2001_10_10

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SdT volume 7, numero 6.

 

 

                                                                                LA CITATION DU MOIS

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                                        Pécuchet voit l'avenir de l'humanité en noir :

                                        L'homme moderne est amoindri et devenu une

                                        machine.

                                        Impossibilité de la paix.

                                        Barbarie par l'excès de l'individualisme,

                                        et le délire de la science.

                                        L'Amérique aura conquis la terre.

                                        Fin du monde par la cessation du calorique.

 

                                        Bouvard voit l'avenir de l'humanité en beau :

                                        L'homme moderne est en progrès.

                                        Disparition du mal par la disparition du besoin.

                                        La philosophie sera une religion.

                                        Communion de tous les peuples, fêtes publiques.

 

                                                     (Bouvard et Pécuchet, chap.X,

                                                       éd. S. Dord-Crouslé, Flammarion, 1999,

                                                       p.385-387.).

                                                     Paru dans le Bulletin Flaubert

                                                     en date du 11 septembre 2001.

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                                                     SOMMAIRE

 

1- Coordonnees

             - Bienvenue a Raquel Gutierrez Estupinan.

             - Covadonga Lopez Alonso et Evelyne Bourion changent d'adresse.

 

2- Carnet

             - Programme du seminaire 2001-2002 de Francois Rastier.

             - Presentation du Centre Siennois de Semiotique du Texte.

 

3- Textes electroniques

             - Sites : these de Ludovic Tanguy, ResearchIndex, Textus.

             - Hyperbase : bases disponibles ; lemmatisation.

 

4- Publications

             - F. Rastier, Arts et sciences du texte, PUF, 2001.

             - J. Anis, Parlez-vous Texto ? Guide des nouveaux langages du

                           reseau, Le cherche-midi editeur, 2001.

             - L. Hebert, Introduction a la semantique des textes,

                           Champion, 2001.

 

5- Textes

             - D. Thouard : analyse critique du livre de J. Bollack

                           "Poesie contre poesie. Celan et la litterature",

                           Paris, PUF, 2001.

 

6- Appels : Colloques et revues

             - Colloque international d'hermeneutique "Mythe et Science",

                           Neuchatel, 14-16 mars 2002.

             - ALLC/ACH 2002 "New Directions in Humanities Computing",

                           University of Tuebingen, July 23-28 2002.

                          

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BIENVENUE AUX NOUVEAUX ABONNÉS

[information réservée aux abonnés]

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{FR, 08/10/2001}

 

                           Séminaire Sémantique des Textes

                                        Année 2001-2002

 

                                  François RASTIER

                               Directeur de recherche

 

Premier semestre :

 

Université Paris VII, 2, place Jussieu, 75005 Paris, Métro Jussieu.

UFR Sciences des textes et documents.

Les jeudi de 16h à 18h, salle 213, barre 34-44, 2ème étage.

 

Jeudi 22 novembre, 16h-18h : Le Survivant ou l'Ulysse juif (Primo Levi)

Jeudi 29 novembre, 16h-18h : Ecritures démiurgiques

Jeudi   6 décembre, 16h-18h : Rimbaud et l'intertexte

 

 

Second semestre :

 

Institut national des langues et civilisations orientales, Centre de

Recherches en Ingéniérie Multilingue, 2 rue de Lille, 75007 Paris.

Les jeudi de 17h à 19h, Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage.

 

Jeudi 10 janvier, 17h-19h : Enonciation et interprétation

Jeudi 17 janvier, 17h-19h : Image et sens

Jeudi 24 janvier, 17h-19h : L'Etre et l'action sémiotique

Jeudi   7 février, 17h-19h : L'objet culturel : de la fouille

                                                     archéologique au data-mining

 

Contact: lpe2@ext.jussieu.fr

Séminaire virtuel :

             http://www.msh-paris.fr/texto/

ou          http://www.revue-texto.net/

 

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{FR, 08/10/2001}

 

LE CENTRE SIENNOIS DE SEMIOTIQUE DU TEXTE

 

La sémiotique, traditionnellement définie comme la discipline qui étudie

les signes et leurs typologies, a progressivement modifié la définition

de son propre objet d'analyse. Après le signe et le discours, la

sémiotique contemporaine a adopté le texte en tant qu'unité analytique

permettant l'efficacité et la cohérence à la fois de l'étude et de

l'interprétation.

 

Le Centre Siennois de Sémiotique du Texte, fondé en 2000 par des

chercheurs et des professeurs de sémiotique de l'Université de Sienne,

a pour buts principaux l'approfondissement et la diffusion de la

connaissance concernant la sémiotique du texte.

 

Les instruments par lesquels des tels objectifs sont poursuivis sont

multiples :

- des rencontres et des séminaires de recherche, qui réunissent des

  professeurs, des chercheurs, des doctorants et des étudiants en

  maîtrise de l'Université de Sienne ;

- organisation d'une base de données digitale recueillant une très vaste

  bibliographie concernant les disciplines du langage (BIBLIOMA) ;

- publication semestrielle d'une revue dédiée à la sémiotique du texte

  (CARTE SEMIOTICHE) ;

- organisation de colloques internationaux de sémiotique du texte ;

- organisation d'un site Internet, qui recueille toutes les informations

  concernant les activités du centre. Le site contient également un

  forum de discussion virtuelle ;

- organisation d'une archive des mémoires et des dossiers, comprenant

  tous les mémoires en sémiotique de l'Université de Sienne.

