2004_04_22
________________________________________________________________________
SdT
volume 10, numero 2.
LES CITATIONS DU
MOIS
________________________________________________
You
shall know a word by the company it keeps
(J.R. Firth)
Avant
l'apparition du ciel et de la terre,
il n'y avait pas de formes,
mais cependant les
formes existaient ; après l'apparition
du ciel
et de la terre, les formes existèrent, mais
leur
dilatation et leur contraction constante, ou
leur
resserrement et leur déploiement, les
placent au-delà
de toute mesure".
Zhu Derun, apostille au Hundun Tu
(chaos
primordial), 1349
(rouleau portatif, musée de
Shanghai)
Les vues d'ensemble aujourd'hui à la
mode
consistent à survoler tout le détail, puis à
en
faire l'addition.
Friedrich
Schlegel
________________________________________________
SOMMAIRE
1-
Coordonnees
- Bienvenue a Claudio Paolucci, Stephanie Dupays,
Ladhari
Soumaya, Alexandru Mardale, Ecaterina Bulea et
Cristian Bota.
- David Piotrowski et Yann Portugues changent
d'adresse.
2- Carnet
- Programme du seminaire du CPST.
-
Journee Litterature, philosophie et sciences du langage,
mardi
11 mai, Nanterre.
- Humour : échantillons de traduction
automatique Google.
- Pratique : virus, spams, hoax.
3-
Publications
- Texto! : textes de F. Bader, A. Benel, F. Cossutta,
J.-M.
Fortis, P.-J. Laffitte, D. Mayaffre, F. Rastier, E.
Brunet,
M. Le Guern. Et archives de la revue
Semiotiques.
4- Textes
- Troisieme partie d'un article
critique de Cristian Bota et
Ecaterina Bulea a paraitre dans
les Cahiers Ferdinand de
Saussure, et consacre a :
Eugenio
Coseriu, L'Homme et son langage, textes reunis par
H.
Dupuy-Engelhardt, J.-P. Durafour et F. Rastier.
5- Appels :
Colloques et revues
- Colloque "Approches Sémantiques
du Document Numérique",
La Rochelle, 22-25 Juin
2004.
- 10th International Conference on the History of the
Language
Sciences (ICHoLS X), 1er-5 sept. 2005, Urbana IL
(USA).
- Colloque international Charles Bally, Paris, 24-26 juin
2004.
- Ecole d'ete "Constitution, transmission, circulation
des
savoirs relatifs au langage", Lyon, 30 aout - 3
sept. 2004.
- Journees d'etudes "L'ecriture dans
l'image",
Liege, 28-29 avril
2004.
111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
Coordonnees
Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
Coordonnees
111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111
BIENVENUE
AUX NOUVEAUX ABONNÉS
[information réservée aux abonnés]
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
Carnet
Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet
Carnet
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{Robitaillié,
12/02/2004}
Séminaires du CPST - Toulouse
(Second
semestre 2003/2004)
Le jeudi de 14h00 à 17h00
-
29 avril 2004 : Valérie Sanchou
Problème de
représentation des syncrétismes : la solution
multimédia
- 6 mai 2004 : Thierry Mézaille
Étude
intertextuelle, à partir de corpus numérisés, du
mot « comète »
chez Zola et Proust. Accès
aux contextes pertinents, constitution d'une
molécule
sémique
- 27 mai 2004 : François Provansal
Un
exemple d'architecture de génération de textes
[La
rédaction de SdT présente toutes ses excuses pour la
diffusion
tardive de cette information, qui aurait dû
paraître au numéro
précédent, et
s'était malencontreusement égarée dans un
dossier
voisin.]
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR,
07/04/2004}
LITTERATURE, PHILOSOPHIE ET SCIENCES DU
LANGAGE
Mardi 11 mai 2004
15 h 30 - Conférence
d'Alain REY
Lexicologie et sémantique culturelle
16
h 30 - Conférence de Pierre MACHEREY
Le style comme forme
de la pensée
18 h 30 - TABLE RONDE (S. Bouquet, T.
Clerc, J.-J. Franckel,
J.-M. Maulpoix, J.-M. Salanskis)
Contenus
et modalités de la pluridisciplinarité entre
études
littéraires, philosophie et sciences du
langage
Université Paris X Nanterre, Bâtiment L
salle 212
Cette rencontre s'inscrit dans les séminaires
communs de
« pluridisciplinarité duelle »
Littérature et sciences du langage et
Philosophie et
sciences du langage. Son but est de contribuer à tisser
les
liens d'une « pluridisciplinarité plurielle ».
Elle est ouverte aux
chercheurs et aux étudiants des trois
disciplines (et
d'autres
disciplines).
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR,
05/04/2004}
HUMOUR (VOLONTAIRE)
Lettre en français
:
Après m'être promené un peu partout sur
le web de l'université, j'ai
trouvé beaucoup
de documents disponibles pour les étudiants, mais pas
les
tiens. Peut-être qu'en demandant à Caroline elle
accepterait de les
y mettre (vu que c'est un envoi qui date de
juillet dernier) ? (j'ai eu
ce problème aussi il y a deux
mois avec un document qui n'avait pas été
mis sur le
web, elle l'a fait de bonne grâce).
Attention toutefois :
mets bien ton nom à l'intérieur du document,
d'autant
plus que les extérieurs à l'université peuvent y
avoir accès
(ce queje trouve anormal, mais c'est une
réalité).
J'ai découvert que l'on pouvait
grâce à Google faire des traductions
automatiques, je
t'en fais profiter ci-après. À plus, et amitiés
à
Geoffroy,
Hugues
en anglais Google retraduit en
français :
Sylviane, après que j'à être
marché peu partout sur l'enchaînement de
l'université,
j'ait trouvé beaucoup de documents disponibles pour
les
étudiants, mais ne pas les tenir. Peut-être
ce qui tandis que
l'exigence de Caroline il les accepterait pour
mettre à elle (vu qu'elle
est un envoi qui va de nouveau à
juillet passé) ? (j'ai eu ce problème
également
il y a deux mois avec un document qui n'avait pas été
mis sur
l'enchaînement, il l'a fait
volontairement).
Attention cependant : mettez votre nom à
l'intérieur du document bien,
plus particulièrement
car les outsides au bidon y d'université ont accès
(ce
que je trouve anormal, mais c'est une réalité). J'ai
découvert qu'on
pourrait grâce à Google faire
des traductions automatiques, je t'en fais
le bénéfice
ci-après. Avec plus, et des amitiés avec
Geoffroy, Hugues
en allemand Google retraduit en français
:
Des Sylviane après moi sur le réseau de
l'université marchent peu
partout être allés
moi ont beaucoup de documents disponibles pour les
étudiants,
pas trouvés ne pas les tenir toutefois. Peut-être qu'en
elle
demanderait à des Caroline lui accepterait de lui le
placer là
(puisqu'un envoi qui date de dernier juillet
est)? * (je avoir ce
problème aussi avoir il y a deux mois
avec un un document, qui pas sur
le le réseau placer, faire
il von bon Grazie).
