1998_11_17
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SdT volume 4, numero 9.
LA CITATION DU MOIS
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Quodcirca nomen, verbum et relique orationis partes
per se tantum soni sunt, sed multiplicem habent ex
institutione hominum significantiam : ut in coloribus
pictorum videmus que nihil per se adombrant picturarum,
et tamen ex artificio unanquanque personam et quicquid
volumus representant.
Lorenzo Valla, Repastinatio, 433.32-434.5
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SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Maryvonne Holzem.
- Changement d'adresse : Genevieve Caelen-Haumont.
2- Carnet
- Genevieve Caelen-Haumont détachée a Aix-Marseille.
- Au courrier de SdT.
- Avis de recherche : base lexicale avec associations et frequences.
- Beaux sites : Le Grimoire (apprentissage du français) ;
Christine de Pizan database (ancien français).
- Attention : des changements de lieu et de dates pour le seminaire
de Francois Rastier
- Enseignement de Bill Winder : La Sémantique et le discours littéraire
- Seminaire organise par Patrick Seriot : Epistémologie comparée des
sciences humaines, Russie / Europe de l'Ouest, années 1920-1930 (le
discours sur la langue)
3- Publications
- Numero special de Semiosis, comprenant des etudes de Francois Rastier
traduites en castillan.
4- Dialogue
- Jean-Emmanuel Tyvaert & Francois Rastier : "L'obscure clarte".
5- Chronique
- Le cyberlexique, par Gabriel Otman.
A suivre aussi sur France Culture, vendredi 20 novembre matin.
6- Colloques
- 5eme colloque annuel de la Societe de Semiotique du Quebec :
"Le lisible, le visible, l'audible et le tactile - Relations
intersemiotiques et polysensorielles", Ottawa, 12-13 mai 1999.
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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{Caelen-Haumont, 20/10/98 et FR, 15/11/98}
Genevieve Caelen-Haumont, du Laboratoire CLIPS-IMAG, est détachée pour un an
au Laboratoire Langages et Parole Universite des Lettres d'AIX-MARSEILLE 1,
28 av Robert Schuman, 13621 Aix-en-Provence.
tel : 04 42 95 36 21, fax : 04 42 59 50 96.
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{FR, 15/11/98}
AU COURRIER
Un correspondant nous écrit : "La lecture de SdT est toujours revigorante".
Qu'il en soit ainsi pour sa rédaction !
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{Tigerghien, 21/10/98}
AVIS DE RECHERCHE
Je recherche une base lexicale (français) -- la plus complète et la plus
récente possible -- contenant des normes associatives entre mots et un
index des fréquences lexicales (familiarité).
Merci d'avance,
Guy Tiberghien
Guy TIBERGHIEN, Professeur
Institut des Sciences Cognitives (CNRS) - 67, boulevard Pinel - 69675 BRON Cedex
Tél. 1 : (33) 04 37 91 12 59 ; Tél. 2 : (33) 04 76 62 80 66
e-mail : tiberghien@isc.cnrs.fr, Guy.Tiberghien@upmf-grenoble.fr
http://rockefeller.univ-lyon1.fr/~montoute/Tiberghien/
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{FR, 15/11/98}
BEAUX SITES
* LE GRIMOIRE
Le Grimoire est un site Internet qui rassemble divers matériels pédagogiques
pour l'apprentissage de la langue et de la civilisation françaises au niveau
de la première année universitaire (français langue seconde). Les documents
(+200, 4MB de texte) sont présentés sous forme hypertextuelle et soigneusement
hiérarchisés de façon à rendre la navigation claire pour l'usager. Le Grimoire
intègre :
- une grammaire descriptive (traditionnelle) du français,
comprenant de nombreux exemples et un glossaire terminologique explicatif
- une anthologie de textes courts puisés dans la littérature canonique
(42 extraits du moyen âge à nos jours, avec dictionnaire français-anglais)
- un guide daté des événements, tendances et personnalités de la vie
culturelle, politique et littéraire [13 livraisons]
- un ensemble de tests et de barèmes de correction, ainsi que divers
renseignements relatifs à l'administration et à la gestion du cours.
Pascal Michelucci
pascal.michelucci@utoronto.ca
www.chass.utoronto.ca/french/vale
* LA DEVINETTE DE LA REDACTION :
Pourquoi ce site s'appelle-t-il Le Grimoire ? Qui donne la bonne hypothèse
gagne un abonnement décennal au bénéfice d'un tiers.
Solution de l'énigme dans le prochain numéro.
* OLD FRENCH
Objet : Christine de Pizan database
Anyone interested in a concordance of old French see the Christine de Pizan
database made available by Jim Laidlaw
http://www.arts.ed.ac.uk/french/christine/cpstart.htm
Contact : Geoff Hare <G.E.Hare@newcastle.ac.uk>
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{FR, 11/11/98}
Si vous avez deja note l'information sur le seminaire de Francois Rastier,
attention aux PRECISIONS DE LIEU et MODIFICATIONS DE DATE
apportees dans le programme definitif ci-dessous :
SEMINAIRE
Université PARIS VII &
Institut NAtional des Langues et Civilisations Orientales
Conférences de sémantique
année 1998-1999
François RASTIER
Directeur de recherche
INaLF-CNRS
Premier semestre
________________
Université Paris VII (Jussieu), UFR Sciences des textes et documents
Tour centrale, deuxième étage, salle 212.
Jeudi 26 novembre, 16h-18h : La sémantique des textes littéraires
Jeudi 10 décembre, 16h-18h : Description sémantique et interprétation
Jeudi 14 janvier, 16h-18h : Les disciplines du texte
- De la philologie à l'herméneutique
Second semestre
_______________
Institut national des langues et civilisations orientales
2 rue de Lille, 75007 Paris
Salons de l'Inalco
Jeudi 4 février, 17h-19h : L'accès sémantique aux banques textuelles
Jeudi 11 mars, 17h-19h : Terminologie et lexicologie des textes d'experts
Jeudi 18 mars, 17h-19h : Textes descriptifs et image documentaire
Jeudi 1er avril, 17h-19h : Les genres textuels : typologie et codage
Contact électronique : lpe2@ext.jussieu.fr
Site du séminaire virtuel : http://www.msh-paris.fr/texto/
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{FR, 15/11/98}
ENSEIGNEMENTS
De Bill Winder, professeur à l'University of Bristish Columbia (Vancouver) :
La Sémantique et le discours littéraire
La problématique de l'analyse du sens déborde largement les sciences du
langage ; on la retrouve, sous des formes différentes, en philosophie
(essences), en logique mathématique (interprétation des systèmes formels),
en science cognitive (acte cognitif), en anthropologie (axiologies), etc.
