Résumé : Dans son attaque contre mon livre Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie. Autour des séminaires inédits de 1933-1935, publiée dans Philosophy Today sous le titre « Emmanuel Faye : The Introduction of Fraud Into Philosophy ? », Thomas Sheehan n’aborde ni l’objet, ni les démonstrations du livre. Il monte en épingle quelques détails isolés, présentés de manière sophistique et biaisée. Surtout, il parsème son propos d’insultes ad personam que l’on n’a pas coutume de rencontrer dans les débats philosophiques ou scientifiques, moquant l’« ignorance crasse » de son adversaire ou même, dans un second article, ses « lectures crétines » et le présentant comme un possible « faussaire » (a fraud), qualificatif qui relève de la diffamation et appellerait une réponse pénale. M. Sheehan avait prémédité son attaque, qui s’était déroulée en conclusion d’un colloque à New York sur les Cahiers noirs de Heidegger. Il n’avait visiblement pas lu ces Cahiers et n’avait rien su en dire, sans doute parce que cela eût fondamentalement remis en question son interprétation édulcorée de l’œuvre heideggérienne. Il lui avait donc fallu faire diversion, au mépris des règles académiques élémentaires comme l’avaient alors souligné Sidonie Kellerer et Richard Wolin. Depuis la publication de son article, l’essentiel des critiques de M. Sheehan a été précisément réfuté par Johannes Fritsche et par d’autres. Quoique j’aie jusqu’à présent résolu de ne pas répondre aux attaques personnelles, prenant les insultes d’un heideggérien virulent pour des hommages à la critique – on n’injurie en effet que ce que l’on ne parvient pas à réfuter – je dois aujourd’hui à la mémoire du professeur Fritsche, récemment disparu, de prendre à mon tour la parole et de lui rendre un hommage intellectuel par cette réponse.
Abstract : Thomas Sheehan’s attack on my book Heidegger, The Introduction of Nazism into Philosophy in Light of the Unpublished Seminars of 1933-1935, published in Philosophy Today under the title “Emmanuel Faye: The Introduction of Fraud into Philosophy”, addresses neither the book’s topic nor its arguments. He instead highlights a few isolated details in a sophistic and biased fashion. Moreover, his exposition is interspersed with ad personam insults not typically found in philosophical or scientific discussions, such as mocking the supposed “crass ignorance” of his opponent or even, in a second article, his alleged “cretinous readings” and portraying him as a possible “fraud”, a term that is tantamount to defamation and would warrant legal action. Sheehan premediated his attack, which was rolled out at the end of a colloquium on Heidegger’s Black Notebooks in New York. He obviously had not read the Notebooks and had nothing to say about them, undoubtedly because they would have fundamentally challenged his own watered-down interpretation of the Heideggerian corpus. He thus had to create a diversion, in defiance of the most basic rules of academic exchange, as both Sidonie Kellerer and Richard Wolin pointed out at the time. The essential points of Sheehan’s critique were precisely and carefully refuted after the publication of his article by Johannes Fritsche and others. Although up to now I had been resolved not to respond to personal attacks, taking the insults of a virulent Heideggerian as a compliment to critique – one insults only what one cannot refute – I owe it to the memory of the recently deceased Professor Fritsche to take my turn to speak and to thereby pay intellectual tribute to him.
Pour citer ce document
EMMANUEL FAYE (2020) «Thomas Sheehan : l’introduction de l’insulte dans le débat sur Heidegger», [En ligne], Volume XXV - n°4 (2020). Coordonné par Régis Missire,
URL : http://www.revue-texto.net/index.php/http:/www.revue-texto.net/1996-2007/archives/parutions/archives/parutions/marges/docannexe/file/4227/docannexe/file/2562/docannexe/file/4666/docannexe/file/4763/docannexe/file/4783/docannexe/file/2661/docannexe/file/Parutions/Marges/docannexe/file/2345/docannexe/file/Archives/Parutions/Semiotiques/index.php?id=4467.