2007_01_12
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SdT volume 13, numero 1.
LES CITATIONS DU MOIS
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La connotation est au discours ce que la prime
est au rendement.
Philippe Mesnard
Lire est si facile, disent ceux auxquels la
longue pratique des livres a ôté tout respect
pour la parole écrite ; mais celui qui a affaire
à des choses ou à des hommes plutôt qu'à des
livres, celui qui doit sortir le matin et
rentrer le soir endurci, s'aperçoit, quand par
hasard il se concentre sur une page, qu'il a
sous les yeux quelque chose de rebutant et
d'étrange, d'évanescent et en même temps de
fort, qui l'agresse et le décourage. Inutile
d'ajouter que ce dernier est plus proche de la
vraie lecture que les autres.
Cesare Pavese, L'Unità, juin 1945
La mythologie n'est qu'un dialecte, une antique
forme du langage. Quoique roulant surtout dans
le cercle de la nature, la mythologie était
applicable à toute chose.
Rien n'est exclu de l'expression mythologique ;
ni la morale, ni la philosophie, ni l'histoire,
ni la religion, ni l'éthique n'ont échappé au
charme de cette antique sibylle.
Mais la mythologie n'est ni la philosophie, ni
l'histoire, ni la religion, ni l'éthique.
C'est, pour employer une expression scolastique,
un quale et non un quid, une forme et non
quelque chose de substantiel.
Max Muller
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SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Jovan Kostov, Tamako Suzuki, Maria Zaleska, Aya
Ono, Karine Collette.
- Nouvelles adresses pour Margareta Kastberg Sjoeblom, Michelle
Lecolle, Thierry Mezaille, Franck Neveu, Denis Thouard,
Alessandro Zinna.
2- Carnet
- Voeux de la redaction
- Seminaires :
Philippe Mesnard : L'instance du temoignage, de ses logiques a
son sujet (II)
Pierre Judet de la Combe : La comedie grecque ancienne et ses
conflits d'interpretation
Charlotte Lacoste : Narratologies contemporaines
Francois Rastier : Les corpus, leur constitution. Textes et
documents. Objectivation et interpretation dans les sciences
de la culture.
- Vadim Roudnev : L'idiotie comme strategie de l'art moderne
- Conferences de la Cite des Sciences
3- Textes électroniques
- Sur le site CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux)
la premiere grammaire slovene (1584)
- Logiciel Antidote RX
4- Publications
- Gilbert Lazard : La quete des invariants interlangues. La
linguistique est-elle une science ?
- Denis Thouard : Le partage des idees. Etudes sur la forme de
la philosophie
- Mathieu Valette : Linguistiques enonciatives et cognitives
francaises. Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice
Toussaint, Antoine Culioli.
- Jean-Philippe Dalbera : Des dialectes au langage. Une
archeologie du sens
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (sept.-dec. 2006)
5- Textes
- Saussure et Nunzio La Fauci : Faut-il dire notre pensee intime
- L'utilite de la linguistique. Saussure, Lecon du 28 oct. 1910
- Francois Rastier : Note sur le projet SITES (Studies for
Integrated Text Sciences)
6- Dialogue
- D'ou viennent tous ces cadavres ? Une cle historique pour
"En attendant Godot", Dialogue entre D. Thouard et V. Temkine.
7- Appels : Colloques et revues
- Le naturalisme linguistique et ses désordres, Paris, 26-27
janvier 2007
- Les mots et les choses au xviiie siecle : la science, "langue
bien faite" ?, Lyon, 21-22 septembre 2007.
- Cultures du visible, IXeme Congres de l'AISV-IAVS, Istanbul
(Turquie), 29 mai - 2 juin 2007
- Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?, Reims, oct. 2007
- 5emes Journees de la Linguistique de Corpus, Lorient,
13-15 septembre 2007
- La convivialite des interfaces ludiques et/ou pedagogiques,
Ludovia 2007, Ax les Thermes (France), 4-6 juillet 2007
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 20/12/2006}
VOEUX
La rédaction de Sémantique des textes présente tous ses voeux à ses
lecteurs pour la nouvelle année.
Parmi les bonnes résolutions à venir, pourquoi ne pas nous adresser vos
avis, critiques et/ou encouragements ?
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Mémoire des signes
http://www.memoire-des-signes.net/
Collège international de philosophie
1, rue Descartes
F-75005 Paris
Tél. : 01.44.41.46.80
Philippe Mesnard
Séminaire annuel 2006-2007
L'instance du témoignage, de ses logiques a son sujet (II)
Cette deuxième année de séminaire doit permettre, à partir du modèle
d'interprétation que nous avons présenté l'an passé, d'approfondir la
question des logiques du témoignage. Celles-ci seront abordées à partir
de l'élaboration des textes testimoniaux, de leur pluridimensionnalité
et du mouvement de leur réécriture confronté à la question du genre. Une
attention particulière sera portée : aux formes nouvelles d'écriture
testimoniale quand, par exemple, l'essai émerge entre narration et
description (Améry, Cayrol, Levi, Kertész, Ki?, Klüger, Rousset,
Sebald...) ; à la place que tient la poésie lyrique, contre-lyrique,
gnomique, épique (Borowski, Cayrol, Celan, Delbo, Katzenelson, Levi...),
ainsi qu'au théâtre (Delbo, Gatti, Langfus, Levin, Régy, Sobol, Tabori,
Weiss...). Les séances consacrées à la poésie et au théâtre auront
principalement lieu au deuxième semestre. Nous poserons tout le long de
cette année les termes d'une définition du sujet du témoignage.
Des textes et informations complémentaires sont mis à disposition sur le
site [site en partie en construction] :
http://www.memoire-des-signes.net/
Les séances se tiendront au Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005
Paris. Mar 9 jan, Mar 23 jan : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
9 janvier : Les formes courtes : Tadeusz Borowski, Charlotte Delbo,
Primo Levi, Liana Millu, avec Luba Jurgenson (Paris IV Sorbonne, CRAL)
23 janvier : Poésie dans le témoignage, poéticité du témoignage :
Michel Deguy & François Rastier
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Pierre Judet de la Combe
Intitulé général :
"L'interprétation littéraire. Théories et pratiques."
Intitulé pour l'année 2006-07 :
"La comédie grecque ancienne et ses conflits d'interprétation."
1. L'analyse d'oeuvres d'Aristophane (lues en traduction), et notamment
des Oiseaux, nous aidera à répondre à la question de la validité
revendiquée par une forme poétique. Comment comprendre une forme de
discours qui à la fois cite l'ensemble des formes symboliques de son
temps et, en opposition avec elles, se dégage de toute prétention à
produire du "vrai" ? L'examen des interprétations anciennes et modernes
de la comédie montrera selon quels modèles de la relation entre activité
langagière et institution de valeurs sociales la spécificité d'une telle
forme a été conçue.
Lundi de 11 h à 13 h (salle 5, 105 Bd Raspail), à partir du 6 novembre.
2. Un atelier de philologie reviendra sur les questions techniques que
pose la lecture (en grec) de ces textes et permettra aux étudiants
d'exposer leurs travaux.
1er et 3e lundis du mois (salle 4, 105 Bd Raspail), à partir du 6
novembre. La première séance portera sur des passages des Sept contre
Thèbes d'Eschyle.
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Séminaire d'élèves 2006-2007
[NDLR : Malgré l'intitulé Séminaire d'élèves, la participation à ce
séminaire est libre et nos abonnés intéressés seront bienvenus.]
Narratologies contemporaines
Charlotte Lacoste
lacoste.charlotte@neuf.fr
06 71 73 50 97
ENS Ulm, salle 18 (escalier A, 1er étage, entre la salle des Actes et la
salle Cavaillès)
le mardi de 17h à 19h, tous les quinze jours
Objectif
Il s'agit de faire un état des lieux de la narratologie, discipline
florissante dont les récents développements soulèvent des débats souvent
mal connus des étudiants français. Conçu comme un atelier de réflexion,
ce séminaire d'élèves, à vocation pluridisciplinaire (littérature,
philosophie, études cinématographiques), se tient en marge de celui,
intitulé "De la figure à la fiction", proposé par Jean-Marie Schaeffer,
Michel Murat et Marielle Macé.
Nous nous proposons pour notre part de donner aux jeunes chercheurs
l'occasion de relire en détails les textes fondateurs de la théorie de
récit, de suivre et de débattre de l'actualité de la recherche en
narratologie et de mener, en parallèle, une réflexion épistémologique
concernant le destin mouvementé de l'une des nombreuses disciplines du
texte, "la science du récit" (Todorov 1969 : 10), traversée à cette
heure par de multiples courants, charriant eux-mêmes d'innombrables
sous-disciplines hybrides. Un tel fourmillement rend nécessaire un
travail de synthèse.
Problématique
Nous nous pencherons tout d'abord sur l'histoire de la discipline : sur
les conditions de sa naissance, dans le giron de la linguistique, sur
les espoirs que son parrain, Tzvetan Todorov, conçut pour elle en la
tenant, en 1969, sur les fonts baptismaux ; sur ses premiers mots, qui
ne furent que curieux néologismes ; sur sa courte vie, dont on sait
surtout qu'elle fut austère (sa systématicité maniaque, son obscurité
terminologique, sa compulsion typologisante) ; sur son agonie, dans les
années 1980, abrégée par les coups que lui porta une foule, soûlée de
logocentrisme et de synchronie, moquant ses prétentions à la vérité (la
narratologie aurait péché par excès de ligne droite) ; sur sa
résurrection, enfin, sous d'improbables atours, qui fit grand bruit à la
veille du troisième millénaire. De fait, son double "turn" ("cultural
turn" et "cognitive turn") nous la rendit mieux en chair, réhydratée, et
grosse d'une multitude de petites narratologies qui font aujourd'hui
leur chemin : narratologie thématique (féministe, ethnique,
contextualiste, postcoloniale), narratologie cognitive, théorie des
mondes possibles, narratologie postmoderne, narratologie appliquée,
comparée, phénoménologique, etc. ont repeuplé la terre, s'alliant
parfois à d'autres disciplines comme l'IA, la psychologie cognitive ou
l'historiographie, dont sont encore nés récemment quelques rejetons
(psycho-narratologie, socio-narratologie, etc.)...
Nous analyserons les tours et les détours de cette histoire
rocambolesque, et nous appesantirons tout particulièrement sur
l'entrelacs subtil qui en compose le bouquet final. S'agit-il d'une
renaissance de la narratologie, d'une fusion-acquisition bref, d'un
happy end, comme une première lecture tendrait à le faire croire, ou
d'un démantèlement, d'une explosion-liquidation des concepts et des
méthodes de la narratologie classique ? Les nouvelles narratologies qui
ont émergé à la faveur de ce "revival of narrative" (Ansgar Nünning
1999) ont réintégré à l'analyse du récit les problématiques historiques,
anthropologiques, éthiques, culturelles, philosophiques et même
scientifiques qui semblaient lui faire défaut, tout en s'affranchissant
des modèles abstraits et du cadre jugé scientiste qu'avait construit la
narratologie première manière. On s'interrogera donc sur l'héritage du
structuralisme, sur l'usage que les nouvelles narratologies font de
l'outillage fourbi par la narratologie classique, et sur les présupposés
philosophiques (et les postulats ontologiques) de leur nouveau programme
scientifique.
A la faveur du "cultural turn", certaines questions, qui avaient un
temps passé pour obsolètes, sont remises à l'honneur. Parmi elles, celle
de la mimèsis témoigne de l'orientation "réaliste" des problématiques
narratologiques ; de la triple mimèsis ric?urienne au problème de
l'influence respective de la fiction et de la "réalité réelle"
(Schaeffer 1999 : 40) sur le lecteur, en passant par la volonté de
"rendre au texte littéraire sa référence" (F. Jacques 1992) et par la
théorie des scripts et des plans, les nouvelles narratologies font fond
sur un "réel", longtemps ostracisé par la narratologie structurale
(affranchie du modèle de la référence), et enfin réhabilité. La question
de la mimèsis, pierre de touche du nouveau paradigme, constituera donc
pour nous un angle d'approche fécond qui nous permettra :
- De repartir de Platon, dont "nous sommes toujours les contemporains"
(Schaeffer 1999 : 12), et de proposer une lecture renouvelée de son
anti-mimétisme.
- De souligner, au gré de nos lectures critiques, le caractère
métaphysique des approches réalistes des textes de fiction (réalisme
empirique dans le cadre de la théorie des mondes possibles, réalisme
transcendant selon la phénoménologie ric?urienne), dont l'analyse
reste toujours indexée, en définitive, sur un monde réel qui sert
d'unique étalon à la référence fictionnelle.
- De réenvisager la question du réel en termes d'impressions (et non
d'illusions) référentielles : "tout texte impose des contraintes sur
la formation des images mentales, notamment par ses structures
sémantiques. Ces contraintes sont dépendantes des régimes discursifs
(ex. littéraire, scientifique, religieux, etc.) et des pactes qui
régissent l'interprétation des genres textuels au sein des pratiques
sociales" (Rastier 1992 : 101).
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{FR, 25/10/2006}
Séminaire Sémantique des textes, année 2006-2007
François RASTIER
Directeur de recherche
Thèmes : Les corpus, leur constitution. Textes et documents.
Objectivation et interprétation dans les sciences de la culture.
Institut national des langues et civilisations orientales,
2 rue de Lille, 75007 Paris -escalier B, premier étage, salle 124.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Les jeudis 11 janvier,
1er, 8 et 15 février ;
8, 15, 22 mars.
Horaire : de 17h30 à 19h15.
Agenda et documents : http://www.revue-texto.net
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{FR, 20/12/2006}
HUMOUR
ROUDNEV, Vadim. Soumachedchii professor [Le savant fou].
Khoudojestvennyi journal, n°26-27 : L'idiotie comme stratégie de l'art
moderne. Disponible sur :
http://www.guelman.ru/xz/362/xx26/x2613.htm
Traduction Rossitza Kyheng
"Apparemment, dans les années 1930 se sont distingués trois types de
savants-idiots, promoteurs sincères de la nouvelle science. Parmi eux il
y avait des figures cliniquement pathologiques, tels que Lyssenko et
Mitchourine, mais aussi des ambivalents, tels que Marr et Bakhtine (pour
être juste -le premier était académicien, deuxième est mort maître de
conférence).
L'idiotie de Marr et de Bakhtine est dans leurs doctrines, qui ont non
seulement un caractère psychotique (étant au moins une bonne matière
pour le psychanalyste, comme les célèbres mémoires du président du sénat
fou Daniel Schreber, qu'étudiaient attentivement Freud et Lacan), mais
aussi un caractère idiot tout simplement. Il est difficile de croire que
Marr pouvait sérieusement croire que tous les mots de toutes les langues
du monde provenaient de quatre racines SAL, BER, JON, ROS. Plutôt, à
contre-coeur, dans son idée génialement conçue de satisfaire en tout le
pouvoir soviétique il tâchait de ne pas accepter du tout la linguistique
bourgeoise. Si l'indo-européanisme normal affirmait qu'il y avait
d'abord une langue mère, qui a commencé à se désagréger ensuite en
langues nationales, Marr, lui, affirmait le contraire : il y avait
beaucoup de langues, ensuite elles ont convergé dans une seule, et
ensuite elles se sont désagrégés (conséquence de leur endommagement). En
outre ses idées les plus folles, les plus idiotes, ont commencé à se
confirmer ensuite, dans les décennies suivantes. Ainsi, par exemple, la
fameuse théorie des quatre éléments rappelle, d'une manière frappante,
la doctrine sur la structure du code génétique (cf. cela en détail dans
l'article de l'académicien T.V.Gamkrelidze).
La même chose avec Bakhtine. Dans son élan d'être inséré dans une
nouvelle science bolcheviste il construisait des conceptions qui ne
prenaient en considération AUCUN fait, notamment sa conception du
développement historique de la littérature. Ainsi pouvait agir seulement
un idiot. Mais Bakhtine n'était pas un idiot, il était un grand savant,
tout simplement son cerveau travaillait malgré lui dans la direction
nécessaire. À propos, l'idiotisation secondaire des idées de Bakhtine
sur le chronotope, la carnavalisation, les polyphonies et la pensée
dialogique, qui se produisit à la fin de 1970, mais surtout entre 1980
et 1990, d'une part chez des slavophiles tels que Kojinov, d'autre part,
dans "la philologie provinciale", est aussi un fait très curieux. On
peut dire de même sur les "idées" tardives de Lossev. L'auteur de
l'article a eu l'occasion de voir Alexeï Fedorovitch durant l'été de
1973 dans la maison de campagne -il se comportait, comme il convient à
un savant-idiot, tel qu'il est représenté dans le cinéma soviétique :
distrait, avec un sourire semi-fou, ne répondant pas aux questions,
parlant mal à propos, etc. Cependant, pour ce qui était "possible", dans
les mêmes années et même plus tard Lossev écrivait des travaux tout à
fait normaux en syntaxe historique. D'ailleurs, dans l'esprit de Marr.
Le deuxième type, c'est l'idiot le plus intéressant, le plus ambivalent,
l'émigrant interne de l'idéologie. Il se présente non seulement comme un
imbécile, mais parfois il se bafoue lui-même. Tel était, par exemple,
Victor Borisovich Chklovski. On raconte que, quand en 1947 à la séance
de l'Union des écrivains on écrasait Zochtchenko, Chklovski -ancien
formaliste et admirateur absolu de l'écrivain persécuté, s'attaquait à
Zochtchenko avec les autres. Quand l'écrivain stupéfait s'approcha de
Chklovski et lui dit : "Victor Borisovich, comment cela ? vous me louiez
avant ! ", Chklovski, sans broncher, répondit :"Je ne suis pas un
perroquet pour répéter toujours la même chose !"
Le troisième type c'est le "décidément insistant" : il est moins répandu
et voilé d'un nimbe héroïque. Qui oserait appeler idiot Saharov, mais la
conduite idiote lui était incontestablement propre (idiotie -dans la
droiture du "disant la vérité aux rois avec le sourire",- ensuite en
1995, pendant la guerre tchétchène, c'est Kovalev qui l'imitait dans ses
conversations avec Eltsine).
D'une manière ou d'une autre, le savant-idiot dans une société
répressive est un médiateur entre la vérité qu'il porte en lui et le
pouvoir qui le menace. Cette position entre vérité et enfer dicte au
savant fou non seulement sa stratégie comportementale, mais aussi la
forme que revêt la connaissance qu'il présente sous le masque de la
bouffonerie à l'auditoire et à la presse ; assez souvent cela s'avère
ensuite une connaissance prophétique, comme cela se passe avec du benêt
du village dans la compréhension russe de ce mot."
ROUDNEV, Vadim. Responsable éditorial du journal Logos, auteur du
Dictionnaire de la culture du XXe siècle.
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{FR, 20/12/2006}
CONFERENCES
CITÉ des SCIENCES (La Villette).
Avec plus de 100 rendez-vous par saison depuis maintenant quatre ans,
le Collège de la Cité couvre largement le champ des sciences
contemporaines et les questions de sciences et de société.
Ces conférences sont toutes enregistrées, et restituées, avec les
documents projetés par les conférenciers, sur le site Internet de la
Cité des sciences. Plus de la moitié d'entre elles font l'objet d'une
publication dans une collection de livres de poche coéditée avec les
éditions Le Pommier.
Nous avons souhaité attirer votre attention sur cette réalisation, en
considérant qu'elle pouvait répondre à votre attente et à celle de vos
étudiants, soit pour connaître les programmes à venir, pour consulter
les enregistrements des 400 conférences passées sur notre site Internet,
ou pour vous procurer les ouvrages édités.
