Carine DUTEIL-MOUGEL : INTRODUCTION À LA RHÉTORIQUE

ANNEXE 2 : Figures de mots (Rhétorique à Hérennius)

FIGURES DE MOTS / précisions

DÉFINITIONS

l’anaphore
« Cette figure a beaucoup d’élégance, mais surtout énormément de puissance et de vigueur. C’est pourquoi, semble-t-il il faut l’employer pour orner le discours et pour lui donner de la force. » (Livre IV, 19)

« quand, pour des idées analogues ou différentes, on commence des phrases consécutives par un même mot »
Exemple : « C’est à vous qu’il faut attribuer le mérite de cette action, c’est à vous qu’il faut témoigner de la reconnaissance, c’est à vous que cette action apportera de la gloire ! »

(Livre IV, 19)

la reprise (l’épiphore)

« consiste non à répéter le premier mot, comme dans la figure précédente, mais à reprendre, dans des phrases successives, le dernier mot »
Exemple : « Depuis que la concorde a disparu de notre cité, la liberté a disparu, la bonne foi a disparu, l’amitié a disparu, la République a disparu. »

(Livre IV, 19)

l’embrassement (la symploque)

« unit les deux figures, la reprise et celle que nous avons présentée avant : on y reprend fréquemment le même mot et on y répète souvent le dernier »
Exemple : « Celui que le sénat a condamné, celui que le peuple romain a condamné, celui que l’opinion générale a condamné, vous l’acquitteriez par vos suffrages ! »

(Livre IV, 20)

la transposition, traductio (la syllepse)

« fait que le même mot est employé plusieurs fois sans blesser le goût et même en donnant plus d’harmonie au développement »
Exemple : « Celui qui ne voit rien dans la vie de plus agréable que la vie ne peut mener une vie vertueuse »

(Livre IV, 20)

une figure analogue à la précédente1 (l’antanaclase)

« consiste à utiliser un même mot tantôt dans une acception, tantôt dans une autre »
Exemple : « Il serait agréable d’être cher à quelqu’un si l’on évitait que cela ne vous coûte cher »

(Livre IV, 21)

l’opposition (l’antithèse)
« Si nous relevons notre style grâce à cette figure, il pourra avoir de la noblesse et de l’éclat. » (Livre IV, 21)

« quand le développement repose sur des contraires »
Exemple : « Vous vous montrez conciliant avec vos adversaires, mais implacable avec vos amis »

(Livre IV, 21)

l’exclamation
« Si nous employons l’exclamation à propos, rarement, et quand la grandeur du sujet semblera le réclamer, nous susciterons chez l’auditeur autant d’indignation que nous le voudrons. » (Livre IV, 22)

« permet d’exprimer un sentiment de douleur ou d’indignation par une apostrophe à un homme, à une ville, à un lieu, à un objet quelconque »
Exemple : « Je m’adresse maintenant à toi, Scipion l’Africain, toi dont le nom, même après ta mort, donne du lustre et de la gloire à notre cité. Ce sont tes si célèbres petits-fils qui ont abreuvé de leur sang la cruauté de leurs adversaires »

(Livre IV, 22)

l’interrogation

« Toute interrogation n’est pas vigoureuse et élégante mais celle-là l’est qui, après énumération de tout ce qui s’oppose à la cause adverse, renforce ce qui vient d’être dit. »
Exemple : « Donc, quand tu faisais, disais et réglais tout cela, éloignais-tu et détachais-tu, oui ou non, de la République les esprits de nos alliés ? Et celui qui empêchait vos manœuvres et s’opposait à leur réalisation, fallait-il, oui ou non, lui donner les moyens d’agir ? »

(Livre IV, 22)

le raisonnement interrogatif
« Cette figure est admirablement adaptée au ton de la conversation et retient l’attention de l’auditeur par l’agrément du style et par l’attente des explications. » (Livre IV, 23)

« le raisonnement interrogatif est la figure où nous nous interrogeons sur la raison de tout ce que nous disons et où nous demandons à maintes reprises à nous-même l’explication de chacune de nos affirmations »
Exemple : « Nos ancêtres ont eu raison d’adopter ce principe de n’ôter jamais la vie à un roi fait prisonnier au combat. Pourquoi donc ? Parce qu’il était injuste de profiter d’un avantage octroyé par la fortune en conduisant au supplice des hommes que cette même fortune venait de placer en un rang très élevé. Mais n’a-t-il pas conduit une armée contre nous ? Je ne veux pas m’en souvenir. Pourquoi donc ? Parce que le propre d’un homme courageux c’est de considérer comme des ennemis ceux qui lui disputent la victoire mais comme des êtres humains ceux qui ont été vaincus. Ainsi il peut, grâce à son courage, achever la guerre et grâce à sa générosité, étendre la paix. Mais le roi aurait-il agi de même s’il avait été vainqueur ? Non, il n’aurait certainement pas été si sage. Alors pourquoi l’épargner ? Parce que j’ai pour habitude de mépriser, non d’imiter une si grande sottise. »

