2009_04_20
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SdT volume 15, numero 2.
 
 
                        LA CITATION DU MOIS
            ________________________________________________
 
            Tant que les philosophes ne deviendront pas  
            grammairiens, ou les grammairiens philosophes,  
            la grammaire ne sera ni ce qu'elle était chez  
            les anciens, une science pragmatique et une  
            partie de la logique, ni en général une science.
 
                    Friedrich von Schlegel, Athenäum
            ________________________________________________
        
 
                SOMMAIRE
 
 
1- Presentations
    - Bienvenue a nos 6 nouveaux abonnes, dont Virgine Ducay et  
      Nouzha El Kouchi.
    - Simon Bouquet change d'adresse.
 
2- Publications
    - Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIV, 1).
 
3- Textes
    - Gaetan Pegny : "Avec humanite et douceur", telle une
      lettre de Spinoza
 
4- Appels : Colloques et revues
    - Ecole thematique "Methodes informatiques et Statistiques en  
      Analyse de Textes", Besançon, 14-19 juin 2009.
    - Colloque "Karl Buhler, penseur du langage -Linguistique,  
      psychologie et philosophie", Paris, 29-30 avril 2009.
    - Journee d'etude "Nous n'avons jamais ete humains :
      La nature humaine au prisme de la science-fiction et de  
      l'anthropologie", Paris, 7 mai 2009.
    - Colloque "Perception semiotique et socialite du sens",
      Paris, 15-16 juin 2009.
    - 6emes Journees Internationales de la Linguistique de Corpus,
      Lorient, 10-12 septembre 2009.
        
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[information réservée aux abonnés]
 
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{FR, 06/042009 et Texto!, 17/04/2009}
 
TEXTO! http://www.texto-revue.net
 
Au sommaire : XIV-1 (coordonné par Evelyne Bourion)
 
 
______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
 
Bernard ANCORI
    Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
    la Grèce ancienne, l'Occident médiéval
 
Smaïl DJAOUD
    Quelques processus d'élaboration de concepts sur le Maghreb  
    dans les sciences sociales (Julien, Bourdieu et Tillion)  
 
François RASTIER et Mathieu VALETTE
    De la polysémie à la néosémie
 
 
______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
 
Emmanuel DESVEAUX et Philippe LACOUR
    Logiques amérindiennes  
 
Philippe LACOUR
    Malaise logique dans la culture
Sur une ambiguité épistémologique de l'anthropologie contemporaine.
 
 
______Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS______
 
François RASTIER
    Sémantique Interprétative.
    Préface à la troisième édition (avril 2009)  
 
 
______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
 
Ecaterina BULEA
    Dynamique langagière et dynamique matérielle :  
    attitudes épistémologiques face à un problème philosophique  
 
Maria Antónia COUTINHO, Rosalis PINTO, Audria LEAL, Carla TEIXEIRA et
Ana CALDES
       La dynamicité de la langue dans des textes de différents genres  
 
 
______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
 
Benoît HABERT
    Lire : Méthodiquement  
 
 
______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
 
Coralie REUTENAUER
    Analyse et modélisation sémantiques à partir de ressources
    lexico-sémantiques
Rapport de stage.
 
Mathieu VALETTE
    Pour une science des textes instrumentée
Introduction à Syntaxe & Sémantique, n°9, 2008,
numéro thématique "Textes, documents numériques, corpus.
Pour une science des textes instrumentée."
 
 
______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
 
Julie SORBA
    La mer tragique et l'héritage homérique -Étude des lexèmes
    hals, thalassa, pelagos et pontos dans les tragédies d'Eschyle  
 
Charlotte LACOSTE
    Un cas de manipulation narrative : Les Bienveillantes
Ou comment éveiller le génocidaire qui sommeille en chacun de nous.
 
