2003_03_21
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SdT volume 9, numero 1.


                                            LES CITATIONS DU MOIS
                                            ________________________________________________
                                             I take the view that there is no such thing as a
                                             "life as lived" to be referred to. In this view,
                                             a life is created or constructed by the act of
                                             autobiography. It is a way of construing
                                             experience -and of reconstruing and reconstruing
                                             experience it until our breath or our pen fail
                                             us. Construal and reconstrual are interpretive.
                                             Like all forms of interpretation, life construal
                                             is subjects to our intentions, to the
                                             interpretive conventions available to us and to
                                             the meanings imposed upon us by the usages of
                                             our culture and language.
                                                                                         (Bruner, 1995, p. 161).

                                            L'homme est la source qu'il cherche
                                                                                          (Stéphane Mallarmé)
                                            ________________________________________________


                                                           SOMMAIRE


1- Coordonnees
             - Bienvenue a Genvieve Le Corre, Antonella Sartor, Stephanie
              Thavaud-Piton, et Shirley Carter-Thomas.
              - Changement d'adresse pour Alessandro Zara.

2- Carnet
             - Dictionnaire Imbittable du Franco-Francais Hexagonal
              Contemporain
             - Texto! : les nouveautes de la derniere mise a jour
3- Publications
              - These de Stephanie Thavaud-Piton :
               "Semantique lexicale et psychomecanique guillaumienne"
             - Christian Touratier : "Morphologie et morphematique"
             - Methodos, Sommaire du n°3 : "Figures de l'irrationnel"
             - L'Herne : "Saussure"

4- Dialogue
             - Philippe Grea et François Rastier : "La poule et l'oeuf"
5- Appels : Colloques et revues
             - Journees d'etudes 2003 (prochaine : Paris, 3 juin)
              "Processus et Supports de la Memoire Sociale"
             - 8th Congress of the IASS-AIS, Lyon, July 7-12, 2004
               "Les signes du monde : Interculturalite et Globalisation"
             - Paris, 4-6 decembre 2003 :
              "Langue litteraire et changements linguistiques (XVIe-XXe s)"
             - Semiologie 2003, 28 et 29 Novembre 2003, Sorbonne :
        "De la diversite a l'unite du domaine :
               Theories, methodes et objets"
             - ICHIM 03, Paris, 8-12 septembre 2003 :
              "Les institutions culturelles et le numerique"

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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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{FR, 16/02/2003}

DIFFHC
(Dictionnaire Imbittable du Franco-Français Hexagonal Contemporain)

Parmi les premiers articles du DIFFHC :

Imbittable : adj., semble estudiantin plus que militaire car il suppose
un effort cognitif. Terme neutre car sans concurrent à l'oral. Appris
pendantla vie étudiante, car oublié mais toujours évocable. Le PR donne
'bit/ter' comme arg. Polytechnique. L'X, militaro-estudiantin,
exactement ce qu'il nous fallait.

Autoréférentiel : adj., (sociologie, linguistique, sémiologie,
systémique, consultants d'entreprise). Se dit d'un discours qui
constitue en tout ou en partie son propre objet. Présuppose vaguement un
discours, et un objet. Sans objet, il reste le métalangage (qui amuse
les linguistes) ; sans discours, il reste la récursivité (qui amuse les
informaticiens). Voir les inventions de sigles "récursifs à gauche",
comme "GNU" (= "GNU is Not Unix"), qui font s'illuminer de joie
intérieure les informaticiens spécialisés initiés aux arcanes subtiles
des propriétés formelles des algorithmes d'analyse descendante
déterministe hors-contexte. Us. "le DIFFHC est autoréférentiel".
Voir *autoréférentiel.

Métro : tunnel sous-marin qui relie la France aux Antilles. Ses deux
stations portent le même nom. Outre-mer (adv.) : 1. De l'autre côté de
la mer, quand on n'y est pas. 2. De ce côté-ci de la mer, quand on y
est.

Méronymie : Je préfère la partie-tête à la particule (Talleyrand).

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{FR, 09,17,19/03/2003}

TEXTO !
Les nouveautés de la dernière mise à jour (mars 2002)

* Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

Mieux documentés après la publication des Ecrits de linguistique
générale de Saussure, replongeons dans le débat : la grammaire générale
du projet saussurien serait-elle une sémantique ? Cette "sémantique",
posée mais non définie explicitement par Saussure, saurait-elle prendre
en charge une théorie du sens linguistique ?

Gabriel Bergounioux :
  Compte rendu de S. Bouquet, Introduction à la lecture de Saussure

Simon Bouquet :
  Sur la sémantique saussurienne. Réponse à Gabriel Bergounioux


* Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

Enrique Ballón Aguirre :
  Sobre la decepción amorosa (2002, texte inédit)
Sentimientos y poesía barroca colonial andina

Evelyne Bourion :
  Aide à l'interprétation des textes électroniques (2001, thèse)
Une méthode de recherche thématique dans des corpus multi-auteurs et des
textes singuliers s'appuyant sur une théorie sémantique et sémiotique
des textes et des corpus électroniques et tenant compte du principe
herméneutique selon lequel le local s'interprète en fonction du global.

Dominique Ducard :
  L'efficacité symbolique : l'affect du signe (2003, texte inédit)
Une interprétation sémiotique de la pratique magique des signes conduit
à comprendre que "l'efficacité symbolique" (Lévi-Strauss) opère par la
médiation de la "qualité matérielle" (Peirce) du signe considérée comme
la forme sensible de la pensée et le représentant de son affect.

François Rastier :
  Ecritures démiurgiques (2002)
Comme tout ce qu'on appelle nébuleusement le virtuel, les écritures
numériques donnent lieu aux exaltations ou aux condamnations. Loin des
excès d'honneur et des exécrations, le sang-froid s'impose, car le
bouillonnement des idées, même fausses, reste en lui-même bienfaisant,
et pourrait périmer bientôt l'avant-gardisme académique qui a stérilisé
l'art moderne et post-moderne.

Ludovic Tanguy :
  Traitement automatique de la langue naturelle et Interprétation :
  contribution à l'élaboration d'un modèle informatique
  de la Sémantique Interprétative (1997, thèse)
Le problème du sens, le "plus vertigineux de ceux rencontrés par
l'homme", est souvent sous-estimé par les informaticiens et autres
artificiers de l'intelligence. Quelles sont les modalités de la
coopération homme / machine dans une situation d'interprétation
textuelle ? L'auteur propose un prototype d'interface homme / machine
destiné à une assistance au cours d'une analyse de texte : PASTEL
(Programme d'Aide à l'Analyse de TExtes, même Littéraires).

Yves-Marie Visetti :
  Formes et théories dynamiques du sens (2002, mémoire d'habilitation)
Ou comment "conjuguer phénoménologie et herméneutique" pour "mieux
comprendre la place des sciences cognitives dans le réseau des savoirs
scientifiques" et "mieux définir la portée du programme de la
naturalisation, en portant le regard sur les sciences de la culture".


* Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :

Les archives du colloque "Corpus littéraires : recueil et numérisation,
analyses assistées, didactique". (Ce colloque du groupe Sémantique des
textes a eu lieu le 20 et le 21 octobre 2000 à l'Université Paris VII -
Denis Diderot). Texto ! vous fait revivre l'ambiance du colloque à
travers des enregistrements sonores.


* Dans la rubrique LIENS ET LIANES :

Lexico : Télécharger et tout savoir sur Lexico : un logiciel conçu par
André Salem pour le traitement lexicométrique de textes.
              http://www.cavi.univ-paris3.fr/ilpga/ilpga/tal/lexicoWWW/

Weblex : Sur le site web de Serge Heiden vous trouverez la présentation
du logiciel Weblex ainsi qu'une liste des logiciels apparentés
permettant d'extraire des informations du texte, et/ou d'en faire des
concordances et/ou d'assister à l'encodage d'informations dans le texte
              http://weblex.ens-lsh.fr/doc/weblex/
              http://weblex.ens-lsh.fr/doc/weblex/logiciels.html

Discourse in Society : Le nouveau site web de Teun A. van Dijk. Vous y
trouverez de nombreuses sélections de ressources en Analyse du discours,
ainsi que les journaux Discourse & Society et Discourse Studies.
              http://www.discourse-in-society.org/


* Dans la rubrique AGENDA :

Annonces : Séminaire Formes symboliques à l'Ecole Normale Supérieure

Colloques à venir : La 36e rencontre de la Societas Linguistica
Europaea : Linguistique et corpus : types de données et comparaison des
langues, Ecole Normale Supérieure, Lettres et Sciences Humaines, Lyon,
France, du 4 au 7 septembre 2003.

