2004_04_22
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SdT volume 10, numero 2.

LES CITATIONS DU MOIS
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You shall know a word by the company it keeps
(J.R. Firth)
Avant l'apparition du ciel et de la terre,
il n'y avait pas de formes, mais cependant les
formes existaient ; après l'apparition du ciel
et de la terre, les formes existèrent, mais leur
dilatation et leur contraction constante, ou
leur resserrement et leur déploiement, les
placent au-delà de toute mesure".
Zhu Derun, apostille au Hundun Tu
(chaos primordial), 1349
(rouleau portatif, musée de Shanghai)
Les vues d'ensemble aujourd'hui à la mode
consistent à survoler tout le détail, puis à en
faire l'addition.
Friedrich Schlegel
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SOMMAIRE

1- Coordonnees
- Bienvenue a Claudio Paolucci, Stephanie Dupays, Ladhari
 Soumaya, Alexandru Mardale, Ecaterina Bulea et Cristian Bota.
- David Piotrowski et Yann Portugues changent d'adresse.
2- Carnet
- Programme du seminaire du CPST.
- Journee Litterature, philosophie et sciences du langage,
 mardi 11 mai, Nanterre.
- Humour : échantillons de traduction automatique Google.
- Pratique : virus, spams, hoax.
3- Publications
- Texto! : textes de F. Bader, A. Benel, F. Cossutta, J.-M.
 Fortis, P.-J. Laffitte, D. Mayaffre, F. Rastier, E. Brunet,
 M. Le Guern. Et archives de la revue Semiotiques.
4- Textes
- Troisieme partie d'un article critique de Cristian Bota et
 Ecaterina Bulea a paraitre dans les Cahiers Ferdinand de
 Saussure, et consacre a :
 Eugenio Coseriu, L'Homme et son langage, textes reunis par
 H. Dupuy-Engelhardt, J.-P. Durafour et F. Rastier.
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque "Approches Sémantiques du Document Numérique",
 La Rochelle, 22-25 Juin 2004.
- 10th International Conference on the History of the Language
 Sciences (ICHoLS X), 1er-5 sept. 2005, Urbana IL (USA).
- Colloque international Charles Bally, Paris, 24-26 juin 2004.
- Ecole d'ete "Constitution, transmission, circulation des
 savoirs relatifs au langage", Lyon, 30 aout - 3 sept. 2004.
- Journees d'etudes "L'ecriture dans l'image",
 Liege, 28-29 avril 2004.
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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BIENVENUE AUX NOUVEAUX ABONNÉS

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Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet
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{Robitaillié, 12/02/2004}
Séminaires du CPST - Toulouse
(Second semestre 2003/2004)
Le jeudi de 14h00 à 17h00
- 29 avril 2004 : Valérie Sanchou
Problème de représentation des syncrétismes : la solution multimédia
- 6 mai 2004 : Thierry Mézaille
Étude intertextuelle, à partir de corpus numérisés, du mot « comète »
chez Zola et Proust. Accès aux contextes pertinents, constitution d'une
molécule sémique
- 27 mai 2004 : François Provansal
Un exemple d'architecture de génération de textes
[La rédaction de SdT présente toutes ses excuses pour la diffusion
tardive de cette information, qui aurait dû paraître au numéro
précédent, et s'était malencontreusement égarée dans un dossier voisin.]
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{FR, 07/04/2004}
LITTERATURE, PHILOSOPHIE ET SCIENCES DU LANGAGE
Mardi 11 mai 2004
15 h 30 - Conférence d'Alain REY
Lexicologie et sémantique culturelle
16 h 30 - Conférence de Pierre MACHEREY
Le style comme forme de la pensée
18 h 30 - TABLE RONDE (S. Bouquet, T. Clerc, J.-J. Franckel,
J.-M. Maulpoix, J.-M. Salanskis)
Contenus et modalités de la pluridisciplinarité entre études
littéraires, philosophie et sciences du langage
Université Paris X Nanterre, Bâtiment L salle 212
Cette rencontre s'inscrit dans les séminaires communs de
« pluridisciplinarité duelle » Littérature et sciences du langage et
Philosophie et sciences du langage. Son but est de contribuer à tisser
les liens d'une « pluridisciplinarité plurielle ». Elle est ouverte aux
chercheurs et aux étudiants des trois disciplines (et d'autres
disciplines).
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{FR, 05/04/2004}
HUMOUR (VOLONTAIRE)
Lettre en français :
Après m'être promené un peu partout sur le  web de l'université, j'ai
trouvé beaucoup de documents disponibles pour les étudiants, mais pas
les tiens. Peut-être qu'en demandant à Caroline elle accepterait de les
y mettre (vu que c'est un envoi qui date de juillet dernier) ? (j'ai eu
ce problème aussi il y a deux mois avec un document qui n'avait pas été
mis sur le web, elle l'a fait de bonne grâce).
Attention toutefois : mets bien ton nom à l'intérieur du document,
d'autant plus que les extérieurs à l'université peuvent y avoir accès
(ce queje trouve anormal, mais c'est une réalité).
J'ai découvert que l'on pouvait grâce à Google faire des traductions
automatiques, je t'en fais profiter ci-après. À plus, et amitiés à
Geoffroy,
Hugues
en anglais Google retraduit en français :
Sylviane, après que j'à être marché peu partout sur l'enchaînement de
l'université, j'ait trouvé beaucoup de documents disponibles pour les
étudiants, mais ne pas les tenir.  Peut-être ce qui tandis que
l'exigence de Caroline il les accepterait pour mettre à elle (vu qu'elle
est un envoi qui va de nouveau à juillet passé) ? (j'ai eu ce problème
également il y a deux mois avec un document qui n'avait pas été mis sur
l'enchaînement, il l'a fait volontairement).
Attention cependant : mettez votre nom à l'intérieur du document bien,
plus particulièrement car les outsides au bidon y d'université ont accès
(ce que je trouve anormal, mais c'est une réalité). J'ai découvert qu'on
pourrait grâce à Google faire des traductions automatiques, je t'en fais
le bénéfice ci-après.  Avec plus, et des  amitiés avec Geoffroy, Hugues
en allemand Google retraduit en français :
Des Sylviane après moi sur le réseau de l'université marchent peu
partout être allés moi ont beaucoup de documents disponibles pour les
étudiants, pas trouvés ne pas les tenir toutefois. Peut-être qu'en elle
demanderait à des Caroline lui accepterait de lui le placer là
(puisqu'un envoi qui date de dernier juillet est)? * (je avoir ce
problème aussi avoir il y a deux mois avec un un document, qui pas sur
le le réseau placer, faire il von bon Grazie).