Considération toutefois : tes noms dans
le document, plus que les
extérieurs dans l'université
accès déplacé avoir bien ainsi peut
(ce
que je trouve anormalement, mais c'est une réalité).
J'ai découvert
qu'on pouvait faire des traductions
automatiques grâce à des Google, je
laisse t'en
profiter par la suite. À plus et à des amitiés à
des
Geoffroy, Hugues
autre version française, issue
de l'anglais, de l'allemand, de
l'espagnol et du portugais:
Peu
de après que je de Sylviane pendant tout le long de marché
de celui
de celui du filet de celui à une université
fasse l'cIdo un avait trouvé
des étudiants de de en
date de les disponibles des originaux de beaucoup
de cela d'être
I, eux de mais une attention ne pas donner. Là à
l'endroit
de des paragraphes de la faveur de celle pour de l'accepterait
là
de Caroline de celui pour de cela du peut-être (la
transmission
est-elle de celle d'elle, comme de la lance du ceci
fait le mois dernier
de juillet) ? (problème d'aussi de eu
de moi l'ai de moi lui fais
l'original que j'ai eu de AVEC un de
moi le fais des mois des deux de
celui pour de l'est, le filet, il
de celui dans celui du grade du été un
de moi l'ai
eu de le cet bon de de Grazie de moi ne l'a pas fait).
Obstante de
Atenção pas : à l'intérieur de des noms
du son il fait
combien les originaux de d'une telle manière
de celle de de
l'écoulement, entré de celui de celui
de l'université de celle dans l'un
des extérieurs de
de cela du visa des endroits de plus ayant d'eux bidon
de lui (les
personnes anormales des résultats de de Queixa-Se de
ceci,
réalité de sont de mais). Le dû
d'automatique de faire les traductions
de pourrait il de cela
d'avril de I un Google, je t'en la gauche de moi
I de l'avantage
du non suivant un. Dans Geoffroy des amitiés de celle
dedans
de plus et de celle po,
Hugues
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR,
05/04/2004, et BP, 20/04/2004}
PRATIQUE
Certains gestes
sont essentiels pour se protéger efficacement.
1) En ce
qui concerne les VIRUS :
Il est essentiel de combiner
plusieurs méthodes pour se protéger :
- Doter votre
poste de travail d'un anti-virus : mais attention !
l'anti-virus
que vous avez installé doit être mis à jour
régulièrement
sinon il ne pourra pas reconnaître
les derniers virus en date.
- La vigilance : vous êtes votre
meilleur anti-virus !
Méfiez-vous systématiquement
de tout message qui vous est adressé par un
inconnu, ou
destiné à une adresse ou à une liste qui vous
sont
inconnues. Attention également aux mails rédigés
en anglais, sauf bien
sûr si vous avez l'habitude d'en
recevoir dans votre activité.
Il est souvent possible de
détecter un élément suspect dans l'en-tête.
-
Les pièces jointes :
Attention à l'outil de
messagerie que vous utilisez ! Certains, pour
"faciliter"
la vie des utilisateurs, ouvrent automatiquement les pièces
jointes.
C'est extrêmement dangereux, car la pièce jointe peut
être
infectée. Certains outils de messagerie masquent
également l'extension
des pièces qui sont
jointes au mail. Il faut, dans tous les cas,
configurer votre
outil de messagerie de manière à ce qu'il n'agisse
plus
automatiquement et à ce qu'il fasse apparaître
les extensions. En effet,
c'est souvent grâce à
l'extension de la pièce jointe que vous pourrez
savoir s'il
s'agit d'un virus :
Exemples de pièces jointes
infectées :
- id2546846.zip
- document.txt.scr
-
message.scr
- your_archive.pif
- message_info.exe
Voici
la liste des extensions dont nous vous recommandons de vous
méfier
:
.bat / .com / .exe / .pif / .vb / .lnk / .scr / .reg / .chm /
.wsh /
.js / .nf / .shs / .job / .ini / .shb / .scp / .scf / .wsc
/ .sct / .dll
et, de manière moins systématique, les
extensions en .zip (cette
extension fait référence
aux fichiers compressés en archives : elle
n'est pas à
associer de manière automatique à des virus, mais il
faut
malgré tout faire attention à qui vous l'a
envoyée !)
Encore une fois : n'ouvrez pas
automatiquement les pièces jointes, mais
soyez vigilant et
vérifiez bien l'extension avant !
2) En ce qui concerne
les SPAMS :
Il s'agit de courriers indésirables,
notamment publicitaires. Ils
peuvent également contenir des
virus.
Dès que vous recevez un mail dont le sujet est en
anglais (sauf si vous
avez l'habitude d'en recevoir pour des
raisons professionnelles ou
personnelles), ou incompréhensible,
détruisez-le.
Des outils de messagerie comme Mozilla ont
des fonctionnalités bien
pratiques pour minimiser les
risques de spams : chaque fois que vous en
recevez un, vous le
"marquez" comme spam, et le logiciel les écarte.
(NDLR
: méfiance cependant pour ce genre de filtrage "aveugle"
- par
exemple il arrive qu'un numéro de SdT soit éliminé
par un filtre
anti-spam, alors que l'abonné n'avait sans
doute rien voulu de tel).
3) En ce qui concerne les HOAX :
Un
hoax est une fausse rumeur, qu'il faut éviter de propager.
Pour en
savoir plus ou en cas de doute, vous pouvez visiter le
site :
http://www.hoaxkiller.com/
ou
http://www.hoaxbuster.com/
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Publications
Publications Publications Publications
Publications
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{Kyheng,
03/03/2004 et FR, 05/04/2004}
TEXTO!
De Carine Duteil
(Ater, Toulouse) : Plus de 15.000 visites par
mois...
Félicitations à toute l'équipe de
Texto !!!! NDLR : Au mois de mars le
nombre de visites s'est élevé
à : 19.000 (venant de 13.000 sites
différents)
; volume téléchargé : 3 GB
Les
nouveautés de la dernière mise à jour (mars
2004)
http://www.revue-texto.net
*
Dans la rubrique DITS ET INEDITS :
Bader, Françoise
Une
anamnèse littéraire d'Emile Benveniste (Article publié
dans Incontri
Linguistici n° 22, 1999, pp. 11-55).
L'analyse
de F. Bader s'appuie sur le texte de Benveniste, Eau
virile
(reproduit en annexe).
Bénel,
Aurélien
Consultation assistée par ordinateur de la
documentation en Sciences
Humaines : Considérations
épistémologiques, solutions opératoires
et
applications à l'archéologie (Thèse,
2003)
Puisque le corpus se structure de pair avec le savoir de
l'expert au fil
de ses changements de problématique et de
point de vue, l'auteur propose
un atelier de manipulation de
corpus documentaires afin d'assister un
travail humain de
construction de sens.
