DE LA SIGNIFICATION LEXICALE AU SENS TEXTUEL :
ÉLÉMENTS POUR UNE APPROCHE UNIFIÉE

François RASTIER
C.N.R.S


L’analyse sémantique des textes est un moyen d’investigation qui intéresse toutes sortes de disciplines scientifiques (sociologie, histoire, ergonomie, etc.) et de domaines d’application (recherche d’information, enquêtes d’opinion, etc.). Il importe d’autant plus de préciser les différentes approches du sens et ce que l’on peut en attendre dans la pratique descriptive.


1. Les approches

Depuis une quarantaine d’années, quatre principaux types d’approches sémantiques se sont développées.

1 - La sémantique logique a une longue tradition, puisqu’elle a détenu la ques­tion du sens linguistique jusqu’au milieu du XIXe siècle. Elle s’attache à juger de la vérité des énoncés et des conditions auxquelles le langage peut dire le vrai ; c’est pourquoi on l’appelle souvent sémantique vériconditionnelle. Elle s’est considé­rablement modifiée avec la formalisation de la logique et on la nomme aussi à bon droit sémantique formelle.

Elle définit la signification comme une relation entre un symbole et l’objet qu’il dénote, dans le monde de ce qui est, dans un monde possible ou dans un monde contrefactuel. Elle prend part à la division entre syntaxe, sémantique et pragmatique, telle que l’ont formulée Morris et Carnap. Elle applique aux langues les principes de des­cription de la sémantique des langages logiques, comme le principe de compositionnalité. Elle n’a pas produit de sémantique lexicale déve­loppée, notamment pour des raisons ontologiques : elle répugne à analyser les signifiés, car une essence n’est pas une col­lection de propriétés ; par exemple, la représentation du signifié de donkey dans la théorie de Hans Kamp est tout simplement ‘donkey’. En revanche, la sémantique formelle a détaillé au palier de la phrase de nom­breux problèmes comme celui de la quantification, de l’indexicalité, de la portée (scope). Dans le domaine de la sémantique du texte, la principale théorie, encore très pro­grammatique, reste celle de Kamp. Ses “Structures de représentation du dis­cours" (Discourse Representation Structures) sont des notations logiques qui permettent de formuler des problèmes de référence indé­terminée et d’anaphore.

La sémantique logique a bénéficié de l’essor du positivisme logique et souffre à présent de son discrédit. Son intérêt philosophique est grand, car la question de la vérité est un des thèmes majeurs de la métaphysique occidentale ; en revanche, sa capacité descriptive reste faible et contraste avec la complexité des formalisations qu’elle emploie.

2 - La sémantique psychologique définit la signification comme le rapport entre des signes et des représentations ou opérations mentales. Elle s’est dévelop­pée depuis la fin du XIXe siècle. On lui doit diverses théories des réseaux sémantiques (Quillian, Collins et Loftus), de la compréhension des textes (Kintsch) et des modèles que requiert cette compréhension [1]. La théorie qui a eu le plus d’influence en linguistique, notamment en linguistique cognitive, est la théorie de la typicalité développée par Rosch et ses collaborateurs (cf. Kleiber, 1990 ; Rastier, 1991 b).

3 - La sémantique cognitive pourrait apparaître comme un développement de la sémantique psychologique, car elle définit la signification comme une repré­sentation mentale. Cependant, elle n’a pas défini d’objectifs ni de protocoles ex­périmentaux. Ses principaux animateurs sont des linguistes (Lakoff, Langacker), et elle procède d’une linguistique mentaliste qui rapporte tous les phénomènes linguistiques à des opérations mentales [2].

La sémantique cognitive rencontre naturellement des problèmes philoso­phiques et s’oriente à présent vers des théories du sujet transcendantal (pour une présentation, cf. Rastier, 1993). Ronald Langacker trace ce vaste programme : « La sé­mantique linguistique doit alors entreprendre l’analyse structurale et la description explicite des entités abstraites comme les pensées et les concepts » [3]. Cela a conduit la sémantique cognitive dans deux voies complémentaires, qui à nos yeux sont deux impasses : la description de l’expérience mentale (« Je crois que l’expérience mentale est réelle, qu’elle est susceptible d’une recherche empirique et d’une description réglée, et qu’elle constitue l’objet naturel de la sémantique», Langacker, 1987, p. 99) et la description des conditions a priori de cette expé­rience. Pour Mark Johnson, par exemple, des structures sémantiques universelles condi­tionnent notre expérience et la formation de notre identité personnelle (selfhood). Ces postulats ne nous retiendront pas, car nous nous préoccupons de la spécificité des langues et des textes.

4 - La sémantique linguistique autonome issue de la linguistique structurale européenne s’est développée peu à peu depuis le début du siècle. Elle définit la signification comme un rapport linguistique entre des signes, et notamment entre des signifiés. Les signifiés ont certes des corrélats psychiques voire neuronaux, mais ces corrélats ne les définissent pas en tant que tels. Les principaux auteurs contemporains qui ont illustré ce courant (Pottier, Tullio De Mauro, Greimas, Leech, Mel’chuk, Coseriu, notamment) sont restés divisés sur des questions cruciales comme celles de l’autonomie de la sémantique, du statut conceptuel des unités minimales, etc. Cependant une synthèse reste possible et nous en avons exposé les grandes lignes sous le nom de sémantique différentielle [4].

Selon les disciplines, les diverses problématiques que nous venons d’évoquer sont inégalement développées. En informatique et en Intelligence Artificielle, la sémantique formelle est traditionnellement la mieux connue et la plus utilisée. Dans l’ensemble des recherches cogni­tives, la sémantique psychologique constitue la référence dominante. La séman­tique différentielle reste en revanche peu connue dans ces domaines, sinon par des approches partielles ou des auteurs isolés. Elle s’est cependant montrée apte à traiter des textes, y compris en linguistique de corpus, car elle ne définit pas la signi­fication par des relations entre le texte et d’autres réalités non linguistiques. Partant, elle n’exige pas le recours à une psy­chologie (comme la sémantique cognitive) ni à une ontologie (comme la séman­tique formelle).


2. Pour une sémantique unifiée

a) Pour achever de constituer la linguistique en science, la sémantique linguistique doit conquérir son autonomie à l'égard de la philosophie du langage qui accapare depuis l’antiquité la question du sens. Aussi, elle ne se rattache à aucune des deux sections de la philosophie du langage contemporaine qui se divisent complémentairement et sans reste le domaine du sens : la pragmatique et la sémantique vériconditionnelle. La sémantique interprétative engage un remembrement complexe qui intéresse en premier lieu ces deux disciplines qui voisinent sans pouvoir coopérer, chacune déléguant à l'autre les questions qu'elle ne peut résoudre. Au demeurant, la tripartition syntaxe / sémantique / pragmatique imposée par le positivisme logique nous apparaît comme l'obstacle épistémo­logique principal pour la linguistique contemporaine.

Il ne s'agit pas seulement de concilier sémantique vériconditionnelle et prag­matique, mais encore de les dépasser. D'une part la sémantique vériconditionnelle n'est spécifique ni au langage ni aux langues [5], et pourtant sa généralité n'em­pêche pas qu'elle se restreigne par principe aux seules propositions décidables, qui sont l'exception dans la plupart des corpus. Quant à la pragmatique (du moins la pragmatique intégrée), complément nécessaire d'une linguistique restreinte, elle ne peut jouir d'aucune autonomie à l'égard d'une sémantique bien faite.

