Archives du bulletin électronique Sémantique des Textes
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Résumé:
2007_01_12
________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 1.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
La connotation est au discours ce que la prime
est au rendement.
Philippe Mesnard
Lire est si facile, disent ceux auxquels la
longue pratique des livres a ôté tout respect
pour la parole écrite ; mais celui qui a affaire
à des choses ou à des hommes plutôt qu'à des
livres, celui qui doit sortir le matin et
rentrer le soir endurci, s'aperçoit, quand par
hasard il se concentre sur une page, qu'il a
sous les yeux quelque chose de rebutant et
d'étrange, d'évanescent et en même temps de
fort, qui l'agresse et le décourage. Inutile
d'ajouter que ce dernier est plus proche de la
vraie lecture que les autres.
Cesare Pavese, L'Unità, juin 1945
La mythologie n'est qu'un dialecte, une antique
forme du langage. Quoique roulant surtout dans
le cercle de la nature, la mythologie était
applicable à toute chose.
Rien n'est exclu de l'expression mythologique ;
ni la morale, ni la philosophie, ni l'histoire,
ni la religion, ni l'éthique n'ont échappé au
charme de cette antique sibylle.
Mais la mythologie n'est ni la philosophie, ni
l'histoire, ni la religion, ni l'éthique.
C'est, pour employer une expression scolastique,
un quale et non un quid, une forme et non
quelque chose de substantiel.
Max Muller
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SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Jovan Kostov, Tamako Suzuki, Maria Zaleska, Aya
Ono, Karine Collette.
- Nouvelles adresses pour Margareta Kastberg Sjoeblom, Michelle
Lecolle, Thierry Mezaille, Franck Neveu, Denis Thouard,
Alessandro Zinna.
2- Carnet
- Voeux de la redaction
- Seminaires :
Philippe Mesnard : L'instance du temoignage, de ses logiques a
son sujet (II)
Pierre Judet de la Combe : La comedie grecque ancienne et ses
conflits d'interpretation
Charlotte Lacoste : Narratologies contemporaines
Francois Rastier : Les corpus, leur constitution. Textes et
documents. Objectivation et interpretation dans les sciences
de la culture.
- Vadim Roudnev : L'idiotie comme strategie de l'art moderne
- Conferences de la Cite des Sciences
3- Textes électroniques
- Sur le site CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux)
la premiere grammaire slovene (1584)
- Logiciel Antidote RX
4- Publications
- Gilbert Lazard : La quete des invariants interlangues. La
linguistique est-elle une science ?
- Denis Thouard : Le partage des idees. Etudes sur la forme de
la philosophie
- Mathieu Valette : Linguistiques enonciatives et cognitives
francaises. Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice
Toussaint, Antoine Culioli.
- Jean-Philippe Dalbera : Des dialectes au langage. Une
archeologie du sens
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (sept.-dec. 2006)
5- Textes
- Saussure et Nunzio La Fauci : Faut-il dire notre pensee intime
- L'utilite de la linguistique. Saussure, Lecon du 28 oct. 1910
- Francois Rastier : Note sur le projet SITES (Studies for
Integrated Text Sciences)
6- Dialogue
- D'ou viennent tous ces cadavres ? Une cle historique pour
"En attendant Godot", Dialogue entre D. Thouard et V. Temkine.
7- Appels : Colloques et revues
- Le naturalisme linguistique et ses désordres, Paris, 26-27
janvier 2007
- Les mots et les choses au xviiie siecle : la science, "langue
bien faite" ?, Lyon, 21-22 septembre 2007.
- Cultures du visible, IXeme Congres de l'AISV-IAVS, Istanbul
(Turquie), 29 mai - 2 juin 2007
- Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?, Reims, oct. 2007
- 5emes Journees de la Linguistique de Corpus, Lorient,
13-15 septembre 2007
- La convivialite des interfaces ludiques et/ou pedagogiques,
Ludovia 2007, Ax les Thermes (France), 4-6 juillet 2007
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{FR, 20/12/2006}
VOEUX
La rédaction de Sémantique des textes présente tous ses voeux à ses
lecteurs pour la nouvelle année.
Parmi les bonnes résolutions à venir, pourquoi ne pas nous adresser vos
avis, critiques et/ou encouragements ?
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Mémoire des signes
http://www.memoire-des-signes.net/
Collège international de philosophie
1, rue Descartes
F-75005 Paris
Tél. : 01.44.41.46.80
Philippe Mesnard
Séminaire annuel 2006-2007
L'instance du témoignage, de ses logiques a son sujet (II)
Cette deuxième année de séminaire doit permettre, à partir du modèle
d'interprétation que nous avons présenté l'an passé, d'approfondir la
question des logiques du témoignage. Celles-ci seront abordées à partir
de l'élaboration des textes testimoniaux, de leur pluridimensionnalité
et du mouvement de leur réécriture confronté à la question du genre. Une
attention particulière sera portée : aux formes nouvelles d'écriture
testimoniale quand, par exemple, l'essai émerge entre narration et
description (Améry, Cayrol, Levi, Kertész, Ki?, Klüger, Rousset,
Sebald...) ; à la place que tient la poésie lyrique, contre-lyrique,
gnomique, épique (Borowski, Cayrol, Celan, Delbo, Katzenelson, Levi...),
ainsi qu'au théâtre (Delbo, Gatti, Langfus, Levin, Régy, Sobol, Tabori,
Weiss...). Les séances consacrées à la poésie et au théâtre auront
principalement lieu au deuxième semestre. Nous poserons tout le long de
cette année les termes d'une définition du sujet du témoignage.
Des textes et informations complémentaires sont mis à disposition sur le
site [site en partie en construction] :
http://www.memoire-des-signes.net/
Les séances se tiendront au Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005
Paris. Mar 9 jan, Mar 23 jan : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
9 janvier : Les formes courtes : Tadeusz Borowski, Charlotte Delbo,
Primo Levi, Liana Millu, avec Luba Jurgenson (Paris IV Sorbonne, CRAL)
23 janvier : Poésie dans le témoignage, poéticité du témoignage :
Michel Deguy & François Rastier
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Pierre Judet de la Combe
Intitulé général :
"L'interprétation littéraire. Théories et pratiques."
Intitulé pour l'année 2006-07 :
"La comédie grecque ancienne et ses conflits d'interprétation."
1. L'analyse d'oeuvres d'Aristophane (lues en traduction), et notamment
des Oiseaux, nous aidera à répondre à la question de la validité
revendiquée par une forme poétique. Comment comprendre une forme de
discours qui à la fois cite l'ensemble des formes symboliques de son
temps et, en opposition avec elles, se dégage de toute prétention à
produire du "vrai" ? L'examen des interprétations anciennes et modernes
de la comédie montrera selon quels modèles de la relation entre activité
langagière et institution de valeurs sociales la spécificité d'une telle
forme a été conçue.
Lundi de 11 h à 13 h (salle 5, 105 Bd Raspail), à partir du 6 novembre.
2. Un atelier de philologie reviendra sur les questions techniques que
pose la lecture (en grec) de ces textes et permettra aux étudiants
d'exposer leurs travaux.
1er et 3e lundis du mois (salle 4, 105 Bd Raspail), à partir du 6
novembre. La première séance portera sur des passages des Sept contre
Thèbes d'Eschyle.
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Séminaire d'élèves 2006-2007
[NDLR : Malgré l'intitulé Séminaire d'élèves, la participation à ce
séminaire est libre et nos abonnés intéressés seront bienvenus.]
Narratologies contemporaines
Charlotte Lacoste
lacoste.charlotte@neuf.fr
06 71 73 50 97
ENS Ulm, salle 18 (escalier A, 1er étage, entre la salle des Actes et la
salle Cavaillès)
le mardi de 17h à 19h, tous les quinze jours
Objectif
Il s'agit de faire un état des lieux de la narratologie, discipline
florissante dont les récents développements soulèvent des débats souvent
mal connus des étudiants français. Conçu comme un atelier de réflexion,
ce séminaire d'élèves, à vocation pluridisciplinaire (littérature,
philosophie, études cinématographiques), se tient en marge de celui,
intitulé "De la figure à la fiction", proposé par Jean-Marie Schaeffer,
Michel Murat et Marielle Macé.
Nous nous proposons pour notre part de donner aux jeunes chercheurs
l'occasion de relire en détails les textes fondateurs de la théorie de
récit, de suivre et de débattre de l'actualité de la recherche en
narratologie et de mener, en parallèle, une réflexion épistémologique
concernant le destin mouvementé de l'une des nombreuses disciplines du
texte, "la science du récit" (Todorov 1969 : 10), traversée à cette
heure par de multiples courants, charriant eux-mêmes d'innombrables
sous-disciplines hybrides. Un tel fourmillement rend nécessaire un
travail de synthèse.
Problématique
Nous nous pencherons tout d'abord sur l'histoire de la discipline : sur
les conditions de sa naissance, dans le giron de la linguistique, sur
les espoirs que son parrain, Tzvetan Todorov, conçut pour elle en la
tenant, en 1969, sur les fonts baptismaux ; sur ses premiers mots, qui
ne furent que curieux néologismes ; sur sa courte vie, dont on sait
surtout qu'elle fut austère (sa systématicité maniaque, son obscurité
terminologique, sa compulsion typologisante) ; sur son agonie, dans les
années 1980, abrégée par les coups que lui porta une foule, soûlée de
logocentrisme et de synchronie, moquant ses prétentions à la vérité (la
narratologie aurait péché par excès de ligne droite) ; sur sa
résurrection, enfin, sous d'improbables atours, qui fit grand bruit à la
veille du troisième millénaire. De fait, son double "turn" ("cultural
turn" et "cognitive turn") nous la rendit mieux en chair, réhydratée, et
grosse d'une multitude de petites narratologies qui font aujourd'hui
leur chemin : narratologie thématique (féministe, ethnique,
contextualiste, postcoloniale), narratologie cognitive, théorie des
mondes possibles, narratologie postmoderne, narratologie appliquée,
comparée, phénoménologique, etc. ont repeuplé la terre, s'alliant
parfois à d'autres disciplines comme l'IA, la psychologie cognitive ou
l'historiographie, dont sont encore nés récemment quelques rejetons
(psycho-narratologie, socio-narratologie, etc.)...
Nous analyserons les tours et les détours de cette histoire
rocambolesque, et nous appesantirons tout particulièrement sur
l'entrelacs subtil qui en compose le bouquet final. S'agit-il d'une
renaissance de la narratologie, d'une fusion-acquisition bref, d'un
happy end, comme une première lecture tendrait à le faire croire, ou
d'un démantèlement, d'une explosion-liquidation des concepts et des
méthodes de la narratologie classique ? Les nouvelles narratologies qui
ont émergé à la faveur de ce "revival of narrative" (Ansgar Nünning
1999) ont réintégré à l'analyse du récit les problématiques historiques,
anthropologiques, éthiques, culturelles, philosophiques et même
scientifiques qui semblaient lui faire défaut, tout en s'affranchissant
des modèles abstraits et du cadre jugé scientiste qu'avait construit la
narratologie première manière. On s'interrogera donc sur l'héritage du
structuralisme, sur l'usage que les nouvelles narratologies font de
l'outillage fourbi par la narratologie classique, et sur les présupposés
philosophiques (et les postulats ontologiques) de leur nouveau programme
scientifique.
A la faveur du "cultural turn", certaines questions, qui avaient un
temps passé pour obsolètes, sont remises à l'honneur. Parmi elles, celle
de la mimèsis témoigne de l'orientation "réaliste" des problématiques
narratologiques ; de la triple mimèsis ric?urienne au problème de
l'influence respective de la fiction et de la "réalité réelle"
(Schaeffer 1999 : 40) sur le lecteur, en passant par la volonté de
"rendre au texte littéraire sa référence" (F. Jacques 1992) et par la
théorie des scripts et des plans, les nouvelles narratologies font fond
sur un "réel", longtemps ostracisé par la narratologie structurale
(affranchie du modèle de la référence), et enfin réhabilité. La question
de la mimèsis, pierre de touche du nouveau paradigme, constituera donc
pour nous un angle d'approche fécond qui nous permettra :
- De repartir de Platon, dont "nous sommes toujours les contemporains"
(Schaeffer 1999 : 12), et de proposer une lecture renouvelée de son
anti-mimétisme.
- De souligner, au gré de nos lectures critiques, le caractère
métaphysique des approches réalistes des textes de fiction (réalisme
empirique dans le cadre de la théorie des mondes possibles, réalisme
transcendant selon la phénoménologie ric?urienne), dont l'analyse
reste toujours indexée, en définitive, sur un monde réel qui sert
d'unique étalon à la référence fictionnelle.
- De réenvisager la question du réel en termes d'impressions (et non
d'illusions) référentielles : "tout texte impose des contraintes sur
la formation des images mentales, notamment par ses structures
sémantiques. Ces contraintes sont dépendantes des régimes discursifs
(ex. littéraire, scientifique, religieux, etc.) et des pactes qui
régissent l'interprétation des genres textuels au sein des pratiques
sociales" (Rastier 1992 : 101).
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{FR, 25/10/2006}
Séminaire Sémantique des textes, année 2006-2007
François RASTIER
Directeur de recherche
Thèmes : Les corpus, leur constitution. Textes et documents.
Objectivation et interprétation dans les sciences de la culture.
Institut national des langues et civilisations orientales,
2 rue de Lille, 75007 Paris -escalier B, premier étage, salle 124.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Les jeudis 11 janvier,
1er, 8 et 15 février ;
8, 15, 22 mars.
Horaire : de 17h30 à 19h15.
Agenda et documents : http://www.revue-texto.net
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{FR, 20/12/2006}
HUMOUR
ROUDNEV, Vadim. Soumachedchii professor [Le savant fou].
Khoudojestvennyi journal, n°26-27 : L'idiotie comme stratégie de l'art
moderne. Disponible sur :
http://www.guelman.ru/xz/362/xx26/x2613.htm
Traduction Rossitza Kyheng
"Apparemment, dans les années 1930 se sont distingués trois types de
savants-idiots, promoteurs sincères de la nouvelle science. Parmi eux il
y avait des figures cliniquement pathologiques, tels que Lyssenko et
Mitchourine, mais aussi des ambivalents, tels que Marr et Bakhtine (pour
être juste -le premier était académicien, deuxième est mort maître de
conférence).
L'idiotie de Marr et de Bakhtine est dans leurs doctrines, qui ont non
seulement un caractère psychotique (étant au moins une bonne matière
pour le psychanalyste, comme les célèbres mémoires du président du sénat
fou Daniel Schreber, qu'étudiaient attentivement Freud et Lacan), mais
aussi un caractère idiot tout simplement. Il est difficile de croire que
Marr pouvait sérieusement croire que tous les mots de toutes les langues
du monde provenaient de quatre racines SAL, BER, JON, ROS. Plutôt, à
contre-coeur, dans son idée génialement conçue de satisfaire en tout le
pouvoir soviétique il tâchait de ne pas accepter du tout la linguistique
bourgeoise. Si l'indo-européanisme normal affirmait qu'il y avait
d'abord une langue mère, qui a commencé à se désagréger ensuite en
langues nationales, Marr, lui, affirmait le contraire : il y avait
beaucoup de langues, ensuite elles ont convergé dans une seule, et
ensuite elles se sont désagrégés (conséquence de leur endommagement). En
outre ses idées les plus folles, les plus idiotes, ont commencé à se
confirmer ensuite, dans les décennies suivantes. Ainsi, par exemple, la
fameuse théorie des quatre éléments rappelle, d'une manière frappante,
la doctrine sur la structure du code génétique (cf. cela en détail dans
l'article de l'académicien T.V.Gamkrelidze).
La même chose avec Bakhtine. Dans son élan d'être inséré dans une
nouvelle science bolcheviste il construisait des conceptions qui ne
prenaient en considération AUCUN fait, notamment sa conception du
développement historique de la littérature. Ainsi pouvait agir seulement
un idiot. Mais Bakhtine n'était pas un idiot, il était un grand savant,
tout simplement son cerveau travaillait malgré lui dans la direction
nécessaire. À propos, l'idiotisation secondaire des idées de Bakhtine
sur le chronotope, la carnavalisation, les polyphonies et la pensée
dialogique, qui se produisit à la fin de 1970, mais surtout entre 1980
et 1990, d'une part chez des slavophiles tels que Kojinov, d'autre part,
dans "la philologie provinciale", est aussi un fait très curieux. On
peut dire de même sur les "idées" tardives de Lossev. L'auteur de
l'article a eu l'occasion de voir Alexeï Fedorovitch durant l'été de
1973 dans la maison de campagne -il se comportait, comme il convient à
un savant-idiot, tel qu'il est représenté dans le cinéma soviétique :
distrait, avec un sourire semi-fou, ne répondant pas aux questions,
parlant mal à propos, etc. Cependant, pour ce qui était "possible", dans
les mêmes années et même plus tard Lossev écrivait des travaux tout à
fait normaux en syntaxe historique. D'ailleurs, dans l'esprit de Marr.
Le deuxième type, c'est l'idiot le plus intéressant, le plus ambivalent,
l'émigrant interne de l'idéologie. Il se présente non seulement comme un
imbécile, mais parfois il se bafoue lui-même. Tel était, par exemple,
Victor Borisovich Chklovski. On raconte que, quand en 1947 à la séance
de l'Union des écrivains on écrasait Zochtchenko, Chklovski -ancien
formaliste et admirateur absolu de l'écrivain persécuté, s'attaquait à
Zochtchenko avec les autres. Quand l'écrivain stupéfait s'approcha de
Chklovski et lui dit : "Victor Borisovich, comment cela ? vous me louiez
avant ! ", Chklovski, sans broncher, répondit :"Je ne suis pas un
perroquet pour répéter toujours la même chose !"
Le troisième type c'est le "décidément insistant" : il est moins répandu
et voilé d'un nimbe héroïque. Qui oserait appeler idiot Saharov, mais la
conduite idiote lui était incontestablement propre (idiotie -dans la
droiture du "disant la vérité aux rois avec le sourire",- ensuite en
1995, pendant la guerre tchétchène, c'est Kovalev qui l'imitait dans ses
conversations avec Eltsine).
D'une manière ou d'une autre, le savant-idiot dans une société
répressive est un médiateur entre la vérité qu'il porte en lui et le
pouvoir qui le menace. Cette position entre vérité et enfer dicte au
savant fou non seulement sa stratégie comportementale, mais aussi la
forme que revêt la connaissance qu'il présente sous le masque de la
bouffonerie à l'auditoire et à la presse ; assez souvent cela s'avère
ensuite une connaissance prophétique, comme cela se passe avec du benêt
du village dans la compréhension russe de ce mot."
ROUDNEV, Vadim. Responsable éditorial du journal Logos, auteur du
Dictionnaire de la culture du XXe siècle.
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{FR, 20/12/2006}
CONFERENCES
CITÉ des SCIENCES (La Villette).
Avec plus de 100 rendez-vous par saison depuis maintenant quatre ans,
le Collège de la Cité couvre largement le champ des sciences
contemporaines et les questions de sciences et de société.
Ces conférences sont toutes enregistrées, et restituées, avec les
documents projetés par les conférenciers, sur le site Internet de la
Cité des sciences. Plus de la moitié d'entre elles font l'objet d'une
publication dans une collection de livres de poche coéditée avec les
éditions Le Pommier.
Nous avons souhaité attirer votre attention sur cette réalisation, en
considérant qu'elle pouvait répondre à votre attente et à celle de vos
étudiants, soit pour connaître les programmes à venir, pour consulter
les enregistrements des 400 conférences passées sur notre site Internet,
ou pour vous procurer les ouvrages édités.
Vous pourrez consulter ce programme, accéder à la base de conférences ou
consulter le catalogue des livres à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
index.htm
Pour vous abonner à notre lettre mensuelle par Internet et/ou recevoir
nos programmes il vous suffit de remplir le questionnaire à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
html/static/scripts/lettre_univ.php
Voici quelques uns des thèmes que nous vous proposons en début d'année
2007 : la physique quantique, la cellule, le sommeil et les rêves, les
origines des religions, le cancer, les pôles, les insectes, l'évolution.
Bien entendu, nous serions heureux de recevoir de votre part vos
remarques et suggestions sur ces programmes, que vous pourrez adresser à
l'adresse suivante :
college@cite-sciences.fr
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20/12/2006}
BEAUX SITES
Nous avons le plaisir de vous annoncer du nouveau du côté de
l'encyclopédie CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux) :
l'ajout de la notice de la première grammaire slovène : Adam Bohoric,
Arcticae horulae succisivae de Latinocarniolana literatura (1584).
http://ctlf.ens-lsh.fr/
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{FR, 20/12/2006}
NOTE DE DEGUSTATION
La nouvelle version du logiciel Antidote appelée Antidote RX comprend
trois volets : le volet "dictionnaires", le volets "guides" et le volet
"correcteur".
Le volet "dictionnaires" comprend pour chaque entrée une/des
définitions, un dictionnaire des synonymes assez complet, un inventaire
des locutions où rentre le mot de l'entrée, un dictionnaire des
antonymes, un conjugueur qui affiche tous les temps possibles quand il
s'agit d'un verbe, l'ensemble des mots de la même "Famille", des
analogies, des citations, des anagrammes. Enfin, des cooccurents
hierachisés par ordre de fréquence et donnés dans des exemples attestés.
On navigue entre ces différents outils en cliquant sur l'onglet
approprié situé à gauche.
A droite de chaque définition sont précisées les flexions, les
difficultés orthographiques ou grammaticales (lien vers le volet guides)
et, nouveauté lexicométrique, la fréquence : ainsi "apophantique"
affiche 4 et se rapproche du pôle rare mais "institution" affiche 74 et
se rapproche du pôle fréquent.
Les citations sont tirées de Gallica, de Projet Gutenberg, de la presse,
etc.
Le deuxième volet appelé "guides" est consacrés à la grammaire et à
l'orthographe. Il comprend les onglets : lexique, grammaire, syntaxe,
ponctuation, style, rédaction, typographie, rectifications et points de
langue. Selon les entrées, certaines rubriques sont concernées plus que
d'autres. Pour "banal" par exemple, la rubrique grammaire indique qu'on
choisit le pluriel banals/banaux selon le sens.
Le dernier volet est un correcteur particulièrement puissant. La
correction d'un document texte signale non seulement l'orthographe, les
accords, mais aussi la ponctuation, les faux amis, etc.
Antidote s'intègre à Word et à plusieurs autres logiciels. C'est un
outil pratique et complet qui réunit une bonne partie des connaissances
linguistiques dont on a besoin pour rédiger.
Site internet :
http://www.druide.com/antidote.html
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 20/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
La quête des invariants interlangues :
La linguistique est-elle une science ?
par Gilbert Lazard
Editions Honoré Champion, 3 rue Corneille, F-75006 Paris
Diffusion France et Belgique : champion@honorechampion.com
Autres pays : nsalina@slatkine.com
ISBN : 2-7453-1392-4, 352 pages, Relié, 68 euros.