En linguistique, bien que les pratiques lexicographiques aient fait une place
importante aux questions sémantiques, des chercheurs de courants majeurs
se sont efforcés de restreindre le champ de leur science en évacuant la
question du sens (Harris, Chomsky) ou en postulant qu'il n'y a pas de
linguistique au-delà de la phrase (Benveniste). A rebours de ces
linguistiques restreintes, d'autres chercheurs se donnent pour tâche de
pousser l'analyse linguistique au-delà de la syntaxe et au-delà de la
phrase, jusqu'au sens et au texte.
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{15/11/98}
SÉMINAIRE
Organisateur : Patrick SERIOT, Professeur à l'Université de Lausanne
Patrick.Seriot@slav.unil.ch
http://www.unil.ch/slav/ling
Séminaire au centre russe de l'EHESS, 54 Bd Raspail, 75006 PARIS
année universitaire 1998-1999, 1er vendredi de chaque mois, 11 h - 13 h :
« Epistémologie comparée des sciences humaines,
Russie / Europe de l'Ouest,
années 1920-1930 (le discours sur la langue) »
Le travail sera réparti en 7 séances de 2 h chaque mois.
Programme proposé :
- 2) 4 décembre 1998 :
Culture 1 (système ouvert) : Les utopies de langue :
* A.A. Bogdanov : Krasnaja zvezda
* la langue AO
* l'idéologie cosmiste
Culture 2 (système fermé) : P. N. Savickij et la linguistique eurasiste.
Une vision platonicienne des rapports de l'espace et des langues
- 3) 8 janvier 1999 : Les avatars de la politique linguistique -> textes :
* L.P. Jakubinskij : «F. de Soss°r o ne-vozmozhnosti jazykovoj politiki»,(1931)
* E.D. Polivanov : «Revoljucija i literaturnye jazyki Sojuza SSR» (1927)
Culture 1 : La «Mezhrabsvjaz'» et l'espéranto prolétarien. Textes :
* E.K. Drezen : Ocherki teorii Esperanto (1931)
* L.I. Zhirkov : «Pochemu èsperanto dolzhen pobedit'?» (1933)
- 4) 5 février 1999 : La réception de Saussure et la notion de
«linguistique sociale» -> textes :
* R. Shor : Jazyk i oschestvo (1926)
* F.P. Filin : «Na povodu u klassovogo vraga» (1932)
Le sujet et la langue -> texte :
* V. Voloshinov : Marksizm i filosofija jazyka (1929)
- 5) 5 mars 1999 : La simplicité en langue : langue du peuple ou langue
populaire ?
- Quand les extrêmes se rejoignent : évolutionnisme stadialiste contre
pseudo-diffusionisme eurasiste
- 6) 2 avril 1999
- La philosophie du nom et les «imjaslavcy»
ou :
- Shirokogorov et la théorie de l'ethnos / N. S. Tru-beckoj et le concept
de culture
Texte : N. Trubeckoj : O turanskom èlemente v russkoj kul'ture (1925)
S. Shirokogorov : Etnos (1923)
ou :
- La langue et l'âme du peuple : le discours sur l'u-nanimisme en URSS
(V. Vinogradov : Velikij russkij jazyk, 1945) et en Allemagne nazie
(G. SCHMIDT-ROHR : Die Sprache als Bildnerin der Völker, 1932).
- 7) 7 mai 1999 : - La théorie des «langues littéraires» et la «culture de
la langue» : G. Vinokur, (Kul'tura jazyka, 1923) V. Vinogradov,
L. Jakubinskij (Kul'tura jazyka, 1925)
ou :
- Lysenko, lamarckisme et solidarisme : O. Mandel'shtam : Lamark (1930)
ou :
- Anti-darwinisme, «nomogénèse» et théorie des totalités dans l'émergence
du structuralisme russe
-> L. S. Berg : Nomogenez (1922)
L'Union soviétique des années 1920-1930, comme l'émigration russe de
l'entre-deux-guerres constitue un domaine certes controversé, mais
abondamment exploré par les chercheurs en sciences politiques et en
histoire. Le domaine littéraire est au centre des études universitaires
classiques de russe. La linguistique du russe est également bien
représentée à l'Université, mais elle se concentre essentiellement sur
l'étude de la langue russe. Or il reste tout un pan d'activités
scientifiques de toute première importance dans le monde russophone qui
semble plus ou moins négligé par les chercheurs, c'est celui des sciences
humaines. Certes, l'activité scientifique en général en URSS a été
explorée, principalement aux USA, par des chercheurs comme Loren GRAHAM et
Alexander VUCINICH, dans une perspective de sociologie de la science.
Andrzej WALICKI de son côté, comme Isaiah BERLIN, a étudié l'«histoire
intellectuelle» de la Russie chez ceux qu'on appelle les «penseurs russes».
On ne compte plus les études consacrées à un philosophe du langage et de la
culture comme Mixail BAXTIN. L'histoire de la philosophie soviétique a fait
l'objet de nombreux travaux de la part de René ZAPATA, Dominique rètement, à partir de textes premiers, originaux, un certain
nombre de traits propres à la culture scientifique dans le monde
russophone, comme de mettre en évidence un certain nombre de
questions-clés telles que le rapport de l'individuel au collectif, la
construction discursive de l'identité collective, de l'opposition de soi à
l'autre, les représentations de ce qu'est le «social», la notion de
«mentalité collective», l'opposition entre identité de classe et identité
nationale, etc.