Vous pourrez consulter ce programme, accéder à la base de conférences ou
consulter le catalogue des livres à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
index.htm
Pour vous abonner à notre lettre mensuelle par Internet et/ou recevoir
nos programmes il vous suffit de remplir le questionnaire à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
html/static/scripts/lettre_univ.php
Voici quelques uns des thèmes que nous vous proposons en début d'année
2007 : la physique quantique, la cellule, le sommeil et les rêves, les
origines des religions, le cancer, les pôles, les insectes, l'évolution.
Bien entendu, nous serions heureux de recevoir de votre part vos
remarques et suggestions sur ces programmes, que vous pourrez adresser à
l'adresse suivante :
college@cite-sciences.fr
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20/12/2006}
BEAUX SITES
Nous avons le plaisir de vous annoncer du nouveau du côté de
l'encyclopédie CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux) :
l'ajout de la notice de la première grammaire slovène : Adam Bohoric,
Arcticae horulae succisivae de Latinocarniolana literatura (1584).
http://ctlf.ens-lsh.fr/
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{FR, 20/12/2006}
NOTE DE DEGUSTATION
La nouvelle version du logiciel Antidote appelée Antidote RX comprend
trois volets : le volet "dictionnaires", le volets "guides" et le volet
"correcteur".
Le volet "dictionnaires" comprend pour chaque entrée une/des
définitions, un dictionnaire des synonymes assez complet, un inventaire
des locutions où rentre le mot de l'entrée, un dictionnaire des
antonymes, un conjugueur qui affiche tous les temps possibles quand il
s'agit d'un verbe, l'ensemble des mots de la même "Famille", des
analogies, des citations, des anagrammes. Enfin, des cooccurents
hierachisés par ordre de fréquence et donnés dans des exemples attestés.
On navigue entre ces différents outils en cliquant sur l'onglet
approprié situé à gauche.
A droite de chaque définition sont précisées les flexions, les
difficultés orthographiques ou grammaticales (lien vers le volet guides)
et, nouveauté lexicométrique, la fréquence : ainsi "apophantique"
affiche 4 et se rapproche du pôle rare mais "institution" affiche 74 et
se rapproche du pôle fréquent.
Les citations sont tirées de Gallica, de Projet Gutenberg, de la presse,
etc.
Le deuxième volet appelé "guides" est consacrés à la grammaire et à
l'orthographe. Il comprend les onglets : lexique, grammaire, syntaxe,
ponctuation, style, rédaction, typographie, rectifications et points de
langue. Selon les entrées, certaines rubriques sont concernées plus que
d'autres. Pour "banal" par exemple, la rubrique grammaire indique qu'on
choisit le pluriel banals/banaux selon le sens.
Le dernier volet est un correcteur particulièrement puissant. La
correction d'un document texte signale non seulement l'orthographe, les
accords, mais aussi la ponctuation, les faux amis, etc.
Antidote s'intègre à Word et à plusieurs autres logiciels. C'est un
outil pratique et complet qui réunit une bonne partie des connaissances
linguistiques dont on a besoin pour rédiger.
Site internet :
http://www.druide.com/antidote.html
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 20/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
La quête des invariants interlangues :
La linguistique est-elle une science ?
par Gilbert Lazard
Editions Honoré Champion, 3 rue Corneille, F-75006 Paris
Diffusion France et Belgique : champion@honorechampion.com
Autres pays : nsalina@slatkine.com
ISBN : 2-7453-1392-4, 352 pages, Relié, 68 euros.
______________________
Ce livre d'orientation épistémologique est l'oeuvre d'un linguiste
principalement intéressé par la diversité des langues et l'unité du
langage. Il traite des fondements de la linguistique en tant que
science des langues, coeur des "sciences du langage". Il s'adresse à la
fois aux linguistes et aux non-linguistes. Il s'est voulu
raisonnablement intelligible à tous les lecteurs, sans que soit
sacrifiée l'exactitude technique nécessaire.
Aux linguistes il expose une certaine conception de la langue,
inspirée de la pensée des deux grands esprits que furent Ferdinand de
Saussure et Émile Benveniste. D'autre part, il propose, dans le
quatrième chapitre, une méthode, fondée théoriquement, pour la
comparaison des langues en vue de découvrir, par-delà leur diversité,
des lois générales de leur constitution. Ces idées sont offertes comme
une réponse au trouble intellectuel qui se manifeste présentement dans
le milieu des linguistes français en quête d'un "noyau dur" de leur
discipline.
Aux non-linguistes il présente un tableau partiel de la recherche sur
les structures des langues et des problèmes théoriques qu'elle pose. Il
offre aux philosophes du langage et aux spécialistes des sciences
cognitives une définition de la langue qui distingue clairement l'objet
de la linguistique de ceux des disciplines connexes et par là contribue
à éclairer les relations entre elles.
* Sommaire
Introduction
Ch. I : Une proto-science
L'état de proto-science. Les traditions grammaticales. La "grammaire
comparée". La typologie. Une science du langage ?
Ch. II : Langage, langue, parole
L'origine du langage. La naissance de la grammaire. La quête de la
grammaire universelle. La langue et la parole. Deux linguistiques ?
Ch. III : La langue
Qu'est-ce qu'une langue ? La réduction saussurienne. Les unités :
variations, polysémie, homonymie, synonymie. La démarche descriptive.
Modèles ? Axiomes ? La terminologie. La question de l'objectivité.
Ch. IV : Variations et invariance
Toutes les langues sont différentes. Toutes les langues se
ressemblent. Le problème de la comparaison : les catégories
linguistiques ; des catégories extra-linguistiques ? Des cadres
conceptuels arbitraires. La démarche. Autres exemples. Des
invariants objectifs?
Ch. V : Etudes de cas
Introduction. Structure de la syllabe et nombre de syllabes. La
fracture d'actance selon le temps ou l'aspect. Le traitement
différentiel de l'objet. La zone objectale. La question du sujet. La
transitivité. La transitivité généralisée. Diathèses. La hiérarchie
d'humanitude. Les rôles sémantiques. Le moyen. L'aspect. Nom et verbe.
Thème et rhème. La nature des invariants.
Ch. VI : Regards sur le large
Introduction. La RRG. Les noémies de Pottier. Langacker et le
cognitif. Culioli et l'énonciation. La mise en discours.
Formalisations. Les populations de Croft.
Conclusion.
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{FR, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Denis Thouard, Le partage des idées. Etudes sur la forme de la
philosophie, Editions du CNRS, "Philosophie", Paris, 2007.
______________________
Si la philosophie vise bien une vérité, elle ne peut être indifférente à
sa communication. Le vrai doit être dit pour tous, car il vaut pour
tous. Telle est la conviction des siècles démocratiques, héritiers des
idéaux des Lumières. Mais comment être assuré qu'il sera compris ?
Les études ici réunies, consacrées aux Lumières et à l'ensemble
romantique et idéaliste allemand, présentent plusieurs tentatives et
reviennent sur leurs apories. Dans la lignée d'un rationalisme
triomphant, les Lumières ont cherché à "populariser" la philosophie,
privilégiant la clarté du discours. Mais cette pédagogie rencontre une
double limite, qui tient à la simplification des contenus et à
l'impossibilité d'éviter tout malentendu.
En réaction aux illusions d'une communication accomplie sous le signe de
la raison universelle, des stratégies alternatives ont vu le jour. De
Kant à Fichte, de Hegel à Schlegel, Schelling ou Schleiermacher, les
formes les plus diverses ont pu être essayées, trahissant la tension
entre l'individualité de la forme et l'universalité de la prétention au
vrai. On analysera ici le poème didactique, le fragment, le dialogue et
le récit à partir de cas exemplaires où la philosophie s'approprie des
genres hétérogènes comme le poème de Lucrèce, la maxime des moralistes
français, le dialogue platonicien ou l'épopée homérique.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d'une
pédagogie de la clarté autant que d'une réduction de la philosophie à
l'écriture, l'ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
l'activité du lecteur.
______________________
Denis Thouard, Directeur de recherche au CNRS (UMR "Savoirs, Textes,
Langage" à Lille), actuellement à l'Université de Munich, travaille sur
les problèmes du langage et de l'interprétation, notamment sur la
tradition herméneutique.
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{Valette, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Mathieu Valette
Linguistiques énonciatives et cognitives françaises.
Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint, Antoine Culioli.
Bibliothèque de grammaire et de linguistique, éditions Champion, 2006.
______________________
À partir d'un travail de relecture reposant sur un corpus composé
d'articles, de conférences, mais aussi de brouillons et de réflexions
inédites, Mathieu Valette rend compte de l'effort de problématisation et
de théorisation de la relation langue/pensée chez le linguiste Gustave
Guillaume (1883-1960). Il reconstruit ses positions et en dégage les
aspects novateurs qui ont fécondé jusqu'à nos jours les travaux de
linguistique générale portant sur l'énonciation et la cognition.
L'auteur évalue et illustre la réception des propositions de
G. Guillaume par l'étude de trois théories énonciatives et cognitives
françaises dont les auteurs appartiennent à la génération suivante : la
sémantique énonciative conceptuelle de Bernard Pottier, la
neurolinguistique analytique de Maurice Toussaint et la théorie des
opérations énonciatives d'Antoine Culioli.
______________________
Mathieu Valette est chercheur au Centre National de la Recherche
Scientifique.
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{FR, 11/01/2007}
VIENT DE PARAÎTRE
Jean-Philippe DALBERA, Des dialectes au langage. Une archéologie du
sens, Paris, Champion, 464 pages.
______________________
Fascinant ! C'est le terme qui vient naturellement à l'esprit de ceux
qui ont lu ce livre.
Fascinant en ce sens que, partant de données linguistiques simples et
banales, l'auteur parvient à nous faire pénétrer très profondément dans
la préhistoire de l'humanité : système parentélaire, matriarcat,
relations hommes-animaux?
Fascinant parce que, sans miracle, par la seule vertu d'une approche
différente et d'une reconstruction prenant en compte alternativement la
forme et le sens, l'auteur parvient à élucider toute une série de
problèmes étymologiques jusque-là considérés comme insolubles.
L'auteur assoit ses analyses étymologiques sur les données de la
dialectologie en exploitant le fourmillement de la variation dans
l'espace et fonde son approche sur la dimension motivationnelle de la
création lexicale. Et la démarche est parfois intrépide, qui ose donner
la priorité aux relations sémantiques sur l'évolution du phonétisme.
Mais l'ivresse -à laquelle renvoie la citation de Rimbaud choisie pour
l'exergue- reste dominée, l'auteur donnant le sentiment de garder un
oeil tantôt amusé tantôt inquiet ou du moins dubitatif sur certaines
propositions auxquelles il est parvenu.
Ce livre, tant par la réflexion épistémologique permanente sur les
principes qu'il met en ½uvre que par les résultats qu'il établit (et qui
valident ipso facto pour l'essentiel la méthode), a toutes les chances
d'augurer un renouvellement profond de la démarche étymologique.
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{FR, 20/12/2006}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Le site a connu une fréquentation soutenue et va frôler les 500.000
visites en 2006.
Dernière mise à jour : SEPTEMBRE-DECEMBRE 2006 (Vol. XI, n°3/4)
Dans la rubrique CORPUS ET MÉTHODES :
Poudat, Céline
Étude contrastive de l'article scientifique de revue
linguistique dans une perspective d'analyse des genres
(2006, thèse)
Élaboration en corpus et par contrastes d'une définition opérationnelle
du genre de l'article de linguistique en exploitant les méthodes du
traitement automatique des langues et des statistiques textuelles.
LIVRES-E :
Hébert, Louis
Tools for Text and Image Analysis: An Introduction to Applied
Semiotics (2006). [Translated by Julie Tabler]
This book presents tools for text and image analysis used in general
semiotics (homologation, etc.) or specific semiotics : the theories of
A.J. Greimas (the semiotic square, the veridictory square, the actantial
model, the narrative program, the canonical narrative schema, thematic
analysis, axiological analysis and thymic analysis) ; François Rastier
(semic analysis, dialogics and the semantic graph) ; Jacques Fontanille
and Claude Zilberberg (the tensive model). The text includes a glossary
of semiotics.
Rastier, François et Ballabriga, Michel (dir.)
Corpus en Lettres et Sciences sociales :
des documents numériques à l'interprétation,
Actes du colloque international d'Albi, juillet 2006.
Publiés par Carine Duteil et Baptiste Foulquié.
Avertissement : Ce texte est au format PDF. Une version paginée
définitive est en cours de préparation.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Mayaffre, Damon
Compte rendu de : Kastberg Sjöblom,
L'écriture de J. M. G. Le Clézio. Des mots aux thèmes (2006)
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Rastier, François
Formes sémantiques et textualité (2006)
Les unités textuelles sont des formes qui se profilent sur des fonds et
qui relèvent d'une théorie générale des transformations.
Rastier, François
Chamfort : le sens du paradoxe (1996)
Le paradoxe induit des parcours interprétatifs complexes entre zones
sémantiques contrastées, comme le montre l'étude des maximes de
Chamfort.
Rastier, François
Semantics and cognitive research,
translated by Larry Marks (2006)
Introduction & Chapter I : Cognitive research
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Frydman, Benoît
De l'art d'écrire à l'art de lire.
Le modèle straussien de l'interprétation (2000)
[publié par l'Université Libre de Bruxelles]
Pour l'histoire des modèles de l'interprétation, l'originalité de Leo
Strauss (1899-1973) tient à la recherche d'une tierce voie entre la
philologie moderne et l'herméneutique ancienne et médiévale.
Dans la rubrique REPÈRES :
Rastier, François
Sémiotique et sciences de la culture. Une introduction (2006)
Ce texte discute des principales conceptions de la sémiotique et formule
des propositions pour une refondation interprétative de la sémiotique.
Il conduit au projet d'une sémiotique des cultures, capable de fédérer
les sciences de la culture autour de la reconnaissance du caractère
sémiotique de l'univers humain et de la description des facteurs
culturels dans la cognition humaine.
Cours et exercices :
Niveau 3
Exercice 2 par Michel Ballabriga (2006) : Analyse d'un extrait de texte
littéraire.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- Sur les mots-clés et la sémantique différentielle (2006)
Dialogue entre Thierry Mézaille et François Rastier : où une discussion
sur la problématique du mot-clé amène à préciser et reformuler quelques
positions essentielles de la sémantique différentielle dans son rapport
aux mots, aux idées, et à la médiation sémiotique.
- Diction du poème (2006)
Dialogue entre Michel Favriaud et François Rastier. Echange sur la
diction du poème, en particulier la diction de la poésie contemporaine
et des poèmes traduits.
Prochaine édition : janvier 2007.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 20/12/2006}
FAUT-IL DIRE NOTRE PENSÉE INTIME ?
SAUSSURE ET NUNZIO LA FAUCI
"Faut-il dire notre pensée intime ?"
"Faut-il dire notre pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte
de ce qu'est la langue ne conduise à douter de l'avenir de la
linguistique. Il y a disproportion, pour cette science, entre la somme
d'opérations nécessaires pour saisir rationnellement l'objet, et
l'importance de l'objet : de même qu'il aurait disproportion entre la
recherche scientifique de ce qui se passe pendant une partie de jeu et
l'[ ]".
La linguistica come scienza della relazione tra essere ed espressione è
l'area di esperienza, di riflessione, di conoscenza cui è dedicata
questa ipotesi di blog. Le sospese parole di Ferdinand de Saussure poste
in esordio (Écrits de linguistique générale, texte établi et édité par
Simon Bouquet et Rudolf Engler, Gallimard, Paris 2002, p. 87)
destinavano alla linguistica, ora è più di un secolo, un futuro
improbabile perché impervio e necessariamente razionale.
La profezia si è avverata. Molti (e certo la maggioranza di coloro che
oggi si professano linguisti) direbbero il contrario. Nei cento anni che
ci separano dal momento in cui quelle parole furono concepite, la
linguistica razionale intravista da Saussure, tra mille incertezze di
prospettiva, ha però vissuto una fragile esistenza. Essa è apparsa
sporadicamente tra i pensieri e le pagine di pochi cultori, di norma ai
margini della disciplina e estranei alle tendenze e alle scuole volta
per volta ritenute più promettenti e meritevoli di attenzione.
È forse un destino ineluttabile ed è definitiva la parola di Saussure
(non si è intelligenti per nulla!). A cavaliere tra Ottocento e
Novecento, due secoli colmi di ricerche su lingue e linguaggio, egli
giudicò implacabilmente gli studi linguistici come un imponente coacervo
di stupidaggini, da un lato per esperienza, dall'altro per profezia.
Proprio come fa con la virtù un piccolo ma importante personaggio
flaubertiano, la scienza della relazione tra essere ed espressione va
però praticata senza crederci, con Saussure e contro la sua profezia.
In questa prassi quotidiana, in questa incessante sperimentazione di un
nuovo punto di vista consiste infatti la sola ragionevole fede che la
linguistica oggi richiede.
Du blog de Nunzio La Fauci, professeur à l'Université de Zurich
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
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{FR, 20/12/2006}
EN BONUS POUR LE BULLETIN SÉMANTIQUE DES TEXTES
Saussure, Leçon du 28 Octobre 1910 :
Une fois la linguistique ainsi conçue, c'est-à-dire ayant devant elle le
langage dans toutes ses manifestations, un objet qui est aussi large que
possible, on comprend pour ainsi dire immédiatement ce qui n'était peut-
être pas clair à toute époque : l'utilité de la linguistique, ou le
titre qu'elle peut avoir à figurer dans le cercle des études qui
intéressent ce qu'on appelle la "culture générale". Tant que l'activité
des linguistes se bornait à comparer entre elles les langues, on peut
dire que cette utilité générale devait échapper à une grande partie du
public et qu'en somme il s'agissait là d'une étude si spéciale qu'il n'y
avait pas de raison véritable pour supposer qu'elle pût intéresser les
cercles plus étendus du public. Ce n'est que depuis que la linguistique
est plus consciente de son objet, c'est-à-dire l'aperçoit dans toute son
étendue, qu'il est évident que cette science a son mot à dire dans une
foule d'études qui intéresseront pour ainsi dire n'importe qui. Elle
n'est pas indifférente par exemple pour quiconque doit manier des
textes. Il est utile à l'historien entre autres d'avoir une vue sur les
formes les plus usuelles des différents phénomènes : phonétiques,
morphologiques ou autres, sur la manière dont le langage vit, se
continue, s'altère avec le temps. D'une façon encore plus générale il
est évident que le langage joue dans les sociétés humaines un rôle si
considérable, c'est un facteur d'une importance telle à la fois pour
l'individu humain et la société humaine, qu'il est impossible de
supposer que l'étude d'une partie aussi notable de la nature humaine
doive rester purement et simplement l'affaire de quelques spécialistes ;
tout le monde est appelé, semble-t-il, à prendre une idée aussi correcte
que possible de ce que représente ce côté des manifestations humaines en
général. Et cela d'autant plus que les idées réellement rationnelles,
approuvables, la conception à laquelle la linguistique a fini par
arriver, n'est nullement de celles qui s'offrent dès le premier coup
d'oeil. Il n'y a aucun domaine qui, plus que la langue, ait donné lieu à
des idées chimériques et absurdes. Le langage est un objet de mirages de
toutes espèces. Les erreurs faites par les hommes d'études sur le
langage sont ce qu'il y a de plus intéressant, psychologiquement
parlant. Chacun laissé à lui-même se fait une idée très éloignée de la
vérité sur les phénomènes qui se produisent dans le langage. Il est donc
également de ce côté-là légitime à la linguistique qu'elle puisse
aujourd'hui se croire en état de rectifier beaucoup d'idées, de porter
la lumière là où la généralité des hommes d'étude seraient très
facilement enclins à se tromper, à commettre les erreurs les plus
graves.
Nous avons laissé de côté la question de la langue et du langage pour
parler de l'objet de la linguistique et de son utilité possible.