NDLR : Grâce à Rossitza Kyheng, qui a rénové le site, la fréquentation
de Texto! a plus que doublé en un an et s'établit à présent à
400 visites par jour en moyenne. Les téléchargements ont triplé.

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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 16/02/2003}

SEMANTIQUE LEXICALE ET PSYCHOMECANIQUE GUILLAUMIENNE
(résumé de Thèse de Stéphanie Thavaud-Piton, texte intégral en ligne sur
le site Marges Linguistiques).

Gustave Guillaume (1883/1960) a fondé la psychomécanique du langage, une
théorie linguistique à la fois structurale et mentaliste. Alors qu'on ne
compte plus les apports de cette théorie en syntaxe et en sémantique
grammaticale, la sémantique lexicale semble lui résister. Il s'agit
d'évaluer ici la possibilité d'une sémantique lexicale d'inspiration
guillaumienne. A partir d'une lecture de l'intégralité de son oeuvre
(publiée et inédite), on présente ses positions relativement au mot,
afin de définir un cadre d'analyse. Par un examen des travaux de ses
héritiers, directs ou indirects, on estime ce qu'il reste de l'héritage.
On s'intéresse d'abord aux applications d'A. Eskénazi, T. Ponchon,
J. Picoche et B. Pottier, en relation avec la sémantique structurale,
puis on confronte la psychomécanique à des approches cognitives
contemporaines (théorie du prototype et travaux de R.W. Langacker,
M-L. Honeste et J-P. Desclés). Et, pour finir, on essaie de proposer
quelques directions de recherche.

LEXICAL SEMANTICS AND " GUILLAUMIAN " PSYCHOMECHANICS

Gustave Guillaume (1883-1960) founded Psychomechanics of language. His
theory links closely both structural and cognitive linguistics. Up to
now, whereas its application in syntax and grammatical semantics is the
rule, lexical semantics seem to be forsaken. Our purpose consists in
evaluating if there is any possibility of lexical semantics based upon
Psychomechanics. After reading the complete works of G. Guillaume (both
published and not) our theoretical plan is defined. After consideration
of the works of his heirs (both direct or not), the way in which his
theory was followed up is examined. In order to accomplish this, the
works of A. Eskénazi, Th. Ponchon, J. Picoche and B. Pottier are
analized in regard of structural semantics. Then, Psychomechanics are
collated to cognitive approaches (prototype theory and works of R.W.
Langacker, M-L. Honeste and J-P. Desclés) and in the end, some
particulars for researching will be provided.
                                             _____________________
Partant du constat que la psychomécanique n'a pour ainsi dire jamais été
appliquée à l'analyse lexicale, cette thèse propose d'évaluer dans
quelle mesure une sémantique lexicale d'inspiration guillaumienne est
ou non envisageable. Pour ce faire, on s'appuie sur une lecture de
l'intégralité de l'oeuvre de Gustave Guillaume (publiée et même inédite)
et sur les quelques travaux d'inspiration guillaumienne réalisés à ce
jour en sémantique lexicale.

Après une brève histoire de la sémantique lexicale, destinée à présenter
les différents points de vue possibles sur le lexique et disposer ainsi
de divers cadres théoriques auxquels confronter la psychomécanique, on
développe cette investigation en trois grandes parties, intitulées
respectivement :
1. Gustave Guillaume et la théorie du mot
2. Sémantique lexicale et héritage guillaumien : respect ou trahison ?
3. La psychomécanique à la lumière de la recherche cognitive.

Première Partie :
              Gustave Guillaume et la théorie du mot (Ch.1 à 4)
La sémantique lexicale prend généralement le mot comme unité de
référence, par conséquent notre recherche s'initie par une synthèse des
positions de G. Guillaume relativement à cette question. On cherche, en
outre, à mettre en évidence les quelques pistes qu'il aurait pu laisser
pour une application de sa théorie au lexique. Dans le premier chapitre,
on expose les principes épistémologiques de cette théorie en insistant
sur le fait que c'est une linguistique à la fois structurale et
mentaliste, ce qui lui confère un statut à part. Par une démarche
abductive qui consiste à s'abstraire des manifestations sémiologiques
observables en discours, elle propose de retrouver les mécanismes
psychiques cachés en langue qui les conditionnent. Les analyses
réalisées en psychomécanique s'appuient sur l'existence d'une pensée
dynamique animée d'un mouvement oscillatoire ponctuellement interrompu
par des saisies. Chaque interruption de ce mouvement produit un effet
particulier contribuant à l'édification du système de représentation
qu'est la langue. Celle-ci, assimilée à un réservoir d'unités de
puissance est opposée au discours, lieu de leurs manifestations par le
truchement d'unités d'effet. Ces dernières favorisent, par ailleurs,
l'émergence des effets de sens. Tout cela est sous-tendu de temps
opératif et figuré à l'aide du tenseur. Ces deux éléments sont à la base
de toute analyse fondée sur la psychomécanique. Le mot, ou unité de
puissance, mobilise ensuite toute notre attention. Selon G. Guillaume,
il procède d'une double genèse, matérielle et formelle, liée à
l'activité de la pensée. Ce mécanisme génétique représenté à l'aide du
tenseur, se déroule sur le plan psychique mais a un pendant sur le plan
morphologique. Selon ce point de vue, le mot apparaît comme le produit
de l'accrétion de différents éléments formateurs. On analyse ensuite de
manière approfondie les opérations qui se déroulent durant les deux
tensions génétiques. L'idéogénèse donne naissance au concept ou base
d'entendement. Durant cette phase s'établit aussi la prédicativité ou
référence virtuelle du concept. Un concept prédicatif repose ainsi sur
un équilibre entre particularisation et généralisation tel que P>G. On
détaille alors les différentes formes vectrices qui contribuent à
l'achèvement formel de la matière discernée et qui s'ajoutent durant la
morphogénèse. Le schème génétique du mot instaure un continuum entre
forme et matière qui intervient à tous les niveaux de l'organisation
systématique en psychomécanique. On s'arrête notamment sur ses
conséquences au niveau du signe en relation avec le modèle triadique
aristotélicien. On essaie de définir les positions de G. Guillaume
relativement au sens et à la référence en tenant compte du schème
génétique du mot. On s'interroge alors sur la nature et le lieu
d'élaboration du signifié de puissance, concept guillaumien fondamental
pour une sémantique lexicale d'inspiration guillaumienne. On met aussi
en évidence que les termes concept, signifié de puissance, signifié
d'effet et effets de sens ne souffrent aucune définition univoque. Se
pose alors la question de la séparation entre niveau sémantique et
conceptuel. On évoque enfin la loi de congruence, principe indispensable
à la recevabilité des propositions guillaumiennes. On clôt cette
première partie en expliquant que G. Guillaume envisage la signification
à travers l'opposition entre signifié de puissance, signifié d'effet et
effets de sens et en présentant ses positions relativement à
l'organisation lexicale et aux relations entre signifiés, telles que la
polysémie. On constate ainsi qu'il accorde une grande importance à la
hiérarchisation et qu'il explique les relations hyperonymiques /
hyponymiques en termes de conditions de non-différence. Pour finir,
trois chemins susceptibles d'être empruntés pour une application de la
psychomécanique à l'analyse lexicale sont explorés : la subduction, le
morphème et la psychosémiologie.

A l'issue de cette première partie, il apparaît que G. Guillaume propose
une théorie du mot, voire du morphème, mais en aucun cas une théorie du
signe, ce qui risque de poser quelques problèmes pour une application de
la psychomécanique à l'analyse lexicale. Forts de ces divers éléments et
supports théoriques, on se tourne vers les quelques utilisations de
l'héritage qui ont été réalisées en sémantique lexicale, afin d'évaluer
ce qu'il en reste.

Partie II :
              Sémantique lexicale et héritage guillaumien :
              respect ou trahison ? (Ch.5 et 6)

Cette partie s'articule en deux temps. On étudie d'une part des travaux
réalisés en français médiéval, domaine d'application privilégié de la
psychomécanique, et d'autre part des analyses lexicales en synchronie.
Pour soutenir cet examen, quatre auteurs ont été retenus : André
Eskénazi et Thierry Ponchon pour le français médiéval, Jacqueline
Picoche et Bernard Pottier pour le français contemporain. Tous les
quatre utilisent la psychomécanique, ou s'en inspirent, en relation avec
la sémantique structurale et différentielle.