______________________
Ce livre d'orientation épistémologique est l'oeuvre d'un linguiste
principalement intéressé par la diversité des langues et l'unité du
langage. Il traite des fondements de la linguistique en tant que
science des langues, coeur des "sciences du langage". Il s'adresse à la
fois aux linguistes et aux non-linguistes. Il s'est voulu
raisonnablement intelligible à tous les lecteurs, sans que soit
sacrifiée l'exactitude technique nécessaire.
Aux linguistes il expose une certaine conception de la langue,
inspirée de la pensée des deux grands esprits que furent Ferdinand de
Saussure et Émile Benveniste. D'autre part, il propose, dans le
quatrième chapitre, une méthode, fondée théoriquement, pour la
comparaison des langues en vue de découvrir, par-delà leur diversité,
des lois générales de leur constitution. Ces idées sont offertes comme
une réponse au trouble intellectuel qui se manifeste présentement dans
le milieu des linguistes français en quête d'un "noyau dur" de leur
discipline.
Aux non-linguistes il présente un tableau partiel de la recherche sur
les structures des langues et des problèmes théoriques qu'elle pose. Il
offre aux philosophes du langage et aux spécialistes des sciences
cognitives une définition de la langue qui distingue clairement l'objet
de la linguistique de ceux des disciplines connexes et par là contribue
à éclairer les relations entre elles.
* Sommaire
Introduction
Ch. I : Une proto-science
L'état de proto-science. Les traditions grammaticales. La "grammaire
comparée". La typologie. Une science du langage ?
Ch. II : Langage, langue, parole
L'origine du langage. La naissance de la grammaire. La quête de la
grammaire universelle. La langue et la parole. Deux linguistiques ?
Ch. III : La langue
Qu'est-ce qu'une langue ? La réduction saussurienne. Les unités :
variations, polysémie, homonymie, synonymie. La démarche descriptive.
Modèles ? Axiomes ? La terminologie. La question de l'objectivité.
Ch. IV : Variations et invariance
Toutes les langues sont différentes. Toutes les langues se
ressemblent. Le problème de la comparaison : les catégories
linguistiques ; des catégories extra-linguistiques ? Des cadres
conceptuels arbitraires. La démarche. Autres exemples. Des
invariants objectifs?
Ch. V : Etudes de cas
Introduction. Structure de la syllabe et nombre de syllabes. La
fracture d'actance selon le temps ou l'aspect. Le traitement
différentiel de l'objet. La zone objectale. La question du sujet. La
transitivité. La transitivité généralisée. Diathèses. La hiérarchie
d'humanitude. Les rôles sémantiques. Le moyen. L'aspect. Nom et verbe.
Thème et rhème. La nature des invariants.
Ch. VI : Regards sur le large
Introduction. La RRG. Les noémies de Pottier. Langacker et le
cognitif. Culioli et l'énonciation. La mise en discours.
Formalisations. Les populations de Croft.
Conclusion.
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{FR, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Denis Thouard, Le partage des idées. Etudes sur la forme de la
philosophie, Editions du CNRS, "Philosophie", Paris, 2007.
______________________
Si la philosophie vise bien une vérité, elle ne peut être indifférente à
sa communication. Le vrai doit être dit pour tous, car il vaut pour
tous. Telle est la conviction des siècles démocratiques, héritiers des
idéaux des Lumières. Mais comment être assuré qu'il sera compris ?
Les études ici réunies, consacrées aux Lumières et à l'ensemble
romantique et idéaliste allemand, présentent plusieurs tentatives et
reviennent sur leurs apories. Dans la lignée d'un rationalisme
triomphant, les Lumières ont cherché à "populariser" la philosophie,
privilégiant la clarté du discours. Mais cette pédagogie rencontre une
double limite, qui tient à la simplification des contenus et à
l'impossibilité d'éviter tout malentendu.
En réaction aux illusions d'une communication accomplie sous le signe de
la raison universelle, des stratégies alternatives ont vu le jour. De
Kant à Fichte, de Hegel à Schlegel, Schelling ou Schleiermacher, les
formes les plus diverses ont pu être essayées, trahissant la tension
entre l'individualité de la forme et l'universalité de la prétention au
vrai. On analysera ici le poème didactique, le fragment, le dialogue et
le récit à partir de cas exemplaires où la philosophie s'approprie des
genres hétérogènes comme le poème de Lucrèce, la maxime des moralistes
français, le dialogue platonicien ou l'épopée homérique.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d'une
pédagogie de la clarté autant que d'une réduction de la philosophie à
l'écriture, l'ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
l'activité du lecteur.
______________________
Denis Thouard, Directeur de recherche au CNRS (UMR "Savoirs, Textes,
Langage" à Lille), actuellement à l'Université de Munich, travaille sur
les problèmes du langage et de l'interprétation, notamment sur la
tradition herméneutique.
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{Valette, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Mathieu Valette
Linguistiques énonciatives et cognitives françaises.
Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint, Antoine Culioli.
Bibliothèque de grammaire et de linguistique, éditions Champion, 2006.
______________________
À partir d'un travail de relecture reposant sur un corpus composé
d'articles, de conférences, mais aussi de brouillons et de réflexions
inédites, Mathieu Valette rend compte de l'effort de problématisation et
de théorisation de la relation langue/pensée chez le linguiste Gustave
Guillaume (1883-1960). Il reconstruit ses positions et en dégage les
aspects novateurs qui ont fécondé jusqu'à nos jours les travaux de
linguistique générale portant sur l'énonciation et la cognition.
L'auteur évalue et illustre la réception des propositions de
G. Guillaume par l'étude de trois théories énonciatives et cognitives
françaises dont les auteurs appartiennent à la génération suivante : la
sémantique énonciative conceptuelle de Bernard Pottier, la
neurolinguistique analytique de Maurice Toussaint et la théorie des
opérations énonciatives d'Antoine Culioli.
______________________
Mathieu Valette est chercheur au Centre National de la Recherche
Scientifique.
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{FR, 11/01/2007}
VIENT DE PARAÎTRE
Jean-Philippe DALBERA, Des dialectes au langage. Une archéologie du
sens, Paris, Champion, 464 pages.
______________________
Fascinant ! C'est le terme qui vient naturellement à l'esprit de ceux
qui ont lu ce livre.
Fascinant en ce sens que, partant de données linguistiques simples et
banales, l'auteur parvient à nous faire pénétrer très profondément dans
la préhistoire de l'humanité : système parentélaire, matriarcat,
relations hommes-animaux?
Fascinant parce que, sans miracle, par la seule vertu d'une approche
différente et d'une reconstruction prenant en compte alternativement la
forme et le sens, l'auteur parvient à élucider toute une série de
problèmes étymologiques jusque-là considérés comme insolubles.
L'auteur assoit ses analyses étymologiques sur les données de la
dialectologie en exploitant le fourmillement de la variation dans
l'espace et fonde son approche sur la dimension motivationnelle de la
création lexicale. Et la démarche est parfois intrépide, qui ose donner
la priorité aux relations sémantiques sur l'évolution du phonétisme.
Mais l'ivresse -à laquelle renvoie la citation de Rimbaud choisie pour
l'exergue- reste dominée, l'auteur donnant le sentiment de garder un
oeil tantôt amusé tantôt inquiet ou du moins dubitatif sur certaines
propositions auxquelles il est parvenu.
Ce livre, tant par la réflexion épistémologique permanente sur les
principes qu'il met en ½uvre que par les résultats qu'il établit (et qui
valident ipso facto pour l'essentiel la méthode), a toutes les chances
d'augurer un renouvellement profond de la démarche étymologique.
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{FR, 20/12/2006}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Le site a connu une fréquentation soutenue et va frôler les 500.000
visites en 2006.
Dernière mise à jour : SEPTEMBRE-DECEMBRE 2006 (Vol. XI, n°3/4)
Dans la rubrique CORPUS ET MÉTHODES :
Poudat, Céline
Étude contrastive de l'article scientifique de revue
linguistique dans une perspective d'analyse des genres
(2006, thèse)
Élaboration en corpus et par contrastes d'une définition opérationnelle
du genre de l'article de linguistique en exploitant les méthodes du
traitement automatique des langues et des statistiques textuelles.
LIVRES-E :
Hébert, Louis
Tools for Text and Image Analysis: An Introduction to Applied
Semiotics (2006). [Translated by Julie Tabler]
This book presents tools for text and image analysis used in general
semiotics (homologation, etc.) or specific semiotics : the theories of
A.J. Greimas (the semiotic square, the veridictory square, the actantial
model, the narrative program, the canonical narrative schema, thematic
analysis, axiological analysis and thymic analysis) ; François Rastier
(semic analysis, dialogics and the semantic graph) ; Jacques Fontanille
and Claude Zilberberg (the tensive model). The text includes a glossary
of semiotics.
Rastier, François et Ballabriga, Michel (dir.)
Corpus en Lettres et Sciences sociales :
des documents numériques à l'interprétation,
Actes du colloque international d'Albi, juillet 2006.
Publiés par Carine Duteil et Baptiste Foulquié.
Avertissement : Ce texte est au format PDF. Une version paginée
définitive est en cours de préparation.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Mayaffre, Damon
Compte rendu de : Kastberg Sjöblom,
L'écriture de J. M. G. Le Clézio. Des mots aux thèmes (2006)
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Rastier, François
Formes sémantiques et textualité (2006)
Les unités textuelles sont des formes qui se profilent sur des fonds et
qui relèvent d'une théorie générale des transformations.
Rastier, François
Chamfort : le sens du paradoxe (1996)
Le paradoxe induit des parcours interprétatifs complexes entre zones
sémantiques contrastées, comme le montre l'étude des maximes de
Chamfort.
Rastier, François
Semantics and cognitive research,
translated by Larry Marks (2006)
Introduction & Chapter I : Cognitive research
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Frydman, Benoît
De l'art d'écrire à l'art de lire.
Le modèle straussien de l'interprétation (2000)
[publié par l'Université Libre de Bruxelles]
Pour l'histoire des modèles de l'interprétation, l'originalité de Leo
Strauss (1899-1973) tient à la recherche d'une tierce voie entre la
philologie moderne et l'herméneutique ancienne et médiévale.
Dans la rubrique REPÈRES :
Rastier, François
Sémiotique et sciences de la culture. Une introduction (2006)
Ce texte discute des principales conceptions de la sémiotique et formule
des propositions pour une refondation interprétative de la sémiotique.
Il conduit au projet d'une sémiotique des cultures, capable de fédérer
les sciences de la culture autour de la reconnaissance du caractère
sémiotique de l'univers humain et de la description des facteurs
culturels dans la cognition humaine.
Cours et exercices :
Niveau 3
Exercice 2 par Michel Ballabriga (2006) : Analyse d'un extrait de texte
littéraire.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- Sur les mots-clés et la sémantique différentielle (2006)
Dialogue entre Thierry Mézaille et François Rastier : où une discussion
sur la problématique du mot-clé amène à préciser et reformuler quelques
positions essentielles de la sémantique différentielle dans son rapport
aux mots, aux idées, et à la médiation sémiotique.
- Diction du poème (2006)
Dialogue entre Michel Favriaud et François Rastier. Echange sur la
diction du poème, en particulier la diction de la poésie contemporaine
et des poèmes traduits.
Prochaine édition : janvier 2007.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 20/12/2006}
FAUT-IL DIRE NOTRE PENSÉE INTIME ?
SAUSSURE ET NUNZIO LA FAUCI
"Faut-il dire notre pensée intime ?"
"Faut-il dire notre pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte
de ce qu'est la langue ne conduise à douter de l'avenir de la
linguistique. Il y a disproportion, pour cette science, entre la somme
d'opérations nécessaires pour saisir rationnellement l'objet, et
l'importance de l'objet : de même qu'il aurait disproportion entre la
recherche scientifique de ce qui se passe pendant une partie de jeu et
l'[ ]".
La linguistica come scienza della relazione tra essere ed espressione è
l'area di esperienza, di riflessione, di conoscenza cui è dedicata
questa ipotesi di blog. Le sospese parole di Ferdinand de Saussure poste
in esordio (Écrits de linguistique générale, texte établi et édité par
Simon Bouquet et Rudolf Engler, Gallimard, Paris 2002, p. 87)
destinavano alla linguistica, ora è più di un secolo, un futuro
improbabile perché impervio e necessariamente razionale.
La profezia si è avverata. Molti (e certo la maggioranza di coloro che
oggi si professano linguisti) direbbero il contrario. Nei cento anni che
ci separano dal momento in cui quelle parole furono concepite, la
linguistica razionale intravista da Saussure, tra mille incertezze di
prospettiva, ha però vissuto una fragile esistenza. Essa è apparsa
sporadicamente tra i pensieri e le pagine di pochi cultori, di norma ai
margini della disciplina e estranei alle tendenze e alle scuole volta
per volta ritenute più promettenti e meritevoli di attenzione.
È forse un destino ineluttabile ed è definitiva la parola di Saussure
(non si è intelligenti per nulla!). A cavaliere tra Ottocento e
Novecento, due secoli colmi di ricerche su lingue e linguaggio, egli
giudicò implacabilmente gli studi linguistici come un imponente coacervo
di stupidaggini, da un lato per esperienza, dall'altro per profezia.
Proprio come fa con la virtù un piccolo ma importante personaggio
flaubertiano, la scienza della relazione tra essere ed espressione va
però praticata senza crederci, con Saussure e contro la sua profezia.
In questa prassi quotidiana, in questa incessante sperimentazione di un
nuovo punto di vista consiste infatti la sola ragionevole fede che la
linguistica oggi richiede.
Du blog de Nunzio La Fauci, professeur à l'Université de Zurich
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
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{FR, 20/12/2006}
EN BONUS POUR LE BULLETIN SÉMANTIQUE DES TEXTES
Saussure, Leçon du 28 Octobre 1910 :
Une fois la linguistique ainsi conçue, c'est-à-dire ayant devant elle le
langage dans toutes ses manifestations, un objet qui est aussi large que
possible, on comprend pour ainsi dire immédiatement ce qui n'était peut-
être pas clair à toute époque : l'utilité de la linguistique, ou le
titre qu'elle peut avoir à figurer dans le cercle des études qui
intéressent ce qu'on appelle la "culture générale". Tant que l'activité
des linguistes se bornait à comparer entre elles les langues, on peut
dire que cette utilité générale devait échapper à une grande partie du
public et qu'en somme il s'agissait là d'une étude si spéciale qu'il n'y
avait pas de raison véritable pour supposer qu'elle pût intéresser les
cercles plus étendus du public. Ce n'est que depuis que la linguistique
est plus consciente de son objet, c'est-à-dire l'aperçoit dans toute son
étendue, qu'il est évident que cette science a son mot à dire dans une
foule d'études qui intéresseront pour ainsi dire n'importe qui. Elle
n'est pas indifférente par exemple pour quiconque doit manier des
textes. Il est utile à l'historien entre autres d'avoir une vue sur les
formes les plus usuelles des différents phénomènes : phonétiques,
morphologiques ou autres, sur la manière dont le langage vit, se
continue, s'altère avec le temps. D'une façon encore plus générale il
est évident que le langage joue dans les sociétés humaines un rôle si
considérable, c'est un facteur d'une importance telle à la fois pour
l'individu humain et la société humaine, qu'il est impossible de
supposer que l'étude d'une partie aussi notable de la nature humaine
doive rester purement et simplement l'affaire de quelques spécialistes ;
tout le monde est appelé, semble-t-il, à prendre une idée aussi correcte
que possible de ce que représente ce côté des manifestations humaines en
général. Et cela d'autant plus que les idées réellement rationnelles,
approuvables, la conception à laquelle la linguistique a fini par
arriver, n'est nullement de celles qui s'offrent dès le premier coup
d'oeil. Il n'y a aucun domaine qui, plus que la langue, ait donné lieu à
des idées chimériques et absurdes. Le langage est un objet de mirages de
toutes espèces. Les erreurs faites par les hommes d'études sur le
langage sont ce qu'il y a de plus intéressant, psychologiquement
parlant. Chacun laissé à lui-même se fait une idée très éloignée de la
vérité sur les phénomènes qui se produisent dans le langage. Il est donc
également de ce côté-là légitime à la linguistique qu'elle puisse
aujourd'hui se croire en état de rectifier beaucoup d'idées, de porter
la lumière là où la généralité des hommes d'étude seraient très
facilement enclins à se tromper, à commettre les erreurs les plus
graves.
Nous avons laissé de côté la question de la langue et du langage pour
parler de l'objet de la linguistique et de son utilité possible.
(Notes de Constantin du IIIe cours, p. 8-10 ).
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{FR, 20/12/2006}
PRÉSENTATION DU PROJET SITES
François Rastier
Note sur le projet STUDIES FOR INTEGRATED TEXT SCIENCES
Graduate School of Letters Nagoya University, 21st Century COE Program
Les documents
Les documents publiés sont d'une part les Actes d'une série de sept
colloques internationaux, soit deux par an depuis 2003. D'autre part la
collection de la revue SITES, soit deux numéros par an depuis 2003.
Le champ couvert
Ce champ multidisciplinaire intéresse principalement les disciplines
suivantes :
- L'histoire -et notamment l'histoire des idées.
- L'anthropologie
- La linguistique descriptive
- La philologie et notamment la génétique des textes
- L'iconologie
- La sémiotique
- Les sciences de l'information et de la communication
Leur mise en relation peut être appréciée de deux façons. Soit l'on
considère qu'il s'agit d'une fédération ouverte de sciences de la
culture autour d'un concept commun, celui de texte, entendu comme
document, tant au sens philologique qu'au sens historique.
Dans cette première hypothèse, c'est aujourd'hui l'essor généralisé de
la numérisation des documents et la constitution des banques de
ressources numérisées rend particulièrement opportune une problématique
scientifique unifiée. Toutefois, la notion ou du moins l'expression de
science intégrée est peut-être trop forte, car il s'agit de faire
dialoguer des disciplines qui ont chacune leur histoire, leurs
problématiques et leurs modes de validation.
Dans une seconde hypothèse, il s'agit d'une unification au plan
épistémologique, visant à renforcer l'unité des sciences de la culture.
Ce "continent" scientifique est relativement récent, puisqu'il n'a été
divisé en disciplines que depuis deux siècles : son principe d'identité
reste débattu, puisque depuis un siècle et demi, des programmes divers
visent à l'intégrer dans les sciences de la nature ou surtout de la vie
(les programmes de naturalisation darwiniens ou néo-darwiniens sont
encore actifs). La sociologie durkheimienne, puis lasémiotique post-
saussurienne ont formulé l'ambition d'unifier ce champ mais n'y sont pas
parvenues.
Cependant le programme saussurien d'une sémiotique générale, mieux
compris avec la découverte récente de manuscrits importants, reste
vivace et fécond, dès lors que l'on ne réduit pas les langages aux
signes ni la transmission culturelle à la communication. Plutôt que par
la typologie a priori des signes, c'est par l'étude des relations
intersémiotiques complexes que l'on peut progresser vers une sémiotique
générale : les actes du colloque sur les images et textes médiévaux en
témoignent éloquemment.
L'articulation des disciplines
La notion de sciences historiques, dominante à la fin du XIXe siècle,
n'a rien perdu de sa légitimité, dans la mesure où seule l'humanité a
une histoire. Le temps historique n'est d'ailleurs qu'une métrique
extérieure, nécessaire pour aborder scientifiquement le temps interne de
la tradition culturelle.
L'objet des sciences humaines et sociales est bien constitué par les
cultures saisies dans la diversité qui leur donne sens, tant en
synchronie qu'en diachronie, dans une perspective tout à la fois
générale, historique et comparée. Ainsi, le programme SITES est-il une
contribution tant théorique que pratique, à la constitution d'une
épistémologie propre aux sciences de la culture.
Parmi les mouvements scientifiques, le culturalisme nord-américain, le
structuralisme européen notamment dans ses versions sémiotiques de
tradition saussurienne, ont formulé des propositions qui manquaient
parfois de clarté. La problématique du texte appliquée notamment aux
documents numériques constitués en corpus favorise une nouvelle
réflexion qui s'étend aux "textes" non verbaux, bref, à toutes les
performances sémiotiques complexes.
Alors que l'histoire et l'archéologie fondaient jadis leurs approches
respectives sur la distinction entre monuments et documents, la
numérisation permet de les unifier dans les mêmes formats, voire dans
les mêmes corpus.
En ce qui concerne plus spécifiquement la linguistique et la philologie,
c'est la linguistique inspirée par Halliday qui est la plus utilisée au
sein du programmes SITES : elle a l'avantage tout à la fois de la
précision descriptive et de la prise en compte du contexte, immédiat et
global (Halliday est d'ailleurs un élève de Firth, anthropologue
culturaliste).
Pour la philologie, et notamment la génétique, la spécificité positive
de l'école japonaise de génétique mérite d'être soulignée : alors que
certains généticiens français nient l'appartenance de leur discipline à
la philologie pour marquer une rupture qu'ils estiment politiquement
nécessaire, mais dont les attendus scientifiques restent obscurs, les
collègues japonais innovent à l'intérieur de cette tradition et se
signalent par leur respect de l'objet et la précision des analyses.
L'orientation à venir
Le premier programme était centré autour de la notion de Grammaire
universelle de la communication. La notion de grammaire universelle est
peut-être trop forte. D'une part, le mot grammaire évoque un système
unique, alors que les différents systèmes de signes ne sont pas
unifiables et ont chacun leurs spécificités expressives, comme l'a jadis
montré Lessing. D'autre part, même la notion de système unique est trop
forte, comme en témoigne par exemple pour le système graphique du
japonais.
Nécessairement a priori, l'hypothèse de l'universalité est sans doute
utile pour permettre des rapprochements nécessaires entre disciplines,
mais dès lors qu'ils ont eu lieu, c'est la perspective générale et
comparée qui est en charge de reconstruire une universalité toujours à
venir.
Quant à la communication, cette notion ne concerne qu'une fonction du
langage et des systèmes de signes. Déliée des télécommunications et de
l'imaginaire contemporain qui la magnifie, elle montre ses insuffisances
dès lors qu'il s'agit de la production et de la transmission des oeuvres
et objets culturels. La problématique du texte, ici encore, peut
permettre de passer à une nouvelle étape, qui est celle de l'étude de la
transmission. En effet, la genèse se continue dans l'interprétation :
l'étude de la configuration du texte (formule centrale de la deuxième
étape du programme Sites) doit être comprise au sens dynamique de cette
notion. Le texte est alors compris comme expression culturelle et comme
réécriture d'autres textes, aussi bien que de lui-même (dans son
processus génétique). En d'autres termes, il y a une continuité entre
les réécritures de textes antérieurs, les réécritures internes entre
brouillons et états du texte, enfin les réécritures ultérieures que sont
les commentaires, traductions et réélaborations dans d'autres ?uvres.
Si l'activité scientifique d'investigation ne se réduit pas à la
textualisation, les textes scientifiques eux-mêmes ne relèvent pas moins
de ce type d'analyse que les textes littéraires (le recueil sur la
genèse du texte historique marque sur ce point la fécondité du
rapprochement interdisciplinaire).