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{FR, 06/04/2009}
 
Cartographique : "Avec humanité et douceur..." [1]
 
        Monsieur,  
    
Vous vous étonnez sans doute que j'aie tant tardé à m'exprimer au sujet
des libelles qui prétendent me défendre. Il est vrai que j'ai déjà
exprimé ce que j'avais à dire de la manière la plus claire qui soit
possible, mais cela ne suffit point lorsque la lecture est d'emblée
biaisée. On peut ainsi lire, sous la plume d'un de ces auteurs publiés
à Paris dont on m'a appris l'existence, qu'"il y a donc comme deux
Éthiques coexistantes, l'une constituée par la ligne ou le flot continu
des propositions, démonstrations ou corollaires, l'autre, discontinue,
constituée par la ligne brisée ou la chaîne volcanique des scolies.
L'une, avec une rigueur implacable, représente une sorte de terrorisme
de la tête, & progresse d'une proposition à l'autre sans se soucier des
conséquences pratiques, élabore ses règles sans se soucier d'identifier
les cas. L'autre recueille les indignations & les joies du coeur,
manifeste la joie pratique & la lutte pratique contre la tristesse, &
s'exprime en disant "c'est le cas". En ce sens, l'Éthique est un livre
double. Il peut être intéressant de lire la seconde Éthique sous la
première, en sautant d'un scolie à l'autre." [2]
 
Le propre des scolies de l'Éthique serait ainsi leur caractère "positif,
ostensif, agressif" [3]. Il est vrai que les scolies, comme leur nom
l'indique, visent à expliquer les propositions ; il est vrai aussi que
je suis un être de chair & de sang, & que le plus sage parmi les sages
reste en proie aux passions, ce qui fait qu'on voit l'homme en lisant
ses écrits ; il est de fait vrai aussi que j'ai parlé en termes très
vifs des prêtres et de leur jalousie, ainsi que de ceux dont la seule
jouissance consiste à enfermer leur argent dans leur cassette [4], &
qu'il me semblait alors honorable, & non infamant, de risquer ma vie
pour la liberté. Mais c'est que la plus grande fermeté peut s'allier à
la plus grande douceur, & ce monsieur de Leuze aurait dû relever que
c'est bien dans un des scolies de mon Éthique que j'avance que celui
"qui s'efforce de conduire tous les autres par raison agit, non par
impulsion, mais avec humanité & douceur, & a l'esprit suprêmement en
paix." [5]
 
Il n'y a donc chez moi nul terrorisme, & certainement aucun "terrorisme
de la tête". L'homme vivant sous la conduite de la raison désire
observer la règle de la vie et de l'utilité commune [6], & si j'ai pu
dire que je n'ai rien voulu écrire qui ne s'accorde entièrement avec les
lois du pays, la liberté et les bonnes moeurs [7], ce n'était point pour
masquer ce que mes écrits pouvaient avoir de séditieux, car je ne
pratique pas le double langage. C'est qu'il est vrai qu'en tous temps et
en tous lieux, l'avare est le plus prompt à critiquer le riche lorsqu'il
est pauvre, & qu'il n'a jamais été question pour moi de remplacer les
anciens maîtres par de nouveaux. Si je me suis exprimé à la fois avec
fermeté & douceur -ce que l'on peut nommer prudence, mais non
dissimulation-, c'est parce que j'avais conscience que des séditieux
pouvaient utiliser mes écrits pour se constituer un masque de sagesse &
de générosité, ce que j'ai tâché de prévenir avec un succès dont je
savais qu'il ne pouvait être que partiel. Ce Marx et plus encore ses
suivants, ainsi que ceux qui n'aiment en moi que ce qu'ils considèrent
être une anticipation de leur propre pensée et ne dédaignent pas la
rhétorique, n'y ont jamais songé : c'est que l'homme reste semblable de
sa nature, & retombe éternellement dans les travers que de plus anciens
ont pourtant déjà décrits.
 
De plus, mon Éthique est une, en ceci que j'ai voulu la placer tout
entière sous l'égide de la vérité, qui est marque d'elle-même & du faux,
& sa simple communication, toute nue & issue de la seule raison, a une
valeur immédiatement pratique, la violence des usurpateurs et des
traîtres ne pouvant s'exercer sans les masques que fabriquent les
prêtres de diverses obédiences, dont ceux qui prétendent être des
généreux mais sacrifient la vérité à la politique ne sont pas les moins
cruels.
 
