ROSSANA DE ANGELIS
Résumé : Parmi les herméneutiques de la religion, du droit, de la littérature… ayant pour objectif de comprendre le processus d’interprétation des textes au sein de discours particuliers, une voie différente se dessine au sein de l’herméneutique contemporaine. C’est la voie de l’herméneutique matérielle, ayant pour objectif de comprendre comment les conditions de production, circulation et réception des textes interviennent dans le processus d’interprétation. Cette voie est ouverte par Peter Szondi, en réaction au courant de l’herméneutique philosophique dominant au XXe siècle. Aujourd’hui, la dimension matérielle des textes numériques — comprenant les pratiques dont ils sont issus — et les actions interprétatives — auxquelles ils sont soumis — ouvre une autre piste de réflexion. Ces aspects peuvent être pris en charge par une herméneutique numérique (D. Mayaffre, J.-M. Viprey), c’est-à-dire une approche permettant d’explorer la relation entre les pratiques de production et d’interprétation des textes numériques. En fait, le changement de support — du papier au numérique — demande le changement des pratiques de production et d’interprétation des textes. Une approche herméneutique des textes numériques suppose de prendre en compte ces changements, en évaluant leur impact sur les tâches interprétatives accomplies pendant la lecture (F. Rastier). L’enjeu de l’herméneutique numérique est donc celui de renouer la relation entre matière physique et matière signifiante (B. Bachimont), depuis trop longtemps séparées.