La sémantique interprétative a du aussi préciser ses rapports avec la psychologie, qui depuis Steinthal (1855) riva­lise avec la logique pour traiter du sens linguistique. Ce double effort conduit à reconnaître la spécificité du signifié linguistique à l'égard du concept logique et du concept psychologique [6]. C’est là une condition nécessaire pour intégrer la sémantique à la linguistique générale et comparée. En effet, les sémantiques logiques ou psychologiques sont toutes universelles, alors qu’il faut élaborer des sémantiques spécifiques à des langues et à des familles de langues.

b) La linguistique est une discipline descriptive et la sémantique partage naturel­lement ce statut épistémologique. Est-ce à dire que la linguistique doive se forma­liser pour progresser et notamment pour trouver de nouvelles applications dans les traitements automatiques du langage et en Intelligence Artificielle ? Le caractère rationnel de la description est une condition nécessaire et parfois suffisante pour permettre une implantation informatique. D'ailleurs, la thèse de l'unité de la science répandue par le cercle de Vienne, et telle qu'une science doive nécessairement passer du stade descriptif au stade formel, conduit souvent à méconnaître la spécificité des épistémologies régio­nales, et notamment celle des sciences sociales [7].

Au-delà, ce sont des types épistémologiques et des gnoséologies qui entrent en jeu. Les grammaires génératives (Chomsky, Shaumjan) sont de type déductif, alors que les théories interprétatives sont de type inductif ou abductif. Les pre­mières se réclament volontiers du rationalisme (cf. Cartesian Linguistics de Chomsky), les secondes de l'empirisme (dans la tradition philologique). La sémantique unifiée relève d'un rationa­lisme empirique - qui s'oppose naturellement à la conception dogmatique du rationalisme.

L'unification des perspectives méthodologiques reste nécessaire : si la perspective interprétative permet de rompre avec le dogmatisme des théories génératives qui placent inévitablement dans des « structures profondes » leurs exi­gences de rationalité, la sémantique différentielle n'est ni exclusivement « générative », ni exclusivement inter­prétative. Les mêmes concepts descriptifs de base sont utili­sés pour définir les unités et les procédures propres à ces deux perspectives. La reconnaissance de l'ordre herméneutique permet cette unification.

c) Historiquement, la sémantique interprétative assume l'héritage de courants de recherche jusqu'ici séparés. Au palier du mot, les anciens encyclo­pédistes et surtout les synonymistes du XVIIIe siècle ont discerné le caractère différentiel de la signification lexicale. Parmi les contemporains, les fondateurs de la lexicologie structurale (de Porzig et Weisgerber à Coseriu, Greimas et Pottier) ont développé théoriquement ces intuitions. Au palier du texte, les théoriciens de l'exégèse puis de l'herméneutique, au premier plan desquels, respectivement, Saint Augustin et Schleiermacher, ont formulé des théories de l'interprétation unifiant tous les paliers de la description.

La sémantique interprétative entend unifier la description du lexique, de la syntaxe profonde et des structures textuelles. À chacun des trois paliers traditionnels de la description linguistique (mot, phrase et texte) elle fait ainsi correspondre trois paliers de la théorie sémantique (micro-, méso-, et macrosémantique) en utilisant une même conceptualisation. Ce remembrement est nécessaire, y compris pour caractériser finement les spécificités de chaque palier : une phrase ne se réduit pas à une suite de mots, ni un texte à une suite de phrases.

Le remembrement théorique s'accompagne d'un remembrement de l'objet. Les trois principaux paliers traditionnels de la descrip­tion linguistique (mot, phrase, et texte) ont été décrits par des disciplines différentes [8], ce qui interdisait de discerner qu'ils obéissent à des principes de structuration communs. Chacune des composantes de la sémantique interprétative participe à la description de ces trois paliers, aussi bien pour l'interprétation que pour la production (cf. infra, § 7).

Comme les autres domaines de la linguistique, la sémantique connaît des degrés de systématicité : celui du système fonctionnel de la langue, celui des normes sociales et celui des normes idiolectales. La hiérarchie entre ces degrés n'est pas fixe et la description de leur interaction pose des problèmes qui ne peuvent être éludés.


3. De la signification au sens

3.1. Typologie des signes et modèles de la signification

On définit traditionnellement la signification par rapport au signelinguistique, mais cette approche sémiotique repose sur deux simplifications : (i) En premier lieu, elle néglige qu’il existe plusieurs types de signes linguistiques : par exemple un point d’interrogation n’appartient pas au même type de signes qu’une particule interrogative, même s’il peut en remplir la fonction. (ii) Par ailleurs, le signe isolé hors contexte reste un artefact, et c’est un caractère notable des langues que leurs signes ne fonctionnent pas isolément, à la différence d’autres systèmes comme celui des signaux routiers, par exemple.

Rappelons cependant quels sont dans notre tradition les principaux modèles de la signification, en nous limitant aux questions en débat. Chaque modèle de signification définit un type de signe.

1 - L’icône est un signe dont le signifiant représente analogiquement le référent. Cette analogie est conventionnelle, et les icônes ont toujours un caractère canonique : par exemple, on représente un serpent de profil et non de face. Cependant l’icône reste à tort réputée désigner directement et naturellement son référent. Les langues ne comprennent pas de signes iconiques (mis à part certains sys­tèmes d’écriture idéographiques), mais l’iconisme est fort présent en linguistique [9].

2 - L’index est un signe dont le sens ne peut être assigné que relativement à une situation de communication réelle ou représentée par le texte. Les langues ne comptent pas d’index purs, mais des signes indexicaux comme les démonstratifs, les possessifs, les pronoms, bref tous les signes à emploi déictique. Pour une sémantique interprétative, les signes ne reçoivent leur sens que du contexte linguistique et non-linguistique, et les indexicaux ne sont qu’un cas particulier, arbitrairement distingué d’un régime commun par la problématique référentielle.

3 - Le modèle de la signification le plus important historiquement et le plus connu est le modèle aristotélicien, connu aujourd’hui sous le nom de triangle sémiotique : ses sommets constituent la triade Mot / Concept / Chose. Il a été repris par les scolastiques, puis par les grammaires générales de l’âge classique, enfin popularisé dans l’univers anglo-saxon par Ogden et Richards (1923), qui ont feint de le redécouvrir et lui ont assuré une nouvelle jeunesse. Malgré son ancienneté, ou peut-être grâce à elle, il est resté à peu près indiscuté (cf. Lyons, 1978) et s'est perpétué diversement jusqu'à nos jours. Il demeure fort vivace en philosophie du langage. Comme les idées linguistiques dominantes dans les recherches cognitives en pro­viennent, la triade sémiotique sert de cadre conceptuel aux programmes de recherche ; par exemple, Johnson-Laird en définit ainsi l'objectif général : « Les logiciens n'ont fait que relier le langage à des modèles sous diverses formes ; et les psychologues ne l'ont lié qu'à lui-même. Or, ce dont il s'agit réellement, c'est de montrer comment le langage se rapporte au monde par l'intermédiaire de l'esprit » [10]. En informatique linguistique, Regoczei et Hirst (1990) en ont fait un guide pour la représentation des connaissances : il s’y prête d’autant mieux que dans notre tradition la définition même de la connaissance comme représentation procède précisément de ce modèle antique...

On peut appeler symbole le type de signe relevant de cette triade, encore que ce mot très ambigu soit souvent employé pour désigner les signifiants d’un langage [11] plutôt que les signes d’une langue. Mieux vaut préciser les relations qui unissent les pôles de la triade : la relation qui unit le mot au concept est conventionnelle et contingente en cela, alors que celle qui unit le concept à la chose doit relever d’une nécessité, sans quoi le concept ne serait pas « le même pour tout le monde » : dans les théories classiques de l’empirisme, elle est fondée en nature ; pour le rationalisme dogmatique, elle ne peut trouver de nécessité que dans l’Intellect archétype, comme l’assure Descartes. Ces deux relations sont cependant tout aussi conventionnelles.

