SÉMANTIQUE TEXTUELLE 1

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3.2.1. Texte

Le texte est défini comme « suite linguistique autonome (orale ou écrite) constituant une unité empirique, et produite par un ou plusieurs énonciateurs dans pratique sociale attestée. Les textes sont l’objet de la linguistique » (FR 94). En outre, le texte est fixé sur un support quelconque, ce qui est la condition de son étude critique et rompt avec le privilège exclusif de l’écrit ; le texte n’est pas une construction théorique, un artefact, et c’est là un principe d’objectivité (cf. au contraire les exemples construits des grammairiens et de certains linguistes), c’est une « unité empirique » et qui est produite dans une pratique sociale déterminée, et c’est là un principe d’écologie.

Cette définition du texte doit être complétée, dans la perspective du problème de la diversité des textes, par la thèse selon laquelle il n’existe pas de texte sans genre et que tout genre relève d’un discours (ex. discours politique, juridique, religieux etc.) rattaché à une pratique sociale (l’activité politique, juridique, religieuse etc.) : par exemple, dans le discours médical, on peut distinguer des genres écrits dont dispose un médecin dans sa pratique professionnelle : l’observation clinique, l’article scientifique et la lettre au collègue. Les genres n’existent donc pas que dans la pratique de la littérature, loin de là, et leur (re)connaissance est primordiale pour l’interprétation des textes : ils sont un élément fondamental de leur contexte.

Genre : « programme de prescriptions positives ou négatives (et de licences) qui règlent la production et l’interprétation d’un texte. Tout texte relève d’un genre et tout genre, d’un discours. Les genres n’appartiennent pas au système de la langue au sens strict, mais à d’autres normes sociales » (FR 94).

Passons maintenant, après avoir évoqué cette question des genres, aux grandes structures constitutives du texte lui-même.


A.
Les composantes de la textualité

Tout texte est articulé autour de composantes.

Une composante est « une instance systématique qui, en interaction avec d’autres instances de même sorte, règle la production et l’interprétation  des suites linguistiques. Pour le plan du contenu, on distingue quatre composantes de la textualité : thématique, dialectique, dialogique et tactique » (FR 94).

On laissera de côté la question de l’interaction des composantes qui débouche sur la problématique des genres et de leur typologie.

Voici les définitions de chacune des composantes :

Seules la thématique (de quoi est-il question ?) et la tactique (ordre des unités) sont nécessaires dans tout texte. Nous en resterons, dans le cadre de ce cours, essentiellement à la composante thématique.


B.
Les paliers de la description sémantique

On distingue, du côté de l’objet décrit, des degrés de complexité nommés paliers ; les principaux paliers sont le morphème, mot, syntagme d’abord, la phrase/période ensuite, le texte enfin. Du côté de la théorie sémantique interprétative, on distingue la macrosémantique (qui a pour objet d’étude le texte), la mésosémantique (qui a pour objet la phrase) et la microsémantique (qui a pour objet les unités du palier inférieur : morphème, mot, lexie, syntagme). Cela est très approximatif : ces distinctions sont commodes pédagogiquement, mais la théorie présentée est une sémantique unifiée, c’est-à-dire que les différents outils/concepts présentés peuvent s’appliquer aux différents paliers qui ne diffèrent que par des degrés de complexité et dont les frontières ne sont pas absolues (par exemple, une phrase, voire un texte, peut consister en un mot). D’autre part, cette théorie affirme aussi la détermination du local par le global (du texte donc, dans son contexte).
Nous nous en tiendrons ici à la microsémantique et, en partie, à la mésosémantique


C.
Les degrés de systématicité

On n’entrera pas ici dans le détail. On distingue le dialecte (« langue fonctionnelle – ou langue considérée en synchronie, par opposition à la langue historique », FR 94), le sociolecte (« usage d’une langue fonctionnelle, propre à une pratique sociale déterminée », ibid.) et l’idiolecte (« usage d’une langue et d’autres normes sociales propre à un énonciateur », ibid.). « Seuls relèvent du système fonctionnel de la langue l’inventaire des morphèmes et les règles de leur combinaison » (FR 94, p. 48). Un sociolecte correspond à une pratique sociale (ex. judiciaire, politique, religieuse) avec son lexique propre structuré, ses genres… ; l’idiolecte renvoie à l’ensemble des régularités personnelles ou « normes individuelles » (FR 01, pp. 178-179).

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