Considération toutefois : tes noms dans le document, plus que les
extérieurs dans l'université accès  déplacé avoir bien ainsi peut (ce
que je trouve anormalement, mais c'est une réalité). J'ai découvert
qu'on pouvait faire des traductions automatiques grâce à des Google, je
laisse t'en profiter par la suite. À plus et à des amitiés à des
Geoffroy, Hugues
autre version française, issue de l'anglais, de l'allemand, de
l'espagnol et du portugais:
Peu de après que je de Sylviane pendant tout le long de marché de celui
de celui du filet de celui à une université fasse l'cIdo un avait trouvé
des étudiants de de en date de les disponibles des originaux de beaucoup
de cela d'être I, eux de mais une attention ne pas donner. Là à
l'endroit de des paragraphes de la faveur de celle pour de l'accepterait
là de Caroline de celui pour de cela du peut-être (la transmission
est-elle de celle d'elle, comme de la lance du ceci fait le mois dernier
de juillet) ? (problème d'aussi de eu de moi l'ai de moi lui fais
l'original que j'ai eu de AVEC un de moi le fais des mois des deux de
celui pour de l'est, le filet, il de celui dans celui du grade du été un
de moi l'ai eu de le cet bon de de Grazie de moi ne l'a pas fait).
Obstante de Atenção pas : à l'intérieur de des noms du son il fait
combien les originaux de d'une telle manière de celle de de
l'écoulement, entré de celui de celui de l'université de celle dans l'un
des extérieurs de de cela du visa des endroits de plus ayant d'eux bidon
de lui (les personnes anormales des résultats de de Queixa-Se de ceci,
réalité de sont de mais). Le dû d'automatique de faire les traductions
de pourrait il de cela d'avril de I un Google, je t'en la gauche de moi
I de l'avantage du non suivant un. Dans Geoffroy des amitiés de celle
dedans de plus et de celle po, Hugues
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{FR, 05/04/2004, et BP, 20/04/2004}
PRATIQUE
Certains gestes sont essentiels pour se protéger efficacement.
1) En ce qui concerne les VIRUS :
Il est essentiel de combiner plusieurs méthodes pour se protéger :
- Doter votre poste de travail d'un anti-virus : mais attention !
l'anti-virus que vous avez installé doit être mis à jour régulièrement
sinon il ne pourra pas reconnaître les derniers virus en date.
- La vigilance : vous êtes votre meilleur anti-virus !
Méfiez-vous systématiquement de tout message qui vous est adressé par un
inconnu, ou destiné à une adresse ou à une liste qui vous sont
inconnues.  Attention également aux mails rédigés en anglais, sauf bien
sûr si vous avez l'habitude d'en recevoir dans votre activité.
Il est souvent possible de détecter un élément suspect dans l'en-tête.
- Les pièces jointes :
Attention à l'outil de messagerie que vous utilisez ! Certains, pour
"faciliter" la vie des utilisateurs, ouvrent automatiquement les pièces
jointes. C'est extrêmement dangereux, car la pièce jointe peut être
infectée. Certains outils de messagerie masquent également l'extension
des pièces qui  sont jointes au mail. Il faut, dans tous les cas,
configurer votre outil de messagerie de manière à ce qu'il n'agisse plus
automatiquement et à ce qu'il fasse apparaître les extensions. En effet,
c'est souvent grâce à l'extension de la pièce jointe que vous pourrez
savoir s'il s'agit d'un virus :
Exemples de pièces jointes infectées :
- id2546846.zip
- document.txt.scr
- message.scr
- your_archive.pif
- message_info.exe
Voici la liste des extensions dont nous vous recommandons de vous
méfier :
.bat / .com / .exe / .pif / .vb / .lnk / .scr / .reg / .chm / .wsh /
.js / .nf / .shs / .job / .ini / .shb / .scp / .scf / .wsc / .sct / .dll
et, de manière moins systématique, les extensions en .zip (cette
extension fait référence aux fichiers compressés en archives : elle
n'est pas à associer de manière automatique à des virus, mais il faut
malgré tout faire attention à qui vous l'a envoyée !)
Encore une fois : n'ouvrez pas automatiquement les pièces jointes, mais
soyez vigilant et vérifiez bien l'extension avant !
2) En ce qui concerne les SPAMS :
Il s'agit de courriers indésirables, notamment publicitaires. Ils
peuvent également contenir des virus.
Dès que vous recevez un mail dont le sujet est en anglais (sauf si vous
avez l'habitude d'en recevoir pour des raisons professionnelles ou
personnelles), ou incompréhensible, détruisez-le.
Des outils de messagerie comme Mozilla ont des fonctionnalités bien
pratiques pour minimiser les risques de spams : chaque fois que vous en
recevez un, vous le "marquez" comme spam, et le logiciel les écarte.
(NDLR : méfiance cependant pour ce genre de filtrage "aveugle" - par
exemple il arrive qu'un numéro de SdT soit éliminé par un filtre
anti-spam, alors que l'abonné n'avait sans doute rien voulu de tel).
3) En ce qui concerne les HOAX :
Un hoax est une fausse rumeur, qu'il faut éviter de propager. Pour en
savoir plus ou en cas de doute, vous pouvez visiter le site :
http://www.hoaxkiller.com/ ou
http://www.hoaxbuster.com/
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Kyheng, 03/03/2004 et FR, 05/04/2004}
TEXTO!
De Carine Duteil (Ater, Toulouse)  : Plus de 15.000 visites par mois...
Félicitations à toute l'équipe de Texto !!!! NDLR : Au mois de mars le
nombre de visites s'est élevé à :  19.000 (venant de 13.000 sites
différents) ;  volume téléchargé : 3 GB
Les nouveautés de la dernière mise à jour (mars 2004)
http://www.revue-texto.net
* Dans la rubrique DITS ET INEDITS :
Bader, Françoise
Une anamnèse littéraire d'Emile Benveniste (Article publié dans Incontri
Linguistici n° 22, 1999, pp. 11-55).
L'analyse de F. Bader s'appuie sur le texte de Benveniste, Eau virile
(reproduit en annexe).
Bénel, Aurélien
Consultation assistée par ordinateur de la documentation en Sciences
Humaines : Considérations épistémologiques, solutions opératoires et
applications à l'archéologie (Thèse, 2003)
Puisque le corpus se structure de pair avec le savoir de l'expert au fil
de ses changements de problématique et de point de vue, l'auteur propose
un atelier de manipulation de corpus documentaires afin d'assister un
travail humain de construction de sens.