André Eskénazi et Thierry Ponchon travaillent tous deux sur des corpus
clos, mais se consacrent à des parties du discours différentes. Le
premier poursuit la voie tracée par G. Gougenheim et l'enrichit à l'aide
la psychomécanique. Il s'en sert notamment pour organiser des résultats
préalablement obtenus à l'aide de l'analyse différentielle. Plus
précisément, il cherche à reconstituer la valeur fondamentale d'un
lexème à partir d'un relevé exhaustif de tous ses effets manifestés en
discours. Il les hiérarchise ensuite sur le tenseur dont le
fonctionnement est assimilé à celui d'une focale variable. Dans
l'ensemble, il prend de réelles distances avec les concepts guillaumiens
fondamentaux tels que le tenseur, la subduction ou encore l'opposition
entre puissance et effet. Thierry Ponchon se situe dans la lignée de
G. Moignet et son rapport à la psychomécanique passe par le filtre des
travaux de ce dernier. Afin de reconstituer par abduction la lexigénèse
et le signifié de puissance de lexèmes, il a recours à la subduction et
au tenseur. Contrairement à André Eskénazi qui se consacre exclusivement
au substantif, il n'étudie que des parties du discours pourvues d'une
incidence externe voire de second degré ; il analyse des verbes et des
adverbes et leur incidence sémantico-référentielle sera donc par
conséquent moins prépondérante. Thierry Ponchon propose de distinguer
le signifié d'effet d'une unité, de ses effets de sens, précision
terminologique très intéressante pour notre recherche. Cette question
constitue, entre autres, une des difficultés de l'application de la
psychomécanique à l'analyse lexicale : comment séparer ce qui appartient
en propre au signifié de puissance de ce qui n'est que le fruit du
contexte ? Sans un positionnement préalable et explicite sur ce point,
toute analyse lexicale d'inspiration guillaumienne sera vouée à l'échec. 

Au niveau du français médiéval, la psychomécanique est certes utilisée
pour l'analyse lexicale mais elle ne joue qu'un second rôle. Seule sa
puissance organisationnelle paraît avoir été retenue. A. Eskénazi se
détache réellement de l'héritage guillaumien et ses travaux présentent
surtout un intérêt dans le cadre d'une sémantique des textes. Thierry
Ponchon reste plus fidèle à l'héritage guillaumien mais, compte tenu des
parties du discours analysées, il quitte la sémantique lexicale pour la
sémantique grammaticale. Le français médiéval offre donc des résultats
assez mitigés en relation avec notre problématique, et les deux
approches examinées ici ne semblent en aucun cas capables de rendre
compte de toutes les parties du discours.

Les travaux de J. Picoche et de B. Pottier consacrés à la sémantique
lexicale en synchronie ont ouverts d'autres perspectives. La première
tente d'élaborer une approche lexicographique fondée sur la
psychomécanique. Elle associe une approche structurale de la
signification à la théorie guillaumienne. Suite à l'analyse de ses
travaux, on remet partiellement en question son exploitation de la
théorie guillaumienne. La psychomécanique est latente, mais les concepts
de signifié de puissance, de tenseur, de subduction et de saisies sont
interprétés et révisés afin qu'ils puissent s'insérer dans son cadre
théorique. Grâce à la psychomécanique, elle pense pouvoir reconstituer
"en raison" la filiation des différentes acceptions des polysèmes et
édifier ainsi une méthode pour analyser la polysémie. Elle hiérarchise
effectivement des effets de sens sur le tenseur, mais elle n'effectue
pas vraiment de distinction entre signifié d'effet et effet de sens, si
bien qu'elle reste au niveau du discours et n'atteint pas réellement le
signifié de puissance. Par ailleurs, elle interprète la subduction en
termes de déplétion sémique et l'applique la plupart du temps à des
substantifs ce qui la conduit à adopter un angle d'approche
sémasiologique et référentiel, fort peu compatible avec la
psychomécanique. On découvre ainsi une des limites à l'utilisation de la
psychomécanique en relation avec la sémantique structurale : comment
opposer des lexèmes en termes de quantité sémique et les hiérarchiser de
façon plausible et réaliste ?

Les analyses de B. Pottier, en dépit d'une terminologie fort peu
guillaumienne, se révèlent finalement beaucoup plus dans la continuité
des propositions de G. Guillaume. Son approche du signe synthétise les
positions guillaumienne et hjelmslevienne. En outre, contrairement aux
tentatives précédentes, son utilisation de la psychomécanique ne
s'insère pas explicitement dans un cadre lexicologique ou
lexicographique ; il conserve, au contraire, une originalité et une
démarche plus conformes au statut particulier de la psychomécanique. Il
renonce par ailleurs à l'opposition entre puissance et effet, source de
tant de confusions en matière de sémantique lexicale. Il introduit dans
ses analyses un niveau conceptuel au sein duquel siègent des noèmes que
l'on pourrait assimiler aux signifiés de puissance de tout sème, et il
développe une sémantique du morphème qui prolonge véritablement les
jalons posés par G. Guillaume.

Au terme de cette seconde partie, il ressort que la psychomécanique,
mise en relation avec la sémantique structurale, est essentiellement
convoquée pour les facilités qu'elle offre en matière d'organisation
ainsi que pour le continuum qu'elle instaure entre les saisies. Elle
intervient toujours en second lieu, après que les lexèmes ont été
étudiés à l'aide de méthodes déjà éprouvées, telles que l'analyses
sémique ou l'analyse distributionnelle. La psychomécanique en matière de
sémantique lexicale est surtout préconisée pour le traitement de la
polysémie. Cependant, le sémanticien doit se situer clairement
relativement aux concepts de signifiés d'effet, de signifiés de
puissance et d'effet de sens, pour pouvoir prétendre obtenir des
résultats satisfaisants. Dans l'ensemble, le point de vue sémasiologique
ne semble pas totalement compatible avec la psychomécanique, telle
qu'elle a été conçue par son fondateur. Cette dernière ne possède aucun
pouvoir descriptif et la séparation entre signifiés d'effet et effets de
sens est difficile à réaliser, a fortiori dès que l'on s'intéresse aux
substantifs. Seul B. Pottier paraît tirer partie de la psychomécanique
en conservant les particularités du modèle guillaumien et en mettant
l'accent sur la dimension cognitive et énonciative. On se tourne donc
tout naturellement pour finir, vers la sémantique cognitive en espérant
y découvrir une voie possible pour une implémentation de la théorie
guillaumienne à l'analyse lexicale.

PARTIE III :
              La psychomécanique à la lumière de la recherche cognitive
              (Ch.7 à 9)

Cette dernière partie débute par un court chapitre consacré à la théorie
du prototype qui a renouvelé le paysage de la sémantique lexicale. Ce
chapitre sert de préparation aux chapitres suivants, mais on confronte
cependant le prototype au signifié de puissance. On montre  à cette
occasion que le rapprochement ne va pas de soi. Pour envisager un
éventuel lien de parenté, il faut préalablement faire un choix quant à
la nature exacte du signifié de puissance ; c'est à dire l'appréhender,
soit comme objet linguistique, soit comme objet conceptuel, sachant que
le prototype roschien est plutôt de nature conceptuelle.

Toujours en vue de définir des éléments propres à alimenter une
sémantique lexicale d'inspiration guillaumienne, on compare ensuite la
psychomécanique à la Grammaire Cognitive de R.W Langacker. Toutes deux
fonctionnent selon un mode inférentiel et accordent une grande
importance au dynamisme et aux saisies. Cependant, bien que toutes deux
mentalistes et inscrites dans une tradition optocentriste, la
psychomécanique privilégie le temps, par rapport à l'espace et à la
représentation. En ce qui concerne la sémantique lexicale, il apparaît
qu'en dépit d'une large place accordée au sens et d'une conception
encyclopédique de la signification, la Grammaire Cognitive semble inapte
à résoudre les cas de polysémie et à fournir des éléments pertinents
pour une sémantique lexicale d'inspiration guillaumienne. Elle rejoint
la psychomécanique au niveau du morphème et des mécanismes
dérivationnels, autant d'éléments susceptibles de contrecarrer notre
ambition initiale.

