2009_11_05
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SdT volume 15, numero 4.
 
 
                        LES CITATIONS DU MOIS
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            Quiconque y réfléchit ne peut que s'étonner de
            voir comment tous les philosophes ont consacré
            le meilleur de leurs efforts à tenter
            d’acquérir la science du monde naturel, dont
            Dieu seul, parce qu’il l’a fait, possède la
            science, et comment ils ont négligé de méditer
            sur le monde des nations, ou monde civil, dont
            les hommes, parce qu’ils l’ont fait, peuvent
            acquérir la science.

                Giambattista Vico, Principes d’une
                science nouvelle, 1744, § 331.

            Entre un mot et ses voisins, l'esprit aperçoit
            des connexions, dont l'ensemble forme la
            charpente de la phrase.
            Ces connexions ne sont indiquées par rien.

                        Lucien Tesnière
            ________________________________________________        
 
                SOMMAIRE
 
 
1- Presentations
    - Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Charline Bernier,
      Amelie Betus, Camille Lawson, Anemone Mathieu, Francoise
      Pignol, Gerard Sensevy, et Julie Sorba.
    - Nous signalent leur changement d'adresse : Thomas Beauvisage,
      Marie-Anne Chabin, Bruno Courbon, et Aboubakar Ouattara.
 
2- Carnet
    - Seminaire de F. Rastier : Semantique de corpus
    - Petition pour l'ouverture des archives Heidegger
    - Du blog de O. Ertzscheidt : Les lectures industrielles
 
3- Publications
    - D. Ablali et D. Ducard (dir.) :
      "Vocabulaire des etudes semiotiques et semiologiques"

4- Textes
    - N. La Fauci : Note d'actualite sur Darwin et Rene Girard
    - Ch. Gerard : Sur l'identite de la poesie et du langage
 
5- Appels : Colloques et revues
    - Nouvelle revue : Energeia
    - Colloque "L'homme semiotique - pratiques et complexite",
      Namur (Belgique), 19-21 avril 2010.
    - XXXIe Colloque international d'Albi Langages et Signification
      "L'ecrit : de la signification et de l'interpretation a la
       traduction et aux discours critiques",
      Albi, 11-15 juillet 2010.

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[information réservée aux abonnés]
 
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{FR, 27/10/2009}

SEMINAIRE

            Sémantique de corpus

Séminaire INALCO (ERTIM)-EHESS (CRIA)
Année 2009-2010

François Rastier, directeur de recherche au CNRS

de 17 h à 19 h,
Les jeudis 5, 12, 19 et 26 novembre, 10 et 17 décembre 2009.

INaLCO-Recherche (salle 8, rez-de-chaussée),
49 bis avenue de la Belle Gabrielle 75012 Paris

Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
linguistique de corpus intéresse l’ensemble des sciences de la culture.
Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
avec les représentations ontologiques et référentielles, une
reconception praxéologique de l’activité textuelle ; (iii) une
typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
qu’entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
l’expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
et herméneutique matérielle. On proposera ainsi un remembrement de la
tripartition de fait entre discours, texte, et document. Il s’agit en
effet, à l’inverse du programme du Web sémantique, de revenir des
"données" aux documents, de décrire et d’exploiter, pour la recherche
d’informations notamment, leur irremplaçable complexité. Ce sont là,
semble-t-il, des conditions pour que la linguistique textuelle puisse
combler ses lacunes théoriques, répondre aux besoins sociaux et
s’approprier pleinement la problématique historique et comparative que
partagent les sciences de la culture.

Les thèmes abordés cette année :
1/ Points de vue et Garanties : des "données" textuelles aux corpus.
2/ Sens et différences internes et externes au texte.
3/ La méthodologie comparative en sémantique de corpus.
4/ Approches quantitatives et qualitatives.
5/ La refondation sémiotique de la linguistique de corpus.
6/ De la sémantique des valeurs à la sémiotique des cultures.

Accès recommandé : RER A, direction Boissy-Saint-Léger (zone 3), arrêt
à Nogent-sur-Marne, sortie Marronniers, direction jardin tropical (1.
Prendre la direction sud sur avenue des Marronniers vers avenue des
Châtaigniers - 0,2 km ; 2. Tourner à droite sur avenue des Châtaigniers
- 0,2 km ; 3. Tourner à gauche sur avenue de la Belle Gabrielle - 0,4
km côté bois après le Jardin tropical).