 

Les membres faisant partie du Centre Siennois de Sémiotique du Texte

sont les suivants : Prof. Omar Calabrese, Prof. Giovanni Manetti,

Prof. Giulia Ceriani, Prof. Tarcisio Lancioni, Dott. Chiara Giani,

Dott. Massimo Leone, Dott. Angela Mengoni, Dott. Francesca Polacci.

 

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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes

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{FR, 08/10/2001}

 

BEAUX SITES

 

* La Thèse de Ludovic Tanguy :

"Traitement automatique de la langue naturelle et interprétation :

  contribution à l'élaboration informatique

  d'un modèle de la sémantique interprétative"

             http://www.univ-tlse2.fr/erss/membres/tanguy/these/

 

* ResearchIndex :

             http://www.researchindex.org

Ce moteur de recherche d'articles scientifiques est une adresse

précieuse pour tout ce qui touche aux articles de recherche liés plutôt

à l'informatique. L'indexation des papiers tient pleinement compte des

bibliographies des articles : on peut ainsi savoir quelle est la

bibliographie d'un article et surtout accéder aux articles en question.

Parfois, ils ne sont que cités, mais la plupart du temps ils sont en

ligne.

 

* Texto ! a un site frère, Textus, à l'Université de Sienne.

L'adresse du site est la suivante :

             http://lettere.media.unisi.it/textus

Pour l'utilisation de la bibliographie digitale, les abonnés de la liste

SdT ont par autorisation spéciale le droit de se connecter avec la

combinaison nom-mot de passe :

             Login : user0025315   Password : AIRAILIN

Cette combinaison donne l'accès aux services du site.

 

 

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CONFERENCE D'ETIENNE BRUNET : NOUVEAUX DEVELOPPEMENTS D'HYPERBASE

 

(Elle a eu lieu le 4 octobre à l'Institut national des langues

orientales, à l'initiative

 

Il a été question de Proust, comme d'une douzaine d'autres écrivains,

de Marivaux à Le Clézio. HYPERBASE a en effet été appliqué à de nombreux

corpus, l'ensemble représentant 50 millions de mots. Il s'agit de bases

littéraires ou linguistiques généralement fondées sur l'oeuvre quasi

intégrale d'un écrivain (par exemple Rabelais, Corneille(partiellement),

Molière, Racine, La Fontaine, Marivaux, Rousseau, Voltaire (contes),

Chateaubriand, Balzac, Hugo (poésie), Sand (partiellement), Flaubert,

Maupassant, Baudelaire, Rimbaud, Verne (partiellement), Proust,

Saint-John Perse, Eluard, Gracq, Mammeri, Le Clézio, etc.). Ces bases

sont livrées gratuitement dans la limite de la place restant libre sur

le cédérom, et pour autant que le copyright le permette (ce qui exclut

malheureusement les auteurs contemporains). D'autres bases, plus larges

encore, et pareillement gratuites, puisent leurs données quantitatives

dans Frantext ou ailleurs, et permettent une étude contrastive du

français selon les auteurs, les genres, les époques ou les régions.

Pour plus de détails, consulter Internet à l'adresse

             http://ancilla.unice.fr

             (ou à l'adresse http://lolita.unice.fr).

 

Mais l'objet précis de la conférence est ailleurs. Il s'agit de montrer

les nouveaux développements d'HYPERBASE en matière de lemmatisation.

L'interrogation d'une base et son exploitation peuvent désormais

s'appliquer à des corpus étiquetés et lemmatisés. Les graphies, les

lemmes auxquels elles se rattachent et les codes grammaticaux qui les

définissent sont présentés en juxtaposition et indexés en parallèle.

Les fonctions documentaires et statistiques s'appliquent pareillement

aux trois éléments, en autorisant leur croisement. Les corpus étiquetés

peuvent être issus de Cordial 7, ou de Winbrill, ou du logiciel de

Dominique Labbé. Pour de plus amples informations sur le détail de

l'exposé, voir l'article "Le lemme comme on l'aime", soumis aux JADT :

             http://www.irisa.fr/manifestations/2002/JADT/

 

Etienne BRUNET

Le Collet des Fourniers - Saint Roman de Bellet - 06200 Nice (France)

Email: brunet@unice.fr ;         Tél. : 04 93 37 80 73

 

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Publications Publications Publications Publications Publications

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{FR, 08/10/2001}

 

VIENT DE PARAÎTRE

 

François Rastier - ARTS ET SCIENCES DU TEXTE

Paris, Presses Universitaires de France, septembre 2001.

303 pages; 148 FF.

 

Loin d'être dépassé, le texte est devant nous. Même agrémenté d'images

ou de musique, il ne se réduit évidemment pas à une suite de sons ou de

caractères, mais demeure la dimension essentielle de la culture et de sa

transmission.

 

La linguistique a longtemps évité de prendre les textes pour objet,

alors que les études littéraires, longtemps tributaires du romantisme

tardif, ont mille fois préféré l'esprit à la lettre. Pour renouveler

leurs problématiques et mettre fin à de stériles divisions académiques

entre lettres et sciences, ce livre présente, parmi diverses approches

des textes, des développements récents et inattendus, de la philologie

numérique à l'herméneutique matérielle.

