2009_01_06
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SdT volume 15, numero 1.
 
 
                        LA CITATION DU MOIS
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            Dès que l'homme se sert du langage
            pour établir une relation vivante
            avec lui-même et avec ses semblables,
            le langage n'est plus un instrument,
            n'est plus un moyen,
            il est une manifestation, une révélation
            de l'être intime et du lien psychique
            qui nous unit au monde et à nos semblables.
 
                        Kurt Goldstein, 1933
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                SOMMAIRE
 
 
1- Presentations
    - Bienvenue a nos 4 nouveaux abonnes, dont Ali Akili, Thomas 
      Hirsch et Maia Ponsonnet.
    - Francois Rastier signale son changement d'adresse electronique
 
2- Carnet
    - Voeux 2009
    - Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
      "Poesie et connaissance. Formes du mythe dans la litterature
       grecque archaique et classique"
 
3- Textes electroniques
    - Portail des bibliotheques nationales europeennes
 
4- Publications
    - Syntaxe & Semantique, 9, Mathieu Valette (dir.) :
      "Textes, documents numeriques, corpus. Pour une science des
       textes instrumentee"
    - Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 4).
 
5- Appels : Colloques et revues
    - Seminaire "Cognition, communaute(s) et technique :
      l'emergence et l'institution de normes", Compiegne,
      19-23 janvier 2009
    - Atelier "Hans Blumenberg contre Heidegger", Paris,
      14-16 mai 2009
    - Journee ConSciLa "Semantique de l'oral spontane", Paris,
      6 fevrier 2009 (programme et resumes des communications)
         
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[information réservée aux abonnés]
 
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VOEUX
 
Meilleurs voeux à nos lecteurs pour cette nouvelle année !
 
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{FR, 22/12/2008}
 
SEMINAIRE
 
Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'Ehess, année 2008-2009
 
Titre général du séminaire :
        L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
 
Thème pour l'année :
        Poésie et connaissance. Formes du mythe
        dans la littérature grecque archaïque et classique.
 
Séminaire hebdomadaire, le lundi de 11 h à 13 h,
au 105 Boulevard Raspail, 75006 Paris, salle 5.
 
L'analyse du texte de la Théogonie d'Hésiode, lors du séminaire de 
2007-2008, a montré comment le mythe, qui est pris dans cette oeuvre 
comme forme systématique permettant d'ordonner tout ce qui peut ou a pu 
se dire sur le passé divin et héroïque, a une fonction critique dans la 
construction d'un présent possible.  Nous avons pu voir comment la 
réorganisation sémantique et syntaxique proposée par Hésiode des récits 
mythiques traditionnels, qui portent sur un passé posé à la fois comme 
définitivement révolu et comme modèle, est liée à une analyse précise 
des conditions du présent de la performance du texte.
 
La validité que vise le récit théogonique est semble-t-il double : à la 
fois la capacité d'intégrer sur le mode le plus cohérent possible 
l'ensemble des traditions narratives existantes, de manière à produire 
une présentation totalisante du divin et à construire les catégories 
qui permettent d'engendrer la multiplicité des récits traditionnels, 
et, également, la capacité de définir, par contraste, dans une 
sociologie implicite, les potentialités du présent humain et la 
pertinence des différents types de paroles, notamment poétiques, 
politiques et religieuses, qui ont le divin comme présupposé.
 
Comme les prises de position d'Hésiode, sur les versions du mythe et 
sur leur pertinence pour le hic et nunc de la performance, sont 
présentées en acte, sur un mode narratif et non argumentatif, en accord 
avec le matériau traditionnel qu'il analyse et réactualise, sans donc 
que le principes de la critique soient explicites, l'attention s'est 
également portée sur l'écoute que suppose cette forme de poésie, sur la 
virtuosité interprétative requise du public, dans la perception de la 
variance diachronique des formules et des types narratifs au cours du 
texte, cette variance donnant accès au sens.
 
Une comparaison a ainsi pu être esquissée avec une autre forme de récit 
interprétatif portant sur la totalité des choses, celui que, après 
Hésiode, déploient les théories cosmologiques des physiciens. Ces 
récits posent une autre relation entre passé et présent, puisque la 
présentation de l'origine des étants inclut le présent, qui devient 
ainsi l'élément d'un cycle, alors que la totalisation mythique est 
réalisée dans le passé une fois pour toutes. Ce genre de construction 
théorique suppose un autre emploi du langage, qui vise l'explicitation 
des principes déterminant la théorie. Paradoxalement, la poésie 
publique, en performance, d'Hésiode apparaît plus cryptée que le texte 
écrit, réservé à des cercles sociaux fermés, des physiciens, texte 
destiné à susciter une argumentation contradictoire.
 