Renseignements :    François Rastier
Site web :        http://revue-texto.net
Adresse de contact :    frastier(at)gmail.com
 
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{FR, 27/10/2009}

ARCHIVES HEIDEGGER

Lancée par Emmanuel Faye, la pétition pour l'ouverture des archives
Heidegger vient d’être republiée est peut maintenant être signée en
ligne :
    http://archives-heidegger.hermeneute.com

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{FR, 27/10/2009}

LES LECTURES INDUSTRIELLES

De Olivier Ertzscheidt
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/09/scanne-moins-fort.html

"1.a) l’activité du robot de lecture, ses actes de lecture : scanner,
crawler, indexer. b) les produits dérivés de cette activité, les textes
de lecture en langage humain.?

2.a) l’association des lectures humaines et des lectures machiniques.
b) la commercialisation des lectures humaines définies comme "hits".?

3.a) l’espace des lectures industrielles est le face-à-face des
industries de lecture et des publics de lecteurs. b) l’industrie de la
lecture entreprend la commercialisation de toutes les lectures, sous le
slogan de l’"accès à toute l’information". c) l’industrie de la lecture
entreprend aussi la commercialisation des lecteurs."

Alain Giffard.
 
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{Ablali, 02/09/2009}

VIENT DE PARAÎTRE

    Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques

Sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard
Paris : Honoré Champion / Besançon : Presses universitaires de Franche
Comté, Collection "Lexica, mots et dictionnaires" dirigée par Bernard
Quemada et Jean Pruvost, 2009, 312 p. ISBN : 978-2-7453-1969-2
Editions reliée (55 euros) ou brochée (24 euros).

* Table des matières :

Repérages
Notices
  Références contemporaines
      La sémiologie de Ferdinand de Saussure (1847-1913)
      La sémiotique de Charles S. Peirce (1839-1914)
      La sémiotique de Louis Hjelmslev (1899-1965)
  Perspectives actuelles
  Sémiotique de l’école de paris
      Introduction
    Sémiotique l’action
    Sémiotique des passions
    Sémiotique subjectale
    Sémiotique tensive
    Socio-sémiotique
    Éthosémiotique
  Sémiotique des cultures
  Sémiotiques textuelles
    La sémiotique textuelle d'Umberto Éco
    Sémiostylistique
  Sémiologie interprétative
    Sémiologie des textes et discours
      L’aventure sémiologique de Roland Barthes
      La sémanalyse de Julia Kristeva
    Sémiologie des indices
    Sémiologie de l'image
  Sémiologie du cinéma et de la télévision
    Sémiologie du cinéma
    Sémiologie de la télévision
  Socio-sémiotique des médias
Vocabulaire
Bibliographie
Tables et index
    Auteurs des notices
    Auteurs des notions
    Index des noms de personnes
    Index des notions

* Auteurs des Notices et des Notions :

Driss Ablali, LASELDI, Université de Franche-Comté
Sémir Badir, FNRS, Université de Liège
Anne Beyaert-Geslin, CeReS, Université de Limoges
Jean-François Bordron, CeReS, Université de Limoges
Marie-France Chambat-Houillon, CEISME, Université de la Sorbonne
  Nouvelle Paris 3
Nicolas Couégnas, CeReS, Université de Limoges
Ivan Darrault-Harris, CeReS, Université de Limoges
Dominique Ducard, CEDITEC, Université  Paris Est-Paris 12
Carine Duteil-Mougel, CeReS, Université de Limoges
Jacques Fontanille. CeReS, Université de Limoges, Institut
  Universitaire de France
Anne-Marie Houdebine-Gravaud, Dynalang-SEM, Université Paris Descartes
Yves Jeanneret, laboratoire Culture et communication, Université
  d’Avignon et des pays de Vaucluse
Martine Joly, IMAGINES, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
François Jost, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Eric Landowski, CNRS, Paris
Laurence Leveneur, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Anna Maria Lorusso, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
  Università di Bologna
Claudine Normand, Laboratoire d'histoire des théories linguistiques,
  Université de Paris 10
François Rastier, CNRS, Paris.
Joëlle Réthoré, VECT, Université de Perpignan
Michael Rinn, CEDITEC, Université de Bretagne Occidentale
Emmanuël Souchier, GRIPIC, CELSA, Université Paris Sorbonne-Paris 4
Anne-Gaëlle Toutain, Equipe Sens, Texte, Histoire, Université Paris
  Sorbonne-Paris 4
Patrizia Violi, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
  Universita' di Bologna  
 