On voit que le «discours sur la langue» est plus large que «la
linguistique». S'il est bien évident que les oeuvres de linguistes
fourniront un important contingent de textes, le discours sur la langue ne
s'y réduit pas. On trouve ainsi dans les «conseils» que M. Gorki donnait
aux écrivains débutants une vision très cohérente de la langue, qui n'avait
aucun rapport avec le discours marriste dominant dans la linguistique
soviétique de l'époque, tout en coexistant avec lui en pure ignorance
réciproque. Le sort réservé aux espérantistes et aux inventeurs de langues
artificielles, aux représentants de l'idéologie «cosmiste» est lui aussi
révélateur d'un grand basculement, qui se fit progressivement, et qui n'eut
pas lieu l'année du «grand tournant» (1929). De même, la réception de
Saussure, de chef de file de «l'école sociologique française» à
représentant de l'«idéologie bourgeoise», montre combien les mêmes textes
peuvent être interprétés de façon parfois radicalement opposée. On voit
ainsi peu à peu apparaître un monde intellectuel infiniment moins
«monolithique» qu'une image stéréotypée de l'URSS stalinienne tend à le
présenter. Prenant le discours sur la langue comme indice, comme révélateur
des tensions qui parcourent la société soviétique des années 1920-1930, on
va explorer un basculement fondamental de cette société, qui a été observé
dans beaucoup d'autres domaines, entre deux «attitudes», ou «paradigmes,
celui en gros des années 20, fondé sur l'ouverture, sur l'internationalisme
et celui des années 30, fondé sur la fermeture et le nationalisme. On
s'appuiera pour ce faire sur l'hypothèse du sémioticien de l'architecture
Vladimir PAPERNYJ quant à l'existence d'une «culture-2» (en gros, celle des
années 30), qui vient supplanter une «culture-1», en gros celle des années
20. On verra alors que la notion de «paradigme» de l'épistémologie de Th.
KUHN, pas plus que celle d'«épistémè» de Michel FOUCAULT, ne sont adéquates
pour rendre compte des contradictions très vives, des retours en arrière,
des avancées en spirale qui parcourent ce monde scientifique travaillé par
des tensions idéologiques et philosophiques. On proposera alors une notion
plus modeste mais plus large, celle d'«air du temps», qui permet de
remarquer que les ethnolinguistes américains des années 30 (Sapir et
Whorf) et les linguistes marristes (essentiellement I.I. Meschaninov), qui
apparemment avaient une vision radicalement opposée (les Américains
voyaient un rapport de détermination langue ->pensée, les Soviétiques à
l'inverse un rapport base socio-économique -> pensée -> langue), avaient
néanmoins en commun la quête de la mise en relation du langage et de la
pensée, qui reposait elle-même sur l'héritage de W. von Humboldt, jamais
vraiment disparu en Russie.
Un autre aspect de ce thème large de «discours sur la langue» est le lien à
faire avec l'anthropologie, science interdite sous Staline, mais dont les
postulats évolutionnistes affleurent constamment dans les déclarations sur
la langue, par exemple dans le domaine de la politique linguistique, ou
«édification linguistique» (jazykovoe stroitel'stvo) : pourquoi et pour qui
créer des alphabets et des langues normatives, comment faire la différence
entre une nation (nacija) et une «population», ou «pré-nation»
(narodnost')?
Enfin un autre type de discours sur la langue s'impose à l'investigation,
c'est celui des intellectuels russes émigrés, principalement les deux
grands linguistes unanimement reconnus comme faisant partie des pères
fondateurs du structuralisme : N. TROUBETZKOY et R. JAKOBSON. On sait moins
leur engagement dans le mouvement idéologique et politique de l'eurasisme.
Jakobson voyait une totalité, une unité dans la science russe, qu'elle soit
en URSS ou dans l'émigration. On verra alors que bien nombreux sont les
points communs entre un structuraliste comme TROUBETZKOY et un
évolutionniste marginal comme N. MARR. On s'orientera vers la conclusion
que les clivages scientifiques et intellectuels ne passent pas forcément là
où l'on croit qu'ils passent, et que l'histoire du structuralisme en Europe
«de l'Est» à cette époque a peut-être un rapport avec la Naturphilosophie
allemande d'un côté, avec les idéologies de la totalité de l'autre.
On insistera essentiellement sur les problèmes de passage d'une «culture» à
l'autre, en s'attachant à suivre dans les textes les indices de
basculement, de transformation, de glissement d'un type de discours à
l'autre. C'est pourquoi les textes des années 1929 à 1931 seront d'une
importance toute particulière.
Le séminaire sera tenu en français, à partir de textes écrits en russe. Une
connaissance au moins passive du russe est donc recommandée. Il sera
proposé aux étudiants des travaux écrits sous forme de commentaires de
textes ou de réflexions sur un sujet de synthèse. Mais des textes en
français seront disponibles pour ceux qui ne connaissent pas le russe.
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{FR, 15/11/98}
VIENT DE PARAÎTRE
SEMIOSIS NUMERO SPECIAL
Nº 2, Nouvelle série
Un dossier de huit études traduites en castillan :
1. "Las semanticas" . 2. "La semántica unificada". 3. "Microsemántica y
textualidad". 4. "Microsemmantica y sintaxis". 5. "Significacion, sentido y
referencia de la palabra" 6. "Problemáticas semánticas: semántica lingüística
y filosofia del lenguaje". 7. "Realismo semántico y realismo estetico".
8. "La hermeneutica literaria : comprension-explicacion-comprensión" de
Renato Prada. 9. "'Clemencia' una lectura a dos voces" de Norma Angelica
Cuevas.
En su presentecion dice:
"Este numero tiene el honor -y, además, cumple con una obligacion
editorial- al dedicar este numero casi en su integridad a ofrecer un
'perfil' de uno de los mas importantes investigadores de la semantica
interpretativa, Francois Rastier [...] Francois Rastier es un autor
prolifico, entre sus principales obras destacan: "Semantique
interpretative" (1987)"Sens et textualite" (1989) y "Semantique et
recherches cognitives" (1991), etc.
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{FR, 15/11/98}
DIALOGUE CLAIR-OBSCUR
DISCUSSION ENTRE JEAN-EMMANUEL TYVAERT ET FRANCOIS RASTIER,
A PARTIR D'UN TEXTE DE CE DERNIER INTITULÉ :
L'OBSCURE CLARTÉ
(À PARAITRE DANS LA REVUE LA LECTURE LITTÉRAIRE).