Cossutta, Frédéric
Neutralisation
du point de vue et stratégies argumentatives dans le
discours
philosophique (2004)
Comment les philosophies résolvent-elles
les paradoxes ou les risques de
tension entre la visée
universalisante qui suppose une objectivation du
propos, une
affirmation de position, et les exigences contextuelles qui
supposent
de prendre en considération la multiplicité des
positions, la
diversité des points de vue ?
Fortis,
Jean-Michel
La réalité cérébrale des
catégories sémantiques (2000)
L'organisation de la
mémoire sémantique subit-elle l'influence des
processus
perceptifs ?
Laffitte, Pierre Johan
La disposition au sens
d'une anecdote rabelaisienne (Quart Livre,
lXVII) : Maistre
François Villon, ou la construction díune
auctoritas
par le jeu des voix (2000)
Comment Rabelais
construit-il l'image de l'auctoritas à laquelle il
rattache
son Livre et qui se manifeste à travers différentes
situations
liées au contexte par des jeux de voix, et
comment ces voix
prennent-elles en charge l'énonciation des
différents discours ?
Mayaffre, Damon :
L'herméneutique
numérique (2002)
Une réflexion sur les apports
épistémologiques réels, objectivement
constatés,
de l'ordinateur pour les différentes sciences humaines
dans
leur rapport fondamental aux textes. Un bilan critique et
pragmatique du
point de vue de l'historien qui, comme le
littéraire, se nourrit de
corpus textuels, et dont la
pratique quotidienne, l'herméneutique, se
trouve revisitée
par la révolution numérique.
Rastier,
François
Deniers et Veau d'or : des fétiches à
l'idole (2003)
Un petit essai qui entend exercer une fonction
critique à l'égard des
assimilations ou comparaisons
entre monnaie et signe linguistique, dont
la plus illustre est
attribuée à Saussure.
* Et last but not
least, en bonnes feuilles de la prochaine
mise à jour
:
Brunet, Etienne
Où l'on mesure la distance entre
les distances
Peut-on attribuer attribuer un texte à un
auteur sur la base de
distances lexicales ? Corneille et Molière
défient-ils la lexicométrie
?
http://www.revue-texto.net/Inedits/Brunet/Brunet_Distance.html
En
voici l'incipit :
L'exposé qui va suivre reprend et
prolonge le thème d'une conférence
prononcée
en avril à la Sorbonne dans le cadre d'un cycle intitulé,
non
sans humour, "Tous ceux qui comptent". Un
journaliste, qui se trouvait
dans la salle, s'est fait l'écho,
plus sonore que fidèle, des propos que
j'ai cru devoir
tenir dans l'affaire Corneille-Molière qui s'étalait
alors
sur la place publique et où mon nom avait été
imprudemment cité.
L'article paru le 11 avril 2003 dans
l'hebdomadaire Le Point passait
sous silence les longs
développements que j'avais consacrés à la
méthode
prônée par Dominique Labbé,
pour n'en retenir que la conclusion,
laquelle contestait
l'interprétation donnée aux faits observés, mais
non
pas leur mesure. L'affaire s'est envenimée dans les
médias et sur
Internet, au point que le modérateur
du Forum spécialisé LITOR a dû
suspendre un
débat que la suspicion, la violence et la mauvaise foi
avaient
dénaturé. Si pour la première fois nous confions
à la
publication plutôt qu'au silence notre idée
sur cette affaire, longtemps
après avoir été
mis en cause, c'est pour garder et défendre la mesure,
pour
empêcher qu'on ne profite de cet échec pour condamner
sans appel la
lexicométrie, et même pour défendre
Labbé et son oeuvre contre ses
propres excès.
*
Dans la rubrique ARCHIVES :
Une nouvelle sous-rubrique dans
nos Archives !
Vous trouverez parmi nos Trésors les
rééditions électroniques en
fac-similé
de certains livres rares et épuisés.
Le Guern,
Michel, Sémantique de la métaphore et de la métonymie.
Paris :
Librairie Larousse, 1973. Collection Langue et Langage.
126 p.
Rastier, François (éd.), Textes et sens.
Paris : Didier Érudition, 1996.
275 p.
Sémiotiques,
Paris : Didier Érudition.
Revue bi-annuelle publiée
par le C.N.R.S. et l'INaLF (parutions de 1991
à
2000).
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
Textes
Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
Textes
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
{FR,
05/04/2004}
TEXTE Inédit
Bonnes feuilles
(troisième partie) d'un article critique de Cristian
Bota
et Ecaterina Bulea
à paraître dans les Cahiers
Ferdinand de Saussure, et consacré à :
Eugenio
Coseriu, L'Homme et son langage, textes réunis par
Hiltrud
Dupuy-Engelhardt, Jean-Pierre Durafour et François
Rastier, Editions
Peeters, Louvain, 'Bibliothèque de
l'information grammaticale', no. 46,
2001, 486 p.
Aspects
centraux de la démarche cosérienne
1. Le langage
comme activité créatrice. Les trois plans du
langage
"Concevoir le langage comme enérgeia signifie,
par conséquent, le
considérer comme activité
créatrice sous toutes ses formes." (p. 20)
Le
noyau de la théorie cosérienne est la définition
du langage, dans son
essence, comme activité créatrice.
Si, à première vue, cette thèse
semble
concentrer simplement l'évidence, aisément concevable,
du
caractère productif du langage, du caractère
toujours neuf et
radicalement singulier de toute production
verbale, ses racines
philosophiques profondes et ses conséquences
sur une théorie
linguistique sont, quant à elles,
moins aisées à saisir ou, parfois, à
admettre.
Cette définition-argument n'est guère accidentelle
ni
arbitraire, et c'est précisément en l'exploitant
dans ses profondeurs
conceptuelles et historiques que Coseriu
dénonce l'erreur la plus
regrettable de toute une série
de théories et philosophies du langage :
celle de l'avoir
réduit à la simple expression d'une autre faculté
qui
la précéderait (la pensée rationnelle ou
l'entendement), ou encore à une
activité "parmi
d'autres". Au moins deux interprétations
unilatérales
sont ainsi dénoncées et évitées
: d'une part, la conception selon
laquelle l'essence du langage ne
résiderait que dans l'expression
subjective, et, d'autre
part, la conception qui fait de la seule
communication pratique
l'essence même du langage.
Déceler la valeur du
syntagme "activité créatrice" chez Coseriu
afin de
montrer pourquoi nous considérons qu'il est, en
effet, le noyau de sa
théorie n'est possible qu'au prix
d'un double mouvement, qui se dégage
d'ailleurs assez
facilement à la lecture de l'étude 1/ du volume.
D'un
côté, évoquer son ancrage philosophique
aristotélicien et humboldtien,
explicitement déclaré,
de l'autre côté, montrer que la cohérence
interne
de toute l'oeuvre de Coseriu résulte en grande
partie de la rigueur qui
lui fait ne jamais s'écarter de ce
postulat fondamental, à aucun des
niveaux de description et
d'analyse du langage.