Le maintien de la triade sémiotique garde la sémantique sous la dépendance d'une ontologie, seule capable de relier les mots au monde par la médiation des concepts. Le postulat mentaliste qu’elle suppose régit à ce jour toutes les sémantiques cognitives et leur permet d'ailleurs de se dire telles. Cela ne va pas sans difficultés inextricables qui affectent la définition des unités mentales (concepts, schémas, modèles, symboles et propositions du langage mental) et obscurcissent leur rapport avec les unités linguis­tiques.

4 - L'autre grand paradigme sémantique traditionnel peut être dit indiciaire. L’indice est un signe qui est le support d’une inférence [12]. Il servait en rhétorique à articuler les preuves nécessaires ou plausibles.

dans les recherches cognitives, la pragmatique a réarticulé le paradigme indi­ciaire parce qu'il est issu de la rhétorique dont elle a pris la place et qu'elle conti­nue de diverses manières. Sperber et Wilson redécouvrent ainsi un modèle inférentiel de la commu­nication : « D'Aristote aux sémioticiens modernes, toutes les théories de la commu­nication ont été fondées sur un seul et même modèle, que nous appellerons modèle du code. Selon ce modèle, communiquer, c'est coder et décoder des messages. Récemment, plusieurs philosophes, dont Paul Grice et David Lewis, ont proposé un modèle tout à fait différent, que nous appellerons le modèle inférentiel. Selon le modèle inférentiel, communiquer, c'est produire et interpréter des indices » (1989, p. 13).

Remarque — À ces deux modèles de la signification correspondent respectivement les deux relations fondamentales, la référence et l'inférence, qui chacune fondent un type de sémantique. La sémantique de la référence est primordiale pour notre tradition métaphysique, car elle décrit les conditions auxquelles le langage pourrait dire le vrai. Elle obsède notre philosophie depuis le Cratyle jusqu'à Word and Object (Quine) et Les mots et les choses (Foucault). La triade aristotélicienne a été presque unanimement reprise jusqu'à nos jours parce qu'elle constitue un système de visée du référent. De ses deux mouvements, passage du signifiant au concept et passage du concept au référent, c'est évidemment le second qui a été privilégié, puisque la vérité se définit classiquement comme accord de la chose et de l’intellect.

L'opération mentale qui établit la référence reste bien distincte de l'inférence qui établit le renvoi indiciaire : la référence établit une relation entre deux ordres de réalité, concepts et objets ; en revanche, l'inférence relie deux unités relevant du même ordre de réalité : deux objets, pour une conception réaliste naïve de l'indice, ou deux concepts, selon le point de vue mentaliste.

Les relatan'ont cependant pas le même statut, car l'inférence a ceci de commun avec la référence qu'elle est orientée : un relatum est antécédent, l'autre conséquent — temporellement, causalement ou de toute autre manière. On dira donc que le premier est le signe de l'autre, comme un nuage est signe de pluie. Cette acception fort répandue du mot signe s'entend indépen­damment du concept de système de signes, et donc sans rapport particulier avec les langues. En général, pour ce qui touche l'inférence, la tradition distingue mal l'interprétation du monde et l'interprétation du texte. Les indices sont souvent considérés comme des signes naturels et non des signes d'institution codifiés. À un palier supérieur, qui intéresse non plus des concepts censés représenter des objets, mais des propositions supposées refléter des états de choses, l'inférence subsume les implications. Pour les stoïciens par exemple, le signe indiciaire est un énoncé assertif, antécédent dans une assertion d'implication [13].

De nos jours, la pragmatique devenue cognitive reformule l'antique division entre sens littéral et sens dérivé (autrefois allégorique ou figuré). Alors que la sémantique logique prend pour objet le sens littéral ou signification(puisqu'on ne peut assigner de valeur de vérité à des expressions figurées), la pragmatique s'attache avec prédilection aux sens dérivés et à leurs conditions de dérivation. Ainsi l'articulation entre sémantique logique et pragmatique reflète-t-elle confusément l'articulation entre la signification et le sens.

Elles se partagent ainsi la question du contenu linguistique, mais s'opposent toutefois parce que la relation fondamentale dont traite la première est la référence (relative ou non à des modèles), alors que la seconde traite pour l'essentiel de l'inférence. L’énigmatique concept de sens littéral demeure central pour toutes deux puisque la référence comme l'inférence y trouvent leur origine lorsqu'elles sont rapportées à des signes linguistiques.

Les deux grandes conceptions traditionnelles de la signification linguistique, la triade sémiotique et l’indice, trouvent ainsi dans les recherches cognitives un mode d'articulation qui témoigne de la pérennité et de la vivacité de la philosophie du langage. Dans le dispositif cognitiviste, le niveau conceptuel exerce évidemment une fonction prééminente : il médiatise la référence des expressions ; il détermine les inférences que l'on peut effectuer sur elles. Ce dispositif participe ainsi de ce que l’on a appelé le paradigme symbolique des recherches cognitives.

En traitant de l'inférence dans l'ordre herméneutique et de la référence dans l'ordre référentiel qui lui est subordonné, nous proposons une voie pour passer du paradigme du signe au paradigme du texte.

3.2. La valeur et le paradigme différentiel

Outre les paradigmes référentiel et inférentiel, il nous faut aborder à présent un troisième paradigme, celui de la différence. C’est sans doute dans la réflexion sur la synonymie que s’est formée sa problématique propre [14]. Comment, en effet, apprécier la différence entre mots synonymes ? On dira qu’elle réside dans des idées accessoires, ou dans des traits connotatifs. Mais si chaque mot a un sens différent, le modèle triadique de la signification ne fonctionne plus. En effet, deux mots synonymes — disons automobileet voiture — renvoient au même objet. Peut-on soutenir alors qu’ils sont associés à deux concepts différents ? La tradition retient un seul concept, ou “idée principale” (dans les termes de la Logiquede Port-Royal). Si toutefois l’on prend la synonymie au sens strict, on doit considérer qu’ils renvoient à deux concepts différents par leurs “idées accessoires”. Mais deux concepts différents devraient renvoyer à leur tour à deux objets différents. Donc les voitures ne seraient pas des automobiles. C’est pourquoi sans doute Saussure écrivait : « Si la linguistique était une science organisée, [...] une de ses affirmations serait : l'impossibilité de créer un synonyme comme étant la chose la plus absolue et la plus remarquable qui s'impose parmi toutes les questions relatives au signe » (cité par Engler, 1968, p. 8). Saussure s'inscrit ainsi dans la tradition des synonymistes, il les dépasse par sa définition de la valeur qui rapporte la définition des unités linguistiques — donc sémantiques — à trois principes :

1 - La valeur est la véritable réalité des unités linguistiques.

2 - Elle est déterminée par la position des unités dans le système (donc par les différences).

3 - Rien ne préexiste à la détermination de la valeur par le système : « il n'y a pas d'idées préétablies, et rien n'est distinct avant l'apparition de la langue » (1972, p.106). Ainsi, la valeur n’est pas un signe, mais une relation entre signifiés. Elle exclut une définition atomiste du signe, qui le pourvoirait a priori d’une signification : la signification est le résultat d’un processus d’interprétation, non une donnée. Elle interdit la définition compositionnelle du sens, puisqu’en tant que principe structural elle établit la détermination du local par le global.