Le séminaire de 2008-2009 interrogera d'autres utilisations du mythe, 
qui posent un rapport différent entre passé et présent :
- l'épopée "monumentale" de type homérique, à partir de passages théo- 
  et cosmogoniques : les modèles théogoniques sont présents, mais leur 
  signification change du fait qu'ils ne sont pas pris eux-mêmes comme 
  objet, mais servent, sur un mode figuratif, dans les discours, ou 
  schématique, dans la construction du récit, à construire une autre 
  réalité que l'histoire des dieux ;
- plusieurs odes lyriques (Pindare, Bacchylide), qui posent une
continuité entre passé et présent ;
- la tragédie, à partir du Prométhée d'Eschyle et des Troyennes
  d'Euripide, de manière à discuter la thèse souvent admise d'une perte 
  de sens du mythe, qui serait discuté à partir de valeur plus 
  modernes. Ce thème, la tragédie, nourrira l'essentiel des séances.
 
Parallèlement à la lecture des textes, seront examinées les thèses 
modernes majeures sur l'interprétation du mythe : les Romantiques, 
Ernst Cassirer et Hans Blumenberg, dans la tradition allemande ; pour 
la France : Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss et Jean-Pierre Vernant. 
Ces lectures aideront à cadrer la question, toujours ouverte, du 
rapport entre inventivité mythique et originalité poétique.
 
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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BON LIEN
 
Portail des bibliothèques nationales européennes
    http://search.theeuropeanlibrary.org/portal/en/index.html
 
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Publications Publications Publications Publications Publications
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VIENT DE PARAÎTRE
 
        Textes, documents numériques, Corpus.
        Pour une science des textes instrumentée
            (Syntaxe & Sémantique n° 9)
 
Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette. 150 p. 18 euros.
Information :
    http://www.unicaen.fr/services/puc/rubrique.php3?id_rubrique=55
 
L'accroissement massif des données textuelles numérisées (Internet, 
Gestion électronique de documents) génère de nouvelles questions et de 
nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des 
contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.
Il apparaît crucial pour la linguistique, science des textes, de 
prendre part et position face aux enjeux théoriques et méthodologiques 
naissants et de ne pas laisser à d'autres disciplines le soin de 
décrire, seules, ces nouveaux objets sémiotiques. Cette livraison de 
Syntaxe & Sémantique offre un panorama de recherches récentes menées 
actuellement sur l'instrumentation de la linguistique des textes dans 
la double perspective des études académiques (incidences de l'outil 
informatique sur l'étude des textes) et à visées sociétales (statut 
linguistique du document numérique, enjeux du multilinguisme).
 
 
                Sommaire
 
Mathieu Valette - ATILF, Nancy :
  Introduction : Pour une science des textes instrumentée
François Rastier - INaLCO, Paris :
  Sémantique du Web vs. Semantic Web ? Le problème de la pertinence
Ioannis Kanellos, Christian Mauceri - Telecom, Brest / IBM, Paris :
  Une conscience interprétative face à un univers de textes.
  Arguments en faveur d'une Analyse de Données Interprétative
Damon Mayaffre - BCL, Nice :
  De l'occurrence à l'isotopie. Les cooccurrences en lexicométrie
Sylvain Loiseau - LIMSI, Orsay :
  Corpus, quantification et typologie textuelle
Bénédicte Pincemin, Céline Guillot, Serge Heiden, Alexei Lavrentiev, 
Christiane Marchello-Nizia - ICAR, Lyon :
  Usages linguistiques de la textométrie. Analyse qualitative de la 
  consultation de la Base de Français Médiéval via le logiciel Weblex
Monique Slodzian - INaLCO, Paris :
  Paradoxes du multilinguisme
Jean-Michel Daube - INaLCO, Paris :
  De la lexicologie textuelle multilingue outillée
  à la lexicographie numérique
 
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TEXTO! http://www.revue-texto.net/
 
Au sommaire : XIII-4 (numéro coordonné par Jean-Louis Vaxelaire)
 
 
______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
 
Jean-Michel FORTIS 
    Le langage est-il un instinct ? 
    Une critique du nativisme linguistique, de Chomsky à Pinker 
 
Enrique BALLON AGUIRRE 
    De la sublimación del amor 
 
François RASTIER 
    Passages et parcours dans l'intertexte 
 
 
______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
 
André GREEN 
    Le rejet de la psychanalyse par Cl. Lévi-Strauss 
 
 
______Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE______
 
Gilbert VINCENT 
    Le concept de tradition selon Ricoeur 
    -Perspectives herméneutiques et pragmatiques 
 
 
______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
 
François VINCENT
    Sémiose et système saussurien : vers une formalisation ? 
 