En réinvestissant l'idée
humboldtienne selon laquelle le langage, dans
son essence, n'est
pas une oeuvre ou un produit statique (ergon) mais
une activité
(enérgeia), Coseriu souligne, à juste titre, les
fondements
aristotéliciens de la pensée de Humboldt.
Il récuse l'interprétation de
cette thèse
comme affirmation du "caractère vivant" du langage,
de même
que l'association exclusive de l'enérgeia
uniquement à ce que Saussure
appellera plus tard "parole".
Si Humboldt rajoute lui-même les termes
grecs à côté
des termes allemands Werk et Tätigkeit, c'est, selon
Coseriu,
pour souligner que ces termes sont utilisés dans leur
sens
philosophique. Ainsi, chez Aristote, enérgeia n'est
pas une quelconque
activité, mais "l'activité
libre", infinie, antérieure à sa propre
puissance
(dynamis ; Cf. Aristote, Métaphysique) pouvant aller
au-delà
de sa propre dynamis. Fidèle aux thèses
aristotéliciennes, Coseriu
définit la créativité
comme "productivité à double sens :
productivité
par rapport aux 'objets' produits et
productivité par rapport aux
procédés de
production" (p. 414). C'est donc dans un sens philosophique
et
profondément dialectique qu'il faut entendre la notion
d'activité
créatrice : être et devenir de
l'être sont indissociables.
Si le "retour" à
Aristote pose les bases philosophiques de la conception
de
l'activité créatrice, si le "retour" à
Humboldt est fondamental dans
l'association de cette conception de
l'activité au langage, le pas
supplémentaire de
Coseriu consiste dans l'explicitation du caractère
actif-créatif
du langage sous toutes ses formes (langage en général,
toute
langue et toute parole ou acte de parole), ainsi que dans
le
réinvestissement théorique de la notion
aristotélicienne de dynamis.
Dans ce sens, l'enérgeia
langagière, l'activité créatrice
spécifique au
langage, consiste un en dépassement
perpétuel de sa dynamis.
Les implications
épistémologiques et méthodologiques de
cette
caractérisation du langage sont multiples. Nous n'en
dégagerons que
cinq :
- Le caractère créatif
du langage comme activité humaine libre fait de
ce dernier
une activité de connaissance infinie, une
activité
"d'appréhension de l'être"
dont l'objet (la signification) est tout
aussi infini.
- Ce
qui distingue le langage d'autres formes d'expression est le
fait
qu'il existe en tant qu'activité de
"parler-à-un-autre" (p. 15),
activité
intersubjective d'appréhension de l'être,
"manifestation
primaire de la socialité" (id., p.
29). Le langage est, dans son
essence,
activité-créatrice-dialogique, et c'est dans cette
essence même
que Coseriu puise les universaux du langage :
créativité, sémanticité,
altérité,
historicité, matérialité (cf. 3/).
- Les
langues, comme techniques historiquement déterminées,
ne sont
jamais des produits statiques. "Une langue est un
système de production
qui, à chaque moment, n'est
qu'en partie réalisé historiquement dans des
produits
linguistiques" (p. 21). Le caractère non-fondé de
toute
ambition de description exhaustive d'une langue devient dès
lors
évident ; décrire une langue c'est décrire
"un système pour créer" et
non pas un
produit.
- "Le changement linguistique n'existe pas"
(cf. 15/). Plus exactement,
il n'existe pas en tant que
"changement" d'un produit, mais il est
production
perpétuelle de la langue, "'naissance' du langage et, par
là,
construction historique des langues" (id., p.
428).
- L'approche causale est inappropriée pour
l'interprétation des faits
linguistiques : "La
causalité, au sens propre du terme, est, dans ce
contexte,
une notion fallacieuse, parce que le changement linguistique
ne
peut avoir de 'causes'. (...) Par contre, la finalité est bien
à sa
place ici, étant donné que la motivation
du changement linguistique,
est, en fait, de nature 'finaliste'"
(ibid.).
Les formes du langage que nous avons évoquées
plus haut (langage,
langue, parole) se retrouvent distinguées
à plusieurs reprises dans les
textes réunis dans ce
volume (études 1/,2/,6/,15/). Cette trichotomie ne
doit pas
être confondue avec les interprétations banales de
la
trichotomie saussurienne ; elle a en effet une fonction bien
précise
dans la réflexion cosérienne, celle
de la manifestation de ce que
Coseriu appelle "les trois
plans du langage" (cf. 6/, p. 144) :
universel, historique et
individuel. L'importance de cette tripartition
en tant que plans
ou niveaux du langage réside dans le fait qu'aucun des
trois
n'est exclu de la linguistique. Mieux et davantage encore, le
langage
en tant qu'activité de parler est étudié / à
étudier à chaque
niveau d'un triple point de vue, ce
triple point de vue reprenant la
distinction aristotélicienne
enérgeia / dynamis / ergon. Etudier le
langage en tant
qu'enérgeia signifie s'intéresser, au plan universel,
à
l'activité de parler en général, au
plan historique à la manifestation
concrète des
langues et au plan individuel à l'activité discursive
du
sujet. En tant que dynamis le langage se manifeste comme savoir
(esp.
saber), comme compétence linguistique (cf. infra
3.2), qui se décline à
son tour en compétence
(savoir) élocutoire au plan universel, compétence
(savoir)
idiomatique au plan historique et compétence expressive
(savoir
expressif) au plan individuel. Enfin, quant à
l'activité de parler en
tant que ergon, il n'y a pas un
plan universel à proprement parler (ou
ce serait la
totalité des manifestations langagières concrètes
de
l'humanité), au plan historique elle s'identifie avec la
langue (mais
plutôt la langue "abstraite") et au
plan individuel le produit est
constitué par le texte
singulier.
La remarque qui s'impose ici et que Coseriu ne
manque pas de rappeler,
concerne justement le statut
méthodologique et heuristique de ces
tripartitions,
notamment des trois points de vue : tout comme la langue
ne peut,
en réalité, jamais être séparée de
l'activité de parler (cf.
1/, p. 17), tout comme la
dichotomie saussurienne langue - parole n'est
pas "réelle"
mais méthodologique (cf. 2/, p. 31), de même les
trois
points de vue enérgeia, dynamis, ergon ne sont que
trois manières de
considérer un seul et même
objet et non pas trois réalités différentes.
2.
Savoir, technique, compétence
"...le langage ne
fonctionne pas pour les linguistes et grâce aux
linguistes,
mais bien pour les locuteurs et grâce aux locuteurs."
(cf.