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{FR, 27/10/2009}

NOTE D'ACTUALITÉ SUR DARWIN ET RENÉ GIRARD

De Nunzio La Fauci
Apollonio Discolo by Nunzio La Fauci.
Based on a work at apolloniodiscolo.blogspot.com

Anthropologue, membre de l'Académie française, "parfois qualifié de
'Darwin des sciences sociales'", c'est René Girard qui l'affirme, dans
une de ses interventions publiées dans le Monde des livres, au sujet du
naturaliste anglais.

Girard ajoute : "...un peu comme si on voulait s'opposer à Newton ou à
Einstein dans leur domaine. La première fois que je l'ai lu [Darwin],
l'attitude était totalement différente. Il y avait encore une
possibilité d'antidarwinisme réelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui,
que l'on soit croyant ou pas : Jean-Paul II n'a-t-il pas dit qu'il
voyait dans le darwinisme 'plus qu'une hypothèse' ?".

Rien d'étonnant, à vrai dire. Un pape peut-il s'exprimer différemment ?
Tout ce qu'il imagine juste est par principe plus qu'une hypothèse.
Parfois, c'est un dogme.

L'opposition au darwinisme s'est-elle finalement évaporée ? Un pape (et
quel pape !) a-t-il pu le définir comme plus qu'une hypothèse ? Voilà
des preuves écrasantes que le darwinisme dont l'immortel Girard parle
n'a rien à faire avec la science.

Si une idée a une valeur quelconque, dans la science, c'est qu'elle ne
peut jamais devenir un dogme : et il faudrait se demander sérieusement
pourquoi au contraire le darwinisme a une nette tendance à le devenir.
La valeur scientifique d'une idée réside dans sa nature de défi, qui
réclame des objections. Et elle meurt, en tant qu'idée scientifique, si
elle cesse de les provoquer.

Bref, une idée scientifique doit sa valeur à son éternel statut de
simple hypothèse : elle peut se présenter parfois et temporairement
comme la meilleure hypothèse, jamais comme plus qu'une hypothèse.
 
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{FR, 27/10/2009}

SUR L'IDENTITÉ DE LA POÉSIE ET DU LANGAGE

Nous reproduisons, avec l’accord de l’auteur, Christophe Gérard, le
début de l’étude
Sur l’identité de la poésie et du langage (Energeia, I, 1, pp. 118-119)
            _________________

Le texte "Langage et poésie" est issu d’un ensemble de notes
manuscrites que E. Coseriu rédigea en préparation d’un cours de
"Stylistique moderne romane" (Moderne romanische Stilforschung)
dispensé entre novembre 1963 et mars 1964, à l’université de Tübingen.
Il offre un bel aperçu de notes qui, minutieuses et rarement
fragmentaires, comptent en tout plus d’une centaine de feuillets in
octavo ainsi qu’une cinquantaine de fiches bristol. Cependant, lacune
coutumière des archives, cette importante documentation ne couvre pas
l’intégralité du cours, comme l’attestent les notes des élèves de
l’époque. Aussi les premières séances du cours, qui pour l’essentiel
semblent avoir consistés en un commentaire de la bibliographie générale
(120 titres organisés en 10 sections), n’ont-elles pas ou peu laissé de
traces manuscrites. Quoi qu’il en soit, ce cours n’ayant jamais été
renouvelé par Coseriu et ces notes n’ayant pas connu d’avenir
éditorial, l’intérêt de cette archive demeure aujourd’hui intact.
Au-delà de son importance pour la connaissance de l’oeuvre cosérien, ce
cours discute un vaste panorama d’approches (de Ch. Bally à A.
Pagliaro, en passant par la stylistique italienne, l’école de Prague,
le behaviourisme, l’école de Copenhague), développant ainsi un point de
vue original qu’il conviendrait d’apprécier relativement aux études
stylistiques actuelles et, de manière générale, à la linguistique
textuelle. Une présentation du cours mériterait, au moins, un long
article. Nous nous bornerons à faire quelques observations liminaires
sur "Langage et poésie", texte choisi au motif que le problème de
l’identité de la poésie et du langage constitue, selon Coseriu, le
problème essentiel de la stylistique.