    Ton ami,
    Baruch.
 
par Gaëtan Pégny
publié dans Le Bateau Fantôme n° 3 (septembre 2003), p. 70-72
 
Notes :
[1] Spinoza, Éthique, IV, 37, scolie I.
[2] G.Deleuze, Spinoza et le problème de l'expression, Paris, éditions
    de Minuit, 1968, p. 318.
[3] Ibid.
[4] Traité théologico-politique, 20.
[5] IV, 37, scolie I, trad. B. Pautrat, Paris, Seuil, p. 397
[6] Ibid., IV, 73.
[7] Traité théologico-politique, § 20 et préface.
 
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{Mellet, 07/03/2009}
 
ECOLE
        Ecole thématique du CNRS
    "Méthodes Informatiques et Statistiques en Analyse de Textes"
 
L'Ecole thématique du CNRS "Méthodes Informatiques et Statistiques en  
Analyse de Textes" (MISAT) aura lieu du 14 au 19 Juin 2009 à Besançon.
 
Cette école est destinée à toutes les personnes désireuses d'acquérir  
ou de perfectionner des compétences en vue de la constitution et de  
l'analyse de corpus de textes dans le cadre de recherches  
pluridisciplinaires, notamment en analyse du discours : chercheurs  
confirmés, jeunes chercheurs, post-doctorants et doctorants, étudiants  
de Master2 s'orientant vers une thèse, ingénieurs, archivistes,  
documentalistes, professionnels de diverses branches.
 
Elle est organisée par le pôle Archive, Bases, Corpus de la MSHE de  
Franche-Comté et par l'UMR Bases Corpus Langages CNRS-UNS-MSH de Nice,  
et bénéficie de la participation d'une quinzaine de formateurs, tous  
spécialistes reconnus, membres notamment du réseau JADT.
 
Les inscriptions sont ouvertes et une première sélection de
candidatures aura lieu à partir du 10 Avril, première date-limite de  
dépôt.
 
Toutes les informations utiles se trouvent sur le site de l'Ecole MISAT  
    http://laseldi.univ-fcomte.fr/ecole/ .
Contacter jmviprey@univ-fcomte.fr.
 
L'Ecole MISAT est soutenue par la Délégation Centre-Est du CNRS.
 
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{FR, 06/04/2009}
 
COLLOQUE
 
chaire de Philosophie du langage et de la connaissance
UMR 7597 / Histoire des Théories Linguistiques (CNRS, U. Paris-Diderot)
 
        Karl Bühler, penseur du langage
        Linguistique, psychologie et philosophie
 
29 et 30 avril 2009
Collège de France - 11, place Marcelin-Berthelot - 75005 Paris
Accès libre, sans inscription
 
Comité organisateur :
Sylvie Archaimbault (CNRS, HTL)
Jacques Bouveresse (Collège de France)
Janette Friedrich (Université de Genève, HTL)
Jean-Jacques Rosat (Collège de France)
Didier Samain (Université Paris-Diderot, HTL)
            ____________________
 
À l'occasion de la toute récente parution de la traduction française de  
la Sprachtheorie de Bühler (1934) -Théorie du langage. La fonction  
représentationnelle, éditée par Janette Friedrich et Didier Samain,  
Agone, janvier 2009 [1]-, la chaire de philosophie du langage et de la  
connaissance du Collège de France (Pr Jacques Bouveresse) et l'UMR 7597  
d'Histoire des Théories Linguistiques (HTL) du CNRS et de l'Université
Paris-Diderot organisent les 29 et 30 avril au Collège de France, à  
Paris, un colloque intitulé : Karl Bühler, penseur du langage.
Linguistique, psychologie et philosophie.
 
Née à un moment où la psychologie se constituait en discipline
autonome, tout en restant nourrie par la réflexion philosophique,
l'oeuvre de Bühler occupe, pour l'histoire contemporaine des sciences  
du langage, une position privilégiée, traversée de surcroît par les  
divers questionnements de l'époque. On a souvent mentionné sa relation  
critique à Wundt puis à la Gestalt, à la phénoménologie husserlienne et  
au Cercle de Vienne, et, du côté des linguistes, à la phonologie  
naissante. Ce ne sont là du reste que les interférences les plus  
notoires. En linguistique, l'oeuvre doit sans doute autant à Paul et  
Brugmann qu'à Troubetzkoy, et la remarque vaut mutatis mutandis pour  
les autres champs disciplinaires. L'originalité du médecin et  
philosophe de formation qu'était Bühler aura notamment tenu au dialogue  
qu'il a constamment mené avec les grands linguistes de son temps, sans  
être à proprement parler "linguiste" lui-même.
 