 
______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
 
Sylvain LOISEAU 
    Corpus, quantification et typologie textuelle 
 
Christian MAUCERI 
    Interpretive Latent Semantic Analysis 
 
 
______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
 
François RASTIER 
    La généalogie d'Aphrodite
    -Réalisme et représentation artistique 
 
 
______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
 
Anje MULLER GJESDAL
    Référence du signe et sens textuel
 
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COLLOQUE
 
Séminaire Interdisciplinaire de
Philosophie, Sciences et Technologies Cognitives
 
        "Cognition, communauté(s) et technique :
         l'émergence et l'institution de normes"
 
Université de Technologie de Compiègne
Amphi Colcombet, Centre de Transfert
Du lundi 19 janvier au vendredi 23 janvier 2009
http://www.utc.fr/phiteco/seminaire2009/index.html
 
Réunissant des enseignants-chercheurs de l'UTC et des intervenants
extérieurs français et étrangers, le séminaire expose et confronte dans 
une perspective interdisciplinaire, sur un thème renouvelé chaque
année, les tendances actuelles des études cognitives. Le thème du 
séminaire de janvier 2009 est " Cognition, communauté(s) et technique : 
l'émergence et l'institution de normes ". Conformément à sa tradition, 
le séminaire souhaite principalement -mais pas exclusivement- traiter 
ce thème en relation avec les questionnements suscités par le phénomène 
de la technique et par l'émergence de nouvelles technologies 
(numérique, information, communication, robotique, réalité virtuelle, 
design, organisation,...) : comment les dispositifs techniques que nous 
fabriquons peuvent-ils affecter, voire transformer, nos façons de 
définir des valeurs et des normes collectives, mais aussi nos 
appartenances, nos désirs et nos identités ? Inversement, comment 
penser les conditions de l'émergence des normes d'usage de nouvelles 
technologies (communicationnelles, interactives, perceptives,...), et 
donc les conditions de la constitution de nouveaux types de communautés 
techniques ?
 
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COLLOQUE
 
            Hans Blumenberg contre Heidegger 
            14/05/2009 - 16/05/2009 : atelier
 
Hans Blumenberg est sans doute le plus important philosophe allemand 
après Heidegger, mais, assurément celui des penseurs d'après-guerre qui 
fut le plus sous-estimé. Connu, dès son premier grand ouvrage, La 
Légitimité des temps modernes (1966), pour être un historien complexe 
de la modernité, il a surtout été perçu comme un historien de la 
philosophie et un critique de la théologie. Son esquisse systématique 
de la Métaphorologie (1960) n'a été comprise qu'ultérieurement comme le 
pendant de l'histoire de l'être heideggérienne et comme une entreprise 
parallèle à la Grammatologie de Derrida. Les conséquences de sa 
frappante réfutation de la Théologie politique de Carl Schmitt n'ont 
pas encore été assez discutées. Comprendre et discuter l'entreprise 
philosophique de Blumenberg sera donc l'objectif de cette rencontre.
 
Dates : les 14, 15 et 16 mai 2009
Horaires : le 14 mai de 13h00 à 18h00, soirée à partir de 19h00, le 15 
mai de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, le 16 mai de 9h00 à 12h00
Lieu : Goethe-Institut (Paris)
Contact : Heinz Wismann, hwismann@noos.fr et Patricia Lavelle, 
patricia.lavelle@noos.fr
 
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JOURNEE D'ETUDES
 
        Sémantique de l'oral spontané
    Rencontre entre sémanticiens et spécialistes du français parlé
 
Journée ConSciLa du 06 février 2009
ENS, 45 rue d'Ulm - Amphithéâtre Rataud
organisée par Régis Missire
 
Alors que la syntaxe du français parlé fait depuis de nombreuses années 
l'objet de descriptions avancées, la question d'une "sémantique de 
l'oral" reste peu explorée : si d'un côté l'abstraction des conditions 
effectives de réalisation de la parole est en effet constitutive pour 
la sémantique lexicale, la sémantique textuelle a de son côté 
notoirement privilégié l'élaboration de ses modèles à partir de textes 
écrits. De fait, c'est bien dans les travaux des spécialistes du 
français parlé que l'on observe des intérêts variés pour les questions 
d'ordre sémantique en relation avec l'oral : outre les descriptions que 
les intonologues ont de longue date consacré aux valeurs sémantiques 
des contours prosodiques, on peut également mentionner la Grammaire de 
l'intonation (1998) de Laurent Danon-Boileau et Mary-Annick Morel qui, 
dans une problématique énonciative, a de fait intégré à son modèle une 
composante sémantique (cf. p. ex. la conception onomasiologique des 
constituants du "préambule") ou encore les analyses des reformulations 
et hésitations caractéristiques de l'oral spontané de Claire Blanche-
Benveniste, qui souligne les aspects dynamiques de la composition 
sémantique de l'oral (2005). Diversement abordées en intonologie, dans 
les études énonciatives ou en syntaxe, ces questions sont ainsi restées 
pour l'essentiel étrangères aux préoccupations des sémanticiens. Or une 
sémantique prenant pour objet les modalités d'assignation du sens aux 
suites linguistiques peut éclairer le fonctionnement de l'oral
spontané, et s'enrichir de sa description. Parmi les points de
rencontre entre sémantique et oral, on peut évoquer, notamment, les 
points suivants :
 