Chez Coseriu, ce thème de l’identification de la poésie au langage est
directement hérité de l’esthétique linguistique de B. Croce, qui le
reçoit à son tour de G. Vico (Scienza nuova, 1725) :

  Langage et poésie sont pour Vico substantiellement identiques.
  Réfutant cette commune erreur des grammairiens, qui disent que le
  parler de la prose est né avant, et celui du vers après, il trouve
  dans les origines de la poésie telles qu’on les a ici découvertes,
  les origines des langues, et l’origine des lettres. [...] Il put
  réfuter l’autre commune erreur des grammairiens : que le parler des
  prosateurs est propre, et impropre celui des poètes. Les tropes
  poétiques, qui se rangent sous l’espèce des métonymies, lui
  apparurent nés de la nature des premières nations, non du caprice
  d’hommes particuliers, habiles en poésie [...]. (Croce B., 1904,
  Esthétique comme science de l'expression et linguistique générale,
  Paris, V. Giard et E. Brière, p. 222-223).

Vico voyait alors dans la poésie un principe anthropologique, et ses
conceptions, pour l’historien de l’esthétique que fut Croce, restèrent
en la matière longtemps inégalées (cf. e.g. l’analogie du langage et de
l’art chez W. von Humboldt). De fait, le cadre de pensée napparaît pas
d’abord circonscrit aux problèmes spécifiques de la stylistique et, par
exemple, chez Coseriu, la compréhension des références à Croce (sur des
points aussi fondamentaux que l’identité entre intuition et expression
ou l’objectivation poétique) passe à l évidence par la pensée
esthétique, c’est-à-dire en particulier par la théorie crocéenne de
l’art, et sans doute aussi par la réflexion esthétique menée par
Coseriu lui-même, qui est antérieure au cours de stylistique.

De fait, on entendra en premier lieu par poésie un art parmi d’autres
(peinture, musique, architecture, etc.), en l’occurrence l’art du
langage par excellence : "par poésie [Dichtung] je n’entends pas
seulement la poésie [Poesie] dans un sens étroit mais plutôt la
littérature comme art". Ce qui signifie d’une part que le terme de
poésie ne renvoie à aucun "genre" littéraire (roman, nouvelle, etc.),
d’autre part que si l’opposition classique entre poésie et prose paraît
ici licite (discours littéraire vs. discours non-littéraire), ce nest
pas en tant que ligne de partage des seules productions littéraires
(ex. poésie versifiée vs. prose poétique).

Il ne faut donc pas se représenter la poésie comme un usage
linguistique singulier qui se distinguerait parmi d’autres usages
linguistiques. Selon Coseriu, sa singularité ne procède d’aucun écart
mais, tout au contraire, c’est le langage quotidien qui réalise un
écart par rapport au langage poétique. De fait, le terme de poésie
réfère bien plutôt, globalement, au mode par lequel le langage
s’exprime ou s’accomplit dans sa plénitude, sans restrictions
fonctionnelles a priori, à la différence par exemple de ce qu’on
observe dans le langage quotidien, scientifique, religieux, etc. C’est
cette absence de restrictions fonctionnelles qui, pour Coseriu, est au
fondement d’une identification de la poésie au langage : "Die Dichtung
ist also Sprache ohne Einschränkungen oder die Sprache als solche".

Cette autre définition de la poésie apparaît d’un degré dabstraction
plus grand que la première citée, centrée elle sur la littérature. Or,
à première vue, les deux ne semblent pas s’accorder sur un point : dans
la mesure où le langage poétique ne se voit appliquer aucune
restriction fonctionnelle, ne devrait-il pas en même temps s’exprimer
sans restriction de domaine d’usage ? En effet,

  Auch bei den alltäglichen Formen des Ausdrucks kann ein aufmerksammer
  Beobachter sehen, wie entlang des lebendigen Strömens die Wörter
  fortwährend phantasievoll erneuert werden und erfunden werden und wie
  eine vieltönige Poesie aufblüht, ernst und erhaben, zart, anmutig und
  leise lächelnd (Croce, 1970, Die Dichtung, p. 19.)