1/, p. 17)
Le recueil (du moins le premier volume) [note 1] ne
contient aucun texte
consacré explicitement à la
compétence linguistique. Mais, en même
temps, dans la
Préface, J.-P. Durafour considère qu'une des raisons
pour
lesquelles la parution de cet ouvrage en français
devrait se révéler
opportune, est précisément
qu'en France "les études 'réalistes' de
la
formation des sens propositionnels et lexical et de la
compétence
langagière occupent, enfin, à
l'aube du troisième millénaire, la place
théorique
primordiale, organique, qui leur revient" (p. 5). En vérité,
la
compétence est bien présente tout au long de l'ouvrage,
mais souvent
sous deux autres signifiants : le savoir, la
technique ou encore le
savoir technique. Il pourrait difficilement
en être autrement pour la
simple raison que, pour Coseriu,
la compétence linguistique (bien
qu'appelée ainsi
tardivement) est l'objet de sa science du langage.
Ainsi,
relativement au plan universel, Coseriu affirme en 1955 déjà
que
"l'objet proprement dit de la 'grammaire de l'activité
de parler' (...)
est donc la technique générale de
cette activité" (cf. 2/, p. 38).
En regard de ce
nous avons présenté jusqu'ici, on devine facilement
que
l'objet de la linguistique peut être conçu comme
la construction
théorique du linguiste consistant à
saisir le langage du point de vue de
la dynamis. Néanmoins,
s'il est bien légitime de définir théoriquement
l'objet
compétence de cette manière, pour Coseriu cela n'est
pas le
résultat du choix aléatoire d'un point de vue
parmi les trois possibles
(enérgeia, dynamis, ergon). La
justification première de l'adoption de
ce point de vue
tient au fait que c'est bien une technique, le
savoir-parler
intuitif, que tout être humain fait fonctionner lors
d'une
production verbale. Le langage ne fonctionne que grâce
aux sujets
parlants, en tant que technique du sujet au travers de
laquelle il crée
et se crée en même temps, en
établissant simultanément des rapports
sujet - objet
et sujet - sujet. L'être humain acquiert et ne cesse
de
transformer cette technique, qui, dans son fonctionnement
effectif,
mobilise en tant que dynamis les trois plans du langage
simultanément.
En rapport avec le plan universel du
langage, la technique de l'activité
de parler consiste en
un savoir élocutoire, qui est la connaissance
générale
"des choses" et des normes logiques de cohérence,
quelle que
soit la langue dans laquelle on s'exprime. La situation
de la compétence
élocutoire au plan universel,
indépendamment d'une langue donnée, ne
signifie en
aucun cas prééminence génétique du
logique par rapport au
linguistique, mais conformité
fonctionnelle de l'expression aux normes
universelles de toute
pensée. Ce n'est pas une compétence avant la
langue,
mais une compétence "au-delà" des normes
d'une langue, qui nous
permet de juger un énoncé en
termes de "congruence / incongruence"
logique [note
2].
En rapport avec le plan historique qu'est toute langue,
les locuteurs
possèdent et manifestent une compétence
idiomatique, définie comme
"savoir-parler conformément
à la tradition d'une certaine communauté"
(cf.
2/, p. 34). C'est peut-être le niveau d'analyse où la
filiation
Humboldt - Saussure - Coseriu est la plus facile à
saisir car pour ce
dernier une langue est à la fois produit
historique et instrument de
pensée linguistique. La
compétence idiomatique concerne le système de la
langue
en tant qu'ensemble d'éléments et d'agencements
d'éléments de
discours possibles, système de
virtualités qui se réalisent
progressivement dans le
temps, au cours de l'histoire. La compétence
idiomatique
est le savoir-réaliser des possibles d'une langue, et
la
conformité du parler effectif avec la technique
historiquement
construite qu'est une langue est évaluée
en termes de "correct /
incorrect".
Le plan
individuel du point de vue de la dynamis est la compétence
expressive
(textuelle - discursive) en tant que savoir agir
linguistiquement
de l'individu, lors de la construction de textes /
discours dans
une circonstance donnée. Le jugement de conformité
de
l'acte de parler à ce niveau est un jugement
d'"adéquation /
inadéquation".
De
manière générale, la compétence comme
objet de la linguistique est
donc le savoir intuitif du locuteur
qui, même s'il peut être étudié
séparément
dans chacun des trois plans, se manifeste, en réalité,
dans
les trois plans simultanément. La définition de
la compétence et les
études qui y sont consacrées
exhibent et confirment de la manière la
plus "visible"
ce que Coseriu appelle adéquation de la science à
son
objet. Les trois types de compétences comme savoirs
intuitifs sont des
techniques attestables chez tout locuteur (qui
fonctionnent en dehors de
toute linguistique), en tant que
potentialités illimitées en vue de
l'acte. La
linguistique cosérienne est une "science des
possibles
langagiers", amenés à être
toujours dépassés, transformés, (re)créés
dans
et par l'acte ou l'activité de parler elle-même.
3.
Une linguistique de l'activité de parler
"L'historicité
de l'activité de parler ne doit pas nous faire oublier
son
universalité." (cf. 2/, p. 36)
Comme nous l'avons
mentionné, dans "Détermination et entours",
la
linguistique de la parole prend un sens radicalement différent
de celui
de Saussure, dans le cadre du projet plus vaste de
réorganisation de la
linguistique selon la conception
unitaire de l'essence du langage en
tant que "activité
créatrice". Les plans de définition
(universel,
historique, particulier) et les points de vue
(enérgeia, dynamis, ergon)
permettent l'orientation
homogène de la discipline. C'est seulement sur
cet
arrière-fond que l'on pourra comprendre la légitimité
et la portée
d'une certaine linguistique de la parole,
qu'il convient de nommer, eu
égard aux distinctions posées,
"linguistique de l'activité de parler".
Une fois
posé le constat que "toute la linguistique a toujours
été
linguistique de l'activité de parler et
[...] à proprement parler il
n'en existe pas d'autre"
(p. 35)[note 3], il est pleinement justifié de
poser la
nécessité d'une linguistique de l'activité de
parler au sens
strict (au niveau universel, sans détermination
historique) au même rang
que la linguistique de l'activité
de parler au niveau historique
(linguistique des langues) et celle
de l'activité de parler au niveau
particulier (linguistique
des textes).
Insistons sur le fait que le syntagme "activité
de parler au niveau
universel, sans détermination
historique" (indépendamment d'une langue)
ne réfère
pas à l'activité de parler qui serait réellement
indépendante
d'une langue, mais, au contraire, dénomme
le concept d'"activité de
parler" conçu
dans le plan universel. L'activité de parler est bien,
en
réalité et toujours, "une activité
universelle exercée par des individus
particuliers, mais
qui sont en même temps membres de telle ou telle
communauté
historique" (p. 34). Cependant, étudier cette activité
de
parler au plan universel implique nécessairement que
l'on ne confonde
pas celui-ci avec le plan historique ou le plan
particulier. C'est ce
qui ressort plus clairement lorsque Coseriu
définit deux types de
linguistique de l'activité de
parler au plan universel : une
linguistique théorique et
une linguistique descriptive, ou "authentique
grammaire de
l'activité de parler" (p. 38).