* Sémantisation du prosodique / prosodisation du contenu : si la 
prosodie module le flux expressif et établit des rapports figure / fond 
entre les composants de l'énoncé et les domaines ou entités auxquelles 
elles renvoient (par exemple le fonctionnement des contours prosodiques 
de thématisation comme détachant une partie de l'énoncé en lui donnant 
une saillance de figure (Lacheret, François, 2004), certains
sémanticiens ont développé complémentairement une conception prosodique 
du sens (cf. par exemple le concept de prosodie sémantique (Louw, 
1993), ou appréhender le plan du contenu dans des modèles continuistes 
de type reconnaissance de formes (hypothèse de la perception 
sémantique, Rastier 1991). Les approches gestaltistes en sémantique 
(Cadiot, Visetti, 2001) permettent notamment de traiter sur un mode 
continu (l'isotopie par exemple) les phénomènes segmentaux : ainsi, en 
considérant la variété d'empan syntagmatique au long duquel les formes 
sémantiques peuvent être lexicalisées, du plus compact au plus 
décumulé, devient-il possible de reprendre la question des relations 
entre phases amalgamées et décondensées du discours à tous les paliers 
de l'analyse.
 
* Énonciation et reformulation : le locuteur est son premier
interprète, et la profération linguistique n'est pas la simple 
actualisation d'un à-dire conceptuel selon une planification linéaire, 
mais également une détermination régressive de ce à-dire par 
approximations et reprises successives, c'est-à-dire par négation du 
déjà-dit. Reformulations, modifications, hésitations, etc. sont ainsi 
pour la sémantique un observatoire sur les cours d'action que 
constituent l'énonciation et l'interprétation, et un accès privilégié à 
la pensée qui s'élabore et se précise dans le temps même de sa 
formulation. 
 
* Production spontanée et phases de l'oral : Il importe également de 
décrire les régularités sémantiques corrélées aux types d'interaction 
et de contexte dans lesquelles les données orales sont recueillies 
(discussions à baton rompu, phases cursives plus longues (récit, 
témoignage), etc.) dans la perspective d'une poétique des genres de 
l'oral, et au-delà des caractéristiques des textualités de l'oral.
 
En confrontant spécialistes de l'oral -auxquels on a demandé de centrer 
leur intervention sur des questions de sémantique- et sémanticiens 
-auxquels on a demandé de travailler sur des données orales-, cette 
journée d'étude se propose de faire un point sur cette problématique, 
et susciter des rencontres entre chercheurs appartenant à des champs 
qui se croisent peu. 
 
 
Communications :
 
Claire Blanche-Benveniste
  À propos des interprétations sémantiques des reformulations
 
Simon Bouquet
  Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral 
 
Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
  Schématisation discursive et schématisation intonative :
  question de "genre" ?
 
Bill Louw
  La prosodie sémantique : miroir de la variation contextuelle,
  à l'écrit comme à l'oral
 
Régis Missire, Catherine Rouayrenc
  Sémantique du préambule :
  descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
 
Mary-Annick Morel 
  Mouvements du regard, des mains et de la mélodie : coénonciation, 
  colocution et gestion du sens dans le dialogue en français.
 
NB : les horaires détaillés de la journée seront communiqués 
ultérieurement.
            __________________
 
Claire Blanche-Benveniste
  Professeur émerite, Université de Provence / EPHE
 
    À propos des interprétations sémantiques des reformulations
 
Les phénomènes nommés "reformulations" -ou "bribes" [1], "ratés", 
"réparations", "disfluences"- sont présentés comme des caractéristiques 
de l'oral spontané. Dans les cas les plus nets, comme en (1), la 
plupart des analyses identifient une "erreur", 'quatre ans', un 
"indicateur" d'erreur 'pardon', et la "réparation" de l'erreur, 'trois 
ans' (en anglais "reparandum", "editor" et "repair" [2]) :
 
(1) cela fait quatre ans que je pardon trois ans que je travaille à la 
    salle
 
Pendant toute une période, ces phénomènes ont été étudiés en français 
surtout pour leur intérêt pragmatique : nombreuses reformulations dans 
les interactions, relations des locuteurs à leurs énoncés, traces de la 
planification des discours, etc.  Du point de vue de la grammaire de la 
langue, ils étaient généralement vus négativement, comme s'ils 
témoignaient que les locuteurs ne pouvaient pas en temps réel répondre 
à toutes les contraintes que leur imposerait la grammaire. Pour en 
rendre compte, disaient Apothéloz et Zay (1999), il valait mieux 
"s'affranchir de certaines attentes morphosyntaxiques". Ces phénomènes 
semblaient avoir peu d'intérêt sémantique [3]. Depuis les années 2000, 
ils intéressent les traitements automatiques du langage cherchant des 
modèles d'analyse (parsers) capables de décrire les productions orales 
spontanées. Du coup, il est question de créer des parsers qui seraient 
aussi efficaces que les humains dans le traitement de ces "réparations" 
(Ferreira & Bailey 2004 ; Heeman, McMillin & Yaruss 2006) et ces 
phénomènes sont interprétés dans des perspectives différentes de celles 
de l'erreur et plus orientées vers les mécanismes cognitifs.
 