Lontemps ignoré en France, Bühler y bénéficie désormais d'un réel
intérêt. Dans ces conditions, la parution prochaine d'une traduction  
française de son oeuvre majeure, la Sprachtheorie, dont ce sera de  
surcroît la première édition critique, comblera une réelle lacune dans  
les publications francophones. Toutefois, tout comme le reste de
l'oeuvre, l'accès à ce texte et la compréhension de ses enjeux n'en  
restent pas moins délicats. C'est ainsi, pour ne citer que cet exemple  
immédiat, qu'on crédite généralement Bühler, à juste titre, de la thèse  
que le langage ne se limite pas à sa fonction cognitive, puisqu'il
possède aussi une fonction "d'appel" et une fonction "d'expression". Or  
c'est pourtant bel et bien la fonction représentationnelle que l'auteur  
mentionne en sous-titre de la Sprachtheorie, en lui conférant donc  
d'office un statut privilégié.
 
Parce qu'elle était en relation avec l'ensemble du savoir linguistique,  
psychologique et philosophique d'une époque particulièrement féconde  
pour les sciences humaines, l'oeuvre de Bühler engageait une réflexion  
générale sur le rapport entre langage et cognition, et entre sciences  
du langage et disciplines connexes. Elle invite aussi, et peut-être  
plus fondamentalement, le linguiste et le philosophe d'aujourd'hui à  
réfléchir sur nombre de notions (langue, phrase, ...) qui constituent  
leur métalangage ordinaire.
 
Notes
[1] Préfacée par Jacques Bouveresse, cette édition inclut une
    présentation de l'oeuvre par Janette Friedrich, le texte traduit
    par Didier Samain, un appareil de notes et un important glossaire.
            ____________________
 
mercredi 29 avril - salle 2
Matinée - Présidence : Didier SAMAIN
 9h00 Ouverture : Jean-Jacques ROSAT (Collège de France)
                  Sylvie ARCHAIMBAULT (CNRS, HTL)
 9h15 Janette FRIEDRICH (Université de Genève)
   La force représentationnelle du langage
10h30 Pause
10h45 André ROUSSEAU (Université Lille III)
   La dette de Karl Bühler à l'égard de deux prédécesseurs :
   Philipp Wegener et Alan Gardiner.
12h00 Pause-déjeuner
Après-midi - Présidence : Sylvie ARCHAIMBAULT
14h00 Michel DE FORNEL (EHESS)
   Champ déictique et champ symbolique
15h15 Fiorenza TOCCAFONDI (Université de Parme)
   Karl Bühler's Theory of Perception
16h30 Pause
16h45 Jérôme DOKIC (EHESS)
   Deixis à l'imaginaire et simulation
18h00 Fin de la première journée
 
jeudi 30 avril - salle 5
Matinée - Présidence : Janette FRIEDRICH
9h15 Didier SAMAIN (Université Paris 7)
   Linguistique ou théorie du langage, généricité des concepts et
   axiomatisation des domaines
10h30 Pause
10h45 Perrine MARTHELOT (université Paris1, EXeCO)
   De la Crise de la psychologie à la Théorie du langage :
   le langage aux prises avec le monde
12h00 Pause-Déjeuner
Après-midi- Présidence : Jean-Jacques ROSAT
14h00 Kevin MULLIGAN (Université de Genève)
   Signification vs vouloir dire chez Bühler, Wittgenstein
   et leurs contemporains
15h15 Federico ALBANO LEONI (Université de Rome "La Sapienza")
   Karl Bühler et la physionomie acoustique des mots :
   les occasions manquées de la phonologie
16h30 Pause
16h45 Jacques BOUVERESSE (Collège de France)
   Karl Bühler et le mode de pensée axiomatique dans
   les sciences du langage.
18h00 Fin du colloque
 