Pour parachever cette enquête, on quitte les approches étasuniennes pour
revenir vers celles de deux linguistes français : Marie-Luce Honeste et
de Jean-Pierre Desclés. Tous deux se réfèrent à la psychomécanique et
illustrent chacun une tendance particulière en sémantique cognitive. On
constate alors que tant chez M-L Honeste que chez J-P Desclés,
l'héritage guillaumien n'est revendiqué qu'à travers le filtre des
travaux de J. Picoche, ce qui entraîne corrélativement son
appauvrissement. Marie-Luce Honeste, qui initialement prolongeait les
analyses de J. Picoche, propose une approche de la polysémie qui
contourne les écueils de cette dernière, et qui, en dépit des
apparences, offre un possible rapprochement avec la psychomécanique.
Elle élabore un signifié de puissance élargi et réticulaire, inspiré du
prototype, mais qui occupe toutefois un statut intermédiaire entre
niveau conceptuel et linguistique. Il reste en outre compatible avec le
concept de saisie, si important en psychomécanique. Contrairement à
J. Picoche, Marie-Luce Honeste ne hiérarchise plus des effets de sens et
n'essaie en aucun cas de ramener la diversité de ces effets à un
principe unique. Elle adopte plutôt une vue connexionniste sur la
langue, ce qui l'éloigne partiellement de la psychomécanique :
G. Guillaume privilégiait plutôt la linéarité et la binarité des
phénomènes aux interactions. En somme, bien qu'elle ne revendique pas sa
filiation avec G. Guillaume, elle prolonge ses vues par certains côtés
et offre une relecture guillaumienne de la typicalité. Son approche
subjective de la langue, qui tient compte des réels modes d'accès au
sens, prend certes de réelles distances avec ce qui fait de la
psychomécanique une linguistique structurale mais se rapproche d'elle
dans ce qui en fait une théorie annonçant les "sémantiques cognitives à
la française". La démarche de Jean-Pierre Desclés, pour finir, se situe
aux antipodes de celle de Marie-Luce Honeste et se rapproche quelque peu
de celle de B. Pottier. Il recherche des universaux cognitifs et pour
ce faire, utilise des formalismes mathématiques. Il articule son analyse
sur trois niveaux et considère que le signifié de puissance, assimilé à
un archétype, relève d'un hors langue cognitif. Il essaie de le
reconstituer par abduction en effectuant des opérations de réduction
logique fondées sur la logique combinatoire de H. Curry. Sa façon
d'envisager les archétypes se révèle très guillaumienne. Cependant, son
signifié de puissance, obtenu par réduction, est très abstrait et
produit des effets de sens par compilation et hiérarchisation. Il résout
certes ainsi les problèmes de référence mais son archétype ne semble
plus compatible avec les saisies, si importantes en psychomécanique. En
outre, le signifié de puissance guillaumien apparaît plutôt comme la
somme des divers effets de sens, manifestés en discours. Jean-Pierre
Desclés s'éloigne donc en définitive des bases guillaumiennes initiales.
Par ailleurs, sa méthode, qui se fonde sur des interactions, ne
s'applique qu'au verbe et l'on se demande si elle fonctionnerait aussi
bien avec des substantifs.

Cette thèse a surtout contribué à confirmer l'hypothèse qu'une
sémantique lexicale d'inspiration guillaumienne ne pouvait être
envisagée qu'au prix d'un renoncement à une grande partie de l'héritage
guillaumien, si bien qu'on se demande s'il s'agit encore de la
psychomécanique. Les approches les plus récentes ont révélé une
véritable désaffection pour les concepts qui ont fait la gloire du
guillaumisme de la première génération : le tenseur, la subduction, le
temps opératif et la hiérarchisation. On a aussi montré que le signifié
de puissance constituait le véritable enjeu d'une sémantique lexicale
fondée sur la psychomécanique. Mal défini par G. Guillaume, et assez
difficilement utilisable avec les lexèmes, le signifie de puissance a
été le plus souvent interprété en fonction des cadres théoriques dans
lesquels on voulait l'insérer. Selon toute vraisemblance, l'avenir de la
psychomécanique en matière de sémantique lexicale se trouve soit au
niveau d'une sémantique du morphème où une utilisation complémentaire
des propositions guillaumiennes et "langackeriennes" mériterait d'être
envisagée un peu plus précisément, soit dans la direction suivie par
Marie-Luce Honeste en se référant à la dimension énonciative et
cognitive de la psychomécanique.


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{FR, 16/02/2003}

VIENT DE PARAÎTRE

                                               Christian Touratier

                                            Morphologie et morphématique

Le morphème, qui est un des grands acquis théoriques de la linguistique
moderne, semble maintenant un peu oublié par les linguistes et les
grammairiens, qui en reviennent paresseusement au mot de la tradition.

Ce livre voudrait proposer une théorie du morphème et de l'analyse en
morphèmes qui soit compatible avec une véritable théorie du mot.

Il illustre les concepts de cette théorie en s'appuyant beaucoup sur le
français, mais aussi en essayant de décrire des langues typologiquement
plus ou moins différentes comme l'allemand, le russe, le latin, le grec,
ou encore le finnois, le hongrois, le chinois, le japonais, l'arabe,
l'hébreu, ainsi que les langues des débuts de l'écriture que sont le
sumérien et l'égyptien. Il le fait en prenant comme corpus des versets
du premier chapitre livre de la Genèse, et les conjugaisons de
l'espagnol, de l'italien et du latin.

Ce livre s'adresse avant tout aux étudiants de premier cycle en lettres
modernes, en sciences du langage et en langues vivantes. Il s'adresse à
tout débutant qui n'a jamais fait de morphologie, ou d'analyse en
morphèmes, et définit donc tous les concepts qu'il emploie. Il s'adresse
aussi aux linguistes, auxquels il propose une synthèse cohérente et
actuelle de linguistique descriptive.


PRÉFACE

Curieusement, alors que le morphème est une des grandes innovations
théoriques de la linguistique moderne, il n'y a pas eu en français de
manuel d'analyse en morphèmes. A la belle époque de la linguistique
structuraliste, on n'a même pas traduit des ouvrages aussi fondamentaux
que le livre de Eugen Nida intitulé "Morphology. The descriptive
analysis of words", ou le livre de Zellig Harris, finalement intitulé
"Structural linguistics", qui fut tellement usuel que c'est actuellement
un titre dans la série populaire de vulgarisation Phoenix Books.

Nous voudrions donc combler cette lacune en proposant non pas un
équivalent français de ces deux classiques de la linguistique
structuraliste, mais une synthèse actuelle de ce que l'on peut admettre
aujourd'hui dans ce domaine. Car par réaction contre la linguistique
structuraliste, on a eu tendance, dans les dernières décennies, à
abandonner pratiquement ou même théoriquement la notion de morphème; et
l'on est tout simplement revenu à la notion traditionnelle de mot, dont
la linguistique structuraliste avait pourtant bien montré les
faiblesses, puisqu'elle ne pouvait pas recevoir une définition à la fois
satisfaisante et générale. Nous souhaiterions dans cette petite synthèse
garder ce qu'il y avait de juste et dans l'analyse en morphèmes, et dans
la notion traditionnelle de mot. Et nous aimerions aussi montrer sur des
exemples précis combien l'analyse en morphèmes peut renouveler la
description des faits grammaticaux, tout en la rendant plus rigoureuse
et plus satisfaisante.


                                             1ÈRE PARTIE : THÉORIE
CHAPITRE I.            Notions théoriques de base pour procéder à l'analyse en
                              morphèmes d'un énoncé
1. Axe syntagmatique et axe paradigmatique                                         11
2. Le morphème                                                                                                   13
3. La commutation                                                                                17
4. Le mot                                                                                             20

CHAPITRE II.           Les complications de l'analyse en morphèmes                        
1. Les variantes ou allomorphes                                                                            25
2. Le morphème discontinu (ou à signifiant discontinu)                             34
3. L'amalgame                                                                                                     37
4. Le morphème zéro (ou à signifiant zéro)                                              40
5. Les formes de remplacement                                                                            46
6. La composition et la dérivation                                                           49

CHAPITRE III.          La morphologie                       
1. La définition traditionnelle                                                                  61
2. La conception de la linguistique moderne ou structurale        62
3. Morphologie et morphématique                                                                          63
4. Morphonologie et morphophonologie                                                   64
CHAPITRE IV.         Morphologie et modèles grammaticaux                   
1. Item and arrangement                                                                                       71
2. Item and process                                                                              72
3. Word and paradigm                                                                                           73

CHAPITRE V.          Les classes de morphèmes                    
I. Généralités                                                                                                       77
II. Noms, verbes et adjectifs                                                                  80
1. Définitions d'ordre sémantique                                                            80
2. Définitions d'ordre psychologique                                                        82
3. Définitions plus grammaticales                                                           82
4. Définitions informativo-syntaxiques                                                    83
III. Autres classes de morphèmes                                                          95
1. Adverbe                                                                                                           95
2. Conjonctions et prépositions                                                              97
3. Pronom et participe                                                                                          106
4. Interjection                                                                                                       108
5. Autres classes de morphèmes                                                                          109

En conclusion                                                                                                      110

BIBLIOGRAPHIE                                                                                                  111

                                             2ÈME PARTIE : APPLICATIONS

CHAPITRE I.            La Genèse              
I.    Français                                                                                                        117
II.  Allemand                                                                                                       143
III.  Russe                                                                                            153
IV.   Finnois                                                                                                         159
V.    Hongrois                                                                                                      169
VI.   Latin                                                                                             179
VII.  Grec ancien                                                                                   191
VIII. Hébreu                                                                                                          207
IX.   Arabe                                                                                                           213
X.    Japonais                                                                                                      219
XI.   Chinois                                                                                                         227

CHAPITRE II.           Conjugaisons                         
I.    Espagnol                                                                                                       237
II.   L'exemple d'un verbe hébreu
III.  Latin
IV.   Italien              

CHAPITRE III.          Les débuts de l'écriture           
I.    Hiéroglyphes égyptiens
II.   Cunéiformes sumériens

On peut se procurer l'ouvrage auprès des Publications de l'Université de
Provence (29, av. Robert Schuman, 13621 Aix-en-Provence cedex 1 ; tél.:
04 42 95 31 91 ; mél : pup@up.univ-aix.fr) pour le prix de 28 E.

