PHILIPPE MONSEL et PHILIPPE KERNALEGUEN
Résumé : Les sociétés humaines doivent aujourd’hui affronter une immense angoisse de survie. Malgré l’effort dérisoire et servile des professionnels de la réassurance et l’ensommeillement de la conscience dont ils sont les instruments d’appoint, les constantes culturelles succombent à peu près universellement sous la désintégration de leurs régularités fondatrices par des facteurs que l’opinion est à peine en mesure d’identifier, et donc moins encore de relier entre eux et d’articuler à un déterminisme causal : l’aggravation du dérèglement climatique et de ses effets ; la misère sociale et la criminalisation des réponses qu’elle suscite ; la rupture concertée de la conscience de classe ; le sacrifice inhumain des populations les plus pauvres et des migrants ; la colonisation des mentalités par les technologies de l’influence, de la fabrique des consensus et de l’addiction aux récompenses symboliques ; les contresens inlassablement entretenus à propos de Darwin et de Marx ; l’incompréhension globale face à la solidarité souvent occultée du combat politique et social et de la lutte pour le droit égal de chacun aux conditions physiques et biologiques requises par la civilisation ; le brouillage et le désarroi idéologiques généralisés, les stratégies du mensonge et de la désinformation, engendrant le dégoût croissant de la politique. Et leur corollaire : la résurgence massive du fascisme. Le texte qui suit est entièrement constitué d’extraits de différents ouvrages de Patrick Tort et de communications écrites ou orales qui ont permis à l’auteur de rendre un compte partiel d’une pensée qui nous semble aujourd’hui porteuse d’avancées théoriques et méthodologiques sérieuses dans la compréhension de ces questions cruciales posées, avec une urgence désormais évidente, par le monde contemporain.