que
Sokal ne s'en prend pas aux métaphores des auteurs "sérieux", dont certains le
soutiennent, que ce soit la métaphore computationnelle chez Chomsky et Fodor,
ou la métaphore épidémiologique chez Sperber.
Ces métaphores ont pourtant une fonction purement idéologique (rabattre les
sciences humaines sur la computation ou la biologie), et non heuristique.
PD : Là où il y a fraude, c'est lorsque les auteurs "jouent double jeu" :
j'éblouis mes lecteurs ou auditeurs de mes connaissances scientifiques,
lorsqu'ils sont largement ignorant du domaine, leur laissant entendre que je
ne suis pas dans la métaphore et je crie à la censure anti-métaphore lorsque
j'ai affaire à un spécialiste du domaine.
FR : Ils rendaient un pénible hommage à une image périmée de la science - et
les références de Sokal et Bricmont ont souvent plus de vingt ans : avec le
recul du scientisme, la métaphore scientifique a de fait cessé d'avoir un rôle
de caution.
PD : Vous aurez compris que je trouve l'entreprise de Sokal et Bricmont plutôt
salubre et je ne la crois pas anti-herméneutique, au sens où je crois que le
groupe l'entend.
FR : Je doute que si groupe il y avait il soit unifié sur ce point.
L'article princeps de Sokal mentionne l'herméneutique dans son titre, et
c'est bien elle, et non la physique quantique qui est visée. On peut certes
restreindre leur propos et dire que nos auteurs visent essentiellement le
déconstructionnisme américain et certains de ses inspirateurs français
secondaires, qui ont en effet discrédité le thème herméneutique. On note
cependant la quasi absence dans cet ouvrage des auteurs les plus importants de
l'herméneutique contemporaine : Ricoeur, Lévinas, Bollack, etc. Même Derrida
n'est affronté que par raccroc, et nos auteurs se rabattent sur Irigaray ou
Virilio qui ne sont pour rien dans l'affaire. Je pense que la critique
d'auteurs comme Kristeva (dont les billevesées sur Mallarmé ne sont pas moins
divertissantes que sur l'axiome du choix) reste largement à faire - pour qui
serait prodigue de son temps. Personnellement, je ne me suis jamais censuré
sur ce point.
Mais le problème de l'interprétation demeure entier et doit être posé
autrement, ce qu'essaye de faire l'ouvrage Herméneutique : textes, sciences.
PD : Peut-être s'agit-il, après tout, d'un malentendu sur la signification,
vous l'avouerez quelque peu variée, de l'herméneutique ? Sokal et Bricmont
accepteraient-ils l'attitude herméneutique, sinon le mot lui-même, telle que
décrite par la très belle "définition" de JM Salanskis que j'attribuais sans
doute trop vite, après vous avoir lu la citer, au "groupe" : "le point de vue
herméneutique serait [...] celui qui récuse par principe toute idée selon
laquelle le sujet humain aborderait son réel à partir de structures filtrantes
données, qu'elles soient logiques ou esthétiques. L'herméneutique serait
l'anti-transcendantalisme par excellence, la doctrine qui dit que toute forme
du comportement cognitif de l'homme s'élabore toujours comme rectification
réitérée d'elle-même" ? (Herméneutique : textes, sciences, p. 413). Cela reste
pour moi en suspens.
FR : Il s'agit d'une des définitions possibles - et je ne suis pas certain que
Salanskis la reprenne à son compte.
PD : Cela ne veut pas dire que j'approuve tout de la démarche de Sokal et
Bricmont, notamment un certain amalgame dans le traitement des auteurs
"épinglés" me gène : Merleau-Ponty, Bergson ont pu, comme tout le monde, ne
pas comprendre ou se tromper ; ce ne sont pas des imposteurs.
D'autre part, l'inexistence d'auteurs, autres que strictement "scientifiques"
(physiciens ou mathématiciens) trouvant grâce à leurs yeux est suspecte : n'y
a-t-il aucun "bon" philosophe des sciences ? peut-on, tout simplement, écrire
sur la science ?
FR : La science unifiée, sans doute non, du moins si l'on n'est pas
métaphysicien. C'est pourquoi le propos philosophique d'auteurs qui viennent
des sciences (par exemple Salanskis des mathématiques, Stewart et Clément de
la biologie) me paraît particulièrement intéressant - bien que non-sokalien.
J'ai l'impression que Sokal et Bricmont visent à renforcer l'opposition entre
les lettres et les sciences, et qu'ils sont pour un "développement séparé" -
d'où le bon accueil qu'on leur réserve en France, où cette séparation pèse plus
qu'ailleurs.