Cossutta, Frédéric
Neutralisation du point de vue et stratégies argumentatives dans le
discours philosophique (2004)
Comment les philosophies résolvent-elles les paradoxes ou les risques de
tension entre la visée universalisante qui suppose une objectivation du
propos, une affirmation de position, et les exigences contextuelles qui
supposent de prendre en considération la multiplicité des positions, la
diversité des points de vue ?
Fortis, Jean-Michel
La réalité cérébrale des catégories sémantiques (2000)
L'organisation de la mémoire sémantique subit-elle l'influence des
processus perceptifs ?
Laffitte, Pierre Johan
La disposition au sens d'une anecdote rabelaisienne (Quart Livre,
lXVII) : Maistre François Villon, ou la construction díune auctoritas
par le jeu des voix (2000)
Comment Rabelais construit-il l'image de l'auctoritas à laquelle il
rattache son Livre et qui se manifeste à travers différentes situations
liées au contexte par des jeux de voix, et comment ces voix
prennent-elles en charge l'énonciation des différents discours ?
Mayaffre, Damon :
L'herméneutique numérique (2002)
Une réflexion sur les apports épistémologiques réels, objectivement
constatés, de l'ordinateur pour les différentes sciences humaines dans
leur rapport fondamental aux textes. Un bilan critique et pragmatique du
point de vue de l'historien qui, comme le littéraire, se nourrit de
corpus textuels, et dont la pratique quotidienne, l'herméneutique, se
trouve revisitée par la révolution numérique.
Rastier, François
Deniers et Veau d'or : des fétiches à l'idole (2003)
Un petit essai qui entend exercer une fonction critique à l'égard des
assimilations ou comparaisons entre monnaie et signe linguistique, dont
la plus illustre est attribuée à Saussure.

* Et last but not least, en bonnes feuilles de la prochaine
mise à jour :
Brunet, Etienne
Où l'on mesure la distance entre les distances
Peut-on attribuer attribuer un texte à un auteur sur la base de
distances lexicales ? Corneille et Molière défient-ils la lexicométrie ?
http://www.revue-texto.net/Inedits/Brunet/Brunet_Distance.html
En voici l'incipit :
L'exposé qui va suivre reprend et prolonge le thème d'une conférence
prononcée en avril à la Sorbonne dans le cadre d'un cycle intitulé, non
sans humour, "Tous ceux qui comptent". Un journaliste, qui se trouvait
dans la salle, s'est fait l'écho, plus sonore que fidèle, des propos que
j'ai cru devoir tenir dans l'affaire Corneille-Molière qui s'étalait
alors sur la place publique et où mon nom avait été imprudemment cité.
L'article paru le 11 avril 2003 dans l'hebdomadaire Le Point passait
sous silence les longs développements que j'avais consacrés à la méthode
prônée par Dominique Labbé, pour n'en retenir que la conclusion,
laquelle contestait l'interprétation donnée aux faits observés, mais non
pas leur mesure. L'affaire s'est envenimée dans les médias et sur
Internet, au point que le modérateur du Forum spécialisé LITOR a dû
suspendre un débat que la suspicion, la violence et la mauvaise foi
avaient dénaturé. Si pour la première fois nous confions à la
publication plutôt qu'au silence notre idée sur cette affaire, longtemps
après avoir été mis en cause, c'est pour garder et défendre la mesure,
pour empêcher qu'on ne profite de cet échec pour condamner sans appel la
lexicométrie, et même pour défendre Labbé et son oeuvre contre ses
propres excès.

* Dans la rubrique ARCHIVES :
Une nouvelle sous-rubrique dans nos Archives !
Vous trouverez parmi nos Trésors les rééditions électroniques en
fac-similé de certains livres rares et épuisés.
Le Guern, Michel, Sémantique de la métaphore et de la métonymie. Paris :
Librairie Larousse, 1973. Collection Langue et Langage. 126 p.
Rastier, François (éd.), Textes et sens. Paris : Didier Érudition, 1996.
275 p.
Sémiotiques, Paris : Didier Érudition.
Revue bi-annuelle publiée par le C.N.R.S. et l'INaLF (parutions de 1991
à 2000).
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 05/04/2004}
TEXTE Inédit
Bonnes feuilles (troisième partie) d'un article critique de Cristian
Bota et Ecaterina Bulea
à paraître dans les Cahiers Ferdinand de Saussure, et consacré à :
Eugenio Coseriu, L'Homme et son langage, textes réunis par Hiltrud
Dupuy-Engelhardt, Jean-Pierre Durafour et François Rastier, Editions
Peeters, Louvain, 'Bibliothèque de l'information grammaticale', no. 46,
2001, 486 p.
Aspects centraux de la démarche cosérienne
1. Le langage comme activité créatrice. Les trois plans du langage
"Concevoir le langage comme enérgeia signifie, par conséquent, le
considérer comme activité créatrice sous toutes ses formes." (p. 20)
Le noyau de la théorie cosérienne est la définition du langage, dans son
essence, comme activité créatrice. Si, à première vue, cette thèse
semble concentrer simplement l'évidence, aisément concevable, du
caractère productif du langage, du caractère toujours neuf et
radicalement singulier de toute production verbale, ses racines
philosophiques profondes et ses conséquences sur une théorie
linguistique sont, quant à elles, moins aisées à saisir ou, parfois, à
admettre. Cette définition-argument n'est guère accidentelle ni
arbitraire, et c'est précisément en l'exploitant dans ses profondeurs
conceptuelles et historiques que Coseriu dénonce l'erreur la plus
regrettable de toute une série de théories et philosophies du langage :
celle de l'avoir réduit à la simple expression d'une autre faculté qui
la précéderait (la pensée rationnelle ou l'entendement), ou encore à une
activité "parmi d'autres". Au moins deux interprétations unilatérales
sont ainsi dénoncées et évitées : d'une part, la conception selon
laquelle l'essence du langage ne résiderait que dans l'expression
subjective, et, d'autre part, la conception qui fait de la seule
communication pratique l'essence même du langage.
Déceler la valeur du syntagme "activité créatrice" chez Coseriu afin de
montrer pourquoi nous considérons qu'il est, en effet, le noyau de sa
théorie n'est possible qu'au prix d'un double mouvement, qui se dégage
d'ailleurs assez facilement à la lecture de l'étude 1/ du volume. D'un
côté, évoquer son ancrage philosophique aristotélicien et humboldtien,
explicitement déclaré, de l'autre côté, montrer que la cohérence interne
de toute l'oeuvre de Coseriu résulte en grande partie de la rigueur qui
lui fait ne jamais s'écarter de ce postulat fondamental, à aucun des
niveaux de description et d'analyse du langage.
