ORNEMENTS
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Explication
et/ou Fonction(s)
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les
mots forgés (chapitre 2)
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les
mots composés et les périphrases
(chapitres 2, 3, 7)
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pour
atteindre à plus de grandeur Procédé
proche de la définition mais se gardant du style
poétique. Il ne faut pas en abuser : =>
l’abus des mots composés, telles, par exemple, les
expressions de Lycophron : « le ciel au multiple
visage », « la terre aux cimes élevées »,
« le rivage à l’étroite passe ». Les
périphrases ne doivent pas être trop longues,
inopportunes ou fréquentes. Dans
les périphrases, on peut tirer les éléments
de ce qui est mal ou honteux, comme le meurtrier de sa mère
mais on peut les emprunter à ce qui est beau : le
vengeur de son père. =>
Les noms composés et les périphrases en assez grand
nombre sont appropriés au style pathétique ;
on excuse un homme en colère de parler d’un mal « grand
comme le ciel »
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les
mots insolites (chapitre 7)
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Les
mots insolites surtout sont appropriés au style
pathétique ; on excuse un homme en colère
de parler d’un mal « monstrueux »
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les
diminutifs (chapitre 2)
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Le
diminutif est ce qui rend plus petit et le mauvais et le bon ;
c’est ainsi qu’Aristophane dit, par raillerie, dans ses
Babyloniens, au lieu d’or, « petit
or » ; au lieu de vêtement « petit
vêtement » ; au lieu d’injure, « petite
injure », et aussi « petite maladie »
au lieu de maladie.
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les
synonymes (chapitre 2)
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ce
sont des mots usuels et de même sens =>
aller et marcher.
Ils
sont surtout utiles au poète.
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le
nombre des noms
(chapitres
5, 6)
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Procédé
qui donne de l’ampleur, de l’élévation au style. Transformer
le singulier en pluriel comme les poètes
=>
bien qu’il y ait un seul port ils disent « Vers les
ports Achéens »
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la
conjonction (chapitre 6)
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Procédé
qui donne de l’ampleur, de l’élévation au style. S’exprimer
en liant les deux idées par une conjonction
=>
« étant allé et ayant conversé »
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la
disjonction (chapitre 6)
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Procédé
qui donne de l’ampleur, de l’élévation au style. Ne
pas joindre, mais exprimer indépendamment chacune des deux
idées
=>
« de cette femme, la nôtre »
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l’asyndète
(chapitre 12)
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phrases
en asyndètes
=>
« je vins, je le rencontrai, je lui présentai
ma requête »
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la
définition (chapitre 6)
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Procédé
qui donne de l’ampleur, de l’élévation au style. Consiste
à employer une définition au lieu du nom =>
dire, par exemple, non pas « le cercle »
mais « la figure plane dont tous les points sont
équidistants du centre » Si
la laideur réside dans le nom, donner la définition.
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l’antithèse
(chapitre 9)
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Style
de la période (chapitre 9 sur la composition de la phrase). Dans
la phrase formée de membres, les deux parties sont tantôt
juxtaposées, tantôt antithétiques ; elles
sont antithétiques, quand dans chacun des deux membres les
contraires sont opposés, ou quand le même mot est
joint aux contraires ;
par
exemple : « ils rendirent service aux uns
et aux autres, à ceux qui étaient restés et à
ceux qui avaient suivi ; aux uns ils avaient acquis un empire
plus grand que leur patrie ; aux autres, ils avaient laissé
leur patrie qui leur suffisait ».
Les
termes antithétiques sont rester et suivre,
suffisant et plus grand. Ce
style a de l’agrément, parce que les termes antithétiques
sont très connus et le deviennent plus encore par le
rapprochement, et parce que ces sortes de phrases ressemblent à
un syllogisme ; car le syllogisme réfutatif est le
rapprochement de prémisses antithétiques.
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la
parisose (chapitre 9)
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Style
de la période (chapitre 9 sur la composition de la phrase). =>
il y a parisose si les membres sont égaux
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la
paromoiose (chapitre 9)
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Style
de la période (chapitre 9 sur la composition de la phrase). =>
il y a paromoiose si l’un et l’autre membre ont leurs
extrémités pareilles. Ils offrent nécessairement
cette ressemblance ou au commencement ou à la fin.
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les
mots contrefaits
(chapitre
11)
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Contribue
à l’ampleur du style, à la majesté du
style ; fait partie de ce qu’Aristote appelle les « bons
mots » - il s’agit de tout ce qui fait
l’élégance du style. =>
quand, par plaisanterie, on change les lettres d’un mot, ce qui
nous déroute. Mais la chose doit être évidente
au moment même où on la dit.
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les
asyndètes et les répétitions
(chapitre 12)
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Procédés
en lien avec l’action oratoire. =>
il est nécessaire de varier l’expression quand on répète
la même chose, ce qui, pour ainsi dire, fraye le chemin à
l’action : « c’est lui qui vous a volés ;
c’est lui qui vous a dupés, c’est lui qui, pour comble,
a projeté de vous livrer à l’ennemi » =>
il en va de même des phrases en asyndètes : « Je
vins, je le rencontrai, je lui présentai ma requête ».