Christian Touratier est agrégé de grammaire et professeur de
linguistique générale à l'Université de Provence. Il a écrit des
articles sur de nombreuses langues romanes, indo-européennes et non
indo-européennes. Il a publié une Syntaxe latine (Peeters, 1994),
Le système verbal français (A. Colin, 1996), La sémantique (A. Colin,
2000). Il assure, par ailleurs, l'édition des Travaux du Cercle
linguistique d'Aix-en-Provence, qu'il a fondé avec le slavisant Paul
Garde.

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{FR, 16/02/2003}

METHODOS - SOMMAIRE DU N°3

                                             Figures de l'irrationnel

L'irrationnel se définit moins qu'il ne se décline, en fonction de sa
relation avec son autre, guère plus absolu : la raison. Quelques-uns de
ses cas, quelques-unes de ses figures, qui amènent à remettre en cause
des frontières trop franches, sont proposées ici. Comment comprendre
l'ancrage persistant des physiciens Parménide et Empédocle dans les
religions à mystères ou le chamanisme ? L'expérience délirante que fait
du divin le héros des Bacchantes d'Euripide ne traduit-elle pas les
limites d'une raison humaine qui ne peut jamais avoir le dernier mot ?
À un autre niveau, l'alchimie classique, quand elle se dit hermétique,
ne peut pas être confondue avec ce qu'en fait l'ésotérisme du XIXe
siècle. Il y a enfin ces figures incarnées de l'irrationnel. Non
seulement le fou, mais aussi la femme, l'enfant, le primitif. Le concept
de "dégénérescence" alliera, dans la psychiatrie et la criminologie du
XIXe, toutes ces prétendues formes de l'anormalité, préparant ainsi peu
à peu son renversement à venir, le dépassement de la raison ordinaire
dans la figure de l'artiste. C'est précisément à ce destin que le
surréalisme voue le primitif, jusqu'à la contradiction qu'il y a à
reconstruire une authenticité et une spontanéité perdues. Il faut
ajouter le mystique à cette liste, qui, au sein de trois approches
différentes (Lévy-Bruhl, Bergson, Bataille), apparaît comme le terrain
d'une expérience où la raison joue avec son autre.

André LAKS
              Phénomènes et références : éléments pour une réflexion sur la
              rationalisation de l'irrationnel
Fabienne BLAISE
              L'expérience délirante de la raison divine :
              les Bacchantes d'Euripide
Bernard JOLY
              La rationalité de l'hermétisme. La figure d'Hermès dans
              l'alchimie à l'âge classique
Stéphane LEGRAND
              Portraits du dégénéré en fou, en primitif, en enfant et
              finalement en artiste
Philippe SABOT
              Primitivisme et surréalisme : une "synthèse" impossible ?
Frédéric KECK
              Le primitif et le mystique chez Lévy-Bruhl, Bergson et Bataille

                              Analyses et interprétations

Fabien CHAREIX
              La maîtrise et la conservation du corps vivant chez Descartes
Pascale GILLOT
              Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza
Christian KRIJNEN
              Le sens de l'être. Heidegger et le néokantisme
Frédéric COSSUTTA
              Pour une critique sceptique de la pragmatique transcendantale
              de K. O. Apel

                              Travaux

Compte rendu des activités de l'UMR " Savoirs et textes " pour les
années 2001-2002 (Séminaires, Colloques, Thèses, Publications).


Conditions de vente : Cette revue est en vente en librairie, ou peut
être commandée directement aux
              Presses Universitaires du Septentrion
              rue du Barreau B.P. 199
              59654 Villeneuve d'Ascq Cedex, France
              http://www.septentrion.com
              sinaoui@univ-lille3.fr

Les numéros 1 (2001) et 2 (2002) sont encore disponibles.

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{FR, 16/02/2003}

VIENT DE PARAÎTRE

                                                            L'Herne
                                                            Saussure

              Ouverture
Simon Bouquet - Saussure après un siècle
Rudolf Engler - Polyphonie

              Une philosophie sémiotique
François Rastier - Le silence de Saussure ou l'ontologie refusée
Jonathan Culler - L'essentiel de l'arbitraire
Herman Parret - Métaphysique saussurienne de la voix et de l'oreille
  dans les manuscrits de  Genève et de Harvard
Françoise Atlani-Voisin - Le don de l'Inde
Jean-Paul Bronckart - L'analyse du signe et la genèse de la pensée
  consciente 
Sémir Badir - Ontologie et phénoménologie
Patrice Maniglier - La langue : cosa mentale

              L'épistémologie d'une science du langage
Antoine Culioli - Un linguiste devant les textes saussuriens
Marie-José Béguelin - La méthode comparative et l'enseignement du
  Mémoire
Gabriel Bergounioux, Bernard Laks - Portrait de Saussure en phonologue
  contemporain
Jacques Coursil - Architecture de la signification : lecture systémique du
  corpus saussurien
Jean Blaise Grize - Langue et parole, logique et discours
Ludwig Jäger - La pensée épistémologique de Ferdinand de Saussure
Jacques Geninasca - "Signe", "forme-sens", formant
Roy Harris - L'écriture : pierre d'achoppement pour la sémiologie
  saussurienne
Marie-Claude Capt-Artaud - La langue, mystérieux milieu intermédiaire
Marina De Palo - L'asymétrie du signe chez Saussure

              Linguistique(s) de la parole
Yves Bonnefoy - Parole poétique et linguistique saussurienne
André Green - Linguistique de la parole et psychisme non conscient
Alain Manier - Le psychotique, Saussure et le psychanalyste
André Green, François Rastier, Jean Starobinski - Linguistique(s) de la
  parole et "interprétation"
Béatrice Turpin - Légendes Mythes Histoire. La circulation des signes

              Textes de Saussure  (section organisée par Sémir Badir)
Notes pour un livre sur la linguistique générale
 (présentation et édition : Kazuhiro Matsuzawa)
Notes sur l'accentuation lithuanienne
 (présentation et édition : Ludwig Jäger, Mareike Buss, Lorella Ghiotti)
La légende de Sigfrid et l'histoire burgonde
 (présentation et édition : Béatrice Turpin)
Onze vers de Lucrèce sur l'illusion amoureuse
 (présentation et édition : Francis Gandon)
Lettres de Leipzig, 1876-1880
 (présentation et édition : Ludwig Jäger, Mareike Buss, Lorella Ghiotti)
Les Aventures de Polytychus
 (présentation et édition : Sémir Badir)

Bibliographie ; Chronologie ; Iconographie

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{FR, 16/02 et 12/03/2003}

LA POULE ET L'OEUF

Discussion entre Philippe GREA (Maître de Conférences en Linguistique,
Nancy) et François RASTIER (Cnrs).

PG> Je suis actuellement sur un problème délicat d'analyse sémique. Il
s'agit d'un texte surréaliste dans lequel Breton rapproche l'oeuf et une
partie de cartes. Je tente, bien péniblement, je dois l'avouer, d'en
tirer une description qui soit conforme à SI. Voici une copie du texte :

"L'oeuf est un partie de cartes qui se joue avec des cartes de couleurs
 non pas rouge et noire mais jaune et blanche. Le jeu, sous peine
 d'interruption de la partie, ne doit pas être battu. Le gagnant, pourvu
 non de cheveux mais de plumes, en sort mouillé et sa mère vient
 aussitôt le prendre en charge."

Voici l'analyse que je fais, plus un bon nombre de questions :
Le texte présente deux isotopies génériques : une isotopie cible
/oiseau/ (?) et une isotopie source /jeu de cartes/ (?).

FR> Oui, surdéterminé par Nature vs Culture. Poule, mot non présent,
mais associé à mère, est attesté depuis 1665 pour désigner l'enjeu d'une
partie de cartes (cf. aussi au billard). Et si poule alors oeuf
(afférence des plus philosophiques).

PG> Dans ce cas : isotopies mésogénériques entrelacées. Autre solution,
deux isotopies macrogénériques : /animé/ (pour l'oeuf ?) vs. /inanimé/
(pour cartes ?).