En réinvestissant l'idée humboldtienne selon laquelle le langage, dans
son essence, n'est pas une oeuvre ou un produit statique (ergon) mais
une activité (enérgeia), Coseriu souligne, à juste titre, les fondements
aristotéliciens de la pensée de Humboldt. Il récuse l'interprétation de
cette thèse comme affirmation du "caractère vivant" du langage, de même
que l'association exclusive de l'enérgeia uniquement à ce que Saussure
appellera plus tard "parole". Si Humboldt rajoute lui-même les termes
grecs à côté des termes allemands Werk et Tätigkeit, c'est, selon
Coseriu, pour souligner que ces termes sont utilisés dans leur sens
philosophique. Ainsi, chez Aristote, enérgeia n'est pas une quelconque
activité, mais "l'activité libre", infinie, antérieure à sa propre
puissance (dynamis ; Cf. Aristote, Métaphysique) pouvant aller au-delà
de sa propre dynamis. Fidèle aux thèses aristotéliciennes, Coseriu
définit la créativité comme "productivité à double sens : productivité
par rapport aux 'objets' produits et productivité par rapport aux
procédés de production" (p. 414). C'est donc dans un sens philosophique
et profondément dialectique qu'il faut entendre la notion d'activité
créatrice : être et devenir de l'être sont indissociables.
Si le "retour" à Aristote pose les bases philosophiques de la conception
de l'activité créatrice, si le "retour" à Humboldt est fondamental dans
l'association de cette conception de l'activité au langage, le pas
supplémentaire de Coseriu consiste dans l'explicitation du caractère
actif-créatif du langage sous toutes ses formes (langage en général,
toute langue et toute parole ou acte de parole), ainsi que dans le
réinvestissement théorique de la notion aristotélicienne de dynamis.
Dans ce sens, l'enérgeia  langagière, l'activité créatrice spécifique au
langage, consiste un en dépassement perpétuel de sa dynamis.
Les implications épistémologiques et méthodologiques de cette
caractérisation du langage sont multiples. Nous n'en dégagerons que
cinq :
- Le caractère créatif du langage comme activité humaine libre fait de
ce dernier une activité de connaissance infinie, une activité
"d'appréhension de l'être" dont l'objet (la signification) est tout
aussi infini.
- Ce qui distingue le langage d'autres formes d'expression est le fait
qu'il existe en tant qu'activité de "parler-à-un-autre" (p. 15),
activité intersubjective d'appréhension de l'être, "manifestation
primaire de la socialité" (id., p. 29). Le langage est, dans son
essence, activité-créatrice-dialogique, et c'est dans cette essence même
que Coseriu puise les universaux du langage : créativité, sémanticité,
altérité, historicité, matérialité (cf. 3/).
- Les langues, comme techniques historiquement déterminées, ne sont
jamais des produits statiques. "Une langue est un système de production
qui, à chaque moment, n'est qu'en partie réalisé historiquement dans des
produits linguistiques" (p. 21). Le caractère non-fondé de toute
ambition de description exhaustive d'une langue devient dès lors
évident ; décrire une langue c'est décrire "un système pour créer" et
non pas un produit.
- "Le changement linguistique n'existe pas" (cf. 15/). Plus exactement,
il n'existe pas en tant que "changement" d'un produit, mais il est
production perpétuelle de la langue, "'naissance' du langage et, par là,
construction historique des langues" (id., p. 428).
- L'approche causale est inappropriée pour l'interprétation des faits
linguistiques : "La causalité, au sens propre du terme, est, dans ce
contexte, une notion fallacieuse, parce que le changement linguistique
ne peut avoir de 'causes'. (...) Par contre, la finalité est bien à sa
place ici, étant donné que la motivation du changement linguistique,
est, en fait, de nature 'finaliste'" (ibid.).
Les formes du langage que nous avons évoquées plus haut (langage,
langue, parole) se retrouvent distinguées à plusieurs reprises dans les
textes réunis dans ce volume (études 1/,2/,6/,15/). Cette trichotomie ne
doit pas être confondue avec les interprétations banales de la
trichotomie saussurienne ; elle a en effet une fonction bien précise
dans la réflexion cosérienne, celle de la manifestation de ce que
Coseriu appelle "les trois plans du langage" (cf. 6/, p. 144) :
universel, historique et individuel. L'importance de cette tripartition
en tant que plans ou niveaux du langage réside dans le fait qu'aucun des
trois n'est exclu de la linguistique. Mieux et davantage encore, le
langage en tant qu'activité de parler est étudié / à étudier à chaque
niveau d'un triple point de vue, ce triple point de vue reprenant la
distinction aristotélicienne enérgeia / dynamis / ergon. Etudier le
langage en tant qu'enérgeia signifie s'intéresser, au plan universel, à
l'activité de parler en général, au plan historique à la manifestation
concrète des langues et au plan individuel à l'activité discursive du
sujet. En tant que dynamis le langage se manifeste comme savoir (esp.
saber), comme compétence linguistique (cf. infra 3.2), qui se décline à
son tour en compétence (savoir) élocutoire au plan universel, compétence
(savoir) idiomatique au plan historique et compétence expressive (savoir
expressif) au plan individuel. Enfin, quant à l'activité de parler en
tant que ergon, il n'y a pas un plan universel à proprement parler (ou
ce serait la totalité des manifestations langagières concrètes de
l'humanité), au plan historique elle s'identifie avec la langue (mais
plutôt la langue "abstraite") et au plan individuel le produit est
constitué par le texte singulier.
La remarque qui s'impose ici et que Coseriu ne manque pas de rappeler,
concerne justement le statut méthodologique et heuristique de ces
tripartitions, notamment des trois points de vue : tout comme la langue
ne peut, en réalité, jamais être séparée de l'activité de parler (cf.
1/, p. 17), tout comme la dichotomie saussurienne langue - parole n'est
pas "réelle" mais méthodologique (cf. 2/, p. 31), de même les trois
points de vue enérgeia, dynamis, ergon ne sont que trois manières de
considérer un seul et même objet et non pas trois réalités différentes.
2. Savoir, technique, compétence
"...le langage ne fonctionne pas pour les linguistes et grâce aux
linguistes, mais bien pour les locuteurs et grâce aux locuteurs."