Il est nécessaire de varier ces mots par l’action
oratoire. Les phrases en asyndètes présentent en
outre une particularité : il semble qu’en un temps
égal on ait dit beaucoup de choses ; car la
conjonction fait un bloc de plusieurs choses, en sorte que, si on
la supprime, il est clair que l’effet contraire se produira, et
qu’au lieu d’une chose unique, il y en aura plusieurs.
L’asyndète implique une amplification : « je
vins ; je parlai ; le suppliai » (cela semble
plusieurs choses)
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les
homonymes (chapitre 11)
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Ils
sont utiles au sophiste (ce sont eux qui permettent ses
supercheries). Mais si l’on introduit le mot à propos par
homonymie ou métaphore, l’effet est bon.
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les
métaphores
(chapitres
2, 3, 4, 10, 11)
Aristote
accorde beaucoup d’importance à la métaphore ;
il
en distingue quatre sortes qu’il détaille dans sa
Poétique.
-
la métaphore du genre au genre ou métaphore
par analogie qui correspond à l’emploi d’un mot
propre à un genre (classe générique) plutôt
connoté positivement à la place d’un mot propre à
un autre genre.
-
la métaphore de l’espèce à l’espèce
dans laquelle deux mots différents mais ayant en commun un
trait de sens, sont interchangeables.
-
la métaphore du genre à l’espèce
qui utilise un mot moins précis, plus générique
pour parler d’un objet.
-
la métaphore de l’espèce au genre qui
utilise un mot plus précis, moins générique
pour parler d’un objet.
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Comme
les périphrases, les métaphores doivent être
en harmonie avec leur objet. Cette harmonie résultera d’une
analogie, sinon la disconvenance éclatera. -
Si l’on désire exalter son objet, il faut emprunter la
métaphore à ce qu’il y a dans le même genre
de plus relevé ; si l’on veut blâmer, à
ce qui est de moindre valeur.
=>
affirmer dans un cas que celui qui mendie prie, dans
l’autre que celui qui prie mendie. =>
tandis que l’un appelle les acteurs flagorneurs de Dionysos
ceux-ci se donnent le titre d’artistes : ces deux
mots sont des métaphores mais l’une cherche à
salir, l’autre, le contraire ; =>
et aujourd’hui les pirates se donnent le nom de pourvoyeurs Voilà
les sources d’où il faut tirer les métaphores :
de choses qui sont belles ou par le son, ou par la signification,
ou par la vue, ou par quelque autre sens ; il vaut mieux dire
l’aurore « aux doigts roses » que « aux
doigts écarlates », ou, ce qui est encore moins
bon, « aux doigts rouges ». -
Les métaphores peuvent ne pas convenir, les unes parce
qu’elles prêtent à rire (en effet, les poètes
comiques emploient aussi des métaphores) ; les autres,
parce qu’elles ont un air trop pompeux et tragique. -
la métaphore par analogie : il faut toujours,
dans la métaphore par analogie observer le rapport
réciproque des deux termes appartenant au même genre
=>
si la coupe est le bouclier de Dionysos, la concordance
exige que le bouclier soit appelé la coupe d’Arès
Contribue
à l’ampleur du style, à la majesté du
style ; fait partie de ce qu’Aristote appelle les « bons
mots » - il s’agit de tout ce qui fait
l’élégance du style. -
Des quatre sortes de métaphores, les plus réputées
sont celles qui se fondent sur une analogie, comme Périclès
disait que la jeunesse morte pendant la guerre avait disparu de la
cité comme si l’on avait retranché le printemps de
l’année. =>
Leptine disait sur les Lacédémoniens qu’on ne
saurait laisser l’Hellade perdre l’un de ses yeux. =>
Et Céphisodote indigné de voir Charès montrer
trop d’empressement à rendre ses comptes relativement à
la guerre d’Olynthe, disait que c’était étrangler
le peuple dans un garrot que de vouloir rendre ses comptes dans de
telles conditions =>
Aesion disait qu’on avait vidé toute la cité
dans la Sicile : c’est là une métaphore
et une peinture =>
Ce que Lycoléon dit pour la défense de Chabrias :
« sans même avoir égard à la prière
qu’élève pour lui sa statue de bronze »,
c’est une métaphore de circonstance, qui n’est pas
toujours valable, mais c’est une peinture ; en effet, c’est
seulement pendant qu’il est en danger que la statue prie ;
l’inanimé alors s’anime, à savoir les monuments
des hauts faits de la Cité. =>
Comme Homère en use en maint endroit, animer les choses
inanimées au moyen d’une métaphore : « Et
derechef, la pierre roula sur le sol, sans honte aucune »
(Homère, Odyssée, XI, 598) ; « La
javeline s’élança impétueuse à
travers la poitrine » (Homère, Iliade,
XV, 542). =>
il faut tirer ses métaphores de choses appropriées
mais non point évidentes, comme, en philosophie, apercevoir
des similitudes même entre des objets fort distants témoigne
d’un esprit sagace ; c’est ainsi qu’Archytas disait
qu’un arbitre et un autel sont choses identiques, car l’un et
l’autre sont le refuge de tout ce qui souffre l’injustice.