(Notes de Constantin du IIIe cours, p. 8-10 ).
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{FR, 20/12/2006}
PRÉSENTATION DU PROJET SITES
François Rastier
Note sur le projet STUDIES FOR INTEGRATED TEXT SCIENCES
Graduate School of Letters Nagoya University, 21st Century COE Program
Les documents
Les documents publiés sont d'une part les Actes d'une série de sept
colloques internationaux, soit deux par an depuis 2003. D'autre part la
collection de la revue SITES, soit deux numéros par an depuis 2003.
Le champ couvert
Ce champ multidisciplinaire intéresse principalement les disciplines
suivantes :
- L'histoire -et notamment l'histoire des idées.
- L'anthropologie
- La linguistique descriptive
- La philologie et notamment la génétique des textes
- L'iconologie
- La sémiotique
- Les sciences de l'information et de la communication
Leur mise en relation peut être appréciée de deux façons. Soit l'on
considère qu'il s'agit d'une fédération ouverte de sciences de la
culture autour d'un concept commun, celui de texte, entendu comme
document, tant au sens philologique qu'au sens historique.
Dans cette première hypothèse, c'est aujourd'hui l'essor généralisé de
la numérisation des documents et la constitution des banques de
ressources numérisées rend particulièrement opportune une problématique
scientifique unifiée. Toutefois, la notion ou du moins l'expression de
science intégrée est peut-être trop forte, car il s'agit de faire
dialoguer des disciplines qui ont chacune leur histoire, leurs
problématiques et leurs modes de validation.
Dans une seconde hypothèse, il s'agit d'une unification au plan
épistémologique, visant à renforcer l'unité des sciences de la culture.
Ce "continent" scientifique est relativement récent, puisqu'il n'a été
divisé en disciplines que depuis deux siècles : son principe d'identité
reste débattu, puisque depuis un siècle et demi, des programmes divers
visent à l'intégrer dans les sciences de la nature ou surtout de la vie
(les programmes de naturalisation darwiniens ou néo-darwiniens sont
encore actifs). La sociologie durkheimienne, puis lasémiotique post-
saussurienne ont formulé l'ambition d'unifier ce champ mais n'y sont pas
parvenues.
Cependant le programme saussurien d'une sémiotique générale, mieux
compris avec la découverte récente de manuscrits importants, reste
vivace et fécond, dès lors que l'on ne réduit pas les langages aux
signes ni la transmission culturelle à la communication. Plutôt que par
la typologie a priori des signes, c'est par l'étude des relations
intersémiotiques complexes que l'on peut progresser vers une sémiotique
générale : les actes du colloque sur les images et textes médiévaux en
témoignent éloquemment.
L'articulation des disciplines
La notion de sciences historiques, dominante à la fin du XIXe siècle,
n'a rien perdu de sa légitimité, dans la mesure où seule l'humanité a
une histoire. Le temps historique n'est d'ailleurs qu'une métrique
extérieure, nécessaire pour aborder scientifiquement le temps interne de
la tradition culturelle.
L'objet des sciences humaines et sociales est bien constitué par les
cultures saisies dans la diversité qui leur donne sens, tant en
synchronie qu'en diachronie, dans une perspective tout à la fois
générale, historique et comparée. Ainsi, le programme SITES est-il une
contribution tant théorique que pratique, à la constitution d'une
épistémologie propre aux sciences de la culture.
Parmi les mouvements scientifiques, le culturalisme nord-américain, le
structuralisme européen notamment dans ses versions sémiotiques de
tradition saussurienne, ont formulé des propositions qui manquaient
parfois de clarté. La problématique du texte appliquée notamment aux
documents numériques constitués en corpus favorise une nouvelle
réflexion qui s'étend aux "textes" non verbaux, bref, à toutes les
performances sémiotiques complexes.
Alors que l'histoire et l'archéologie fondaient jadis leurs approches
respectives sur la distinction entre monuments et documents, la
numérisation permet de les unifier dans les mêmes formats, voire dans
les mêmes corpus.
En ce qui concerne plus spécifiquement la linguistique et la philologie,
c'est la linguistique inspirée par Halliday qui est la plus utilisée au
sein du programmes SITES : elle a l'avantage tout à la fois de la
précision descriptive et de la prise en compte du contexte, immédiat et
global (Halliday est d'ailleurs un élève de Firth, anthropologue
culturaliste).
Pour la philologie, et notamment la génétique, la spécificité positive
de l'école japonaise de génétique mérite d'être soulignée : alors que
certains généticiens français nient l'appartenance de leur discipline à
la philologie pour marquer une rupture qu'ils estiment politiquement
nécessaire, mais dont les attendus scientifiques restent obscurs, les
collègues japonais innovent à l'intérieur de cette tradition et se
signalent par leur respect de l'objet et la précision des analyses.
L'orientation à venir
Le premier programme était centré autour de la notion de Grammaire
universelle de la communication. La notion de grammaire universelle est
peut-être trop forte. D'une part, le mot grammaire évoque un système
unique, alors que les différents systèmes de signes ne sont pas
unifiables et ont chacun leurs spécificités expressives, comme l'a jadis
montré Lessing. D'autre part, même la notion de système unique est trop
forte, comme en témoigne par exemple pour le système graphique du
japonais.
Nécessairement a priori, l'hypothèse de l'universalité est sans doute
utile pour permettre des rapprochements nécessaires entre disciplines,
mais dès lors qu'ils ont eu lieu, c'est la perspective générale et
comparée qui est en charge de reconstruire une universalité toujours à
venir.
Quant à la communication, cette notion ne concerne qu'une fonction du
langage et des systèmes de signes. Déliée des télécommunications et de
l'imaginaire contemporain qui la magnifie, elle montre ses insuffisances
dès lors qu'il s'agit de la production et de la transmission des oeuvres
et objets culturels. La problématique du texte, ici encore, peut
permettre de passer à une nouvelle étape, qui est celle de l'étude de la
transmission. En effet, la genèse se continue dans l'interprétation :
l'étude de la configuration du texte (formule centrale de la deuxième
étape du programme Sites) doit être comprise au sens dynamique de cette
notion. Le texte est alors compris comme expression culturelle et comme
réécriture d'autres textes, aussi bien que de lui-même (dans son
processus génétique). En d'autres termes, il y a une continuité entre
les réécritures de textes antérieurs, les réécritures internes entre
brouillons et états du texte, enfin les réécritures ultérieures que sont
les commentaires, traductions et réélaborations dans d'autres ?uvres.
Si l'activité scientifique d'investigation ne se réduit pas à la
textualisation, les textes scientifiques eux-mêmes ne relèvent pas moins
de ce type d'analyse que les textes littéraires (le recueil sur la
genèse du texte historique marque sur ce point la fécondité du
rapprochement interdisciplinaire).
Pour analyser la configuration du texte, moment central entre la
préfiguration que constituent les textes antérieurs et la refiguration
qu'opèrent les textes postérieurs, une théorie générale des
transformations (ou métamorphismes), sera sans doute nécessaire. On
retrouve alors la question des universaux, mais des universaux
opératoires qui président aux transformations sémiotiques.
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{FR, 22/12/2006}
D'OÙ VIENNENT TOUS CES CADAVRES ?
UNE CLÉ HISTORIQUE POUR "EN ATTENDANT GODOT"
Dialogue inédit entre Denis Thouard et Valentin Temkine.
Q> Combien de fois as-tu vu En Attendant Godot ?
R> Je l'ai vu d'abord en 1953, à la création : c'était la pièce à voir,
tout le monde en parlait. Depuis, 4 ou 5 fois, peut-être. A l' époque et
encore maintenant, on en faisait une pièce absurde, LA pièce de
l'Absurde. Dumur, Lemarchand, tout le monde admirait, mais voyait
Vladimir et Estragon comme des clowns ou des clochards "métaphysiques".
Pronko écrivait : "Godot, dans un passé indéfini, lors de circonstances
quelque peu incertaines, leur a donné un rendez-vous plutôt imprécis
dans un lieu mal défini à une heure indéterminée"...
Mais, je m'en aperçois lors d'une représentation donnée par la Comédie
de Touraine je crois (Vladimir et Estragon y sont assimilés à Laurel et
Hardy ou quelque-chose comme ça) : les explications traditionnelles, ça
ne marche pas ! C'est une réplique bien précise qui m'a réveillé :
Vladimir regrette de ne pas s'être jeté du haut de la tour Eiffel :
"Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter".
J'ai une sorte d'illumination : une seule fois, dans l'histoire de cette
vénérable dame, on y a interdit l'accès à une catégorie de la
population, comme à tout monument d'ailleurs : entre 1940 et 1945,
c'était interdit aux Juifs ! Eureka ! Dès ce moment, toutes les
répliques ont pris un sens ; la confirmation vient très vite : "E : On
n'a plus de droits ? V : Tu me ferais rire, si cela m'était permis. E :
Nous les avons perdus ? V : Nous les avons bazardés." Ce n'est plus du
tout une histoire qui se passe en Absurdie, mais dans le temps
historique, et à un moment très précis...
Q> Alors, que peut-on savoir de Vladimir et d'Estragon ?
R> Ce que la pièce nous en dit ! Ce sont des bourgeois un peu
godelureaux qui vivaient probablement dans le quartier de la rue de La
Roquette ; ils ont fait un peu d'études -ils citent l'Ancien et le
Nouveau Testament, très différemment d'ailleurs : ils parlent de la
Bible avec révérence : Abel et Caïn, c'est toute l'humanité, mais pour
le Nouveau Testament, ils se tapotent le menton : quatre évangélistes et
trois n'ont rien vu, testis unus, testis nullus, si les gens y croient
c'est que ce sont des "cons". Autrement dit des goys. L'un d'eux
(Estragon) a été plus ou moins poète, ils "portaient beau" jusqu'à ce
que Vladimir emmène son ami loin des premières rafles : "V : Quand j'y
pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu...
sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu'un petit tas
d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur." Ils se sont cachés, ont
trouvé du travail dans le Vaucluse, à Roussillon précisément, où comme
c'est curieux Samuel Beckett a aussi passé l'année 1942, ils y ont fait
les vendanges... l'agriculture manquait de bras... et puis ils ont dû
en partir à leur grand regret, pour ce qu'ils nomment le Merdecluse.
Q> Pourquoi sont-ils partis ?
R> Le 11 novembre 1942 l'armée allemande envahit la "zone libre" : Les
lois raciales s'appliquent alors sur l'ensemble du territoire. Les deux
amis ont attendu le printemps (traverser les Alpes en plein hiver c'est
tout de même pas idéal) -entre l'acte 1 et l'acte 2 l'arbre fleurit : on
est au printemps 1943- et cherchent à gagner la zone soumise à
l'administration italienne, réputée moins raciste. Jamais les Italiens
n'ont parlé de race italienne (ce que les deux compères ne savent pas,
c'est que Mussolini, vraiment à la botte d'Hitler, est en train de
durcir la répression). Où sont-ils à ce moment précis ? Dans un endroit
quasi désertique, sur un plateau calcaire ("nous sommes servis sur un
plateau"), on pense aux Préalpes du sud, peut-être le plateau de
Valensole.
Q> Tout ça est très précis, mais alors, Godot ?
R> Ce n'est pas Dieu évidemment, même si c'est le "sauveur", mais un
chef local de la Résistance, qui veut bien s'occuper des deux vagabonds,
et qui se méfie ! Ils ont besoin de faux papiers, d'un gîte, et celui
qui aide ceux qu'on appelle les "terroristes" est lui-même menacé ;
alors il doit consulter "ses amis", ses "agents", ses "correspondants" :
c'est tout de même un vocabulaire qu'on connaît bien ! D'où aussi les
épisodes avec l'enfant : "Monsieur Albert ?" -eh oui ! Vladimir, ça sent
un peu trop les steppes de l' Orient ; il a changé de nom, comme l'ont
fait des dizaines de milliers d'autres, pour ne pas être trahi par son
patronyme.
Q> En suivant ton hypothèse, on pourrait même dire que dans certains
passages, Estragon et Vladimir ont comme le pressentiment de l'horreur
qui pèse sur eux.
R> Oui, Beckett se permet ce qu'après tout Corneille et Racine se sont
permis bien avant lui, une sorte de rêve prémonitoire dans lequel ils
évoquent carrément la Shoah ! "V : D'où viennent tous ces cadavres ? E :
Ces ossements. V : Voilà. E : Evidemment. V : On a dû penser un peu. E :
Tout à fait au commencement. V : Un charnier, un charnier. E : Il n'y a
qu'à ne pas regarder. V : Ca tire l'oeil. E : C'est vrai. V : Malgré
qu'on en ait."... Et pourtant ça n'a pas suffi pour tirer l'oeil de la
critique ! N' oublions pas que Beckett a commencé d' écrire sa pièce en
1948 : le public venait juste de découvrir les camps de la mort. De quoi
nos personnages sont-ils coupables ? C'est dit au tout début de la
pièce : d'être nés. C'est la définition même du Juif !
Q> Que dire maintenant de Pozzo et de Lucky ?
R> Ils sont beaucoup moins importants, mais c'est quand même
intéressant. Pozzo est un propriétaire goinfre, sadique et bien entendu
raciste, qui rit de pouvoir être rangé sous la même étiquette que ces
deux étrangers, ces deux Untermenschen ("Vous êtes bien des êtres
humains cependant... De la même espèce que moi" ou plus loin : "je ne
peux me passer longtemps de la compagnie de mes semblables, même quand
ils ne me ressemblent qu'imparfaitement"). Quant à Lucky, c'est
l'intellectuel au service du pouvoir, le maître à penser ("il pensait
même très joliment autrefois, je pouvais l'écouter pendant des heures")
devenu inutile donc ennuyeux... Et puis tout de même, quand on dit que
Godot est une pièce où il ne se passe rien, sur quatre personnages, il y
en a un qui devient aveugle, et un autre qui devient muet, c'est pas
rien ! Et c'est très symbolique : Pozzo a mordu à une phraséologie qui
est en train de se démolir, et il s'en aperçoit subitement : début 1943,
c'est là que 300 000 soldats de Hitler se rendent à Stalingrad, c'est
là que Rommel perd l'Afrique, que les Américains reprennent une à une
les îles que les Japonais avaient occupées, le vent tourne, et l'arbre
qui verdit est l'arbre de la liberté... Ce qui d'ailleurs ne change rien
pour nos deux fugitifs, qui ne songent qu'à s'y pendre... Alors, comment
un metteur en scène pourrait rendre ça... j' ai bien ma petite idée...
Q> Penses-tu que ta thèse détruise la lecture habituelle ?
R> Oui, absolument ! Il n'en reste rien !
Q> Mais tout de même, ils gardent bien une dimension universelle, ils
incarnent bien, pas un Absurde philosophique, mais l'absurdité de
l'Histoire ?
R> D'accord, ça c'est d'accord, mais à condition qu'on voie les racines
concrètes de la situation, bref, tout ce à quoi j'ai fait allusion. Et
encore, comment Beckett a-t-il eu l'idée de ses personnages ? La réponse
est toute simple : Beckett, Irlandais -les Irlandais n'étaient pas mal
vus des Allemands, étant présumés ennemis des Anglais, mais Beckett ne
voulait pas cautionner l'occupation allemande, et il s'était réfugié à
Roussillon ! Il n'avait pas le sou -un de ses romans s'était vendu à 2
exemplaires- et il a bien dû faire les vendanges, ou côtoyer au café des
Juifs traqués -plutôt planqués à ce moment-là, traqués après- il a mangé
avec eux, trinqué avec eux ! Alors comment avec ça il a fait une pièce ?
Eh bien c'est ça le génie !
Q> Comment se fait-il que Beckett n'ait jamais fait allusion à cet
aspect-là de sa pièce ?
R> C'est même plus drôle que ça : Brecht, à la fin de sa vie, a dit à
Strehler qu'il aurait bien aimé demander à Beckett où étaient Vladimir
et Estragon pendant la Deuxième Guerre Mondiale, et quand Strehler pose
la question à Beckett il répond : dans la Résistance. C'est se ficher du
monde ! Des Juifs résistants, il y en a eu, mais certainement pas ces
deux-là. Mais Beckett était comme ça, il fuyait la télévision, et quand
quelqu' un était sur une piste, il se défaussait. Et personne n'a rien
vu.
Q> Pourquoi n'as-tu pas vu cela tout de suite ?
R> Je lisais la Nouvelle Revue Française, je lisais les Lettres
Nouvelles, tout ce qu'on lisait quand on était intellectuel et à gauche,
et on disait Absurde, Absurdie, bon, très bien... jusqu'à ce qu'un jour
une réplique m'agresse : la tour Eiffel, qu'est-ce que c'est que cette
histoire de tour Eiffel ?
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{FR, 20/12/2006}
COLLOQUE
Le naturalisme linguistique et ses désordres
26 et 27 janvier 2007 à l'Institut Jacques-Monod,
Campus Jussieu (2 place Jussieu - Paris 5e) tour 42, RdC.
Responsable scientifique : Sylvain Auroux
Le 19e siècle a incontestablement connu un renouvellement de la
recherche en matière de sciences du langage, avec l'introduction de
l'explication historique qui déborde largement les possibilités de
l'explication grammaticale. Ce renouveau s'est accompagné de notables
transformations des concepts de base, concernant, notamment, le statut
du langage, avec l'apparition du thème "naturaliste". Loin d'être le
résultat de l'activité culturelle des hommes, le langage serait le fruit
de sa nature biologique, entité elle-même "naturelle". L'historiographie
traditionnelle (à quelques notables exceptions comme Poliakov) repose
sur le thème largement mythique (créé par les comparatistes aux-mêmes)
d'un comparatisme qui serait pour le langage l'avènement de la
positivité de la pensée "scientifique". Au cours de ces journées, on se
propose de revoir ce mythe à la lumière de questions pour le moins
embarrassantes pour nos disciplines : y a-t-il des liens théoriques de
la grammaire comparée, notamment dans sa version naturaliste et
évolutionniste, avec le racisme et l'antisémitisme ?
Lorsque Schlegel publie en 1808 son ouvrage sur la langue et la
philosophie de l'Inde, il rompt avec la filiation dont s'est réclamé
l'Occident du Moyen-Age et de la Renaissance : l'hébreu ne figure plus
dans ses origines linguistiques. Le développement de la linguistique
indo-européenne passe largement par une apologie de l'Occident. Certains
textes classiques sont troublants. C'est dans l'Introduction de son
Histoire de la langue allemande (1848) que Grimm propose le concept de
"Reich" pour assigner l'étendue du règne du monde linguistique
germanique. Renan n'hésitera pas à voir dans la culture hébraïque une
phase à jamais imparfaite du développement de l'humanité. Les linguistes
(cf. Pictet) ont largement contribué au façonnage du mythe aryen.
Le naturalisme connaît un renouvellement important depuis le dernier
tiers du 20e siècle. "Naturaliser" l'épistémologie, l'esprit ou le
langage est une nouvelle façon de proclamer la positivité d'une démarche
destinée à renouveler les méthodes. Comment faut-il juger le naturalisme
et sa renaissance contemporaine ?
Programme
* Vendredi 26 janvier
13h 30 : Ouverture du colloque : Sylvie Archaimbault, Directrice de
l'UMR 7597 - CNRS/ Paris 7 et Jean-Marie Fournier, Président de la SHESL
Présidence : Maurice Olender
13h 45 / 14h 45 : Sylvain Auroux (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
La linguistique et la contrainte de la science : le racialisme
du XIXe siècle et la naturalisation aujourd'hui.
14h 45 / 15h 45 : Djamel Kouloughli (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Ernest Renan: un antisémitisme savant.
