2008_03_20
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SdT volume 14, numero 1.


                        LES CITATIONS DU MOIS
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        Sic ergo quaeramus tamquam inventuri, et sic inveniamus
        tamquam quaesituri. ("Cherchons comme si nous devions
        trouver et trouvons comme si nous devions chercher
        encore")
            Saint Augustin, De Trinitate, IX, 1,1.

        A smascherare, almeno parzialmente, il potere
        linguistico della stupidità può essere solo uno sguardo
        stupido privo di potere. La saggezza immaginata da
        Ferdinand de Saussure pare possederlo e si candida
        quindi a essere il (sempre precario) strumento
        euristico dell'eterna battaglia, eternamente perduta,
        contro il potere linguistico della stupidità.
            Nunzio La Fauci

        La philologie autoréflexive, telle que je l'ai conçue
        avec  quelques autres, dont l'heure sans doute ne
        pouvait venir qu'aujourd'hui, ne se livre qu'à
        elle-même, elle s'arrache à tous les magistères, sans
        renoncer à les rejoindre quand il le faut. Son mode de
        lecture s'interroge sur les points de vue de l'auteur,
        et  n'a rien à voir ni avec une lecture philosophique
        ou symbolique, métonymique ou allégorique, ni non plus
        avec l'encyclopédisme de l'"explication" littéraire
        générale, si utile qu'elle puisse être, et qui reste
        par  définition éclectique. La philologie est
        spécifique et spéciale. Elle englobe, comme en musique
        et en peinture, où les problèmes sont tout à fait
        comparables, les techniques de la production du sens et
        l'interprétation qui leur est liée, avec l'enthousiasme
        de la passion, et son dépassement, le travail de
        contrôle.
            Jean  Bollack, Dionysos et la tragédie.
            Commentaire des Bacchantes d'Euripide,
            Paris (Bayard), p.5-6.
        ________________________________________________________
       

                SOMMAIRE


1- Presentations
    - Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Ali Belghanem,
      Nunzio La Fauci, et Veronica Pacuraru.
    - Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
      changements d'adresse electronique.

2- Textes electroniques
    - Catalogue de sites consacres a la philosophie medievale
    - CGL : Corpus Grammaticorum Latinorum

3- Publications
    - These de Snejina Sonina : "Denomination terminologique :
      exemple d'un corpus vestimentaire".
    - Texto! : nouveautes de la prochaine edition (mars 2008)

4- Textes
    - Francois Rastier : Notes en reponse à
      Michel Olivier - "Valeur de l'interdisciplinarite
      Linguistique / Semiotique / Philosophie, une illustration"
    - Nunzio La Fauci : Pour une consideration fonctionnelle et
      differentielle de la predicativite.

5- Appels : Colloques et revues
    - Colloque international "Linguistique des valeurs
      -programmes de linguistique neo-saussurienne",
      Namur (Belgique), 16-17 juin 2008.
    - Colloque international "La pluralite interpretative.
      Fondements historiques et cognitifs de la notion de
      point de vue", Paris, 12-13 juin 2008.
    - Universite d'ete "Documentation & description des langues",
      Lyon (France), 23 juin - 4 juillet 2008.
       
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[informations réservées aux abonnés]

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{FR, 21/02/2008}

PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE

Irène Rosier-Catach vous conseille ce petit catalogue de liens proposés
par l'URFIST, vers des sites consacrés à l'étude de la philo médiévale :
    http://www.ext.upmc.fr/urfist/menestrel/medphilo.htm

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{FR, 21/02/2008}

GRAMMAIRES LATINES

        CGL - Corpus Grammaticorum Latinorum
    Accès aux sources grammaticales de la Latinité tardive :
        recherche, parcours textuels et bibliographie

    http://htl.linguist.jussieu.fr/CGL

Le corpus des textes attribués de manière conventionnelle aux
Grammatici Latini est constitué par l'ensemble des manuels de grammaire
latine écrits entre le IIIe et le VIIIe siècle apr. J.-C. et édités par
Heinrich Keil à Leipzig entre 1855 et 1880. Ce corpus présente de
nombreux centres d'intérêt :

1. Il permet la reconstitution de l'histoire des idées linguistiques en
Occident, en rassemblant les sources principales. Toute la tradition
postérieure, à partir du Moyen Âge, s'est appuyée sur ces textes
(notamment les artes de Donat et de Priscien).