(Livre IV, 23)

la sentence
« Il faut insérer les sentences avec parcimonie pour qu’on voie bien que nous sommes les avocats d’une cause et non des directeurs de conduite. Insérées en petit nombre, elles embelliront sensiblement le style. » (Livre IV, 25)

« la sentence est une maxime tirée de la pratique de la vie, exprimant en peu de mots ce qui se passe ou ce qui doit se passer dans l’existence. »
Exemple : « Il est difficile à quelqu’un qui a toujours eu de la chance de commencer à révérer les vertus. »

(Livre IV, 24)

« Les sentences simples de cette sorte ne doivent pas être dédaignées car une expression concise, quand elle n’a pas besoin d’explication, présente beaucoup de charme. Mais il faut aussi admettre les sentences qui sont étayées par l’addition d’une preuve. »
Exemple : « Toutes les bonnes règles de vie doivent reposer sur la vertu, car seule la vertu dépend d’elle-même ; en dehors d’elle tout le reste est soumis à la fortune »

(Livre IV, 24)

le contraire
« Ce type de phrase doit être ramassé et constituer une période ; il est agréable à entendre en raison de sa forme brève et complète ; et surtout il prouve avec force, par le contraire, ce que l’orateur doit établir ; il démontre à partir d’une idée incontestable une idée douteuse d’une manière irréfutable ou très difficilement réfutable. » (Livre IV, 26)


« le contraire est une figure qui, à partir de deux propositions opposées, confirme brièvement et aisément l’une d’elles. »
Exemple : « En effet celui qui a toujours été l’ennemi de ses propres intérêts, comment espérer qu’il prendra à cœur les affaires d’autrui ? »

(Livre IV, 25)

le membre de phrase

« un ensemble bref, qui fait un tout, qui n’exprime pas une pensée entière et qui est complété après par un autre membre. »
Exemple : « “D’une part vous rendiez service à un adversaire ...”

Voilà un élément appelé membre de phrase ; il faut qu’il soit ensuite complété par un autre :

... d’autre part vous nuisiez à un ami ... ” 
Cette figure peut consister en deux membres de phrase, mais elle est très réussie et très complète quand elle en comporte trois. »

Exemple : « Vous rendiez service à un adversaire, vous nuisiez à un ami et vous ne vous occupiez pas de votre propre intérêt. »

(Livre IV, 26)

la fragmentation
« La différence de vigueur entre cette figure et la précédente est la suivante : les coups de la première sont plus lents et plus rares ; ceux de la seconde plus pressés et plus rapides. » (Livre IV, 26)

« quand la phrase est hachée, chaque mot étant isolé. »
Exemple : « Vous avez terrifié vos adversaires par votre vigueur, votre voix, votre visage »

(Livre IV, 26)

la période
« Dans ces trois figures l’abondance est si nécessaire pour donner de la force à la période que la puissance de l’orateur semble insuffisante s’il ne présente pas la sentence, le contraire ou la conclusion avec un riche vocabulaire. » (Livre IV, 27)


« la période est un groupement étoffé et continu de mots qui exprime une pensée complète. Nous l’employons très utilement dans trois figures : la sentence, le contraire, la conclusion. »
Dans la sentence
, exemple : « La fortune ne peut nuire beaucoup à celui qui a compté plus sur la vertu que sur le hasard. »
Dans le contraire
, exemple : « En effet si quelqu’un ne compte pas beaucoup sur le hasard pourrait-il lui causer un grand dommage ? »
Dans la conclusion
, exemple : « Puisque la fortune exerce un très grand pouvoir sur ceux qui ont fondé toutes leurs espérances sur le hasard, nous ne devons pas tout confier à la fortune pour qu’elle ne nous tyrannise pas trop. »