Ces thèses permettent de rompre avec l'évidence traditionnelle qu'il existe un niveau conceptuel, autonome à l'égard du niveau linguistique, mais préexistant à ce niveau et prééminent sur lui. Rapportées à la signification, elles imposent une distinction entre signifié et concept, inévitable si l'on convient du caractère différentiel des unités linguistiques et notamment du caractère privatif des oppositions qui les définissent de manière toute négative. Autant dire alors que pour la sémantique différentielle le signifié des langues, purement opératoire, ne réside pas dans les concepts, et plus généralement qu'il n'est pas constitué de représentations. Au cours de la commu­nication linguistique, il exerce des contraintes sur les représentations, mais ces corrélats psychiques ne relèvent pas par eux-mêmes de la linguistique.

Il faut alors admettre que le contenu d’un signe n'est pas un concept universel, mais un signifié relatif à une langue, voire à un texte. La création du concept de valeur permet ainsi de formuler l’hypothèse de la spécificité du niveau sémantique de chaque langue : comme chacune a sa phonologie, sa morphologie, sa syntaxe, elle aurait sa sémantique. Cette hypothèse semble fort admissible, car le niveau sémantique a des liens étroits avec la morphologie et la syntaxe, que l'on sait spécifiques. De plus, la sémantique lexicale, la mieux décrite, diffère bien de langue à langue ; cela entraîne que les traits sémantiques eux-mêmes, puisque définis par l'interrelation de contenus lexicaux, sont eux aussi spécifiques à des langues déterminées. Leur inventaire varie d'une langue à l'autre. Or, les sémantiques dont on dispose jusqu'à présent sont toutes des sémantiques générales ou universelles — comme la logique, la philosophie du langage ou la psychologie en ont toujours produit. En cela, elles tendent à masquer la spécificité des langues. Sémantique générale et sémantiques particulières doivent aller de pair ; mieux, c'est sur la base de sémantiques particulières, édifiées selon des principes communs, que l'on pourrait aller vers une sémantique générale et comparée qui ne soit plus spéculative pour l'essentiel. C'est sur leur base enfin que l'on pourra évaluer la thèse du relativisme linguistique.

L’évolution du paradigme différentiel peut se retracer en trois étapes [15] :

1 - Les sémanticiens du siècle dernier, en étudiant l’histoire sémantique des mots, avaient remarqué que la signification d’un mot évolue corrélativement à celle de ses voisins, au sein d’une même classe sémantique. D’où la mise en évidence d’un principe général, que l’on a appelé la loi de répartition, et selon certains, la thèse que « l’histoire du langage est une série de répartitions » (Bréal, 1897, ch. II).

2 - La définition par Saussure du sens comme valeur résulte du caractère systématique des langues : « La langue est un système dont tous les termes sont solidaires et où la valeur de l’un ne résulte que de la présence simultanée des autres » (1972, p. 159). Elle transpose de fait le concept de répartition de la diachronie dans la synchronie [16] : elle définit ainsi la signification des mots au sein d'un paradigme : sœur, par exemple, se définit par rapport à frère (et non mère ou fille).

3 - Dans une troisième phase, que nous souhaitons illustrer ici, on peut et l’on doit définir une valeur en contexte. Par exemple, dans les cas d’antanaclase, le même mot est pris successivement dans deux acceptions différentes : bien qu’elle soit vide de sens pour une sémantique logique, une femme est une femme est une phrase comprise de tous ; une sémantique linguistique doit donc rendre compte de la différence de sens entre les deux occurrences de femme. On pourrait penser que les valeurs contextuelles ne font que modifier secondairement, par des nuances, la valeur en langue. En fait, la valeur en langue est au contraire surdéterminée par la valeur en contexte, et n’importe quel trait sémantique défini en langue peut être annulé ou virtualisé par le contexte local voire global.

La création du concept de valeur a ainsi permis d'affermir le paradigme différentiel en sémantique. La sémantique interprétative a étendu la définition relationnelle des signifiés, en diachronie comme en synchronie, en langue comme en contexte. Rappelons les axes principaux de son développement.

1 - Le concept de valeur peut trouver son fondement dans le principe perceptif de dissimilation (cf. l’auteur 1991 b, chap. VIII, sur la perception sémantique). Cela expliquerait aussi bien le caractère panchronique de la loi de répartition que la généralité des tautologies linguistiques.

2 – Si un signifié linguistique est relatif à une langue définie comme système et à un texte défini comme performance, il peut s'analyser en relations d'opposition, traits relationnels qui différencient sa classe des autres classes ou le différencient au sein de sa classe.

Ces traits ou sèmes sont dénommés par des paraphrases intralinguistiques. Ce sont des éléments de définition (non des descriptions de « l'objet » dénoté). Relatifs à des langues et à des textes, ils ne doivent pas être confondus avec d'autres types de traits définis par des sémantiques non différentielles, nommément les traits référentiels, qui dans certaines sémantiques de la dénotation sont autant de conditions nécessaires et suffisantes pour apparier une expression et un objet ; et les primitives, qui dans nombre de sémantiques structurales ou cognitives sont autant d'atomes conceptuels indépendants des langues.

3 - Si le signifié d'un mot (ou plus précisément d'une lexie) est défini comme valeur, les différences qui constituent cette valeur déterminent son contenu opératoire, c'est-à-dire l'ensemble de ses possibilités de combinaison dans les textes. Chaque trait détermine des valences contex­tuelles. Les représentations attachées au signifié d'une lexie constituent son contenu éidétique. Les contenus éidétiques ne relèvent pas de la linguistique au sens restreint, mais de la psychologie et, au-delà, de la sociologie. Le contenu opératoire contraint le contenu éidétique, sans toutefois le déterminer au sens fort. L'étude de cette contrainte pourrait instituer un rapport privilégié entre linguistique et psychologie, pour peu que cette dernière reconnaisse l'existence des contenus opératoires.

4 - Les traits spécifiques d'un signifié étant définis au sein d'une classe, la définition des classes est primordiale. Sur l'axe paradigmatique, les classes de lexies sont obtenues par commutation ; sur l'axe syntagmatique, par observation des co-occurrences. En dernière instance, les classes sémantiques relèvent de normes sociales : par exemple, en français, la classe des légumes du pot-au-feu [17].

5 - Le concept de valeur rompt avec la conception traditionnelle de la langue, et particulièrement du lexique, comme nomenclature. Un mot ne peut être défini isolément, par rapport à ce qu'il désigne, mais doit l'être relativement à d'autres mots. Dès lors, la méthode sémasiologique traditionnelle, qui procède du signifiant vers le signifié, n'a plus de validité théorique, même si elle reste dominante en linguistique cognitive, et même si elle demeure utile en lexicographie. En lexicologie, elle le cède à la méthode onomasiologique qui procède du signifié ou du concept vers le signifiant. Contrairement toutefois à ce que laisse penser cette formulation, il n'y a pas de symétrie entre ces deux méthodes. On dit souvent que la seconde cherche, à partir d'un concept donné, à identifier les mots qui l'expriment. En fait, le prétendu concept n'est qu'un terme générique qui lexicalise une classe sémantique. La méthode onomasiologique consiste en fait à analyser cette classe, et, plus généralement, à décrire les structures lexicales en tenant compte des valeurs.

6 - La croyance qu'une langue est une nomenclature et les habitudes de la lexicographie ont accoutumé à définir les mots hors contexte. Les exemples de valeur donnés par Saussure sont présentés au sein de classes paradigmatiques. Mais le concept de valeur étend également son efficacité aux classes syntagmatiques que définissent les contextes. Plus généralement, il permet de penser la détermination du local par le global. Saussure l'a spécifiée comme un rapport du système linguistique à ses éléments. Il importe aujourd'hui complémentairement de le spécifier comme un rapport du texte à ses unités.

Par rapport à la sémantique structurale « classique » des années soixante, l’évolution de la sémantique interprétative actuelle peut se résumer sommairement ainsi.