En ce qui concerne
le premier type, Coseriu insiste sur la distinction
entre les
problèmes langagiers que "posent, au plan historique,
les
langues (...) et les problèmes que pose, au plan
universel, l'activité
de parler" (p. 36). Ainsi, par
exemple, les catégories verbales (parties
du discours) ne
sont pas "des classes lexicales appartenant aux langues,
elles
sont des modalités de signification propres à
l'activité de
parler, et, de ce fait, elles sont
universelles (bien qu'elles ne soient
pas historiquement
générales)" (p. 37). On ne peut pas définir
le
"substantif en anglais" ; on ne peut que constater si
une catégorie se
présente ou non dans telle ou telle
langue et ensuite déterminer quelles
sont ses "modalités
formelles d'expression".
Pour ce qui est du deuxième
type, cette grammaire est indispensable pour
l'interprétation
de faits de 'langue' : par exemple, du point de vue
diachronique,
les innovations dans l'activité de parler peuvent devenir,
à
leur tour, faits de langue. Mais elle est aussi indispensable
dans
l'analyse des textes, qui "ne peut se faire avec
exactitude sans une
connaissance de la technique de l'activité
de parler" (p. 38). Cette
dernière ouvre la
possibilité du dépassement perpétuel de la
langue :
"l'activité de parler ne se limite pas à
mettre en oeuvre une langue,
mais elle la dépasse (...) ; à
chaque moment, ce qui est effectivement
dit est moins que ce qui
est exprimé et ce qui est compris" (p. 54).
Cette
possibilité d'aller au-delà du 'dit' et de la langue
est fondée
par les entours (ce que l'on appelle
généralement contextes), qu'il
convient d'étudier
en tant que parties intégrantes de l'activité de
parler
dans le plan universel.
L'activité de parler n'est donc
pas une simple "réalisation" de la
langue, mais
elle est plus complexe que celle-ci, car l'activité de
parler
"utilise aussi les circonstances de sa propre manifestation"
(p.
39). Dans ce sens, les entours extra-verbaux deviennent
les
instruments non verbaux de la détermination, définie
comme "dire quelque
chose au sujet de quelque chose au moyen
des signes de la langue"
(ibid.). Leur fonction est double :
ils permettent simultanément
l'actualisation des signes de
la langue aussi bien que l'orientation
précise du sens du
discours.
La finalité proprement dite de l'activité
de parler -indépendamment des
finalités
occasionnelles des sujets parlants- est l'actualisation
d'un
potentiel significatif, l'objectivation d'un contenu de la
conscience,
et non pas simple "énonciation" et
"référence" à des objets ou des
"états
de choses". La relation ne s'établit pas depuis la
réalité vers
un signe correspondant, mais dans le
sens contraire : "la constatation
de l'existence physique des
choses est une opération qui va du langage
aux choses, et
non pas inversement. (...) De cette façon nous
constatons,
par exemple, que, dans le monde, il y a des arbres, des
rivières,
des animaux ; mais que ce soit précisément des
'arbres', des
'rivières', des 'animaux', c'est quelque
chose qui a dû être reconnu et
délimité
au préalable dans et par le langage " (cf. 1/, p. 25).
La
fonction de désignation -l'orientation d'un signe vers
une réalité
extra-linguistique- est réalisée
dans l'activité de parler, mais elle
demeure
fondamentalement une possibilité ouverte par la
sémanticité.
Coseriu a de la sorte établi un
registre d'entours qui demeure jusqu'à
aujourd'hui le plus
systématique et le plus complet ; ces entours sont
organisés
en quatre grands groupes, situation, région, contexte
et
univers de discours, qui sont à leur tour déclinés
en de nombreux
sous-groupes.
Les autres types
d'"instruments" de l'activité de parler sont
proprement
linguistiques et appartiennent aussi à
l'ensemble d'opérations de nature
sémantique qui
constituent la détermination : l'actualisation,
la
discrimination, la délimitation et l'identification. Les
instruments
linguistiques correspondants (actualisateurs,
discriminateurs,
délimitateurs, identificateurs), en tant
qu'unités linguistiques, ne
réalisent pas en
eux-mêmes la détermination mais la
manifestent
matériellement (cf. pp. 40-41 pour la
distinction entre forme et
fonction). Même si Coseriu ne
traite dans "Détermination et entours" que
de la
détermination nominale, cet article pose les
principes
épistémologiques et méthodologiques
qui valent pour l'étude de toutes
les opérations qui
permettent la transformation du savoir en activité.
4.
La fonction significative
Nous nous permettons enfin de
souligner l'importance du concept de
fonction significative, qui
non seulement condense la spécificité et
l'autonomie
du langage mais inscrit la linguistique, en toute certitude,
sur
la carte des sciences de la culture : "La création de
signifiés est
un acte de connaissance et le fait d'attacher
des signifiés à tels ou
tels signifiants,
c'est-à-dire d'en faire des contenus de signe, est une
façon
de les fixer et de les rendre objectifs ; par conséquent, on
peut
dire que le langage en tant qu'enérgeia est, dans un
seul et même acte,
connaissance et en même temps
fixation et objectivation du connu."
(cf. 1/, p.
25).
Saluons, pour finir, l'excellent travail de
traduction et de mise en
forme, qui aura duré quatre ans et
qui est à la mesure de l'importance
de son contenu. Le
volume comprend une bibliographie exhaustive des
travaux de
Coseriu jusqu'en 2000 (titres originaux et leur traduction
en
différents langues ; pp. 457-484), ainsi qu'un index
très utile des
auteurs auxquels il est fait référence,
des notions et des langues
citées.
Notes
[1]
Le deuxième volume prévoit la publication de l'article
"La
compétence linguistique. Qu'est-elle en vérité
?" Cf. pour plus de
détails Sprachkompetenz. Grundzüge
der Theorie des Sprechens, Tübingen,
1983 ; traduction
espagnole Competencia lingüística. Elementos de la
teoría
del hablar, Madrid, 1992.
[2] L'incongruence de l'énoncé
: "Les cinq continents sont les quatre
suivants : l'Europe,
l'Asie et l'Afrique" est d'ordre logique et non
pas
linguistique. (cf. 6/, p. 144).
[3] Dans ce sens, la
"langue" est elle-même définie comme
"'moment
historiquement objectif de l'activité de
parler'" ; et "étudier la
langue, c'est étudier
une dimension [fondamentale] de l'activité de
parler "
(p. 34).