(Livre IV, 27)

le balancement2
« Dans cette figure il peut arriver souvent que le nombre de syllabes ne soit pas exactement égal et que pourtant il semble tel ; c’est le cas si l’un des membres comporte une ou deux syllabes de moins ou si les syllabes sont plus nombreuses dans un membre mais que l’autre contient une ou deux syllabes plus longues ou plus sonores de telle sorte que la quantité ou la sonorité de ces syllabes compense et équilibre le nombre de syllabes de l’autre membre. » (Livre IV, 28)

« il y a balancement quand les membres de phrase dont nous avons parlé plus haut, comportent à peu près le même nombre de syllabes. »
Exemple : « C’est à la chance que l’un doit son bonheur, c’est à ses efforts que l’autre doit sa valeur »

(Livre IV, 27)

la figure dite à désinences casuelles semblables (homéoptote)

« quand, dans une même période, deux mots ou davantage sont de même cas et de même désinence. »
Exemple : « Hominem laudem egentem uirtutis, abundantem felicitatis ? »
3

(Livre IV, 28)

la similitude de finales (homéotéleute)
« Ces deux figures, dont l’une repose sur la similitude des terminaisons, l’autre sur celle des cas, vont fort bien ensemble. C’est pourquoi ceux qui savent les utiliser, les placent généralement côte à côte dans les mêmes phrases du discours. » (Livre IV, 28)

« quand les mots, quoique indéclinables, se terminent de même. »
Exemple : « Vous terrorisez impudemment ; vous apaisez servilement »

(Livre IV, 28)

la paronomase
« Ces trois dernières sortes de figures fondées l’une sur l’identité de désinences casuelles, l’autre sur la similitude des terminaisons, la troisième sur des ressemblances de mots, doivent être utilisées très rarement quand nous plaidons une cause réelle, car il ne semble pas qu’on puisse les trouver sans effort ni peine. Les recherches de ce type paraissent plus adaptées à l’agrément qu’à la vérité. Aussi la crédibilité, le sérieux, la gravité de l’orateur sont affaiblis par l’accumulation de ces figures et un tel style ôte à la parole son autorité et porte même atteinte à celle-ci parce que ces figures ont de la grâce et de l’élégance, mais non de la noblesse et de la beauté. » (Livre IV, 32)

« quand, à côté d’un mot ou d’un nom, on en place un autre similaire en changeant soit le son soit les lettres de manière à ce que des mots semblables expriment des choses dissemblables. » (Livre IV, 29)
Cette figure s’obtient par des méthodes simples et variées :

- Réduction ou contraction de la même lettre (la longue précède la brève)

- Inversement (la brève précède la longue)
- Allongement de la même lettre 
- Abrègement de la même lettre 
- Addition de lettres 

- Suppression de lettres 

- Transposition de lettres 
- Changement de lettres 

« Il y a une troisième catégorie qui repose sur le changement de cas d’un ou de plusieurs noms. »

(Livre IV, 29-30)

la subjection
« Il y a beaucoup d’âpreté et de force dans cette figure » (Livre IV, 34)


« consiste à demander à nos adversaires ou à nous demander à nous-même ce qu’on peut dire pour leur défense ou contre nous, puis à répondre ce qu’il faut dire ou ne pas dire, ce qui nous sera utile ou ce qui nuira au contraire à nos adversaires. »
Exemple : « Je vous demande où cet homme a tiré tout cet argent. A-t-il reçu un important patrimoine ? Non, les biens de son père ont été vendus ! Lui est-il venu quelque héritage ? Ce n’est pas le cas ! Il a même été déshérité par tous ses parents ! A-t-il bénéficié de récompenses à la suite d’un litige ou d’un procès ?

Non seulement il n’en a pas eu, mais il a même perdu une somme importante engagée en justice ! Donc puisqu’il ne s’est pas enrichi par l’un de ces moyens, comme vous le constatez vous-mêmes, ou bien il a une mine d’or dans sa maison ou bien il a acquis de l’argent d’une manière illicite. »

(Livre IV, 33)

la gradation
« La répétition constante du mot précédent, qui caractérise cette figure, a une certaine élégance. » (Livre IV, 34)

« quand on ne passe pas au mot suivant avant d’avoir repris le précédent »
Exemple : « C’est à son activité que l’Africain dut ses mérites, à ses mérites qu’il dut sa gloire, à sa gloire qu’il dut ses rivaux »

(Livre IV, 34)

la définition
« On trouve cette figure utile parce qu’elle énonce complètement le sens et les propriétés de chaque chose avec une telle clarté et une telle concision qu’il semble qu’il aurait été inutile d’employer plus de mots et qu’on juge qu’il aurait été impossible de s’exprimer plus brièvement. » (Livre IV, 35)