(cf. 1/, p. 17)
Le recueil (du moins le premier volume) [note 1] ne contient aucun texte
consacré explicitement à la compétence linguistique. Mais, en même
temps, dans la Préface, J.-P. Durafour considère qu'une des raisons pour
lesquelles la parution de cet ouvrage en français devrait se révéler
opportune, est précisément qu'en France "les études 'réalistes' de la
formation des sens propositionnels et lexical et de la compétence
langagière occupent, enfin, à l'aube du troisième millénaire, la place
théorique primordiale, organique, qui leur revient" (p. 5). En vérité,
la compétence est bien présente tout au long de l'ouvrage, mais souvent
sous deux autres signifiants : le savoir, la technique ou encore le
savoir technique. Il pourrait difficilement en être autrement pour la
simple raison que, pour Coseriu, la compétence linguistique (bien
qu'appelée ainsi tardivement) est l'objet de sa science du langage.
Ainsi, relativement au plan universel, Coseriu affirme en 1955 déjà que
"l'objet proprement dit de la 'grammaire de l'activité de parler' (...)
est donc la technique générale de cette activité" (cf. 2/, p. 38).
En regard de ce nous avons présenté jusqu'ici, on devine facilement que
l'objet de la linguistique peut être conçu comme la construction
théorique du linguiste consistant à saisir le langage du point de vue de
la dynamis. Néanmoins, s'il est bien légitime de définir théoriquement
l'objet compétence de cette manière, pour Coseriu cela n'est pas le
résultat du choix aléatoire d'un point de vue parmi les trois possibles
(enérgeia, dynamis, ergon). La justification première de l'adoption de
ce point de vue tient au fait que c'est bien une technique, le
savoir-parler intuitif, que tout être humain fait fonctionner lors d'une
production verbale. Le langage ne fonctionne que grâce aux sujets
parlants, en tant que technique du sujet au travers de laquelle il crée
et se crée en même temps, en établissant simultanément des rapports
sujet - objet et sujet - sujet. L'être humain acquiert et ne cesse de
transformer cette technique, qui, dans son fonctionnement effectif,
mobilise en tant que dynamis les trois plans du langage simultanément.
En rapport avec le plan universel du langage, la technique de l'activité
de parler consiste en un savoir élocutoire, qui est la connaissance
générale "des choses" et des normes logiques de cohérence, quelle que
soit la langue dans laquelle on s'exprime. La situation de la compétence
élocutoire au plan universel, indépendamment d'une langue donnée, ne
signifie en aucun cas prééminence génétique du logique par rapport au
linguistique, mais conformité fonctionnelle de l'expression aux normes
universelles de toute pensée. Ce n'est pas une compétence avant la
langue, mais une compétence "au-delà" des normes d'une langue, qui nous
permet de juger un énoncé en termes de "congruence / incongruence"
logique [note 2].
En rapport avec le plan historique qu'est toute langue, les locuteurs
possèdent et manifestent une compétence idiomatique, définie comme
"savoir-parler conformément à la tradition d'une certaine communauté"
(cf. 2/, p. 34). C'est peut-être le niveau d'analyse où la filiation
Humboldt - Saussure - Coseriu est la plus facile à saisir car pour ce
dernier une langue est à la fois produit historique et instrument de
pensée linguistique. La compétence idiomatique concerne le système de la
langue en tant qu'ensemble d'éléments et d'agencements d'éléments de
discours possibles, système de virtualités qui se réalisent
progressivement dans le temps, au cours de l'histoire. La compétence
idiomatique est le savoir-réaliser des possibles d'une langue, et la
conformité du parler effectif avec la technique historiquement
construite qu'est une langue est évaluée en termes de "correct /
incorrect".
Le plan individuel du point de vue de la dynamis est la compétence
expressive (textuelle - discursive) en tant que savoir agir
linguistiquement de l'individu, lors de la construction de textes /
discours dans une circonstance donnée. Le jugement de conformité de
l'acte de parler à ce niveau est un jugement d'"adéquation /
inadéquation".
De manière générale, la compétence comme objet de la linguistique est
donc le savoir intuitif du locuteur qui, même s'il peut être étudié
séparément dans chacun des trois plans, se manifeste, en réalité, dans
les trois plans simultanément. La définition de la compétence et les
études qui y sont consacrées exhibent et confirment de la manière la
plus "visible" ce que Coseriu appelle adéquation de la science à son
objet. Les trois types de compétences comme savoirs intuitifs sont des
techniques attestables chez tout locuteur (qui fonctionnent en dehors de
toute linguistique), en tant que potentialités illimitées en vue de
l'acte. La linguistique cosérienne est une "science des possibles
langagiers", amenés à être toujours dépassés, transformés, (re)créés
dans et par l'acte ou l'activité de parler elle-même.
3. Une linguistique de l'activité de parler
"L'historicité de l'activité de parler ne doit pas nous faire oublier
son universalité." (cf. 2/, p. 36)
Comme nous l'avons mentionné, dans "Détermination et entours", la
linguistique de la parole prend un sens radicalement différent de celui
de Saussure, dans le cadre du projet plus vaste de réorganisation de la
linguistique selon la conception unitaire de l'essence du langage en
tant que "activité créatrice". Les plans de définition (universel,
historique, particulier) et les points de vue (enérgeia, dynamis, ergon)
permettent l'orientation homogène de la discipline. C'est seulement sur
cet arrière-fond que l'on pourra comprendre la légitimité et la portée
d'une certaine linguistique de la parole, qu'il convient de nommer, eu
égard aux distinctions posées, "linguistique de l'activité de parler".
Une fois posé le constat que "toute la linguistique a toujours été
linguistique de l'activité de parler et [...] à proprement parler il
n'en existe pas d'autre" (p. 35)[note 3], il est pleinement justifié de
poser la nécessité d'une linguistique de l'activité de parler au sens
strict (au niveau universel, sans détermination historique) au même rang
que la linguistique de l'activité de parler au niveau historique
(linguistique des langues) et celle de l'activité de parler au niveau
particulier (linguistique des textes).
Insistons sur le fait que le syntagme "activité de parler au niveau
universel, sans détermination historique" (indépendamment d'une langue)
ne réfère pas à l'activité de parler qui serait réellement indépendante
d'une langue, mais, au contraire, dénomme le concept d'"activité de
parler" conçu dans le plan universel. L'activité de parler est bien, en
réalité et toujours, "une activité universelle exercée par des individus
particuliers, mais qui sont en même temps membres de telle ou telle
communauté historique" (p. 34). Cependant, étudier cette activité de
parler au plan universel implique nécessairement que l'on ne confonde
pas celui-ci avec le plan historique ou le plan particulier. C'est ce
qui ressort plus clairement lorsque Coseriu définit deux types de
linguistique de l'activité de parler au plan universel : une
linguistique théorique et une linguistique descriptive, ou "authentique
grammaire de l'activité de parler" (p. 38).