15h 45 / 16h : PAUSE
16h / 17h : Piet Desmet (K.U. Leuven, Belgique)
Abel Hovelacque et l'école de linguistique naturaliste :
l'inégalité des races s'explique-t-elle par l'inégalité des langues ?
17h / ..... Discussion générale : Coordination M. Olender ; les
participants + C. Puech
* Samedi 27 janvier
9h 15 / 10h 15 : John Joseph (Université d'Edimburgh, Royaume-Uni)
'La grenouille ne devient pas l'égale du boeuf' :
Les limites de l'assimilation linguistique selon Léopold de Saussure
10h 15 / 11h 15 : Carita Klippi (Åbo Akademi Turku, Finlande)
La première biolinguistique.
11h 30 / 12h 30 : Jean-Michel Fortis (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Le langage mental universel chez Pinker : examen critique.
DEJEUNER
14h / 15h : Daniel Véronique (Université de Provence, Aix-Marseille 1)
Des racines du langage au proto-langage :
un état de nature du langage chez D. Bickerton.
15h / 16h : Emilio Bonvini (CNRS, LLACAN)
Interférences anthropologiques dans l'histoire de la
linguistique africaine.
16h 30 : Assemblée générale de la SHESL.
Si vous souhaitez participer au dîner du vendredi, et/ou au déjeuner du
samedi, merci de vous inscrire en adressant un message à l'une des deux
adresses suivantes :
valerie.raby@wanadoo.fr (Valérie Raby)
jmfnier@wanadoo.fr (Jean-Marie Fournier)
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
Colloque international : appel à communications
Date : 21-22 septembre 2007
Lieu : Université Lyon 2, Lyon, France
Comité organisateur : Denis Reynaud (Lyon 2 / UMR 5611 LIRE), Philippe
Selosse (Lyon 2-GRAC / UMR 5037 Institut d'Histoire de la Pensée
Classique)
Les mots et les choses au xviiie siècle :
la science, "langue bien faite" ?
2007 verra la célébration du tricentenaire des naissances de Linné et de
Buffon. Ce sera pour nous prétexte à réunir les deux ennemis de
l'histoire naturelle classique dans une perspective commune. Celle-ci ne
sera centrée ni sur la biographie ni sur le statut des deux hommes
mesuré à l'aune de la science actuelle. Elle les inscrira en revanche
dans la réflexion générale des Lumières sur les rapports entre langue et
science, à travers notamment les questions de nomenclature.
1. Cadre épistémique de la nomenclature au siècle des Lumières
En botanique mais aussi en zoologie, le xviiie siècle est le siècle des
systèmes (Linné 1735, 1738 ; Adanson, 1763 ; Bergen 1750 ; Boissier de
Sauvages 1751 ; Gleditsch 1764 ; Haller 1742 ; Heister 1748a ; Jacquin
1760 ; Ludwig 1739a...) et de la réfutation des systèmes (Buffon 1749 ;
Crantz 1766 ; Lamarck 1792d-f). Ces systèmes, qui concernent aussi bien
la classification des pierres, plantes et animaux, que la structuration
de leurs dénominations, ont donné lieu à l'émergence d'un terme nouveau
en français, celui de nomenclature dans ses acceptions de "méthode
systématique de structuration des dénominations" et "ensemble des
dénominations structurées selon une méthode" (1758 selon le Trésor de la
Langue Française : "Art d'établir et de classer les objets d'une science
et de leur attribuer méthodiquement des noms" (Duhamel-Monceau)). C'est
sur les problématiques soulevées par ce nouveau concept que le colloque
concentrera sa réflexion.
S'attacher à la nomenclature, c'est d'abord prendre en compte
l'importance de la langue dans les publications scientifiques de
l'époque -et rappeler que la science est alors indissociable
(indissociée) des lettres (Buffon 1753) et se réalise d'abord par la
langue. La nomenclature est en effet au coeur des publications :
- Linné (1751) présente une nouvelle nomenclature -non pas celle,
binominale, que l'historiographie a confusément attachée à son nom,
mais celle des noms spécifiques essentiels, naturels et factices -qui
donne lieu à de violentes polémiques tout au long du siècle, tant sur
le fond (le type de nomenclature proposé -Siegesbeck 1737, Gleditsch
1740) que sur la forme (le bouleversement occasionné par la nouvelle
nomenclature -Dillen 1732). De plus, bien d'autres auteurs présentent
des tentatives nouvelles de nomenclatures : Adanson (1763), Bergeret
(1783), Rafinesque-Schmalz (1814), Rousseau (1777)...
- un concept marginal de Linné, celui des "Noms Triviaux" (source de la
nomenclature binominale), se trouve prendre un développement inattendu
en France, par sa compatibilité avec la théorie des idées des
encyclopédistes (Auroux 1979) et le condillacisme. D'abord approuvé en
1774 par l'Académie des Sciences, il est ensuite prôné par les
botanistes français (les Jussieu, Lamarck, Rousseau...) puis devient
la base de la nomenclature internationale ;
- aucun botaniste, qu'il suive ou combatte Linné, ne publie alors
d'ouvrage sans commencer par de longues discussions sur les
dénominations, le mode de dénomination -avant même de présenter son
système de classification et les nouvelles plantes recensées. La
langue paraît donc être l'objet central de toutes les attentions
(Heister 1748b ; Ludwig 1747 ; Millin, 1795 ; Müller-Wille 2006 ;
Reynaud 1989), à tel point que les réflexions sur la langue débordent
parfois très largement le simple cadre de la nomenclature (Adanson
1763).
La nomenclature est par ailleurs et surtout la notion qui concrétise, au
niveau de la langue, l'opposition alors récurrente entre un réalisme qui
vise des entités spécifiques existant dans la nature et indépendantes de
l'homme, et un conceptualisme qui vise des entités spécifiques saisies
par l'homme dans la continuité de la nature et en tant que telles
dépendantes de la perception humaine. Dans le premier cas (Linné), les
espèces, discrètes, peuvent être nommées et leur définition passe
exclusivement par la nomenclature (rejet de l'image), qui a force
ontologique ; créées par Dieu, elles n'ont rien de commun avec l'humain
et refusent donc tout ce qui ressortit à la rhétorique (rejet des
figures de style). Dans le second cas (Buffon), les espèces, prises dans
un continuum, ne peuvent être nommées qu'artificiellement, sans aucune
dimension définitoire ; fruits de l'esprit humain appréhendant la
nature, elles ne peuvent être mieux approchées et définies que par le
discours humain, dont une des caractéristiques est la rhétorique et le
recours à l'image sous toutes ses formes, picturale et linguistique
(intégration des figures de style). La "nomenclature" est alors
analogique de la "langue de la nature" et tout le débat se résume à deux
positions : "réduire la langue de la nature au système" ou "réduire le
système à la langue de la nature" (Crantz 1766)
La nomenclature, enfin, est souvent définie sous forme d'aphorismes
baconiens, qui prennent le nom de "lois" ou "fondements". Cette
dimension législative n'est peut-être pas sans objectifs politiques :
certains (Drouin 2000) y ont vu l'amorce d'un "pacte social" ; d'autres
(Duris 1993, 2006) y ont vu l'effet inverse, la Révolution française et
sa "frénésie nomenclaturale" en tous domaines (poids et mesure,
calendrier, chimie...) concrétisant l'importance de la réflexion
nomenclaturale en lui donnant un caractère social et politique
prééminent. À moins que ce ne soit simplement un fait d'épistémè... ?
2. Problématiques du colloque
Les communications tenteront de répondre à la question générale
"Qu'est-ce qu'une nomenclature ?"
en partant des problématiques suivantes :
- du point de vue de l'histoire des idées : quels sont les liens
existant entre nomenclature et système, dans une épistèmè de systèmes
(Leibniz, Système nouveau de la nature, entre autres) ? L'opposition
de Vicq d'Azyr (<1779>, 1805 - qui critique la dépendance de la
nomenclature botanique à l'égard du système de Linné) et de Condorcet
(<1778>, 1781 - qui affirme au contraire l'indépendance de cette
nomenclature à l'égard de tout système), l'apparente opposition de
Linné et Buffon au sujet de la nomenclature, l'intégration des
caractéristiques des différents systèmes développés par chaque
botaniste dans leurs nomenclatures, constituent autant de bases de
réflexion ;
- du point de vue linguistique : quelles sont les caractéristiques
linguistiques d'une nomenclature ? Et en particulier au xviiie siècle,
quelles en sont les caractéristiques en latin ? en français ? en
anglais ? en allemand ? en italien ? En quoi la nomenclature
emprunte-t-elle aux nouvelles conceptions de la langue développées par
les Encyclopédistes (Beauzée et autres) ?
- du point de vue philosophique : en quoi la nomenclature
caractérise-t-elle l'épistèmè des Lumières ? Quels sont les liens
entre la nomenclature des naturalistes et les réflexions
conceptualistes de Bacon, Locke et Condillac (entre autres) ? et les
réflexions réalistes d'un Leibniz ? quelle est la place de la
nomenclature dans les théories de la connaissance d'un Condillac, d'un
Rousseau, d'un Leibniz (cf. Selosse 2006)... ?
- du point de vue épistémologique : la science des Lumières se
réduit-elle à des systèmes de représentations, dont la nomenclature
serait la forme la plus accomplie ?
- du point de vue politique, enfin : quelle dimension sociale attribuer
aux lois nomenclaturales et à leur visée universelle ? comment
interpréter l'extrême attention portée à la nomenclature de la
Révolution française, dans le droit fil de la pensée linnéenne ?
3. Soumission des propositions de communications
L'examen des propositions de communication sera fait par deux membres du
comité scientifique ;
- chaque proposition comportera le titre et le résumé de la
communication (2500 caractères maximum), accompagnés de 5 références
bibliographiques (max.) permettant de situer l'orientation du travail,
et suivis du nom, de l'appartenance institutionnelle et de l'adresse
postale ou courriel de l'auteur ;
- langues de travail : français, allemand, anglais, italien ;
- envoi des propositions, soit par courrier postal à l'adresse
suivante :
Denis Reynaud
Faculté Lesla - Université Lyon 2
18, quai Claude Bernard
69365 LYON cedex 07
soit par courriel :
denis.reynaud@univ-lyon2.fr
selosse.philippe@wanadoo.fr
- date limite de réception : 31 décembre 2006.
4. Calendrier :
- appel à communication : juin 2006
- date limite de réception des propositions de communication : 31
décembre 2006
- date d'acceptation des communications : 1er mars 2007
- tenue du colloque : 21 et 22 septembre 2007 à Lyon
- la publication des actes est envisagée à l'issue du colloque
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{FR, 20/12/2006}
APPEL à COMMUNICATIONS
IXème Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual)
Le IXème Congrès de l'Association Internationale de Sémiotique Visuelle
(AISV - IAVS) se déroulera
en Turquie, dans les locaux d'Istanbul Kültür University
du 29 Mai au 2 Juin 2007.
Les langues officielles du congrès de l'AISV sont: le français,
l'anglais, l'espagnol.
Les propositions de communication devront nous parvenir avant le 8
Janvier 2007.
Les propositions, sous la forme d'un texte de 200 mots au maximum,
seront expédiées au format électronique RTF.
Cultures du visible
Rien de plus variable à travers les cultures que l'image. Il n'est pas
nécessaire de souligner que celle-ci varie spectaculairement dans sa
structure, dans ses styles et dans ses moyens techniques, le long des
axes temporel, géographique et social. Mais la diversité est aussi du
côté des modalités d'énonciation, d'appropriation et de lecture de
l'image. Et c'est même vis-à-vis du phénomène de l'image dans son
ensemble que les positions culturelles divergent, comme le montrent les
controverses anthropologiques, sociologiques, voire théologiques, qui
ont régulièrement agité l'humanité, pour ne pas parler du débat sur
l'iconicité en sémiotique. Bref, les cultures du visible sont aussi une
pensée de l'image.
Le IXe Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual) sera consacré à cette variabilité
culturelle du visible et à la manière de la penser. Un appel à
communications est donc lancé aux membres de l'AISV et à toutes les
personnes intéressées à la sémiotique visuelle comme aux chercheurs des
domaines connexes (histoire et théorie des arts visuels, études
cinématographiques, muséologie, esthétique, phénoménologie,
linguistique, sciences cognitives, sciences de l'information et de la
communication, archéologie, anthropologie sociologie, ethno-histoire,
etc.), pour qu'ils participent à cet événement.
En particulier, les questions suivantes seront abordées : comment un
appareil perceptif universel et invariant peut-il déboucher sur des
modèles cognitifs divergents ? comment les spécificités culturelles
coexistent-elles avec une communication à très large spectre ? Après
avoir étudié "La société globalisée en tant que société des images"
(Journées de sémiotique visuelle de l'AISV-IAVS à Lyon, juillet 2004),
on décrira donc les contacts, les concurrences et les interférences
entre les divers modèles culturels de l'image. On s'efforcera également
d'aborder les questions que la variabilité pose à la discipline
sémiotique : comment tenir compte de la variation de l'image dans une
sémiotique visuelle générale ? et en particulier comment rendre des
compte des évolutions des signes visuels avec des moyens proprement
sémiotique ? ou encore : comment contribuer à la constitution d'une
socio-sémiotique ou une anthropo-sémiotique du visible ?
Sans nul doute, le fait que la ville européenne où se tiendra le congrès
a jadis connu de grands débats sur l'icone et qu'elle constitue un pont
entre l'Occident et l'Orient constituera un puissant stimulant à ces
débats.
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APPEL A COMMUNUICATIONS
Appel à communications / Call for Papers
Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?
Where does text value come from?
Octobre 2007, Université de Reims Champagne-Ardenne
La problématique de la valeur des textes est très souvent posée sous
l'angle esthétique. Certes, cela permet d'échapper au principe logique
de compositionalité comme au modèle de la communication et de
l'information.
Or si l'on s'intéresse à tous les types de textes, on ne peut pas se
limiter à l'esthétique. Il est proposé ici d'aborder la question de la
valeur des textes sous différents aspects : non seulement esthétique
mais aussi affectif et cognitif. En effet, si l'esthétique suggère de
faire des textes littéraires une catégorie à part (selon le critère à
réinterroger de la littérarité), la pragmatique assigne aux textes une
tout autre valeur : est-ce son action pragmatique qui donne au texte sa
valeur ? Est-ce ce que me fait le texte ? Est-ce son rôle sur le réel et
l'action qui s'y déploie en conséquence ? Après tout, lire, c'est aussi
agir. La valeur des textes serait-elle une qualité extrinsèque ?
Ou une qualité intrinsèque ? Un texte tire-t-il sa valeur de critères
internes comme ceux qui tiendraient à son affiliation générique et à sa
manière singulière de référer ? Dans ce cas, la manière de référer
induit-elle une valeur explicative ou une valeur heuristique ? Si l'on
quitte les domaines du réel, du bien, du vrai et du beau, peut-on dire
que le cognitif nous achemine vers celui du juste, au sens où un texte
répond à des critères génériques ?
Et si la valeur économique se mesure en fonction de l'utilité sociale,
est-elle transposable en sémiotique en termes d'utilité discursive ?
Quelle est alors la valeur ajoutée des textes ? Est-elle liée à leur
interprétation ? Selon Saussure, la valeur d'un mot ne tient pas à la
signification : qu'en est-il de la valeur d'un texte ? Quel est le rôle
du contexte dans la construction de cette valeur ?
Ce colloque s'adresse aux chercheurs en linguistique, en littérature
française et étrangère, et à tous ceux qui travaillent sur les textes.
Dates : 11 et 12 octobre 2007 (éventuellement 13 octobre)
Lieu : UFR des Lettres et Sciences Humaines, Université de Reims
Langues de travail : français, anglais et autres selon ateliers
Durée des communications : 30 minutes maximum.
Frais d'inscription : 110 euros (ils couvriront au minimum l'inscription
au colloque et deux déjeuners)
Les propositions sous forme de résumés sont à envoyer avant le
15 JANVIER 2007 à :
- f.canon-roger@wanadoo.fr et je.tyvaert@univ-reims.fr pour la
linguistique
- christine.chollier@univ-reims.fr pour les littératures de langue
anglaise
Elles insisteront sur l'angle épistémologique choisi et mettront en
avant de nouvelles propositions. Elles s'appuieront sur l'étude d'un
texte ou de plusieurs textes (à spécifier).
Réponse sera donnée avant le 15 mars 2007.
L'inscription sera effectuée auprès du secrétariat
patricia.oudinet@univ-reims.fr
entre le 15 mars et le 15 mai 2007.
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
5èmes Journées de la Linguistique de Corpus
Lorient, 13 - 15 septembre 2007
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
Les 5èmes Journées de linguistique de corpus auront lieu à Lorient les
13, 14 et 15 septembre 2007. Elles sont organisées par le laboratoire
ADICORE de l'Université de Bretagne Sud.
* Objectifs
Ces 5èmes Journées de Linguistique de Corpus visent à promouvoir le
développement de la linguistique de corpus en France. Elles réunissent
des chercheurs venus d'horizons divers qui s'intéressent à l'utilisation
de l'informatique pour l'analyse des faits de langues. Les
contributions attendues pourront concerner, de manière non exhaustive :
- la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
- la lexicométrie
- la terminologie,
- la traduction
- l'analyse du discours,
- la linguistique appliquée et
- la description linguistique,
- ...
* Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une vingtaine
de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues des
communications affichées. L'ensemble des communications retenues donnera
lieu à publication dans les actes de la conférence.
* Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités d'exploration,
dont les résultats principaux seront présentés dans ce résumé. Le résumé
sera accompagné d'une page de renseignements pratiques comprenant le
mode de communication souhaité (oral ou poster), le nom, l'affiliation,
téléphone, adresse postale et électronique. Les résumés doivent être en
Times 12 avec interligne simple et en format Word RTF, ASCII, ou HTML.
Ces contributions seront évaluées par deux experts du comité
scientifique de la conférence.
Ces soumissions devront parvenir au comité d'organisation à l'adresse
suivante :
Journée "Linguistique de corpus "
Geoffrey Williams
Département d'Ingénierie du Document
U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
4 rue Jean Zay
BP 92116
56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
* Calendrier
Date limite de soumission 20 avril 2007
Notification aux auteurs 20 mai 2007
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2007
* Renseignements
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
ou le site WWW de la conférence
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
DATE LIMITE DE SOUMISSION : 20 avril 2007
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{Mpondo-Dicka, 07/11/2006}
APPEL À COMMUNICATION
Colloque International Ludovia 2007
du 4 au 6 juillet 2007 à Ax les Thermes, Ariège (09), France.
Le colloque scientifique Ludovia [...] explore les problématiques posées
par le multimédia dans les pratiques éducatives et/ou ludiques, que ce
soit en production ou en réception. [...] Après avoir débattu des enjeux
de l'immersion en 2006, la thématique choisie pour faire progresser la
réflexion est la suivante :
La convivialité des interfaces à vocation ludique et/ou pédagogique.
Conception, création, valeurs, usages.
Pour plus d'informations :
ludovia2007.colloque@online.fr
http://ludovia2007.colloque.free.fr.
http://www.ludovia.org
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SdT volume 13, numero 1.
LES CITATIONS DU MOIS
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La connotation est au discours ce que la prime
est au rendement.
Philippe Mesnard
Lire est si facile, disent ceux auxquels la
longue pratique des livres a ôté tout respect
pour la parole écrite ; mais celui qui a affaire
à des choses ou à des hommes plutôt qu'à des
livres, celui qui doit sortir le matin et
rentrer le soir endurci, s'aperçoit, quand par
hasard il se concentre sur une page, qu'il a
sous les yeux quelque chose de rebutant et
d'étrange, d'évanescent et en même temps de
fort, qui l'agresse et le décourage. Inutile
d'ajouter que ce dernier est plus proche de la
vraie lecture que les autres.