2. Il contient, sous forme d'exemples, plus de 14.000 citations : il
s'agit soit de précieux fragments d'ouvrages (littéraires,
philosophiques, techniques) perdus soit de passages que l'on peut
comparer avec la tradition directe des textes conservés.

3. Il met en évidence certaines tendances du latin tardif, notamment
les formes expressives étrangères à l'usage classique.

4. Il évoque les discussions philosophiques au sujet de la nature et du
fonctionnement du langage, en montrant l'adaptation des catégories
logiques à l'enseignement scolaire. Au Moyen Âge, de nombreux débats
portant aussi bien sur la logique que sur la théologie deviendront
possibles grâce à la médiation des Grammatici Latini, notamment de
Priscien.

Il est évident que ce corpus se signale par son caractère polyvalent et
intrinsèquement stratifié, au carrefour de disciplines différentes. Son
exploitation est susceptible d'intéresser les historiens qui se
penchent sur les théories linguistiques, et pas seulement celles de
l'Antiquité, les philologues et les littéraires, les romanistes et tous
ceux qui étudient le passage du latin aux langues romanes, les
philosophes. Toutes ces disciplines devraient tirer un grand profit de
la possibilité d'enquêter sur des sources étudiées jusqu'à présent de
façon partielle ou incomplète.

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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Michelucci, 19/12/2007}

THESE

Pascal Michelucci nous signale "une thèse récemment soutenue à [son]
université, [disponible] dans sa version revue intégrale. Les lecteurs
de SdT apprécieraient d'en connaître l'existence."

Snejina Sonina
Dénomination terminologique : exemple d'un corpus vestimentaire
    http://www.etudes-francaises.net/dossiers/sonina/

Résumé :
Cette thèse de doctorat, soutenue au Département d'Études françaises de
l'Université de Toronto en mai 2007, cherche à mieux comprendre le
processus de dénomination des concepts vestimentaires. La dénomination
comme processus psychologique ne permettant d'observation directe, le
premier chapitre de la thèse s'attache à trouver le matériel convenable
pour surveiller les patrons dénominatifs et leurs variations, ainsi
qu'à créer un corpus représentatif de ce matériel. Le corpus
échantillon constitué pour cette recherche résulte du dépouillement de
six catalogues de vente en ligne et comprend 7 158 noms de vêtements
qui sont traités comme "termes banalisés" puisqu'il s'agit d'un domaine
spécialisé mais non professionnel. Le deuxième et le troisième
chapitres étudient les particularités des termes recensés sur la base
de deux hypothèses principales. La vérification de la première
hypothèse ­la structuration conceptuelle de la terminologie doit aider
à mettre en évidence la corrélation entre les concepts et les patrons
de formation des termes­ permet de distinguer trois types de termes :
lexicalisés, descriptifs et oscillants entre les deux. Les analyses
incitées par la seconde hypothèse ­les termes oscillants représentent
la période de flottement précédant la dénomination définitive­
démontrent certaines particularités des syntagmes terminologiques,
notamment, le fait que ces syntagmes sont formés par des règles
différentes de celles de la syntaxe et le fait qu'il existe un ordre
préféré d'expression des caractéristiques vestimentaires dans les
syntagmes à plusieurs éléments. Dans le dernier chapitre, les
particularités observées précédemment s'expliquent comme régularités à
l'aide de la sémantique du prototype et de la sémantique générative de
Pustejovsky. Finalement, les régularités dénominatives, discernées sur
l'exemple du corpus et mises dans une perspective élargie du signe
linguistique, permettent de proposer des scénarios possibles de
dénomination à partir de l'objet vestimentaire à nommer jusqu'au terme
attesté.

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{FR, 18/03/2008}

TEXTO! http://www.revue-texto.net

Prohaine mise à jour (sous presse) : mars 2008 (vol. XIII , n°1)
Numéro coordonné par Christophe Gérard.
 

Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

Michel GAILLIARD
    Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
de Sade.

François RASTIER
    Passages
Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
contextuels au sein du passage et entre passages.


Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

François RASTIER
    En attendant Valentin Temkine

Jean-Paul BRONCKARDT
    Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, et à propos de
positionnement épistémologiques, des concepts de "texte", "genre" et
"discours", Jean-Paul Bronckart livre une analyse approfondie des
points de rencontre et de divergence entre sémantique textuelle et
interactionnisme socio-discursif.

Gabriel BERGOUGNOUX
    Une de mes amours (Sur Lacan)
?Dans cet entretien réalisé pour la revue penser / rêver en 2006,
Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
il propose, à partir d'une analyse philologique et linguisique, un
rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
intérieure, de Saussure, d'interprétation...


Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :

Jean LASSÈGUE
    Émergence et parenté

Baptiste FOULQUIÉ
    Sémiotique et communication (compte-rendu)

Eugenio COSERIU
    Synchronie, diachronie, histoire

Christian BOTA
    Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
    un modèle complexe du fonctionnement langagier
Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.


Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :

Pierre Judet DE LA COMBE
    Sur les conflits en philologie
Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
méthode et la logique des interprétations.

Jean GRONDIN
    Hermeneutics
Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
l'herméneutique contemporaine.


Dans la rubrique CORPUS :

Christian MAUCERI
    Isotopie et indexation
Une approche renouvellée de la classification automatique s'appuyant
sur les acquis théoriques de la sémantique interprétative.

Bill LOUW
    Contextual prosodic theory :
    bringing semantic prosodies to life

Estelle DUBREUIL
    Collocations : définitions et problématique
Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématiques
selon la dichotomie lexicologique-lexicographique et linguistique de
corpus.


Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :

Rossitza KYHENG
    Les points de vue en linguistique, ou
    comment interpréter le corpus saussurien.
    Enjeux théoriques et applications (Thèse)

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{FR, 21/02/2008}

A PROPOS D'UNE INTERDISCIPLINARITÉ
LINGUISTIQUE / SÉMIOTIQUE / PHILOSOPHIE, ET DE L'INTERPRÉTATION

François Rastier : Notes en réponse à
Michel Olivier - Valeur de l'interdisciplinarité Linguistique /
Sémiotique / Philosophie, une illustration
(COLLOQUE REPHIL I, 6 et 7 décembre 2007)

Sans tresser des couronnes académiques anticipées, je voudrais soulever
ces points parfois abrupts, tantôt commentaires, tantôt objections.

1/ La philosophie est le seul discours de l'interdisciplinarité (tant
par l'épistémologie que par la gnoséologie), ainsi que par ses liens
académiques avec l'histoire des idées.

2/ Depuis sa formation au début du XIXe, la linguistique est en
revanche la source des connaissances sur le langage : la philosophie du
langage doit donc devenir une philosophie de la linguistique, ne
serait-ce que pour cesser de perpétuer les préjugés scolastiques, en
général thomistes, sur la référence, le rapport langage/pensée, le
signe, etc., qui l'encombrent.

Que serait aujourd'hui une philosophie de la nature qui ne tiendrait
pas compte des sciences de la nature ?

3/ Depuis la formation de la linguistique, le langage a cessé de
pouvoir être pensé en lui-même : il ne peut l'être que par rapport aux
langues et aux textes (deux domaines restés quasiment absents de la
philosophie du langage : on ne reconnaît pas de philosophie des langues
ni de philosophie des textes). Seule une infime partie des exemples peu
nombreux discutés en philosophie du langage est attestée : le langage
en question est donc une formation interne à la philosophie.

Dès lors qu'on prend en considération les trois domaines
d'objectivation de la linguistique (langage, langues et textes), la
contradiction entre unité du langage et pluralité des faits de langage
peut être surmontée voire dissoute.

4/ Avec Humboldt puis Saussure, le rapport langage-pensée (il n'y a
aucune unité dans ce que l'on appelle sommairement la pensée, mais
j'entends ici la pensée "discursive" ou logos), est un rapport
_sémiotique_ entre le contenu et l'expression des textes théoriques.