L'OBSCURE CLARTÉ (désormais OC) : "Un texte ne peut être illisible que pour
les herméneutiques de la clarté".
JET : le travail d'interprétation va-t-il d'une absence (première) de sens
(pour l'interprète) vers un sens construit (par l'interprète) sur la base
des significations des items, (donc en procédant du - vers le +), ou plutôt
d'une surabondance première de sens vers un sens décanté et "raisonnable",
la surabondance première des significations et de leurs mises en relation
obligeant l'interprète à réduire drastiquement le nombre des configurations
significatives (du + vers le -). Ce qui me paraît important ce sont ces
deux sens (= directions) du travail interprétatif qui induisent deux
conceptions de l'obscurité. Je préfère la seconde direction.
FR : On pourrait lier cela aux deux processus perceptifs d'activation
(- vers +) et d'inhibition (+ vers -) : corrélativement la vérification des
attentes et l'élimination de ce qui disconvient. En termes linguistiques,
catégorisation du pertinent.
Mais on a sans doute affaire à des phases temporelles : après cette phase
de clarté (rapide, on ne peut s'empêcher de comprendre), l'attention à un
rôle inhibiteur et l'obscurité peut revenir, si la structure du texte y
conduit.
Il y aurait peut-être possibilité de faire là-dessus une expérience de
psycholinguistique, mais les protocoles ordinaires ne s'y prêtent pas.
OC : "l'interprétation doit être rapportée à la diversité des discours,
des genres"
JET : En deux mots, il faut disposer d'une typologie des textes qui soit
opératoire et non vicieuse. Je pense que les marques déclenchent des
interprétations à tiroir (exemple : "et" [1] logique, [2] chronologique,
[3] causal, [4] intentionnel) qui ne demandent qu'à se donner à l'interprète,
et que les textes possèdent des indices bloquant l'interprétation à un niveau
(comme pour une boite de vitesse automatique).
Exemple : "et en même temps" bloque en [1]), voire des indices "débloquant"
le "verrouillage" suggéré antérieurement (exemple : "et ensuite" débloque
de [1] pour redonner (au moins) [2]). A suivre.
FR : Mais les freins de ce véhicule interprétatif ne se bloquent pas pour
autant en cas d'indices contradictoires. Votre proposition, si on peut la
développer, conduit à une articulation très intéressante entre la
mésosémantique et macrosémantique : les "connecteurs" n'ont ici rien de
logique, mais indiquent des moments critiques du parcours interprétatif au
palier de la période.
Par parenthèse, je préfère pour ma part me passer de la notion de marque,
la marque en l'espèce n'étant qu'un moment réifié du parcours interprétatif.
OC : "Les deux sources traditionnelles de la clarté sont la loi naturelle et
la grâce..."
JET : il y a deux façons de concevoir la loi naturelle. Soit qu'elle soit
donnée par révélation, soit qu'elle se révèle dans l'histoire. La deuxième
façon mérite attention (un exemple : l'église (église et non pas Eglise) se
doit d'être pauvre :
FR : La minuscule est déjà franciscaine.
JET : ...ses propres mésaventures dans l'histoire devrait suffire à lui
rappeler : confiscation des biens du clergé à la révolution, répétition
(après tentative assez convaincante de reconstitution) lors de la
séparation : on peut déduire la loi naturelle par l'observation des
mésaventures.
La tradition ayant par essence une dimension historique, on peut penser à
une source de clarté de type dévoilement progressif lié à l'observation
recommencée à chaque génération de l'adéquation des textes à l'expérience...
FR : Mais on peut avoir cumulation de l'interprétation sans cumulation du
dévoilement, a moins de créditer les textes des bonheurs de l'interprétation.
L'accumulation des interprétations ne rend pas les textes plus clairs, mais
au moins les maintient dans l'espace changeant et toujours menacé du lisible.
OC : "nous ne partageons pas la conception représentationnelle du langage"...
JET : globalement je suis d'accord, tout en me demandant si dans les échanges
(dans l'espace et le temps) ce ne sont pas des fragments représentationnels
que nous échangeons, fragments à reconnaître comme tels, fragments provoquant
sans cesse des reconfigurations. Bref : s'il faut renier la conception
représentationnelle du langage, il faudrait peut-être néanmoins retenir une
conception représentationnelle servile des fragments langagiers (les
phrases ?). Il peut alors y avoir conflits interprétatifs et Héraclite est
possible. Tout à fait d'accord pour insister sur le rôle de l'écrit.
FR : On pourrait dire que la représentation fait disparaître le langage ou
du moins en atténue l'epaisseur.
OC : "On peut distinguer signification (des mots) et sens (des textes)"
JET : la question qui subsiste est celle (identifiée supra) de l'accès au
sens des textes. Je proposerai volontiers de retourner les études classiques
sur l'anaphore (en particulier sur les anaphores de reformulation lexicale)
en dépassant leur côté descriptif pour en faire les moments de la livraison
du sens des textes. Soit un texte : il commence par une phrase où des items
lexicaux sont mentionnés avec une forte dose d'inadéquation (à moins d'être
dans un paradigme scientifique tout à fait à part) et où le sens "métaphorique"
est lié (mais comment?) à la signification (littérale) des mots. S'il y a
texte, c'est que l'on continue à parler de la même chose. Il y aura alors
naturellement de multiples occasions à reparler des entités visées par nos
premiers mots maladroits. Ce qui importe (ce qui fonde le sens des textes),
ce sont alors les correctifs introduits par les changements de termes.
FR : Oui, c'est ce que j'appelle a part moi le modèle plat de l'énonciation
comme correction des premiers mots.
JET : Les vraies entités sont celles dont on saisit progressivement la
signification en accumulant ces précieuses indications de transformation
(et ce, quel que soit le point de départ, ou presque). Une construction
sémémique fondée sur ces transformations (délétion, addition, maintien) qui
s'expriment dans le texte donne accès à un sémème porteur de sens, qui
d'ailleurs ne correspond pas toujours à un lexème d'où l'appel à la
définition... HELAS : il faut que je m'arrête, le doyen m'attend.
FR : Belle occurrence du topos des Bucoliques : "car de ces monts descend
une grande ombre"...