Cesare Pavese, L'Unità, juin 1945
La mythologie n'est qu'un dialecte, une antique
forme du langage. Quoique roulant surtout dans
le cercle de la nature, la mythologie était
applicable à toute chose.
Rien n'est exclu de l'expression mythologique ;
ni la morale, ni la philosophie, ni l'histoire,
ni la religion, ni l'éthique n'ont échappé au
charme de cette antique sibylle.
Mais la mythologie n'est ni la philosophie, ni
l'histoire, ni la religion, ni l'éthique.
C'est, pour employer une expression scolastique,
un quale et non un quid, une forme et non
quelque chose de substantiel.
Max Muller
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Jovan Kostov, Tamako Suzuki, Maria Zaleska, Aya
Ono, Karine Collette.
- Nouvelles adresses pour Margareta Kastberg Sjoeblom, Michelle
Lecolle, Thierry Mezaille, Franck Neveu, Denis Thouard,
Alessandro Zinna.
2- Carnet
- Voeux de la redaction
- Seminaires :
Philippe Mesnard : L'instance du temoignage, de ses logiques a
son sujet (II)
Pierre Judet de la Combe : La comedie grecque ancienne et ses
conflits d'interpretation
Charlotte Lacoste : Narratologies contemporaines
Francois Rastier : Les corpus, leur constitution. Textes et
documents. Objectivation et interpretation dans les sciences
de la culture.
- Vadim Roudnev : L'idiotie comme strategie de l'art moderne
- Conferences de la Cite des Sciences
3- Textes électroniques
- Sur le site CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux)
la premiere grammaire slovene (1584)
- Logiciel Antidote RX
4- Publications
- Gilbert Lazard : La quete des invariants interlangues. La
linguistique est-elle une science ?
- Denis Thouard : Le partage des idees. Etudes sur la forme de
la philosophie
- Mathieu Valette : Linguistiques enonciatives et cognitives
francaises. Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice
Toussaint, Antoine Culioli.
- Jean-Philippe Dalbera : Des dialectes au langage. Une
archeologie du sens
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (sept.-dec. 2006)
5- Textes
- Saussure et Nunzio La Fauci : Faut-il dire notre pensee intime
- L'utilite de la linguistique. Saussure, Lecon du 28 oct. 1910
- Francois Rastier : Note sur le projet SITES (Studies for
Integrated Text Sciences)
6- Dialogue
- D'ou viennent tous ces cadavres ? Une cle historique pour
"En attendant Godot", Dialogue entre D. Thouard et V. Temkine.
7- Appels : Colloques et revues
- Le naturalisme linguistique et ses désordres, Paris, 26-27
janvier 2007
- Les mots et les choses au xviiie siecle : la science, "langue
bien faite" ?, Lyon, 21-22 septembre 2007.
- Cultures du visible, IXeme Congres de l'AISV-IAVS, Istanbul
(Turquie), 29 mai - 2 juin 2007
- Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?, Reims, oct. 2007
- 5emes Journees de la Linguistique de Corpus, Lorient,
13-15 septembre 2007
- La convivialite des interfaces ludiques et/ou pedagogiques,
Ludovia 2007, Ax les Thermes (France), 4-6 juillet 2007
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 20/12/2006}
VOEUX
La rédaction de Sémantique des textes présente tous ses voeux à ses
lecteurs pour la nouvelle année.
Parmi les bonnes résolutions à venir, pourquoi ne pas nous adresser vos
avis, critiques et/ou encouragements ?
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Mémoire des signes
http://www.memoire-des-signes.net/
Collège international de philosophie
1, rue Descartes
F-75005 Paris
Tél. : 01.44.41.46.80
Philippe Mesnard
Séminaire annuel 2006-2007
L'instance du témoignage, de ses logiques a son sujet (II)
Cette deuxième année de séminaire doit permettre, à partir du modèle
d'interprétation que nous avons présenté l'an passé, d'approfondir la
question des logiques du témoignage. Celles-ci seront abordées à partir
de l'élaboration des textes testimoniaux, de leur pluridimensionnalité
et du mouvement de leur réécriture confronté à la question du genre. Une
attention particulière sera portée : aux formes nouvelles d'écriture
testimoniale quand, par exemple, l'essai émerge entre narration et
description (Améry, Cayrol, Levi, Kertész, Ki?, Klüger, Rousset,
Sebald...) ; à la place que tient la poésie lyrique, contre-lyrique,
gnomique, épique (Borowski, Cayrol, Celan, Delbo, Katzenelson, Levi...),
ainsi qu'au théâtre (Delbo, Gatti, Langfus, Levin, Régy, Sobol, Tabori,
Weiss...). Les séances consacrées à la poésie et au théâtre auront
principalement lieu au deuxième semestre. Nous poserons tout le long de
cette année les termes d'une définition du sujet du témoignage.
Des textes et informations complémentaires sont mis à disposition sur le
site [site en partie en construction] :
http://www.memoire-des-signes.net/
Les séances se tiendront au Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005
Paris. Mar 9 jan, Mar 23 jan : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
9 janvier : Les formes courtes : Tadeusz Borowski, Charlotte Delbo,
Primo Levi, Liana Millu, avec Luba Jurgenson (Paris IV Sorbonne, CRAL)
23 janvier : Poésie dans le témoignage, poéticité du témoignage :
Michel Deguy & François Rastier
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Pierre Judet de la Combe
Intitulé général :
"L'interprétation littéraire. Théories et pratiques."
Intitulé pour l'année 2006-07 :
"La comédie grecque ancienne et ses conflits d'interprétation."
1. L'analyse d'oeuvres d'Aristophane (lues en traduction), et notamment
des Oiseaux, nous aidera à répondre à la question de la validité
revendiquée par une forme poétique. Comment comprendre une forme de
discours qui à la fois cite l'ensemble des formes symboliques de son
temps et, en opposition avec elles, se dégage de toute prétention à
produire du "vrai" ? L'examen des interprétations anciennes et modernes
de la comédie montrera selon quels modèles de la relation entre activité
langagière et institution de valeurs sociales la spécificité d'une telle
forme a été conçue.
Lundi de 11 h à 13 h (salle 5, 105 Bd Raspail), à partir du 6 novembre.
2. Un atelier de philologie reviendra sur les questions techniques que
pose la lecture (en grec) de ces textes et permettra aux étudiants
d'exposer leurs travaux.
1er et 3e lundis du mois (salle 4, 105 Bd Raspail), à partir du 6
novembre. La première séance portera sur des passages des Sept contre
Thèbes d'Eschyle.
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Séminaire d'élèves 2006-2007
[NDLR : Malgré l'intitulé Séminaire d'élèves, la participation à ce
séminaire est libre et nos abonnés intéressés seront bienvenus.]
Narratologies contemporaines
Charlotte Lacoste
lacoste.charlotte@neuf.fr
06 71 73 50 97
ENS Ulm, salle 18 (escalier A, 1er étage, entre la salle des Actes et la
salle Cavaillès)
le mardi de 17h à 19h, tous les quinze jours
Objectif
Il s'agit de faire un état des lieux de la narratologie, discipline
florissante dont les récents développements soulèvent des débats souvent
mal connus des étudiants français. Conçu comme un atelier de réflexion,
ce séminaire d'élèves, à vocation pluridisciplinaire (littérature,
philosophie, études cinématographiques), se tient en marge de celui,
intitulé "De la figure à la fiction", proposé par Jean-Marie Schaeffer,
Michel Murat et Marielle Macé.
Nous nous proposons pour notre part de donner aux jeunes chercheurs
l'occasion de relire en détails les textes fondateurs de la théorie de
récit, de suivre et de débattre de l'actualité de la recherche en
narratologie et de mener, en parallèle, une réflexion épistémologique
concernant le destin mouvementé de l'une des nombreuses disciplines du
texte, "la science du récit" (Todorov 1969 : 10), traversée à cette
heure par de multiples courants, charriant eux-mêmes d'innombrables
sous-disciplines hybrides. Un tel fourmillement rend nécessaire un
travail de synthèse.
Problématique
Nous nous pencherons tout d'abord sur l'histoire de la discipline : sur
les conditions de sa naissance, dans le giron de la linguistique, sur
les espoirs que son parrain, Tzvetan Todorov, conçut pour elle en la
tenant, en 1969, sur les fonts baptismaux ; sur ses premiers mots, qui
ne furent que curieux néologismes ; sur sa courte vie, dont on sait
surtout qu'elle fut austère (sa systématicité maniaque, son obscurité
terminologique, sa compulsion typologisante) ; sur son agonie, dans les
années 1980, abrégée par les coups que lui porta une foule, soûlée de
logocentrisme et de synchronie, moquant ses prétentions à la vérité (la
narratologie aurait péché par excès de ligne droite) ; sur sa
résurrection, enfin, sous d'improbables atours, qui fit grand bruit à la
veille du troisième millénaire. De fait, son double "turn" ("cultural
turn" et "cognitive turn") nous la rendit mieux en chair, réhydratée, et
grosse d'une multitude de petites narratologies qui font aujourd'hui
leur chemin : narratologie thématique (féministe, ethnique,
contextualiste, postcoloniale), narratologie cognitive, théorie des
mondes possibles, narratologie postmoderne, narratologie appliquée,
comparée, phénoménologique, etc. ont repeuplé la terre, s'alliant
parfois à d'autres disciplines comme l'IA, la psychologie cognitive ou
l'historiographie, dont sont encore nés récemment quelques rejetons
(psycho-narratologie, socio-narratologie, etc.)...
Nous analyserons les tours et les détours de cette histoire
rocambolesque, et nous appesantirons tout particulièrement sur
l'entrelacs subtil qui en compose le bouquet final. S'agit-il d'une
renaissance de la narratologie, d'une fusion-acquisition bref, d'un
happy end, comme une première lecture tendrait à le faire croire, ou
d'un démantèlement, d'une explosion-liquidation des concepts et des
méthodes de la narratologie classique ? Les nouvelles narratologies qui
ont émergé à la faveur de ce "revival of narrative" (Ansgar Nünning
1999) ont réintégré à l'analyse du récit les problématiques historiques,
anthropologiques, éthiques, culturelles, philosophiques et même
scientifiques qui semblaient lui faire défaut, tout en s'affranchissant
des modèles abstraits et du cadre jugé scientiste qu'avait construit la
narratologie première manière. On s'interrogera donc sur l'héritage du
structuralisme, sur l'usage que les nouvelles narratologies font de
l'outillage fourbi par la narratologie classique, et sur les présupposés
philosophiques (et les postulats ontologiques) de leur nouveau programme
scientifique.
A la faveur du "cultural turn", certaines questions, qui avaient un
temps passé pour obsolètes, sont remises à l'honneur. Parmi elles, celle
de la mimèsis témoigne de l'orientation "réaliste" des problématiques
narratologiques ; de la triple mimèsis ric?urienne au problème de
l'influence respective de la fiction et de la "réalité réelle"
(Schaeffer 1999 : 40) sur le lecteur, en passant par la volonté de
"rendre au texte littéraire sa référence" (F. Jacques 1992) et par la
théorie des scripts et des plans, les nouvelles narratologies font fond
sur un "réel", longtemps ostracisé par la narratologie structurale
(affranchie du modèle de la référence), et enfin réhabilité. La question
de la mimèsis, pierre de touche du nouveau paradigme, constituera donc
pour nous un angle d'approche fécond qui nous permettra :
- De repartir de Platon, dont "nous sommes toujours les contemporains"
(Schaeffer 1999 : 12), et de proposer une lecture renouvelée de son
anti-mimétisme.
- De souligner, au gré de nos lectures critiques, le caractère
métaphysique des approches réalistes des textes de fiction (réalisme
empirique dans le cadre de la théorie des mondes possibles, réalisme
transcendant selon la phénoménologie ric?urienne), dont l'analyse
reste toujours indexée, en définitive, sur un monde réel qui sert
d'unique étalon à la référence fictionnelle.
- De réenvisager la question du réel en termes d'impressions (et non
d'illusions) référentielles : "tout texte impose des contraintes sur
la formation des images mentales, notamment par ses structures
sémantiques. Ces contraintes sont dépendantes des régimes discursifs
(ex. littéraire, scientifique, religieux, etc.) et des pactes qui
régissent l'interprétation des genres textuels au sein des pratiques
sociales" (Rastier 1992 : 101).
Bibliographie indicative
BAL Mieke,
1977. Narratologie : essais sur la signification narrative de quatre
romans modernes, Paris, Klincksieck.
1990. "The Point of Narratology", Poetics Today, 11.4, p. 727-753.
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1982. Unspeakable sentences : narration and representation in the
language of fiction, Melbourne : Routledge and K. Paul, tr. fr.
Phrases sans paroles : théorie du récit et du style indirect libre,
Paris, Seuil, 1995.
BARTHES Roland,
1966. "Analyse structurale des récits", Communications, 8, Paris,
repris dans Poétique du récit, 1977.
1970. S/Z, Paris, Seuil, coll. Points Essais.
BARTHES R., KAYSER W., BOOTH W. C., HAMON P.,
1977. Poétique du récit, Paris, Seuil, coll. Points Essais.
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1990. "Narratology's Centrifugal Force : A Literary Perspective on the
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BAZIN André,
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BENDER John,
1995. "Making the World safe for Narratolog: A Reply to Dorrit Cohn",
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BENVENISTE Emile
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1961. "Distance and point of view", in Essays in Criticism, Chicago
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CERISUELO Marc,
2000. Hollywood à l'écran. Essai de poétique historique des films :
l'exemple des métafilms américains, Paris, Presses de la Sorbonne
Nouvelle.
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CHATEAU Dominique,
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2006. Esthétique du cinéma, Paris, Armand Colin.
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222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 25/10/2006}
Séminaire Sémantique des textes, année 2006-2007
François RASTIER
Directeur de recherche
Thèmes : Les corpus, leur constitution. Textes et documents.
Objectivation et interprétation dans les sciences de la culture.
Institut national des langues et civilisations orientales,
2 rue de Lille, 75007 Paris -escalier B, premier étage, salle 124.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Les jeudis 11 janvier,
1er, 8 et 15 février ;
8, 15, 22 mars.
Horaire : de 17h30 à 19h15.
Agenda et documents : http://www.revue-texto.net
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{FR, 20/12/2006}
HUMOUR
ROUDNEV, Vadim. Soumachedchii professor [Le savant fou].
Khoudojestvennyi journal, n°26-27 : L'idiotie comme stratégie de l'art
moderne. Disponible sur :
http://www.guelman.ru/xz/362/xx26/x2613.htm
Traduction Rossitza Kyheng
"Apparemment, dans les années 1930 se sont distingués trois types de
savants-idiots, promoteurs sincères de la nouvelle science. Parmi eux il
y avait des figures cliniquement pathologiques, tels que Lyssenko et
Mitchourine, mais aussi des ambivalents, tels que Marr et Bakhtine (pour
être juste -le premier était académicien, deuxième est mort maître de
conférence).
L'idiotie de Marr et de Bakhtine est dans leurs doctrines, qui ont non
seulement un caractère psychotique (étant au moins une bonne matière
pour le psychanalyste, comme les célèbres mémoires du président du sénat
fou Daniel Schreber, qu'étudiaient attentivement Freud et Lacan), mais
aussi un caractère idiot tout simplement. Il est difficile de croire que
Marr pouvait sérieusement croire que tous les mots de toutes les langues
du monde provenaient de quatre racines SAL, BER, JON, ROS. Plutôt, à
contre-coeur, dans son idée génialement conçue de satisfaire en tout le
pouvoir soviétique il tâchait de ne pas accepter du tout la linguistique
bourgeoise. Si l'indo-européanisme normal affirmait qu'il y avait
d'abord une langue mère, qui a commencé à se désagréger ensuite en
langues nationales, Marr, lui, affirmait le contraire : il y avait
beaucoup de langues, ensuite elles ont convergé dans une seule, et
ensuite elles se sont désagrégés (conséquence de leur endommagement). En
outre ses idées les plus folles, les plus idiotes, ont commencé à se
confirmer ensuite, dans les décennies suivantes. Ainsi, par exemple, la
fameuse théorie des quatre éléments rappelle, d'une manière frappante,
la doctrine sur la structure du code génétique (cf. cela en détail dans
l'article de l'académicien T.V.Gamkrelidze).
La même chose avec Bakhtine. Dans son élan d'être inséré dans une
nouvelle science bolcheviste il construisait des conceptions qui ne
prenaient en considération AUCUN fait, notamment sa conception du
développement historique de la littérature. Ainsi pouvait agir seulement
un idiot. Mais Bakhtine n'était pas un idiot, il était un grand savant,
tout simplement son cerveau travaillait malgré lui dans la direction
nécessaire. À propos, l'idiotisation secondaire des idées de Bakhtine
sur le chronotope, la carnavalisation, les polyphonies et la pensée
dialogique, qui se produisit à la fin de 1970, mais surtout entre 1980
et 1990, d'une part chez des slavophiles tels que Kojinov, d'autre part,
dans "la philologie provinciale", est aussi un fait très curieux. On
peut dire de même sur les "idées" tardives de Lossev. L'auteur de
l'article a eu l'occasion de voir Alexeï Fedorovitch durant l'été de
1973 dans la maison de campagne -il se comportait, comme il convient à
un savant-idiot, tel qu'il est représenté dans le cinéma soviétique :
distrait, avec un sourire semi-fou, ne répondant pas aux questions,
parlant mal à propos, etc. Cependant, pour ce qui était "possible", dans
les mêmes années et même plus tard Lossev écrivait des travaux tout à
fait normaux en syntaxe historique. D'ailleurs, dans l'esprit de Marr.
Le deuxième type, c'est l'idiot le plus intéressant, le plus ambivalent,
l'émigrant interne de l'idéologie. Il se présente non seulement comme un
imbécile, mais parfois il se bafoue lui-même. Tel était, par exemple,
Victor Borisovich Chklovski. On raconte que, quand en 1947 à la séance
de l'Union des écrivains on écrasait Zochtchenko, Chklovski -ancien
formaliste et admirateur absolu de l'écrivain persécuté, s'attaquait à
Zochtchenko avec les autres. Quand l'écrivain stupéfait s'approcha de
Chklovski et lui dit : "Victor Borisovich, comment cela ? vous me louiez
avant ! ", Chklovski, sans broncher, répondit :"Je ne suis pas un
perroquet pour répéter toujours la même chose !"
Le troisième type c'est le "décidément insistant" : il est moins répandu
et voilé d'un nimbe héroïque. Qui oserait appeler idiot Saharov, mais la
conduite idiote lui était incontestablement propre (idiotie -dans la
droiture du "disant la vérité aux rois avec le sourire",- ensuite en
1995, pendant la guerre tchétchène, c'est Kovalev qui l'imitait dans ses
conversations avec Eltsine).
D'une manière ou d'une autre, le savant-idiot dans une société
répressive est un médiateur entre la vérité qu'il porte en lui et le
pouvoir qui le menace. Cette position entre vérité et enfer dicte au
savant fou non seulement sa stratégie comportementale, mais aussi la
forme que revêt la connaissance qu'il présente sous le masque de la
bouffonerie à l'auditoire et à la presse ; assez souvent cela s'avère
ensuite une connaissance prophétique, comme cela se passe avec du benêt
du village dans la compréhension russe de ce mot."
ROUDNEV, Vadim. Responsable éditorial du journal Logos, auteur du
Dictionnaire de la culture du XXe siècle.
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{FR, 20/12/2006}
CONFERENCES
CITÉ des SCIENCES (La Villette).
Avec plus de 100 rendez-vous par saison depuis maintenant quatre ans,
le Collège de la Cité couvre largement le champ des sciences
contemporaines et les questions de sciences et de société.