Pour analyser la configuration du texte, moment central entre la
préfiguration que constituent les textes antérieurs et la refiguration
qu'opèrent les textes postérieurs, une théorie générale des
transformations (ou métamorphismes), sera sans doute nécessaire. On
retrouve alors la question des universaux, mais des universaux
opératoires qui président aux transformations sémiotiques.
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{FR, 22/12/2006}
D'OÙ VIENNENT TOUS CES CADAVRES ?
UNE CLÉ HISTORIQUE POUR "EN ATTENDANT GODOT"
Dialogue inédit entre Denis Thouard et Valentin Temkine.
Q> Combien de fois as-tu vu En Attendant Godot ?
R> Je l'ai vu d'abord en 1953, à la création : c'était la pièce à voir,
tout le monde en parlait. Depuis, 4 ou 5 fois, peut-être. A l' époque et
encore maintenant, on en faisait une pièce absurde, LA pièce de
l'Absurde. Dumur, Lemarchand, tout le monde admirait, mais voyait
Vladimir et Estragon comme des clowns ou des clochards "métaphysiques".
Pronko écrivait : "Godot, dans un passé indéfini, lors de circonstances
quelque peu incertaines, leur a donné un rendez-vous plutôt imprécis
dans un lieu mal défini à une heure indéterminée"...
Mais, je m'en aperçois lors d'une représentation donnée par la Comédie
de Touraine je crois (Vladimir et Estragon y sont assimilés à Laurel et
Hardy ou quelque-chose comme ça) : les explications traditionnelles, ça
ne marche pas ! C'est une réplique bien précise qui m'a réveillé :
Vladimir regrette de ne pas s'être jeté du haut de la tour Eiffel :
"Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter".
J'ai une sorte d'illumination : une seule fois, dans l'histoire de cette
vénérable dame, on y a interdit l'accès à une catégorie de la
population, comme à tout monument d'ailleurs : entre 1940 et 1945,
c'était interdit aux Juifs ! Eureka ! Dès ce moment, toutes les
répliques ont pris un sens ; la confirmation vient très vite : "E : On
n'a plus de droits ? V : Tu me ferais rire, si cela m'était permis. E :
Nous les avons perdus ? V : Nous les avons bazardés." Ce n'est plus du
tout une histoire qui se passe en Absurdie, mais dans le temps
historique, et à un moment très précis...
Q> Alors, que peut-on savoir de Vladimir et d'Estragon ?
R> Ce que la pièce nous en dit ! Ce sont des bourgeois un peu
godelureaux qui vivaient probablement dans le quartier de la rue de La
Roquette ; ils ont fait un peu d'études -ils citent l'Ancien et le
Nouveau Testament, très différemment d'ailleurs : ils parlent de la
Bible avec révérence : Abel et Caïn, c'est toute l'humanité, mais pour
le Nouveau Testament, ils se tapotent le menton : quatre évangélistes et
trois n'ont rien vu, testis unus, testis nullus, si les gens y croient
c'est que ce sont des "cons". Autrement dit des goys. L'un d'eux
(Estragon) a été plus ou moins poète, ils "portaient beau" jusqu'à ce
que Vladimir emmène son ami loin des premières rafles : "V : Quand j'y
pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu...
sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu'un petit tas
d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur." Ils se sont cachés, ont
trouvé du travail dans le Vaucluse, à Roussillon précisément, où comme
c'est curieux Samuel Beckett a aussi passé l'année 1942, ils y ont fait
les vendanges... l'agriculture manquait de bras... et puis ils ont dû
en partir à leur grand regret, pour ce qu'ils nomment le Merdecluse.
Q> Pourquoi sont-ils partis ?
R> Le 11 novembre 1942 l'armée allemande envahit la "zone libre" : Les
lois raciales s'appliquent alors sur l'ensemble du territoire. Les deux
amis ont attendu le printemps (traverser les Alpes en plein hiver c'est
tout de même pas idéal) -entre l'acte 1 et l'acte 2 l'arbre fleurit : on
est au printemps 1943- et cherchent à gagner la zone soumise à
l'administration italienne, réputée moins raciste. Jamais les Italiens
n'ont parlé de race italienne (ce que les deux compères ne savent pas,
c'est que Mussolini, vraiment à la botte d'Hitler, est en train de
durcir la répression). Où sont-ils à ce moment précis ? Dans un endroit
quasi désertique, sur un plateau calcaire ("nous sommes servis sur un
plateau"), on pense aux Préalpes du sud, peut-être le plateau de
Valensole.
Q> Tout ça est très précis, mais alors, Godot ?
R> Ce n'est pas Dieu évidemment, même si c'est le "sauveur", mais un
chef local de la Résistance, qui veut bien s'occuper des deux vagabonds,
et qui se méfie ! Ils ont besoin de faux papiers, d'un gîte, et celui
qui aide ceux qu'on appelle les "terroristes" est lui-même menacé ;
alors il doit consulter "ses amis", ses "agents", ses "correspondants" :
c'est tout de même un vocabulaire qu'on connaît bien ! D'où aussi les
épisodes avec l'enfant : "Monsieur Albert ?" -eh oui ! Vladimir, ça sent
un peu trop les steppes de l' Orient ; il a changé de nom, comme l'ont
fait des dizaines de milliers d'autres, pour ne pas être trahi par son
patronyme.
Q> En suivant ton hypothèse, on pourrait même dire que dans certains
passages, Estragon et Vladimir ont comme le pressentiment de l'horreur
qui pèse sur eux.
R> Oui, Beckett se permet ce qu'après tout Corneille et Racine se sont
permis bien avant lui, une sorte de rêve prémonitoire dans lequel ils
évoquent carrément la Shoah ! "V : D'où viennent tous ces cadavres ? E :
Ces ossements. V : Voilà. E : Evidemment. V : On a dû penser un peu. E :
Tout à fait au commencement. V : Un charnier, un charnier. E : Il n'y a
qu'à ne pas regarder. V : Ca tire l'oeil. E : C'est vrai. V : Malgré
qu'on en ait."... Et pourtant ça n'a pas suffi pour tirer l'oeil de la
critique ! N' oublions pas que Beckett a commencé d' écrire sa pièce en
1948 : le public venait juste de découvrir les camps de la mort. De quoi
nos personnages sont-ils coupables ? C'est dit au tout début de la
pièce : d'être nés. C'est la définition même du Juif !
Q> Que dire maintenant de Pozzo et de Lucky ?
R> Ils sont beaucoup moins importants, mais c'est quand même
intéressant. Pozzo est un propriétaire goinfre, sadique et bien entendu
raciste, qui rit de pouvoir être rangé sous la même étiquette que ces
deux étrangers, ces deux Untermenschen ("Vous êtes bien des êtres
humains cependant... De la même espèce que moi" ou plus loin : "je ne
peux me passer longtemps de la compagnie de mes semblables, même quand
ils ne me ressemblent qu'imparfaitement"). Quant à Lucky, c'est
l'intellectuel au service du pouvoir, le maître à penser ("il pensait
même très joliment autrefois, je pouvais l'écouter pendant des heures")
devenu inutile donc ennuyeux... Et puis tout de même, quand on dit que
Godot est une pièce où il ne se passe rien, sur quatre personnages, il y
en a un qui devient aveugle, et un autre qui devient muet, c'est pas
rien ! Et c'est très symbolique : Pozzo a mordu à une phraséologie qui
est en train de se démolir, et il s'en aperçoit subitement : début 1943,
c'est là que 300 000 soldats de Hitler se rendent à Stalingrad, c'est
là que Rommel perd l'Afrique, que les Américains reprennent une à une
les îles que les Japonais avaient occupées, le vent tourne, et l'arbre
qui verdit est l'arbre de la liberté... Ce qui d'ailleurs ne change rien
pour nos deux fugitifs, qui ne songent qu'à s'y pendre... Alors, comment
un metteur en scène pourrait rendre ça... j' ai bien ma petite idée...
Q> Penses-tu que ta thèse détruise la lecture habituelle ?
R> Oui, absolument ! Il n'en reste rien !
Q> Mais tout de même, ils gardent bien une dimension universelle, ils
incarnent bien, pas un Absurde philosophique, mais l'absurdité de
l'Histoire ?
R> D'accord, ça c'est d'accord, mais à condition qu'on voie les racines
concrètes de la situation, bref, tout ce à quoi j'ai fait allusion. Et
encore, comment Beckett a-t-il eu l'idée de ses personnages ? La réponse
est toute simple : Beckett, Irlandais -les Irlandais n'étaient pas mal
vus des Allemands, étant présumés ennemis des Anglais, mais Beckett ne
voulait pas cautionner l'occupation allemande, et il s'était réfugié à
Roussillon ! Il n'avait pas le sou -un de ses romans s'était vendu à 2
exemplaires- et il a bien dû faire les vendanges, ou côtoyer au café des
Juifs traqués -plutôt planqués à ce moment-là, traqués après- il a mangé
avec eux, trinqué avec eux ! Alors comment avec ça il a fait une pièce ?
Eh bien c'est ça le génie !
Q> Comment se fait-il que Beckett n'ait jamais fait allusion à cet
aspect-là de sa pièce ?
R> C'est même plus drôle que ça : Brecht, à la fin de sa vie, a dit à
Strehler qu'il aurait bien aimé demander à Beckett où étaient Vladimir
et Estragon pendant la Deuxième Guerre Mondiale, et quand Strehler pose
la question à Beckett il répond : dans la Résistance. C'est se ficher du
monde ! Des Juifs résistants, il y en a eu, mais certainement pas ces
deux-là. Mais Beckett était comme ça, il fuyait la télévision, et quand
quelqu' un était sur une piste, il se défaussait. Et personne n'a rien
vu.
Q> Pourquoi n'as-tu pas vu cela tout de suite ?
R> Je lisais la Nouvelle Revue Française, je lisais les Lettres
Nouvelles, tout ce qu'on lisait quand on était intellectuel et à gauche,
et on disait Absurde, Absurdie, bon, très bien... jusqu'à ce qu'un jour
une réplique m'agresse : la tour Eiffel, qu'est-ce que c'est que cette
histoire de tour Eiffel ?
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{FR, 20/12/2006}
COLLOQUE
Le naturalisme linguistique et ses désordres
26 et 27 janvier 2007 à l'Institut Jacques-Monod,
Campus Jussieu (2 place Jussieu - Paris 5e) tour 42, RdC.
Responsable scientifique : Sylvain Auroux
Le 19e siècle a incontestablement connu un renouvellement de la
recherche en matière de sciences du langage, avec l'introduction de
l'explication historique qui déborde largement les possibilités de
l'explication grammaticale. Ce renouveau s'est accompagné de notables
transformations des concepts de base, concernant, notamment, le statut
du langage, avec l'apparition du thème "naturaliste". Loin d'être le
résultat de l'activité culturelle des hommes, le langage serait le fruit
de sa nature biologique, entité elle-même "naturelle". L'historiographie
traditionnelle (à quelques notables exceptions comme Poliakov) repose
sur le thème largement mythique (créé par les comparatistes aux-mêmes)
d'un comparatisme qui serait pour le langage l'avènement de la
positivité de la pensée "scientifique". Au cours de ces journées, on se
propose de revoir ce mythe à la lumière de questions pour le moins
embarrassantes pour nos disciplines : y a-t-il des liens théoriques de
la grammaire comparée, notamment dans sa version naturaliste et
évolutionniste, avec le racisme et l'antisémitisme ?
Lorsque Schlegel publie en 1808 son ouvrage sur la langue et la
philosophie de l'Inde, il rompt avec la filiation dont s'est réclamé
l'Occident du Moyen-Age et de la Renaissance : l'hébreu ne figure plus
dans ses origines linguistiques. Le développement de la linguistique
indo-européenne passe largement par une apologie de l'Occident. Certains
textes classiques sont troublants. C'est dans l'Introduction de son
Histoire de la langue allemande (1848) que Grimm propose le concept de
"Reich" pour assigner l'étendue du règne du monde linguistique
germanique. Renan n'hésitera pas à voir dans la culture hébraïque une
phase à jamais imparfaite du développement de l'humanité. Les linguistes
(cf. Pictet) ont largement contribué au façonnage du mythe aryen.
Le naturalisme connaît un renouvellement important depuis le dernier
tiers du 20e siècle. "Naturaliser" l'épistémologie, l'esprit ou le
langage est une nouvelle façon de proclamer la positivité d'une démarche
destinée à renouveler les méthodes. Comment faut-il juger le naturalisme
et sa renaissance contemporaine ?
Programme
* Vendredi 26 janvier
13h 30 : Ouverture du colloque : Sylvie Archaimbault, Directrice de
l'UMR 7597 - CNRS/ Paris 7 et Jean-Marie Fournier, Président de la SHESL
Présidence : Maurice Olender
13h 45 / 14h 45 : Sylvain Auroux (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
La linguistique et la contrainte de la science : le racialisme
du XIXe siècle et la naturalisation aujourd'hui.
14h 45 / 15h 45 : Djamel Kouloughli (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Ernest Renan: un antisémitisme savant.
15h 45 / 16h : PAUSE
16h / 17h : Piet Desmet (K.U. Leuven, Belgique)
Abel Hovelacque et l'école de linguistique naturaliste :
l'inégalité des races s'explique-t-elle par l'inégalité des langues ?
17h / ..... Discussion générale : Coordination M. Olender ; les
participants + C. Puech
* Samedi 27 janvier
9h 15 / 10h 15 : John Joseph (Université d'Edimburgh, Royaume-Uni)
'La grenouille ne devient pas l'égale du boeuf' :
Les limites de l'assimilation linguistique selon Léopold de Saussure
10h 15 / 11h 15 : Carita Klippi (Åbo Akademi Turku, Finlande)
La première biolinguistique.
11h 30 / 12h 30 : Jean-Michel Fortis (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Le langage mental universel chez Pinker : examen critique.
DEJEUNER
14h / 15h : Daniel Véronique (Université de Provence, Aix-Marseille 1)
Des racines du langage au proto-langage :
un état de nature du langage chez D. Bickerton.
15h / 16h : Emilio Bonvini (CNRS, LLACAN)
Interférences anthropologiques dans l'histoire de la
linguistique africaine.
16h 30 : Assemblée générale de la SHESL.
Si vous souhaitez participer au dîner du vendredi, et/ou au déjeuner du
samedi, merci de vous inscrire en adressant un message à l'une des deux
adresses suivantes :
valerie.raby@wanadoo.fr (Valérie Raby)
jmfnier@wanadoo.fr (Jean-Marie Fournier)
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
Colloque international : appel à communications
Date : 21-22 septembre 2007
Lieu : Université Lyon 2, Lyon, France
Comité organisateur : Denis Reynaud (Lyon 2 / UMR 5611 LIRE), Philippe
Selosse (Lyon 2-GRAC / UMR 5037 Institut d'Histoire de la Pensée
Classique)
Les mots et les choses au xviiie siècle :
la science, "langue bien faite" ?
2007 verra la célébration du tricentenaire des naissances de Linné et de
Buffon. Ce sera pour nous prétexte à réunir les deux ennemis de
l'histoire naturelle classique dans une perspective commune. Celle-ci ne
sera centrée ni sur la biographie ni sur le statut des deux hommes
mesuré à l'aune de la science actuelle. Elle les inscrira en revanche
dans la réflexion générale des Lumières sur les rapports entre langue et
science, à travers notamment les questions de nomenclature.
1. Cadre épistémique de la nomenclature au siècle des Lumières
En botanique mais aussi en zoologie, le xviiie siècle est le siècle des
systèmes (Linné 1735, 1738 ; Adanson, 1763 ; Bergen 1750 ; Boissier de
Sauvages 1751 ; Gleditsch 1764 ; Haller 1742 ; Heister 1748a ; Jacquin
1760 ; Ludwig 1739a...) et de la réfutation des systèmes (Buffon 1749 ;
Crantz 1766 ; Lamarck 1792d-f). Ces systèmes, qui concernent aussi bien
la classification des pierres, plantes et animaux, que la structuration
de leurs dénominations, ont donné lieu à l'émergence d'un terme nouveau
en français, celui de nomenclature dans ses acceptions de "méthode
systématique de structuration des dénominations" et "ensemble des
dénominations structurées selon une méthode" (1758 selon le Trésor de la
Langue Française : "Art d'établir et de classer les objets d'une science
et de leur attribuer méthodiquement des noms" (Duhamel-Monceau)). C'est
sur les problématiques soulevées par ce nouveau concept que le colloque
concentrera sa réflexion.
S'attacher à la nomenclature, c'est d'abord prendre en compte
l'importance de la langue dans les publications scientifiques de
l'époque -et rappeler que la science est alors indissociable
(indissociée) des lettres (Buffon 1753) et se réalise d'abord par la
langue. La nomenclature est en effet au coeur des publications :
- Linné (1751) présente une nouvelle nomenclature -non pas celle,
binominale, que l'historiographie a confusément attachée à son nom,
mais celle des noms spécifiques essentiels, naturels et factices -qui
donne lieu à de violentes polémiques tout au long du siècle, tant sur
le fond (le type de nomenclature proposé -Siegesbeck 1737, Gleditsch
1740) que sur la forme (le bouleversement occasionné par la nouvelle
nomenclature -Dillen 1732). De plus, bien d'autres auteurs présentent
des tentatives nouvelles de nomenclatures : Adanson (1763), Bergeret
(1783), Rafinesque-Schmalz (1814), Rousseau (1777)...
- un concept marginal de Linné, celui des "Noms Triviaux" (source de la
nomenclature binominale), se trouve prendre un développement inattendu
en France, par sa compatibilité avec la théorie des idées des
encyclopédistes (Auroux 1979) et le condillacisme. D'abord approuvé en
1774 par l'Académie des Sciences, il est ensuite prôné par les
botanistes français (les Jussieu, Lamarck, Rousseau...) puis devient
la base de la nomenclature internationale ;
- aucun botaniste, qu'il suive ou combatte Linné, ne publie alors
d'ouvrage sans commencer par de longues discussions sur les
dénominations, le mode de dénomination -avant même de présenter son
système de classification et les nouvelles plantes recensées. La
langue paraît donc être l'objet central de toutes les attentions
(Heister 1748b ; Ludwig 1747 ; Millin, 1795 ; Müller-Wille 2006 ;
Reynaud 1989), à tel point que les réflexions sur la langue débordent
parfois très largement le simple cadre de la nomenclature (Adanson
1763).
La nomenclature est par ailleurs et surtout la notion qui concrétise, au
niveau de la langue, l'opposition alors récurrente entre un réalisme qui
vise des entités spécifiques existant dans la nature et indépendantes de
l'homme, et un conceptualisme qui vise des entités spécifiques saisies
par l'homme dans la continuité de la nature et en tant que telles
dépendantes de la perception humaine. Dans le premier cas (Linné), les
espèces, discrètes, peuvent être nommées et leur définition passe
exclusivement par la nomenclature (rejet de l'image), qui a force
ontologique ; créées par Dieu, elles n'ont rien de commun avec l'humain
et refusent donc tout ce qui ressortit à la rhétorique (rejet des
figures de style). Dans le second cas (Buffon), les espèces, prises dans
un continuum, ne peuvent être nommées qu'artificiellement, sans aucune
dimension définitoire ; fruits de l'esprit humain appréhendant la
nature, elles ne peuvent être mieux approchées et définies que par le
discours humain, dont une des caractéristiques est la rhétorique et le
recours à l'image sous toutes ses formes, picturale et linguistique
(intégration des figures de style). La "nomenclature" est alors
analogique de la "langue de la nature" et tout le débat se résume à deux
positions : "réduire la langue de la nature au système" ou "réduire le
système à la langue de la nature" (Crantz 1766)
La nomenclature, enfin, est souvent définie sous forme d'aphorismes
baconiens, qui prennent le nom de "lois" ou "fondements". Cette
dimension législative n'est peut-être pas sans objectifs politiques :
certains (Drouin 2000) y ont vu l'amorce d'un "pacte social" ; d'autres
(Duris 1993, 2006) y ont vu l'effet inverse, la Révolution française et
sa "frénésie nomenclaturale" en tous domaines (poids et mesure,
calendrier, chimie...) concrétisant l'importance de la réflexion
nomenclaturale en lui donnant un caractère social et politique
prééminent. À moins que ce ne soit simplement un fait d'épistémè... ?
2. Problématiques du colloque
Les communications tenteront de répondre à la question générale
"Qu'est-ce qu'une nomenclature ?"
en partant des problématiques suivantes :
- du point de vue de l'histoire des idées : quels sont les liens
existant entre nomenclature et système, dans une épistèmè de systèmes
(Leibniz, Système nouveau de la nature, entre autres) ? L'opposition
de Vicq d'Azyr (<1779>, 1805 - qui critique la dépendance de la
nomenclature botanique à l'égard du système de Linné) et de Condorcet
(<1778>, 1781 - qui affirme au contraire l'indépendance de cette
nomenclature à l'égard de tout système), l'apparente opposition de
Linné et Buffon au sujet de la nomenclature, l'intégration des
caractéristiques des différents systèmes développés par chaque
botaniste dans leurs nomenclatures, constituent autant de bases de
réflexion ;
- du point de vue linguistique : quelles sont les caractéristiques
linguistiques d'une nomenclature ? Et en particulier au xviiie siècle,
quelles en sont les caractéristiques en latin ? en français ? en
anglais ? en allemand ? en italien ? En quoi la nomenclature
emprunte-t-elle aux nouvelles conceptions de la langue développées par
les Encyclopédistes (Beauzée et autres) ?
- du point de vue philosophique : en quoi la nomenclature
caractérise-t-elle l'épistèmè des Lumières ? Quels sont les liens
entre la nomenclature des naturalistes et les réflexions
conceptualistes de Bacon, Locke et Condillac (entre autres) ? et les
réflexions réalistes d'un Leibniz ? quelle est la place de la
nomenclature dans les théories de la connaissance d'un Condillac, d'un
Rousseau, d'un Leibniz (cf. Selosse 2006)... ?
- du point de vue épistémologique : la science des Lumières se
réduit-elle à des systèmes de représentations, dont la nomenclature
serait la forme la plus accomplie ?
- du point de vue politique, enfin : quelle dimension sociale attribuer
aux lois nomenclaturales et à leur visée universelle ? comment
interpréter l'extrême attention portée à la nomenclature de la
Révolution française, dans le droit fil de la pensée linnéenne ?
3. Soumission des propositions de communications
L'examen des propositions de communication sera fait par deux membres du
comité scientifique ;
- chaque proposition comportera le titre et le résumé de la
communication (2500 caractères maximum), accompagnés de 5 références
bibliographiques (max.) permettant de situer l'orientation du travail,
et suivis du nom, de l'appartenance institutionnelle et de l'adresse
postale ou courriel de l'auteur ;
- langues de travail : français, allemand, anglais, italien ;
- envoi des propositions, soit par courrier postal à l'adresse
suivante :
Denis Reynaud
Faculté Lesla - Université Lyon 2
18, quai Claude Bernard
69365 LYON cedex 07
soit par courriel :
denis.reynaud@univ-lyon2.fr
selosse.philippe@wanadoo.fr
- date limite de réception : 31 décembre 2006.