L’observation ordinaire de manifestations poétiques, au sens
étymologique de l’adjectif c’est-à-dire d’une créativité langagière
dans le langage quotidien, ne permettrait donc pas de lui attribuer un
rapport exclusif à la littérature, alors même que cette dernière
constitue sans nul doute la situation d’élection du langage poétique.
Ce dernier renverrait ainsi à la fois à une situation discursive
privilégiée et, au-delà, à un mode d’existence observable, en dehors de
cette situation, par moments (ceux des néologismes quotidiens, par
exemple). Laissons la discussion ouverte pour finir sur un aspect
majeur des thèses concernant l’identité de la poésie et du langage.

Dans "Langage et poésie", l’argumentation en faveur d’une telle
identité est prolongée sur le plan philosophique (Aristote), notamment.
Certains de ces arguments (la contestation de la stylistique de
l’écart, la théorie de Croce) se retrouvent en partie exposés dans un
article éponyme publié en 1970. À la différence de "Langage et
poésie", cet article se termine par une proposition somme toute
inattendue : "Malgré tout, l’identification du langage avec la poésie
n’est pas acceptable, et cela parce que le langage n’est justement pas
absolu" ; c’est-à-dire qu’il est en rapport avec autre chose. En effet,
le langage présente une dimension inaliénable qui est celle de
l’altérité du sujet, et s’il implique ainsi l’expérience
intersubjective c’est parce qu’il est la condition même de la
communication avec un autre (vs. de quelque chose), sans quoi toute
interlocution concrète serait proprement impossible.

Tournant de la réflexion, qui malgré les apparences n’a rien de
contradictoire (voir l’article indiqué), ce déplacement de perspective
au niveau des rapports intersubjectifs, et donc au niveau du texte, va
conduire Coseriu à définir les tâches de la stylistique et son
inclusion au sein d’une linguistique du texte.
 
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{FR, 27/10/2009}

NOUVELLE REVUE

Nouvelle revue consacrée à la linguistique éditée par le centre Coseriu
de l’Université de Tübingen :

Vient de paraître  : http://www.energeia-online.de/

Energeia ist eine Online-Zeitschrift für Sprachwissenschaft und
Sprachphilosophie, die an der Universität Tübingen von der
Forschungsstelle Eugenio Coseriu Coseriu Archiv herausgegeben wird. Sie
erscheint einmal jährlich unter der Adresse www.energeia-online.de und
behandelt Themen der allgemeinen Sprachwissenschaft, Sprachtheorie und
Sprachphilosophie, unter besonderer Berücksichtigung der romanischen
Sprachwissenschaft.

Energeia repräsentiert keine bestimmte vorgegebene theoretische
Ausrichtung, bevorzugt jedoch sprachtheoretische Arbeiten, die eine vom
Sprechen, von der Sprache oder vom Text ausgehende Sichtweise einnehmen
und die Kategorisierungen der sprachlichen Phänomene nicht apriorisch
setzt, sondern aus dem Funktionieren der Sprache und des Sprechens
heraus begründet.

Energeia besteht jeweils aus drei Teilen, einem ersten, in dem
unveröffentlichte Originalbeiträge erscheinen, einem Rezensionsteil und
einem Dokumentationsteil, der in Zusammenhang mit der Arbeit der
Forschungsstelle Eugenio Coseriu Eugenio Coseriu-Archiv steht.

Unveröffentlichte Originalbeiträge können jederzeit in elektronischer
Form an energeia@coseriu.com eingesandt werden. Es wird gebeten, dabei
die redaktionellen Richtlinien zu beachten. Die Aufsätze werden
innerhalb einer Frist von drei Monaten von drei unabhängigen Gutachtern
anonym evaluiert. Nach der Evaluation bekommen die Autoren Nachricht,
gegebenenfalls mit einem Evaluationsbericht und der Bitte um
Veränderung.

Die erste Ausgabe wird im Herbst 2009 online geschaltet.
 
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{FR, 27/10/2009}

COLLOQUE - APPEL À CONTRIBUTIONS

        L’homme sémiotique –  pratiques et complexité.

Université de Namur (Belgique), 19 – 21 avril 2010.