De ce point de vue, l'épistémologie est bien ce qui résiste au scientisme. Et
l'on regretterait l'absence délibérée de réflexion épistémologique chez Sokal
et Bricmont, si leur ouvrage n'était pas une provocation (au sens non policier,
mais tout de même politique du terme), qui se justifie non par des arguments
qu'il néglige de fournir mais par la confusion qu'il sème au nom de la clarté
et du bon sens. Provocation dont notre discussion même atteste la réussite.
Jean-Michel Salanskis : Je n'ai plus d'avis simple et rapidement communicable
sur toute cette affaire. Je propose donc juste quelques réactions sommaires à
votre dialogue :
1. Je suis d'accord que l'enjeu le plus grave est celui de la lecture.
Sokal-Bricmont soulèvent un problème qui ne peut être que celui de la lecture,
et le traitent de façon particulièrement indigente. Impossible de comprendre
"La limite est la puissance du continu" chez Deleuze sans savoir que le
contexte est celui d'une théorie de l'individuation par engendrement de
frontière, différenciation de parties dans l'espace. Faute de comprendre ce
contexte, Sokal et Bricmont interprètent de façon grotesque "la notion
mathématique de limite est égale au cardinal de l'ensemble des réels", et
relèvent fièrement une bourde ! Sans examiner le détail, il est clair que faire
de larges citations, dire à la suite que c'est ridicule et que cela n'a pas de
sens, et concentrer tout le travail critique dans des notes de bas de page
renvoyant aux passages cités ne peut pas être une procédure rationnelle de
lecture, une procédure intellectuellement honnête. On peut à mon avis suivre
pas à pas les prises à témoin et les condamnations de Sokal et Bricmont pour
montrer que ce qu'ils font est tout le contraire d'une démystification, d'une
clarification, d'une critique. Et, disant cela, je prends pour critère de la
critique le critère standard des Lumières. À vrai dire, il n'y a pas de
critique rationaliste sans "prise de perspective" herméneutique adéquate sur
les documents, n'importe quel universitaire sérieux de la galaxie SHS le sait,
le défaut de Sokal et Bricmont est de n'avoir pas été formés à cette rigueur.
Mon rejet de leur pseudo-lecture va très loin, même lorsqu'ils parlent de Régis
Debray et Serres, et se moquent de l'évocation par ce dernier d'un "théorème de
Gödel-Debray", je trouve qu'il y a plus de clarté, de vérité et de rigueur dans
Debray que chez eux.
2. C'est un fait que beaucoup d'excellents esprits réagissent favorablement à
la "dénonciation" de Sokal et Bricmont. Outre Pierre Dumesnil, je peux en citer
au moins trois proches de moi. Je le comprends de deux manières.
D'une part, il y a une affaire d'identification (à la France, à la galaxie SHS,
au gauchisme philosophique de 1965-1975) qui partage les gens. L'affaire Sokal
distingue parmi nous, notamment, ceux qui se conçoivent prioritairement comme
des savants et ceux qui se conçoivent prioritairement comme des littérateurs,
des érudits, des essayistes, des philosophes, des philologues, etc. Je crois
cette détermination contraignante et inaccessible à la discussion.
D'autre part, il y a l'hypothèse que les auteurs accusés ont triché, se sont
adjugé mensongèrement le prestige de la science. Je comprends que cela
exaspère, mais je crois que c'est tout à fait faux. Deleuze n'est pas devenu
connu à cause de "Différence et répétition" mais de "L'anti-Oedipe". Lacan
n'est pas devenu Lacan à cause de sa seconde période des tores et noeuds
borroméens, mais à cause de sa première période anthropologico-structuraliste
(période au cours de laquelle ses références à la mathématique étaient pour
l'essentiel justes, à mon avis). Serres n'est pas devenu célèbre pour son flirt
avec la science, mais, au contraire, pour sa dénonciation "écologiste" de la
science, et son plaidoyer vibrant ("féminin") en faveur de la sensation et de
la nature. Latour et consorts représentent de façon vivante le désaveu du
prestige de la science.
3. La citation de moi est un passage où je formule de façon ramassée quelque
chose comme la pensée de Rorty, pas la mienne. Pour moi, l'herméneutique bien
comprise est complice du transcendantal, c'est cette complicité qui sauve l'un
et l'autre.
François Rastier : Le procédé de Sokal et Bricmont me rappelle fort la façon
dont Maingueneau reprochait vertement à Pascal d'avoir employé le mot suffisant
au sens mathématique dans sa querelle avec les jésuites sur la grâce suffisante.
Si la lecture que pratiquent Sokal et Bricmont est insuffisante, si elle se
réduit souvent à la citation et à une sorte d'ostension, c'est sans doute
parce qu'ils mettent en pratique le refus de l'herméneutique qui les anime :
leur pratique de lecture procède de leur refus théorique. D'où l'absence de
déontologie critique : on juxtapose les époques, les oeuvres et les auteurs,
sans jamais chercher à restituer les contextes, les situations, les projets,
sans donc permettre l'intelligence des propos. Ainsi la méthode de lecture
accuse voire suscite les absurdités dénoncées.