4. Calendrier :
- appel à communication : juin 2006
- date limite de réception des propositions de communication : 31
décembre 2006
- date d'acceptation des communications : 1er mars 2007
- tenue du colloque : 21 et 22 septembre 2007 à Lyon
- la publication des actes est envisagée à l'issue du colloque
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{FR, 20/12/2006}
APPEL à COMMUNICATIONS
IXème Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual)
Le IXème Congrès de l'Association Internationale de Sémiotique Visuelle
(AISV - IAVS) se déroulera
en Turquie, dans les locaux d'Istanbul Kültür University
du 29 Mai au 2 Juin 2007.
Les langues officielles du congrès de l'AISV sont: le français,
l'anglais, l'espagnol.
Les propositions de communication devront nous parvenir avant le 8
Janvier 2007.
Les propositions, sous la forme d'un texte de 200 mots au maximum,
seront expédiées au format électronique RTF.
Cultures du visible
Rien de plus variable à travers les cultures que l'image. Il n'est pas
nécessaire de souligner que celle-ci varie spectaculairement dans sa
structure, dans ses styles et dans ses moyens techniques, le long des
axes temporel, géographique et social. Mais la diversité est aussi du
côté des modalités d'énonciation, d'appropriation et de lecture de
l'image. Et c'est même vis-à-vis du phénomène de l'image dans son
ensemble que les positions culturelles divergent, comme le montrent les
controverses anthropologiques, sociologiques, voire théologiques, qui
ont régulièrement agité l'humanité, pour ne pas parler du débat sur
l'iconicité en sémiotique. Bref, les cultures du visible sont aussi une
pensée de l'image.
Le IXe Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual) sera consacré à cette variabilité
culturelle du visible et à la manière de la penser. Un appel à
communications est donc lancé aux membres de l'AISV et à toutes les
personnes intéressées à la sémiotique visuelle comme aux chercheurs des
domaines connexes (histoire et théorie des arts visuels, études
cinématographiques, muséologie, esthétique, phénoménologie,
linguistique, sciences cognitives, sciences de l'information et de la
communication, archéologie, anthropologie sociologie, ethno-histoire,
etc.), pour qu'ils participent à cet événement.
En particulier, les questions suivantes seront abordées : comment un
appareil perceptif universel et invariant peut-il déboucher sur des
modèles cognitifs divergents ? comment les spécificités culturelles
coexistent-elles avec une communication à très large spectre ? Après
avoir étudié "La société globalisée en tant que société des images"
(Journées de sémiotique visuelle de l'AISV-IAVS à Lyon, juillet 2004),
on décrira donc les contacts, les concurrences et les interférences
entre les divers modèles culturels de l'image. On s'efforcera également
d'aborder les questions que la variabilité pose à la discipline
sémiotique : comment tenir compte de la variation de l'image dans une
sémiotique visuelle générale ? et en particulier comment rendre des
compte des évolutions des signes visuels avec des moyens proprement
sémiotique ? ou encore : comment contribuer à la constitution d'une
socio-sémiotique ou une anthropo-sémiotique du visible ?
Sans nul doute, le fait que la ville européenne où se tiendra le congrès
a jadis connu de grands débats sur l'icone et qu'elle constitue un pont
entre l'Occident et l'Orient constituera un puissant stimulant à ces
débats.
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNUICATIONS
Appel à communications / Call for Papers
Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?
Where does text value come from?
Octobre 2007, Université de Reims Champagne-Ardenne
La problématique de la valeur des textes est très souvent posée sous
l'angle esthétique. Certes, cela permet d'échapper au principe logique
de compositionalité comme au modèle de la communication et de
l'information.
Or si l'on s'intéresse à tous les types de textes, on ne peut pas se
limiter à l'esthétique. Il est proposé ici d'aborder la question de la
valeur des textes sous différents aspects : non seulement esthétique
mais aussi affectif et cognitif. En effet, si l'esthétique suggère de
faire des textes littéraires une catégorie à part (selon le critère à
réinterroger de la littérarité), la pragmatique assigne aux textes une
tout autre valeur : est-ce son action pragmatique qui donne au texte sa
valeur ? Est-ce ce que me fait le texte ? Est-ce son rôle sur le réel et
l'action qui s'y déploie en conséquence ? Après tout, lire, c'est aussi
agir. La valeur des textes serait-elle une qualité extrinsèque ?
Ou une qualité intrinsèque ? Un texte tire-t-il sa valeur de critères
internes comme ceux qui tiendraient à son affiliation générique et à sa
manière singulière de référer ? Dans ce cas, la manière de référer
induit-elle une valeur explicative ou une valeur heuristique ? Si l'on
quitte les domaines du réel, du bien, du vrai et du beau, peut-on dire
que le cognitif nous achemine vers celui du juste, au sens où un texte
répond à des critères génériques ?
Et si la valeur économique se mesure en fonction de l'utilité sociale,
est-elle transposable en sémiotique en termes d'utilité discursive ?
Quelle est alors la valeur ajoutée des textes ? Est-elle liée à leur
interprétation ? Selon Saussure, la valeur d'un mot ne tient pas à la
signification : qu'en est-il de la valeur d'un texte ? Quel est le rôle
du contexte dans la construction de cette valeur ?
Ce colloque s'adresse aux chercheurs en linguistique, en littérature
française et étrangère, et à tous ceux qui travaillent sur les textes.
Dates : 11 et 12 octobre 2007 (éventuellement 13 octobre)
Lieu : UFR des Lettres et Sciences Humaines, Université de Reims
Langues de travail : français, anglais et autres selon ateliers
Durée des communications : 30 minutes maximum.
Frais d'inscription : 110 euros (ils couvriront au minimum l'inscription
au colloque et deux déjeuners)
Les propositions sous forme de résumés sont à envoyer avant le
15 JANVIER 2007 à :
- f.canon-roger@wanadoo.fr et je.tyvaert@univ-reims.fr pour la
linguistique
- christine.chollier@univ-reims.fr pour les littératures de langue
anglaise
Elles insisteront sur l'angle épistémologique choisi et mettront en
avant de nouvelles propositions. Elles s'appuieront sur l'étude d'un
texte ou de plusieurs textes (à spécifier).
Réponse sera donnée avant le 15 mars 2007.
L'inscription sera effectuée auprès du secrétariat
patricia.oudinet@univ-reims.fr
entre le 15 mars et le 15 mai 2007.
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
5èmes Journées de la Linguistique de Corpus
Lorient, 13 - 15 septembre 2007
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
Les 5èmes Journées de linguistique de corpus auront lieu à Lorient les
13, 14 et 15 septembre 2007. Elles sont organisées par le laboratoire
ADICORE de l'Université de Bretagne Sud.
* Objectifs
Ces 5èmes Journées de Linguistique de Corpus visent à promouvoir le
développement de la linguistique de corpus en France. Elles réunissent
des chercheurs venus d'horizons divers qui s'intéressent à l'utilisation
de l'informatique pour l'analyse des faits de langues. Les
contributions attendues pourront concerner, de manière non exhaustive :
- la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
- la lexicométrie
- la terminologie,
- la traduction
- l'analyse du discours,
- la linguistique appliquée et
- la description linguistique,
- ...
* Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une vingtaine
de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues des
communications affichées. L'ensemble des communications retenues donnera
lieu à publication dans les actes de la conférence.
* Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités d'exploration,
dont les résultats principaux seront présentés dans ce résumé. Le résumé
sera accompagné d'une page de renseignements pratiques comprenant le
mode de communication souhaité (oral ou poster), le nom, l'affiliation,
téléphone, adresse postale et électronique. Les résumés doivent être en
Times 12 avec interligne simple et en format Word RTF, ASCII, ou HTML.
Ces contributions seront évaluées par deux experts du comité
scientifique de la conférence.
Ces soumissions devront parvenir au comité d'organisation à l'adresse
suivante :
Journée "Linguistique de corpus "
Geoffrey Williams
Département d'Ingénierie du Document
U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
4 rue Jean Zay
BP 92116
56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
* Calendrier
Date limite de soumission 20 avril 2007
Notification aux auteurs 20 mai 2007
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2007
* Renseignements
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
ou le site WWW de la conférence
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
DATE LIMITE DE SOUMISSION : 20 avril 2007
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{Mpondo-Dicka, 07/11/2006}
APPEL À COMMUNICATION
Colloque International Ludovia 2007
du 4 au 6 juillet 2007 à Ax les Thermes, Ariège (09), France.
Le colloque scientifique Ludovia [...] explore les problématiques posées
par le multimédia dans les pratiques éducatives et/ou ludiques, que ce
soit en production ou en réception. [...] Après avoir débattu des enjeux
de l'immersion en 2006, la thématique choisie pour faire progresser la
réflexion est la suivante :
La convivialité des interfaces à vocation ludique et/ou pédagogique.
Conception, création, valeurs, usages.
Pour plus d'informations :
ludovia2007.colloque@online.fr
http://ludovia2007.colloque.free.fr.
http://www.ludovia.org
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________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 1.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
La connotation est au discours ce que la prime
est au rendement.
Philippe Mesnard
Lire est si facile, disent ceux auxquels la
longue pratique des livres a ôté tout respect
pour la parole écrite ; mais celui qui a affaire
à des choses ou à des hommes plutôt qu'à des
livres, celui qui doit sortir le matin et
rentrer le soir endurci, s'aperçoit, quand par
hasard il se concentre sur une page, qu'il a
sous les yeux quelque chose de rebutant et
d'étrange, d'évanescent et en même temps de
fort, qui l'agresse et le décourage. Inutile
d'ajouter que ce dernier est plus proche de la
vraie lecture que les autres.
Cesare Pavese, L'Unità, juin 1945
La mythologie n'est qu'un dialecte, une antique
forme du langage. Quoique roulant surtout dans
le cercle de la nature, la mythologie était
applicable à toute chose.
Rien n'est exclu de l'expression mythologique ;
ni la morale, ni la philosophie, ni l'histoire,
ni la religion, ni l'éthique n'ont échappé au
charme de cette antique sibylle.
Mais la mythologie n'est ni la philosophie, ni
l'histoire, ni la religion, ni l'éthique.
C'est, pour employer une expression scolastique,
un quale et non un quid, une forme et non
quelque chose de substantiel.
Max Muller
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Jovan Kostov, Tamako Suzuki, Maria Zaleska, Aya
Ono, Karine Collette.
- Nouvelles adresses pour Margareta Kastberg Sjoeblom, Michelle
Lecolle, Thierry Mezaille, Franck Neveu, Denis Thouard,
Alessandro Zinna.
2- Carnet
- Voeux de la redaction
- Seminaires :
Philippe Mesnard : L'instance du temoignage, de ses logiques a
son sujet (II)
Pierre Judet de la Combe : La comedie grecque ancienne et ses
conflits d'interpretation
Charlotte Lacoste : Narratologies contemporaines
Francois Rastier : Les corpus, leur constitution. Textes et
documents. Objectivation et interpretation dans les sciences
de la culture.
- Vadim Roudnev : L'idiotie comme strategie de l'art moderne
- Conferences de la Cite des Sciences
3- Textes électroniques
- Sur le site CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux)
la premiere grammaire slovene (1584)
- Logiciel Antidote RX
4- Publications
- Gilbert Lazard : La quete des invariants interlangues. La
linguistique est-elle une science ?
- Denis Thouard : Le partage des idees. Etudes sur la forme de
la philosophie
- Mathieu Valette : Linguistiques enonciatives et cognitives
francaises. Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice
Toussaint, Antoine Culioli.
- Jean-Philippe Dalbera : Des dialectes au langage. Une
archeologie du sens
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (sept.-dec. 2006)
5- Textes
- Saussure et Nunzio La Fauci : Faut-il dire notre pensee intime
- L'utilite de la linguistique. Saussure, Lecon du 28 oct. 1910
- Francois Rastier : Note sur le projet SITES (Studies for
Integrated Text Sciences)
6- Dialogue
- D'ou viennent tous ces cadavres ? Une cle historique pour
"En attendant Godot", Dialogue entre D. Thouard et V. Temkine.
7- Appels : Colloques et revues
- Le naturalisme linguistique et ses désordres, Paris, 26-27
janvier 2007
- Les mots et les choses au xviiie siecle : la science, "langue
bien faite" ?, Lyon, 21-22 septembre 2007.
- Cultures du visible, IXeme Congres de l'AISV-IAVS, Istanbul
(Turquie), 29 mai - 2 juin 2007
- Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?, Reims, oct. 2007
- 5emes Journees de la Linguistique de Corpus, Lorient,
13-15 septembre 2007
- La convivialite des interfaces ludiques et/ou pedagogiques,
Ludovia 2007, Ax les Thermes (France), 4-6 juillet 2007
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Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees Coordonnees
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 20/12/2006}
VOEUX
La rédaction de Sémantique des textes présente tous ses voeux à ses
lecteurs pour la nouvelle année.
Parmi les bonnes résolutions à venir, pourquoi ne pas nous adresser vos
avis, critiques et/ou encouragements ?
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Mémoire des signes
http://www.memoire-des-signes.net/
Collège international de philosophie
1, rue Descartes
F-75005 Paris
Tél. : 01.44.41.46.80
Philippe Mesnard
Séminaire annuel 2006-2007
L'instance du témoignage, de ses logiques a son sujet (II)
Cette deuxième année de séminaire doit permettre, à partir du modèle
d'interprétation que nous avons présenté l'an passé, d'approfondir la
question des logiques du témoignage. Celles-ci seront abordées à partir
de l'élaboration des textes testimoniaux, de leur pluridimensionnalité
et du mouvement de leur réécriture confronté à la question du genre. Une
attention particulière sera portée : aux formes nouvelles d'écriture
testimoniale quand, par exemple, l'essai émerge entre narration et
description (Améry, Cayrol, Levi, Kertész, Ki?, Klüger, Rousset,
Sebald...) ; à la place que tient la poésie lyrique, contre-lyrique,
gnomique, épique (Borowski, Cayrol, Celan, Delbo, Katzenelson, Levi...),
ainsi qu'au théâtre (Delbo, Gatti, Langfus, Levin, Régy, Sobol, Tabori,
Weiss...). Les séances consacrées à la poésie et au théâtre auront
principalement lieu au deuxième semestre. Nous poserons tout le long de
cette année les termes d'une définition du sujet du témoignage.
Des textes et informations complémentaires sont mis à disposition sur le
site [site en partie en construction] :
http://www.memoire-des-signes.net/
Les séances se tiendront au Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005
Paris. Mar 9 jan, Mar 23 jan : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
9 janvier : Les formes courtes : Tadeusz Borowski, Charlotte Delbo,
Primo Levi, Liana Millu, avec Luba Jurgenson (Paris IV Sorbonne, CRAL)
23 janvier : Poésie dans le témoignage, poéticité du témoignage :
Michel Deguy & François Rastier
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Pierre Judet de la Combe
Intitulé général :
"L'interprétation littéraire. Théories et pratiques."
Intitulé pour l'année 2006-07 :
"La comédie grecque ancienne et ses conflits d'interprétation."
1. L'analyse d'oeuvres d'Aristophane (lues en traduction), et notamment
des Oiseaux, nous aidera à répondre à la question de la validité
revendiquée par une forme poétique. Comment comprendre une forme de
discours qui à la fois cite l'ensemble des formes symboliques de son
temps et, en opposition avec elles, se dégage de toute prétention à
produire du "vrai" ? L'examen des interprétations anciennes et modernes
de la comédie montrera selon quels modèles de la relation entre activité
langagière et institution de valeurs sociales la spécificité d'une telle
forme a été conçue.
Lundi de 11 h à 13 h (salle 5, 105 Bd Raspail), à partir du 6 novembre.
2. Un atelier de philologie reviendra sur les questions techniques que
pose la lecture (en grec) de ces textes et permettra aux étudiants
d'exposer leurs travaux.
1er et 3e lundis du mois (salle 4, 105 Bd Raspail), à partir du 6
novembre. La première séance portera sur des passages des Sept contre
Thèbes d'Eschyle.
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{FR, 20/12/2006}
SÉMINAIRE
Séminaire d'élèves 2006-2007
[NDLR : Malgré l'intitulé Séminaire d'élèves, la participation à ce
séminaire est libre et nos abonnés intéressés seront bienvenus.]
Narratologies contemporaines
Charlotte Lacoste
lacoste.charlotte@neuf.fr
06 71 73 50 97
ENS Ulm, salle 18 (escalier A, 1er étage, entre la salle des Actes et la
salle Cavaillès)
le mardi de 17h à 19h, tous les quinze jours
Objectif
Il s'agit de faire un état des lieux de la narratologie, discipline
florissante dont les récents développements soulèvent des débats souvent
mal connus des étudiants français. Conçu comme un atelier de réflexion,
ce séminaire d'élèves, à vocation pluridisciplinaire (littérature,
philosophie, études cinématographiques), se tient en marge de celui,
intitulé "De la figure à la fiction", proposé par Jean-Marie Schaeffer,
Michel Murat et Marielle Macé.
Nous nous proposons pour notre part de donner aux jeunes chercheurs
l'occasion de relire en détails les textes fondateurs de la théorie de
récit, de suivre et de débattre de l'actualité de la recherche en
narratologie et de mener, en parallèle, une réflexion épistémologique
concernant le destin mouvementé de l'une des nombreuses disciplines du
texte, "la science du récit" (Todorov 1969 : 10), traversée à cette
heure par de multiples courants, charriant eux-mêmes d'innombrables
sous-disciplines hybrides. Un tel fourmillement rend nécessaire un
travail de synthèse.
Problématique
Nous nous pencherons tout d'abord sur l'histoire de la discipline : sur
les conditions de sa naissance, dans le giron de la linguistique, sur
les espoirs que son parrain, Tzvetan Todorov, conçut pour elle en la
tenant, en 1969, sur les fonts baptismaux ; sur ses premiers mots, qui
ne furent que curieux néologismes ; sur sa courte vie, dont on sait
surtout qu'elle fut austère (sa systématicité maniaque, son obscurité
terminologique, sa compulsion typologisante) ; sur son agonie, dans les
années 1980, abrégée par les coups que lui porta une foule, soûlée de
logocentrisme et de synchronie, moquant ses prétentions à la vérité (la
narratologie aurait péché par excès de ligne droite) ; sur sa
résurrection, enfin, sous d'improbables atours, qui fit grand bruit à la
veille du troisième millénaire. De fait, son double "turn" ("cultural
turn" et "cognitive turn") nous la rendit mieux en chair, réhydratée, et
grosse d'une multitude de petites narratologies qui font aujourd'hui
leur chemin : narratologie thématique (féministe, ethnique,
contextualiste, postcoloniale), narratologie cognitive, théorie des
mondes possibles, narratologie postmoderne, narratologie appliquée,
comparée, phénoménologique, etc. ont repeuplé la terre, s'alliant
parfois à d'autres disciplines comme l'IA, la psychologie cognitive ou
l'historiographie, dont sont encore nés récemment quelques rejetons
(psycho-narratologie, socio-narratologie, etc.)...
Nous analyserons les tours et les détours de cette histoire
rocambolesque, et nous appesantirons tout particulièrement sur
l'entrelacs subtil qui en compose le bouquet final. S'agit-il d'une
renaissance de la narratologie, d'une fusion-acquisition bref, d'un
happy end, comme une première lecture tendrait à le faire croire, ou
d'un démantèlement, d'une explosion-liquidation des concepts et des
méthodes de la narratologie classique ? Les nouvelles narratologies qui
ont émergé à la faveur de ce "revival of narrative" (Ansgar Nünning
1999) ont réintégré à l'analyse du récit les problématiques historiques,
anthropologiques, éthiques, culturelles, philosophiques et même
scientifiques qui semblaient lui faire défaut, tout en s'affranchissant
des modèles abstraits et du cadre jugé scientiste qu'avait construit la
narratologie première manière. On s'interrogera donc sur l'héritage du
structuralisme, sur l'usage que les nouvelles narratologies font de
l'outillage fourbi par la narratologie classique, et sur les présupposés
philosophiques (et les postulats ontologiques) de leur nouveau programme
scientifique.
A la faveur du "cultural turn", certaines questions, qui avaient un
temps passé pour obsolètes, sont remises à l'honneur. Parmi elles, celle
de la mimèsis témoigne de l'orientation "réaliste" des problématiques
narratologiques ; de la triple mimèsis ric?urienne au problème de
l'influence respective de la fiction et de la "réalité réelle"
(Schaeffer 1999 : 40) sur le lecteur, en passant par la volonté de
"rendre au texte littéraire sa référence" (F. Jacques 1992) et par la
théorie des scripts et des plans, les nouvelles narratologies font fond
sur un "réel", longtemps ostracisé par la narratologie structurale
(affranchie du modèle de la référence), et enfin réhabilité. La question
de la mimèsis, pierre de touche du nouveau paradigme, constituera donc
pour nous un angle d'approche fécond qui nous permettra :
- De repartir de Platon, dont "nous sommes toujours les contemporains"
(Schaeffer 1999 : 12), et de proposer une lecture renouvelée de son
anti-mimétisme.
- De souligner, au gré de nos lectures critiques, le caractère
métaphysique des approches réalistes des textes de fiction (réalisme
empirique dans le cadre de la théorie des mondes possibles, réalisme
transcendant selon la phénoménologie ric?urienne), dont l'analyse
reste toujours indexée, en définitive, sur un monde réel qui sert
d'unique étalon à la référence fictionnelle.
- De réenvisager la question du réel en termes d'impressions (et non
d'illusions) référentielles : "tout texte impose des contraintes sur
la formation des images mentales, notamment par ses structures
sémantiques. Ces contraintes sont dépendantes des régimes discursifs
(ex. littéraire, scientifique, religieux, etc.) et des pactes qui
régissent l'interprétation des genres textuels au sein des pratiques
sociales" (Rastier 1992 : 101).
Bibliographie indicative
BAL Mieke,
1977. Narratologie : essais sur la signification narrative de quatre
romans modernes, Paris, Klincksieck.
1990. "The Point of Narratology", Poetics Today, 11.4, p. 727-753.
BANFIELD Ann,
1982. Unspeakable sentences : narration and representation in the
language of fiction, Melbourne : Routledge and K. Paul, tr. fr.
Phrases sans paroles : théorie du récit et du style indirect libre,
Paris, Seuil, 1995.
BARTHES Roland,
1966. "Analyse structurale des récits", Communications, 8, Paris,
repris dans Poétique du récit, 1977.
1970. S/Z, Paris, Seuil, coll. Points Essais.
BARTHES R., KAYSER W., BOOTH W. C., HAMON P.,
1977. Poétique du récit, Paris, Seuil, coll. Points Essais.
BARRY Jackson G.,
1990. "Narratology's Centrifugal Force : A Literary Perspective on the
Extensions of Narrative Theory", Poetics Today 11.2, p. 727-753.