5/ S'il est toujours flatteur de se trouver in vivo dans un corpus, et
si pour ce qui concerne ma position votre présentation est claire, elle
reste souvent restreinte à ce qui est compatible avec une linguistique
du signe ; or il s'agit d'une linguistique des textes, où par exemple
les signes y sont définis comme des passages. Cette restriction
s'explique sans doute par la volonté de rendre commensurable le point
de vue présenté avec celui d'auteurs comme Montague. Dans ses premiers
chapitres, "Sémantique interprétative" avait pour objectif,
précisément, de donner à ce palier de description une méthodologie qui
ne soit plus tributaire de la tradition logico-grammaticale. Dans les
derniers chapitres, il s'agit de rapporter l'interprétation à ses
_conditions_ linguistiques (y compris de discours et de genre) ; il me
semble donc erroné de dire : « ...L'interprète pioche ce qu'il veut ».
Par ailleurs deux décennies de publications de divers auteurs ont
permis d'élargir et de problématiser les questions soulevées. Je me
permets de renvoyer à un cycle récent sur la référence, notamment
l'étude "Les mots sans les choses" (accessible aussi sur
revue-texto.net).

6/ La question de "la grammaire du 'Je fais'" résume faiblement la
question de l'éthique. Toutefois, la sémantique interprétative se
fondant sur une praxéologie (un texte est un cours d'action) et non sur
une ontologie, la question de l'éthique peut y être posée dans la
mesure où la raison pratique est précisément une interprétation : mais
on se limitera ici à la responsabilité éthique de l'interprète, dans ce
que l'on peut appeler une dé-ontologie.

7/ S'agit-il pour autant d'un relativisme ? La sémantique
interprétative entend problématiser les variations de la doxa (liée à
des corpus dans des langues, discours et genres divers) mais cette
diversité est un objet et non un objectif. S'agissant de
l'interprétation, il s'agit d'un pluralisme : aucune lecture
scientifique ne peut prétendre périmer les autres, mais l'on peut
hiérarchiser les interprétations, par exemple pour récuser
philologiquement et herméneutiquement (dans ce que l'on peut appeler
une herméneutique matérielle) les interprétations de Heidegger, tant
sur les présocratiques que sur Hölderlin, qui font délibérément
violence à la lettre -ce qui selon moi n'est pas sans rapport avec son
antisémitisme théorique et pratique.

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{FR, 21/02/2008}

POUR UNE CONSIDÉRATION FONCTIONNELLE ET DIFFÉRENTIELLE DE LA PRÉDICATIVITÉ

Nunzio LA FAUCI
    http://apolloniodiscolo.blogspot.com/

            En quête de...

La syntaxe n'est qu'une opération de composition qui crée en même temps
un système (c.-à-d. un ensemble ordonné d'interdépendances) et ses
parties. Ni l'un ni les autres n'existent préalablement. Dans le
processus de composition, c'est le rapport mutuel qui leur donne des
valeurs, selon la suggestion théorique pionnière de Ferdinand de
Saussure.

Pour se faire jour, les études syntaxiques (et la linguistique toute
entière) doivent se libérer de toute ontologie. Le monde étudié par le
linguiste est un univers vide, peuplé des fantômes qui manifestent le
processus créateur de purs rapports systématiques. Le travail d'un
chercheur sage, avisé et conscient (comme le fut Edward Sapir) ne
consiste que dans la découverte et dans la détermination des rapports
(manifestés et, en même temps, cachés par ces fantômes). En fonction
d'une telle prise de conscience, le siècle qui nous sépare de Saussure
n'a pas vu changer beaucoup la situation.

À quelques exceptions près (parmi lesquelles pourrait peut-être figurer
le pseudo-Harris des "Notes du cours de syntaxe", c.-à-d. le cilice par
lequel Maurice Gross mortifia une émersion de son ego spéculatif et
théorique), les syntacticiens se sont contentés et se contentent de
renouveler, sous des formes toujours variées (les chemins de l'errance
sont justement infinis), les façons de procéder d'une tradition
philologique ontologiquement fondée.