FR> Non, car il y a les joueurs et le jeu.

PG> Ou alors /animal/ vs. /humain/ ? Dans ce cas isotopies
macrogénériques entrelacées.

FR> Oui.

PG> D'une manière générale, je suis incapable de décider si je dois
considérer que l'oeuf est animé/animal et si la partie de cartes est
inanimée/humaine : en tout cas, ça semble bizarre. Quoiqu'il en soit,
j'en reste à la première hypothèse pour la suite de l'analyse.

FR> Oui.

PG> Première phrase : "L'oeuf est une partie de cartes..."
Phrase attributive, elle sert d'interprétant et indique l'existence
d'une connexion métaphorique (cf. Sémantique interprétative, p. 194).
Problème, aucun sème spécifique commun à première vue. Si la phrase
était prise seule, nous aurions affaire à un énoncé absurde (?).

FR> Oui.

PG> ... "qui se joue avec des cartes de couleurs non pas rouge et noire
mais jaune et blanche."
Ici, nous avons affaire au taxème //'couleurs'// (lexicalisé). 'rouge',
'noir' sont indexés sur l'isotopie /partie de cartes/, 'jaune', 'blanc'
sont indexés sur /oiseau/. Du coup, il ne s'agit pas d'une connexion
métaphorique entre jaune/blanc et rouge/noire. Il me semble que certains
éléments de réponse figurent à la p. 196 de SI.

FR> Il va falloir que je regarde !

PG> Deuxième phrase : "Le jeu, sous peine d'interruption de la partie,
ne doit pas être battu."
'jeu' a le sème spécifique /duratif/ : du coup, on peut le réécrire
|genèse, maturation| sur l'isotopie /oiseau/ (?) et sème macrogénérique
contradictoire /inanimé/ vs. /vivant/ (?) 'interruption' indexé sur
/jeu de cartes/ peut se réécrire |mort| sur l'isotopie /oiseau/ (?).
Sème spécifique commun /terminatif/, sème macrogénérique contradictoire
/inanimé/ vs. /vivant/ (?).

FR> - Partie -> gestation

PG> 'battu' est anisotope : signifiant polysémique qui peut apparaître
dans les expressions intégrées 'battre un oeuf' ou 'battre un jeu de
cartes', il sert d'interprétant (?).

FR> Oui, c'est un "signifiant d'interface". Sans doute d'ailleurs à
l'origine de la phrase.

PG> Troisième phrase : "Le gagnant, pourvu non de cheveux mais de
plumes..."
'gagnant' (indexé sur /jeu de cartes/) peut se réécrire |poussin| sur
/oiseau/ : sème spécifique commun /résultatif/ (?)

FR> Oui.

PG> opposition générique /humain/ vs. /animal/. 'cheveux' et 'plume'
reprennent la même connexion mais sans réécriture (/animal/ vs.
/humain/). Problème, quel est le sème spécifique commun : /produit de
l'épiderme???/.

FR> Phanère.

PG> "...en sort mouillé et sa mère vient aussitôt le prendre en charge."
'mouillé' pourrait se réécrire |transpirant| sur l'isotopie /jeu de
cartes/ (la transpiration comme conséquence de la pression psychologique
du jeu). Mais cette réécriture n'est pas pertinente : mouillé
n'entretient pas de connexion avec 'jeu de cartes'.

FR> Oui.

PG> Mais je ne parviens pas à formuler exactement la raison de cette
asymétrie. Plus précisément, je ne sais pas si le fait qu'une isotopie
soit la cible bloque sa réécriture sur la source.

FR> Pas par principe. Une disparité entre isotopies peut avoir un effet
humoristique, en maintenant une double perception.

PG> Même chose pour 'mère', avec en plus une autre question : 'mère'
n'est-il pas anisotope ? Nous avons la mère du poussin comme la mère du
gagnant, et il est difficile de dire que mère est indexé sur /oiseau/.
Dois-je traiter 'mère' de la même façon que 'battu'?

FR> Oui, voir l'expression "mère poule". En fait il y a un changement
subreptice de la relation source-cible, entre les deux premières phrases
et la troisième. On commence par les cartes et on finit par le
poulailler.

PG> Même interrogation pour l'expression intégrée 'prendre en charge' :
anisotope ou indexé, et si indexé, sur quelle isotopie?

FR> animale dominante, mais 'prendre en charge' suppose une
responsabilité d'où rémanence de /humain/.

PG> Le problème, c'est qu'il y a vraiment un gouffre entre la
compréhension d'une théorie et sa pratique réelle.

FR> L'interprétation n'est pas une science exacte ! Le problème est de
donner des critères de choix en cas de descriptions concurrentes.

PG> Je reprends. La première phrase met en place une connexion
métaphorique entre l'oeuf et la partie de cartes. Cette connexion se
fonde sur l'existence d'isotopies macrogénériques entrelacées et sur un
interprétant clair, le contexte équatif du début. Mais le reste de la
première phrase n'exploite pas directement cette possibilité. En effet,
dans la seconde phrase les réécritures d'une isotopie sur l'autre sont
relativement directes. Dans la première phrase en revanche, peut-on
réécrire le verbe 'jouer' et le nom /cartes/ sur l'isotopie /animal/?

FR> Non, mais précisément l'effet d'absurdité vient de l'impossibilité
d'une allégorèse -ou si les collègues du blending le permettent, d'un
scrambling entre les isotopies. Les deux isotopies génériques restent
partielles et inconciliables. L'effet d'absurdité vient aussi du fait
que le jeu et la couvaison ne semblent pas connectés dans la doxa, et
donc ne semblent pas hiérarchisables, alors qu'une "bonne" métaphore ou
allégorie assure selon Ricoeur une "promotion du sens".

PG> De même, le passage d'un système de couleur à l'autre (rouge et
noir vs. jaune et blanc) n'est pas fondé sur une connexion métaphorique,
puique nous sommes à l'intérieur d'un même taxème. Néanmoins, on ne peut
pas nier qu'une relation lexicale existe entre ces quatre couleurs
(antonymie noir/blanc, par exemple). Si elle existe, de quelle nature
est-elle selon vous?

FR> Tout oppose dans le contexte ces deux séries qui sont donc opposées
globalement. Ce serait surinterpréter que de chercher des relations
entre leurs termes.

PG> Dans la seconde phrase (Le jeu, sous peine d'interruption de la
partie, ne doit pas être battu.), le système de réécriture était le
suivant : 'jeu' avec sème spécifique /duratif/ se réécrit |genèse,
maturation|. En outre, 'interruption', avec sème spécifique
/terminatif/, se réécrit |mort|.

FR> Ici, ce serait naissance

PG> De votre côté, vous avez ajouté que : Partie -> Gestation. Ceci
m'amène à ma question : si jeu et partie sont synonymes dans ce
contexte, cela veut-il dire que les réécritures doivent être
nécessairement synonymes (genèse, maturation et gestation sont très
synonymes). Peut-on, dans ce cas précis, se contenter de reproduire la
même réécriture pour 'jeu' et 'partie', à savoir |gestation|. Ou bien
doit-on tenir compte de la différence qui existerait entre 'jeu' et
'partie' et la répercuter sur les réécritures? Quelle serait la nature
de cette différence?

FR> Je crois qu'il ne vaut mieux ne pas multiplier les gloses : si
partie de cartes suffit, on n'a pas à étudier le rapport avec d'autres
gloses équivalentes : ce serait transformer notre commentaire en objet.

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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 16/02/2003}

Centre André-Georges Haudricourt - Centre de recherche sur l'Oralité
Trois Journées d'études 2003

                              Processus et Supports de la Mémoire Sociale

                                Nicole Revel et Anne-Christine Taylor

A partir de données ethnographiques et en utilisant des supports
multiples (audio, audio-vidéo....), nous aborderons diverses formes
d'interaction et d'interlocution qui nous permettront de nous interroger
sur des techniques et des pratiques servant d'ancrage au souvenir.

Il s'agira de faire apparaître les mécanismes de la mémorisation,
indissociables de ceux de l'oubli, la transmission des compétences et
l'acquisition de la maîtrise des expressions verbales ou non-verbales
(graphiques, gestuelles, chorégraphiques....).

Nous considérerons, en outre, les types de lieux et d'événements qui
structurent l'expérience de la temporalité propre à chaque culture
considérée.
                                             ____________________

Centre André-Georges Haudricourt, 7 Rue Guy Môquet, Villejuif
Salle du rez de chaussée, Bâtiment D

Lundi 13 janvier 2003 : Processus de la Mémoire et Rituels

9h30 - 12h30
Franck Bernède : Jagar. Cérémonie de possession au Kumaon. Relation
  entre temps musical et temps rituel.
Marie-Pierre Gibert: Le rituel du Henné chez les Juifs du Yémen en
  Israël. Perpétuation et créativité.