55555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques
55555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{Karakash, 06/07/98}
Colloque annuel de la Societe Suisse de Theologie :
L'image et les champs de la theologie
Universite de Lausanne, 13-14 novembre 1998.
Renseignements et inscriptions :
IRSB Batiment central - Universite de Lausanne - 1015 Lausanne
tel.: (0)21 692 27 30 fax.: (0)21 692 27 35
Jean-Daniel.Kaestli@irsb.unil.ch
55555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR, 28/07/98}
2nd INTERNATIONAL AND INTERDISCIPLINARY CONFERENCE ON
MODELING AND USING CONTEXT
Trento, Italy, September 9-11, 1999.
http://www-sysdef.lip6.fr/CONTEXT-99/
The Second International and Interdisciplinary Conference on Modeling and
Using Context (CONTEXT'99) aims at providing a high quality forum for
discussion on context among researchers active in Artificial Intelligence,
Cognitive Science, Computer Science, Linguistics, Philosophy, and Psychology.
SUBMISSION OF PAPERS
Participants will be selected on the basis of submitted papers (10 single-
spaced A4 pages maximum) by three referees at least. Papers must include in
the first page : title, author's name(s), affiliation, complete mailing
address, phone number, fax number, e-mail address, an abstract of 300 words
maximum, and up to five keywords. Electronic submission (compressed / zipped /
gzipped standard PostScript file under the name first-author.ps) is strongly
encouraged ; alternatively, authors may send five hardcopies of the paper via
surface mail. Submitted papers should arrive to the Conference Chair no later
than March 30, 1999.
PATRICK BREZILLION - CONTEXT'99 Conference Chair,
University Paris VI - 4, Place Jussieu - F-75252 Paris Cedex 05, France.
Patrick.Brezillon@lip6.fr
IMPORTANT DATES
Submission deadline : March 30, 1999
Notification of acceptance : May 21, 1999
Deadline for final papers : June 11, 1999
Conference : Sept. 9-11, 1999
55555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR, 28/07/98}
Le lundi 23 et le mardi 24 novembre Franck NEVEU organise a Paris VII un
colloque intitulé "Faits de langue et sens des textes", destine notamment aux
agregatifs. Voici le programme provisoire :
MOYEN AGE / XVIe siecle
Daniele JAMES-RAOUL (Universite Paris IV)
La rhetorique du silence dans Le Conte du Graal
Anne WANONO (Universite Paris XII)
Etude du vocabulaire du costume, des ustensiles et de l'equipement
dans Le Conte du Graal
Bernard COMBETTES (Universite Nancy II)
Les constructions detachees dans Saul le furieux de Jean de la Taille :
le cas des participes
Gerard MILHE POUTINGON (Universite Grenoble III)
Le lexique de la fureur dans Saul le furieux
XVIIe / XVIIIe siecle
Claire BADIOU-MONFERRAN (Universite de Bourgogne)
Les hyperbates dans les Maximes de La Rochefoucauld
Catherine COSTENTIN (ENS Ulm)
Les Maximes comme piege rhetorique : examen de quelques typologies
caracteristiques de clausules
Catherine JULIA (Universite Paris III)
Les Maximes de La Rochefoucauld : semantique des enonces paradoxaux
Jean-Christophe PELLAT (Universite Strasbourg II)
Les procedes de generalisation dans les Maximes de La Rochefoucauld
Eric BORDAS (Universite Bordeaux III)
Les dangereuses liaisons parataxiques du libertinage - Style et rythme
Anne-Marie PAILLET-GUTH (Universite Lyon II)
Les mentions dangereuses : discours rapporte et ironie dans Les Liaisons
Didier SAMAIN (Universite Paris VII)
Aspects de l'ambiguite syntaxique et semantique dans les Maximes et
Les Liaisons dangereuses
XIXe / XXe siecle
Arnaud BERNADET (ENS Fontenay/Saint-Cloud)
Le facteur contre-accentuel dans les Poesies de Mallarme
Jacques-Philippe SAINT-GERAND (Universite Clermont-Ferrand II)
"Disposer leurs ecrits de fagon inusitee, decorativement entre la
phrase et le vers, certains traits parents a ceci..." :
ordre, syntaxe et rythme chez Mallarme
Gilles SIOUFFI (Universite Montpellier III)
Sur quelques idealites linguistiques de Mallarme
Simone DELESALLE (Universite Paris VIII)
Emplois de on dans Fin de partie
Franck NEVEU (Universite Paris VII)
Sur quelques designateurs dans Fin de partie - La problematique
contextuelle au theatre
55555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
////////////////////////////////////////////////////////////////////////