 

Pour mieux comprendre les textes, rendre compte de leur complexité

singulière, des attentes et des questions qu'ils suscitent, un

remembrement des disciplines s'impose. Il appelle à la fois la précision

de la linguistique et l'intuition critique de l'herméneutique ; la

rhétorique, la stylistique, la thématique, la poétique seront aussi

mises à l'épreuve.

 

Qu'est-ce qu'un style, un thème, une figure ? En proposant de nouvelles

réponses à ces questions qui intéressent toutes les oeuvres voire tous

les objets culturels, cet ouvrage veut contribuer à une sémiotique des

cultures.

 

Pour en savoir plus :

             htpp://www.puf.com/

 

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{FR, 08/10/2001}

 

VIENT DE PARAÎTRE

 

Jacques Anis - PARLEZ-VOUS TEXTO ? Guide des nouveaux langages du réseau

Le cherche-midi éditeur, ISBN n° 2 86274.888.9, 2001.

112 pages, 58 francs,  8,84 euros.

 

2VINDOUJTEKRI ? IMHO...ASV ?

Si ces termes évoquent pour vous un mystérieux langage tribal, il est

temps de vous intéresser aux textos, chats, mails et autres forums où

s'écrit (ou se parle ?) une langue qui ne s'apprend dans aucune école

mais... est utilisée quotidiennement en France par plusieurs millions

de "tchacheurs".

 

Si les textos et autres SMS (messages écrits) ont été spontanément

adoptés par les ados depuis les premières messageries de poche, ce

nouveau code de communication nous concerne tous puisque l'on devrait

en   échanger plus de 200 milliards cette année dans le monde. Internet

et les messageries électroniques ont créé une nouvelle tonalité

d'échanges, en perpétuelle évolution, que chaque groupe ou tribu adapte

à ses besoins.

 

Ce livre s'adresse à tous, aux débutants et aux experts, aux frais

convertis comme aux technosceptiques qui y trouveront les clés pour

comprendre et tirer le meilleur parti de ces nouveaux modes de

communication. Pratique, mais pas seulement, ce livre bouscule

allégrement les idées reçues et raconte les évolutions du langage, des

codes, des comportements liés aux nouvelles technologies, avec le regard

critique et iconoclaste d'Alain Rey et de Henriette Walter. Ludique,

mais pas seulement, il vous permettra de Koser kom ça vous chante dans

tous les nouveaux langages, dans toutes les situations. ...sans rendre

votre entourage MDR !

 

* MDR : Mort de rire.

 

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{FR, 08/10/2001}

 

VIENT DE PARAÎTRE

 

Louis Hébert - INTRODUCTION A LA SEMANTIQUE DES TEXTES

Editions Honoré Champion, 2001.

240 pages, 250 FF. Pour commander : http://www.honorechampion.com/

 

 

Quatrième de couverture :

 

Ce livre constitue la première présentation synthétique de la sémantique

interprétative de François Rastier. Cette théorie unifiée du mot au

texte connaît actuellement un essor international.

 

L'auteur part des notions sémiotiques fondamentales (signifiant,

signifié, référent, etc.), présente et développe les notions générales

de la sémantique interprétative (sème, isotopie, etc.), approfondit les

composantes sémantiques (impliquant thèmes, états et processus,

évaluations, positions linéaires) et produit des analyses inédites de

textes littéraires français et québécois (La Fontaine, Baudelaire,

Hector de Saint-Denys Garneau, Normand Chaurette, etc.).

 

Ce livre est appelé à devenir un ouvrage de référence dans les sciences

du langage (linguistique, sémantique, sémiotique, philosophie du

langage, théorie littéraire, etc.).

 

Louis Hébert (né en 1961) est professeur à l'Université du Québec à

Rimouski et membre de l'équipe Sémantique des textes dirigée par

François Rastier. Ses recherches abordent la sémiotique, la sémantique,

l'onomastique et l'analyse de textes assistée par ordinateur.

 

 

Extrait de l'Introduction :

 

Toutes terminologies et disciplines confondues, la sémantique a pour

objet l'étude du sens. Alors qu'est-ce donc que "le" sens et comment

l'étudier dans les textes ? Voilà les questions auxquelles ce livre

tente de répondre.

 

Or, le sens, qu'il soit linguistique ou autre, est également l'objet

plein ou partiel de la sémiotique, selon qu'on la définit comme étude

des signes ou de la signification (par génération ou par

interprétation). Ce livre procède donc du général, la sémiotique, passe

à la sémantique et aboutit à une sémantique en particulier, la

sémantique interprétative développée par F. Rastier (principalement

1987, 1989, 1991 et 1994). Pourquoi cette sémantique ? Elle présente à

notre avis des caractéristiques précieuses qui lui permettent de

franchir des obstacles que nous considérons comme des murs. Nous allons,

sur-le-champ, en présenter quelques-uns et les franchir sommairement :

 

1. Le mur du signifié : le signifié se décompose en parties rêt de cette section est de dresser un portrait

schématique de l'obsédant débat occidental sur le référent et d'éclairer

en quelque sorte le rapport entre les opposés que sont le sens et les

sens (le référent idéalisé étant la chose).