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la
comparaison (chapitres 4, 10, 11)
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-
La comparaison diffère peu de la métaphore. =>
quand Homère dit d’Achille Il s’élança
comme un lion c’est une comparaison, mais quand on dit le
lion s’élança c’est une métaphore. -
La comparaison est utile même en prose, mais il faut en user
peu souvent, car elle a un caractère poétique. -
Les comparaisons doivent être introduites comme les
métaphores. -
La comparaison est une métaphore qui ne diffère que
par le mode de présentation ; aussi est-elle moins
agréable, parce qu’elle est présentée trop
longuement.
Contribue
à l’ampleur du style, à la majesté du
style ; fait partie de ce qu’Aristote appelle les « bons
mots » - il s’agit de tout ce qui fait
l’élégance du style. -
Les comparaisons réputées sont en un sens des
métaphores ; car elles sont toujours formées de
deux termes, comme la métaphore par analogie ; par
exemple, le bouclier, disons-nous, est la coupe d’Arès,
et l’arc est une phorminx sans cordes. Ainsi ce qu’on dit
n’est pas simple ; mais appeler l’arc une lyre ou le
bouclier une coupe, c’est chose simple. -
La comparaison est bonne lorsqu’elle implique une métaphore ;
on peut en effet comparer le bouclier à la coupe d’Arès,
et la ruine à un lambeau de maison ; c’est ainsi que
l’on dit que Nicératos est Philoctète mordu par
Pratys, comme dans la comparaison de Thrasymaque, quand il eut vu
Nicératos vaincu par Pratys dans un concours de rhapsodes,
et resté depuis lors échevelé et sale.
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l’amplification
(chapitre 6)
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Procédé
qui donne de l’ampleur, de l’élévation au style. Le
procédé d’Antimaque est également utile :
parler de ce que le sujet ne comporte pas ; c’est ce que
fait ce poète pour le Teumessos : « Il est
une petite colline battue des vents ». Ce genre
d’amplification peut aller à l’infini. Ce procédé :
dire comment l’objet n’a point tels caractères, est
aussi applicable aux choses bonnes qu’aux mauvaises, selon que
l’un ou l’autre des deux points de vue est utile ; c’est
de là que les poètes tirent leurs qualificatifs :
« la mélodie qui ne vient pas des cordes »,
et : « qui ne vient pas de la lyre » ;
ils empruntent aux caractères dont l’objet est privé ;
procédé apprécié, lorsqu’il est
appliqué dans les métaphores par analogie, lorsqu’on
dit, par exemple, que le son de la trompette est un air « sans
lyre ».
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les
hyperboles (chapitre 11)
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Contribuent
à l’ampleur du style, à la majesté du
style ; font partie de ce qu’Aristote appelle les « bons
mots » - il s’agit de tout ce qui fait
l’élégance du style. Les
hyperboles réputées sont des métaphores ;
par exemple pour l’œil poché dire « on l’eût
pris pour un panier de mûres » ; la
contusion de l’œil est, en effet, quelque chose de rouge ;
l’exagération est dans la quantité. Les
hyperboles ont un caractère de juvénilité,
car elles montrent de la véhémence ; aussi les
énonce-t-on surtout dans la colère : « Non !
pas même s’il me faisait des présents Aussi
nombreux que les grains du sable et de la poussière, Je
n’épouserai pas la fille d’Agamemnon fils d’Atrée, Quand
elle pourrait rivaliser en beauté avec Aphrodite brillante
comme l’or, Pour
les ouvrages avec Athéna ! » C’est
ce qui fait qu’il messied à un homme âgé de
les employer ; ce sont les orateurs attiques qui s’en
servent surtout.
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les
apophtègmes et les énigmes
(chapitre 11)
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Contribuent
à l’ampleur du style, à la majesté du
style ; font partie de ce qu’Aristote appelle les « bons
mots » - il s’agit de tout ce qui fait
l’élégance du style. Les
apophtègmes spirituels consistent à ne pas dire ce
qu’on entend ; tel, par exemple, celui de Stésichore,
que « les cigales chanteront de terre pour elles
seules ».
De
même encore les énigmes bien enveloppées sont
agréables pour la même raison car elles nous
apprennent quelque chose, et elles ont la forme d’une métaphore.
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les
proverbes (chapitre 11)
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Contribuent
à l’ampleur du style, à la majesté du
style ; font partie de ce qu’Aristote appelle les « bons
mots » - il s’agit de tout ce qui fait
l’élégance du style. Les
proverbes sont aussi des métaphores du genre au genre ;
par exemple, si quelqu’un appelle un autre à son aide
dans l’espoir d’en recevoir du bien et subit un dommage, c’est
dit-on, comme l’habitant de Carpathos avec son lièvre,
car tous deux ont éprouvé le même mécompte.
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