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{FR, 19/04/2009}
 
JOURNÉE D'ÉTUDE
 
    Nous n'avons jamais été humains : La nature humaine
    au prisme de la science-fiction et de l'anthropologie
 
Organisateurs : Serge Gruzinski et Marika Moisseeff
7 mai 2009 - 9h30 à 21h00
Musée du quai Branly - Théâtre Claude Lévi-Strauss
37, quai Branly ou 218, rue de l'Université - 75007 Paris
Métro ligne 9 : Alma-Marceau ; RER C : Pont de l'Alma
 
Dans le cadre de l'exposition Planète métisse, Serge Gruzinski, qui en  
est le commissaire, et Marika Moisseeff, un des auteurs du catalogue de  
cette exposition, organisent une journée d'étude sur la notion  
d'identité humaine et les questions connexes d'anthropomorphisation du  
non humain et d'animalisation de l'humain.
 
Seront, notamment, explorées les conséquences de l'alliance entre  
science et technologie sur les représentations occidentales
contemporaines de la nature humaine à partir desquelles les Occidentaux  
tendent à se définir en tant que groupe culturel particularisé en  
regard d'autres cultures telles que, par exemple, celles qu'ils  
inclinent à désigner sous l'appellation "peuples premiers". Ces  
représentations de la nature humaine s'adossent aux théories de  
l'évolution et de la néoténie : les espèces se succèdent et  
s'engendrent dans une dissimilitude orientée ; mais l'homme aurait  
cette particularité de naître avant terme, conservant des potentialités  
qui l'auraient conduit à développer des techniques avec lesquelles il  
est devenu apte à se transformer lui-même. Dans cette perspective,  
l'humain renvoie à une espèce inachevée dont le devenir a partie liée  
avec la technologie.
 
Ainsi, plus la science s'évertue à spécifier ce qu'il en est de la  
nature humaine, plus elle tend à la rattacher à la fois au préhumain et  
au posthumain. Tout s'est donc passé comme si au moment où le  
développement de la science, au XIXe siècle, avait offert à l'homme  
occidental le moyen de définir sa nature propre indépendamment de sa  
relation à Dieu, il s'était vu de plus en plus contraint à la concevoir  
comme fondamentalement hybride : animale et humaine et/ou naturelle et  
artificielle. Le socle de ce renouvellement de la définition
occidentale de l'humanité est une hiérarchisation, non seulement des  
espèces, mais également des "peuples" ou "civilisations", les
orientations sexuelles et les modes de reproduction étant appréhendés  
comme plus ou moins évolués en fonction de leur degré de recours à la  
science et à ses émanations technologiques.
 
La redéfinition des frontières entre les humains et les non humains,  
animaux et machines, permet d'envisager la possibilité pour l'homme de  
créer des doubles de lui-même tels que chimères, clones, robots et  
cyborgs. Et les auteurs de science-fiction, en donnant corps et en
mettant en scène les hybrides nés de l'imaginaire scientifique, nous  
incitent à regarder ce qu'ils reflètent de la conception occidentale de  
l'humanité et à réfléchir sur la teneur idéologique qu'elle véhicule.
De ce point de vue, il faut considérer les oeuvres de science-fiction  
comme des productions mythologiques. En tant que telles, elles donnent  
un accès privilégié à la cosmologie occidentale contemporaine et au  
système de valeurs censé expliciter la hiérarchisation des êtres et des  
groupes culturels. Dans les oeuvres de science-fiction, les auteurs  
jouent sur ces différentes dichotomies telles qu'elles tendent à être  
articulées dans l'idéologie occidentale. Les problèmes interculturels y  
sont entrecroisés avec ceux liés à la différence des sexes, de même que  
l'hybridité humain/animal, humain/machine permet d'aborder de façon  
innovante la question des minorités sexuelles.
 