 

Dans les chapitres deuxième et troisième, nous présentons, ponctuées de

précisions et de compléments, des propositions de la sémantique

interprétative. Nous n'avons évidemment pas restitué toute la richesse

et la complexité de cette théorie. Notamment, nous avons négligé la

mésosémantique (liée au palier de l'énoncé), nous consacrant surtout à

la microsémantique (liée au palier de la lexie) et à la macrosémantique

(liée au palier du texte). En simplifiant, on dira que la

microsémantique et la macrosémantique se trouvent présentées

respectivement au deuxième et au troisième chapitres.

 

Au deuxième chapitre, nous faisons état des principes et de la

méthodologie propres à la sémantique interprétative. Ils valent pour les

trois paliers sémantiques, bien qu'ils soient étudiés surtout dans une

perspective microsémantique. Pour représenter les principales relations

de décomposition et de classement de la systématique, nous avons élaboré

un "arbre de la sémantique interprétative". D'autre part, poursuivant le

travail sur la référence entrepris dans le premier chapitre, nous

dégageons dans le détail le parcours référentiel selon la sémantique

interprétative.

 

Le troisième chapitre détaille les quatre composantes sémantiques : la

thématique (les contenus investis), la dialectique (les états et

processus représentés), la dialogique (les unités dans leur

modalisation) et la tactique (la disposition linéaire des unités). Nous

avons négligé la composante tactique, la composante la moins étudiée

dans la sémantique rastiérienne. Les composantes, bien que développées à

partir du palier du texte, s'appliquent également, avec des

différenciations propres à chaque palier, en micro- et en

mésosémantique.

 

Le dernier chapitre présente quelques analyses de textes littéraires :

une analyse microsémantique de "Flûte" du poète québécois Saint-Denys

Garneau ; une analyse dialectique de "La cigale et la fourmi" de La

Fontaine et de "Jeu d'osselets" de la nouvelliste québécoise Aude ; une

analyse dialogique de "Laquelle est la vraie" et de "Le chien et le

flacon" de Baudelaire de même que de la nouvelle "Simplicité vaut mieux"

du dramaturge québécois Normand Chaurette.

 

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{FR, 08/10/2001}

 

ARTICLE CRITIQUE

 

Jean Bollack - Poésie contre poésie. Celan et la littérature

Paris, PUF, 2001.

 

Dans ce livre, le lecteur rencontrera en fait trois livres : un livre

sur la poésie et d'une certaine façon une poétique ; un livre sur Celan,

savant et argumenté ; un livre enfin qui vient prendre place dans

l'oeuvre propre de son auteur, marquant une étape dans sa réflexion

philologique et critique. Il réunit en effet les témoignages d'un

parcours de lecture d'une des oeuvres les plus résistantes de l'art

moderne, aventure à laquelle Jean Bollack s'est décidé il y a un peu

plus de quinze ans, après qu'un délai presque aussi long l'ait séparé du

poète, mort en 1970, qui fut son ami, mais qu'il n'avait pas encore

appris à lire. Les vingt "lectures" qui constituent le corps de ce

nouveau livre nous introduisent dans ce travail de déchiffrement ; s'ils

nous facilitent la tâche, c'est toujours en nous faisant palper la

difficulté de la compréhension, ses apories, ses échecs, ses bonheurs

aussi. Mais ce parcours de lecture est aussi une construction, une

oeuvre au sens plein. Enfin, ce livre n'est pas apparu seul : par le

titre, il indique un lien étroit avec le recueil d'entretiens publié

l'an passé, "Sens contre sens. Comment lit-on ?" (avec Patrick Llored,

La passe du vent, Lyon, 2000), qui visait à clarifier les différentes

"disputes sur le sens" marquant le champ des sciences humaines : comme

si la poésie de Celan avait accompli dans son ordre un projet similaire

à celui de la philologie de Jean Bollack ; par son objet, il est

inséparable de son cousin germain, "Paul Celan, Poetik der Fremdheit"

(Vienne, Zsolnay, 2000), une poétique (de l'étrangeté, selon le titre

allemand) dans Celan dont le texte original français, "L'Ecrit", n'est

pas encore paru, et qui constitue comme un "journal de bord" (un

"journal de mon bord" plus exactement, pour reprendre à Reverdy son

titre finalement très bollackien) de ces années de lecture, dont il

rassemble les réflexions théoriques suscitées par la difficulté même des

poèmes ou par les types d'incompréhension qu'ils suscitent, de

dévoiement dont ils font l'objet, par l'enjeu qu'on veut y voir et par

celui qu'ils représentent effectivement.

 

La thèse du livre est que la poésie de Celan se développe non seulement

comme une "contre-langue", selon une expression du Méridien (Gegen-Wort)

maintenant mieux comprise et acceptée que naguère (mais on peut toujours

lire ici ou là que la langue allemande aurait été aux yeux de Celan

plutôt meurtrie par ses mésusages nazis que meurtrière et complice, ou

qu'elle serait dans tous les cas le dépôt d'une Allemagne humaniste

qu'il conviendrait de sauver contre les barbares), mais aussi comme une

"contre-poésie", une "contre-littérature" qui prendrait la mesure de

l'ensemble des chefs d'oeuvres littéraires et entreprendrait de les

passer au crible d'un jugement sans concession. Un tel jugement n'est

pas hors de l'écriture des poèmes : il s'accomplit comme lecture, comme

correction, récriture de la tradition littéraire, dans un rapport

critique directement mis en pratique. L'héritage est évalué, jugé,

défait, puis refait.