BAZIN André,
1985. Qu'est-ce que le cinéma ?, Paris, Cerf.
BENDER John,
1995. "Making the World safe for Narratolog: A Reply to Dorrit Cohn",
New Literary History 26.1, p. 29-33.
BENVENISTE Emile
1966. "Structure des relations de personne dans le verbe", Problèmes de
linguistique générale I, TEL Gallimard, pp.225-250.
BOOTH Wayne C.,
1961. The Rhetoric of Fiction, Chicago.
1961. "Distance and point of view", in Essays in Criticism, Chicago
(trad. fr. in Barthes R. Kayser W., Booth W.C., et Hamon P., Poétique
du récit, Paris, 1977, pp. 85-113).
BREMOND Claude,
1973. Logique du récit, Paris, Seuil.
BRUNER Jerome,
1991. "The Narrative Construction of Reality", Critical Inquiry 18.1,
p. 1-21.
CERISUELO Marc,
2000. Hollywood à l'écran. Essai de poétique historique des films :
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222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 25/10/2006}
Séminaire Sémantique des textes, année 2006-2007
François RASTIER
Directeur de recherche
Thèmes : Les corpus, leur constitution. Textes et documents.
Objectivation et interprétation dans les sciences de la culture.
Institut national des langues et civilisations orientales,
2 rue de Lille, 75007 Paris -escalier B, premier étage, salle 124.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Les jeudis 11 janvier,
1er, 8 et 15 février ;
8, 15, 22 mars.
Horaire : de 17h30 à 19h15.
Agenda et documents : http://www.revue-texto.net
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{FR, 20/12/2006}
HUMOUR
ROUDNEV, Vadim. Soumachedchii professor [Le savant fou].
Khoudojestvennyi journal, n°26-27 : L'idiotie comme stratégie de l'art
moderne. Disponible sur :
http://www.guelman.ru/xz/362/xx26/x2613.htm
Traduction Rossitza Kyheng
"Apparemment, dans les années 1930 se sont distingués trois types de
savants-idiots, promoteurs sincères de la nouvelle science. Parmi eux il
y avait des figures cliniquement pathologiques, tels que Lyssenko et
Mitchourine, mais aussi des ambivalents, tels que Marr et Bakhtine (pour
être juste -le premier était académicien, deuxième est mort maître de
conférence).
L'idiotie de Marr et de Bakhtine est dans leurs doctrines, qui ont non
seulement un caractère psychotique (étant au moins une bonne matière
pour le psychanalyste, comme les célèbres mémoires du président du sénat
fou Daniel Schreber, qu'étudiaient attentivement Freud et Lacan), mais
aussi un caractère idiot tout simplement. Il est difficile de croire que
Marr pouvait sérieusement croire que tous les mots de toutes les langues
du monde provenaient de quatre racines SAL, BER, JON, ROS. Plutôt, à
contre-coeur, dans son idée génialement conçue de satisfaire en tout le
pouvoir soviétique il tâchait de ne pas accepter du tout la linguistique
bourgeoise. Si l'indo-européanisme normal affirmait qu'il y avait
d'abord une langue mère, qui a commencé à se désagréger ensuite en
langues nationales, Marr, lui, affirmait le contraire : il y avait
beaucoup de langues, ensuite elles ont convergé dans une seule, et
ensuite elles se sont désagrégés (conséquence de leur endommagement). En
outre ses idées les plus folles, les plus idiotes, ont commencé à se
confirmer ensuite, dans les décennies suivantes. Ainsi, par exemple, la
fameuse théorie des quatre éléments rappelle, d'une manière frappante,
la doctrine sur la structure du code génétique (cf. cela en détail dans
l'article de l'académicien T.V.Gamkrelidze).
La même chose avec Bakhtine. Dans son élan d'être inséré dans une
nouvelle science bolcheviste il construisait des conceptions qui ne
prenaient en considération AUCUN fait, notamment sa conception du
développement historique de la littérature. Ainsi pouvait agir seulement
un idiot. Mais Bakhtine n'était pas un idiot, il était un grand savant,
tout simplement son cerveau travaillait malgré lui dans la direction
nécessaire. À propos, l'idiotisation secondaire des idées de Bakhtine
sur le chronotope, la carnavalisation, les polyphonies et la pensée
dialogique, qui se produisit à la fin de 1970, mais surtout entre 1980
et 1990, d'une part chez des slavophiles tels que Kojinov, d'autre part,
dans "la philologie provinciale", est aussi un fait très curieux. On
peut dire de même sur les "idées" tardives de Lossev. L'auteur de
l'article a eu l'occasion de voir Alexeï Fedorovitch durant l'été de
1973 dans la maison de campagne -il se comportait, comme il convient à
un savant-idiot, tel qu'il est représenté dans le cinéma soviétique :
distrait, avec un sourire semi-fou, ne répondant pas aux questions,
parlant mal à propos, etc. Cependant, pour ce qui était "possible", dans
les mêmes années et même plus tard Lossev écrivait des travaux tout à
fait normaux en syntaxe historique. D'ailleurs, dans l'esprit de Marr.
Le deuxième type, c'est l'idiot le plus intéressant, le plus ambivalent,
l'émigrant interne de l'idéologie. Il se présente non seulement comme un
imbécile, mais parfois il se bafoue lui-même. Tel était, par exemple,
Victor Borisovich Chklovski. On raconte que, quand en 1947 à la séance
de l'Union des écrivains on écrasait Zochtchenko, Chklovski -ancien
formaliste et admirateur absolu de l'écrivain persécuté, s'attaquait à
Zochtchenko avec les autres. Quand l'écrivain stupéfait s'approcha de
Chklovski et lui dit : "Victor Borisovich, comment cela ? vous me louiez
avant ! ", Chklovski, sans broncher, répondit :"Je ne suis pas un
perroquet pour répéter toujours la même chose !"
Le troisième type c'est le "décidément insistant" : il est moins répandu
et voilé d'un nimbe héroïque. Qui oserait appeler idiot Saharov, mais la
conduite idiote lui était incontestablement propre (idiotie -dans la
droiture du "disant la vérité aux rois avec le sourire",- ensuite en
1995, pendant la guerre tchétchène, c'est Kovalev qui l'imitait dans ses
conversations avec Eltsine).
D'une manière ou d'une autre, le savant-idiot dans une société
répressive est un médiateur entre la vérité qu'il porte en lui et le
pouvoir qui le menace. Cette position entre vérité et enfer dicte au
savant fou non seulement sa stratégie comportementale, mais aussi la
forme que revêt la connaissance qu'il présente sous le masque de la
bouffonerie à l'auditoire et à la presse ; assez souvent cela s'avère
ensuite une connaissance prophétique, comme cela se passe avec du benêt
du village dans la compréhension russe de ce mot."
ROUDNEV, Vadim. Responsable éditorial du journal Logos, auteur du
Dictionnaire de la culture du XXe siècle.
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{FR, 20/12/2006}
CONFERENCES
CITÉ des SCIENCES (La Villette).
Avec plus de 100 rendez-vous par saison depuis maintenant quatre ans,
le Collège de la Cité couvre largement le champ des sciences
contemporaines et les questions de sciences et de société.
Ces conférences sont toutes enregistrées, et restituées, avec les
documents projetés par les conférenciers, sur le site Internet de la
Cité des sciences. Plus de la moitié d'entre elles font l'objet d'une
publication dans une collection de livres de poche coéditée avec les
éditions Le Pommier.
Nous avons souhaité attirer votre attention sur cette réalisation, en
considérant qu'elle pouvait répondre à votre attente et à celle de vos
étudiants, soit pour connaître les programmes à venir, pour consulter
les enregistrements des 400 conférences passées sur notre site Internet,
ou pour vous procurer les ouvrages édités.
Vous pourrez consulter ce programme, accéder à la base de conférences ou
consulter le catalogue des livres à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
index.htm
Pour vous abonner à notre lettre mensuelle par Internet et/ou recevoir
nos programmes il vous suffit de remplir le questionnaire à l'adresse :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
html/static/scripts/lettre_univ.php
Voici quelques uns des thèmes que nous vous proposons en début d'année
2007 : la physique quantique, la cellule, le sommeil et les rêves, les
origines des religions, le cancer, les pôles, les insectes, l'évolution.
Bien entendu, nous serions heureux de recevoir de votre part vos
remarques et suggestions sur ces programmes, que vous pourrez adresser à
l'adresse suivante :
college@cite-sciences.fr
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20/12/2006}
BEAUX SITES
Nous avons le plaisir de vous annoncer du nouveau du côté de
l'encyclopédie CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux) :
l'ajout de la notice de la première grammaire slovène : Adam Bohoric,
Arcticae horulae succisivae de Latinocarniolana literatura (1584).
http://ctlf.ens-lsh.fr/
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20/12/2006}
NOTE DE DEGUSTATION
La nouvelle version du logiciel Antidote appelée Antidote RX comprend
trois volets : le volet "dictionnaires", le volets "guides" et le volet
"correcteur".
Le volet "dictionnaires" comprend pour chaque entrée une/des
définitions, un dictionnaire des synonymes assez complet, un inventaire
des locutions où rentre le mot de l'entrée, un dictionnaire des
antonymes, un conjugueur qui affiche tous les temps possibles quand il
s'agit d'un verbe, l'ensemble des mots de la même "Famille", des
analogies, des citations, des anagrammes. Enfin, des cooccurents
hierachisés par ordre de fréquence et donnés dans des exemples attestés.
On navigue entre ces différents outils en cliquant sur l'onglet
approprié situé à gauche.
A droite de chaque définition sont précisées les flexions, les
difficultés orthographiques ou grammaticales (lien vers le volet guides)
et, nouveauté lexicométrique, la fréquence : ainsi "apophantique"
affiche 4 et se rapproche du pôle rare mais "institution" affiche 74 et
se rapproche du pôle fréquent.
Les citations sont tirées de Gallica, de Projet Gutenberg, de la presse,
etc.
Le deuxième volet appelé "guides" est consacrés à la grammaire et à
l'orthographe. Il comprend les onglets : lexique, grammaire, syntaxe,
ponctuation, style, rédaction, typographie, rectifications et points de
langue. Selon les entrées, certaines rubriques sont concernées plus que
d'autres. Pour "banal" par exemple, la rubrique grammaire indique qu'on
choisit le pluriel banals/banaux selon le sens.
Le dernier volet est un correcteur particulièrement puissant. La
correction d'un document texte signale non seulement l'orthographe, les
accords, mais aussi la ponctuation, les faux amis, etc.
Antidote s'intègre à Word et à plusieurs autres logiciels. C'est un
outil pratique et complet qui réunit une bonne partie des connaissances
linguistiques dont on a besoin pour rédiger.
Site internet :
http://www.druide.com/antidote.html
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 20/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
La quête des invariants interlangues :
La linguistique est-elle une science ?
par Gilbert Lazard
Editions Honoré Champion, 3 rue Corneille, F-75006 Paris
Diffusion France et Belgique : champion@honorechampion.com
Autres pays : nsalina@slatkine.com
ISBN : 2-7453-1392-4, 352 pages, Relié, 68 euros.
______________________
Ce livre d'orientation épistémologique est l'oeuvre d'un linguiste
principalement intéressé par la diversité des langues et l'unité du
langage. Il traite des fondements de la linguistique en tant que
science des langues, coeur des "sciences du langage". Il s'adresse à la
fois aux linguistes et aux non-linguistes. Il s'est voulu
raisonnablement intelligible à tous les lecteurs, sans que soit
sacrifiée l'exactitude technique nécessaire.
Aux linguistes il expose une certaine conception de la langue,
inspirée de la pensée des deux grands esprits que furent Ferdinand de
Saussure et Émile Benveniste. D'autre part, il propose, dans le
quatrième chapitre, une méthode, fondée théoriquement, pour la
comparaison des langues en vue de découvrir, par-delà leur diversité,
des lois générales de leur constitution. Ces idées sont offertes comme
une réponse au trouble intellectuel qui se manifeste présentement dans
le milieu des linguistes français en quête d'un "noyau dur" de leur
discipline.
Aux non-linguistes il présente un tableau partiel de la recherche sur
les structures des langues et des problèmes théoriques qu'elle pose. Il
offre aux philosophes du langage et aux spécialistes des sciences
cognitives une définition de la langue qui distingue clairement l'objet
de la linguistique de ceux des disciplines connexes et par là contribue
à éclairer les relations entre elles.
* Sommaire
Introduction
Ch. I : Une proto-science
L'état de proto-science. Les traditions grammaticales. La "grammaire
comparée". La typologie. Une science du langage ?
Ch. II : Langage, langue, parole
L'origine du langage. La naissance de la grammaire. La quête de la
grammaire universelle. La langue et la parole. Deux linguistiques ?
Ch. III : La langue
Qu'est-ce qu'une langue ? La réduction saussurienne. Les unités :
variations, polysémie, homonymie, synonymie. La démarche descriptive.
Modèles ? Axiomes ? La terminologie. La question de l'objectivité.
Ch. IV : Variations et invariance
Toutes les langues sont différentes. Toutes les langues se
ressemblent. Le problème de la comparaison : les catégories
linguistiques ; des catégories extra-linguistiques ? Des cadres
conceptuels arbitraires. La démarche. Autres exemples. Des
invariants objectifs?
Ch. V : Etudes de cas
Introduction. Structure de la syllabe et nombre de syllabes. La
fracture d'actance selon le temps ou l'aspect. Le traitement
différentiel de l'objet. La zone objectale. La question du sujet. La
transitivité. La transitivité généralisée. Diathèses. La hiérarchie
d'humanitude. Les rôles sémantiques. Le moyen. L'aspect. Nom et verbe.
Thème et rhème. La nature des invariants.
Ch. VI : Regards sur le large
Introduction. La RRG. Les noémies de Pottier. Langacker et le
cognitif. Culioli et l'énonciation. La mise en discours.
Formalisations. Les populations de Croft.
Conclusion.
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{FR, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Denis Thouard, Le partage des idées. Etudes sur la forme de la
philosophie, Editions du CNRS, "Philosophie", Paris, 2007.
______________________
Si la philosophie vise bien une vérité, elle ne peut être indifférente à
sa communication. Le vrai doit être dit pour tous, car il vaut pour
tous. Telle est la conviction des siècles démocratiques, héritiers des
idéaux des Lumières. Mais comment être assuré qu'il sera compris ?
Les études ici réunies, consacrées aux Lumières et à l'ensemble
romantique et idéaliste allemand, présentent plusieurs tentatives et
reviennent sur leurs apories. Dans la lignée d'un rationalisme
triomphant, les Lumières ont cherché à "populariser" la philosophie,
privilégiant la clarté du discours. Mais cette pédagogie rencontre une
double limite, qui tient à la simplification des contenus et à
l'impossibilité d'éviter tout malentendu.
En réaction aux illusions d'une communication accomplie sous le signe de
la raison universelle, des stratégies alternatives ont vu le jour. De
Kant à Fichte, de Hegel à Schlegel, Schelling ou Schleiermacher, les
formes les plus diverses ont pu être essayées, trahissant la tension
entre l'individualité de la forme et l'universalité de la prétention au
vrai. On analysera ici le poème didactique, le fragment, le dialogue et
le récit à partir de cas exemplaires où la philosophie s'approprie des
genres hétérogènes comme le poème de Lucrèce, la maxime des moralistes
français, le dialogue platonicien ou l'épopée homérique.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d'une
pédagogie de la clarté autant que d'une réduction de la philosophie à
l'écriture, l'ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
l'activité du lecteur.
______________________
Denis Thouard, Directeur de recherche au CNRS (UMR "Savoirs, Textes,
Langage" à Lille), actuellement à l'Université de Munich, travaille sur
les problèmes du langage et de l'interprétation, notamment sur la
tradition herméneutique.
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{Valette, 21/12/2006}
VIENT DE PARAÎTRE
Mathieu Valette
Linguistiques énonciatives et cognitives françaises.
Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint, Antoine Culioli.
Bibliothèque de grammaire et de linguistique, éditions Champion, 2006.
______________________
À partir d'un travail de relecture reposant sur un corpus composé
d'articles, de conférences, mais aussi de brouillons et de réflexions
inédites, Mathieu Valette rend compte de l'effort de problématisation et
de théorisation de la relation langue/pensée chez le linguiste Gustave
Guillaume (1883-1960). Il reconstruit ses positions et en dégage les
aspects novateurs qui ont fécondé jusqu'à nos jours les travaux de
linguistique générale portant sur l'énonciation et la cognition.
L'auteur évalue et illustre la réception des propositions de
G. Guillaume par l'étude de trois théories énonciatives et cognitives
françaises dont les auteurs appartiennent à la génération suivante : la
sémantique énonciative conceptuelle de Bernard Pottier, la
neurolinguistique analytique de Maurice Toussaint et la théorie des
opérations énonciatives d'Antoine Culioli.
______________________
Mathieu Valette est chercheur au Centre National de la Recherche
Scientifique.
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
{FR, 11/01/2007}
VIENT DE PARAÎTRE
Jean-Philippe DALBERA, Des dialectes au langage. Une archéologie du
sens, Paris, Champion, 464 pages.
______________________
Fascinant ! C'est le terme qui vient naturellement à l'esprit de ceux
qui ont lu ce livre.
Fascinant en ce sens que, partant de données linguistiques simples et
banales, l'auteur parvient à nous faire pénétrer très profondément dans
la préhistoire de l'humanité : système parentélaire, matriarcat,
relations hommes-animaux?
Fascinant parce que, sans miracle, par la seule vertu d'une approche
différente et d'une reconstruction prenant en compte alternativement la
forme et le sens, l'auteur parvient à élucider toute une série de
problèmes étymologiques jusque-là considérés comme insolubles.
L'auteur assoit ses analyses étymologiques sur les données de la
dialectologie en exploitant le fourmillement de la variation dans
l'espace et fonde son approche sur la dimension motivationnelle de la
création lexicale. Et la démarche est parfois intrépide, qui ose donner
la priorité aux relations sémantiques sur l'évolution du phonétisme.
Mais l'ivresse -à laquelle renvoie la citation de Rimbaud choisie pour
l'exergue- reste dominée, l'auteur donnant le sentiment de garder un
oeil tantôt amusé tantôt inquiet ou du moins dubitatif sur certaines
propositions auxquelles il est parvenu.
Ce livre, tant par la réflexion épistémologique permanente sur les
principes qu'il met en ½uvre que par les résultats qu'il établit (et qui
valident ipso facto pour l'essentiel la méthode), a toutes les chances
d'augurer un renouvellement profond de la démarche étymologique.
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{FR, 20/12/2006}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Le site a connu une fréquentation soutenue et va frôler les 500.000
visites en 2006.
Dernière mise à jour : SEPTEMBRE-DECEMBRE 2006 (Vol. XI, n°3/4)
Dans la rubrique CORPUS ET MÉTHODES :
Poudat, Céline
Étude contrastive de l'article scientifique de revue
linguistique dans une perspective d'analyse des genres
(2006, thèse)
Élaboration en corpus et par contrastes d'une définition opérationnelle
du genre de l'article de linguistique en exploitant les méthodes du
traitement automatique des langues et des statistiques textuelles.
LIVRES-E :
Hébert, Louis
Tools for Text and Image Analysis: An Introduction to Applied
Semiotics (2006). [Translated by Julie Tabler]
This book presents tools for text and image analysis used in general
semiotics (homologation, etc.) or specific semiotics : the theories of
A.J. Greimas (the semiotic square, the veridictory square, the actantial
model, the narrative program, the canonical narrative schema, thematic
analysis, axiological analysis and thymic analysis) ; François Rastier
(semic analysis, dialogics and the semantic graph) ; Jacques Fontanille
and Claude Zilberberg (the tensive model). The text includes a glossary
of semiotics.
Rastier, François et Ballabriga, Michel (dir.)
Corpus en Lettres et Sciences sociales :
des documents numériques à l'interprétation,
Actes du colloque international d'Albi, juillet 2006.
Publiés par Carine Duteil et Baptiste Foulquié.
Avertissement : Ce texte est au format PDF. Une version paginée
définitive est en cours de préparation.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Mayaffre, Damon
Compte rendu de : Kastberg Sjöblom,
L'écriture de J. M. G. Le Clézio. Des mots aux thèmes (2006)
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Rastier, François
Formes sémantiques et textualité (2006)
Les unités textuelles sont des formes qui se profilent sur des fonds et
qui relèvent d'une théorie générale des transformations.
Rastier, François
Chamfort : le sens du paradoxe (1996)
Le paradoxe induit des parcours interprétatifs complexes entre zones
sémantiques contrastées, comme le montre l'étude des maximes de
Chamfort.
Rastier, François
Semantics and cognitive research,
translated by Larry Marks (2006)
Introduction & Chapter I : Cognitive research
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Frydman, Benoît
De l'art d'écrire à l'art de lire.
Le modèle straussien de l'interprétation (2000)
[publié par l'Université Libre de Bruxelles]
Pour l'histoire des modèles de l'interprétation, l'originalité de Leo
Strauss (1899-1973) tient à la recherche d'une tierce voie entre la
philologie moderne et l'herméneutique ancienne et médiévale.
Dans la rubrique REPÈRES :
Rastier, François
Sémiotique et sciences de la culture. Une introduction (2006)
Ce texte discute des principales conceptions de la sémiotique et formule
des propositions pour une refondation interprétative de la sémiotique.
Il conduit au projet d'une sémiotique des cultures, capable de fédérer
les sciences de la culture autour de la reconnaissance du caractère
sémiotique de l'univers humain et de la description des facteurs
culturels dans la cognition humaine.
Cours et exercices :
Niveau 3
Exercice 2 par Michel Ballabriga (2006) : Analyse d'un extrait de texte
littéraire.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- Sur les mots-clés et la sémantique différentielle (2006)
Dialogue entre Thierry Mézaille et François Rastier : où une discussion
sur la problématique du mot-clé amène à préciser et reformuler quelques
positions essentielles de la sémantique différentielle dans son rapport
aux mots, aux idées, et à la médiation sémiotique.
- Diction du poème (2006)
Dialogue entre Michel Favriaud et François Rastier. Echange sur la
diction du poème, en particulier la diction de la poésie contemporaine
et des poèmes traduits.
Prochaine édition : janvier 2007.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 20/12/2006}
FAUT-IL DIRE NOTRE PENSÉE INTIME ?
SAUSSURE ET NUNZIO LA FAUCI
"Faut-il dire notre pensée intime ?"
"Faut-il dire notre pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte
de ce qu'est la langue ne conduise à douter de l'avenir de la
linguistique. Il y a disproportion, pour cette science, entre la somme
d'opérations nécessaires pour saisir rationnellement l'objet, et
l'importance de l'objet : de même qu'il aurait disproportion entre la
recherche scientifique de ce qui se passe pendant une partie de jeu et
l'[ ]".