Cristian Bota
Ecaterina
Bulea
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
Appels
Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
Appels
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR,
05/04/2004}
COLLOQUE
Approches Sémantiques du
Document Numérique
La Rochelle 22-25 Juin
2004
http://infodoc.unicaen.fr/cide/cide7/
La
mise en avant du "sens" a longtemps été
regardée avec beaucoup de
scepticisme au profit de
traitements dits "de surface", s'attachant à
"la
forme" par opposition au "contenu". Cette perception
est en train de
changer. Des progrès significatifs ont été
réalisés au cours des
dernières années,
d'abord sur le document textuel (extraction
d'informations,'question
answering', résumé automatique...), puis
relayés
de plus en plus dans les autres médias (extraction
d'information
et indexation de documents sonores et vidéo
par le contenu, résumé
d'oeuvres...). Par ailleurs,
les travaux déployés autour du thème du
"web
sémantique" visent à décrire le contenu des
documents ou ressources
de toutes sortes de manière à
les rendre accessibles et interopérables.
Un autre
point de vue, plus radical, serait de considérer que même
les
traitements dits "de surface" ou "numériques"
sont en fait, à y bien
regarder, sémantiques. Si le
"sens" ne se réduit pas à
"l'information",
produire de l'information, n'est-ce pas
produire du sens ? Un
désambiguïseur utilisant une
méthode statistique, même si la méthode ne
se
réclame d'aucune théorie linguistique, résout
bien une ambiguïté
sémantique lexicale. Un
segmenteur thématique va repérer des
récurrences
lexicales que d'autres appelleront isotopies.
Un extracteur de
descripteurs thématiques produit bien ce
sens minimal : "de quoi parle
ce document", etc.
Le
but de CIDE.7 est alors de faire le point sur ces questions.
Deux
aspects pourront être abordés :
-
présentation et discussion d'expériences et avancées
concernant les
traitements sémantiques des documents
numériques selon les différents
médias
(texte, vidéo, audio), ou leur mise en réseau (web
sémantique);
- réflexion méthodologique pour
asseoir une approche sémantique en
ingénierie
documentaire.
Thèmes abordés
-
Applications : recherche d'information par le contenu, extraction
d'information, navigation intradocumentaire, mise en hypertexte,
analyse de documents artistiques ou littéraires, analyse de
documents
techniques...
- Constitution de ressources
de description des documents : indexation,
annotation,
enrichissement... du document entier ou de segments,
acquisition de terminologies ou d'ontologies, formalismes de
représentation des descriptions ('rdf', 'topic maps'...),
modélisation sémantique trans-modalités...
-
Méthodes de traitement et d'exploitation : méthodes
sémantiques ou
sémiologiques spécifiques
pour les différents types de documents
(texte,
image, vidéo, audio), collaboration entre méthodes
symboliques
et numériques, constitution et rôle
des corpus, intégration de bases
documentaires, 'web
services'...
- Réflexion méthodologique : sens
et usages, rapports entre forme
(inscription) et sens,
parenté et différence entre les médias,
collaboration pour certaines
tâches...
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR,
05/04/2004}
COLLOQUE
10th International Conference on
the History of the Language Sciences
Short Title : ICHoLS X
Date
: 01-Sep-2005 - 05-Sep-2005
Location : Urbana IL, United States of
America
Contact : Douglas Kibbee - Contact Email :
dkibbee@uiuc.edu
Linguistic
Sub-field : History of Linguistics
Call Deadline :
01-Oct-2004
Meeting Description :
A triennial
conference on the history of the language sciences. This
conference
invites individual and group proposals relating to the
history of
grammatical thought from all traditions. Papers on all
aspects of
the history of the language sciences are invited. Please
submit
abstracts of no more than 300 words to the conference
organizer
(address provided below).
The organizers are willing
to entertain proposals for a full panel on
a particular topic.
Those proposing such a panel must provide full
abstracts for
each paper.
We particularly encourage participation by scholars of
non-Western
linguistic traditions.
DEADLINE FOR ABSTRACTS :
OCTOBER 1, 2004
CONTACT : Douglas Kibbee
Department of French -
University of Illinois
707 South Mathews Avenue - Urbana IL 61801
USA
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR,
05/04/2004}
COLLOQUE INTERNATIONAL CHARLES BALLY
organisé
à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
Salle
BOURJAC, 17 rue de la Sorbonne, Paris.
24-25-26 juin
2004
PROGRAMME
Jeudi 24 juin 04
9h30 : Ouverture
du colloque, Bernard BOSREDON (Président de
l'Université
Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
9h45 : Présentation du
colloque - Jean-Louis CHISS (Université Paris 3
Sorbonne
Nouvelle)
10h : Jean-Michel ADAM (Université de
Lausanne)
"Style et stylistique : un mésusage
littéraire des thèses de Bally"
10h45 :
Pause
11h : Dominique COMBE (Université Paris 3 - Sorbonne
Nouvelle)
"Le statut de la stylistique (entre rhétorique,
linguistique et critique
littéraire)"
11h45 : Eric
BORDAS (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"La
métaphore selon Bally"
12h30-14h15 : Déjeuner
14h15
: Etienne KARABETIAN (Université de Nice
Sophia-Antipolis)
"Bally, Saussure et la stylistique :
contribution à l'épistémologie de
la
stylistique"
15h : Georges-Elia SARFATI (Université
Blaise Pascal - Clermont
Ferrand)
"La stylistique : de la
phraséologie au sens commun"
15h45 : Pause
16h :
Jérôme MEIZOZ (Université de
Lausanne)
"Bally et la contrainte sociale dans le
langage"
16h45 : Claire FOREL (Université de
Genève)
"La linguistique sociologique de Bally
et l'enseignement des langues
étrangères"
Vendredi
25 juin 04
9h30 : Jacques COURSIL (Université des
Antilles et de la Guyane et
Cornell University)
"Signes et
valeurs chez Saussure et Bally"
10h15 : Patrick DALHET
(Université des Antilles et de la Guyane)
"Deux
narrations de l'arbitrarité : les sujets parlants de Bally et
de
Benveniste"
11h : Pause
11h15 : Sophie STATIUS (IUFM
Besançon)
"Les anciens et les modernes : le rôle
de la volonté dans l'oeuvre de
Charles Bally"
12h :
Christian PUECH (Université Paris 3 - Sorbonne
Nouvelle)
"Charles Bally et Victor Henry. Langage
acquis/langage transmis. Les
enjeux d'un débat à la
fin du XIXe siècle"
12h45-14h15 : Déjeuner
14h15
: Sylvie DURRER (Université de Lausanne)
"Bally et les
questions de genre"
15h : André MEUNIER et Mary-Annick
MOREL (Université Paris 3 -
Sorbonne Nouvelle)
"Enonciation
et intonation. La phrase segmentée selon Bally"
15h45
: Pause
16h : Marie-Christine LALA (Université Paris 3 -
Sorbonne Nouvelle)
"Points de vue croisés à la
source d'une théorie polyphonique de
l'énonciation"
16h45
: Katia VELMEZOVA (Université de Lausanne)
"Charles
Bally en Russie et en URSS : réception,
interprétation,
critiques"
18h : COCKTAIL
Samedi
26 juin 04
9h30 : Dan SAVATOVSKY (IUFM Créteil)
"Rhétorique,
stylistique et enseignement du français"
10h15 :
Jean-Paul BRONCKART (Université de Genève)
"Les
conférences de Bally dans le contexte genevois de la crise
des
années trente"
11h : Jean-Louis CHISS
(Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"La crise du
français comme idéologie linguistique"
11h45 :
Conclusion du
colloque
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR,
05/04/2004}
Ecole européenne d'été:
CONSTITUTION,
TRANSMISSION, CIRCULATION DES SAVOIRS RELATIFS AU LANGAGE
Ecole
Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines, Lyon
du 30
août au 3 septembre 2004
http://ecolethem.ens-lsh.fr/
contact
:
elisabeth.lazcano@linguist.jussieu.fr
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR,
05/04/2004}
MINISTERE DE LA RECHERCHE (FRANCE)
A.C.I.