 

Le corps du livre, articulé en cinq sections, est encadré par un "avant"

et un "après". L'introduction, "Une histoire de la poésie", fixe le

rapport de la poésie passée à l'actualité. L'événement de la guerre et

de l'extermination sont pris dans une totalité culturelle et politique

qui à rendu celle-ci possible. Une telle conscience interdit tout

rapport anhistorique ou naïf à la littérature allemande. Choisir d'être

poète dans et contre la langue allemande, c'était, pour Celan, s'engager

à une confrontation avec les formes d'expression et les contenus

poétiques, finalement avec toute une tradition qui se trouvait ainsi

interrogée. Le rapport à la tradition littéraire n'est pas une

préciosité liée à la "poésie savante" ou à "l'hermétisme" prêté à Celan.

Il exprime au contraire une interrogation critique, liée au présent, sur

les conditions culturelles qui ont rendu possible l'événement ; celui-ci

est sans doute contingent, mais son monde avec lui. Il faut s'attacher à

comprendre, selon Celan, la compossibilité d'un monde culturel et

politique déterminé jusque dans ses conséquences mortifères. Le

philologue Bollack, l'helléniste, ne semble pas croire que Celan aurait

pu, comme Elias Canetti, se raccrocher à une "langue sauvée" : comment

sauver la langue, alors qu'on a pas pu sauver les hommes ?

 

Le point de vue est ainsi posé : il ne s'agira pas de la relation

directe du poète à la tradition lyrique, qui serait un thème d'histoire

littéraire ou de "littérature comparée", mais d'une relation à trois

termes. Celan examine la littérature à l'aune de ses possibles

responsabilités historiques, de sa co-implication dans la barbarie.

 

Une conclusion fait pendant à cette introduction, "Celan et nous", qui

introduit une autre question d'actualité, à savoir la nôtre. Comment

réagissons-nous maintenant à ce combat poétique ? Comment le comprendre

dans son temps propre et pour notre présent ? Le dernier mot du livre

est significatif : vérité. De quelle sorte de vérité s'agit-il ? Que

nous dit cette forme d'art bien particulière qui est qualifiée de

"mineur" en référence à Baudelaire, à la modernité et au refus du

"sublime", qui a tant coûté (du côté du crime) qu'on ne peut plus guère

se le permettre (avant d'écrire, une instance, le "je" selon Bollack,

dans l'histoire, contrôle ce que fait le poète, le "tu", qui est

responsable) ? Lisons cette dernière phrase :

 

" L'invention se suffit ; elle se fait voir, se montre en acte comme un

  art pur, purement art, au service de personne, toujours rivée aux

  expériences particulières, reproduisant leur unique vérité. " (p. 327)

 

Comment se rapporter à cette "unique vérité", liée à la particularité ?

Comment le poème défend-il une telle vérité, poétique, mais aussi

politique et morale, et cependant singulière, sans que cette singularité

de son inscription ne la rende opaque ou contingente ? C'est sans doute

au travail du lecteur qu'il faut alors en appeler, qu'il relise ce que

redit le poème en prenant position et parole dans le brouhaha d'un monde

et d'une littérature.

 

La composition du livre est manifeste, si les vingt chapitres qui en

composent le corps central sont de taille variées, les unes brèves,

certaines assez étendues, et de registres différents, allant de

l'esquisse d'une compréhension qui n'aspire pas à l'exhaustivité mais

met le lecteur sur la voie à l'étude savante où le poème est expliqué,

compris et interprété avec la minutie philologique et le sens

herméneutique propre à l'auteur, en même temps que sont discutées les

différentes interprétations auxquels ils ont parfois donné lieu. Nous

sommes en présence d'une diversité d'approches, comme si le philologue

avait réglé chaque fois différemment sa loupe, multipliant les accès

pour son lecteur.

 

 

Les cinq séquences qui composent le livre : "L'événement", "La

contradiction", "Poésie contre poésie" (dont la reprise dans le titre

indique la position centrale à tous égards), "Les rencontres" et enfin

"L'art mineur". Une simple description du contenu fait clairement

apparaître le principe d'organisation du volume.

 

La première section porte sur quelques poèmes qui se rapportent plus

directement ou plus thématiquement que d'autres à l'événement : le poème

"Fugue de la mort", célèbre au point qu'il a souvent masqué la

compréhension de l'oeuvre, et de lui-même par conséquent ; "Radix,

matrix" de la "Rose de personne" et "Flocons noirs" du "Sable des

urnes", le premier recueil de Celan. Il s'agit du porche d'entrée du

livre -comme de l'oeuvre de Celan- en même temps que l'occasion d'un

premier apprentissage de la lecture. Le référent biographique y est,

dans ces poèmes, thématisé, sans que cette particularité leur confère

ipso facto une quelconque immédiateté ou une plus grande "lisibilité".