« embrasse d’une façon concise et complète les qualités spécifiques d’une chose »
Exemple : « La majesté de la République comprend la dignité et la grandeur de l’État »

(Livre IV, 35)

la transition
« Cette figure n’est pas sans valeur sous deux rapports : elle rappelle à l’auditeur ce que l’orateur a dit et elle le prépare à écouter la suite. » (Livre IV, 35)

« On appelle transition la figure qui montre brièvement ce qui a été dit et annonce avec la même concision ce qui suit. »
Exemple : « Vous venez de voir comment il s’est comporté envers sa patrie, regardez maintenant comment il s’est conduit envers ses parents »

(Livre IV, 35)

la correction
« L’esprit de l’auditeur est impressionné par cette figure. En effet une chose présentée avec un terme courant paraît seulement énoncée. Une fois la correction faite par l’orateur lui-même, l’expression gagne en exactitude. » (Livre IV, 36)

« on reprend le mot employé et on le remplace par un autre qui apparaît comme mieux adapté. »
Exemple : « Une fois en effet ces gens vainqueurs ou plutôt vaincus - car comment appeler victoire ce qui apporte aux « vainqueurs » plus de malheur que d’avantages ? »

(Livre IV, 36)

la prétérition
« Cette figure est utile s’il est bon d’indiquer à mots couverts un fait qu’il n’y a pas lieu d’exposer publiquement, si l’affaire est trop longue ou pas assez connue, si l’on ne peut la raconter clairement ou si elle peut être si aisément contestée qu’il est préférable de la suggérer par prétérition plutôt que de développer un discours qui serait contredit. » (Livre IV, 37)

« quand nous affirmons laisser de côté ou ignorer ou ne pas vouloir dire ce que nous sommes précisément en train de dire. »
Exemple : « Je ne mentionne pas que vous avez reçu de l’argent des alliés, je ne m’occupe pas des pillages que vous avez commis dans toutes les cités, dans tous les royaumes, dans toutes les demeures. Je laisse de côté tous vos vols et tous vos brigandages. »

(Livre IV, 37)


la disjonction
« La disjonction est faite pour plaire. Aussi nous nous en servirons assez rarement, pour qu’on ne s’en lasse pas. » (Livre IV, 38)

« quand l’expression de chaque idée - qu’il y en ait deux ou davantage - se termine par un verbe particulier »
Exemple : « La beauté des traits, c’est avec la maladie qu’elle se flétrit ou c’est avec les ans qu’elle disparaît. »

(Livre IV, 37)

la conjonction
« La conjonction vise à la concision. Il faut donc l’utiliser plus souvent. » (Livre IV, 38)

« lorsque le début et la fin de la phrase sont reliés par le verbe »
Exemple : « La beauté des traits, c’est par la maladie qu’elle se flétrit ou à cause de la vieillesse »

(Livre IV, 38)

l’adjonction

« lorsque nous ne plaçons pas le verbe qui résume l’idée au milieu de la phrase, mais au début ou à la fin. »
au début

Exemple : « Elle se flétrit par la maladie ou avec l’âge, la beauté des traits »

à la fin

Exemple : « C’est avec la maladie ou avec l’âge que la beauté des traits se flétrit »

(Livre IV, 38)

le redoublement
« La répétition d’un même mot frappe vivement l’auditeur et inflige une blessure particulièrement grave à la partie adverse, comme si un trait frappait à plusieurs reprises un même endroit du corps. » (Livre IV, 38)

« le redoublement est la répétition d’un ou plusieurs mots soit pour amplifier, soit pour émouvoir. »
Exemple : « Ce sont des guerres, Caius Gracchus, des guerres civiles et intestines qu’il prépare »

(Livre IV, 38)

la synonymie
« L’esprit de l’auditeur est nécessairement impressionné quand la vigueur de la première expression est renouvelée par un synonyme explicatif. » (Livre IV, 38)

« consiste non à redoubler le même mot en le répétant mais à remplacer le premier terme utilisé par un autre de même sens. »
Exemple : « Vous avez renversé de fond en comble la République, vous avez bouleversé complètement l’État. »

(Livre IV, 38)

la commutation
« On ne peut nier que cette figure soit bien formulée, puisqu’elle juxtapose une pensée contraire en permutant aussi les mots. » (Livre IV, 39)