En ce qui concerne le premier type, Coseriu insiste sur la distinction
entre les problèmes langagiers que "posent, au plan historique, les
langues (...) et les problèmes que pose, au plan universel, l'activité
de parler" (p. 36). Ainsi, par exemple, les catégories verbales (parties
du discours) ne sont pas "des classes lexicales appartenant aux langues,
elles sont des modalités de signification propres à l'activité de
parler, et, de ce fait, elles sont universelles (bien qu'elles ne soient
pas historiquement générales)" (p. 37). On ne peut pas définir le
"substantif en anglais" ; on ne peut que constater si une catégorie se
présente ou non dans telle ou telle langue et ensuite déterminer quelles
sont ses "modalités formelles d'expression".
Pour ce qui est du deuxième type, cette grammaire est indispensable pour
l'interprétation de faits de 'langue' : par exemple, du point de vue
diachronique, les innovations dans l'activité de parler peuvent devenir,
à leur tour, faits de langue. Mais elle est aussi indispensable dans
l'analyse des textes, qui "ne peut se faire avec exactitude sans une
connaissance de la technique de l'activité de parler" (p. 38). Cette
dernière ouvre la possibilité du dépassement perpétuel de la langue :
"l'activité de parler ne se limite pas à mettre en oeuvre une langue,
mais elle la dépasse (...) ; à chaque moment, ce qui est effectivement
dit est moins que ce qui est exprimé et ce qui est compris" (p. 54).
Cette possibilité d'aller au-delà du 'dit' et de la langue est fondée
par les entours (ce que l'on appelle généralement contextes), qu'il
convient d'étudier en tant que parties intégrantes de l'activité de
parler dans le plan universel.
L'activité de parler n'est donc pas une simple "réalisation" de la
langue, mais elle est plus complexe que celle-ci, car l'activité de
parler "utilise aussi les circonstances de sa propre manifestation"
(p. 39). Dans ce sens, les entours extra-verbaux deviennent les
instruments non verbaux de la détermination, définie comme "dire quelque
chose au sujet de quelque chose au moyen des signes de la langue"
(ibid.). Leur fonction est double : ils permettent simultanément
l'actualisation des signes de la langue aussi bien que l'orientation
précise du sens du discours.
La finalité proprement dite de l'activité de parler -indépendamment des
finalités occasionnelles des sujets parlants- est l'actualisation d'un
potentiel significatif, l'objectivation d'un contenu de la conscience,
et non pas simple "énonciation" et "référence" à des objets ou des
"états de choses". La relation ne s'établit pas depuis la réalité vers
un signe correspondant, mais dans le sens contraire : "la constatation
de l'existence physique des choses est une opération qui va du langage
aux choses, et non pas inversement. (...) De cette façon nous
constatons, par exemple, que, dans le monde, il y a des arbres, des
rivières, des animaux ; mais que ce soit précisément des 'arbres', des
'rivières', des 'animaux', c'est quelque chose qui a dû être reconnu et
délimité au préalable dans et par le langage " (cf. 1/, p. 25). La
fonction de désignation -l'orientation d'un signe vers une réalité
extra-linguistique- est réalisée dans l'activité de parler, mais elle
demeure fondamentalement une possibilité ouverte par la sémanticité.
Coseriu a de la sorte établi un registre d'entours qui demeure jusqu'à
aujourd'hui le plus systématique et le plus complet ; ces entours sont
organisés en quatre grands groupes, situation, région, contexte et
univers de discours, qui sont à leur tour déclinés en de nombreux
sous-groupes.
Les autres types d'"instruments" de l'activité de parler sont proprement
linguistiques et appartiennent aussi à l'ensemble d'opérations de nature
sémantique qui constituent la détermination : l'actualisation, la
discrimination, la délimitation et l'identification. Les instruments
linguistiques correspondants (actualisateurs, discriminateurs,
délimitateurs, identificateurs), en tant qu'unités linguistiques, ne
réalisent pas en eux-mêmes la détermination mais la manifestent
matériellement (cf. pp. 40-41 pour la distinction entre forme et
fonction). Même si Coseriu ne traite dans "Détermination et entours" que
de la détermination nominale, cet article pose les principes
épistémologiques et méthodologiques qui valent pour l'étude de toutes
les opérations qui permettent la transformation du savoir en activité.
4. La fonction significative
Nous nous permettons enfin de souligner l'importance du concept de
fonction significative, qui non seulement condense la spécificité et
l'autonomie du langage mais inscrit la linguistique, en toute certitude,
sur la carte des sciences de la culture : "La création de signifiés est
un acte de connaissance et le fait d'attacher des signifiés à tels ou
tels signifiants, c'est-à-dire d'en faire des contenus de signe, est une
façon de les fixer et de les rendre objectifs ; par conséquent, on peut
dire que le langage en tant qu'enérgeia est, dans un seul et même acte,
connaissance et en même temps fixation et objectivation du connu."
(cf. 1/, p. 25).

Saluons, pour finir, l'excellent travail de traduction et de mise en
forme, qui aura duré quatre ans et qui est à la mesure de l'importance
de son contenu. Le volume comprend une bibliographie exhaustive des
travaux de Coseriu jusqu'en 2000 (titres originaux et leur traduction en
différents langues ; pp. 457-484), ainsi qu'un index très utile des
auteurs auxquels il est fait référence, des notions et des langues
citées.

Notes
[1] Le deuxième volume prévoit la publication de l'article "La
compétence linguistique. Qu'est-elle en vérité ?" Cf. pour plus de
détails Sprachkompetenz. Grundzüge der Theorie des Sprechens, Tübingen,
1983 ; traduction espagnole Competencia lingüística. Elementos de la
teoría del hablar, Madrid, 1992.
[2] L'incongruence de l'énoncé : "Les cinq continents sont les quatre
suivants : l'Europe, l'Asie et l'Afrique" est d'ordre logique et non pas
linguistique. (cf. 6/, p. 144).
[3] Dans ce sens, la "langue" est elle-même définie comme "'moment
historiquement objectif de l'activité de parler'" ; et "étudier la
langue, c'est étudier une dimension [fondamentale] de l'activité de
parler " (p. 34).