Je voudrais proposer quelques pistes d'interprétation sémantique pour 
certains types de reformulations en forme de listes énumératives 
(entassements, piles [4]), qui ont une structure proche de celle des 
coordinations. En ce cas, ce qui a souvent gêné l'analyse c'est la 
difficulté à leur trouver un statut syntaxique satisfaisant, à traiter 
du caractère intentionnel ou non de leur production et à leur fournir 
un sens autre que celui de l'erreur. Pour décrire ces formulations, je 
ferai l'hypothèse qu'il ne s'agit pas de la difficulté à trouver une 
bonne dénomination pour un référent qui existerait préalablement à sa 
désignation mais qu'il s'agit très souvent de construire un référent et 
de le construire à travers des approximations successives, sans que le 
référent soit toujours réellement accessible par l'auditeur.
 
(2) c'est une sorte de comment dire pas peut-être une insulte mais un 
    mot pour désigner quelqu'un
 
Le rapprochement qui me semble éclairant, dans ce domaine, est celui 
qu'on peut faire avec des formes de littérature contemporaine (Michaux, 
Ponge, Pinget, Claude Simon), qui ont précisément orienté toute leur 
oeuvre vers cette difficulté à constituer des référents.
 
Références bibliographiques
 
APOTHELOZ, D. et ZAY, F., 1999, "Incidents de la programmation 
  syntaxique : reformulations micro et macro-syntaxiques", Cahiers de 
  Linguistique française n°21, 11-34.
BERRENDONNER, Alain, 1990, "Pour une macro-syntaxe", Travaux de 
  linguistique n° 21, 25-36.
BIKIALO, Stéphane, 2000, "La reformulation créative dans Le palace de 
  Claude Simon : détournement de la reformulation et déroute de la
  nomination", Semen, 12, Répétition, altération, reformulation dans 
  les textes et discours, 2000, [En ligne], mis en ligne le 4 mai 2007. 
  URL : http://semen.revues.org/document1874.html. Consulté le 25 
  juillet 2008. 
BLANCHE-BENVENISTE, Claire, 1987, "Syntaxe, choix de lexique et lieux 
  de bafouillage", DRLAV n° 36-37, Dialogues. Du marivaudage à la 
  machine, 123-157.
BLANCHE-BENVENISTE, Claire, 2003, "La naissance des syntagmes dans les 
  hésitations et les répétitions du parler", in Le sens et la mesure. 
  De la pragmatique à la métrique. Hommages à Benoît de Cornulier. 
  Paris: Champion, 153-169.
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Notes
 
[1] "Bribe" était le terme choisi par l'équipe du GARS pour éviter un 
jugement de valeur dans la terminologie (Blanche-Benveniste et Jeanjean 
1985).
[2] Terminologie explicitée par exemple dans Ferreira & Bailey 2004, 
Heeman, McMillin & Yaruss 2006.
[3] J'ai tenté à plusieurs reprises de rendre compte des processus 
dynamiques de constitution du sens, révélés par les bribes 
(Blanche-Benveniste 2003, 2005).
[4] "Piles" est le terme choisi par S. Kahane et K. Gerdes dans un 
article à paraître.
            __________________
 
Simon Bouquet
  Université Paris X Nanterre
 
    Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral 
 
Divisée entre des approches logico-grammaticales se réclamant souvent 
d'un "cognitivisme" hégémonique et des approches herméneutiques
dispersées -les premières comme les secondes souffrant d'un déficit de 
réflexion proprement générale-, on peut tenir que la linguistique est 
aujourd'hui, à cet égard, une discipline en crise. Dans cette
conjoncture, tenter de clarifier de possibles bases épistémologiques 
communes à de champs de recherche multiples apparaît comme une tâche 
salutaire.
 
A cette fin, une hypothèse mérite d'être examinée : la vision de 
Saussure pourrait, une nouvelle fois dans l'histoire des sciences 
humaines, jouer un rôle fondateur quant à une telle clarification 
épistémologique.  En effet, le manuscrit De l'essence double du 
langage, retrouvé en 1996 et publié en 2002 (Ecrits de linguistique 
générale, Paris, Gallimard), n'a pas seulement permis de relire 
l'ensemble du corpus des textes originaux saussuriens et d'apprécier 
combien ceux-ci sont incommensurables au Cours de linguistique
générale ; il peut également être considéré comme l'esquisse,
consistante et originale, de principes épistémologiques propres à 
définir une science du langage unifiant linguistique de la langue et 
linguistique de la parole.
 