Essentiellement lexicologique, la sémantique structurale cherchait à structurer des classes minimales ou des champs sémantiques par des oppositions binaires (l’exemple fétiche reste l’analyse de la classe des sièges dans Pottier, 1974). Soucieuse à bon droit d’économie descriptive, elle estimait trouver dans les sèmes des universaux sémantiques, naturellement en petit nombre, dont la combinaison aurait permis de composer des millions de signifiés (cf. Greimas, 1966).

Ces descriptions statiques, au sein de paradigmes isolés, ont été relativisées par une problématique du texte qui inclut mais dépasse celle du signe. D’une part, les paradigmes varient avec les corpus ; d’autre part des traits sémantiques sont propagés en contexte par les unités voisines, qui n’appartiennent pas à la même classe. Les hypothèses universalistes et mentalistes ont pu être abandonnées, car elles faisaient obstacle à la description des diversités. La restitution présente du contexte et du texte rend ainsi justice à des propositions formulées naguère par des auteurs comme Coseriu (théorie des solidarités lexicales, 1967) ou Greimas (définition de l’isotopie, 1966). Elle les a cependant développées dans des directions naguère imprévisibles.

Dans ses trois phases de développement, la sémantique interprétative a conservé une même conception de la systématicité, qu’elle a appliquée à la langue historique, puis à la langue fonctionnelle, puis aux textes. Elle peut être dite herméneutique, car elle reconnaît comme constitutive la détermination du local par le global, à l’inverse de la conception combinatoire de la systématicité qui a justifié le paradigme formel en linguistique. C’est pourquoi, nous allons le voir, elle fait droit au concept de sens, et lui donne le primat sur celui de signification.

3.3. Le sens

On distingue en sémantique française le sens de la signification. Dans l’article sens de l’Encyclopédie (1765, XV, p. 16), reprenant et hiérarchisant les critères proposés par Dumarsais, Beauzée distingue le contenu du mot en contexte, qu’il appelle sens, de celui du mot isolé. Pour ce dernier, il distingue le contenu en discours, qu’il nomme acception, du contenu en langue qu’il nomme signification.

La distinction entre sens et signification mérite d’être reformulée. La signification est un type normatif, constitué comme tel par le linguiste à partir des sens construits dans le discours, qui ont le statut d’occurrences. Les significations peuvent être organisées en paradigmes normalisés, comme les classes lexicales, alors que les sens sont construits dans le texte sur l’axe syntagmatique.

Pour les théories classiques de la signification, et jusque pour certaines théories des prototypes lexicaux, un mot avait une signification propre, constante, ou du moins privilégiée. Cette signification propre était un concept stable, qui reflétait une chose douée d’une substance permanente, d’une essence. C’est par rapport à elle que se définissaient les variations de sens ou acceptions, souvent considérées comme des accidents de cette substance, ou en termes plus modernes des sens périphériques au core-meaning.

Si l’on définit les significations non par référence à des choses, mais par leurs interrelations au sein de classes lexicales, les significations se modifient quand les classes changent : ainsi, la définition de ‘métro’ a changé quand au sein de la classe des transports collectifs urbains est apparu ‘rer’ (pour Réseau Express Régional) ; et cependant le métro lui-même ne changeait pas. En outre, le discours remanie sans cesse les classes lexicales, qui ne sont fixées que par des normes révisables ; et par là il modifie la signification des mots, comme on le voit par exemple dans les paradoxes : ainsi, chez Chamfort, sottise peut devenir le contraire de folie.

La signification du mot était gagée sur le paradigme de la référence, mais ce paradigme ne peut rendre compte du sens, ni expliquer pourquoi et comment la référence varie avec les contextes, même en postulant que la signification s’y trouve déformée ; aussi, il a toujours délégué l’étude des tropes à diverses disciplines, de la rhétorique à la stylistique.

Si l’on rapporte les sens lexicaux aux textes où ils sont occurrents et ces textes aux genres et aux discours dont ils relèvent, on doit reconnaître que les « références » sont codifiées par les normes qui les gouvernent. Par exemple, dans une recette de cuisine, la référence des déterminants définis est particulière dans le corps du texte, mais générale dans les remarques qui l’accompagnent. Ainsi, sous le titre endives au gratin, on trouvera des phrases comme disposez les endives dans un plat à gratin, mais dans la marge, à la rubrique remarques, des emplois comme les endives qui séjournent dans l’eau deviennent amères (Bernard, 1965, p. 236). Dans l’ouvrage cité, Les recettes faciles, cette règle ne souffre pas d’exception.

Dès lors que la problématique de la différence tient compte du contexte, elle dépasse le problème de la signification et s’ouvre à la question du sens : cette ouverture apparaît dans la distinction entre sèmes inhérents et afférents. La prééminence du paradigme du sens se marque dans le fait que les sèmes inhérents ne sont actualisés qu’en fonction de licences ou prescriptions contextuelles, ce qui place en somme la signification sous le contrôle du sens.

En somme, la hiérarchie entre sens et signification doit être inversée. Le sens n’est pas de la signification déformée par le contexte : la signification est du sens appauvri car coupé de son contexte. Le type est une collection d’accidents, un résumé conventionnel des occurrences retenues comme pertinentes pour sa définition. La sémantique différentielle ébranle ainsi la conception classique en inversant le rapport entre signification et sens. La signification ne serait plus un type diversement déformé dans ses occurrences qui constituent les sens : elle se résume alors à un artefact de l’ontologie, appuyée sur la lexicographie, alors même que les sens varient sans limite, confirmant l'intuition que toute occurrence est potentiellement unique.

Aussi, la sémantique interprétative entend unifier le paradigme lexical de la différence et le paradigme du sens, le sémiotique et le textuel, pour rendre compte de l’inférence et de la référence.


4. L’unification des paradigmes sémantiques

Nous voici donc devant trois paradigmes, référentiel, inférentiel et différentiel. Nous disposons des éléments nécessaires pour pouvoir les caractériser par contraste.

Les paradigmes référentiel et inférentiel comptent au moins vingt-cinq siècles, le paradigme différentiel deux siècles et demi au plus. Il est bien normal que sa nouveauté relative n'ait pas été comprise [18]. Le paradigme référentiel s'est d'autant mieux maintenu que Morris a fondé sur la triade aristotélicienne la fameuse tripartition sémiotique (syntaxe, sémantique, pragmatique) qui sert de cadre à la plupart des recherches en sciences du langage. La sémantique ainsi conçue exclut le paradigme différentiel.

Le paradigme différentiel s'est développé en Europe, chez les comparatistes (Hjelmslev) et notamment les romanistes (Coseriu, Baldinger, Heger, Wotjak, Schifko, Hilty, Greimas, Pottier). Dans les années soixante, l'essor mondial des linguistiques universelles, et le déclin relatif de la linguistique générale et comparée, ont accrédité l'idée qu’il était dépassé. Or, pour peu que l'on considère l'histoire des idées linguistiques occidentales, on s'aperçoit qu'il est le seul à avoir permis le projet d'une sémantique linguistique autonome à l'égard de la logique ou de la psycho­logie. C'est précisément pourquoi le cognitivisme, orthodoxe ou non, devait l'ignorer. En revanche, par un de ces effets de nouveauté que prodigue la méconnaissance de l'histoire, les paradigmes référentiel et inférentiel, sous les noms de sémantique vériconditionnelle et de pragmatique, ont continué à se partager la question du sens [19].

Au-delà, une synthèse doit être recherchée. Il ne s'agit pas de faire fusionner les trois paradigmes, mais de traiter, dans le cadre d'une sémantique différentielle, de l'inférence et de la référence. Une sémantique ainsi unifiée paraît d'autant plus nécessaire que cette synthèse n'a pu avoir lieu au sein des autres paradigmes. Rappelons brièvement les principes de cette unification.