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{FR, 15/11/98}
UNE NOUVELLE RUBRIQUE : LES MOTS BRANCHÉS DE L'ONCLE GABRIEL
Nous publions une chronique de terminologie, dûe à la plume de Gabriel Otman,
terminologue et traducteur (gabrielotman@compuserve.com).
On pourra l'entendre :
Vendredi 20 novembre au matin, sur France Culture, de 10h30 à 11h30,
l'émission "Tire ta langue" a pour sujet
Le cyberlexique
Avec Gabriel Otman, Michel Aishelbaum et Michel Deslangues.
De l'informatique à la cyberculture
___________________________________
On peut considérer que le vocabulaire de l'informatique est né en 1955 avec
la création du terme "ordinateur". Mais l'informatique elle-même, qui a
connu une croissance et une démultiplication exponentielles au cours de la
seconde moitié de ce siècle pour constituer l'un des faits sociaux majeurs
de cette période, a été englobée par un phénomène plus large, celui des
technologies de l'information et de la communication (TIC). On peut dès lors
avancer la date de naissance de ce domaine sémantique de quelques années à
1948, date à laquelle le mathématicien américain Norbert Wiener proposait
une nouvelle définition de la cybernétique, très proche du concept actuel
d'informatique. De fait, ce domaine sémantique a certainement été l'un des
plus féconds des sciences et techniques au cours de cette période, en tout
cas si l'on en juge par l'abondance des dictionnaires, lexiques et vocabulaires
publiés (qui se comptent par dizaines, et même centaines si on y inclut les
éditions de poche, les bilingues, les multilingues et les versions les plus
récentes sur support électronique). Au cours de cette période, l'informatique
s'est subdivisée en une pléthore de sous-domaines (programmation, génie
logiciel, bureautique, CAO, GPAO, micro-informatique, circuits intégrés...)
et de domaines connexes (intelligence artificielle, infographie, robotique,
cybernétique, micro-électronique, multimédia, télécommunications, mécatronique,
Internet, fibres optiques, productique...) qui ont chacun leur vocabulaire
propre dérivé d'une souche commune d'origine électronique et informatique.
La dernière décennie de ce siècle a vu apparaître un phénomène social nouveau,
né des technologies de la communication, en particulier l'Internet et ses
dérivés, la téléphonie mobile et l'informatique nomade, que l'on appelle déjà
communément la cyberculture. Le vocabulaire de la cyberculture, riche de
plusieurs centaines de vocables propres et qui, avec le parler de la rue et
des banlieues, est indubitablement le domaine sémantique le plus fécond de la
fin du siècle, peut servir d'indicateur de tendance de l'évolution de notre
langue technique pour le début du siècle prochain.
Ordinateur, informatique et cybernétique
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Les trois vocables les plus emblématiques de ce vocabulaire - ordinateur,
informatique et cybernétique - permettent d'analyser les trois procédés de
création linguistique les plus productifs de ce domaine sémantique, la
métaphore, le mot-valise et le recours à des affixes. Ce sont d'ailleurs des
modes de formation de mots très classiques de notre langue. Si l'on accepte,
comme nous l'avons suggéré en introduction, que le terme "ordinateur" soit
l'une des pierres fondatrices de l'édifice terminologique que nous examinons,
on peut noter qu'il s'agit d'une métaphore, d'origine religieuse, lourde de
conséquences sur le développement linguistique de ce domaine. La création du
mot ordinateur (destiné à remplacer l'anglicisme computer) remonte à 1955 et
est l'oeuvre d'un linguiste, Jacques Perret, alors professeur de langue et de
littérature classique à la Sorbonne et parallèlement conférencier dans un
centre de formation dépendant du plus grand constructeur informatique de
l'époque, IBM. "C'est un mot correctement formé", soulignait-il, "qui se
trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l'ordre
dans le monde". Ce nom d'objet pouvait en outre se dériver aisément en verbe
(ordiner) ou en nom d'action (ordination). De ces dérivés proposés à l'origine,
seul ordination (dans le sens de science des techniques liées à l'informatique)
s'est implanté. Mais ordinateur a également produit directement ordinatique
(technique des ordinateurs) et ordinaticien (synonyme quasi inusité de
informaticien). Constatant qu'à l'époque de nombreux noms d'appareils étaient
du genre féminin (trieuse, tabulatrice, ...), Jacques Perret proposa également
ordinatrice, mais, finalement, la forme masculine a prévalu et elle a ensuite
entraîné dans son sillage un passage massif vers le masculin de la quasi
totalité des noms d'appareils dans le domine des technologies de l'information
et de la communication (lecteur, organiseur, communicateur, simulateur,
serveur, navigateur, répéteur, concentrateur, numériseur, pointeur, routeur,
accélérateur, compacteur, modulateur, moniteur, processeur, positionneur par
satellite, onduleur, optimiseur...). On peut préciser, pour l'anecdote
historique, que les cogitations langagières de J. Perret avaient également
produit dans le même moule lexical et dans le même but de recherche d'un
équivalent à computer, les vocables systémateur, combinateur, congesteur,
digesteur et synthétiseur. Seule la dernière création de cette série est
aujourd'hui attestée dans le domaine de l'électroacoustique, avec
l'abréviation "synthé" dans le jargon familier.