Ces principes épistémologiques -qu'on qualifiera de néosaussuriens pour 
les différencier de ceux reçus du Cours- se laissent développer dans 
les quelques propositions suivantes :
 
1. la description du langage par une science dite linguistique peut 
être conçue comme articulant inséparablement deux domaines d'analyse : 
celui de la langue et celui de la parole -ou du discours ("Sémiologie = 
morphologie, grammaire, syntaxe, synonymie, rhétorique, stylistique, 
lexicologie etc., le tout étant inséparable", ELG, p. 45) ;
 
2. cette linguistique duelle est concevable, essentiellement, sur la 
base de deux principes généraux -le principe de sémioticité et le 
principe de différentialité- posés comme transversaux à ses deux 
domaines :
2.1. le principe de sémioticité postule un objet homogène pour la 
linguistique de la langue : l'objet "signe" ; celui-ci ressortit à 
trois sphères de "signes locaux" -dont les unités irréductibles sont 
respectivement : le phonème, le morphème, la position syntaxique-, ces 
unités sémiotiques se composant dans des plexus sémiotiques, à la fois 
par une articulation interne à leurs trois sphères et par la triple 
articulation de ces sphères entre elles ; selon le principe de 
sémioticité étendu à la linguistique de la parole, cette dernière a 
affaire à des "signifiés globaux" qui (a) s'étendent à la totalité 
d'une séquence de parole analysée, (b) peuvent être regardés comme 
composant eux-mêmes des unités et des plexus, (c) déterminent 
l'interprétation des signes locaux de la langue ;
2.2. le principe de différentialité pose que les signifiés de langue et 
des signifiés de parole peuvent être décrits par une notation (une 
"littéralisation") strictement différentielle -en d'autres termes : par 
une algèbre répondant exclusivement des relations systémiques des 
objets posés comme "signes" par le principe de sémioticité ;
 
3. concevoir que l'analyse des signifiés de langue et des signifiés de 
parole est inséparable -et, d'autre part, que ces deux types de 
signifiés peuvent faire l'objet d'une littéralisation différentielle- 
revient à postuler une quadruple articulation du langage, dont rend 
compte, crucialement, l'écriture de "lois de corrélation" régissant la 
détermination des signifiés locaux de la langue par les signifiés 
globaux de la parole.
 
Après avoir précisé les grands traits de cette perspective
épistémologique, on l'illustrera par une application à la "sémantique 
de l'oral", en examinant comment une "grammaire de langue"
différentielle des pronoms personnels français se laisse articuler à 
une "grammaire de parole" différentielle, pour rendre compte de 
l'intégralité des emplois possible desdits pronoms personnels. 
            __________________
 
Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
  Laboratoire MODYCO, Université de Nanterre, Paris Ouest, France
  Université de Neuchâtel, Suisse
  ENS, CNRS, Lattice, Paris
 
    Schématisation discursive et schématisation intonative :
    question de "genre" ?
 
Cette communication s'ancre sur les concepts d'espace scénique et de 
géométrie intonative que nous travaillons dans une approche 
contextualisée de la prosodie, fondée sur l'hypothèse majeure 
"qu'énoncer, c'est construire un espace, orienter, déterminer, établir 
un réseau de valeurs référentielles, bref un système de repérage." 
(Culioli 1999). 
 
Jusqu'à présent, nous nous sommes appuyés principalement sur des 
discours narratifs (récits de vie en situation radiophonique) pour 
sonder cette hypothèse (Lacheret & al. 1998, Lacheret 2003). Il s'agit 
ici d'explorer un tout autre type de données, ou autre genre : des 
séquences explicatives extraites de corpus d'itinéraires, dont les 
premiers fondements d'analyse intonative sont présentés dans Lacheret & 
al. (2007) [1]. Deux modes de représentation sont ici en jeu : spatiale 
(évocation de lieux) et procédurale (déplacement). Autrement dit, un 
parcours dans l'espace peut être analysé de manière schématique comme 
un but à atteindre, le point d'arrivée, composé d'un ensemble de 
sous-buts, ou étapes intermédiaires au trajet. Le déplacement entre le 
point de départ et le point d'arrivée est considéré comme un trajet 
global et le déplacement entre deux étapes intermédiaires est vu comme 
un trajet élémentaire. L'objectif est de montrer comment l'organisation 
prosodique de ce type de discours relève de deux processus centraux : 
segmentation discursive et mise en saillance d'éléments, tous deux 
associés à l'empaquetage conceptuel en cours. En d'autres termes, les 
schémas prosodiques renseignent sur la représentation cognitive de 
l'énonciateur relativement à ces différents types de trajets et sur la 
façon dont il donne à voir l'objet de discours. En conséquence, elle 
nous permet de poser des hypothèses précises sur les indices perceptifs 
utilisables par le co-énonciateur pour s'approprier cette 
représentation.
 