L'inférence est traitée au palier microsémantique par la théorie des sèmes afférents. Sont afférents les traits sémantiques dont l'actualisation résulte d'une contrainte contextuelle (à la différence des traits inhérents, qui sont hérités par défaut du type par l'occurrence). Les parcours interprétatifs qui identifient ces contraintes peuvent comprendre toutes sortes d'inférences. Ainsi, toute occurrence résulte d'un processus d'interprétation (héritage des traits inhérents, actualisation des traits afférents) [20]. Aux paliers de la phrase et du texte, ce sont également des inférences qui permettent d'inventorier des unités (notamment dans le cas d'ellipses) et de les caractériser. La théorie des parcours interprétatifs intègre ainsi l'analyse des inférences à la sémantique différentielle, ce qui est un facteur d’unification avec la pragmatique intégrée - qui à vrai dire ne jouissait d'aucune autonomie à l'égard d'une sémantique bien faite.

Pour ce qui concerne à présent la référence, nous ne pouvons prendre en considération la référence directequi relie sans médiation des expressions et des objets, car elle dénie de fait l'existence d'un niveau sémantique propre aux langues. Elle peut convenir aux langages formels, dont les symboles sont de purs signifiants, non aux langues dont les signes ont une signification distincte de leur référence, ce pourquoi – à la différence des langages formels – elles véhiculent et suscitent, dans leur usage, des représentations mentales.

La sémantique différentielle traite en premier lieu de la référence en décrivant les contraintes sémantiques sur les représentations : les images mentales, notamment, sont des corrélats psychiques des signifiés, et la question de la référence devient alors celle de la constitution des impressions référentielles.

Résumons :

1. Trois problématiques de la signification, centrées sur le signe, dominent l’histoire des idées linguistiques occidentales :

a) La problématique de la référence, de tradition aristotélicienne, définit la signification comme une représentation mentale, précisément un concept. Elle est reprise diversement aujourd’hui par la sémantique vériconditionnelle et la sémantique cognitive.

b) La problématique de l’inférence, d’origine rhétorique et de tradition augustinienne, définit la signification comme une action intentionnelle de l’esprit, mettant en relation deux signes ou deux objets. Elle est développée aujourd’hui par la pragmatique.

c) La problématique de la différence, d’origine sophistique, développée par les synonymistes des Lumières, puis par la sémantique dite structurale, définit la signification comme le résultat d’une catégorisation contrastive.

2. Enfin, la problématique du sens prend pour objet le texte, plutôt que le signe, et définit le sens comme interprétation, passive ou active. Elle s’appuie sur les disciplines du texte (philologie, droit, critique littéraire, etc.) et donne lieu à deux sortes de théories : l’herméneutique philosophique, et l’herméneutique philologique. La première recherche les conditions a priori de toute interprétation, la seconde cherche au contraire à spécifier l’incidence des pratiques, et débouche sur une typologie des textes.

Ces diverses problématiques n’ont jamais été unifiées, mais pourraient l’être, au prix d’un remembrement, au sein d’une sémantique interprétative qui relève de la sémiotique des cultures.

La sémantique différentielle s'ouvre à présent à deux directions de recherche. Comme elle conduit à constituer des sémantiques spécifiques aux langues particulières, elle trouve des affinités avec l'hypothèse du relativisme linguistique. Par là, elle participe à sa manière au comparatisme culturel et s'intègre à une sémiotique des cultures. En outre, par l'étude des processus de diffé­renciation sémantique, elle s'ouvre à l'étude de la perception et des déterminations culturelles sur ses mécanismes universels. Par cette double ouverture, elle fait sien le problème fondamental et même fondateur des sciences sociales : celui de l'articulation entre nature et culture (cf. Rastier, 1996).


5. Révision des niveaux linguistiques et paliers de description en sémantique interprétative

La plupart des théories linguistiques contemporaines distinguent les niveaux phonologique, syntaxique, sémantique, pragmatique. Pour beaucoup de théories, au premier rang desquelles la grammaire chomskyenne, ces niveaux justifient la construction de modules autono­mes. La plupart des systèmes classiques de traitement automatique du langage qui se réclament de l’Intelligence Artificielle étagent ainsi des modules syntaxiques, sémantiques, voire pragmatiques, non sans d’inextricables difficultés théoriques et pratiques.

Pour éviter ces difficultés oiseuses, nous avons proposé d’unifier la syntaxe profonde, la sémantique et la pragmatique intégrée. La réduction des niveaux permet de mieux aborder l’organisation en paliers. Sur chaque niveau linguistique, on peut pratiquer l’analyse à trois principaux paliers de complexité : le mot, la phrase et le texte. Les deux premiers paliers ont jusqu’ici été privilégiés par la tradition grammaticale et linguistique.

Le sens et la signification sont traditionnellement définis au palier du mot, qui assure la référence. La représentation susceptible de jugements de vérité est définie au palier de la phrase, censée exprimer une proposition. Hors du para­digme logico-métaphysique de la référence et de la vérité, ces deux paliers de l’analyse linguistique n’ont plus aucune prééminence. Au contraire, pour une sémantique interprétative, le palier du texte est primordial, puisque c’est la connaissance des caractéristiques du texte qui permet d’assigner du sens à la phrase et au mot. On s’étonnera peut-être du paradoxe apparent qui voudrait que le simple soit élucidé par le complexe, au rebours du fondamentalisme tradition­nel qui voudrait dériver toujours le complexe du simple. Si, privés de leur contexte, les mots et les phrases conservent en général des caractéristiques morphosyntaxiques identifiables, il n’en va pas de même pour leur sens, qui reste indéfiniment équivoque. Seule la connaissance du contexte proche et lointain peut guider les interprétations plausibles.

Entre les paliers de complexité linguistique, aucune différence de principe ne justifie un traitement par des disciplines distinctes, respectivement la lexicographie, la grammaire voire la morphosyntaxe, enfin les études de textes généralement laissées à des disciplines techniques ou esthétiques : au contraire, ces paliers ne diffèrent que par des degrés de complexité. Rappelons, sans les détailler, quelques arguments. (i) Une phrase peut consister en un mot, dans beaucoup de langues. La pratique générale sinon universelle de la définition instaure une équivalence sémantique entre le mot et le syntagme ou la phrase qui le définit. (ii) Des genres textuels peuvent consister en une phrase (proverbes, dictons). Des phrases étendues peuvent avoir le statut de texte complexe ; par exemple, des romans de Claude Simon sont faits d’une seule phrase. En somme, les frontières entre les paliers de complexité cessent alors d’être absolues, et se muent en degrés progressifs. Par exemple, entre le mot et le syntagme stéréotypé, il n’y a qu’une différence de degré et non de nature ; de même entre la phrase complexe et le paragraphe. Seuls les linguistes enfin ont cru voir un abîme entre la phrase et le texte [21].

Dès qu’on s’émancipe des préjugés de la tradition grammaticale, on peut décrire de façon unifiée les différents paliers de complexité linguistique. À la place de modèles partiels, une sémantique unifiée semble en effet préférable : elle utilise des concepts communs et se règle sur les mêmes principes de description aux paliers du mot, de la phrase, et du texte.

Cette démarche se fonde sur deux thèses : l’interprétation est réglée non seule­ment par le recours à des connaissances partagées, et par des techniques apprises, toutes propres à la culture dans laquelle le texte est produit et interprété, mais encore par des contraintes générales, analogues sinon identiques à celles qui régissent les processus perceptifs. Se posent alors à tous les paliers de description deux problèmes complémentaires : comment décrire les formes sémantiques, et les fonds sur lesquels elles sont données à la perception et construites par elles ? Une solution unifiée de ces deux problèmes peut se formuler en ces termes : les fonds sémantiques sont constitués par des récurrences de traits sémantiques génériques induisant des isotopies, et les formes sémantiques par des structures de traits sémantiques spécifiques groupés en molécules sémiques. Cela permet l’unification relative des paliers de complexité linguistique. Dans les applications pratiques, il devient alors possible d’utiliser les mêmes principes de représentation informatique pour traiter des problèmes d’ambiguïté, de polysémie, d’anaphore, de cohérence textuelle.