Est lisible ce qui est lu. Avec ces textes faussement faciles commence

l'apprentissage du lecteur qui est d'abord un chemin de la désillusion.

Ce que l'on pensait connaître et comprendre s'efface devant des

questions simples mais insistantes sur les mots et la formation d'un

vocabulaire propre, sur la syntaxe et la constitution d'une langue, les

rudiments du "célanien". Dans ces poèmes s'affirme un engagement : à

soi, pour soi, et pour eux. Une fidélité à la mémoire de la mort des

parents dans un camp de Transnistrie, d'où surgit en réponse et réplique

la décision d'être poète, d'être ce poète-là, dans cette langue-là. Le

poétique et le politique sont ici solidaires (et politique sans doute

avant que moral, car il ne s'agit pas premièrement de blâmer le crime,

mais de réagir à ce crime-là) ; le particulier et la poésie vont de pair.

Les autres poèmes, la plupart, ne renverront plus de façon si obvie à la

destruction : elle sera passée dans l'écriture même, dans le regard que

porte celle-ci sur les choses. Une poésie ainsi trempée n'en parlera

plus, mais cela parlera en elle.

 

La seconde section porte sur la contradiction des idiomes et des

identités. Comment, l'événement ayant eu lieu, tourné de façon

spécifique contre les juifs, comment y répondre quand on est, que l'on

se veut soi-même, poète juif en allemand ? Deux chapitres indiquent la

voie à suivre : "circoncire l'allemand", c'est-à-dire le subvertir et le

contredire pour le regagner, le rejudaïser contre sa folie de

purification. A l'encontre de certaines interprétations tentées de

retrouver dans une telle poésie une "théologie cachée" en raison des

références au judaïsme, Jean Bollack insiste sur l'idée qu'il s'agit

d'une lutte dans la langue, avant tout d'une affaire de langue. Un

chapitre fait intervenir Maître Eckhart et son invocation de la

Jérusalem d'Isaïe -mais c'est en nous restituant l'épaisseur idéologique

terrifiante de l'intense nazification du mystique rhénan, transformé

avant et après 1933 en grand ancêtre de la pensée allemande, en

inspirateur de la "profondeur spéculative". Bollack montre ou plutôt

démontre comment Celan lit Eckhart lecteur de la Bible à travers les

lectures politiques d'Eckhart. La complexité des médiations est analysée

avec précision, comme on le voit également dans l'étude sur Benjamin en

1968, d'une violente ironie, ou à travers la confrontation à Nelly

Sachs.

 

La section centrale est le pivot du livre, avec deux études consacrées,

selon des perspectives différentes, à des monuments de la poésie

allemande : Hölderlin et Rilke. Pour le premier, c'est à travers l'étude

du poème "Tübingen, Jänner" que la distance entre les deux poétiques est

analysée, Celan opérant une "réduction des hymnes" qui décompose et

reformule les enjeux de la poésie. Ce poème de la "Rose de personne"

ayant été l'un des plus commentés (c'est une des pièces que l'on versait

au supposé attrait heideggerien de Celan), l'analyse comprend un examen

détaillé des différentes options de lecture présentes dans la critique,

souvent marquées par le heideggerisme, mais pas seulement. Le triangle

Hölderlin-Heidegger-Celan est essentiel pour comprendre la configuration

spécifique qui a déterminé nombre des interprétations de la poésie

depuis les années 60, mais aussi des oeuvres poétiques elles-mêmes.

L'alliance d'archaïsme, de proximité à l'événement de l'être, et de

"modernité", de posture critique de la poésie, qui constitue l'un des

présupposés parmi les moins explicités mais les plus partagés de

l'approche contemporaine de la poésie est analysé clairement à

l'occasion de cette triangulation. La reconstitution du champ des

options interprétatives fait apparaître à quel point elles tendent le

plus souvent à produire une confirmation de leur précompréhension au

lieu de s'interroger sur la réinterprétation critique de Hölderlin

accomplie par le poème.

 

Avec Rilke, la démarche est différente : il s'agit cette fois d'une

reconstruction de la fonction de la poésie rilkéenne pour la

constitution de la langue poétique de Celan. Celle-ci s'opère selon la

dialectique suivante : Celan n'est pas possible sans Rilke qui, plus

qu'un autre sans doute, a participé à sa découverte de la poésie et donc

à sa décision d'être poète ; mais Celan n'est pas possible non plus avec

Rilke, tellement ses options fondamentales contreviennent au type même

du lyrisme rilkéen ; enfin, avec Celan, Rilke n'est plus possible, au

sens où "rilkéiser" n'est plus une solution poétique, une certaine

alliance d'innocence et de chevalerie guerrière, un usage ontologique

des figures mythologiques, un culte des héros et une proximité dévoyée à

la poésie religieuse, bien au-delà du "Livre d'Heures", tout cela est

mis en crise par une poésie autrement consciente, linguistiquement et

politiquement. Celan retournera, dans sa langue, la poésie rilkéenne

contre elle-même.

 

Cet ensemble, qui pourrait accueillir virtuellement l'ensemble de la

tradition lyrique, fait également une place à un poète français, Eluard,

avec lequel la confrontation n'est pas moins politique, mais autrement.