Ces conférences sont toutes enregistrées, et restituées, avec les
documents projetés par les conférenciers, sur le site Internet de la
Cité des sciences. Plus de la moitié d'entre elles font l'objet d'une
publication dans une collection de livres de poche coéditée avec les
éditions Le Pommier.
Nous avons souhaité attirer votre attention sur cette réalisation, en
considérant qu'elle pouvait répondre à votre attente et à celle de vos
étudiants, soit pour connaître les programmes à venir, pour consulter
les enregistrements des 400 conférences passées sur notre site Internet,
ou pour vous procurer les ouvrages édités.
Vous pourrez consulter ce programme, accéder à la base de conférences ou
consulter le catalogue des livres à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
index.htm
Pour vous abonner à notre lettre mensuelle par Internet et/ou recevoir
nos programmes il vous suffit de remplir le questionnaire à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
html/static/scripts/lettre_univ.php
Voici quelques uns des thèmes que nous vous proposons en début d'année
2007 : la physique quantique, la cellule, le sommeil et les rêves, les
origines des religions, le cancer, les pôles, les insectes, l'évolution.
Bien entendu, nous serions heureux de recevoir de votre part vos
remarques et suggestions sur ces programmes, que vous pourrez adresser à
l'adresse suivante :
college@cite-sciences.fr
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20/12/2006}
BEAUX SITES
Nous avons le plaisir de vous annoncer du nouveau du côté de
l'encyclopédie CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux) :
l'ajout de la notice de la première grammaire slovène : Adam Bohoric,
Arcticae horulae succisivae de Latinocarniolana literatura (1584).
http://ctlf.ens-lsh.fr/
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20/12/2006}
NOTE DE DEGUSTATION
La nouvelle version du logiciel Antidote appelée Antidote RX comprend
trois volets : le volet "dictionnaires", le volets "guides" et le volet
"correcteur".
Le volet "dictionnaires" comprend pour chaque entrée une/des
définitions, un dictionnaire des synonymes assez complet, un inventaire
des locutions où rentre le mot de l'entrée, un dictionnaire des
antonymes, un conjugueur qui affiche tous les temps possibles quand il
s'agit d'un verbe, l'ensemble des mots de la même "Famille", des
analogies, des citations, des anagrammes. Enfin, des cooccurents
hierachisés par ordre de fréquence et donnés dans des exemples attestés.
On navigue entre ces différents outils en cliquant sur l'onglet
approprié situé à gauche.
A droite de chaque définition sont précisées les flexions, les
difficultés orthographiques ou grammaticales (lien vers le volet guides)
et, nouveauté lexicométrique, la fréquence : ainsi "apophantique"
affiche 4 et se rapproche du pôle rare mais "institution" affiche 74 et
se rapproche du pôle fréquent.
Les citations sont tirées de Gallica, de Projet Gutenberg, de la presse,
etc.
Le deuxième volet appelé "guides" est consacrés à la grammaire et à
l'orthographe. Il comprend les onglets : lexique, grammaire, syntaxe,
ponctuation, style, rédaction, typographie, rectifications et points de
langue. Selon les entrées, certaines rubriques sont concernées plus que
d'autres. Pour "banal" par exemple, la rubrique grammaire indique qu'on
choisit le pluriel banals/banaux selon le sens.
Le dernier volet est un correcteur particulièrement puissant. La
correction d'un document texte signale non seulement l'orthographe, les
accords, mais aussi la ponctuation, les faux amis, etc.
Antidote s'intègre à Word et à plusieurs autres logiciels. C'est un
outil pratique et complet qui réunit une bonne partie des connaissances
linguistiques dont on a besoin pour rédiger.
Site internet :
http://www.druide.com/antidote.html
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 20/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
La quête des invariants interlangues :
La linguistique est-elle une science ?
par Gilbert Lazard
Editions Honoré Champion, 3 rue Corneille, F-75006 Paris
Diffusion France et Belgique : champion@honorechampion.com
Autres pays : nsalina@slatkine.com
ISBN : 2-7453-1392-4, 352 pages, Relié, 68 euros.
______________________
Ce livre d'orientation épistémologique est l'oeuvre d'un linguiste
principalement intéressé par la diversité des langues et l'unité du
langage. Il traite des fondements de la linguistique en tant que
science des langues, coeur des "sciences du langage". Il s'adresse à la
fois aux linguistes et aux non-linguistes. Il s'est voulu
raisonnablement intelligible à tous les lecteurs, sans que soit
sacrifiée l'exactitude technique nécessaire.
Aux linguistes il expose une certaine conception de la langue,
inspirée de la pensée des deux grands esprits que furent Ferdinand de
Saussure et Émile Benveniste. D'autre part, il propose, dans le
quatrième chapitre, une méthode, fondée théoriquement, pour la
comparaison des langues en vue de découvrir, par-delà leur diversité,
des lois générales de leur constitution. Ces idées sont offertes comme
une réponse au trouble intellectuel qui se manifeste présentement dans
le milieu des linguistes français en quête d'un "noyau dur" de leur
discipline.
Aux non-linguistes il présente un tableau partiel de la recherche sur
les structures des langues et des problèmes théoriques qu'elle pose. Il
offre aux philosophes du langage et aux spécialistes des sciences
cognitives une définition de la langue qui distingue clairement l'objet
de la linguistique de ceux des disciplines connexes et par là contribue
à éclairer les relations entre elles.
* Sommaire
Introduction
Ch. I : Une proto-science
L'état de proto-science. Les traditions grammaticales. La "grammaire
comparée". La typologie. Une science du langage ?
Ch. II : Langage, langue, parole
L'origine du langage. La naissance de la grammaire. La quête de la
grammaire universelle. La langue et la parole. Deux linguistiques ?
Ch. III : La langue
Qu'est-ce qu'une langue ? La réduction saussurienne. Les unités :
variations, polysémie, homonymie, synonymie. La démarche descriptive.
Modèles ? Axiomes ? La terminologie. La question de l'objectivité.
Ch. IV : Variations et invariance
Toutes les langues sont différentes. Toutes les langues se
ressemblent. Le problème de la comparaison : les catégories
linguistiques ; des catégories extra-linguistiques ? Des cadres
conceptuels arbitraires. La démarche. Autres exemples. Des
invariants objectifs?
Ch. V : Etudes de cas
Introduction. Structure de la syllabe et nombre de syllabes. La
fracture d'actance selon le temps ou l'aspect. Le traitement
différentiel de l'objet. La zone objectale. La question du sujet. La
transitivité. La transitivité généralisée. Diathèses. La hiérarchie
d'humanitude. Les rôles sémantiques. Le moyen. L'aspect. Nom et verbe.
Thème et rhème. La nature des invariants.
Ch. VI : Regards sur le large
Introduction. La RRG. Les noémies de Pottier. Langacker et le
cognitif. Culioli et l'énonciation. La mise en discours.
Formalisations. Les populations de Croft.
Conclusion.
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{FR, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Denis Thouard, Le partage des idées. Etudes sur la forme de la
philosophie, Editions du CNRS, "Philosophie", Paris, 2007.
______________________
Si la philosophie vise bien une vérité, elle ne peut être indifférente à
sa communication. Le vrai doit être dit pour tous, car il vaut pour
tous. Telle est la conviction des siècles démocratiques, héritiers des
idéaux des Lumières. Mais comment être assuré qu'il sera compris ?
Les études ici réunies, consacrées aux Lumières et à l'ensemble
romantique et idéaliste allemand, présentent plusieurs tentatives et
reviennent sur leurs apories. Dans la lignée d'un rationalisme
triomphant, les Lumières ont cherché à "populariser" la philosophie,
privilégiant la clarté du discours. Mais cette pédagogie rencontre une
double limite, qui tient à la simplification des contenus et à
l'impossibilité d'éviter tout malentendu.
En réaction aux illusions d'une communication accomplie sous le signe de
la raison universelle, des stratégies alternatives ont vu le jour. De
Kant à Fichte, de Hegel à Schlegel, Schelling ou Schleiermacher, les
formes les plus diverses ont pu être essayées, trahissant la tension
entre l'individualité de la forme et l'universalité de la prétention au
vrai. On analysera ici le poème didactique, le fragment, le dialogue et
le récit à partir de cas exemplaires où la philosophie s'approprie des
genres hétérogènes comme le poème de Lucrèce, la maxime des moralistes
français, le dialogue platonicien ou l'épopée homérique.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d'une
pédagogie de la clarté autant que d'une réduction de la philosophie à
l'écriture, l'ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
l'activité du lecteur.
______________________
Denis Thouard, Directeur de recherche au CNRS (UMR "Savoirs, Textes,
Langage" à Lille), actuellement à l'Université de Munich, travaille sur
les problèmes du langage et de l'interprétation, notamment sur la
tradition herméneutique.
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{Valette, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Mathieu Valette
Linguistiques énonciatives et cognitives françaises.
Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint, Antoine Culioli.
Bibliothèque de grammaire et de linguistique, éditions Champion, 2006.
______________________
À partir d'un travail de relecture reposant sur un corpus composé
d'articles, de conférences, mais aussi de brouillons et de réflexions
inédites, Mathieu Valette rend compte de l'effort de problématisation et
de théorisation de la relation langue/pensée chez le linguiste Gustave
Guillaume (1883-1960). Il reconstruit ses positions et en dégage les
aspects novateurs qui ont fécondé jusqu'à nos jours les travaux de
linguistique générale portant sur l'énonciation et la cognition.
L'auteur évalue et illustre la réception des propositions de
G. Guillaume par l'étude de trois théories énonciatives et cognitives
françaises dont les auteurs appartiennent à la génération suivante : la
sémantique énonciative conceptuelle de Bernard Pottier, la
neurolinguistique analytique de Maurice Toussaint et la théorie des
opérations énonciatives d'Antoine Culioli.
______________________
Mathieu Valette est chercheur au Centre National de la Recherche
Scientifique.
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
{FR, 11/01/2007}
VIENT DE PARAÎTRE
Jean-Philippe DALBERA, Des dialectes au langage. Une archéologie du
sens, Paris, Champion, 464 pages.
______________________
Fascinant ! C'est le terme qui vient naturellement à l'esprit de ceux
qui ont lu ce livre.
Fascinant en ce sens que, partant de données linguistiques simples et
banales, l'auteur parvient à nous faire pénétrer très profondément dans
la préhistoire de l'humanité : système parentélaire, matriarcat,
relations hommes-animaux?
Fascinant parce que, sans miracle, par la seule vertu d'une approche
différente et d'une reconstruction prenant en compte alternativement la
forme et le sens, l'auteur parvient à élucider toute une série de
problèmes étymologiques jusque-là considérés comme insolubles.
L'auteur assoit ses analyses étymologiques sur les données de la
dialectologie en exploitant le fourmillement de la variation dans
l'espace et fonde son approche sur la dimension motivationnelle de la
création lexicale. Et la démarche est parfois intrépide, qui ose donner
la priorité aux relations sémantiques sur l'évolution du phonétisme.
Mais l'ivresse -à laquelle renvoie la citation de Rimbaud choisie pour
l'exergue- reste dominée, l'auteur donnant le sentiment de garder un
oeil tantôt amusé tantôt inquiet ou du moins dubitatif sur certaines
propositions auxquelles il est parvenu.
Ce livre, tant par la réflexion épistémologique permanente sur les
principes qu'il met en ½uvre que par les résultats qu'il établit (et qui
valident ipso facto pour l'essentiel la méthode), a toutes les chances
d'augurer un renouvellement profond de la démarche étymologique.
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{FR, 20/12/2006}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Le site a connu une fréquentation soutenue et va frôler les 500.000
visites en 2006.
Dernière mise à jour : SEPTEMBRE-DECEMBRE 2006 (Vol. XI, n°3/4)
Dans la rubrique CORPUS ET MÉTHODES :
Poudat, Céline
Étude contrastive de l'article scientifique de revue
linguistique dans une perspective d'analyse des genres
(2006, thèse)
Élaboration en corpus et par contrastes d'une définition opérationnelle
du genre de l'article de linguistique en exploitant les méthodes du
traitement automatique des langues et des statistiques textuelles.
LIVRES-E :
Hébert, Louis
Tools for Text and Image Analysis: An Introduction to Applied
Semiotics (2006). [Translated by Julie Tabler]
This book presents tools for text and image analysis used in general
semiotics (homologation, etc.) or specific semiotics : the theories of
A.J. Greimas (the semiotic square, the veridictory square, the actantial
model, the narrative program, the canonical narrative schema, thematic
analysis, axiological analysis and thymic analysis) ; François Rastier
(semic analysis, dialogics and the semantic graph) ; Jacques Fontanille
and Claude Zilberberg (the tensive model). The text includes a glossary
of semiotics.
Rastier, François et Ballabriga, Michel (dir.)
Corpus en Lettres et Sciences sociales :
des documents numériques à l'interprétation,
Actes du colloque international d'Albi, juillet 2006.
Publiés par Carine Duteil et Baptiste Foulquié.
Avertissement : Ce texte est au format PDF. Une version paginée
définitive est en cours de préparation.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Mayaffre, Damon
Compte rendu de : Kastberg Sjöblom,
L'écriture de J. M. G. Le Clézio. Des mots aux thèmes (2006)
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Rastier, François
Formes sémantiques et textualité (2006)
Les unités textuelles sont des formes qui se profilent sur des fonds et
qui relèvent d'une théorie générale des transformations.
Rastier, François
Chamfort : le sens du paradoxe (1996)
Le paradoxe induit des parcours interprétatifs complexes entre zones
sémantiques contrastées, comme le montre l'étude des maximes de
Chamfort.
Rastier, François
Semantics and cognitive research,
translated by Larry Marks (2006)
Introduction & Chapter I : Cognitive research
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Frydman, Benoît
De l'art d'écrire à l'art de lire.
Le modèle straussien de l'interprétation (2000)
[publié par l'Université Libre de Bruxelles]
Pour l'histoire des modèles de l'interprétation, l'originalité de Leo
Strauss (1899-1973) tient à la recherche d'une tierce voie entre la
philologie moderne et l'herméneutique ancienne et médiévale.
Dans la rubrique REPÈRES :
Rastier, François
Sémiotique et sciences de la culture. Une introduction (2006)
Ce texte discute des principales conceptions de la sémiotique et formule
des propositions pour une refondation interprétative de la sémiotique.
Il conduit au projet d'une sémiotique des cultures, capable de fédérer
les sciences de la culture autour de la reconnaissance du caractère
sémiotique de l'univers humain et de la description des facteurs
culturels dans la cognition humaine.
Cours et exercices :
Niveau 3
Exercice 2 par Michel Ballabriga (2006) : Analyse d'un extrait de texte
littéraire.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- Sur les mots-clés et la sémantique différentielle (2006)
Dialogue entre Thierry Mézaille et François Rastier : où une discussion
sur la problématique du mot-clé amène à préciser et reformuler quelques
positions essentielles de la sémantique différentielle dans son rapport
aux mots, aux idées, et à la médiation sémiotique.
- Diction du poème (2006)
Dialogue entre Michel Favriaud et François Rastier. Echange sur la
diction du poème, en particulier la diction de la poésie contemporaine
et des poèmes traduits.
Prochaine édition : janvier 2007.
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{FR, 20/12/2006}
FAUT-IL DIRE NOTRE PENSÉE INTIME ?
SAUSSURE ET NUNZIO LA FAUCI
"Faut-il dire notre pensée intime ?"
"Faut-il dire notre pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte
de ce qu'est la langue ne conduise à douter de l'avenir de la
linguistique. Il y a disproportion, pour cette science, entre la somme
d'opérations nécessaires pour saisir rationnellement l'objet, et
l'importance de l'objet : de même qu'il aurait disproportion entre la
recherche scientifique de ce qui se passe pendant une partie de jeu et
l'[ ]".
La linguistica come scienza della relazione tra essere ed espressione è
l'area di esperienza, di riflessione, di conoscenza cui è dedicata
questa ipotesi di blog. Le sospese parole di Ferdinand de Saussure poste
in esordio (Écrits de linguistique générale, texte établi et édité par
Simon Bouquet et Rudolf Engler, Gallimard, Paris 2002, p. 87)
destinavano alla linguistica, ora è più di un secolo, un futuro
improbabile perché impervio e necessariamente razionale.
La profezia si è avverata. Molti (e certo la maggioranza di coloro che
oggi si professano linguisti) direbbero il contrario. Nei cento anni che
ci separano dal momento in cui quelle parole furono concepite, la
linguistica razionale intravista da Saussure, tra mille incertezze di
prospettiva, ha però vissuto una fragile esistenza. Essa è apparsa
sporadicamente tra i pensieri e le pagine di pochi cultori, di norma ai
margini della disciplina e estranei alle tendenze e alle scuole volta
per volta ritenute più promettenti e meritevoli di attenzione.
È forse un destino ineluttabile ed è definitiva la parola di Saussure
(non si è intelligenti per nulla!). A cavaliere tra Ottocento e
Novecento, due secoli colmi di ricerche su lingue e linguaggio, egli
giudicò implacabilmente gli studi linguistici come un imponente coacervo
di stupidaggini, da un lato per esperienza, dall'altro per profezia.
Proprio come fa con la virtù un piccolo ma importante personaggio
flaubertiano, la scienza della relazione tra essere ed espressione va
però praticata senza crederci, con Saussure e contro la sua profezia.
In questa prassi quotidiana, in questa incessante sperimentazione di un
nuovo punto di vista consiste infatti la sola ragionevole fede che la
linguistica oggi richiede.
Du blog de Nunzio La Fauci, professeur à l'Université de Zurich
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
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{FR, 20/12/2006}
EN BONUS POUR LE BULLETIN SÉMANTIQUE DES TEXTES
Saussure, Leçon du 28 Octobre 1910 :
Une fois la linguistique ainsi conçue, c'est-à-dire ayant devant elle le
langage dans toutes ses manifestations, un objet qui est aussi large que
possible, on comprend pour ainsi dire immédiatement ce qui n'était peut-
être pas clair à toute époque : l'utilité de la linguistique, ou le
titre qu'elle peut avoir à figurer dans le cercle des études qui
intéressent ce qu'on appelle la "culture générale". Tant que l'activité
des linguistes se bornait à comparer entre elles les langues, on peut
dire que cette utilité générale devait échapper à une grande partie du
public et qu'en somme il s'agissait là d'une étude si spéciale qu'il n'y
avait pas de raison véritable pour supposer qu'elle pût intéresser les
cercles plus étendus du public. Ce n'est que depuis que la linguistique
est plus consciente de son objet, c'est-à-dire l'aperçoit dans toute son
étendue, qu'il est évident que cette science a son mot à dire dans une
foule d'études qui intéresseront pour ainsi dire n'importe qui. Elle
n'est pas indifférente par exemple pour quiconque doit manier des
textes. Il est utile à l'historien entre autres d'avoir une vue sur les
formes les plus usuelles des différents phénomènes : phonétiques,
morphologiques ou autres, sur la manière dont le langage vit, se
continue, s'altère avec le temps. D'une façon encore plus générale il
est évident que le langage joue dans les sociétés humaines un rôle si
considérable, c'est un facteur d'une importance telle à la fois pour
l'individu humain et la société humaine, qu'il est impossible de
supposer que l'étude d'une partie aussi notable de la nature humaine
doive rester purement et simplement l'affaire de quelques spécialistes ;
tout le monde est appelé, semble-t-il, à prendre une idée aussi correcte
que possible de ce que représente ce côté des manifestations humaines en
général. Et cela d'autant plus que les idées réellement rationnelles,
approuvables, la conception à laquelle la linguistique a fini par
arriver, n'est nullement de celles qui s'offrent dès le premier coup
d'oeil. Il n'y a aucun domaine qui, plus que la langue, ait donné lieu à
des idées chimériques et absurdes. Le langage est un objet de mirages de
toutes espèces. Les erreurs faites par les hommes d'études sur le
langage sont ce qu'il y a de plus intéressant, psychologiquement
parlant. Chacun laissé à lui-même se fait une idée très éloignée de la
vérité sur les phénomènes qui se produisent dans le langage. Il est donc
également de ce côté-là légitime à la linguistique qu'elle puisse
aujourd'hui se croire en état de rectifier beaucoup d'idées, de porter
la lumière là où la généralité des hommes d'étude seraient très
facilement enclins à se tromper, à commettre les erreurs les plus
graves.