En pratique, il s'agit de défendre une méthode d'analyse inductive et 
interprétative de la dynamique des constructions prosodiques. Cette 
approche repose sur l'analyse d'un jeu d'indices acoustiques précis et 
quantifiés (application d'un principe de quantité pour le repérage de 
proéminences et de frontières prosodiques de rang variable). 
 
L'hypothèse du principe de quantité et l'analyse qui en découle 
conduisent à la mise au jour de la représentation cognitive de l'espace 
à manipuler et à l'interprétation linguistique de ses différentes 
modalités de construction : évocation d'entités et saillance relative 
de ces entités, liage ou ruptures entre entités et relations de 
contraste ou de symétrie associées, marquage graduel des points de 
jonction et transitions, mais aussi parfois relations conflictuelles 
entre différents repères inhérentes à la planification spontanée du 
discours [2].
 
Références Bibliographiques
 
Berrendonner A. & al. (à par.) : Grammaire de la période.
Culioli A. (1999) : Sur quelques contradictions en linguistique. Pour 
  une linguistique de l'énonciation, 2, Ophrys.
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  thématisation en français parlé", Cahiers de Praxématique, 30,
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Lacheret (2003) : La prosodie des circonstants, Louvain, Peeters
Lacheret A., Victorri B., Avanzi M. (2007) : "La mise en scène 
  intonative dans la description d'itinéraires en milieu urbain", in 
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Victorri B, Fuchs C. (1996) :  La Polysémie. Paris, Hermès, 1996.
 
Notes
 
[1] Certes, ce types de données conforte merveilleusement bien une 
certaine façon de travailler en sémantique qui repose sur une 
conception spatiale des représentations cognitives (Fauconnier & 
Sweetser 1996, Victorri & Fuchs 1996). Néanmoins, si nous considérons 
que l'opération de repérage constitue un processus inhérent au 
fonctionnement discursif en général (repérage spatial ici, temporel là, 
modal ailleurs), il est possible de faire émerger des principes 
d'organisation prosodique génériques qui, par delà la variation de 
genres, reflètent la dynamique des constructions discursives et 
praxéologiques (mise en saillance d'unités, empaquetage) et sont 
déclencheurs d'effets interprétatifs précis.
[2] Voir les concepts de "schémas d'action" : <action-confirmation> vs. 
<action-réfection> travaillés dans le cadre de la Grammaire de la 
période (Berrendonner & al., à par.)
            __________________
 
Bill Louw
  University of Zimbabwe
 
    Semantic prosody: mirroring contextual variation
    in oral and written language.
 
(texte inédit présenté par Carmela Château, Université de Bourgogne)
 
The term 'prosody' has always implied a predisposition for the spoken 
word rather than its written counterpart (Cudden, 1979: 537; Abrams, 
1971:139). Even Grice (1978: 124) supposes that irony will be 
instantiated as a form of tone of voice. Recourse to a specialized 
treatment of the relevant linguistic terms (Crystal, 1975) offers 
little help: definitions for paralanguage or paralinguistic features 
are redolent with the idea that voice gesture is involved in many 
aspects of their realisation. However, very few scholars have 
questioned the issue of tone to the point of asserting that the nuances 
of meaning inherent in phenomena such as irony might be recoverable 
within the fabric of the language itself, rather than merely within its 
suprasegmental features, or even its grammatical and structural 
elements. The key to taking this inquiry further lies in pursuing the 
analogy provided by 'gesture' by means of probabilistic, predictive and 
computational models that relate the co-occurrence of linguistic forms 
to the situational and cultural contexts that generate them (see 
Sinclair's (2006) pamphlet entitled Phrasebite). Empirical 
respectability for doing this resides in the use of large corpora of 
natural language, such as the Bank of English and the British National 
Corpus. One example of this type of model, based upon Breal's notion of 
meaning by contagion, is to be found in Louw's (1993) widely-quoted 
article that establishes binarity of choice for all breaches of a 
semantic prosody: irony or insincerity. This study and its widely 
ignored further proof (Louw, 2000) by means of the automation of 
Firthian (1957) assertions and Sinclairean amplification (1991) make 
the case not only for the fact that exceptions to a semantic prosody 
(Louw, 1993) are scientifically recoverable, but that the binary 
distinction operates at levels of empirical reliability that are 
self-verificatory (Louw, 2003) of the scientific rigour underpinning 
semantic prosody. This fact frees earlier investigations from their 
reliance upon the limited range of intuitively-derived examples or 
poorly recorded voice recordings that are often produced to establish 
claims made for a tone-of-voice model. Collocation alone is capable of 
settling the matter as to how precisely context and culture imprint 
themselves upon the fabric of language through newly discovered forms 
of markedness (Enkvist, 1973; Louw, 2003, 2007; 2008). These forms of 
markedness (delexicalisation and relexicalisation) (Sinclair, 2004: 
181) are themselves the product of (1) Firth's (1957) assertion, proved 
by Sinclair in the OSTI Report (Krishnamurthy, 2004) that collocation 
is not a syntactic phenomenon, but 'abstracted' from syntax, (see 
Halliday, 1966, contra) and (2) that all literary and humorous devices 
have in common the phenomenon of relexicalisation (Louw, 2008). The net 
result of this corpus-based approach to meaning is that voice and 
gesture theories may now be abandoned in favour, not of syntactic 
methods, but of methods that have opened for inspection the contexts of 
culture and situation. These operate at the high level of abstractness 
assigned to collocation by Firth (1957), in conjunction with Malinowski 
(1935), Sinclair (2006) and Louw (2007; 2008) for collocation as 
instrumentation for language and by Louw (2008) using the work of 
Wittgenstein (1922) and Frege (1884) to determine the segmentation or 
chunking (see also Sinclair and Maurenen, 2006) of contexts rather than 
co-texts, and of Carnap (1928) and Russell (1947) to determine the 
nature of events and their recoverability using computational means.
 