A un moindre degré qu'on ne peut le dire pour Rilke, il est manifeste

que Celan a su s'approprier le fonds poétique du Surréalisme, et d'abord

comme une libération formelle d'une tradition lyrique nettement plus

pesante et compromise avec l'hymnique guerrière. Mais il n'a pas

embrassé sa cause, ni poétiquement, ni politiquement, recherchant

toujours une forme exigeante d'adéquation du dire particulier du poème à

sa vérité singulière. Les compromissions d'Eluard, exposées à sa mort à

l'occasion du cas tchèque, dans le poème "In memoriam Paul Eluard",

indiquent bien que la vigilance poétique, aux yeux de Celan, s'adresse

universellement. L'étude des traductions que Celan fit d'Eluard montrent

aussi à quel point le "poète-traducteur" continuait d'exercer son office

critique, travaillant de la main gauche à la constitution de sa langue,

faisant passer un pan de la littérature mondiale dans son univers.

 

Les deux dernières sections donnent l'occasion d'une réflexion

approfondie sur la fabrique même de la poésie celanienne. "Les

Rencontres" introduit la question de l'ordinaire de quoi sont aussi

faits les poèmes, au plus loin d'un simple dialogue entre cimes

attestées de la tradition lyrique. L'ordinaire est toujours singulier

ici, lié à une expérience particulière, qui passe en partie dans les

poèmes et en partie ne passe pas. A côté des "références" identifiables,

un nom propre, une ville, un événement, une date, il y a la foule des

micro-expériences qui sont reprises dans les poèmes, produisant tout

d'abord un effet d'énigme. Des détails purement contingents peuvent nous

demeurer obscurs, certains peuvent être parfois identifiés, mais

toujours, ils sont repris dans la "grille" du poème : telle rencontre,

tel lieu, telle lecture ne font pas sens en eux-mêmes, mais sens dans le

poème où ils ont été choisis comme témoins, comme la part des realia qui

rappellent l'insubstituable. A travers les relations du poétique et du

biographique, pour lesquelles le rapport à Ingeborg Bachmann est

exemplaire, puisque la relation est ici aussi forte dans l'amour vécu

que dans le dialogue poétique, c'est le mode de composition des poèmes

qui est abordé dans sa précision complexe.

 

La dernière section, enfin, "L'art mineur", donne de brefs commentaires

de poèmes, surtout tardifs. C'est aussi qu'en lisant ce livre, le

lecteur a appris à lire la poésie. En la replaçant dans son rapport

essentiel à la langue et à la littérature, il peut désormais apprécier

le projet d'un "art mineur", économe sans être obscur, ayant renoncé aux

élans du lyrisme, abstrait et quotidien indissociablement, d'autant plus

"poétique" qu'il ne poétise pas.

 

 

Sans pouvoir évoquer tous les aspects de ce livre, complété par la

bibliographie finale qui indique le travail d'ensemble, en partie publié

en revues, sur le fond duquel se détache "Poésie contre poésie", on peut

tenter d'en signaler un certains nombre de traits remarquables.

 

L'auteur fut contemporain de l'oeuvre, mais n'a commencé à la lire

véritablement, c'est-à-dire avec l'insistance que suppose la volonté de

la comprendre, que dans un autre temps. Son travail sur les poèmes

exclut tout accès direct, tout privilège dans la compréhension ; il les

regarde bien plutôt comme s'il s'agissait d'objets étranges, clos sur

eux-mêmes, quelque écrit de Sophocle ou de Parménide. L'historisation,

qui est essentielle, est seconde : on ne passe pas de la vie à la vie,

mais la vie est dans l'écrit que l'on apprend à lire. La confrontation

est d'abord au poème. La première objectivation est donnée dans les

mots, la syntaxe, la construction. L'historisation est double : avec le

secours de la critique, des connaissances réunies par les germanistes ou

les témoins d'époque, et très exceptionnellement par ses propres

souvenirs, on prend connaissance d'une situation, un tel contexte étant

évidemment, connu fragmentairement et par nature, étant culturel et

souvent littéraire, indéfini ; les interventions de la critique elles-

mêmes, comme participant d'une "histoire de la réception", fût-elle

récente et quasiment contemporaine, sont mises en perspectives dans

leurs préalables propres. Pour autant, la mise entre parenthèses de la

relation biographique particulière entre le philologue lecteur et le

poète n'exclut pas, à un autre niveau, un fort engagement personnel de

l'interprète quant à la portée de cette poésie. Cette part personnelle

concerne plus la signification de ce livre dans l'oeuvre du philologue

Jean Bollack que la manière même dont il a cherché à comprendre et faire

comprendre les poèmes de Celan. Ayant constamment entrepris de proposer

des lectures complètes de poèmes pris dans leur intégralité, ayant pris

connaissance de "l'état de la question" et discuté les interprétations

divergentes, la charge de la preuve incombe désormais à qui voudrait

proposer une lecture radicalement différente. Quand même certaines

interprétations devraient être reprises ou contestées en plusieurs

points, le niveau de discussion requis sur la poésie de Celan est

désormais établi par "Poésie contre poésie".