« quand deux pensées contradictoires sont exprimées par une permutation de termes de sorte que la seconde découle de la première en la contredisant. »
Exemple : « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger »
4

(Livre IV, 39)

la permission
« Cette figure est particulièrement propre à provoquer la pitié, mais elle peut être employée quelquefois en d’autres circonstances. » (Livre IV, 39)

« consiste à montrer dans notre discours que nous livrons et remettons toute l’affaire à la volonté de quelqu’un d’autre. »
Exemple : « Puisqu’on m’a tout enlevé et que je n’ai plus que l’âme et le corps, ces biens mêmes, les seuls qui me restent de beaucoup d’autres, je les remets à vous et à votre pouvoir. Je vous permets d’user et d’abuser de moi comme il vous plaira. Prenez impunément à mon sujet la décision que vous voudrez. Parlez et j’obéirai. »

(Livre IV, 39)

l’hésitation

« quand l’orateur semble chercher, entre deux ou plusieurs mots, lequel dire de préférence. »
Exemple : « À cette époque la République a subi un grand dommage, faut-il dire du fait de la sottise ou du fait de la méchanceté des consuls ou pour les deux raisons à la fois ? »

(Livre IV, 40)

l’élimination
« Cette figure donnera de la vigueur aux argumentations conjecturales. Mais il ne nous sera pas possible - contrairement à ce qu’il en est pour la plupart des autres figures - de nous en servir à volonté. Car nous ne pourrons l’employer que si la nature même de l’affaire le permet. » (Livre IV, 41)

« quand, après avoir énuméré plusieurs raisons qui expliquent comment une chose a pu arriver, on les écarte toutes, sauf une sur laquelle nous insistons. »
Exemple : «Puisqu’il est notoire que la propriété que vous revendiquez nous appartenait, il faut que vous prouviez ou bien que vous en avez pris possession comme d’un bien vacant, ou bien que vous vous l’êtes appropriée par prescription, ou bien que vous l’avez achetée, ou bien que vous en avez hérité. Puisque j’étais dans les lieux vous n’avez pu en prendre possession comme d’un bien vacant ; vous n’avez pas encore le droit de vous l’approprier par prescription ; aucun acte de vente n’est présenté ; puisque je suis en vie, vous n’avez pu encore hériter de mon argent. Conclusion : vous m’avez chassé de mon bien par force. »

(Livre IV, 40)

l’asyndète
« Cette figure a de l’efficacité. Elle est très forte et se prête bien à la concision. » (Livre IV, 41)

« quand les particules joignant les mots sont supprimées et que la phrase se présente avec des membres séparés. »
Exemple : « Suivez la volonté de votre père ; obéissez à vos parents ; écoutez vos amis ; soumettez-vous aux lois. »

(Livre IV, 41)

l’interruption
« Ici un soupçon implicite acquiert plus de force qu’une explication détaillée. » (Livre IV, 41)

« quand, après avoir dit quelques mots, nous laissons inachevé ce que nous avons commencé de dire. »
Exemple : « La lutte entre vous et moi n’est pas égale car le peuple romain m’a ... je ne veux pas le dire de peur de paraître prétentieux à quelqu’un. Quant à vous, il a souvent jugé que vous méritiez d’être frappé d’ignominie. »

(Livre IV, 41)

la conclusion

« la conclusion est une rapide argumentation qui tire les conséquences nécessaires des paroles et actions précédentes. »
Exemple : « Si l’oracle a prédit aux Danaens qu’ils ne pourraient prendre Troie sans les flèches de Philoctète et si celles-ci n’ont servi qu’à frapper Alexandre, c’est que la mort de celui-ci signifiait à coup sûr la prise de Troie »

(Livre IV, 41)

[retour au texte]


NOTES

1 « Dans les quatre sortes de figure qui ont été présentées jusqu’ici, ce n’est pas par manque de vocabulaire que l’on reprend souvent le même mot. Mais ces figures ont un agrément que l’oreille sent mieux que les mots ne peuvent l’exprimer. » (Livre IV, 21, page 152).

2 « On n’obtiendra pas cette figure en comptant - ce serait puéril - mais l’usage et l’entraînement nous procureront une telle aisance que nous pourrons, par une sorte d’instinct, trouver un membre de phrase de même longueur que le précédent » (Livre IV, 27, page 162).

3 « Moi, louer un individu qui a si peu de vaillance et tant de chance ! » (Livre IV, 28, page 163 [note 148]).

4 Enoncé attribué très souvent à Socrate et cité comme exemple d’antimétabole.