 9h30 Accueil du public (accès libre) Théâtre Claude Lévi-Strauss
10h00 Serge Gruzinski - CNRS, Introduction
 
Matin : Identité homme-animal, homme-machine
10h10 Conférence de Marika Moisseeff - CNRS
   Nature contre culture ou le pouvoir animalisant de la viviparité  
   dans certains films de science-fiction.
11h10 Pause café
11h30 Table ronde
Denis Vidal - IRD et Emmanuel Grimaud - CNRS, ethnologues
   Une perspective anthropologique sur les dieux et les robots
   autour de la présentation du film d'Emmanuel Grimaud Cosmic City,  
   les dieux robotisés attaché au livre Dieux et Robots qu'il vient de
   publier aux Editions L'Archange Minotaure.
13h00 Pause déjeuner
 
Après-midi : Altérités sexuelles et culturelles
14h30 Marika Moisseeff- CNRS, Introduction
14h40 Conférence d'Elisabeth Vonarburg, écrivain de science-fiction :  
   Vraies histoires fausses
15h40 Pause café
16h00 Table ronde
Joëlle Wintrebert et Pierre Bordage, écrivains de science-fiction,
Maxime Cervulle - Paris 1, sociologue des médias et des études  
culturelles,
   Peau noire, prothèses blanches : Will Smith et les robots,  
   science-fiction et anxiétés raciales.
18h00 Conclusion
 
18h30 Projection du film Aeon Flux, de Kusama Karyn, 93mm, 2005, USA.
 
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{FR, 06/04/2009}
 
COLLOQUE
 
        Perception sémiotique et socialité du sens
 
Paris, 15-16 juin 2009
Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, 75005 Paris
 
    Argumentaire 
 
Les évolutions (inter)disciplinaires des dernières décennies ont
reconduit pour l'essentiel une opposition, que l'on pourrait qualifier  
de fondatrice, entre deux grandes approches de la cognition et du  
social. L'une prend son point de départ dans les préférences et les  
projets portés par les individus, et cherche ensuite à faire émerger de  
leurs interactions les dynamiques collectives, tout en restant  
attentive aux déterminations qu'en reçoivent en retour les vies  
individuelles (individualisme méthodologique dit 'complexe'). L'autre  
porte d'abord son attention sur les structures socio-sémiotiques  
publiques, pour ensuite retrouver les vies individuelles dans leurs  
efforts pour s'adapter à, et, si possible, transformer, des formes et  
des rôles largement préconstitués (forme de holisme que, par symétrie,  
on pourra qualifier aussi de complexe).
 
Bien que fondamentalement inchangée dans sa polarité depuis Durkheim,  
cette confrontation s'est trouvée quelque peu renouvelée dans les  
années récentes, marquées notamment par le développement des sciences  
cognitives et le programme de la naturalisation, par les progrès  
réalisés dans la modélisation des systèmes complexes, par la relance  
aussi des problématiques d'inspiration phénoménologique dans les  
sciences cognitives et du langage. La vision du social et du symbolique  
héritée par exemple de l'anthropologie structurale a été questionnée à  
partir de là.
 
Dans cette conjoncture historique, un certain nombre d'orientations  
philosophiques se sont avérées éclairantes, dans la mesure précisément  
où elles reconduisaient, chacune à sa façon, à la question d'une  
constitution croisée du cognitif et du social, redistribuée entre  
diverses instances : sujets, corps, langages, pratiques, techniques.  
Sans aucunement répondre à un projet explicite de totalisation, une  
anthropologie philosophique a commencé de prendre corps au travers d'un  
ensemble d'approches : déploiement, dans la postérité de Husserl, d'une  
thématique du Lebenswelt ; phénoménologie sémiotique d'inspiration  
merleau-pontienne ; philosophie des formes symboliques dans la  
filiation de Cassirer ; philosophies wittgensteiniennes ou
pragmatistes (expression, habitus, normativité, sens commun) ;  
philosophie de la technique comme constitutive de l'humain. Sur un plan  
plus directement scientifique, ces orientations ont été relayées par  
les épistémologies dynamicistes et constructivistes (voire  
enactivistes), par les théories gestaltistes et microgénétiques du  
langage et de la perception, dans toute une série de travaux
d'anthropologie linguistique, plus généralement dans l'étude des formes  
et pratiques sémiotiques - enfin, dans certains travaux
(interprétations ou modèles) attenant aux neurosciences.
 