La linguistica come scienza della relazione tra essere ed espressione è
l'area di esperienza, di riflessione, di conoscenza cui è dedicata
questa ipotesi di blog. Le sospese parole di Ferdinand de Saussure poste
in esordio (Écrits de linguistique générale, texte établi et édité par
Simon Bouquet et Rudolf Engler, Gallimard, Paris 2002, p. 87)
destinavano alla linguistica, ora è più di un secolo, un futuro
improbabile perché impervio e necessariamente razionale.
La profezia si è avverata. Molti (e certo la maggioranza di coloro che
oggi si professano linguisti) direbbero il contrario. Nei cento anni che
ci separano dal momento in cui quelle parole furono concepite, la
linguistica razionale intravista da Saussure, tra mille incertezze di
prospettiva, ha però vissuto una fragile esistenza. Essa è apparsa
sporadicamente tra i pensieri e le pagine di pochi cultori, di norma ai
margini della disciplina e estranei alle tendenze e alle scuole volta
per volta ritenute più promettenti e meritevoli di attenzione.
È forse un destino ineluttabile ed è definitiva la parola di Saussure
(non si è intelligenti per nulla!). A cavaliere tra Ottocento e
Novecento, due secoli colmi di ricerche su lingue e linguaggio, egli
giudicò implacabilmente gli studi linguistici come un imponente coacervo
di stupidaggini, da un lato per esperienza, dall'altro per profezia.
Proprio come fa con la virtù un piccolo ma importante personaggio
flaubertiano, la scienza della relazione tra essere ed espressione va
però praticata senza crederci, con Saussure e contro la sua profezia.
In questa prassi quotidiana, in questa incessante sperimentazione di un
nuovo punto di vista consiste infatti la sola ragionevole fede che la
linguistica oggi richiede.
Du blog de Nunzio La Fauci, professeur à l'Université de Zurich
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
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{FR, 20/12/2006}
EN BONUS POUR LE BULLETIN SÉMANTIQUE DES TEXTES
Saussure, Leçon du 28 Octobre 1910 :
Une fois la linguistique ainsi conçue, c'est-à-dire ayant devant elle le
langage dans toutes ses manifestations, un objet qui est aussi large que
possible, on comprend pour ainsi dire immédiatement ce qui n'était peut-
être pas clair à toute époque : l'utilité de la linguistique, ou le
titre qu'elle peut avoir à figurer dans le cercle des études qui
intéressent ce qu'on appelle la "culture générale". Tant que l'activité
des linguistes se bornait à comparer entre elles les langues, on peut
dire que cette utilité générale devait échapper à une grande partie du
public et qu'en somme il s'agissait là d'une étude si spéciale qu'il n'y
avait pas de raison véritable pour supposer qu'elle pût intéresser les
cercles plus étendus du public. Ce n'est que depuis que la linguistique
est plus consciente de son objet, c'est-à-dire l'aperçoit dans toute son
étendue, qu'il est évident que cette science a son mot à dire dans une
foule d'études qui intéresseront pour ainsi dire n'importe qui. Elle
n'est pas indifférente par exemple pour quiconque doit manier des
textes. Il est utile à l'historien entre autres d'avoir une vue sur les
formes les plus usuelles des différents phénomènes : phonétiques,
morphologiques ou autres, sur la manière dont le langage vit, se
continue, s'altère avec le temps. D'une façon encore plus générale il
est évident que le langage joue dans les sociétés humaines un rôle si
considérable, c'est un facteur d'une importance telle à la fois pour
l'individu humain et la société humaine, qu'il est impossible de
supposer que l'étude d'une partie aussi notable de la nature humaine
doive rester purement et simplement l'affaire de quelques spécialistes ;
tout le monde est appelé, semble-t-il, à prendre une idée aussi correcte
que possible de ce que représente ce côté des manifestations humaines en
général. Et cela d'autant plus que les idées réellement rationnelles,
approuvables, la conception à laquelle la linguistique a fini par
arriver, n'est nullement de celles qui s'offrent dès le premier coup
d'oeil. Il n'y a aucun domaine qui, plus que la langue, ait donné lieu à
des idées chimériques et absurdes. Le langage est un objet de mirages de
toutes espèces. Les erreurs faites par les hommes d'études sur le
langage sont ce qu'il y a de plus intéressant, psychologiquement
parlant. Chacun laissé à lui-même se fait une idée très éloignée de la
vérité sur les phénomènes qui se produisent dans le langage. Il est donc
également de ce côté-là légitime à la linguistique qu'elle puisse
aujourd'hui se croire en état de rectifier beaucoup d'idées, de porter
la lumière là où la généralité des hommes d'étude seraient très
facilement enclins à se tromper, à commettre les erreurs les plus
graves.
Nous avons laissé de côté la question de la langue et du langage pour
parler de l'objet de la linguistique et de son utilité possible.
(Notes de Constantin du IIIe cours, p. 8-10 ).
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{FR, 20/12/2006}
PRÉSENTATION DU PROJET SITES
François Rastier
Note sur le projet STUDIES FOR INTEGRATED TEXT SCIENCES
Graduate School of Letters Nagoya University, 21st Century COE Program
Les documents
Les documents publiés sont d'une part les Actes d'une série de sept
colloques internationaux, soit deux par an depuis 2003. D'autre part la
collection de la revue SITES, soit deux numéros par an depuis 2003.
Le champ couvert
Ce champ multidisciplinaire intéresse principalement les disciplines
suivantes :
- L'histoire -et notamment l'histoire des idées.
- L'anthropologie
- La linguistique descriptive
- La philologie et notamment la génétique des textes
- L'iconologie
- La sémiotique
- Les sciences de l'information et de la communication
Leur mise en relation peut être appréciée de deux façons. Soit l'on
considère qu'il s'agit d'une fédération ouverte de sciences de la
culture autour d'un concept commun, celui de texte, entendu comme
document, tant au sens philologique qu'au sens historique.
Dans cette première hypothèse, c'est aujourd'hui l'essor généralisé de
la numérisation des documents et la constitution des banques de
ressources numérisées rend particulièrement opportune une problématique
scientifique unifiée. Toutefois, la notion ou du moins l'expression de
science intégrée est peut-être trop forte, car il s'agit de faire
dialoguer des disciplines qui ont chacune leur histoire, leurs
problématiques et leurs modes de validation.
Dans une seconde hypothèse, il s'agit d'une unification au plan
épistémologique, visant à renforcer l'unité des sciences de la culture.
Ce "continent" scientifique est relativement récent, puisqu'il n'a été
divisé en disciplines que depuis deux siècles : son principe d'identité
reste débattu, puisque depuis un siècle et demi, des programmes divers
visent à l'intégrer dans les sciences de la nature ou surtout de la vie
(les programmes de naturalisation darwiniens ou néo-darwiniens sont
encore actifs). La sociologie durkheimienne, puis lasémiotique post-
saussurienne ont formulé l'ambition d'unifier ce champ mais n'y sont pas
parvenues.
Cependant le programme saussurien d'une sémiotique générale, mieux
compris avec la découverte récente de manuscrits importants, reste
vivace et fécond, dès lors que l'on ne réduit pas les langages aux
signes ni la transmission culturelle à la communication. Plutôt que par
la typologie a priori des signes, c'est par l'étude des relations
intersémiotiques complexes que l'on peut progresser vers une sémiotique
générale : les actes du colloque sur les images et textes médiévaux en
témoignent éloquemment.
L'articulation des disciplines
La notion de sciences historiques, dominante à la fin du XIXe siècle,
n'a rien perdu de sa légitimité, dans la mesure où seule l'humanité a
une histoire. Le temps historique n'est d'ailleurs qu'une métrique
extérieure, nécessaire pour aborder scientifiquement le temps interne de
la tradition culturelle.
L'objet des sciences humaines et sociales est bien constitué par les
cultures saisies dans la diversité qui leur donne sens, tant en
synchronie qu'en diachronie, dans une perspective tout à la fois
générale, historique et comparée. Ainsi, le programme SITES est-il une
contribution tant théorique que pratique, à la constitution d'une
épistémologie propre aux sciences de la culture.
Parmi les mouvements scientifiques, le culturalisme nord-américain, le
structuralisme européen notamment dans ses versions sémiotiques de
tradition saussurienne, ont formulé des propositions qui manquaient
parfois de clarté. La problématique du texte appliquée notamment aux
documents numériques constitués en corpus favorise une nouvelle
réflexion qui s'étend aux "textes" non verbaux, bref, à toutes les
performances sémiotiques complexes.
Alors que l'histoire et l'archéologie fondaient jadis leurs approches
respectives sur la distinction entre monuments et documents, la
numérisation permet de les unifier dans les mêmes formats, voire dans
les mêmes corpus.
En ce qui concerne plus spécifiquement la linguistique et la philologie,
c'est la linguistique inspirée par Halliday qui est la plus utilisée au
sein du programmes SITES : elle a l'avantage tout à la fois de la
précision descriptive et de la prise en compte du contexte, immédiat et
global (Halliday est d'ailleurs un élève de Firth, anthropologue
culturaliste).
Pour la philologie, et notamment la génétique, la spécificité positive
de l'école japonaise de génétique mérite d'être soulignée : alors que
certains généticiens français nient l'appartenance de leur discipline à
la philologie pour marquer une rupture qu'ils estiment politiquement
nécessaire, mais dont les attendus scientifiques restent obscurs, les
collègues japonais innovent à l'intérieur de cette tradition et se
signalent par leur respect de l'objet et la précision des analyses.
L'orientation à venir
Le premier programme était centré autour de la notion de Grammaire
universelle de la communication. La notion de grammaire universelle est
peut-être trop forte. D'une part, le mot grammaire évoque un système
unique, alors que les différents systèmes de signes ne sont pas
unifiables et ont chacun leurs spécificités expressives, comme l'a jadis
montré Lessing. D'autre part, même la notion de système unique est trop
forte, comme en témoigne par exemple pour le système graphique du
japonais.
Nécessairement a priori, l'hypothèse de l'universalité est sans doute
utile pour permettre des rapprochements nécessaires entre disciplines,
mais dès lors qu'ils ont eu lieu, c'est la perspective générale et
comparée qui est en charge de reconstruire une universalité toujours à
venir.
Quant à la communication, cette notion ne concerne qu'une fonction du
langage et des systèmes de signes. Déliée des télécommunications et de
l'imaginaire contemporain qui la magnifie, elle montre ses insuffisances
dès lors qu'il s'agit de la production et de la transmission des oeuvres
et objets culturels. La problématique du texte, ici encore, peut
permettre de passer à une nouvelle étape, qui est celle de l'étude de la
transmission. En effet, la genèse se continue dans l'interprétation :
l'étude de la configuration du texte (formule centrale de la deuxième
étape du programme Sites) doit être comprise au sens dynamique de cette
notion. Le texte est alors compris comme expression culturelle et comme
réécriture d'autres textes, aussi bien que de lui-même (dans son
processus génétique). En d'autres termes, il y a une continuité entre
les réécritures de textes antérieurs, les réécritures internes entre
brouillons et états du texte, enfin les réécritures ultérieures que sont
les commentaires, traductions et réélaborations dans d'autres ?uvres.
Si l'activité scientifique d'investigation ne se réduit pas à la
textualisation, les textes scientifiques eux-mêmes ne relèvent pas moins
de ce type d'analyse que les textes littéraires (le recueil sur la
genèse du texte historique marque sur ce point la fécondité du
rapprochement interdisciplinaire).
Pour analyser la configuration du texte, moment central entre la
préfiguration que constituent les textes antérieurs et la refiguration
qu'opèrent les textes postérieurs, une théorie générale des
transformations (ou métamorphismes), sera sans doute nécessaire. On
retrouve alors la question des universaux, mais des universaux
opératoires qui président aux transformations sémiotiques.
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{FR, 22/12/2006}
D'OÙ VIENNENT TOUS CES CADAVRES ?
UNE CLÉ HISTORIQUE POUR "EN ATTENDANT GODOT"
Dialogue inédit entre Denis Thouard et Valentin Temkine.
Q> Combien de fois as-tu vu En Attendant Godot ?
R> Je l'ai vu d'abord en 1953, à la création : c'était la pièce à voir,
tout le monde en parlait. Depuis, 4 ou 5 fois, peut-être. A l' époque et
encore maintenant, on en faisait une pièce absurde, LA pièce de
l'Absurde. Dumur, Lemarchand, tout le monde admirait, mais voyait
Vladimir et Estragon comme des clowns ou des clochards "métaphysiques".
Pronko écrivait : "Godot, dans un passé indéfini, lors de circonstances
quelque peu incertaines, leur a donné un rendez-vous plutôt imprécis
dans un lieu mal défini à une heure indéterminée"...
Mais, je m'en aperçois lors d'une représentation donnée par la Comédie
de Touraine je crois (Vladimir et Estragon y sont assimilés à Laurel et
Hardy ou quelque-chose comme ça) : les explications traditionnelles, ça
ne marche pas ! C'est une réplique bien précise qui m'a réveillé :
Vladimir regrette de ne pas s'être jeté du haut de la tour Eiffel :
"Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter".
J'ai une sorte d'illumination : une seule fois, dans l'histoire de cette
vénérable dame, on y a interdit l'accès à une catégorie de la
population, comme à tout monument d'ailleurs : entre 1940 et 1945,
c'était interdit aux Juifs ! Eureka ! Dès ce moment, toutes les
répliques ont pris un sens ; la confirmation vient très vite : "E : On
n'a plus de droits ? V : Tu me ferais rire, si cela m'était permis. E :
Nous les avons perdus ? V : Nous les avons bazardés." Ce n'est plus du
tout une histoire qui se passe en Absurdie, mais dans le temps
historique, et à un moment très précis...
Q> Alors, que peut-on savoir de Vladimir et d'Estragon ?
R> Ce que la pièce nous en dit ! Ce sont des bourgeois un peu
godelureaux qui vivaient probablement dans le quartier de la rue de La
Roquette ; ils ont fait un peu d'études -ils citent l'Ancien et le
Nouveau Testament, très différemment d'ailleurs : ils parlent de la
Bible avec révérence : Abel et Caïn, c'est toute l'humanité, mais pour
le Nouveau Testament, ils se tapotent le menton : quatre évangélistes et
trois n'ont rien vu, testis unus, testis nullus, si les gens y croient
c'est que ce sont des "cons". Autrement dit des goys. L'un d'eux
(Estragon) a été plus ou moins poète, ils "portaient beau" jusqu'à ce
que Vladimir emmène son ami loin des premières rafles : "V : Quand j'y
pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu...
sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu'un petit tas
d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur." Ils se sont cachés, ont
trouvé du travail dans le Vaucluse, à Roussillon précisément, où comme
c'est curieux Samuel Beckett a aussi passé l'année 1942, ils y ont fait
les vendanges... l'agriculture manquait de bras... et puis ils ont dû
en partir à leur grand regret, pour ce qu'ils nomment le Merdecluse.
Q> Pourquoi sont-ils partis ?
R> Le 11 novembre 1942 l'armée allemande envahit la "zone libre" : Les
lois raciales s'appliquent alors sur l'ensemble du territoire. Les deux
amis ont attendu le printemps (traverser les Alpes en plein hiver c'est
tout de même pas idéal) -entre l'acte 1 et l'acte 2 l'arbre fleurit : on
est au printemps 1943- et cherchent à gagner la zone soumise à
l'administration italienne, réputée moins raciste. Jamais les Italiens
n'ont parlé de race italienne (ce que les deux compères ne savent pas,
c'est que Mussolini, vraiment à la botte d'Hitler, est en train de
durcir la répression). Où sont-ils à ce moment précis ? Dans un endroit
quasi désertique, sur un plateau calcaire ("nous sommes servis sur un
plateau"), on pense aux Préalpes du sud, peut-être le plateau de
Valensole.
Q> Tout ça est très précis, mais alors, Godot ?
R> Ce n'est pas Dieu évidemment, même si c'est le "sauveur", mais un
chef local de la Résistance, qui veut bien s'occuper des deux vagabonds,
et qui se méfie ! Ils ont besoin de faux papiers, d'un gîte, et celui
qui aide ceux qu'on appelle les "terroristes" est lui-même menacé ;
alors il doit consulter "ses amis", ses "agents", ses "correspondants" :
c'est tout de même un vocabulaire qu'on connaît bien ! D'où aussi les
épisodes avec l'enfant : "Monsieur Albert ?" -eh oui ! Vladimir, ça sent
un peu trop les steppes de l' Orient ; il a changé de nom, comme l'ont
fait des dizaines de milliers d'autres, pour ne pas être trahi par son
patronyme.
Q> En suivant ton hypothèse, on pourrait même dire que dans certains
passages, Estragon et Vladimir ont comme le pressentiment de l'horreur
qui pèse sur eux.
R> Oui, Beckett se permet ce qu'après tout Corneille et Racine se sont
permis bien avant lui, une sorte de rêve prémonitoire dans lequel ils
évoquent carrément la Shoah ! "V : D'où viennent tous ces cadavres ? E :
Ces ossements. V : Voilà. E : Evidemment. V : On a dû penser un peu. E :
Tout à fait au commencement. V : Un charnier, un charnier. E : Il n'y a
qu'à ne pas regarder. V : Ca tire l'oeil. E : C'est vrai. V : Malgré
qu'on en ait."... Et pourtant ça n'a pas suffi pour tirer l'oeil de la
critique ! N' oublions pas que Beckett a commencé d' écrire sa pièce en
1948 : le public venait juste de découvrir les camps de la mort. De quoi
nos personnages sont-ils coupables ? C'est dit au tout début de la
pièce : d'être nés. C'est la définition même du Juif !
Q> Que dire maintenant de Pozzo et de Lucky ?
R> Ils sont beaucoup moins importants, mais c'est quand même
intéressant. Pozzo est un propriétaire goinfre, sadique et bien entendu
raciste, qui rit de pouvoir être rangé sous la même étiquette que ces
deux étrangers, ces deux Untermenschen ("Vous êtes bien des êtres
humains cependant... De la même espèce que moi" ou plus loin : "je ne
peux me passer longtemps de la compagnie de mes semblables, même quand
ils ne me ressemblent qu'imparfaitement"). Quant à Lucky, c'est
l'intellectuel au service du pouvoir, le maître à penser ("il pensait
même très joliment autrefois, je pouvais l'écouter pendant des heures")
devenu inutile donc ennuyeux... Et puis tout de même, quand on dit que
Godot est une pièce où il ne se passe rien, sur quatre personnages, il y
en a un qui devient aveugle, et un autre qui devient muet, c'est pas
rien ! Et c'est très symbolique : Pozzo a mordu à une phraséologie qui
est en train de se démolir, et il s'en aperçoit subitement : début 1943,
c'est là que 300 000 soldats de Hitler se rendent à Stalingrad, c'est
là que Rommel perd l'Afrique, que les Américains reprennent une à une
les îles que les Japonais avaient occupées, le vent tourne, et l'arbre
qui verdit est l'arbre de la liberté... Ce qui d'ailleurs ne change rien
pour nos deux fugitifs, qui ne songent qu'à s'y pendre... Alors, comment
un metteur en scène pourrait rendre ça... j' ai bien ma petite idée...
Q> Penses-tu que ta thèse détruise la lecture habituelle ?
R> Oui, absolument ! Il n'en reste rien !
Q> Mais tout de même, ils gardent bien une dimension universelle, ils
incarnent bien, pas un Absurde philosophique, mais l'absurdité de
l'Histoire ?
R> D'accord, ça c'est d'accord, mais à condition qu'on voie les racines
concrètes de la situation, bref, tout ce à quoi j'ai fait allusion. Et
encore, comment Beckett a-t-il eu l'idée de ses personnages ? La réponse
est toute simple : Beckett, Irlandais -les Irlandais n'étaient pas mal
vus des Allemands, étant présumés ennemis des Anglais, mais Beckett ne
voulait pas cautionner l'occupation allemande, et il s'était réfugié à
Roussillon ! Il n'avait pas le sou -un de ses romans s'était vendu à 2
exemplaires- et il a bien dû faire les vendanges, ou côtoyer au café des
Juifs traqués -plutôt planqués à ce moment-là, traqués après- il a mangé
avec eux, trinqué avec eux ! Alors comment avec ça il a fait une pièce ?
Eh bien c'est ça le génie !
Q> Comment se fait-il que Beckett n'ait jamais fait allusion à cet
aspect-là de sa pièce ?
R> C'est même plus drôle que ça : Brecht, à la fin de sa vie, a dit à
Strehler qu'il aurait bien aimé demander à Beckett où étaient Vladimir
et Estragon pendant la Deuxième Guerre Mondiale, et quand Strehler pose
la question à Beckett il répond : dans la Résistance. C'est se ficher du
monde ! Des Juifs résistants, il y en a eu, mais certainement pas ces
deux-là. Mais Beckett était comme ça, il fuyait la télévision, et quand
quelqu' un était sur une piste, il se défaussait. Et personne n'a rien
vu.
Q> Pourquoi n'as-tu pas vu cela tout de suite ?
R> Je lisais la Nouvelle Revue Française, je lisais les Lettres
Nouvelles, tout ce qu'on lisait quand on était intellectuel et à gauche,
et on disait Absurde, Absurdie, bon, très bien... jusqu'à ce qu'un jour
une réplique m'agresse : la tour Eiffel, qu'est-ce que c'est que cette
histoire de tour Eiffel ?
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 20/12/2006}
COLLOQUE
Le naturalisme linguistique et ses désordres
26 et 27 janvier 2007 à l'Institut Jacques-Monod,
Campus Jussieu (2 place Jussieu - Paris 5e) tour 42, RdC.
Responsable scientifique : Sylvain Auroux
Le 19e siècle a incontestablement connu un renouvellement de la
recherche en matière de sciences du langage, avec l'introduction de
l'explication historique qui déborde largement les possibilités de
l'explication grammaticale. Ce renouveau s'est accompagné de notables
transformations des concepts de base, concernant, notamment, le statut
du langage, avec l'apparition du thème "naturaliste". Loin d'être le
résultat de l'activité culturelle des hommes, le langage serait le fruit
de sa nature biologique, entité elle-même "naturelle". L'historiographie
traditionnelle (à quelques notables exceptions comme Poliakov) repose
sur le thème largement mythique (créé par les comparatistes aux-mêmes)
d'un comparatisme qui serait pour le langage l'avènement de la
positivité de la pensée "scientifique". Au cours de ces journées, on se
propose de revoir ce mythe à la lumière de questions pour le moins
embarrassantes pour nos disciplines : y a-t-il des liens théoriques de
la grammaire comparée, notamment dans sa version naturaliste et
évolutionniste, avec le racisme et l'antisémitisme ?
Lorsque Schlegel publie en 1808 son ouvrage sur la langue et la
philosophie de l'Inde, il rompt avec la filiation dont s'est réclamé
l'Occident du Moyen-Age et de la Renaissance : l'hébreu ne figure plus
dans ses origines linguistiques. Le développement de la linguistique
indo-européenne passe largement par une apologie de l'Occident. Certains
textes classiques sont troublants. C'est dans l'Introduction de son
Histoire de la langue allemande (1848) que Grimm propose le concept de
"Reich" pour assigner l'étendue du règne du monde linguistique
germanique. Renan n'hésitera pas à voir dans la culture hébraïque une
phase à jamais imparfaite du développement de l'humanité. Les linguistes
(cf. Pictet) ont largement contribué au façonnage du mythe aryen.