14h - 17h
Frank Alvarez-Pereyre : Performances rituelles des textes de la
  tradition juive.
Georges Drettas : Récit de vie et rupture de la tradition. Un cas
  bulgare.


Mardi 18 Mars 2003 : Noeuds  de Mémoire

9h30 - 12h30
Jean-Pierre Chaumeil : Cordes à noeuds dans les Basses-Terres d'Amérique
  du Sud. Travail de mémoire et chronologie rituelle.
Jean-Pierre Caprile : Acquisition de système de numération et
  inscriptions corporelles chez les enfants (4 à 6 ans) monolingues e
  plurilingues d'Afrique centrale.

14h - 17h
Valentina  Vapnarski : L 'évènementiel : choix discursifs et détours de
  la mémoire en aire maya.
Florence Brunois : Le cosmos forestier des Kasua : Percevoir l'invisible
  par le visible et vice-versa (Papouasie-Nouvelle-Guinée)
                                             ____________________

Centre de Recherche sur l'Oralité, INALCO, 2 rue de Lille, Paris
Salons, Escalier C, 2ème étage.

Mardi 3 Juin 2003 : Épopées  Rituels  Mémoire sociale

9h30 - 12h30
Daniela Berti : Dieux, héros et députés. Mythologisation du politique en
  Himachal Pradesh (Inde du Nord).
Giselle Krauskpoff : Les lieux de mémoire (à préciser)

14h - 17h
Véronique Bouillier : Monastères Nâth au Rajasthan. La référence au
  saint fondateur : mémoire et environnement local. La tombe.
Nicole Revel : Cures chamaniques au sud des Philippines : Le voyage au
  ciel d'un héros palawan et d'un héros sama di laut.
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{FR, 16/02/2003}

8th Congress of the IASS-AIS - Lyon - July 7-12, 2004

       Les signes du monde : Interculturalité et Globalisation
       Signs of the World: Interculturality and Globalization
       Zeichen der Welt: Interkulturalität und Globalisierung
       Los signos del mundo: Interculturalidad y Globalización

The next world congress in semiotics, i.e. the 8th International
Congress of the IASS-AIS, will take place in Lyon, France,
on July 7-12, 2004, and will have the title: "Signs of the World :
Interculturality and Globalization". With this choice it is intended to
demonstrate that semiotics is able and willing to contribute fruitfully
to the discussions on the challenges of our time.

1er Appel à Communications et Propositions

Les signes se conçoivent et circulent dans un monde dont l'évolution
récente suggère un changement de nature des relations géopolitiques et
interculturelles. L'évolution des modes d'échange et de représentation
du monde, les stratégies élaborées aujourd'hui par les acteurs
politiques et institutionnels, invitent les sémioticiens à l'évaluation
critique et à la mise à jour de leurs concepts et de leurs outils
d'analyse. Le 8ème congrès de l'A.I.S., dont les thèmes seront
l'interculturalité et la globalisation, permettra de préciser les
apports spécifiques de la sémiotique à la compréhension du monde et au
débat politique, économique, culturel, esthétique et anthropologique.
Participant ainsi à la réflexion critique sur la globalisation et
contribuant à clarifier les problèmes qu'elle soulève, les sémioticiens
entendent être des acteurs du débat contemporain : comment rendre les
cultures du monde intelligibles les unes pour les autres dans leurs
différences mêmes.

Voici une première liste des thèmes sur lesquels vous êtes invités à
nous adresser des propositions.

1. Sémiotique théorique et épistémologie de la sémiotique
Les origines théoriques de la sémiotique seront confrontées aux débats
contemporains sur le signe et la communication. Les nouvelles
technologies d'information et de communication (N.T.I.C.) obligent-elles
la sémiotique à inventer des méthodes et des procédures particulières
d'analyse et d'interprétation ? Dans ce cadre, seront aussi abordées les
grandes questions théoriques qui se posent aujourd'hui à la sémiotique
quant à ses objets et à ses frontières :
- Le codage génétique et le génome sont-ils des langages que la science
déchiffre ?
- Y a-t-il des cultures animales ?
- Peut-on parler de culture sans représentation sémiotique ?

2. Différence et identité ; discrimination et négociation
La sémiotique s'intéresse aux formes de la sociabilité, aux rituels, aux
pratiques symboliques, aux systèmes politiques et aux religions qui
donnent des identités aux cultures. Nous nous attacherons aussi aux
modes sémiotiques de présentation de soi (systèmes de politesse et de
civilité) et aux stratégies symboliques qui régulent les rapports entre
les sujets et les cultures. On tentera d'analyser et de comprendre les
conflits et les guerres identitaires ; le congrès apportera une
attention critique et vigilante à l'analyse des thèmes et des discours
racistes et discriminatoires.

3. La communication : système d'échange et de production
Du fait de la mondialisation, se confrontent différents systèmes de
signes et de formes. Par le traitement symbolique de l'information, et
compte tenu de leurs pratiques nouvelles de production, de diffusion et
de réception, les médias construisent des systèmes d'intelligibilité
globale du monde. On s'interrogera sur le statut des différences
linguistiques (langues naturelles, langues des signes) dans un espace de
communication mondialisé, et l'on posera la question de la traduction et
de la poétique de la langue.

4. La sémiotique des pratiques culturelles.
Cuisine, habillement, habitat, ... : les pratiques culturelles, les
systèmes sémiotiques où se constitue et se représente l'identité
singulière et sociale, sont-ils en danger de nivellement ? Y a-t-il un
risque de marginalisation de certaines pratiques réduites au rang de
folklores ? La sémiotique peut prendre acte de l'émergence actuelle de
cultures en transition (cultures jeunes ou cultures gays...), rendre
compte des pratiques culturelles qu'elles inventent, des formes
d'appartenance et des identités symboliques qu'elles revendiquent.

5. Sémiotique des pratiques esthétiques
L'évolution contemporaine de la littérature, de la musique, de la
peinture et des arts du spectacle est-elle marquée par la
mondialisation ? Peut-elle nourrir une approche originale de
l'intersémioticité ? L'interculturalité dont les arts sont désormais
porteurs est-elle un facteur d'échange ou d'uniformisation ?

6. Une sémiotique de la mondialisation de l'espace et du temps
La sémiotique peut nous aider à mieux comprendre notre rapport à
l'espace et au temps, à la fois dans nos pratiques collectives et dans
nos usages individuels. La mondialisation entraîne-t-elle une approche
particulière de la temporalité, dans le temps quotidien comme dans le
temps de l'histoire (cultures polychrones ou monochrones, temps cyclique
ou linéaire) ? Fait-elle concevoir de nouvelles formes d'organisation et
de nouvelles pratiques de l'espace (politique de la ville et aménagement
du territoire) ? Comment accorder les dimensions culturelles,
symboliques et économiques de l'aménagement des territoires avec celles
de la préservation de la biodiversité ? La sémiotique peut-elle décrire
les nouvelles représentations de l'espace mondial, des déplacements et
des voyages ?

7. Discours critique sur l'économie politique
Il convient d'analyser la place et les usages des signes dans une
dynamique d'échanges généralisés et de communication mondialisée ; il
s'agit de décrire les formes d'une économie politique du signe. La
sémiotique de la globalisation pourra interpréter les usages de l'argent
comme signe dans nos pratiques politiques et culturelles. Le congrès se
proposera ainsi de formuler une critique sémiotique des logiques
dominantes de la globalisation libérale.

8. Sémiotique et histoire de la mondialisation
La sémiotique peut s'ouvrir aussi à l'histoire critique de la
mondialisation, de ses dimensions philosophiques et politiques, des
pratiques culturelles et des discours auxquels elle a donné lieu. On
s'interrogera sur la façon dont certains systèmes sémiotiques peuvent
devenir de véritables systèmes identitaires ("culture occidentale" vs
"culture orientale", culture "européenne", systèmes de représentations
religieuses) mis au service d'une dynamique de mondialisation et
susceptibles de modeler des antagonismes.


Modalités

Les propositions devront nous parvenir avant le 21/02/2003.