Anthropomorphisme
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Cette métaphore religieuse n'est pas étrangère à la vague d'anthropomorphisme
sémantique liée à l'ordinateur. Ce phénomène, probablement né avec le robot
(du tchèque robota, travail forcé, 1924), automate d'aspect humain ou
humanoïde, a été entretenu par la littérature de science-fiction et a essaimé
au sein du lexique informatique même si l'ordinateur, sous ses formes les plus
variées, n'a dans son apparence aucune communauté avec l'être humain. Au
premier rang de ce sous-champ lexical, on trouve le terme mémoire qui
connaît une foule de composés dont certains reprennent des traits du vivant,
en particulier mémoire vive, mémoire morte, mémoire active, mémoire passive,
mémoire de travail, mémoire immédiate, mémoire optique) et de dérivés
(mémorisation, mémorisable, mémoriser). En outre, l'emploi de la formule
"cerveau électronique" pour ordinateur est si fréquente que l'on peut parler
de cliché. De nombreux verbes désignant une activité humaine sont employés
en informatique pour dénommer des traitements de données et des calculs
particuliers. On peut citer dans ce registre les verbes lire, manipuler,
saisir, afficher, mémoriser, reconnaître, comprendre, chercher, trier, classer,
écrire, copier, déduire, comparer, surveiller... Ce phénomène a probablement
connu son apogée en 1956 aux États-Unis, soit seulement un an après la
proposition de J. Perret, avec la création du terme "artificial intelligence",
que le français intégrera en 1962 sous la forme du calque parfait "intelligence
artificielle". La genèse de ce terme est connue et mérite d'être rapportée ici
car elle exemplarise une pratique singulière de création lexicale où la
désignation formelle (avec ses connotations et associations d'idées) peut
compter autant que la référence au concept. Cet exemple est anglo-américain
mais la technique vaut également pour le français. L'acte de naissance du
terme artificial intelligence a été élaboré au cours de l'été 1956 à
l'Université de Dartmouth dans le New Hampshire et signé par le mathématicien
John Mac Carthy. Il avait organisé un séminaire consacré à l'étude de la
théorie des automates et se proposait d'examiner l'hypothèse selon laquelle
toute activité intelligente pouvait être décrite avec suffisamment de
précision pour être simulée par une machine. Il suggéra de désigner cette
nouvelle discipline par le nom intelligence artificielle. L'adoption du terme
par ses pairs a fait l'objet de débats houleux, les uns défendant cette
désignation anthropomorphique propre à frapper les esprits, d'autres soutenant
avec la même virulence des formes plus académiques dont les éléments se
référaient au contenu de la discipline en question. Furent ainsi proposés
"cognitive science" et "knowledge engineering" (sciences cognitives et
ingénierie de la connaissance). Ironie du sort linguistique ou juste retour
des choses, ce sont aujourd'hui ces deux dernières dénominations qui
connaissent leurs heures de gloire au sein de la communauté scientifique,
intelligence artificielle se trouvant pratiquement déconsidéré par sa trop
grande vulgarisation, alors qu'elle a atteint le statut de discipline
scientifique à part entière. L'introduction de la notion en français est
datée de 1962 et on la doit à Jacques Pitrat. La désignation de la discipline
Intelligence Artificielle a néanmoins produit une dérivation déjà bien
implantée, intelligence économique (qui désigne un ensemble de services et
d'activités de veille et de renseignement économiques). Aujourd'hui,
l'adjectif intelligent appliqué à un appareil électronique ou mécanique
(réseau, téléphone, boîte de vitesses automobile) ou à un objet de notre
environnement quotidien (maison, stylo, lave-linge...) signifie que ce
dispositif est doté d'un microprocesseur et qu'il est capable de réagir sans
intervention immédiate de son utilisateur. Cet emploi du vocable intelligence
dans ce contexte n'a en rien modifié le sens de ce concept lorsqu'il
s'applique à l'être humain comme on l'entend dire fréquemment mais lui a
ajouté un sens nouveau applicable uniquement aux objets inanimés de nature
électronique.
Métaphores animales
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L'être humain n'est pas la seule source d'emprunt au vivant. Le monde animal
en est une autre et le vocable désignant le rongeur souris est celui qui vient
immédiatement à l'esprit de chacun si l'on évoque l'association animal +
informatique. C'est en 1964 que l'ingénieur américain Douglas Engelbart a
développé dans son laboratoire du Stanford Research Institute le premier
prototype de souris, un boîtier en bois muni de deux disques placés à angle
droit que l'on pouvait faire tourner du bout du doigt et qui déplaçaient le
curseur dans l'axe vertical ou horizontal de l'écran, et d'une cordelette
torsadée qui rattachait ce boîtier à l'ordinateur. Le brevet du premier
prototype a été déposé en 1969 sous le nom scientifique d'indicateur de
position X-Y pour écran. Mais c'est Apple qui a popularisé ce dispositif -
et son nom (en anglais, mouse) - à partir de 1983 avec la commercialisation
de l'ordinateur Lisa et sa célèbre interface utilisateur graphique. Le nom
souris reste toutefois l'invention de Douglas Engelbart, qui, selon ses
propres déclarations, aurait reconnu dans le fil émergeant de ce boîtier la
queue du petit rongeur commun. Cette métaphore animale a été calquée en
français et dans d'autres langues. L'italien, en revanche, parle de taupe
pour désigner ce dispositif de pointage et, en français, depuis quelque temps,
la souris est également appelée par dérision mulot. Cet emploi familier et
ironique a été introduit par les auteurs de l'émission télévisée satirique
Les Guignols de l'info de Canal+ et placé dans la bouche de la marionnette
de Jacques Chirac. La popularité de l'émission et le bouche à oreille aidant,
le vocable s'est répandu dans la presse et dans le langage parlé. Aujourd'hui,
les souris se sont multipliées et diversifiées : souris mécanique, souris
optique, souris optomécanique, souris électromécanique, souris à capteurs
rotatifs, souris à ultrasons, souris à infrarouge, souris 3D, stylo-souris...
La souris est actuellement concurrencée par d'autres dispositifs de pointage
comme la boule de commande (trackball) en particulier. Les termes à valeur
anthropomorphique liés à l'ordinateur sont nombreux (intelligence, mémoire,
comprendre, lire...), les métaphores animales, en revanche, sont rares et
la popularité de la souris fait figure d'exception. Les punaises et autres
blattes (génériquement désignées en anglais par le terme bugs), qui venaient
se coller dans les lampes et circuits des premiers ordinateurs, provoquant
des courts-circuits et donc des erreurs ou des blocages, ont donné naissance
aux bogues informatiques. Le terme puce, vocable familier désignant la
pastille de silicium qui contient un ensemble de circuits intégrés, a été
choisi par analogie avec l'insecte sauteur bien connu pour deux raisons,
l'analogie de couleur (brune) et la présence de griffes de fixation placées
sous la pastille rappelant étrangement les pattes de la puce. Cette référence
animalière est bien française car le mot d'origine, chip, qui, au sens propre
signifie fragment, copeau, lamelle, éclat n'a rien à voir avec le règne du
vivant.