La terminologie courante en est la meilleure preuve. Et, même dans les
cadres qui se prétendent les plus innovateurs, les catégories par
lesquelles on opère le démontrent clairement. En tant que taxinomie
indiscutée qui fonde l'état d'entités des objets de toute recherche,
des notions comme article, nom, verbe, adjectif etc. (qu'elles soient
"dopées" ou non par l'adjonction des qualifications supplémentaires
tirées du mécanicisme post-bloomfieldien) définissent les choses
auxquelles on aurait affaire en syntaxe. Et de ce fait la syntaxe reste
un jeu aveugle et un peu idiot, surtout écrasé sous le poids d'un
lexique (mieux, d'une idée naïve et toute faite du lexique) considéré
comme le dépôt d'où des unités irréductibles de sens et de forme
(qu'elles soient appelées racines, morphèmes, mots ne change pas la
substance) sortent presque toutes faites (et comment se font-elles ?).
De ces unités, la syntaxe ne serait finalement qu'une simple
disposition, un modeste arrangement.

La notion de prédicat, mieux, de prédicativité peut jouer un rôle
important dans l'établissement d'un cadre approprié à la naissance
d'une véritable syntaxe scientifique, une fois passée au crible de
l'arbitraire saussurien (qui concerne la terminologie de la
linguistique au même titre que toute autre expression linguistique : ce
que l'on oublie presque toujours), une fois nettoyée en conséquence du
fardeau de ses emplois logico-grammaticaux et une fois connectée à
l'idée d'une fonction d'opérateur de composition (un renvoi aux "Notes"
pseudo-harrisiennes est à ce propos approprié). Ce travail préalable
est nécessaire mais il n'est pas suffisant, car le danger d'une
considération positive et non différentielle reste. Il faut donc passer
à une évaluation relationnelle et oppositive (en s'inspirant de Roman
Jakobson) : à une idée de prédicativité comme négation de sa valeur
négative et non-marquée. Et dans cette opposition, le terme non-marqué
ne coïncide pas avec la fonction corrélée d'argument, qui est elle
aussi l'un des deux termes d'une opposition comparable.

Cela fait, catégories et catégorisation sont finalement subordonnées
aux notions relationnelles et on passe ainsi d'une question
traditionnelle ("quelles sont les catégories linguistiques qui ont
vocation à être prédicatives ?" : à vrai dire, toutes et aucune) à la
tentative de comprendre et de classer les formes par lesquelles se
manifestent les rapports et les différences entre les valeurs
fonctionnellement diverses de prédicativité.

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{FR, 21/02/2008}

COLLOQUE SAUSSURE - APPEL À COMMUNICATIONS

            Linguistique des valeurs
        -programmes de linguistique néo-saussurienne

Colloque international organisé par
L'Institut Ferdinand de Saussure et l'Université de Namur
16-18 juin 2008

Un livre retrouvé de F. de Saussure, "De l'essence double du langage"
(dans "Ecrits de linguistique générale", Gallimard, 2002) confirme que
la pensée du linguiste genevois a été depuis un siècle l'objet de
profonds malentendus. En particulier, le programme saussurien d'une
"linguistique des valeurs pures" -conçue comme une écriture algébrique-
est resté peu documenté jusqu'à la publication des manuscrits
nouvellement découverts.

Première rencontre internationale consacrée à cette question, le
colloque entend faire le point sur ce programme énoncé avec netteté
dans ces textes, comme sur sa portée présente.

Organisé par l'université de Namur, où se tient depuis plusieurs années
un séminaire de recherches néo-saussuriennes, et par l'Institut
Ferdinand de Saussure, le colloque comprendra trois volets.

A/ Le programme des valeurs pures

Les positions théoriques et méthodologiques de Saussure ont fait
l'objet de confusions si persistantes que des entreprises diversement
associées à son nom contredisent les clauses épistémologiques de son
programme. Regardant la question des valeurs pures, seule une lecture
de l'ensemble du corpus saussurien, permet de les dissiper. L'objet des
communications et des débats du colloque sera de préciser les modalités
d'interprétation du corpus saussurien ainsi que les enjeux actuels du
programme saussurien.

B/ Des valeurs en général

La sémantique de la valeur, développée en sémantique différentielle des
textes et des corpus, a permis de rompre avec la tradition ontologique
de la référence. Il lui faut cependant pouvoir articuler les valeurs de
la langue et les conditions d'exercice de la parole. Comment
s'articulent les valeurs pures de la langue fonctionnelle et le "chaos"
apparent d'une langue historique ? Cette question n'a pas pu être
véritablement posée, notamment en raison de la tripartition entre
syntaxe, sémantique et pragmatique, qui divise encore le champ de la
linguistique. Elle est cependant cruciale et de grande portée critique
voire éthique (dans toute activité symbolique, le sujet est tout autant
l'agent que l'enjeu).