La sémantique unifiée permet ainsi de faire communiquer l’en deçà du mot et l’au-delà de la phrase. Par exemple, les isotopies sont constituées par la récurrence de traits sémantiques et peuvent s’étendre du mot au texte.

Ne confondons pas cette propriété avec un effet de compositionnalité sémantique. On sait que pour la linguistique formelle, le sens d’une expres­sion est composé du sens de ses sous-expressions [22]. Cependant, le sens des sous-expressions n’est aucunement donné. Au contraire, il est construit en fonction de contraintes globales exercées par le discours (en tant qu’il reflète une pratique sociale), le genre du texte, et la situation concrète de communication. Si bien que les unités les plus simples, les traits sémantiques, ne sont pas le point de départ d’un parcours interprétatif, mais pour ainsi dire son aboutissement. Leur simplicité ne doit au demeurant pas faire illusion : ils ne sont élémentaires que par décision de méthode, et parce que l’on n’a pas besoin d’aller plus loin que ne le font le texte et la langue décrits. En fait, un trait sémantique n’est pas moins complexe que les unités de rang supérieur dans la définition desquelles il entre. Il est simplement plus précis, en ceci qu’il résulte de leur analyse.

Le parcours du global au local n’est pas une simple décomposition, non plus que le parcours inverse n’est une composition. L’acte même de l’analyse ou de la synthèse perceptive ou descriptive modifie l’appré­hension et la nature des unités initiales ou finales du parcours interprétatif. Les « unités » ne sont pas déjà données et identiques à elles-mêmes mais résultent de processus de discrétisation et de stabilisation toujours modifiables.

Comme le principe de compositionnalité reste invalide en sémantique linguistique, l’interprétation échappe de droit au paradigme du calcul et la détermination du global sur le local s’exerce par les contraintes initiales imposées ou proposées au parcours interprétatif, notamment celles de discours et de genre, en fonction de la pratique en cours. Elles unifient l’analyse sémantique en prédéfinissant le type de pertinence attendu et par là le type des traits sémantiques à sélectionner ou à construire.

Comme toute énonciation et toute compréhension sont situées, que toute situation d’usage linguistique relève d’une pratique sociale et par là d’une culture, la complexité des facteurs culturels trouve des corrélats dans la complexité des textes ; une linguistique étendue aux textes relève par là-même d’une sémiotique des cultures.


6. Les composantes sémantiques

On peut appeler composante une instance systématique. Nous définissons quatre composantes pour le niveau sémantique. Elles sont organisées en hétérarchie :

Considérons provisoirement, sans hypothèse mentaliste, ces quatre composantes comme quatre secteurs de description, correspondant à quatre types de problèmes [23].

1 - La thématique rend compte des contenus investis, c’est-à-dire du secteur de l’univers sémantique mis en œuvre dans le texte. Elle en décrit les unités. Par analogie, et bien qu’elle ne décrive pas spécifiquement le lexique, on peut dire qu’elle traite du « vocabulaire » textuel, dont nous détaillerons plus loin les unités (molécules sémiques, faisceaux d’isotopies, etc.).

2 - La dialectique rend compte des intervalles temporels dans le temps repré­senté, de la succession des états entre ces intervalles, et du déroulement aspectuel des processus dans ces intervalles.

3 - La dialogique rend compte des modalités, notamment énonciatives et évaluatives, ainsi que des espaces modaux qu’elles décrivent. Dans cette mesure, elle traite de l'énonciation représentée (l’énonciation réelle ne relevant pas de la linguistique, mais de la psycholinguistique).

4 - La tactique rend compte de la disposition séquentielle du signifié, et de l'ordre linéaire (ou non) selon lequel les unités sémantiques à tous les paliers sont produites et interprétées.

Chaque unité sémantique, aux différents paliers d’analyse, peut ainsi être caractérisée en fonction de ces quatre composantes : en bref, située par son identité dans l’univers sémantique, et par un repérage modal, temporel, ou positionnnel.

Seule une décision méthodologique peut isoler ces quatre composantes [24]. Elles ne sont pas indépendantes, mais en interaction. Aussi, elles ne doivent pas être confondues avec des modules de l’esprit (à la Fodor), ni du langage (à la Chomsky dernière manière). Leur interaction constante interdit en effet de les décrire isolément, et contrairement aux modularistes classiques nous n’estimons pas que les parcours génératifs ou interprétatifs puissent être décrits séquen­tiellement, la sortie d’un module alimentant l’entrée du suivant. Dans la quasi-totalité des textes, chacune des composantes est simultanément en interaction avec les autres. Aucune directionnalité n'est imposée à ce dispositif, et c’est pourquoi nous l’avons dit hétérarchique.

La sémantique du texte compte parmi ses objectifs primordiaux de décrire cette interaction. Elle le fait selon les quatre ordres de la description linguistique (paradig­matique, syntagmatique, référentiel et herméneutique). En effet, chacun des types de repérage d’une unité sémantique que permettent les quatre composantes est susceptible de quatre sortes de description. On peut décrire ainsi une forme sémantique quelconque par rapport à un répertoire de formes, et l’on en fait alors une description paradigmatique ; comme une part d’un enchaînement de formes (description syntagmatique) ; comme le résultat d’un parcours de constitution ou de reconstitution (description herméneutique) ; par rapport à des formes non linguistiques (description référentielle).

Chacune des composantes est par ailleurs susceptible de connaître les trois degrés de systématicité définis plus haut : système fonctionnel, normes sociolectales, normes idiolectales. Enfin, chacun des trois paliers de description, mot, phrase et texte, connaît une interaction différenciée de ces composantes.

Dans d’autres études, nous avons détaillé la sémantique de chacun des trois paliers, du mot, de la phrase et du texte. En effet, les demandes pratiques et théoriques intéressent chacun de ces trois paliers, souvent isolément. Par exemple, pour faire de la représentation des connaissances, on cherche à repérer automatiquement les groupes nominaux, sans se préoccuper des structures textuelles. Aussi une sémantique des textes doit-elle permettre de satisfaire même les demandes qui ne tiennent pas compte de la textualité, bien qu’elles portent sur des textes.

Si, pour des raisons simplement didactiques, nous avons ici conservé l’ordre canonique qui va du mot au texte, le texte reste le palier de description principal et primordial.

J’ai plaisir à remercier Claudio Paolucci pour ses suggestions.


NOTES

1 Excellente synthèse dans le Précis de psycholinguistique de Jean Caron (1990).

2 En France, la psychomécanique de Gustave Guillaume est un bon exemple de linguistique cognitive avant la lettre ; voir notamment Mathieu Valette, Linguistiques énonciatives et cognitives françaises. Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint, Antoine Culioli, Paris, Champion (Bibliothèque de grammaire et de linguistique), 2006.

3 «Linguistic semantics must therefore attempt the structural analysis and explicit description of abstract entities like thoughts and concepts» (1986, p. 3).

4Un point de terminologie : l’expression sémantique componentielle a été utilisée pour dé­signer les théories qui pratiquaient la décomposition du sens lexical, aussi bien en anthropologie qu’en psychologie et en linguistique. Mais elle ne renvoie pas à une problématique unifiée et l’on retrouve entre les théories componentielles toutes les différences d’approche que nous venons de caractériser.