Les virus sont une autre forme pernicieuse (et métaphorique) d'immixtion du
vivant dans le monde informatique. Un virus informatique est un petit
programme autopropageable dont la fonction est de perturber, par modification
ou destruction, un système informatique dans lequel il a été installé par
malveillance à l'insu de son utilisateur courant. Les virus sont capables de
s'autopropager et donc de se reproduire. Ils constituent une forme très
étudiée de vie artificielle. Contrairement à l'opinion généralement répandue,
l'apparition du premier virus informatique n'est pas l'oeuvre d'un
informaticien malveillant à l'esprit destructeur mais est le fruit d'un
concours de programmation organisé aux États-Unis au milieu des années 80.
Il s'agissait de rédiger un programme capable de prendre des décisions dans
l'esprit du Jeu de la Vie, jeu mathématique de simulation d'une population de
cellules vivantes. On comprend mieux dans ce contexte que, pour parler de
cette forme nouvelle et pernicieuse de criminalité que constituent les virus
informatiques, le jargon informatique ait emprunté largement au vocabulaire
médical. Cette métaphore est un moyen pratique de concrétiser le phénomène,
d'en faire ressentir les dangers et les risques en ayant recours à une
imagerie effrayante qui évoque en nous les pires temps de la peste bubonique.
Jugez-en plutôt. Un virus contamine votre ordinateur ; il s'y propage par
auto-reproduction et laisse son empreinte dans tous les programmes infectés.
Il s'est introduit dans votre système par un vecteur de contamination comme
des disquettes de démonstration ou une opération de téléchargement. Ses
méfaits se manifestent par des blocages ou des erreurs inexplicables. Les
spécialistes ont déjà recensé plusieurs milliers de ces virus, qu'ils ont
tous dotés d'un nom et d'un diagnostic. Les spécialistes distinguent des
espèces de virus plus ou moins dangereuses et destructrices, en particulier,
le virus inoffensif qui affiche un simple message, souvent humoristique, le
virus destructeur qui s'attaque aux données et aux programmes, le virus furtif
qui se dissimule pour devenir indétectable, le virus dormant qui est activé
par un déclencheur (date, commande...), le virus mutant qui se transforme à
chaque nouvelle installation, le virus encrypté qui peut déjouer les antivirus,
le virus polymorphe (ou polymorphique) qui se transforme à chaque duplication
mais continue à causer des dégâts du même type (il a provoqué la mise au point
d'un antivirus polymorphe), le virus de secteur d'amorce qui s'active à chaque
opération de lecture ou d'écriture sur un disque, le virus de fichier résident
qui réside en mémoire et s'immisce dans le système d'exploitation, le virus
associatif qui se substitue à un programme, le virus blindé qui résiste à la
détection par des techniques de dissimulation... ou encore le Cheval de Troie.
L'expression Cheval de Troie désigne un type de virus particulier dont l'effet
néfaste se déclenche à un moment imprévisible. Il est caché à l'intérieur d'un
programme normal. Ce mode de comportement explique l'adoption de la métaphore
du cheval de Troie. Le terme Cheval de Troie désigne également un petit
logiciel que l'on place sur un ordinateur à l'insu de son propriétaire pour
enregistrer des informations le concernant. Pour essayer d'enrayer ces
épidémies, les informaticiens ont mis au point une panoplie de moyens de
désinfection et de décontamination. Il y a d'abord les vaccins, préventifs.
Ce sont des programmes qui modifient les logiciels pour les rendre résistants.
On propose ensuite des antivirus, curatifs. Ils sont destinés à dépister et à
détruire les virus déjà inoculés. On peut les appliquer soi-même ou confier
son matériel à un centre de décontamination. Ce centre, véritable clinique
informatique, se chargera de détecter d'éventuels virus mutants et de les
éliminer jusqu'à la dernière souche. Dans ce combat, les délinquants
informatiques sont pour l'instant les plus ingénieux car l'antivirus universel,
qui assurera une immunité totale à nos machines, reste encore à mettre au
point. L'informatique a adopté une grande partie de la terminologie médicale
de la virologie pour traiter de la question des virus informatiques comme
contamination, infection, agression, empreinte, vecteur, décontamination,
souche, transmetteur ou signature virale.
L'apparition récente de la notion de toile d'araignée (Web) a entraîné dans
son sillage l'utilisation d'une nouvelle métaphore animale, l'araignée, pour
désigner un moteur de recherche qui parcourt le Web et l'indexe. L'araignée,
à la différence de la punaise et des virus, est utile et positif dans
l'environnement informatique. Si l'on s'aventure plus avant dans l'idée de
l'animalité et de l'animé, on trouve des termes comme lutin ou avatar. Ils
nous conduisent à la limite de la métaphore humaine et animale pour nous
ouvrir les portes du monde des esprits et des incarnations.
(à suivre au prochain numéro)
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Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques Colloques
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{FR, 15/11/98}
SOCIETE DE SEMIOTIQUE DU QUEBEC
APPEL DE COMMUNICATIONS (version courriel)
CINQUIEME COLLOQUE ANNUEL
Le lisible, le visible, l'audible et le tactile
Relations intersemiotiques et polysensorielles
Deux evenements recents ont remis a l'ordre du jour les etudes sur les
phenomenes polysemiotiques, multimodaux ou polysensoriels, et
multimediatiques : l'essor des sciences cognitives et le developpement de
ce qu'il est convenu d'appeler les nouvelles technologies de l'information
et des communications (NTCI). En fait, cette problematique interesse de pres
de tres nombreuses disciplines qui peuvent, doivent se feconder mutuellement.
Nous vous convions a une reflexion pluridisciplinaire (litterature,
linguistique, histoire de l'art, philosophie, informatique, etc.) avec pour
perspective commune la semiotique. La communication peut etre essentiellement
theorique ou encore se consacrer a l'analyse d'une production ou d'un corpus
de quelque ordre qu'il soit.
A l'instar de Rastier et Cavazza (1994), nous croyons qu'il faut
methodologiquement distinguer le polysemiotique, le multimodal et le
multimediatique : une semotique peut-etre mono ou polymodale, une interaction
mediatique etre mono ou polysemiotique, etc. Approfondissons ici les deux
premiers concepts.
Le mot "mutimodal" (de l'anglais "multimodal", Birdwhistell) refere ici aux
modalites sensorielles (il existe des modalites autres, cuturelles par ex.).