Le naturalisme connaît un renouvellement important depuis le dernier
tiers du 20e siècle. "Naturaliser" l'épistémologie, l'esprit ou le
langage est une nouvelle façon de proclamer la positivité d'une démarche
destinée à renouveler les méthodes. Comment faut-il juger le naturalisme
et sa renaissance contemporaine ?
Programme
* Vendredi 26 janvier
13h 30 : Ouverture du colloque : Sylvie Archaimbault, Directrice de
l'UMR 7597 - CNRS/ Paris 7 et Jean-Marie Fournier, Président de la SHESL
Présidence : Maurice Olender
13h 45 / 14h 45 : Sylvain Auroux (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
La linguistique et la contrainte de la science : le racialisme
du XIXe siècle et la naturalisation aujourd'hui.
14h 45 / 15h 45 : Djamel Kouloughli (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Ernest Renan: un antisémitisme savant.
15h 45 / 16h : PAUSE
16h / 17h : Piet Desmet (K.U. Leuven, Belgique)
Abel Hovelacque et l'école de linguistique naturaliste :
l'inégalité des races s'explique-t-elle par l'inégalité des langues ?
17h / ..... Discussion générale : Coordination M. Olender ; les
participants + C. Puech
* Samedi 27 janvier
9h 15 / 10h 15 : John Joseph (Université d'Edimburgh, Royaume-Uni)
'La grenouille ne devient pas l'égale du boeuf' :
Les limites de l'assimilation linguistique selon Léopold de Saussure
10h 15 / 11h 15 : Carita Klippi (Åbo Akademi Turku, Finlande)
La première biolinguistique.
11h 30 / 12h 30 : Jean-Michel Fortis (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
Le langage mental universel chez Pinker : examen critique.
DEJEUNER
14h / 15h : Daniel Véronique (Université de Provence, Aix-Marseille 1)
Des racines du langage au proto-langage :
un état de nature du langage chez D. Bickerton.
15h / 16h : Emilio Bonvini (CNRS, LLACAN)
Interférences anthropologiques dans l'histoire de la
linguistique africaine.
16h 30 : Assemblée générale de la SHESL.
Si vous souhaitez participer au dîner du vendredi, et/ou au déjeuner du
samedi, merci de vous inscrire en adressant un message à l'une des deux
adresses suivantes :
valerie.raby@wanadoo.fr (Valérie Raby)
jmfnier@wanadoo.fr (Jean-Marie Fournier)
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
Colloque international : appel à communications
Date : 21-22 septembre 2007
Lieu : Université Lyon 2, Lyon, France
Comité organisateur : Denis Reynaud (Lyon 2 / UMR 5611 LIRE), Philippe
Selosse (Lyon 2-GRAC / UMR 5037 Institut d'Histoire de la Pensée
Classique)
Les mots et les choses au xviiie siècle :
la science, "langue bien faite" ?
2007 verra la célébration du tricentenaire des naissances de Linné et de
Buffon. Ce sera pour nous prétexte à réunir les deux ennemis de
l'histoire naturelle classique dans une perspective commune. Celle-ci ne
sera centrée ni sur la biographie ni sur le statut des deux hommes
mesuré à l'aune de la science actuelle. Elle les inscrira en revanche
dans la réflexion générale des Lumières sur les rapports entre langue et
science, à travers notamment les questions de nomenclature.
1. Cadre épistémique de la nomenclature au siècle des Lumières
En botanique mais aussi en zoologie, le xviiie siècle est le siècle des
systèmes (Linné 1735, 1738 ; Adanson, 1763 ; Bergen 1750 ; Boissier de
Sauvages 1751 ; Gleditsch 1764 ; Haller 1742 ; Heister 1748a ; Jacquin
1760 ; Ludwig 1739a...) et de la réfutation des systèmes (Buffon 1749 ;
Crantz 1766 ; Lamarck 1792d-f). Ces systèmes, qui concernent aussi bien
la classification des pierres, plantes et animaux, que la structuration
de leurs dénominations, ont donné lieu à l'émergence d'un terme nouveau
en français, celui de nomenclature dans ses acceptions de "méthode
systématique de structuration des dénominations" et "ensemble des
dénominations structurées selon une méthode" (1758 selon le Trésor de la
Langue Française : "Art d'établir et de classer les objets d'une science
et de leur attribuer méthodiquement des noms" (Duhamel-Monceau)). C'est
sur les problématiques soulevées par ce nouveau concept que le colloque
concentrera sa réflexion.
S'attacher à la nomenclature, c'est d'abord prendre en compte
l'importance de la langue dans les publications scientifiques de
l'époque -et rappeler que la science est alors indissociable
(indissociée) des lettres (Buffon 1753) et se réalise d'abord par la
langue. La nomenclature est en effet au coeur des publications :
- Linné (1751) présente une nouvelle nomenclature -non pas celle,
binominale, que l'historiographie a confusément attachée à son nom,
mais celle des noms spécifiques essentiels, naturels et factices -qui
donne lieu à de violentes polémiques tout au long du siècle, tant sur
le fond (le type de nomenclature proposé -Siegesbeck 1737, Gleditsch
1740) que sur la forme (le bouleversement occasionné par la nouvelle
nomenclature -Dillen 1732). De plus, bien d'autres auteurs présentent
des tentatives nouvelles de nomenclatures : Adanson (1763), Bergeret
(1783), Rafinesque-Schmalz (1814), Rousseau (1777)...
- un concept marginal de Linné, celui des "Noms Triviaux" (source de la
nomenclature binominale), se trouve prendre un développement inattendu
en France, par sa compatibilité avec la théorie des idées des
encyclopédistes (Auroux 1979) et le condillacisme. D'abord approuvé en
1774 par l'Académie des Sciences, il est ensuite prôné par les
botanistes français (les Jussieu, Lamarck, Rousseau...) puis devient
la base de la nomenclature internationale ;
- aucun botaniste, qu'il suive ou combatte Linné, ne publie alors
d'ouvrage sans commencer par de longues discussions sur les
dénominations, le mode de dénomination -avant même de présenter son
système de classification et les nouvelles plantes recensées. La
langue paraît donc être l'objet central de toutes les attentions
(Heister 1748b ; Ludwig 1747 ; Millin, 1795 ; Müller-Wille 2006 ;
Reynaud 1989), à tel point que les réflexions sur la langue débordent
parfois très largement le simple cadre de la nomenclature (Adanson
1763).
La nomenclature est par ailleurs et surtout la notion qui concrétise, au
niveau de la langue, l'opposition alors récurrente entre un réalisme qui
vise des entités spécifiques existant dans la nature et indépendantes de
l'homme, et un conceptualisme qui vise des entités spécifiques saisies
par l'homme dans la continuité de la nature et en tant que telles
dépendantes de la perception humaine. Dans le premier cas (Linné), les
espèces, discrètes, peuvent être nommées et leur définition passe
exclusivement par la nomenclature (rejet de l'image), qui a force
ontologique ; créées par Dieu, elles n'ont rien de commun avec l'humain
et refusent donc tout ce qui ressortit à la rhétorique (rejet des
figures de style). Dans le second cas (Buffon), les espèces, prises dans
un continuum, ne peuvent être nommées qu'artificiellement, sans aucune
dimension définitoire ; fruits de l'esprit humain appréhendant la
nature, elles ne peuvent être mieux approchées et définies que par le
discours humain, dont une des caractéristiques est la rhétorique et le
recours à l'image sous toutes ses formes, picturale et linguistique
(intégration des figures de style). La "nomenclature" est alors
analogique de la "langue de la nature" et tout le débat se résume à deux
positions : "réduire la langue de la nature au système" ou "réduire le
système à la langue de la nature" (Crantz 1766)
La nomenclature, enfin, est souvent définie sous forme d'aphorismes
baconiens, qui prennent le nom de "lois" ou "fondements". Cette
dimension législative n'est peut-être pas sans objectifs politiques :
certains (Drouin 2000) y ont vu l'amorce d'un "pacte social" ; d'autres
(Duris 1993, 2006) y ont vu l'effet inverse, la Révolution française et
sa "frénésie nomenclaturale" en tous domaines (poids et mesure,
calendrier, chimie...) concrétisant l'importance de la réflexion
nomenclaturale en lui donnant un caractère social et politique
prééminent. À moins que ce ne soit simplement un fait d'épistémè... ?
2. Problématiques du colloque
Les communications tenteront de répondre à la question générale
"Qu'est-ce qu'une nomenclature ?"
en partant des problématiques suivantes :
- du point de vue de l'histoire des idées : quels sont les liens
existant entre nomenclature et système, dans une épistèmè de systèmes
(Leibniz, Système nouveau de la nature, entre autres) ? L'opposition
de Vicq d'Azyr (<1779>, 1805 - qui critique la dépendance de la
nomenclature botanique à l'égard du système de Linné) et de Condorcet
(<1778>, 1781 - qui affirme au contraire l'indépendance de cette
nomenclature à l'égard de tout système), l'apparente opposition de
Linné et Buffon au sujet de la nomenclature, l'intégration des
caractéristiques des différents systèmes développés par chaque
botaniste dans leurs nomenclatures, constituent autant de bases de
réflexion ;
- du point de vue linguistique : quelles sont les caractéristiques
linguistiques d'une nomenclature ? Et en particulier au xviiie siècle,
quelles en sont les caractéristiques en latin ? en français ? en
anglais ? en allemand ? en italien ? En quoi la nomenclature
emprunte-t-elle aux nouvelles conceptions de la langue développées par
les Encyclopédistes (Beauzée et autres) ?
- du point de vue philosophique : en quoi la nomenclature
caractérise-t-elle l'épistèmè des Lumières ? Quels sont les liens
entre la nomenclature des naturalistes et les réflexions
conceptualistes de Bacon, Locke et Condillac (entre autres) ? et les
réflexions réalistes d'un Leibniz ? quelle est la place de la
nomenclature dans les théories de la connaissance d'un Condillac, d'un
Rousseau, d'un Leibniz (cf. Selosse 2006)... ?
- du point de vue épistémologique : la science des Lumières se
réduit-elle à des systèmes de représentations, dont la nomenclature
serait la forme la plus accomplie ?
- du point de vue politique, enfin : quelle dimension sociale attribuer
aux lois nomenclaturales et à leur visée universelle ? comment
interpréter l'extrême attention portée à la nomenclature de la
Révolution française, dans le droit fil de la pensée linnéenne ?
3. Soumission des propositions de communications
L'examen des propositions de communication sera fait par deux membres du
comité scientifique ;
- chaque proposition comportera le titre et le résumé de la
communication (2500 caractères maximum), accompagnés de 5 références
bibliographiques (max.) permettant de situer l'orientation du travail,
et suivis du nom, de l'appartenance institutionnelle et de l'adresse
postale ou courriel de l'auteur ;
- langues de travail : français, allemand, anglais, italien ;
- envoi des propositions, soit par courrier postal à l'adresse
suivante :
Denis Reynaud
Faculté Lesla - Université Lyon 2
18, quai Claude Bernard
69365 LYON cedex 07
soit par courriel :
denis.reynaud@univ-lyon2.fr
selosse.philippe@wanadoo.fr
- date limite de réception : 31 décembre 2006.
4. Calendrier :
- appel à communication : juin 2006
- date limite de réception des propositions de communication : 31
décembre 2006
- date d'acceptation des communications : 1er mars 2007
- tenue du colloque : 21 et 22 septembre 2007 à Lyon
- la publication des actes est envisagée à l'issue du colloque
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{FR, 20/12/2006}
APPEL à COMMUNICATIONS
IXème Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual)
Le IXème Congrès de l'Association Internationale de Sémiotique Visuelle
(AISV - IAVS) se déroulera
en Turquie, dans les locaux d'Istanbul Kültür University
du 29 Mai au 2 Juin 2007.
Les langues officielles du congrès de l'AISV sont: le français,
l'anglais, l'espagnol.
Les propositions de communication devront nous parvenir avant le 8
Janvier 2007.
Les propositions, sous la forme d'un texte de 200 mots au maximum,
seront expédiées au format électronique RTF.
Cultures du visible
Rien de plus variable à travers les cultures que l'image. Il n'est pas
nécessaire de souligner que celle-ci varie spectaculairement dans sa
structure, dans ses styles et dans ses moyens techniques, le long des
axes temporel, géographique et social. Mais la diversité est aussi du
côté des modalités d'énonciation, d'appropriation et de lecture de
l'image. Et c'est même vis-à-vis du phénomène de l'image dans son
ensemble que les positions culturelles divergent, comme le montrent les
controverses anthropologiques, sociologiques, voire théologiques, qui
ont régulièrement agité l'humanité, pour ne pas parler du débat sur
l'iconicité en sémiotique. Bref, les cultures du visible sont aussi une
pensée de l'image.
Le IXe Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
internacional de semiótica visual) sera consacré à cette variabilité
culturelle du visible et à la manière de la penser. Un appel à
communications est donc lancé aux membres de l'AISV et à toutes les
personnes intéressées à la sémiotique visuelle comme aux chercheurs des
domaines connexes (histoire et théorie des arts visuels, études
cinématographiques, muséologie, esthétique, phénoménologie,
linguistique, sciences cognitives, sciences de l'information et de la
communication, archéologie, anthropologie sociologie, ethno-histoire,
etc.), pour qu'ils participent à cet événement.
En particulier, les questions suivantes seront abordées : comment un
appareil perceptif universel et invariant peut-il déboucher sur des
modèles cognitifs divergents ? comment les spécificités culturelles
coexistent-elles avec une communication à très large spectre ? Après
avoir étudié "La société globalisée en tant que société des images"
(Journées de sémiotique visuelle de l'AISV-IAVS à Lyon, juillet 2004),
on décrira donc les contacts, les concurrences et les interférences
entre les divers modèles culturels de l'image. On s'efforcera également
d'aborder les questions que la variabilité pose à la discipline
sémiotique : comment tenir compte de la variation de l'image dans une
sémiotique visuelle générale ? et en particulier comment rendre des
compte des évolutions des signes visuels avec des moyens proprement
sémiotique ? ou encore : comment contribuer à la constitution d'une
socio-sémiotique ou une anthropo-sémiotique du visible ?
Sans nul doute, le fait que la ville européenne où se tiendra le congrès
a jadis connu de grands débats sur l'icone et qu'elle constitue un pont
entre l'Occident et l'Orient constituera un puissant stimulant à ces
débats.
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNUICATIONS
Appel à communications / Call for Papers
Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?
Where does text value come from?
Octobre 2007, Université de Reims Champagne-Ardenne
La problématique de la valeur des textes est très souvent posée sous
l'angle esthétique. Certes, cela permet d'échapper au principe logique
de compositionalité comme au modèle de la communication et de
l'information.
Or si l'on s'intéresse à tous les types de textes, on ne peut pas se
limiter à l'esthétique. Il est proposé ici d'aborder la question de la
valeur des textes sous différents aspects : non seulement esthétique
mais aussi affectif et cognitif. En effet, si l'esthétique suggère de
faire des textes littéraires une catégorie à part (selon le critère à
réinterroger de la littérarité), la pragmatique assigne aux textes une
tout autre valeur : est-ce son action pragmatique qui donne au texte sa
valeur ? Est-ce ce que me fait le texte ? Est-ce son rôle sur le réel et
l'action qui s'y déploie en conséquence ? Après tout, lire, c'est aussi
agir. La valeur des textes serait-elle une qualité extrinsèque ?
Ou une qualité intrinsèque ? Un texte tire-t-il sa valeur de critères
internes comme ceux qui tiendraient à son affiliation générique et à sa
manière singulière de référer ? Dans ce cas, la manière de référer
induit-elle une valeur explicative ou une valeur heuristique ? Si l'on
quitte les domaines du réel, du bien, du vrai et du beau, peut-on dire
que le cognitif nous achemine vers celui du juste, au sens où un texte
répond à des critères génériques ?
Et si la valeur économique se mesure en fonction de l'utilité sociale,
est-elle transposable en sémiotique en termes d'utilité discursive ?
Quelle est alors la valeur ajoutée des textes ? Est-elle liée à leur
interprétation ? Selon Saussure, la valeur d'un mot ne tient pas à la
signification : qu'en est-il de la valeur d'un texte ? Quel est le rôle
du contexte dans la construction de cette valeur ?
Ce colloque s'adresse aux chercheurs en linguistique, en littérature
française et étrangère, et à tous ceux qui travaillent sur les textes.
Dates : 11 et 12 octobre 2007 (éventuellement 13 octobre)
Lieu : UFR des Lettres et Sciences Humaines, Université de Reims
Langues de travail : français, anglais et autres selon ateliers
Durée des communications : 30 minutes maximum.
Frais d'inscription : 110 euros (ils couvriront au minimum l'inscription
au colloque et deux déjeuners)
Les propositions sous forme de résumés sont à envoyer avant le
15 JANVIER 2007 à :
- f.canon-roger@wanadoo.fr et je.tyvaert@univ-reims.fr pour la
linguistique
- christine.chollier@univ-reims.fr pour les littératures de langue
anglaise
Elles insisteront sur l'angle épistémologique choisi et mettront en
avant de nouvelles propositions. Elles s'appuieront sur l'étude d'un
texte ou de plusieurs textes (à spécifier).
Réponse sera donnée avant le 15 mars 2007.
L'inscription sera effectuée auprès du secrétariat
patricia.oudinet@univ-reims.fr
entre le 15 mars et le 15 mai 2007.
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{FR, 20/12/2006}
APPEL A COMMUNICATIONS
5èmes Journées de la Linguistique de Corpus
Lorient, 13 - 15 septembre 2007
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
Les 5èmes Journées de linguistique de corpus auront lieu à Lorient les
13, 14 et 15 septembre 2007. Elles sont organisées par le laboratoire
ADICORE de l'Université de Bretagne Sud.
* Objectifs
Ces 5èmes Journées de Linguistique de Corpus visent à promouvoir le
développement de la linguistique de corpus en France. Elles réunissent
des chercheurs venus d'horizons divers qui s'intéressent à l'utilisation
de l'informatique pour l'analyse des faits de langues. Les
contributions attendues pourront concerner, de manière non exhaustive :
- la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
- la lexicométrie
- la terminologie,
- la traduction
- l'analyse du discours,
- la linguistique appliquée et
- la description linguistique,
- ...
* Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une vingtaine
de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues des
communications affichées. L'ensemble des communications retenues donnera
lieu à publication dans les actes de la conférence.
* Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités d'exploration,
dont les résultats principaux seront présentés dans ce résumé. Le résumé
sera accompagné d'une page de renseignements pratiques comprenant le
mode de communication souhaité (oral ou poster), le nom, l'affiliation,
téléphone, adresse postale et électronique. Les résumés doivent être en
Times 12 avec interligne simple et en format Word RTF, ASCII, ou HTML.
Ces contributions seront évaluées par deux experts du comité
scientifique de la conférence.
Ces soumissions devront parvenir au comité d'organisation à l'adresse
suivante :
Journée "Linguistique de corpus "
Geoffrey Williams
Département d'Ingénierie du Document
U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
4 rue Jean Zay
BP 92116
56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
* Calendrier
Date limite de soumission 20 avril 2007
Notification aux auteurs 20 mai 2007
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2007
* Renseignements
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
ou le site WWW de la conférence
http://www.univ-ubs.fr/crellic/
DATE LIMITE DE SOUMISSION : 20 avril 2007
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{Mpondo-Dicka, 07/11/2006}
APPEL À COMMUNICATION
Colloque International Ludovia 2007
du 4 au 6 juillet 2007 à Ax les Thermes, Ariège (09), France.
Le colloque scientifique Ludovia [...] explore les problématiques posées
par le multimédia dans les pratiques éducatives et/ou ludiques, que ce
soit en production ou en réception. [...] Après avoir débattu des enjeux
de l'immersion en 2006, la thématique choisie pour faire progresser la
réflexion est la suivante :
La convivialité des interfaces à vocation ludique et/ou pédagogique.
Conception, création, valeurs, usages.
Pour plus d'informations :
ludovia2007.colloque@online.fr
http://ludovia2007.colloque.free.fr.
http://www.ludovia.org
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Résumé: 2007_04_18
________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 2.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
«On perdrait courage si on n'était pas soutenu
par des idées fausses.»
(R. Lulle à Artémise), Dialogues des
morts, deuxième partie, Oeuvres de M. de
Fontenelle, Paris, Brunet, 1742, t.1,
p.149-150 (éd. Jean Dagen, Société des
Textes Français Modernes, 1971. p. 317).
«Un nombre croissant de chercheurs ont décidé
d’abandonner la vaine quête des significations».
Bahn, P.G., 1998, p. 171,
The Cambridge Illustrated History of
Prehistoric Art. Cambridge, CUP
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Nouveaux abonnes
- Bienvenue a Francois Migeot, Hani Georges, Mick Grzesitchak,
Leda Mansour, Valerie Beaudouin, Dominique Verbeken.
2- Carnet
- La liste SdT sur Sympa
- Seminaire de Pascal Nouvel : biologie et medecine dans les
sciences contemporaines
- Humour : un programme pour l'ecole ; de l'isotopie a la
synonymie ; interview de Chomsky
- Titres de conferences
- L'arbitraire du singe
3- Textes electroniques
- Centre Georges Canguilhem : penser la science
- Europeana : la contribution francaise a la bibliotheque
numerique europeenne
4- Publications
- Roger T. Pedauque : "Le Document : a la lumiere du numerique"
- These de Tania Gobbett : "La scrittura di Italo Calvino"
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (janvier 2007)
5- Textes
- Sur la notion de système chez Saussure :
Nunzio La Fauci, "E pur si muove"
- Sur les derives de l'anonymat : Laurent Bloch, "Pour regler
les questions de spam et de peer to peer : La signature
electronique universelle"
6- Appels : Colloques et revues
- "Primo Levi et la rationalite apres Auschwitz", Paris,
28 avril 2007
- International conference on Humanitas, Napoli, July 15-23,
2007.
- "Coseriu : receptions contemporaines, semantique, linguistique
du texte, philosophie du langage", Aix-en-Provence,
17-19 septembre 2007
- "Linguistique et litterature : Cluny, 40 ans apres", Besancon,
5-7 novembre 2007.
- Nouvelles journees de l'ERLA n°8 : "Aspects linguistiques du
texte poetique", Brest, 16-17 novembre 2007.
- 6emes journees de la Societe d’Etude des Langages du Politique
(SELP) : "Le discours de campagne", Nice, 29-30 novembre 2007
- "Lexicographie et informatique : bilan et perspectives",
Nancy, 23-25 janvier 2008
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[informations réservées aux abonnés]
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{BP, 06/04/2007}
LA LISTE SDT SUR SYMPA
En raison du nombre croissant d'abonnés et des difficultés occasionnées
par les filtres anti-spam, la gestion de la liste SdT passe, avec ce
numéro, d'une gestion "artisanale" (par simple définition d'alias !) à
une gestion plus professionnelle, en s'appuyant sur les services du CRU.