5 Ni même aux signes, puisqu'elle juge de la vérité des propositions, formations conceptuel­les indépendantes de toute expression.

6 La véritable interdisciplinarité ne peut se satisfaire de slogans confusionnistes comme le Semantics is cognition de Jackendoff (1983). Une discipline scientifique doit retracer sans cesse plus nettement ses frontières et régresse si elle les efface. Pour ce qui concerne par exemple la psychologie, la sémantique définit des contraintes linguistiques sur la formation des représentations.

7 La théorie des stades n’est peut-être pas plus utile en épistémologie qu’elle ne l’a été en poli­tique. Son progressisme métaphysique érige le stade formel en stade suprême de la science, et pré­voit ainsi la fin de l’histoire. Contrairement à une idée répandue, la linguistique formelle ne se prête pas par principe à des implantations informatiques (cf. les critiques de Sowa à l'égard de la Grammaire Universelle chomskyenne).

8 Dans l’Antiquité, ce furent la grammaire, la dialectique (i.e. logique), la rhétorique, peu à peu regroupées dans le trivium. Aujourd’hui sémantique (lexicale), syntaxe, pragmatique : la sémantique continue la logique, comme la pragmatique succède à la rhétorique. Les liens historiques entre le trivium et la tripartition syntaxe/sémantique/pragmatique sont retracés dans Rastier, 1990.

9 D’une part, la tradition idéaliste a toujours considéré la communication visuelle comme supérieure à la communication auditive, et ce prestige a sans doute favorisé les recherches sur l’iconicité dans les langues, y compris dans la syntaxe. D’autre part, la sémantique cognitive a multiplié depuis une vingtaine d’années les représentations iconiques du sens linguistique : le choix de ce métalangage graphique suppose souvent l’hypothèse que l’espace cognitif soit un déploiement abstrait de l’espace visuel.

10 «Logicians have related language to models only in certain ways, psychologists have only related it to itself. The real task, however, is to show how language relates to the world through the agency of the mind» (1988, p. 66).

11 Ainsi dans l’expression logique symbolique. Ogden et Richards emploient symbol dans cette acception. Une autre acception, courante en théologie et en esthétique, fait en revanche du symbole un signe doté d’une signification allégorique.

12 Reformulant la théorie rhétorique de l'indice, Aristote définit ainsi le sèméion : « Le signe entend être une prémisse démonstrative, nécessaire ou probable. La chose, dont l'existence ou la génération entraîne l'existence ou la génération d'une autre chose qui lui est antérieure ou postérieure, c'est ce qui constitue le signe de la génération ou de l'existence » (Premiers Analytiques, II, 27 ; 70 a). Cette définition résume un paradigme indiciaire qui s'est poursuivi dans la théorie des signes naturels chez saint Augustin (De doctrina christiana, II, 1, 2) jusqu'aux grammaires générales des Lumières, voire dans la sémiotique de Peirce.

13 L'implication stricte est à la base des syllogismes déductif et inductif (cf. Aristote, Premiers analytiques, II, 23, 20). Dans le premier, l'inférence va de l'antécédent au conséquent ; dans le second, du conséquent à l'antécédent. En Intelligence Artificielle, les règles de production se situent dans le même paradigme : elles ont la forme si p alors q , p formulant une condition, et q une action ; l'inférence des conditions aux actions relève du mode de calcul dit chaînage avant ; l'inférence inverse caractérise le chaînage arrière. Dans les recherches cognitives, les schémas (frames) sont utilisés comme supports d'inférences. L'occurrence de valeurs affectées à un ou plusieurs attributs d'un schéma peut permettre d'inférer les valeurs des attributs non instanciés. Ainsi, dans le cas des scénarios (scripts), sortes de schémas dont les attributs sont temporellement ordonnés, les événements « manquants » peuvent être suppléés par inférence à partir de l'occurrence des événements précédents et/ou suivants.

14 Systématisant pour les dépasser des observations éparses, l’abbé Girard ose écrire dans son Traité de la justesse de la langue française qu’il « n’y a point de mots synonymes en aucune langue » (1718, p. 28), et ouvre ainsi à nos yeux le paradigme différentiel en sémantique.

15 Pour ce qui concerne la sémantique. L’histoire de la définition relationnelle des concepts est beaucoup plus ancienne et complexe (cf. Rastier, 1991, ch. III).

16 « Dans l’intérieur d’une même langue, tous les mots qui expriment des idées voisines se limitent réciproquement : des synonymes comme redouter, craindre, avoir peur n’ont de valeur propre que par leur opposition ; si redouter n’existait pas, tout son contenu irait à ses concurrents » (Saussure, 1972, p. 160). On pourrait alors convenir que la loi de répartition vaut aussi bien en synchronie qu'en diachronie et reconnaître son caractère panchronique (cf. l’auteur, 1999).

17 Ces classes ne sont donc pas des classes de référents, comme les espèces naturelles ou artificielles selon Rosch. Elles se distinguent également des formations conceptuelles indépendantes des langues que la linguistique cognitive nomme framesou scenes.

18 Les critiques formulées par Ogden et Richards à l'égard de Saussure sont à ce propos particulièrement éclairantes. Ils lui reprochent en effet « un respect immodéré de la convention linguistique » ("an inordinate respect for linguistic convention" (1923, p. 6) et concluent que « malheureusement, cette théorie des signes, en négligeant complètement les choses dont les signes tiennent lieu, était d'emblée coupée de tout contact avec les méthodes scientifiques de vérification » «unfortunately, this theory of signs, by neglecting entirely the things for which signs stand, was from the beginning cut off from any contact with scientific methods of verification» (ibid). Ces propos supposent qu'une proposition théorique sur un objet sémiotique, et notamment linguistique, pourrait n'être vérifiée que par examen de ses référents. Ogden et Richards demeurent ainsi dans le cadre de la philosophie du langage et, ne pouvant y concevoir une sémantique linguistique, ils se tournent naturellement vers la logique (p. 4) et la psychologie (p. 8). Leur ouvrage, maintes fois réédité, fait autorité en sémantique dans le monde anglo-saxon (cf. e. g.Lyons, 1980).

19 Il faut mentionner en outre un facteur sociologique qui reste puissant dans le milieu des recher­ches cognitives, et qui tient à leur interdisciplinarité : le paradigme différentiel est étroitement lié à une certaine forme de linguistique européenne, alors que dans les autres disciplines (informatique, psychologie cognitive) les autres paradigmes règnent sans partage.

20 Ogden et Richards ne croyaient pas si bien dire quand ils reprochaient à Saussure que « le processus d'interprétation [soit] inclus par définition dans le signe » «the process of interpretation is included by definition in the sign" (1923, p. 5).

21Ainsi Benveniste a voulu montrer, dans un texte célèbre, qu’il n’existait pas d’unité linguistique plus grande que la phrase (1966, p. 130).

22 La syntaxe est le moyen de cette composition, et c’est pourquoi la linguistique formelle respecte de fait la limite traditionnelle de la phrase, car le palier du texte n’est pas régi par une syntaxe au sens strict.

23 Nous reprenons et précisons ici des propositions formulées naguère (1989 a) et auxquelles plusieurs auteurs ont rendu depuis un hommage d’autant plus sincère qu’il est resté parfois implicite.

24 Il ne s’agit ici que des composantes qui organisent le plan du contenu. D’autres organisent celui de l’expression, comme par exemple la composante médiatique, qui traite du médium ou substrat matériel du texte.


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©  mars 2006 pour l'édition électronique.

Référence bibliographique : RASTIER, François. De la signification lexicale au sens textuel : éléments pour une approche unifiée. Texto! [en ligne], mars 2006, vol. XI, n°1. Disponible sur : <http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/Rastier_Signification-lexicale.html>. (Consultée le ...).