SYLVAIN LOISEAU
Résumé : Cet article examine les conséquences pour la description de normes linguistiques des nouveaux observables que permettent de construire les linguistiques de corpus. Nous formulons l’hypothèse que des corpus complexes articulant plusieurs niveaux de descrip
SYLVAIN LOISEAU
Résumé : Avec la linguistique de corpus, les données quantitatives sont devenues un auxiliaire précieux de la description linguistique. L'importance du critère de la fréquence a cependant été mis au jour bien avant, et indépendamment de la diffusion de grands corpus, par exemple dans l'étude du changement (et de la grammaticalisation), à la suite de Meillet; pour l'étude des oppositions phonologiques, à la suite de Troubetzkoy, puis Martinet. Cette communication se propose de montrer l'importance d'un bilan doxographique de la fréquence et d'une élaboration théorique plus forte de cette notion pour l'interprétation des faits quantitatifs. Plusieurs pistes seront abordées:- la diversité des "lois" basées sur la fréquence qui ont été proposées;- l'omniprésence, peu soulignée, de la fréquence dans plusieurs domaines linguistiques et dans l'élaboration de certaines notions centrales de la discipline (la notion de marque, l'opposition langue/parole, ou le statut des lois synchroniques);- le statut épilinguistique de la fréquence: les intuitions sur la fréquence de telle ou telle unité ne sont-elle qu'une version approximative de la fréquence mesurée, ou bien possède-t-elle un statut et un intérêt propres?- l'opposition entre les interprétations universaliste et cognitive des faits de fréquence et leur interprétation historique et culturelle: la fréquence est-elle corrélée à des lois universelles - par exemple, le principe du moindre effort que proposait Zipf - ou bien l'interprétation de faits de fréquence ne peut-elle être menée à bien que dans un cadre historique déterminé?