Le présent colloque se propose donc de renouveler le débat entre les  
deux grandes approches évoquées en ouverture. Plus précisément, il  
s'agit d'élaborer des cadres dans lesquels puissent se rapprocher, et  
peut-être co-évoluer, d'une part des modèles (philosophiques comme  
scientifiques) de la perception, du corps propre, de  
l'intersubjectivité et de la signification (souvent repris de la  
tradition husserlienne), et d'autre part des modèles socio-sémiotiques,  
dans lesquels formes symboliques, intentionnalités et conduites  
procèdent de participations à des interactions collectives, à la fois  
émergentes et instituées, car fondées sur la reprise de formes héritées  
et transmises.
 
A cette fin, on sera sans doute conduit à mettre en position centrale  
la question de la sémiose -prise au sens radical d'une sémiogenèse  
expressive et pratique, débordant la seule mise en oeuvre de système de  
signes, ou la simple réanimation de traces déjà individuées.  
Sémiogenèse vue alors comme une médiation essentielle de la conscience,  
et le principal étayage des intentionnalités, en tant qu'elles  
s'appellent, se forment et trouvent leurs limites dans cet exercice  
même. Sémiogenèse reposant, dans le même temps, sur la reprise de  
formes instituées et héritées, ou plutôt, sur un art et des techniques  
de cette reprise, impliquant des formes à la fois malléables,  
partiellement mémorisées et collectivement prolongées. Formes présentes  
à la conscience sans y être déterminées, et formes indicatrices d'une  
transcendance qui ne peut être du même type que celle d'un objet :  
plutôt celle d'un jeu, d'une norme, d'une destination par des tiers  
dont le mode de présence/absence n'est pas non plus celui de l'objet.  
Ce sont, à partir de là, la persistance et l'identité des projets et  
des objets qui apparaissent tributaires d'une précession de signes  
autorisant, par leur permanente reprise, la réitération de parcours de  
constitution (vécus, dans leur effectivité même, comme présence du  
social en chacun) : parcours toujours tributaires, donc, de régimes  
sémiotiques, c'est-à-dire expressifs et techniques, d'appréhension, de  
transformation, de destination (gestes, procédures, langages,  
inscriptions, instruments). Ces régimes se fondent sur une  
ritualisation des formes et des conduites, donnant lieu à une  
appréciation des écarts, selon les divers modes reçus de la reprise.  
Ils s'inscrivent dans des domaines dont le volet pratique est  
essentiel, et relèvent de genres qui engagent les sujets en fonction de  
modalités plus ou moins contraignantes.
 
Revenant au vocabulaire de la phénoménologie, on dira donc que le  
langage, la culture, le social, ne sont pas des superstructures qui  
viendraient s'empiler par-dessus un être au monde plus originaire : ce  
sont des dimensions intrinsèques de cet être-au-monde, qui est d'emblée  
être-au-monde-social et être-au-langage. On ne peut sans doute en  
traiter si l'on est toujours astreint à un choix forcé entre attitude  
naturelle, et attitude phénoménologique conçue comme le seul fait d'une  
conscience intime. S'ouvre alors la possibilité d'une réorientation  
sémiotique des problématiques phénoménologiques, permettant de revoir  
la problématique de la constitution du champ de conscience à la lumière  
d'une philosophie de la transmission et de l'institution des formes  
sémiotico-symboliques.
 
D'où le titre-slogan "Perception sémiotique et socialité du sens", qui  
voudrait en particulier attirer l'attention sur les postulats suivants,  
soumis à discussion : (i) la socialité du sens doit être d'emblée  
rapportée à des formes et des activités symboliques, qui redirigent en  
permanence les interactions et conditionnent la formation des valeurs  
et des utilités, (ii) le sens en tant que social ne se sépare pas d'une  
recherche d'expression, concomitante de la formation de divers plans de  
sémiotisation, et d'une constante ritualisation des conduites, fondant  
la possibilité de la répétition et d'une évaluation des écarts, (iii)  
l'historicité et la socialité du sens trouvent leur répondant, au  
niveau de l'expérience individuelle, dans une perception d'emblée  
sémiotique ; une telle perception, qui délivre directement un sens non  
inféré, ne se sépare pas de dispositions expressives, et de dispositifs  
pratiques, étroitement dépendants des médiations sémiotiques  
instituées. 
 