C/ Développements d'une linguistique néo-saussurienne

Les débats du colloque témoigneront des développement d'une
linguistique néo-saussurienne, notamment de grammaires et de
sémantiques des valeurs, en présentant leurs méthodes, leurs résultats
et leurs enjeux.

Comité d'organisation : Jean-Marie Klinkenberg (ULg), Jean Giot
(FUNDP), Sémir Badir (ULg/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine),
Simon Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO).

Comité scientifique : Jonathan Culler (Cornell), Marie-José Béguelin
(Neuchâtel), Arild Utaker (Bergen), Hermann Parret (KUL/FWO), Laurence
Meurant (FUNDP/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine), Simon
Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO),
Emmanuelle Danblon (ULB).

Lieu : Université de Namur (Belgique). Date : Les 16 et 17 juin 2008.

Communications. - Les propositions (résumés détaillés de deux pages)
seront soumises en format .doc ; et en outre en format .pdf si elles
comportent des figures. On peut se référer à la feuille de style du
site Texto! : http://www.revue-texto.net (rubrique Espaces éditoriaux).
Titres et résumés sont à adresser pour le 16 avril 2008 à :
Jacques Coursil (jacques@coursil.com),
François Rastier (lpe2@ext.jussieu.fr),
Simon Bouquet (bouquet@ext.jussieu.fr),
Jean Giot (jean.giot@fundp.ac.be).

Posters. - À adresser aux mêmes pour le 16 avril 2008.

Les communications, de 30 à 40 minutes, seront suivies d'un débat ; les
posters seront présentés et discutés.

L'évaluation des propositions sera close le 16 mai. Le programme sera
diffusé immédiatement avec les bulletins d'inscription et les
informations pratiques.

Frais d'inscription : 40 euros
Versement :
FACULTES UNIVERSITAIRES NOTRE DAME DE LA PAIX
Rue de Bruxelles 61 - B-5000 NAMUR (Belgique)
Coordonnées bancaires :  FORTIS BANQUE
Agence de Namur Centre - Rue Godefroid 6 - B-5000  NAMUR. (Belgique)
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{FR, 21/02/2008}

APPEL À PARTICIPATION

            La pluralité interprétative
        Fondements historiques et cognitifs
           de la notion de point de vue

Colloque international
organisé par Alain Berthoz, Brian Stock et Carlo Ossola
Paris, 12 et 13 Juin 2008

        Jeudi 12 juin 2008

 9h15 - Introduction
 9h30 - Brian Stock (Université de Toronto)
   Sources historiques de la pluralité
10h00 - Alain Berthoz (Collège de France)
   La manipulation mentale des points de vue :
   un des fondements de la tolérance ?
10h30 - Olivier Houdé (Université Paris Descartes et
Institut Universitaire de France)
   Aux origines du dialogue des cultures chez l'enfant
11h00 - Pause
11h15 - Edy Veneziano (Université Paris Descartes - CNRS)
   Utilisations du langage et développement de la capacité à maîtriser
   plusieurs points de vue chez l'enfant
11h45 - Stephanie Burnett et Sarah Blakemore (University College,
Cognitive Neuroscience Center, Londres)
   Cognitive development during adolescence
12h15 - Discussion générale

14h00 - Francisco Jarauta (Université de Murcia)
   Dialogue des interprétations : les Tre filosofi de Giorgione
14h30 - Dan Sperber (École Normale Supérieure, Institut Jean Nicot,
CNRS)
   Pragmatique de l'interprétation
15h00 - Carlo Severi (École des Hautes études en Sciences Sociales et
Collège de France)
   Pluralité de points de vue et culture :
   réflexions sur le conflit culturel
15h30 - Pause
15h45 - Sara Cigada (Université de Milan)
   L'émotion et la persuasion politique : lectures de Robespierre
16h10 - Mikkel Wallentin (Center for Semiotics and Functionally
Integrative Neuroscience, Aarhus University Hospital, Danemark)
   What is it to you ? Spatial perspectives in language and brain
16h30 - Annick Paternoster (Universités de Leeds et Lugano)
   Politesse et point de vue dans les dialogues de la
   Renaissance italienne
17h00 - Discussion générale