Cristian Bota
Ecaterina Bulea
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 05/04/2004}
COLLOQUE
Approches Sémantiques du Document Numérique
La Rochelle 22-25 Juin 2004
http://infodoc.unicaen.fr/cide/cide7/
La mise en avant du "sens" a longtemps été regardée avec beaucoup de
scepticisme au profit de traitements dits "de surface", s'attachant à
"la forme" par opposition au "contenu". Cette perception est en train de
changer. Des progrès significatifs ont été réalisés au cours des
dernières années, d'abord sur le document textuel (extraction
d'informations,'question answering', résumé automatique...), puis
relayés de plus en plus dans les autres médias (extraction d'information
et indexation de documents sonores et vidéo par le contenu, résumé
d'oeuvres...). Par ailleurs, les travaux déployés autour du thème du
"web sémantique" visent à décrire le contenu des documents ou ressources
de toutes sortes de manière à les rendre accessibles et interopérables.
Un autre point de vue, plus radical, serait de considérer que même les
traitements dits "de surface" ou "numériques" sont en fait, à y bien
regarder, sémantiques. Si le "sens" ne se réduit pas à "l'information",
produire de l'information, n'est-ce pas produire du sens ? Un
désambiguïseur utilisant une méthode statistique, même si la méthode ne
se réclame d'aucune théorie linguistique, résout bien une ambiguïté
sémantique lexicale. Un segmenteur thématique va repérer des récurrences
lexicales que d'autres appelleront isotopies. Un extracteur de
descripteurs thématiques produit bien ce sens minimal : "de quoi parle
ce document", etc.
Le but de CIDE.7 est alors de faire le point sur ces questions. Deux
aspects pourront être abordés :
- présentation et discussion d'expériences et avancées concernant les
  traitements sémantiques des documents numériques selon les différents
  médias (texte, vidéo, audio), ou leur mise en réseau (web sémantique);
- réflexion méthodologique pour asseoir une approche sémantique en
  ingénierie documentaire.

Thèmes abordés
- Applications : recherche d'information par le contenu, extraction
  d'information, navigation intradocumentaire, mise en hypertexte,
  analyse de documents artistiques ou littéraires, analyse de documents
  techniques...
- Constitution de ressources de description des documents : indexation,
  annotation, enrichissement... du document entier ou de segments,
  acquisition de terminologies ou d'ontologies, formalismes de
  représentation des descriptions ('rdf', 'topic maps'...),
  modélisation sémantique trans-modalités...
- Méthodes de traitement et d'exploitation : méthodes sémantiques ou
  sémiologiques spécifiques pour les différents types de documents
  (texte, image, vidéo, audio), collaboration entre méthodes symboliques
  et numériques, constitution et rôle des corpus, intégration de bases
  documentaires, 'web services'...
- Réflexion méthodologique :  sens et usages, rapports entre forme
  (inscription) et sens, parenté et différence entre les médias,
  collaboration pour certaines tâches...
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{FR, 05/04/2004}
COLLOQUE
10th International Conference on the History of the Language Sciences
Short Title : ICHoLS X
Date : 01-Sep-2005 - 05-Sep-2005
Location : Urbana IL, United States of America
Contact : Douglas Kibbee - Contact Email : dkibbee@uiuc.edu
Linguistic Sub-field : History of Linguistics
Call Deadline : 01-Oct-2004
Meeting Description :
A triennial conference on the history of the language sciences. This
conference invites individual and group proposals relating to the
history of grammatical thought from all traditions. Papers on all
aspects of the history of the language sciences are invited. Please
submit abstracts of no more than 300 words to the conference organizer
(address provided below).
The organizers are willing to entertain proposals for a full panel on
a particular topic.  Those proposing such a panel must provide full
abstracts for each paper.
We particularly encourage participation by scholars of non-Western
linguistic traditions.
DEADLINE FOR ABSTRACTS : OCTOBER 1, 2004
CONTACT : Douglas Kibbee
Department of French - University of Illinois
707 South Mathews Avenue - Urbana IL 61801  USA
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{FR, 05/04/2004}
COLLOQUE INTERNATIONAL CHARLES BALLY
organisé à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
Salle BOURJAC, 17 rue de la Sorbonne, Paris.
24-25-26 juin 2004
PROGRAMME
Jeudi 24 juin 04
9h30 : Ouverture du colloque, Bernard BOSREDON (Président de
l'Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
9h45 : Présentation du colloque - Jean-Louis CHISS (Université Paris 3
Sorbonne Nouvelle)
10h : Jean-Michel ADAM (Université de Lausanne)
"Style et stylistique : un mésusage littéraire des thèses de Bally"
10h45 : Pause
11h : Dominique COMBE (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"Le statut de la stylistique (entre rhétorique, linguistique et critique
littéraire)"
11h45 : Eric BORDAS (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"La métaphore selon Bally"
12h30-14h15 : Déjeuner
14h15 : Etienne KARABETIAN (Université de Nice Sophia-Antipolis)
"Bally, Saussure et la stylistique : contribution à l'épistémologie de
la stylistique"
15h : Georges-Elia SARFATI (Université Blaise Pascal - Clermont
Ferrand)
"La stylistique : de la phraséologie au sens commun"
15h45 : Pause
16h : Jérôme  MEIZOZ (Université de Lausanne)
"Bally et la contrainte sociale dans le langage"
16h45 : Claire FOREL (Université de  Genève)
"La linguistique sociologique de Bally et l'enseignement des langues
étrangères"
Vendredi 25 juin 04
9h30 : Jacques COURSIL (Université des Antilles et de la Guyane et
Cornell University)
"Signes et valeurs chez Saussure et Bally"
10h15 : Patrick DALHET (Université des Antilles et de la Guyane)
"Deux narrations de l'arbitrarité : les sujets parlants de Bally et de
Benveniste"
11h : Pause
11h15 : Sophie STATIUS (IUFM Besançon)
"Les anciens et les modernes : le rôle de la volonté dans l'oeuvre de
Charles Bally"
12h : Christian PUECH (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"Charles Bally et Victor Henry. Langage acquis/langage transmis. Les
enjeux d'un débat à la fin du XIXe siècle"
12h45-14h15 : Déjeuner
14h15 : Sylvie DURRER (Université de Lausanne)
"Bally et les questions de genre"
15h : André MEUNIER et Mary-Annick MOREL (Université Paris 3 -
Sorbonne Nouvelle)
"Enonciation et intonation. La phrase segmentée selon Bally"
15h45 : Pause