L'HETEROGENEITE DU VISUEL
avec la participation du
FONDS
NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (BELGIQUE)
GROUPE DE CONTACT
POETIQUE COMPAREE
Journées d'études
Liège,
28-29 avril 2004
L'ÉCRITURE DANS L'IMAGE
Les
journées liégeoises ouvrent un second volet de
réflexions sur
l'hétérogénéité
du visuel, consacré cette année aux syncrétismes.
Dans
l'extension la plus large, on entend par syncrétisme
toute combinaison,
au sein d'un ensemble relativement homogène,
de grandeurs appartenant à
au moins deux ordres distincts.
Préciser la notion de syncrétisme et
circonscrire
son champ d'application revient d'abord à déterminer ce
que
peuvent être ces "ordres". Dans le
dictionnaire de Greimas et Courtès,
deux acceptions sont
distinguées de ce fait. Dans une première
acception
(dérivée de Hjelmslev), la détermination
des ordres est purement
analytique, de sorte que toute grandeur
ayant plusieurs fonctions
sémiotiques (par exemple Ève
représente les fonctions "sujet" et
"destinateur"
dans Ève donne une pomme à Adam) est le produit
d'un
syncrétisme. Selon une seconde acception, les ordres
indiquent des
sémiotiques différentes tant dans
leurs formes que dans leurs
substances, tels l'opéra ou le
cinéma, où les sons se mêlent aux images
et
aux actions jusqu'au Gesammtkunstwerk wagnérien ; dans ce cas,
les
ordres relèvent, préalablement à
l'analyse, d'une distinction
sensorielle. Partagée entre
ces deux acceptions, la notion de
syncrétisme fait le grand
écart. Il y aurait toutefois à considérer
également,
à l'entre-deux de ces acceptions, des syncrétismes
énonciatifs
au sein d'un même ordre sensoriel.
Quand des systèmes
sémiotiques spécifiques (comme le scriptural
et
l'iconique) se manifestent dans une même substance ou sur
un support
matériel unique, leurs productions sont
relativement séparées. Texte et
image peuvent
co-habiter dans un livre, ils n'en occupent pas moins des
plages
réservées. Mais il arrive aussi que, dans le livre ou
sur la
toile, mots et images soient plus intimement liés et
que l'unité
immédiate de leur appréhension
soit faite de cette relation. Ainsi
Michel Butor relevait-il, dans
Les mots dans la peinture, la présence de
mots, d'écrits,
de légendes, au sein même des tableaux, et ceci
depuis
la peinture médiévale. L'hybridité des
affiches publicitaires et
électorales ne serait alors
qu'une manière de renouer avec des recettes
de l'art ancien
car, tout en faisant circuler le langage soit autour,
soit à
l'intérieur du dispositif de représentation, elles se
prêtent à
un parcours de lecture unique. Et la bande
dessinée, comme discours
syncrétique constitué
en genre à part entière en Occident, recourt
également
à un procédé ancien : on peut faire remonter le
phylactère au
rouleau manuscrit qui se déroulait
devant les lèvres de Gabriel dans les
premières
Annonciations. Entre diachronie et synchronie, entre
superposition
et juxtaposition des systèmes, se déterminent
ainsi
l'extensibilité des syncrétismes énonciatifs
et, de manière
sous-jacente, l'hétérogénéité
des discours visuels.
N'y a-t-il pas moyen, cependant, de
pousser plus avant le point
d'indiscernabilité entre texte
et image ? Les artistes du XXe siècle ont
marqué
leur intérêt pour les écritures idiosyncratiques
et les
pseudo-écritures. Dans les oeuvres de Michaux, de
Miró, de Réquichot ou
de Twombly, est-ce encore sous
la forme du syncrétisme que s'affrontent
les ordres de
l'écriture et de l'image ? Sans vouloir discuter dans le
cadre
de la présente rencontre les écritures comme images
(tels les
calligrammes et les graffitis), il nous paraît
néanmoins nécessaire de
poser la question de la
spécificité sémiotique des écritures et
des
images jusque dans la perte de leur référentiel
respectif -le verbal et
le figuratif. Comment relever les
syncrétismes dans l'abstraction, dans
l'art conceptuel,
dans l'art brut, dans le pop art ? Nos journées
liégeoises
se posent comme objectif d'interroger l'inclusion de
l'écriture
dans l'image plutôt que leur juxtaposition,
inaugurant
peut-être par là même une nouvelle
approche de la notion de syncrétisme.
Sémir
Badir, Herman Parret, Nathalie Roelens
Université de
Liège, Faculté de Philosophie et Lettres
8, place du
XX août, Liège
jeudi 28 avril 2004
Salle
A4/S/50
14h Herman Parret (Leuven)
Présentation
Président
de séance : Herman Parret (Leuven)
14h30 Jean-Marie
Klinkenberg (Liège)
Articulation du linguistique et de
l'iconique : le rôle de
l'indexicalité
15h30
Françoise Parouty (Limoges)
La circularité des modes
de représentation dans la construction
du sens
16h50
Jean Winand (Liège)
Écriture hiéroglyphique
et saisie iconique
vendredi 29 avril 2004
Salle Wittert
(A1/R/120)
Président de séance : Nathalie
Roelens (Antwerpen/Nijmegen)
9h30h Elisabetta Gigante
(Bologna)
Stratégie d'intégration de l'écriture
dans la peinture à l'âge
de la représentation
10h30
Francis Edeline (Liège)
Le monogramme et le conflit des
codes
11h45 Tiziana Migliore (Bologna)
Stratégies
d'écriture et de prononciation d'une langue visuelle.
Les
miroglyphes du "miró"
Président de
séance : Sémir Badir (Liège)
14h45 Hugues de
Chanay (Lyon)
Lire, ou voir et redire: du syncrétisme de la
lecture à
l'empathie somatique chez F. Neaud
15h45
Giulia Maria Dondero (Bologna)
Quand l'écriture devient
texture de l'image
17h Marc Arabyan (Limoges)
La peinture
dans les
mots
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555