Si le visible, l'audible, le tactile, etc., definissent des champs modaux,
tout objet d'analyse est-il modal ? existe-t-il notamment, comme le veut un
courant des sciences cognitives, un niveau semantique amodal? Une telle
typologie modale demeure evidemment grossiere voire incomplete. En particulier,
il faut se demander si le lisible (au sens oral et/ou ecrit) n'est qu'une
simple specification de ces modalites ou une modalite a part entiere. Des
objets seront consideres comme monomodaux (par ex. un dessin destine a la
contemplation sans manipulation), d'autres comme multimodaux (une installation,
le texte dans ses deux types de signifiant) voire panmodaux (par ex. un feu
de bois). Differentes reductions modales seront eventuellement produites en
abstrayant comme accidentelles une ou plusieurs modalites (par ex. l'odeur
du papier d'un dessin). Par ailleurs, il faut distinguer les modalites reelles,
formelles et les modalites representees et ce, dans la triple perspective
semiotique de la production, du niveau neutre de l'objet et de la reception
(cf. Molino). Ainsi, un texte pourra susciter des representations gustatives
lesquelles pourraient susciter chez le lecteur effectif non seulement des
stimulations gustatives mais egalement olfactives, etc. Parmi les
representations modales, il convient sans doute de distinguer les
representations par "thematisation" et les autres types de representations.
Par exemple, le theme de la gloire peut certes produire chez le lecteur des
representations associees a diverses modalites ; mais il ne thematise pas une
modalite particuliere ; tandis que le present texte "thematise", parle
explicitement de ces modalites. Evidemment, les criteres de thematisation/
non-thematisation sont susceptibles de varier.
Le mot "polysemiotique", comme l'indique sa composition, qualifie un
phenomene ou interviennent plusieurs "monosemiotiques". Or, les criteres
delimitant les differentes semiotiques sont nombreux. Le critere des modalites
sensorielles impliquees dans le canal emprunte par le signifiant, la forme
sensible du signe, est l'un des plus frequement employes pour classer les
signes et les semiotiques (cf. Eco). Ainsi postule-t-on, sur une base modale,
l'existence de mono-semiotiques, par exemple la semiotique visuelle ou la
semiotique du visible, et de poly-semiotiques, par exemple le theatre, le
cinema, la danse. Cependant, un autre critere, comme le type de performance
implique, est susceptible de bouleverser la typologie : theatre, cinema, danse
relevent alors de monosemiotiques, a moins de les considerer comme reductibles,
methodologiquement ou factuellement, a une composition de monosemiotiques
(par exemple, pour la danse, la semiotique musicale et la semiotique
gestuelle). Par ailleurs, en principe, toute semiotique est susceptible
d'entrer en relation avec toute autre semiotique (par exemple, dans le
rapport entre une legende et une image). Sans compter que des relations
intrasemiotiques peuvent aussi etre etablies, entre un objet et un autre
objet de la meme semiotique (par exemple entre un texte et son commentaire).
Il s'agit alors de decrire et caracteriser ces relations. Donnons quelques
caracterisations possibles. Une relation polysemiotique peut : (1) etre
qualifiee d'unidirectionnelle ou de bidirectionnelle (d'une semiotique a
l'autre et vice-versa) ; (2) s'installer, si l'on retient le modele saussurien
du signe, de signifiant a signifiant ou de signifie a signifie ou entre les
deux plans du signe ; (3) avoir pour resultat l'actualisation, la mise en
saillance, la virtualisation ou la neutralisation d'un element (par ex. une
legende fait ressortir des traits d'une image et en occulte d'autres) ;
(4) consister, d'un point de vue semantique, en une identite, une equivalence,
une alterite, une opposition de sens (par ex. le celebre titre de Magritte
"Ceci n'est pas une pipe"). On trouve dans la problematique peircienne du
signe, les notions d'interpretant et de semiose qui sont susceptibles de
fournir les instruments necessaires pour abolir les frontieres trop peu
poreuses entre diverses semiotiques; peut-etre cette theorie semiotique
repose-t-elle, en definitive, sur le postulat d'une appartenance necessaire
du signe a une pluralite de lieux semiotiques definissant du meme coup, la
signification comme une traversee oblique des divers plans, qu'ils
appartiennent a des ordres differencies du sensible, de la modalite ou de la
simple classification logique. On se rappellera ce simple exemple : c'est a
partir de la question que posait le statut logique de la legende d'une image
de sa presence ou de son absence, qu'a pu etre construite la notion devenue
centrale d'hypoicone. Enfin, il faut interroger l'identite a soi des
semiotiques et se demander si meme les semiotiques les mieux definies, en
mettant en presence des fonctionnements et fonctions semiotiques differencies,
ne sont pas polysemiotiques : pourquoi un signe de ponctuation, par exemple,
devrait-il fonctionner semiotiquement exactement comme un mot, un type de mot
comme un autre type? (cf. Rastier et Cavazza, 1994) Peut-etre est-il preferable
alors de distinguer relations intersemiotiques et polysemiotiques.
Ce cinquieme colloque de la Societe de semiotique du Quebec se tiendra les
mercredi et jeudi 12 et 13 mai 1999, dans le cadre du 67e congres de l'ACFAS,
a l'Universite d'Ottawa. La Societe encourage la participation des etudiants
et etudiantes aux cycles superieurs : la meilleure communication est publiee
dans Debats semiotiques (si les conditions pour la tenue du concours sont
remplies). Faites parvenir un court projet de communication, de preference par
courriel, avant le 15 janvier 1999 a : M. LOUIS HEBERT, 145, rue Lockwell,
No 2, Quebec (G1R 1V6), tel.: (418) 523-4126, telec.: (418) 688-0087
(College F.-X.-G., dep. des lettres), courriel: LOUIS_HEBERT@UQAR.UQUEBEC.CA.
IMPORTANT: Indiquez votre statut (professeur ou charge de cours, etudiant,
autre), votre adresse electronique et vos besoins en materiel audiovisuel
(retroprojecteur, projecteur a diapositives, magnetoscope). Toute personne
retenue doit etre membre en regle de la S.S.Q. ou le devenir immediatement
apres acceptation. Une reponse sera donnee au plus tard au debut de fevrier.
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