16h : Marie-Christine LALA (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"Points de vue croisés à la source d'une théorie polyphonique de
l'énonciation"
16h45 : Katia VELMEZOVA (Université de Lausanne)
"Charles Bally en Russie et en URSS : réception, interprétation,
critiques"
18h : COCKTAIL
Samedi 26 juin 04
9h30 : Dan SAVATOVSKY (IUFM  Créteil)
"Rhétorique, stylistique et enseignement du français"
10h15 : Jean-Paul BRONCKART (Université de Genève)
"Les conférences de Bally dans le contexte genevois de la crise des
années trente"
11h : Jean-Louis CHISS (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
"La crise du français comme idéologie linguistique"
11h45 : Conclusion du colloque
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{FR, 05/04/2004}
Ecole européenne d'été:
CONSTITUTION, TRANSMISSION, CIRCULATION DES SAVOIRS RELATIFS AU LANGAGE
Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines, Lyon
du 30 août au 3 septembre 2004
http://ecolethem.ens-lsh.fr/
contact : elisabeth.lazcano@linguist.jussieu.fr
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{FR, 05/04/2004}
MINISTERE DE LA RECHERCHE (FRANCE)
A.C.I. L'HETEROGENEITE DU VISUEL
avec la participation du
FONDS NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (BELGIQUE)
GROUPE DE CONTACT POETIQUE COMPAREE
Journées d'études
Liège, 28-29 avril 2004
L'ÉCRITURE DANS L'IMAGE
Les journées liégeoises ouvrent un second volet de réflexions sur
l'hétérogénéité du visuel, consacré cette année aux syncrétismes. Dans
l'extension la plus large, on entend par syncrétisme toute combinaison,
au sein d'un ensemble relativement homogène, de grandeurs appartenant à
au moins deux ordres distincts. Préciser la notion de syncrétisme et
circonscrire son champ d'application revient d'abord à déterminer ce que
peuvent être ces "ordres". Dans le dictionnaire de Greimas et Courtès,
deux acceptions sont distinguées de ce fait. Dans une première acception
(dérivée de Hjelmslev), la détermination des ordres est purement
analytique, de sorte que toute grandeur ayant plusieurs fonctions
sémiotiques (par exemple Ève représente les fonctions "sujet" et
"destinateur" dans Ève donne une pomme à Adam) est le produit d'un
syncrétisme. Selon une seconde acception, les ordres indiquent des
sémiotiques différentes tant dans leurs formes que dans leurs
substances, tels l'opéra ou le cinéma, où les sons se mêlent aux images
et aux actions jusqu'au Gesammtkunstwerk wagnérien ; dans ce cas, les
ordres relèvent, préalablement à l'analyse, d'une distinction
sensorielle. Partagée entre ces deux acceptions, la notion de
syncrétisme fait le grand écart. Il y aurait toutefois à considérer
également, à l'entre-deux de ces acceptions, des syncrétismes
énonciatifs au sein d'un même ordre sensoriel.
Quand des systèmes sémiotiques spécifiques (comme le scriptural et
l'iconique) se manifestent dans une même substance ou sur un support
matériel unique, leurs productions sont relativement séparées. Texte et
image peuvent co-habiter dans un livre, ils n'en occupent pas moins des
plages réservées. Mais il arrive aussi que, dans le livre ou sur la
toile, mots et images soient plus intimement liés et que l'unité
immédiate de leur appréhension soit faite de cette relation. Ainsi
Michel Butor relevait-il, dans Les mots dans la peinture, la présence de
mots, d'écrits, de légendes, au sein même des tableaux, et ceci depuis
la peinture médiévale. L'hybridité des affiches publicitaires et
électorales ne serait alors qu'une manière de renouer avec des recettes
de l'art ancien car, tout en faisant circuler le langage soit autour,
soit à l'intérieur du dispositif de représentation, elles se prêtent à
un parcours de lecture unique. Et la bande dessinée, comme discours
syncrétique constitué en genre à part entière en Occident, recourt
également à un procédé ancien : on peut faire remonter le phylactère au
rouleau manuscrit qui se déroulait devant les lèvres de Gabriel dans les
premières Annonciations. Entre diachronie et synchronie, entre
superposition et juxtaposition des systèmes, se déterminent ainsi
l'extensibilité des syncrétismes énonciatifs et, de manière
sous-jacente, l'hétérogénéité des discours visuels.
N'y a-t-il pas moyen, cependant, de pousser plus avant le point
d'indiscernabilité entre texte et image ? Les artistes du XXe siècle ont
marqué leur intérêt pour les écritures idiosyncratiques et les
pseudo-écritures. Dans les oeuvres de Michaux, de Miró, de Réquichot ou
de Twombly, est-ce encore sous la forme du syncrétisme que s'affrontent
les ordres de l'écriture et de l'image ? Sans vouloir discuter dans le
cadre de la présente rencontre les écritures comme images (tels les
calligrammes et les graffitis), il nous paraît néanmoins nécessaire de
poser la question de la spécificité sémiotique des écritures et des
images jusque dans la perte de leur référentiel respectif -le verbal et
le figuratif. Comment relever les syncrétismes dans l'abstraction, dans
l'art conceptuel, dans l'art brut, dans le pop art ? Nos journées
liégeoises se posent comme objectif d'interroger l'inclusion de
l'écriture dans l'image plutôt que leur juxtaposition, inaugurant
peut-être par là même une nouvelle approche de la notion de syncrétisme.
Sémir Badir, Herman Parret, Nathalie Roelens
Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres
8, place du XX août, Liège
jeudi 28 avril 2004
Salle A4/S/50
14h Herman Parret (Leuven)
Présentation
Président de séance : Herman Parret (Leuven)
14h30 Jean-Marie Klinkenberg (Liège)
Articulation du linguistique et de l'iconique : le rôle de
l'indexicalité
15h30 Françoise Parouty (Limoges)
La circularité des modes de représentation dans la construction
du sens
16h50 Jean Winand (Liège)
Écriture hiéroglyphique et saisie iconique
vendredi 29 avril 2004
Salle Wittert (A1/R/120)
Président de séance : Nathalie Roelens (Antwerpen/Nijmegen)
9h30h Elisabetta Gigante (Bologna)
Stratégie d'intégration de l'écriture dans la peinture à l'âge
de la représentation
10h30 Francis Edeline (Liège)
Le monogramme et le conflit des codes

11h45 Tiziana Migliore (Bologna)
Stratégies d'écriture et de prononciation d'une langue visuelle.
Les miroglyphes du "miró"
Président de séance : Sémir Badir (Liège)
14h45 Hugues de Chanay (Lyon)
Lire, ou voir et redire: du syncrétisme de la lecture à
l'empathie somatique chez F. Neaud
15h45 Giulia Maria Dondero (Bologna)
Quand l'écriture devient texture de l'image
17h Marc Arabyan (Limoges)
La peinture dans les mots
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