Nous souhaiterions ainsi convier les participants à deux journées  
d'échanges entre sciences et philosophies, où pourront se rencontrer  
des problématiques, des théories, des analyses, de factures  
phénoménologique, pragmatiste, et sémiotique.
 
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{FR, 06/04/2009}
 
COLLOQUE
 
    6èmes Journées Internationales de la Linguistique de Corpus
 
Lorient, 10-12 septembre 2009
    http://web.univ-ubs.fr/corpus/
 
Les 6èmes Journées Internationales de linguistique de corpus auront
lieu à Lorient les 10, 11 et 12 septembre 2009. Elles sont organisées
par l'équipe LiCoRN -Linguistique de Corpus et des Ressources  
Numériques de l'Université de Bretagne Sud.
 
Objectifs
Ces 6èmes Journées Internationales de Linguistique de Corpus visent à  
promouvoir le développement de la linguistique de corpus en France.  
Elles réunissent des chercheurs venus d'horizons divers qui
s'intéressent à l'utilisation de l'informatique pour l'analyse des
faits de langues.
 
Les contributions attendues pourront concerner, de manière non
exhaustive :
* la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
* la lexicométrie
* la terminologie,
* la traduction
* l'analyse du discours,
* la linguistique appliquée et
* la description linguistique.
 
Conférences Plénières
Béatrice Daille, Université de Nantes
Susan Hunston, University of Birmingham
François Rastier, CNRS...
 
Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une  
vingtaine de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues  
des communications affichées. L'ensemble des communications retenues  
donnera lieu à publication dans les actes de la conférence.
 
Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont  
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.  
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le  
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités  
d'exploration, dont les résultats principaux seront présentés dans ce  
résumé. Le résumé sera accompagné d'une page de renseignements
pratiques comprenant le mode de communication souhaité (oral ou
poster), le nom, l'affiliation, téléphone, adresse postale et  
électronique. Les résumés doivent être en Times 12 avec interligne  
simple et en format Open Office (odt), Word RTF, ASCII, ou HTML. Ces  
contributions seront évaluées par deux experts du comité scientifique  
de la conférence. Ces soumissions devront parvenir au comité  
d'organisation à l'adresse suivante :
    Journées Internationales de Linguistique de corpus
    Geoffrey Williams
    Département d'Ingénierie du Document
    U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
    4 rue Jean Zay
    BP 92116
    56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
    Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
 
Calendrier
Date limite de soumission 20 mai 2009
Notification aux auteurs 5 juin 2009
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2009
 
Comité d'organisation
Président : Geoffrey Williams, LiCoRN, Université de Bretagne Sud,  
  Lorient
Jean-Yves Antoine, Université de Tours
Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
Jeanne Villaneau, VALORIA, Université de Bretagne-Sud, Lorient
Ismail El Maarouf, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Chrystel Millon, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Christophe Ropers, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Delphine Séguin, LiCoRN, Université de Bretagne Sud
Nathalie Dugales, Université de Rennes 1
 
Comité scientifique
Susan Hunston, University of Birmingham
Marina Bondi, University of Modena
Jean-Yves Antoine, Université de Tours
Nathalie Gasiglia, Université de Lille3
Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
Pierre Arnaud, Professeur, CRTT, Université Lyon II
François Maniez, Professeur, CRTT, Université Lyon II
Mireille Bilger, Professeur, Université de Perpignan
Claire Blanche-Benveniste, Professeur Emérite, GARS, Université d'Aix  
  en Provence
Thierry Fontenelle, Dr., Microsoft, US et EURALEX
Sylviane Granger, Professeur, Université Catholique de Louvain,  
  Belgique.
François Rastier, Directeur de recherche, CNRS-Paris X
Wolfgang Teubert, Professeur, Université de Birmingham, Royaume Uni.  
Agnès Tutin, Dr., Université de Grenoble.
 
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