 

Une autre question décisive posée par ce livre est exprimée dans le

sous-titre : "Celan et la littérature". Il ne s'agit pas, on l'aura

compris, d'un programme d'intertextualité généralisée (la critique doit

au contraire établir les distances déterminées entre les oeuvres) ni

d'une démonstration érudite du savoir convoqué dans les poèmes (chaque

lecteur étant limité par sa propre culture, il faut nécessairement s'en

remettre à la coopération de tous pour repérer les possibles allusions).

Il s'agit bien, en revanche, d'une thèse sur la poésie de Celan :

celle-ci ne se constituerait pas seulement en "contre-langue", mise à

l'épreuve de la langue même où elle s'écrit, mais en jugement de la

tradition poétique allemande dans son ensemble, des Nibelung aux

contemporains les mieux intentionnés, voire à l'ensemble de la culture

dont la littérature n'est qu'une expression, d'Eckhart à Benjamin. La

poésie s'instaure en jugement. Il s'étend en fait à la littérature

universelle, la Weltliteratur n'étant-elle pas elle-même une invention

allemande pour sortir de l'étroitesse de l'Allemagne, aux yeux de

Goethe ? Au-delà de cette "Divine comédie littéraire et historique",

"Celan et la littérature" nous introduit dans un projet quasiment

mallarméen de constitution du "Livre des livres", la littérature étant

conçue comme réflexion du monde et d'elle-même. Jean Bollack laisse

apercevoir dans les poèmes de Celan le dessin du Livre conçu comme

réflexion critique. Quelques étoiles émergent sans doute, alliés dans

la nuit, un Kafka ou un Mandelstam. Les temps et les langues les plus

diverses se retrouvent, parties prenantes, dans cette poésie de la

réplique, reduplication condensée de la tradition et sa contestation

radicale : sa défaite et sa réfection.

 

L'extension cosmique de ce projet recomposé s'accomplit dans la minutie

d'un art mineur, fait de la poussière du quotidien, des instantanés

particuliers que le poème saisit. "Poésie contre poésie" nous introduit

au croisement incessant de ces perspectives, entre la grande littérature

(l'art) et la préservation du particulier (le ton mineur) dans lesquels

Celan a su fondre la contingence d'un journal et l'autonomie d'un idiome

en constante reformation de lui-même, l'ordinaire des jours et

l'abstraction poétique, l'écriture poétique et la critique.

 

                                                                                Denis Thouard

 

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{Karakash, 03/10/2001}

 

L'Institut romand d'herméneutique et de systématique organise un

                           colloque international d'herméneutique,

qui aura lieu en mars 2002 à Neuchâtel, Suisse.

 

                                        "Mythe et Science"

 

Neuchâtel, 14-16 mars 2002

Cité universitaire

 

INSCRIPTIONS ET RENSEIGNEMENTS

Mmes Yolande Joray ou Clairette Karakash

 

             Secrétariat  de l'IRHS

             41, Faubourg de l'Hôpital

             CH-2000 Neuchâtel

Fax :                  + 41 32/718 19 01

e-mail :             secretariat.irhs@unine.ch

page web :       http://www.unine.ch/theol/

 

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{FR, 08/10/2001}

 

Call for Papers and Information for Speakers

 

                           "New Directions in Humanities Computing"

             ALLC/ACH 2002  University of Tuebingen, July 23-28 2002

 

Conference Web site and full CFP :

             http://www.uni-tuebingen.de/allcach2002/

Submission deadline : 15 November 2001

 

ALLC/ACH 2002 invites submissions of between 750 and 1500 words on any

aspect of humanities computing or new media, broadly defined to

encompass the common ground between information technology and problems

in humanities research and teaching. The theme for the 2002 conference

is "New Directions in Humanities Computing". Hence, while as always, we

welcome submissions in any area of the humanities, especially

interdisciplinary work, for the 2002 conference we especially encourage

submissions on the current state of the art in humanities computing, and

on recent new developments and expected future developments in the

field.

 

Recent years have seen enormous advances in information technologies,

and an enormous growth in the use of IT resources for research and

teaching in the humanities. How exactly are these developments changing

the ways in which humanities scholars work ? What new and distinct

methodologies is IT now bringing to the humanities ? How do we expect

methodologies, and the role of the humanities scholar, to change in the

near future as a result of the impact of IT ? How are IT-related

developments in one discipline affecting or likely to affect those in

others ? The time is ripe to survey and assess developments to date in

humanties computing, and its likely future directions.

 

Suitable subjects for proposals would also include :

 

- new approaches to research in humanities disciplines using digital

  resources dependent on images, audio, or video ;

- the application to humanities data of techniques developed in such

  fields as information science and the physical sciences and

  engineering ;

- traditional applications of computing in the humanities, including

  (but not limited to) text encoding, hypertext, text corpora,

  computational lexicography, statistical models, and text analysis ;

- applications in the digital arts, especially projects and

  installations that feature technical advances of potential interest

  to humanities scholars ;

- information design in the humanities, including visualization,

  simulation, and modeling ;

- pedagogical applications of new media within the humanities ;

- thoughtful considerations of the cultural impact of computing and

  new media ;

- theoretical or speculative treatments of new media ;

- the institutional role of new media within the contemporary academy,

  including curriculum development and collegial support for activities

  in these fields ;

- the broader social role of humanities computing and the resources

  it develops.

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