        Vendredi 13 juin 2008

 9h30 - Michel Tardieu (Collège de France)
   Le pluralisme religieux
10h00 - Barbara Cassin (Centre Léon Robin de Recherche sur la pensée
antique, CNRS/Paris IV, ENS)
   Relativité de la traduction et relativisme
10h30 - Jean-Claude Schmitt (École des Hautes Études en Sciences
Sociales)
   Visions et voix : une herméneutique médiévale par les gestes,
   les images et la musique
11h00 - Pause
11h15 - Carlo Ossola (Collège de France)
   Le paradoxe herméneutique
11h45 - Philippe Mongin (École des Hautes Études Commerciales, CNRS)
   Waterloo et les miroirs croisés de l'interprétation,
   de Stendhal à la théorie des jeux

14h00 - Julie Grèzes (INSERM, ENS)
   Bases neurales des relations avec autrui
14h30 - Roland Jouvent (Université Paris VI - Hôpital de la
Salpétrière)
   Les ambiguïtés du jugement
15h00 - Anne Andronikof (Université Paris X)
   Interpréter le discours de l'autre en psychologie clinique :
   projections et déviances
15h30 - Heike Jung (Université de la Sarre, Département de Sciences
juridiques)
   Les formes et modèles du procès pénal - sauvegardes contre la
   manipulation ?
16h00 - Emmanuel Decaux (Université Paris II)
   Universalité des droits de l'homme et pluralité interprétative :
   l'exemple des droits de l'enfant
16h30 - Table Ronde
17h30 - Fin du colloque

Lieu :  Amphithéâtre Marguerite de Navarre
Collège de France - 11 place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris

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{FR, 21/02/2008}

APPEL À PARTICIPATION

            Université d'été Lyon 2008 en
        Documentation & description des langues

23 Juin - 4 Juillet 2008, Lyon (France)
Co-organisée par LYON, LEIDEN, LONDON.
Informations :
    http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/aalled/une/une.html
Contact :
    aalled@ish-lyon.cnrs.fr
Flyer :
    http://www.risc.cnrs.fr/pdf/23-06_4-07Descr_langues.pdf


Cette université d'été se propose d'introduire les concepts et les
pratiques de la documentation et de la description des langues en
linguistique, pour compléter la formation des linguistes de terrain.

La description des langues est la sous-discipline de la linguistique
qui s'occupe traditionnellement de l'analyse de la structure des
langues à différents niveaux d'organisation (phonologie, morphologie,
syntaxe, lexique, etc.). Elle conduit généralement à la production de
grammaires et de dictionnaires.

La documentation des langues est une nouvelle sous-discipline de
recherche et de pratiques linguistiques centrée sur la compilation et
l'archivage de corpus oraux (audio et/ou vidéo), et la mise en
relation, par le biais de logiciels développés à cet effet, de ces
données langagières à l'état brut, avec divers types d'analyses. La
documentation des langues renforce les fondements empiriques des
branches de la linguistique et des disciplines connexes qui reposent en
grande partie sur des données recueillies dans des communautés
linguistiques très peu étudiées (eg. typologie linguistique,
linguistique cognitive, ethnolinguistique, etc.). La documentation des
langues améliore sensiblement la vérifiabilité des données sur
lesquelles reposent les recherches et se préoccupe sérieusement des
questions d'accès et d'utilisation de ces données. Enfin, cette
nouvelle approche vise aussi à répondre aux besoins des communautés
linguistiques en matière d'éducation, de revitalisation et de
préservation (d'après, Gippert, Himmelmann & Mosel. 2006. "Essentials
of language documentation". Mouton de Gruyter.)

Les intervenants sont des spécialistes de cette discipline émergente
membres du consortium 3L : De l'Université de Lyon - équipe AALLED
(Afrique Amérique Latine Langues En Danger) du laboratoire Dynamique Du
Langage (DDL) ; de l'Université de Londres SOAS - programme HRELP (Hans
Rausing Endangered Language Project) ; et de l'Université de Leiden -
Department of Languages and Cultures of Africa (LUCL-Université de
Leiden).

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