Carine DUTEIL-MOUGEL : INTRODUCTION À LA RHÉTORIQUE
ANNEXE 5 : Tropes (Cicéron)
TROPES / précisions |
DÉFINITIONS |
la
métaphore |
-
« J’appelle transposition (métaphore), le
transfert d’un mot pris d’une autre notion, par
l’intermédiaire de la ressemblance, à cause de
l’agrément qu’on y trouve ou du manque d’expression »
|
l’allégorie1 |
-
« Il en est bien un autre, qui découle de
celui-ci2,
mais il ne porte pas sur un seul mot employé
métaphoriquement ; il se trouve dans un groupe de mots
formant un tout, qui semblent dire une chose et en font comprendre
une autre. Exemple : “Et je ne souffrirai pas que la flotte
des Grecs, comme autrefois, heurte un écueil ”. Ou
encore : “Erreur, erreur ; tes transports, ta
confiance exagérée en toi-même seront retenus
par les rênes vigoureuses des lois, qui te feront sentir le
joug du commandement ”. »
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la métonymie |
« Pour
relever le style, on met un mot propre à la place d’un
autre mot propre […] Comme ornement de style, ce genre de
figure fait beaucoup d’effet et l’on doit l’employer
souvent. Dans ce groupe entrent les exemples suivants : “Le
Mars de la guerre est le même pour tous”, “Cérès”
pour “les moissons”, “Liber” pour “le vin”,
“Neptune” pour “la mer”, “la curie” pour “le sénat”,
“le Champ-de-Mars” pour “les comices”, “la toge” pour
“la paix, “les armes défensives” et “les armes
offensives” pour “la guerre”. De même on emploie les
noms de vertus et de vices pour désigner une personne chez
qui on les trouve : “La maison que le luxe a envahie” “où
la cupidité a pénétré” ou bien :
“la bonne foi a triomphé, la justice l’a emporté”.
»
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l’hypallage
|
« Quoique
ceci se fasse par transposition, autre est la transposition quand
Ennius dit : “J’ai perdu ma citadelle et ma ville”,
autre [elle serait s’il avait dit “citadelle” dans le
sens de patrie, et] quand il dit : “la farouche Afrique
trembla d’un terrible tumulte”, Afrique au lieu de
“Africains”. C’est la figure que les rhéteurs
appellent hypallage parce qu’il y a en quelque sorte
“substitution d’un mot à un autre, les grammairiens
métonymie, parce qu’il y a “transfert” de mots. »
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(la synecdoque)4 |
« nous
voulons faire entendre le tout en énonçant la partie
(quand nous disons, par exemple, “les murs” ou “les
toits” pour désigner l’édifice
entier), ou la partie en énonçant le tout,
(quand, pour un seul escadron, nous disons la “cavalerie
romaine”), ou le pluriel en employant le singulier “Mais le
Romain, même après le succès, est indécis
au fond de son cœur ”, ou le singulier en employant le
pluriel : “Nous5
sommes maintenant citoyen de Rome, après avoir été
autrefois habitants de Rudies” ou, dans ce genre, un tour
quelconque, tel qu’il faille comprendre non ce qui est dit, mais
ce qui a été pensé. »6
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la
catachrèse |
« Il
arrive aussi que nous étendions le sens d’un mot ;
cette figure est moins élégante que la métaphore ;
si elle est plus hardie, cela ne va pas forcément toujours
jusqu'à l’effronterie ; ainsi nous disons “un
discours imposant” pour “un long discours” et “un
esprit mince” pour “un petit esprit”.»
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NOTES
1 Cicéron juge les procédés qui suivent moins brillants que la métaphore.
2 De la métaphore.
3 Voilà ce que dit Cicéron sur ces premiers tropes dont il a traité : « Le nom est correct, mais quand au genre il vaut mieux suivre Aristote qui appelle toutes ces figures des métaphores. Démétrius de Phalère les multiplie beaucoup et elles sont des plus agréables ; et quoique la métaphore soit chez lui fréquente, nulle part on ne trouve cependant davantage de métonymies. » (L’orateur, XXVII, 94, page 33).
4 Cicéron précise que cette figure est très voisine de la métonymie mais qu’elle est moins brillante.
5 Ennius parle de lui seul.
6 Il s’agit sans doute de l’ironie.
7 Il s’agit de l’hypallage et de la métonymie.