Nous avons laissé de côté la question de la langue et du langage pour
parler de l'objet de la linguistique et de son utilité possible.
(Notes de Constantin du IIIe cours, p. 8-10 ).
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{FR, 20/12/2006}
PRÉSENTATION DU PROJET SITES
François Rastier
Note sur le projet STUDIES FOR INTEGRATED TEXT SCIENCES
Graduate School of Letters Nagoya University, 21st Century COE Program
Les documents
Les documents publiés sont d'une part les Actes d'une série de sept
colloques internationaux, soit deux par an depuis 2003. D'autre part la
collection de la revue SITES, soit deux numéros par an depuis 2003.
Le champ couvert
Ce champ multidisciplinaire intéresse principalement les disciplines
suivantes :
- L'histoire -et notamment l'histoire des idées.
- L'anthropologie
- La linguistique descriptive
- La philologie et notamment la génétique des textes
- L'iconologie
- La sémiotique
- Les sciences de l'information et de la communication
Leur mise en relation peut être appréciée de deux façons. Soit l'on
considère qu'il s'agit d'une fédération ouverte de sciences de la
culture autour d'un concept commun, celui de texte, entendu comme
document, tant au sens philologique qu'au sens historique.
Dans cette première hypothèse, c'est aujourd'hui l'essor généralisé de
la numérisation des documents et la constitution des banques de
ressources numérisées rend particulièrement opportune une problématique
scientifique unifiée. Toutefois, la notion ou du moins l'expression de
science intégrée est peut-être trop forte, car il s'agit de faire
dialoguer des disciplines qui ont chacune leur histoire, leurs
problématiques et leurs modes de validation.
Dans une seconde hypothèse, il s'agit d'une unification au plan
épistémologique, visant à renforcer l'unité des sciences de la culture.
Ce "continent" scientifique est relativement récent, puisqu'il n'a été
divisé en disciplines que depuis deux siècles : son principe d'identité
reste débattu, puisque depuis un siècle et demi, des programmes divers
visent à l'intégrer dans les sciences de la nature ou surtout de la vie
(les programmes de naturalisation darwiniens ou néo-darwiniens sont
encore actifs). La sociologie durkheimienne, puis lasémiotique post-
saussurienne ont formulé l'ambition d'unifier ce champ mais n'y sont pas
parvenues.
Cependant le programme saussurien d'une sémiotique générale, mieux
compris avec la découverte récente de manuscrits importants, reste
vivace et fécond, dès lors que l'on ne réduit pas les langages aux
signes ni la transmission culturelle à la communication. Plutôt que par
la typologie a priori des signes, c'est par l'étude des relations
intersémiotiques complexes que l'on peut progresser vers une sémiotique
générale : les actes du colloque sur les images et textes médiévaux en
témoignent éloquemment.
L'articulation des disciplines
La notion de sciences historiques, dominante à la fin du XIXe siècle,
n'a rien perdu de sa légitimité, dans la mesure où seule l'humanité a
une histoire. Le temps historique n'est d'ailleurs qu'une métrique
extérieure, nécessaire pour aborder scientifiquement le temps interne de
la tradition culturelle.
L'objet des sciences humaines et sociales est bien constitué par les
cultures saisies dans la diversité qui leur donne sens, tant en
synchronie qu'en diachronie, dans une perspective tout à la fois
générale, historique et comparée. Ainsi, le programme SITES est-il une
contribution tant théorique que pratique, à la constitution d'une
épistémologie propre aux sciences de la culture.
Parmi les mouvements scientifiques, le culturalisme nord-américain, le
structuralisme européen notamment dans ses versions sémiotiques de
tradition saussurienne, ont formulé des propositions qui manquaient
parfois de clarté. La problématique du texte appliquée notamment aux
documents numériques constitués en corpus favorise une nouvelle
réflexion qui s'étend aux "textes" non verbaux, bref, à toutes les
performances sémiotiques complexes.
Alors que l'histoire et l'archéologie fondaient jadis leurs approches
respectives sur la distinction entre monuments et documents, la
numérisation permet de les unifier dans les mêmes formats, voire dans
les mêmes corpus.
En ce qui concerne plus spécifiquement la linguistique et la philologie,
c'est la linguistique inspirée par Halliday qui est la plus utilisée au
sein du programmes SITES : elle a l'avantage tout à la fois de la
précision descriptive et de la prise en compte du contexte, immédiat et
global (Halliday est d'ailleurs un élève de Firth, anthropologue
culturaliste).
Pour la philologie, et notamment la génétique, la spécificité positive
de l'école japonaise de génétique mérite d'être soulignée : alors que
certains généticiens français nient l'appartenance de leur discipline à
la philologie pour marquer une rupture qu'ils estiment politiquement
nécessaire, mais dont les attendus scientifiques restent obscurs, les
collègues japonais innovent à l'intérieur de cette tradition et se
signalent par leur respect de l'objet et la précision des analyses.
L'orientation à venir
Le premier programme était centré autour de la notion de Grammaire
universelle de la communication. La notion de grammaire universelle est
peut-être trop forte. D'une part, le mot grammaire évoque un système
unique, alors que les différents systèmes de signes ne sont pas
unifiables et ont chacun leurs spécificités expressives, comme l'a jadis
montré Lessing. D'autre part, même la notion de système unique est trop
forte, comme en témoigne par exemple pour le système graphique du
japonais.
Nécessairement a priori, l'hypothèse de l'universalité est sans doute
utile pour permettre des rapprochements nécessaires entre disciplines,
mais dès lors qu'ils ont eu lieu, c'est la perspective générale et
comparée qui est en charge de reconstruire une universalité toujours à
venir.
Quant à la communication, cette notion ne concerne qu'une fonction du
langage et des systèmes de signes. Déliée des télécommunications et de
l'imaginaire contemporain qui la magnifie, elle montre ses insuffisances
dès lors qu'il s'agit de la production et de la transmission des oeuvres
et objets culturels. La problématique du texte, ici encore, peut
permettre de passer à une nouvelle étape, qui est celle de l'étude de la
transmission. En effet, la genèse se continue dans l'interprétation :
l'étude de la configuration du texte (formule centrale de la deuxième
étape du programme Sites) doit être comprise au sens dynamique de cette
notion. Le texte est alors compris comme expression culturelle et comme
réécriture d'autres textes, aussi bien que de lui-même (dans son
processus génétique). En d'autres termes, il y a une continuité entre
les réécritures de textes antérieurs, les réécritures internes entre
brouillons et états du texte, enfin les réécritures ultérieures que sont
les commentaires, traductions et réélaborations dans d'autres ?uvres.
Si l'activité scientifique d'investigation ne se réduit pas à la
textualisation, les textes scientifiques eux-mêmes ne relèvent pas moins
de ce type d'analyse que les textes littéraires (le recueil sur la
genèse du texte historique marque sur ce point la fécondité du
rapprochement interdisciplinaire).
Pour analyser la configuration du texte, moment central entre la
préfiguration que constituent les textes antérieurs et la refiguration
qu'opèrent les textes postérieurs, une théorie générale des
transformations (ou métamorphismes), sera sans doute nécessaire. On
retrouve alors la question des universaux, mais des universaux
opératoires qui président aux transformations sémiotiques.
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{FR, 22/12/2006}
D'OÙ VIENNENT TOUS CES CADAVRES ?
UNE CLÉ HISTORIQUE POUR "EN ATTENDANT GODOT"
Dialogue inédit entre Denis Thouard et Valentin Temkine.
Q> Combien de fois as-tu vu En Attendant Godot ?
R> Je l'ai vu d'abord en 1953, à la création : c'était la pièce à voir,
tout le monde en parlait. Depuis, 4 ou 5 fois, peut-être. A l' époque et
encore maintenant, on en faisait une pièce absurde, LA pièce de
l'Absurde. Dumur, Lemarchand, tout le monde admirait, mais voyait
Vladimir et Estragon comme des clowns ou des clochards "métaphysiques".
Pronko écrivait : "Godot, dans un passé indéfini, lors de circonstances
quelque peu incertaines, leur a donné un rendez-vous plutôt imprécis
dans un lieu mal défini à une heure indéterminée"...
Mais, je m'en aperçois lors d'une représentation donnée par la Comédie
de Touraine je crois (Vladimir et Estragon y sont assimilés à Laurel et
Hardy ou quelque-chose comme ça) : les explications traditionnelles, ça
ne marche pas ! C'est une réplique bien précise qui m'a réveillé :
Vladimir regrette de ne pas s'être jeté du haut de la tour Eiffel :
"Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter".
J'ai une sorte d'illumination : une seule fois, dans l'histoire de cette
vénérable dame, on y a interdit l'accès à une catégorie de la
population, comme à tout monument d'ailleurs : entre 1940 et 1945,
c'était interdit aux Juifs ! Eureka ! Dès ce moment, toutes les
répliques ont pris un sens ; la confirmation vient très vite : "E : On
n'a plus de droits ? V : Tu me ferais rire, si cela m'était permis. E :
Nous les avons perdus ? V : Nous les avons bazardés." Ce n'est plus du
tout une histoire qui se passe en Absurdie, mais dans le temps
historique, et à un moment très précis...
Q> Alors, que peut-on savoir de Vladimir et d'Estragon ?
R> Ce que la pièce nous en dit ! Ce sont des bourgeois un peu
godelureaux qui vivaient probablement dans le quartier de la rue de La
Roquette ; ils ont fait un peu d'études -ils citent l'Ancien et le
Nouveau Testament, très différemment d'ailleurs : ils parlent de la
Bible avec révérence : Abel et Caïn, c'est toute l'humanité, mais pour
le Nouveau Testament, ils se tapotent le menton : quatre évangélistes et
trois n'ont rien vu, testis unus, testis nullus, si les gens y croient
c'est que ce sont des "cons". Autrement dit des goys. L'un d'eux
(Estragon) a été plus ou moins poète, ils "portaient beau" jusqu'à ce
que Vladimir emmène son ami loin des premières rafles : "V : Quand j'y
pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu...
sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu'un petit tas
d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur." Ils se sont cachés, ont
trouvé du travail dans le Vaucluse, à Roussillon précisément, où comme
c'est curieux Samuel Beckett a aussi passé l'année 1942, ils y ont fait
les vendanges... l'agriculture manquait de bras... et puis ils ont dû
en partir à leur grand regret, pour ce qu'ils nomment le Merdecluse.
Q> Pourquoi sont-ils partis ?
R> Le 11 novembre 1942 l'armée allemande envahit la "zone libre" : Les
lois raciales s'appliquent alors sur l'ensemble du territoire. Les deux
amis ont attendu le printemps (traverser les Alpes en plein hiver c'est
tout de même pas idéal) -entre l'acte 1 et l'acte 2 l'arbre fleurit : on
est au printemps 1943- et cherchent à gagner la zone soumise à
l'administration italienne, réputée moins raciste. Jamais les Italiens
n'ont parlé de race italienne (ce que les deux compères ne savent pas,
c'est que Mussolini, vraiment à la botte d'Hitler, est en train de
durcir la répression). Où sont-ils à ce moment précis ? Dans un endroit
quasi désertique, sur un plateau calcaire ("nous sommes servis sur un
plateau"), on pense aux Préalpes du sud, peut-être le plateau de
Valensole.
Q> Tout ça est très précis, mais alors, Godot ?
R> Ce n'est pas Dieu évidemment, même si c'est le "sauveur", mais un
chef local de la Résistance, qui veut bien s'occuper des deux vagabonds,
et qui se méfie ! Ils ont besoin de faux papiers, d'un gîte, et celui
qui aide ceux qu'on appelle les "terroristes" est lui-même menacé ;
alors il doit consulter "ses amis", ses "agents", ses "correspondants" :
c'est tout de même un vocabulaire qu'on connaît bien ! D'où aussi les
épisodes avec l'enfant : "Monsieur Albert ?" -eh oui ! Vladimir, ça sent
un peu trop les steppes de l' Orient ; il a changé de nom, comme l'ont
fait des dizaines de milliers d'autres, pour ne pas être trahi par son
patronyme.
Q> En suivant ton hypothèse, on pourrait même dire que dans certains
passages, Estragon et Vladimir ont comme le pressentiment de l'horreur
qui pèse sur eux.
R> Oui, Beckett se permet ce qu'après tout Corneille et Racine se sont
permis bien avant lui, une sorte de rêve prémonitoire dans lequel ils
évoquent carrément la Shoah ! "V : D'où viennent tous ces cadavres ? E :
Ces ossements. V : Voilà. E : Evidemment. V : On a dû penser un peu. E :
Tout à fait au commencement. V : Un charnier, un charnier. E : Il n'y a
qu'à ne pas regarder. V : Ca tire l'oeil. E : C'est vrai. V : Malgré
qu'on en ait."... Et pourtant ça n'a pas suffi pour tirer l'oeil de la
critique ! N' oublions pas que Beckett a commencé d' écrire sa pièce en
1948 : le public venait juste de découvrir les camps de la mort. De quoi
nos personnages sont-ils coupables ? C'est dit au tout début de la
pièce : d'être nés. C'est la définition même du Juif !
Q> Que dire maintenant de Pozzo et de Lucky ?
R> Ils sont beaucoup moins importants, mais c'est quand même
intéressant. Pozzo est un propriétaire goinfre, sadique et bien entendu
raciste, qui rit de pouvoir être rangé sous la même étiquette que ces
deux étrangers, ces deux Untermenschen ("Vous êtes bien des êtres
humains cependant... De la même espèce que moi" ou plus loin : "je ne
peux me passer longtemps de la compagnie de mes semblables, même quand
ils ne me ressemblent qu'imparfaitement"). Quant à Lucky, c'est
l'intellectuel au service du pouvoir, le maître à penser ("il pensait
même très joliment autrefois, je pouvais l'écouter pendant des heures")
devenu inutile donc ennuyeux... Et puis tout de même, quand on dit que
Godot est une pièce où il ne se passe rien, sur quatre personnages, il y
en a un qui devient aveugle, et un autre qui devient muet, c'est pas
rien ! Et c'est très symbolique : Pozzo a mordu à une phraséologie qui
est en train de se démolir, et il s'en aperçoit subitement : début 1943,
c'est là que 300 000 soldats de Hitler se rendent à Stalingrad, c'est
là que Rommel perd l'Afrique, que les Américains reprennent une à une
les îles que les Japonais avaient occupées, le vent tourne, et l'arbre
qui verdit est l'arbre de la liberté... Ce qui d'ailleurs ne change rien
pour nos deux fugitifs, qui ne songent qu'à s'y pendre... Alors, comment
un metteur en scène pourrait rendre ça... j' ai bien ma petite idée...
Q> Penses-tu que ta thèse détruise la lecture habituelle ?
R> Oui, absolument ! Il n'en reste rien !
Q> Mais tout de même, ils gardent bien une dimension universelle, ils
incarnent bien, pas un Absurde philosophique, mais l'absurdité de
l'Histoire ?
R> D'accord, ça c'est d'accord, mais à condition qu'on voie les racines
concrètes de la situation, bref, tout ce à quoi j'ai fait allusion. Et
encore, comment Beckett a-t-il eu l'idée de ses personnages ? La réponse
est toute simple : Beckett, Irlandais -les Irlandais n'étaient pas mal
vus des Allemands, étant présumés ennemis des Anglais, mais Beckett ne
voulait pas cautionner l'occupation allemande, et il s'était réfugié à
Roussillon ! Il n'avait pas le sou -un de ses romans s'était vendu à 2
exemplaires- et il a bien dû faire les vendanges, ou côtoyer au café des
Juifs traqués -plutôt planqués à ce moment-là, traqués après- il a mangé
avec eux, trinqué avec eux ! Alors comment avec ça il a fait une pièce ?
Eh bien c'est ça le génie !
Q> Comment se fait-il que Beckett n'ait jamais fait allusion à cet
aspect-là de sa pièce ?
R> C'est même plus drôle que ça : Brecht, à la fin de sa vie, a dit à
Strehler qu'il aurait bien aimé demander à Beckett où étaient Vladimir
et Estragon pendant la Deuxième Guerre Mondiale, et quand Strehler pose
la question à Beckett il répond : dans la Résistance. C'est se ficher du
monde ! Des Juifs résistants, il y en a eu, mais certainement pas ces
deux-là. Mais Beckett était comme ça, il fuyait la télévision, et quand
quelqu' un était sur une piste, il se défaussait. Et personne n'a rien
vu.
Q> Pourquoi n'as-tu pas vu cela tout de suite ?
R> Je lisais la Nouvelle Revue Française, je lisais les Lettres
Nouvelles, tout ce qu'on lisait quand on était intellectuel et à gauche,
et on disait Absurde, Absurdie, bon, très bien... jusqu'à ce qu'un jour
une réplique m'agresse : la tour Eiffel, qu'est-ce que c'est que cette
histoire de tour Eiffel ?
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 20/12/2006}
COLLOQUE
Le naturalisme linguistique et ses désordres
26 et 27 janvier 2007 à l'Institut Jacques-Monod,
Campus Jussieu (2 place Jussieu - Paris 5e) tour 42, RdC.
Responsable scientifique : Sylvain Auroux
Le 19e siècle a incontestablement connu un renouvellement de la
recherche en matière de sciences du langage, avec l'introduction de
l'explication historique qui déborde largement les possibilités de
l'explication grammaticale. Ce renouveau s'est accompagné de notables
transformations des concepts de base, concernant, notamment, le statut
du langage, avec l'apparition du thème "naturaliste". Loin d'être le
résultat de l'activité culturelle des hommes, le langage serait le fruit
de sa nature biologique, entité elle-même "naturelle". L'historiographie
traditionnelle (à quelques notables exceptions comme Poliakov) repose
sur le thème largement mythique (créé par les comparatistes aux-mêmes)
d'un comparatisme qui serait pour le langage l'avènement de la
positivité de la pensée "scientifique". Au cours de ces journées, on se
propose de revoir ce mythe à la lumière de questions pour le moins
embarrassantes pour nos disciplines : y a-t-il des liens théoriques de
la grammaire comparée, notamment dans sa version naturaliste et
évolutionniste, avec le racisme et l'antisémitisme ?
Lorsque Schlegel publie en 1808 son ouvrage sur la langue et la
philosophie de l'Inde, il rompt avec la filiation dont s'est réclamé
l'Occident du Moyen-Age et de la Renaissance : l'hébreu ne figure plus
dans ses origines linguistiques. Le développement de la linguistique
indo-européenne passe largement par une apologie de l'Occident. Certains
textes classiques sont troublants. C'est dans l'Introduction de son
Histoire de la langue allemande (1848) que Grimm propose le concept de
"Reich" pour assigner l'étendue du règne du monde linguistique
germanique. Renan n'hésitera pas à voir dans la culture hébraïque une
phase à jamais imparfaite du développement de l'humanité. Les linguistes
(cf. Pictet) ont largement contribué au façonnage du mythe aryen.
Le naturalisme connaît un renouvellement important depuis le dernier
tiers du 20e siècle. "Naturaliser" l'épistémologie, l'esprit ou le
langage est une nouvelle façon de proclamer la positivité d'une démarche
destinée à renouveler les méthodes. Comment faut-il juger le naturalisme
et sa renaissance contemporaine ?