Sans rechercher "le propre de l’homme", ce colloque entend contribuer à
une anthropologie sémiotique entendue comme projet interdisciplinaire  
des sciences de la culture.

Si la sémiotique, en tant que discipline constituée, a naturellement sa
place, c’est le sémiotique comme domaine d’objectivité  qui sera
interrogé, non pas pour constituer des ontologies statiques, mais pour
le reconsidérer sous l’angle de l’action, y compris dans ses
engagements éthiques. C’est donc l’agir humain, considéré dans sa
phylogenèse, son déploiement, sa transmission culturelle, qui sera
privilégié.

Alors que les programmes de naturalisation, exploitant les
développements des sciences de la vie, ont retrouvé une vigueur
nouvelle, ne pourrait-on, complémentairement ou de manière paradoxale,
engager un programme de culturalisation des sciences cognitives ?  
L’incidence des facteurs culturels dans les processus cognitifs, même
de "bas niveau", a trouvé de multiples confirmations.

Naturellement interdisciplinaire, ce colloque n’a pas pour but de
tracer des frontières entre sciences de la vie et sciences de la
culture : de l’éthologie à l’ergonomie, les contributions qui
privilégient un recul critique sont les bienvenues –du moment qu’elles
s’infléchissent vers la complexité des pratiques.

Les comportements sont-ils des phénotypes susceptibles d’une
détermination génétique ? Les techniques productives (Leroi-Gourhan),
les récits mythiques (Lévi-Strauss), les rituels (Hocart) appartiennent-
ils à des domaines séparés, ou sont-ils à reconsidérer au sein de
pratiques complexes, tant "matérielles" que "sémiotiques" ?

Qu’il s’agisse de culture matérielle ou de culture "spirituelle", les
pratiques, du travail au jeu, peuvent être abordées comme des
performances sémiotiques.

Enfin, comme elles relèvent de la raison pratique, elles n’échappent
pas, même pour la transgresser, à une normativité éthique qui reste à
décrire en termes d’engagement.

Le colloque se déroulera en trois grandes sessions successives et
articulées : (I) critique des sciences de la culture ;
(II) anthropologies et sémiotiques ; (III) objets culturels : création,
transmission, interprétation.


* Calendrier :
Appel à contributions : 01/11/2009.
Date limite pour la réception des propositions (résumés  de 1 à 2
  pages) : 15/12/2009.
Ces propositions seront envoyées à l’une des adresses suivantes :
    frastier@gmail.com
    edanblon@ulb.ac.be
    jean.giot@fundp.ac.be
Réponse aux propositions pour le 31/01/2010.

Les communications sont orales, uniquement, afin de favoriser les
discussions, et d’une durée de 20 minutes.

La participation à l’ensemble du colloque est souhaitée. Un programme
complet sera en février 2010 envoyé aux auteurs de communications et à
toute personne qui en fera la  demande.  
 
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{FR, 27/10/2009}

COLLOQUE

XXXIe Colloque international d'Albi
Langages et Signification
Du 11 au 15 juillet 2010
au Centre Saint-Amarand, 16 rue de la République, 81000 ALBI
organisé  par l'association C.A.L.S. et le C.P.S.T. de l'université de
Toulouse-Le -Mirail, avec le concours de la Mairie d'Albi et du Conseil
Général du Tarn.  

Thème : L'écrit : de la signification et de l'interprétation à la
traduction et aux discours critiques.

Les propositions de communications doivent être envoyées de préférence
à notre adresse électronique, en fichiers joints:
    p.marillaud.cals@orange.fr  
Toutes les informations nécessaires figureront très bientôt sur le site
du colloque qu'a ouvert Robert Gauthier (gauthier@univ-tlse2.fr),
responsable de l'équipe d'édition du C.A.L.S. :
    http://w3.univ-tlse2.fr/CALS.htm  
Ces résumés devraient ne pas dépasser 20 lignes et ne doivent être
accompagnés ni de notes ni d'une bibliographie. Communiquer des mots
clés n'est pas exigé. La fiche du résumé doit obligatoirement comporter
le nom de l'auteur de la communication, l'établissement qui l'emploie, 
et son adresse électronique.
Les résumés des communications devront nous parvenir de préférence
avant la fin du mois d'avril 2010, mais plus tôt serait mieux...
 
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