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  D.F. Pears and D.F. McGuiness, 1960. London: Routledge and Kegan 
  Paul. 
            __________________
 
Régis Missire, Catherine Rouayrenc
  CPST - Université Toulouse 2 / ITEM - CNRS
  CPST - Université Toulouse 2
 
    Sémantique du préambule :
    descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
 
Rompant avec une conception trop partiellement formulée en termes de 
détachement ou de dislocation des arguments verbaux, Morel et
Danon-Boileau ont proposé dans leur étude du français parlé (1998) des 
descriptions renouvelées de la périphérie gauche de l'énoncé oral 
spontané. Ce qu'ils ont appelé préambule serait ainsi justiciable d'une 
analyse tout à la fois intonative et segmentale, dont la forme 
maximalement décumulée consisterait en une suite ordonnée de 
constituants opposables par leur position et leur fonction, énonciative 
ou argumentale, selon le modèle général :
 
  Préambule = ligateur + point de vue + modus dissocié + cadre + 
  support lexical disjoint
 
Clairement onomasiologique (chacune des positions de ces séquences 
pouvant être occupée par des unités linguistiques de nature et de 
longueur variable), cette perspective théorique revêt, à côté d'une 
dimension formelle liée à la position relative des segments, un 
caractère interprétatif s'agissant de l'assignation de telle fonction à 
telle partie du préambule. C'est à détailler la distribution entre 
paramètres sémantique et syntaxique (i.e. positionnel) que nous 
souhaitons consacrer cette communication, en nous attachant en 
particulier :
 
(i) à décrire les modalités de "conflit" entre contraintes
positionnelle et sémantique : par exemple, alors que certaines 
particules énonciatives manifestent préférentiellement telle dimension 
sémantique, que se passe-t-il quand elles apparaîssent dans une 
position non canonique ? sont-elles tendanciellement recatégorisées, ou 
bien la prescriptivité de cet ordre canonique souffre-t-elle des 
aménagements ? On montrera notamment qu'il convient de distinguer au 
moins deux grands types de parcours thématiques dans le préambule en 
fonction de la position du support lexical disjoint.
 
(ii) à étudier les façons dont les catégories locutoires s'instancient, 
en prêtant notamment attention aux différents jeux de décumul ou d
'amalgame de ces catégories, pour lesquels on proposera une typologie 
(on distinguera par exemple le figement linguistique de segments 
solidarisant plusieurs de ces dimensions (p.ex : "je sais pas mais") et 
l'indifférenciation entre certaines de ces catégories (p. ex certains 
emplois de "moi" qui peuvent être tout à la fois point de vue, cadre ou 
support disjoint). 
 
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  L'exemple du français oral, Ophrys.
            __________________
 
Mary-Annick Morel
  Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (EA 1483)
 
    Mouvements du regard, des mains et de la mélodie : 
    coénonciation, colocution et gestion du sens 
    dans le dialogue en français.
 
La présentation repose sur l'analyse de plusieurs corpus de dialogues 
enregistrés en audio et en vidéo. Il s'agit d'analyser les 
cooccurrences d'indices (direction du regard, variations de la mélodie, 
éventuellement geste de(s) main(s)) accompagnant la gestion du sens par 
le parleur et les anticipations coénonciatives que ces indices 
manifestent. Il s'agit également de prendre en compte les productions 
sonores ou gestuelles de l'écouteur (celui auquel les propos sont 
adressés) et de proposer des hypothèses plus précises sur son temps de 
réaction, et sur la nature des indices qui traduisent l'interprétation 
des anticipations faites par le parleur, du côté de l'écouteur.
 
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