Programme
* Vendredi 26 janvier
13h 30 : Ouverture du colloque : Sylvie Archaimbault, Directrice de
l'UMR 7597 - CNRS/ Paris 7 et Jean-Marie Fournier, Président de la SHESL
Présidence : Maurice Olender
13h 45 / 14h 45 : Sylvain Auroux (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
La linguistique et la contrainte de la science : le racialisme
du XIXe siècle et la naturalisation aujourd'hui.
14h 45 / 15h 45 : Djamel Kouloughli (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Ernest Renan: un antisémitisme savant.
15h 45 / 16h : PAUSE
16h / 17h : Piet Desmet (K.U. Leuven, Belgique)
Abel Hovelacque et l'école de linguistique naturaliste :
l'inégalité des races s'explique-t-elle par l'inégalité des langues ?
17h / ..... Discussion générale : Coordination M. Olender ; les
participants + C. Puech
* Samedi 27 janvier
9h 15 / 10h 15 : John Joseph (Université d'Edimburgh, Royaume-Uni)
'La grenouille ne devient pas l'égale du boeuf' :
Les limites de l'assimilation linguistique selon Léopold de Saussure
10h 15 / 11h 15 : Carita Klippi (Åbo Akademi Turku, Finlande)
La première biolinguistique.
11h 30 / 12h 30 : Jean-Michel Fortis (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Le langage mental universel chez Pinker : examen critique.
DEJEUNER
14h / 15h : Daniel Véronique (Université de Provence, Aix-Marseille 1)
Des racines du langage au proto-langage :
un état de nature du langage chez D. Bickerton.
15h / 16h : Emilio Bonvini (CNRS, LLACAN)
Interférences anthropologiques dans l'histoire de la
linguistique africaine.
16h 30 : Assemblée générale de la SHESL.
Si vous souhaitez participer au dîner du vendredi, et/ou au déjeuner du
samedi, merci de vous inscrire en adressant un message à l'une des deux
adresses suivantes :
valerie.raby@wanadoo.fr (Valérie Raby)
jmfnier@wanadoo.fr (Jean-Marie Fournier)
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APPEL A COMMUNICATIONS
Colloque international : appel à communications
Date : 21-22 septembre 2007
Lieu : Université Lyon 2, Lyon, France
Comité organisateur : Denis Reynaud (Lyon 2 / UMR 5611 LIRE), Philippe
Selosse (Lyon 2-GRAC / UMR 5037 Institut d'Histoire de la Pensée
Classique)
Les mots et les choses au xviiie siècle :
la science, "langue bien faite" ?
2007 verra la célébration du tricentenaire des naissances de Linné et de
Buffon. Ce sera pour nous prétexte à réunir les deux ennemis de
l'histoire naturelle classique dans une perspective commune. Celle-ci ne
sera centrée ni sur la biographie ni sur le statut des deux hommes
mesuré à l'aune de la science actuelle. Elle les inscrira en revanche
dans la réflexion générale des Lumières sur les rapports entre langue et
science, à travers notamment les questions de nomenclature.
1. Cadre épistémique de la nomenclature au siècle des Lumières
En botanique mais aussi en zoologie, le xviiie siècle est le siècle des
systèmes (Linné 1735, 1738 ; Adanson, 1763 ; Bergen 1750 ; Boissier de
Sauvages 1751 ; Gleditsch 1764 ; Haller 1742 ; Heister 1748a ; Jacquin
1760 ; Ludwig 1739a...) et de la réfutation des systèmes (Buffon 1749 ;
Crantz 1766 ; Lamarck 1792d-f). Ces systèmes, qui concernent aussi bien
la classification des pierres, plantes et animaux, que la structuration
de leurs dénominations, ont donné lieu à l'émergence d'un terme nouveau
en français, celui de nomenclature dans ses acceptions de "méthode
systématique de structuration des dénominations" et "ensemble des
dénominations structurées selon une méthode" (1758 selon le Trésor de la
Langue Française : "Art d'établir et de classer les objets d'une science
et de leur attribuer méthodiquement des noms" (Duhamel-Monceau)). C'est
sur les problématiques soulevées par ce nouveau concept que le colloque
concentrera sa réflexion.
S'attacher à la nomenclature, c'est d'abord prendre en compte
l'importance de la langue dans les publications scientifiques de
l'époque -et rappeler que la science est alors indissociable
(indissociée) des lettres (Buffon 1753) et se réalise d'abord par la
langue. La nomenclature est en effet au coeur des publications :
- Linné (1751) présente une nouvelle nomenclature -non pas celle,
binominale, que l'historiographie a confusément attachée à son nom,
mais celle des noms spécifiques essentiels, naturels et factices -qui
donne lieu à de violentes polémiques tout au long du siècle, tant sur
le fond (le type de nomenclature proposé -Siegesbeck 1737, Gleditsch
1740) que sur la forme (le bouleversement occasionné par la nouvelle
nomenclature -Dillen 1732). De plus, bien d'autres auteurs présentent
des tentatives nouvelles de nomenclatures : Adanson (1763), Bergeret
(1783), Rafinesque-Schmalz (1814), Rousseau (1777)...
- un concept marginal de Linné, celui des "Noms Triviaux" (source de la
nomenclature binominale), se trouve prendre un développement inattendu
en France, par sa compatibilité avec la théorie des idées des
encyclopédistes (Auroux 1979) et le condillacisme. D'abord approuvé en
1774 par l'Académie des Sciences, il est ensuite prôné par les
botanistes français (les Jussieu, Lamarck, Rousseau...) puis devient
la base de la nomenclature internationale ;
- aucun botaniste, qu'il suive ou combatte Linné, ne publie alors
d'ouvrage sans commencer par de longues discussions sur les
dénominations, le mode de dénomination -avant même de présenter son
système de classification et les nouvelles plantes recensées. La
langue paraît donc être l'objet central de toutes les attentions
(Heister 1748b ; Ludwig 1747 ; Millin, 1795 ; Müller-Wille 2006 ;
Reynaud 1989), à tel point que les réflexions sur la langue débordent
parfois très largement le simple cadre de la nomenclature (Adanson
1763).
La nomenclature est par ailleurs et surtout la notion qui concrétise, au
niveau de la langue, l'opposition alors récurrente entre un réalisme qui
vise des entités spécifiques existant dans la nature et indépendantes de
l'homme, et un conceptualisme qui vise des entités spécifiques saisies
par l'homme dans la continuité de la nature et en tant que telles
dépendantes de la perception humaine. Dans le premier cas (Linné), les
espèces, discrètes, peuvent être nommées et leur définition passe
exclusivement par la nomenclature (rejet de l'image), qui a force
ontologique ; créées par Dieu, elles n'ont rien de commun avec l'humain
et refusent donc tout ce qui ressortit à la rhétorique (rejet des
figures de style). Dans le second cas (Buffon), les espèces, prises dans
un continuum, ne peuvent être nommées qu'artificiellement, sans aucune
dimension définitoire ; fruits de l'esprit humain appréhendant la
nature, elles ne peuvent être mieux approchées et définies que par le
discours humain, dont une des caractéristiques est la rhétorique et le
recours à l'image sous toutes ses formes, picturale et linguistique
(intégration des figures de style). La "nomenclature" est alors
analogique de la "langue de la nature" et tout le débat se résume à deux
positions : "réduire la langue de la nature au système" ou "réduire le
système à la langue de la nature" (Crantz 1766)
La nomenclature, enfin, est souvent définie sous forme d'aphorismes
baconiens, qui prennent le nom de "lois" ou "fondements". Cette
dimension législative n'est peut-être pas sans objectifs politiques :
certains (Drouin 2000) y ont vu l'amorce d'un "pacte social" ; d'autres
(Duris 1993, 2006) y ont vu l'effet inverse, la Révolution française et
sa "frénésie nomenclaturale" en tous domaines (poids et mesure,
calendrier, chimie...) concrétisant l'importance de la réflexion
nomenclaturale en lui donnant un caractère social et politique
prééminent. À moins que ce ne soit simplement un fait d'épistémè... ?
2. Problématiques du colloque
Les communications tenteront de répondre à la question générale
"Qu'est-ce qu'une nomenclature ?"
en partant des problématiques suivantes :
- du point de vue de l'histoire des idées : quels sont les liens
existant entre nomenclature et système, dans une épistèmè de systèmes
(Leibniz, Système nouveau de la nature, entre autres) ? L'opposition
de Vicq d'Azyr (<1779>, 1805 - qui critique la dépendance de la
nomenclature botanique à l'égard du système de Linné) et de Condorcet
(<1778>, 1781 - qui affirme au contraire l'indépendance de cette
nomenclature à l'égard de tout système), l'apparente opposition de
Linné et Buffon au sujet de la nomenclature, l'intégration des
caractéristiques des différents systèmes développés par chaque
botaniste dans leurs nomenclatures, constituent autant de bases de
réflexion ;
- du point de vue linguistique : quelles sont les caractéristiques
linguistiques d'une nomenclature ? Et en particulier au xviiie siècle,
quelles en sont les caractéristiques en latin ? en français ? en
anglais ? en allemand ? en italien ? En quoi la nomenclature
emprunte-t-elle aux nouvelles conceptions de la langue développées par
les Encyclopédistes (Beauzée et autres) ?
- du point de vue philosophique : en quoi la nomenclature
caractérise-t-elle l'épistèmè des Lumières ? Quels sont les liens
entre la nomenclature des naturalistes et les réflexions
conceptualistes de Bacon, Locke et Condillac (entre autres) ? et les
réflexions réalistes d'un Leibniz ? quelle est la place de la
nomenclature dans les théories de la connaissance d'un Condillac, d'un
Rousseau, d'un Leibniz (cf. Selosse 2006)... ?
- du point de vue épistémologique : la science des Lumières se
réduit-elle à des systèmes de représentations, dont la nomenclature
serait la forme la plus accomplie ?
- du point de vue politique, enfin : quelle dimension sociale attribuer
aux lois nomenclaturales et à leur visée universelle ? comment
interpréter l'extrême attention portée à la nomenclature de la
Révolution française, dans le droit fil de la pensée linnéenne ?
3. Soumission des propositions de communications
L'examen des propositions de communication sera fait par deux membres du
comité scientifique ;
- chaque proposition comportera le titre et le résumé de la
communication (2500 caractères maximum), accompagnés de 5 références
bibliographiques (max.) permettant de situer l'orientation du travail,
et suivis du nom, de l'appartenance institutionnelle et de l'adresse
postale ou courriel de l'auteur ;
- langues de travail : français, allemand, anglais, italien ;
- envoi des propositions, soit par courrier postal à l'adresse
suivante :
Denis Reynaud
Faculté Lesla - Université Lyon 2
18, quai Claude Bernard
69365 LYON cedex 07
soit par courriel :
denis.reynaud@univ-lyon2.fr
selosse.philippe@wanadoo.fr
- date limite de réception : 31 décembre 2006.
4. Calendrier :
- appel à communication : juin 2006
- date limite de réception des propositions de communication : 31
décembre 2006
- date d'acceptation des communications : 1er mars 2007
- tenue du colloque : 21 et 22 septembre 2007 à Lyon
- la publication des actes est envisagée à l'issue du colloque
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APPEL à COMMUNICATIONS
IXème Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual)
Le IXème Congrès de l'Association Internationale de Sémiotique Visuelle
(AISV - IAVS) se déroulera
en Turquie, dans les locaux d'Istanbul Kültür University
du 29 Mai au 2 Juin 2007.
Les langues officielles du congrès de l'AISV sont: le français,
l'anglais, l'espagnol.
Les propositions de communication devront nous parvenir avant le 8
Janvier 2007.
Les propositions, sous la forme d'un texte de 200 mots au maximum,
seront expédiées au format électronique RTF.
Cultures du visible
Rien de plus variable à travers les cultures que l'image. Il n'est pas
nécessaire de souligner que celle-ci varie spectaculairement dans sa
structure, dans ses styles et dans ses moyens techniques, le long des
axes temporel, géographique et social. Mais la diversité est aussi du
côté des modalités d'énonciation, d'appropriation et de lecture de
l'image. Et c'est même vis-à-vis du phénomène de l'image dans son
ensemble que les positions culturelles divergent, comme le montrent les
controverses anthropologiques, sociologiques, voire théologiques, qui
ont régulièrement agité l'humanité, pour ne pas parler du débat sur
l'iconicité en sémiotique. Bref, les cultures du visible sont aussi une
pensée de l'image.
Le IXe Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual) sera consacré à cette variabilité
culturelle du visible et à la manière de la penser. Un appel à
communications est donc lancé aux membres de l'AISV et à toutes les
personnes intéressées à la sémiotique visuelle comme aux chercheurs des
domaines connexes (histoire et théorie des arts visuels, études
cinématographiques, muséologie, esthétique, phénoménologie,
linguistique, sciences cognitives, sciences de l'information et de la
communication, archéologie, anthropologie sociologie, ethno-histoire,
etc.), pour qu'ils participent à cet événement.
En particulier, les questions suivantes seront abordées : comment un
appareil perceptif universel et invariant peut-il déboucher sur des
modèles cognitifs divergents ? comment les spécificités culturelles
coexistent-elles avec une communication à très large spectre ? Après
avoir étudié "La société globalisée en tant que société des images"
(Journées de sémiotique visuelle de l'AISV-IAVS à Lyon, juillet 2004),
on décrira donc les contacts, les concurrences et les interférences
entre les divers modèles culturels de l'image. On s'efforcera également
d'aborder les questions que la variabilité pose à la discipline
sémiotique : comment tenir compte de la variation de l'image dans une
sémiotique visuelle générale ? et en particulier comment rendre des
compte des évolutions des signes visuels avec des moyens proprement
sémiotique ? ou encore : comment contribuer à la constitution d'une
socio-sémiotique ou une anthropo-sémiotique du visible ?
Sans nul doute, le fait que la ville européenne où se tiendra le congrès
a jadis connu de grands débats sur l'icone et qu'elle constitue un pont
entre l'Occident et l'Orient constituera un puissant stimulant à ces
débats.
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APPEL A COMMUNUICATIONS
Appel à communications / Call for Papers
Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?
Where does text value come from?
Octobre 2007, Université de Reims Champagne-Ardenne
La problématique de la valeur des textes est très souvent posée sous
l'angle esthétique. Certes, cela permet d'échapper au principe logique
de compositionalité comme au modèle de la communication et de
l'information.
Or si l'on s'intéresse à tous les types de textes, on ne peut pas se
limiter à l'esthétique. Il est proposé ici d'aborder la question de la
valeur des textes sous différents aspects : non seulement esthétique
mais aussi affectif et cognitif. En effet, si l'esthétique suggère de
faire des textes littéraires une catégorie à part (selon le critère à
réinterroger de la littérarité), la pragmatique assigne aux textes une
tout autre valeur : est-ce son action pragmatique qui donne au texte sa
valeur ? Est-ce ce que me fait le texte ? Est-ce son rôle sur le réel et
l'action qui s'y déploie en conséquence ? Après tout, lire, c'est aussi
agir. La valeur des textes serait-elle une qualité extrinsèque ?
Ou une qualité intrinsèque ? Un texte tire-t-il sa valeur de critères
internes comme ceux qui tiendraient à son affiliation générique et à sa
manière singulière de référer ? Dans ce cas, la manière de référer
induit-elle une valeur explicative ou une valeur heuristique ? Si l'on
quitte les domaines du réel, du bien, du vrai et du beau, peut-on dire
que le cognitif nous achemine vers celui du juste, au sens où un texte
répond à des critères génériques ?
Et si la valeur économique se mesure en fonction de l'utilité sociale,
est-elle transposable en sémiotique en termes d'utilité discursive ?
Quelle est alors la valeur ajoutée des textes ? Est-elle liée à leur
interprétation ? Selon Saussure, la valeur d'un mot ne tient pas à la
signification : qu'en est-il de la valeur d'un texte ? Quel est le rôle
du contexte dans la construction de cette valeur ?
Ce colloque s'adresse aux chercheurs en linguistique, en littérature
française et étrangère, et à tous ceux qui travaillent sur les textes.
Dates : 11 et 12 octobre 2007 (éventuellement 13 octobre)
Lieu : UFR des Lettres et Sciences Humaines, Université de Reims
Langues de travail : français, anglais et autres selon ateliers
Durée des communications : 30 minutes maximum.
Frais d'inscription : 110 euros (ils couvriront au minimum l'inscription
au colloque et deux déjeuners)
Les propositions sous forme de résumés sont à envoyer avant le
15 JANVIER 2007 à :
- f.canon-roger@wanadoo.fr et je.tyvaert@univ-reims.fr pour la
linguistique
- christine.chollier@univ-reims.fr pour les littératures de langue
anglaise
Elles insisteront sur l'angle épistémologique choisi et mettront en
avant de nouvelles propositions. Elles s'appuieront sur l'étude d'un
texte ou de plusieurs textes (à spécifier).
Réponse sera donnée avant le 15 mars 2007.
L'inscription sera effectuée auprès du secrétariat
patricia.oudinet@univ-reims.fr
entre le 15 mars et le 15 mai 2007.
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
5èmes Journées de la Linguistique de Corpus
Lorient, 13 - 15 septembre 2007
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
Les 5èmes Journées de linguistique de corpus auront lieu à Lorient les
13, 14 et 15 septembre 2007. Elles sont organisées par le laboratoire
ADICORE de l'Université de Bretagne Sud.
* Objectifs
Ces 5èmes Journées de Linguistique de Corpus visent à promouvoir le
développement de la linguistique de corpus en France. Elles réunissent
des chercheurs venus d'horizons divers qui s'intéressent à l'utilisation
de l'informatique pour l'analyse des faits de langues. Les
contributions attendues pourront concerner, de manière non exhaustive :
- la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
- la lexicométrie
- la terminologie,
- la traduction
- l'analyse du discours,
- la linguistique appliquée et
- la description linguistique,
- ...
* Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une vingtaine
de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues des
communications affichées. L'ensemble des communications retenues donnera
lieu à publication dans les actes de la conférence.
* Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités d'exploration,
dont les résultats principaux seront présentés dans ce résumé. Le résumé
sera accompagné d'une page de renseignements pratiques comprenant le
mode de communication souhaité (oral ou poster), le nom, l'affiliation,
téléphone, adresse postale et électronique. Les résumés doivent être en
Times 12 avec interligne simple et en format Word RTF, ASCII, ou HTML.
Ces contributions seront évaluées par deux experts du comité
scientifique de la conférence.
Ces soumissions devront parvenir au comité d'organisation à l'adresse
suivante :
Journée "Linguistique de corpus "
Geoffrey Williams
Département d'Ingénierie du Document
U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
4 rue Jean Zay
BP 92116
56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
* Calendrier
Date limite de soumission 20 avril 2007
Notification aux auteurs 20 mai 2007
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2007
* Renseignements
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
ou le site WWW de la conférence
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
DATE LIMITE DE SOUMISSION : 20 avril 2007
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{Mpondo-Dicka, 07/11/2006}
APPEL À COMMUNICATION
Colloque International Ludovia 2007
du 4 au 6 juillet 2007 à Ax les Thermes, Ariège (09), France.
Le colloque scientifique Ludovia [...] explore les problématiques posées
par le multimédia dans les pratiques éducatives et/ou ludiques, que ce
soit en production ou en réception. [...] Après avoir débattu des enjeux
de l'immersion en 2006, la thématique choisie pour faire progresser la
réflexion est la suivante :
La convivialité des interfaces à vocation ludique et/ou pédagogique.
Conception, création, valeurs, usages.
Pour plus d'informations :
ludovia2007.colloque@online.fr
http://ludovia2007.colloque.free.fr.
http://www.ludovia.org
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