Il pourra s'agir de propositions de communications, de tables rondes,
d'ateliers ou, encore, de suggestions d'axes ou de champs d'analyse que
le présent appel n'aurait pas formulés. Les propositions, sous la forme
d'un texte de 2000 signes maximum, seront expédiées au format
électronique RTF, à l'adresse suivante :
              semio2004@univ-lyon2.fr
Toutes informations relatives au congrès sont disponibles sur à
l'adresse suivante :
              http://www.semio2004.org (site en cours d'élaboration)
ou            http://gric.univ-lyon2.fr/lti/

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{FR, 16/02/2003}

COLLOQUE
des 4, 5 et 6 décembre 2003 à Paris,
à L'ENS, 45, rue d'Ulm, salle Dussane
APPEL A COMMUNICATIONS

                              LANGUE LITTERAIRE ET CHANGEMENTS LINGUISTIQUES
                                             (DU XVIe AU XXe SIECLE)

La "langue littéraire" (notion à envisager elle-même dans une
perspective critique) infléchit-elle les faits de changement en histoire
de la langue ?
On orientera la réflexion de préférence sur les points suivants : les
spécificités de l'écrit, les contraintes du vers, l'intertextualité, la
réécriture, par le biais de corpus appropriés :
- le théâtre en vers, en privilégiant les textes présentant des
 corrections successives,
- le jeu des relations entre le vers et la prose pour une même oeuvre ou
 un même auteur,
- le champ de la traduction.
Les propositions de communication avec titre et résumé d'une page
maximum sont acceptées jusqu'au 1er mars 2003 (dernier délai). Merci de
les adresser
- soit par courrier à Madame Lydie Brisac, Secrétariat du GEHLF,
              46, rue d'Ulm, 75230 PARIS CEDEX 05,           
- soit par courriel à
              brisac@wotan.ens.fr

Le bulletin d'inscription vous sera adressé ultérieurement. Nous serons
heureux de compter sur votre participation.

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{FR, 16/02/2003}

                                             Colloque  "Sémiologie 2003"

                              De la diversité à l'unité du domaine :
                                 Théories, méthodes et objets

28 & 29 Novembre 2003, Sorbonne.

Peut-on aujourd'hui parler d'une sémiologie générale, au-delà de la
pluralité des sémiotiques et de la multiplicité des objets ? Sémiotique
et sémiologie ont en commun d'être des sciences des significations et
des pratiques signifiantes. Elles peuvent se spécifier en restant
équivalentes (sémiologie de l'image et sémiotique visuelle) ou s'opposer
par les objets travaillés (sémiotique littéraire, sémiologie du corps).

A Paris 5, nous concevons la sémiologie telle que l'a conçue Saussure
comme "la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie
sociale". Dans la lignée fonctionnaliste, certains étudient la
communication intentionnelle, d'autres à la suite de Roland Barthes,
traitent l'objet comme un système ouvert et voient en la sémiologie "une
interrogation de nos pratiques culturelles".  

Ce colloque a pour objectif :
- de débattre des principales notions utilisées en sémiologie (signe,
 icône, indice, structure, système, dénotation, connotation etc.) ;
- de questionner les différentes méthodes présentées afin de savoir si
 les nouveaux objets sémiotiques les font évoluer, en créer d'autres ;
- de même sera interrogée l'utilisation de disciplines connexes (telles
 la linguistique dans ses versants énonciatifs, pragmatiques, ou
 l'histoire, la psychanalyse, etc.) qui tendent à inscrire la
 sémiologie d'aujourd'hui dans l'anthropologie culturelle.

Quatre thématiques sont proposées en lien avec les quatre demi-journées
du colloque :
1. l'analyse systémique, approche et pertinence d'une méthode ;
2. procès de signifiance : construction du sens et parcours
  d'interprétation ;
3. sémantique et sémiologie, ou sémiologie et ... quels rapports ? ;
4. sémiologies en extension : sémiologie interculturelle, sémiologie en
  entreprise... (quels objets, quelles méthodes pour la sémiologie
  qu'on pourra dire "appliquée" ?).

Les propositions de communication (une page maximum) doivent être
adressées au comité d'organisation avant le 31 Mars 2003 (précisez votre
préférence pour une communication orale ou affichée - poster - SVP)
Par courrier électronique :
              colloq.semiologie@paris5.sorbonne.fr
ou postal : Anne-Marie Houdebine, Laboratoire Dynalang - SEM,
              Équipe sémio, 12 rue Cujas 75230 PARIS, cedex 05 - France
              Téléphone : + 33 (0)1 42 86 33 55
              amhoudebine@hotmail.com
Précisez sur la même feuille : Vos coordonnées personnelles pour envoi
de courrier - votre Université et / ou Laboratoire ou Entreprise - votre
statut.

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{FR, 16/02/2003}

                                                            ICHIM 03
                              "Les institutions culturelles et le numérique"
(An English version of this call is also available)

                          PRESENTATION

ICHIM 03, la septième conférence sur la numérisation du patrimoine
culturel se déroulera du 8 au 12 septembre 2003 à l'Ecole du Louvre
(Paris).

ICHIM 03 "Les institutions culturelles et le  numérique" abordera les
questions essentielles de la production et de la diffusion  numérique du
patrimoine culturel et scientifique pour les institutions, pour
l'enseignement et la recherche, et dans la création artistique.

Deux journées préliminaires proposeront des séminaires exclusifs et des
ateliers de formation de haut niveau. Elles seront suivies par trois
journées de communications, présentations, débats et démonstrations.

Des conservateurs, des experts, des administrateurs, des  scientifiques,
des éditeurs, des développeurs de technologie, des professionnels et
des artistes du monde entier viendront partager leur expérience,
apprendre de nouvelles méthodes, et forger des partenariats. Ils
éclaireront et débattront notamment de cinq thèmes principaux :

1. Contexte politique, économique, légal et technique des institutions
  culturelles et de l'édition électronique dans la "Société de
  l'information" ;

2. Stratégies managériales et technologiques de la numérisation du
  patrimoine culturel (état de l'art, applications exemplaires,
  présentation et audit de projets, question des compétences et des
  formations) ;

3. Valorisation, enrichissement des fonds numérisés, diffusion et
  exploitation (de l'intranet scientifique à la web-télévision de
  vulgarisation, en passant par les  bibliothèques en ligne : approches
  pratiques, techniques et critiques des meilleurs usages et
  expérimentations) ;

4. Muséographie et scénographie interactive (des terminaux nomades aux
  installations immersives et spectaculaires, sans oublier les
  expositions virtuelles : étude de cas, évaluation de la réception des
  publics, théorisation et recherche) ;

5. L'art numérique dans la création contemporaine et les institutions
  (Conservation, exposition, performances, valorisation, critique,
  étude dans les formations en histoire de l'art).

En parallèle à la conférence sont prévues des présentations de projets
institutionnels, expérimentaux, ou en recherche de partenaires ainsi
que des démonstrations de produits et solutions commerciales destinés
aux musées et à la valorisation du patrimoine.


                                             APPEL A PROPOSITIONS
                                Types, modalités, calendrier.

Les langues de travail seront le français et l'anglais, et trois sortes
de propositions sont encouragées :
A/ articles pour la conférence principale ; 
B/ séminaires/ateliers de formation  préliminaires ;
C/ exposition/démonstrations parallèles.


A/ Proposition  d'intervention  dans  la conférence (10-12 sept.) :

Nous vous invitons à nous faire part de vos propositions de contribution
avant le 28 MARS  2003. Vos  offres, d'environ  500 mots, doivent être
rédigées en français ou en anglais, et comporter les noms, titres et
coordonnées précises des auteurs ou co-auteurs  (avec  mention des
adresses électroniques et numéros de télécopie).

Le Comité Scientifique international d'ICHIM examinera toutes les
propositions transmises. Le 18 AVRIL 2003 l'acceptation sera notifiée
aux auteurs reçus qui se verront indiquer les spécifications techniques
précises pour leur contribution.

Les versions complètes et définitives des papiers (10 à 20 pages)
devront être remises par les auteurs le 2 JUIN 2003, date impérative
pour la bonne publication des actes d'ICHIM 03 qui seront remis aux
participants, et pour la participation à la conférence.

Vos propositions doivent être transmises par mél à :
              ichim03@ecoledulouvre.fr
ou à         ichim03@archimuse.com


B/ Proposition de "master class", de séminaire méthodologique ou
d'atelier de formation (8-9 sept.) :

Si vous souhaitez suggérer ou proposer une activité pour le programme
préliminaire, notez que celle-ci doit être destinée à un groupe de 6 à
15 personnes et doit comporter de 1 à 4 modules de 3h.

Veuillez prendre contact avec
              ichim03@ecoledulouvre.fr


C/  Offre de démonstration expérimentale ou d'exposition commerciale :

Veuillez prendre contact avec
              ichim03@ecoledulouvre.fr
vf 1.3 (12/01/03 * 8:50:39)
           ICHIM 03 est co-organisée par l'ECOLE DU LOUVRE   
                   <http://www.ecoledulouvre.fr> 
             et par ARCHIVES MUSEUMS INFORMATICS EUROPE 
                      <http://www.archimuse.com>
                                   
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