Le CRU (Comité Réseau des Universités) développe, administre et nous
permet d'utiliser le logiciel "Sympa", spécialisé pour les listes de
diffusion.
Cela ne change en rien la "formule" de notre bulletin : les abonnés
continueront à recevoir à l'adresse habituelle et au rythme habituel les
numéros de SdT.
La gestion de la liste SdT via sympa offre cependant de nouveaux
services aux abonnés SdT : non seulement la possibilité de gérer
soi-même son abonnement (changement d'adresse, désabonnement), mais
aussi la consultation des archives (à partir de ce numéro seulement -
pour mémoire, les anciens numéros, de 1995 à 2005 -et bientôt 2006- sont
disponibles sur le site Texto!). Ces services sont accessibles à
l'adresse :
http://listes.cru.fr/sympa/info/sdt
Pour consulter les archives, vous devez vous identifier en donnant votre
adresse d'abonnement (la première fois, passer par le formulaire
"premier login ?").
Bien entendu, la rédaction de SdT reste toujours à votre disposition,
aux mêmes adresses et maintenant également à l'adresse sdt tiret request at
cru point fr, tant pour vos contributions et réactions que pour des questions
liées à votre abonnement.
Merci de votre intérêt, et bonne lecture à tous !
Bénédicte Pincemin
François Rastier
Mathieu Valette
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 24/03/2007}
SEMINAIRE
Place de la biologie et de la medecine dans les sciences contemporaines.
Organisation : Pascal Nouvel. Informations sur :
http://www.pascalnouvel.net (rubrique actualites)
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{FR, 20 et 24/03/2007}
HUMOUR
* Un programme pour l'école en forme de question aux candidats :
Quomodo quis vim vocis articulatae seu litterarum et syllabarum
potestatem cognoscit si non prius per eam id didicit ?
Aut quomodo pedum accentum et positurarum discretionem scit si non per
hanc disciplinam eius scientiam ante percepit ?
Aut quomodo partium orationis iura schematum decorem troporum virtutem
etymologiarum rationem et orthographiae rectitudinem novit si non
grammaticam artem ante sibi notam facit ?
(Isidore de Séville, Etymologies. I).
* Dans le Chevalier & Encrevé, Combats pour la linguistique, à propos de
Greimas : "Théoricien bonhomme, en public, il dit "mon bouquin", et "mon
bouquin" flamboie d'une invention originale, l'isotopie qui repose sur
une très vieille distinction des logiciens antiques : le chien c'est
celui qui aboie, c'est aussi un poisson et c'est enfin une
constellation ; c'est le départ de la synonymie."
* Sacha Cohen (alias le fameux Borat et le rapper ALI G) a réalisé
l'interview que Chomsky aurait sans doute souhaité ne jamais accorder :
http://www.youtube.com/watch?v=fOIM1_xOSro
Les questions posées semblent déstabiliser légèrement l'interviewé...
Nous les avons trouvées excellentes !
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{FR, 20/03/2007}
TITRES DE CONFERENCES
* A l'occasion de la rentrée solennelle de l'Ecole doctorale Lettres,
Langues, Spectacles, M. XXX, Professeur émérite à l'université de XXX,
ancien Président de cette université, ancien recteur et ancien
directeur de l'Institut Pédagogique National, fera une conférence sur
le thème : "Du non-écrit au non-livre"
* XXX donnera une conférence intitulée :
De la période phocéano-natatoire de Jean-Pierre Brisset
à son développement linguistico-ferroviaire.
à l'occasion du vernissage de l'exposition Pataphysique, Langage &
Machines.
* Eve V. CLARK - Prof. linguistique, Département de linguistique,
Université de Stanford, USA. Titre de la conférence :
Les adultes comme source de construction
des connaissances linguistiques des enfants.
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{FR, 20/03/2007}
L'ARBITRAIRE DU SINGE
NDLR Nous publions ici un compliment à Ecaterina Bulea, prononcé par
Alain Muller pour fêter son accession à la nationalité hélvétique. Pour
saisir tout le sel du dernier vers, le lecteur doit savoir que la
dédicataire est saussurienne, mais que l’auteur est peircien, donc
partisan d’un signe triadique.
L’arbitraire du singe
Cauchemar vygotskien, angoisse de linguiste,
Se pourrait-il qu’un jour une pensée existe,
N’ayant pour seul support qu’un esprit cartésien,
Un « Je pense » ineffab’ lui-même issu de rien ?
Se pourrait-il, Mon Dieu, je tremble quand j’y pense,
Qu’une esquisse d’idée, qu’un embryon de sens,
Puisse venir com’ ça, c’est affreux, c’est obscène,
Se présenter à nous, tout nu, sans son phonème ?
Mais l’affaire est bien pire, et c’est ce qui me trouble.
Si l’on y réfléchit, le cauchemar est double.
Car si le signifié se balade hors système,
Pourquoi le signifiant ne ferait pas de même ?
Certains esprits vaseux s’autorisant d’eux-mêmes
Proférant des sottises et s’emmêlant les schèmes,
Qui à leur bas profit récupèrent Saussure,
Qui n’ayant rien compris à ce qu’est la structure,
Et qui sous le prétexte de fonder l’inconscient,
Ont dit que le phallus était un signifiant
Sans signifié... Seigneur quel’ conception exsangue !
Gros vampires du sens, je vous tire la langue !
Un signifiant sans signifié ! Ça c’est trop fort !
Mais vous hypostasiez le matériau sonore.
Concéder que le Ça a forme de langage,
N’engage pas à dir’ qu’il n’est que pur ramage.
Un langage ceci ? Cette schize innommable ?
Un bruit... ou tout au plus un grognement instable
De bête ! Un hurlement de gorille furieux !
C’est l’arbitrair’ du singe, et rien d’autre, Messieurs.
Mais je m’énerve un peu et ce n’est pas bon signe.
Je me sens devenir l’atrabilair’ du signe.
J’étouffe. Je suffoque. Je perds la boule et là...
J’appelle Ferdinand et Ecaterina.
Pas de pensée sans signe ! C’est beau, c’est grand, c’est clair.
Il reste cependant la question subsidiaire :
Le signe a-t-il deux faces ou en aurait-il trois ?
Insignes ou non, je sens que ces mots jettent un froid...
Or ce n’est pas le lieu d’ouvrir la polémique,
Et après tout Nina ce soir est helvétique.
Coupons la poire en deux ! Oh compromis fadasse !
Le signe suisse aura... deux virgule cinq faces.
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20 et 24/03/2007}
BEAUX SITES
* Centre Georges Canguilhem - Université Paris-Diderot (P7)
http://www.centrecanguilhem.net/
La science pense. Encore faut-il dégager les ressorts philosophiques de
cette pensée par un effort commun des scientifiques et des philosophes
pour en tirer tout le bénéfice. L’enjeu d’un tel travail apparaît
considérable ; il s’agit de réintégrer la science dans la pensée
contemporaine autrement que sur le mode du positivisme aveugle, de
l’idolâtrie scientiste ou de la diabolisation. L’introduction
progressive d’un enseignement de la philosophie et histoire des sciences
dans les cursus scientifiques et médicaux des universités et dans ceux
des écoles d’ingénieurs appelle la création d’une institution ouverte
aux scientifiques et aux philosophes qui voudront contribuer à ce nouvel
enseignement. Cette institution constituera une instance de réflexion
commune, un lieu d’accueil destiné à la formation des uns et des autres,
un observatoire permettant l’analyse permanente du mouvement engagé.
* La BNF lance son anti-GooglePrint avec d'autres bibliothèques
européennes (portugaise et hongroise). Le résultat est accessible à :
http://www.europeana.eu/
Un peu mieux que Gallica, dont on retrouve beaucoup de textes.
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 20/02/2007}
VIENT DE PARAITRE
"Le Document : à la lumière du numérique" [="The Document, in the
Digital Era"] by Roger T. Pédauque (Caen : C&F éditions, 2006) ISBN
2-915825-04-1 ; http://cfeditions.com.
The author, "Roger T. Pédauque", is a "collective name"... Several folks
contributed, here, and they did so largely online. This is a new
phenomenon for the Internet, although it is a practice which has a long
cultural history in France.
The substance of the book's discussion should be of interest to anyone
working in digital information -or trying to, beneath the increasing
weight of "information overload"- the document, in light of the digital,
what difference do the new media really make?
Jean-Michel Salaün and the many with whom he worked on this project make
interesting points, about documents and documentation in the modern era.
The book offers three cooperatively-written essays:
* "Pédauque 1" ; the document as form, sign, and medium ; reformulations
wrought by the digital era -various propositions regarding the various
roles of documents, from various points of view... and,
* "Pédauque 2" ; the text in play ; permanence, and the transformations
of the document -how documents work, the background, the text, the
variorum edition idea and its war with change, of Semantic Webs, of
Mediation, and of the ontology and "neutrality" of technique... aka is
there anything "wertfrei", about "the document"... and, finally,
* "Pédauque 3" ; the document in the Modern World -deconstruction- the
meanings, and semiotics, of things like "media", and differences "the
digital" can make...
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{Gobbett, 17/01/2007}
Tania Gobbett nous signale que sa thèse
"La scrittura di Italo Calvino"
est disponible sur le site http://www.tesionline.com/
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{FR, 20/02/2007}
SUR TEXTO !
http://www.revue-texto.net/
Bonnes nouvelles de la revue Texto ! qui dépasse à présent 1.800
visites par jour. Le nombre moyen de pages vues a doublé en un an.
Toutes vos observations et suggestions d’amélioration sont bienvenues.
Dernière mise à jour : JANVIER 2007 (Vol. XII, n.1)
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Ballabriga, Michel
La syllepse est morte, vive l'antanaclase ! (2006)
Le but de cet article est, en s'appuyant sur l'analyse sémantique
d'exemples classiques et modernes de figures identifiées comme des
antanaclases ou des syllepses, d'unifier la description de ces figures
en ne retenant, pour des raisons théoriques et épistémologiques, que la
notion d'antanaclase, brièvement typologisée ; des bénéfices sont
escomptés sur les plans du parcours interprétatif et de la perception
sémantique et d'un point de vue heuristique (figures de rhétorique et
sémiotique visuelle).
Ballón Aguirre, Enrique
El cantar fúnebre atribuido a inca Yupanqui
(estudio semántico, 2007)
Rastier, François
Semantics and cognitive research,
translated by Larry Marks (2006)
Chapter II: The stakes for linguistics
Rastier, François
Arts et sciences du texte. Introduction. [en arabe] (2006)
Traduction par Driss El Khattab, professeur à l'Université de
Mohammedia (Maroc).
Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :
Nomura, Hidéo
Sur le verbe "créer" chez Saussure. (1973)
L'article discute la déformation du verbe "créer" dans le Cours de
linguistique générale réduit à l'acception triviale de 'création
néologique', alors que ce verbe représente, selon l'auteur, une des
notions centrales du système conceptuel saussurien, car il concerne le
moment de "devenir" de l'unité linguistique.
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Rastier, François
La traduction : interprétation et genèse du sens (2007)
Le problème de la traduction peut être réfléchi dans le cadre d’une
théorie générale des transformations au sein des textes et entre
textes : il engage alors à définir des rapports entre fonds et formes,
tant au plan du contenu qu’au plan de l’expression.
Thouard, Denis
Modi interpretandi. Clés et méthodes dans l’herméneutique de la
première modernité : Mathias Flacius Illyricus, Joseph Mede et
Isaac Newton (2006)
L'herméneutique naît d'une période confrontée aux controverses sur le
sens des textes. Flacius, Mede et Newton y répondent en concevant
différentes stratégies, de la clé à la méthode.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- D’où viennent tous ces cadavres ? Une lecture historique pour
En attendant Godot. (2007)
Dialogue entre Pierre et Valentin Temkine. En prêtant attention à un
détail de En attendant Godot, Valentin Temkine produit une
interprétation globale renouvelant la lecture de la pièce : à rebours
des interprétations selon les canons du « théâtre de l’Absurde », il
restitue la pièce à l’Histoire en explicitant les thèmes latents de
l’Occupation et de la Shoah.
Dans la rubrique REPÈRES :
Mézaille, Thierry
Du lieu commun à la rareté lexicale : différenciation de deux
parasynonymes dans les textes littéraires L'exemple de "corail"
vs "madrépore" (2007)
Interrogation de banques littéraires numérisées à usage scolaire
(lili.bibliopolis.fr) pour contraster la sémantique contextuelle de deux
mots vedettes : une rareté lexicale vs un lieu commun ; est ainsi
appréhendée une spécificité de la langue du XIXe siècle.
Rastier, François
La structure en question (2007)
L’auteur rend compte des acquis de la linguistique structurale et des
principes épistémologiques du structuralisme. S’inscrivant dans la
tradition rhétorique / herméneutique, il développe une conception
morphosémantique de la textualité, qui conduit vers une sémiotique des
formes sémantiques et expressives.
Colette, Karine
Analyse de la relation épistolaire entre l’administration
publique et les usagers. Synthèse partielle des résultats de la
thèse : l’analyse des courriers (2007)
L’auteur propose une analyse du discours des courriers administratifs
français.
Cours et exercices :
Niveau 3
Exercice 3 par Michel Ballabriga (2007)
Classes et isotopies dans le genre de l’aphorisme.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Thouard, Denis
Le partage des idées : Etudes sur la forme de la philosophie.
Paris, Editions du CNRS, 2006.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d’une
pédagogie de la clarté autant que d’une réduction de la philosophie à
l’écriture, l’ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
l’activité du lecteur. [Lire l'Introduction]
SUPPLÉMENT :
Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :
- Les archives de la revue Marges linguistiques
Archive de la revue électronique Marges Linguistiques (2001-2006).
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 20/03/2007}
LA NOTION DE SYSTEME CHEZ SAUSSURE
De Nunzio La Fauci
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
"E pur si muove"
Davantage que ceux d’autres novateurs, les mots-clés saussuriens,
observés au grand jour d’une histoire désormais presque séculaire, ont
un aspect bizarre et paradoxal. Sporadiquement bien compris, ils ont de
temps en temps libéré la discipline de certaines de ses entraves
ancestrales. Régulièrement mal compris, comme le note déjà Engler
(Remarques sur Saussure, son système et sa terminologie, CFS 23, 1966),
ils ont fini par revitaliser ces entraves, en le devenant eux-mêmes par
contagion. «Synchronie», «diachronie», «langue», «parole» etc. sont des
cas exemplaires de ces vicissitudes. Aucune surprise, d’ailleurs : la
linguistique est une discipline for happy few (autrefois bien davantage
qu’aujourd’hui, évidemment). À l’instar de Malraux, on sait bien
toutefois quel genre de majorité se cache toujours dans toute minorité
éclairée. Et la communauté scientifique des linguistes n’a jamais
échappé à cette règle.
Parmi les mots saussuriens, «système» a un relief spécial, du fait qu’il
est le premier qui apparaît dans son oeuvre. "Mémoire sur le système
primitif des voyelles dans les langues indo-européennes" est le titre
marquant son début et la position de «système» n’aurait pas pu y être
plus forte, ce qui fait exclure l’hypothèse d’un hasard. Au contraire,
on n’exagère pas en affirmant que «système» est le premier mot articulé
par le (très jeune) savant genevois, la première et, à vrai dire, la
dernière fois qu’il ouvra sciemment la bouche, et que, donc, sa parole
et son enseignement commencent et finissent par là. Et que par là
commence et finit donc sa fortune, dans ce qu'elle a eu d'heureux ou de
malheureux.
Situation hors de l’ordinaire, que de confier sa destinée à un mot et
dont Saussure était assez conscient, pour en fournir sans détour une
justification : «Étudier les formes multiples sous lesquelles se
manifeste ce qu’on appelle l’a indo-européen, tel est l’objet immédiat
de cet opuscule : le reste des voyelles ne sera pris en considération
qu’autant que les phénomènes relatifs à l’a ne fourniront l’occasion.
Mais, si arrivés au bout du champ aussi circonscrit, le tableau du
vocalisme indo-européen s’est modifié peu à peu sous nos yeux et que
nous le voyons se grouper tout entier autour de l’a, prendre vis-à-vis
de lui une attitude nouvelle, il est clair qu’en fait c’est le système
des voyelles dans son ensemble qui sera entré dans le rayon de notre
observation et dont le nom doit être inscrit à la première page»
(Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues
indo-européennes. Dans : Recueil des publications scientifiques de
Ferdinand de Saussure, Genève : Sonor 1922, p. 3).
Et si l’on considère ce passage en profondeur, on s’aperçoit que sa
concision dicte à jamais et à part entière le programme théorique et la
démarche méthodologique de la science du langage. On s’aperçoit surtout
que, loin d’être statique et de désigner ontologiquement un nouvel objet
supposé du monde linguistique (comme, par exemple, l’«indo-européen»,
les «lois phonétiques», «l’analogie», les «sonantes», le «phonème», les
«prototypes», la «structure syntagmatique» etc.), la notion de «système»
vient qualifier dans son dynamisme une façon d’appréhender le processus
continuel qui, d’après Wilhelm von Humboldt, est en même temps le
‘se-faire’ du langage et le ‘se-faire’ de la perspective scientifique
rationnelle qui le concerne. Et il s’agit là du seul isomorphisme
fonctionnel compatible avec l’attitude strictement expérimentale que le
jeune Saussure destinait à sa discipline à venir, à laquelle pourtant
dans la pure conscience et avec la spectaculaire prévoyance de sa pleine
maturité il n’assignait pas un futur certain : «Faut-il dire notre
pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte de ce qu’est la
langue ne conduise à douter de l’avenir de la linguistique. Il y a
disproportion, pour cette science, entre la somme d’opérations
nécessaires pour saisir rationnellement l’objet, et l’importance de
l’objet...» (Écrits de linguistique générale, S. Bouquet et R. Engler
(éds). Paris : Gallimard, p. 87).
Dans l’esprit de Saussure, la notion de «système» naissait donc en
fonction d’une recherche que l’on ne pouvait et ne pourrait pas
qualifier de diachronique ni de synchronique sans la défigurer.
Toutefois, par réaction avec les dégénérescences ontologiques de
«synchronie» et de «diachronie», malencontreusement très populaires,
elle s’est rapidement métamorphosée en fétiche. De cette dérive, Roman
Jakobson et les autres auteurs des «Thèses» pragoises eurent une
conscience critique précoce et la précoce subtilité de comprendre que
leur polémique ne visait pas Ferdinand de Saussure mais «l’école de
Genève», dont Saussure n’a manifestement jamais fait partie :
considération banale qui vaut aussi et généralement (on ne devrait
jamais l’oublier) pour la linguistique, justement, post-saussurienne et
pour ses fastes.
«Système» dans sa valeur fonctionnelle, non-ontologique,
ultra-holistique et sous sa dimension dynamique est donc le noyau
générateur d’une linguistique expérimentale à faire redémarrer.
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{FR, 25/03/2007}
DERIVES DE L'ANONYMAT
Sur le site de Laurent Bloch :
http://www.laurentbloch.org/spip.php?article107
Pour régler les questions de spam et de peer to peer :
La signature électronique universelle
par Nat Makarévitch et Laurent Bloch
vendredi 16 mars 2007.
Cet article a fait l’objet de discussions, et donc d’un article de
réponse
Les inventions les plus merveilleuses peuvent susciter des usages
désastreux ; c’est le cas de l’Internet et d son application la plus
populaire, le courrier électronique, aujourd’hui submergé de messages
parasites, le « spam » qui emplit les boîtes aux lettres d’insanités.
D’autres usages controversés menacent l’avenir du réseau : les échanges
de morceaux de musique ou de film numérisés au moyen de logiciels poste
à poste (peer to peer) représentent près de 80 % du volume échangé sur
l’Internet, selon un grand constructeur d’équipements de réseau, et bien
souvent ils ignorent les droits d’auteur attachés aux oeuvres
enregistrées.
Face à l’essor des échanges de fichiers incontrôlés, les détenteurs des
droits sur les oeuvres, essentiellemen les majors de l’industrie du
disque et de la vidéo, s’efforcent de mettre en place des mesures
techniques d protection et de faire adopter des lois qui risquent de
faire ressembler l’Internet à l’univers décrit par George Orwell.
L’évolution de l’Internet est ainsi menacée par des conflits entre des
intérêts qui semblent inconciliables. Pourtant une solution existe : la
signature électronique, ou numérique.
La signature numérique est un procédé qui garantit l’authenticité d’un
document, donc l’identité de son auteur, ainsi que son intégrité donc le
fait qu’il n’a pas été modifié. Techniquement elle se présente comme une
suite de chiffres dont la combinaison avec le document signé est
suffisamment complexe pour qu’il soit impossible de falsifier l’un ou
l’autre de façon indétectable.
La signature numérique est réalisée au moyen d’un certificat
électronique, équivalent numérique de la cart d’identité. L’usage de ces
techniques est-il compliqué ? Non : la Direction générale des impôts en
a brillamment administré la preuve, lorsque cette année 5,7 millions de
ménages ont rempli leur déclaration de revenus en ligne, par un procédé
qui reposait entièrement sur les certificats et les signatures
électroniques. Dans ce cas les certificats étaient émis par
l’administration, mais il existe des autorités de certification privées
et commerciales, ainsi que d’autres, associatives et gratuites : chacun
peut s’affilier selon ses usages ou ses affinités.
Comment la signature numérique pourrait-elle résoudre les problèmes liés
au spam et au droit d’auteur ? Elle permettrait à l’internaute
d’accepter le courrier d’origine identifiable et de rejeter le spam.
Et pour l’échange de fichiers ? L’acheteur d’un morceau de musique sur
le réseau signerait le fichier acheté, l’éditeur contre-signerait le
fichier musical ainsi complété. Toute copie du fichier révélerait à
l’éditeur l’identité de l’acheteur. Ainsi, l’acheteur pourrait l’envoyer
à un ami, ce qui entre dans le cadre de la copie privée légitime, mais
pas l’offrir au téléchargement public, ce qui enfreindrait le droit
d’auteurs.
Est-il scandaleux d’identifier les internautes ? Après tout, les
voitures sur les routes sont immatriculées sans que personne n’en soit
choqué. L’identification ne serait pas obligatoire, simplement il serait
loisible à chacun d’accorder à un internaute identifié une confiance
plus grande qu’à un anonyme.
Certains anonymats ont leur raison d’être, mais l’authentification
proposée ici ne les interdit pas : il serait d’ailleurs possible que des
tiers identifiés se portent garants pour des anonymes légitimes, par
exemple les sujets d’une dictature.
Wikipédia et l’anonymat
Mais le recours abusif à l’anonymat sur Internet n’a pas que les
conséquences techniques et juridiques évoquées ci-dessus : il en résulte
des problèmes plus substantiels, qui mettent en jeu la teneur même de
documents publiés, comme le montre l’évolution de Wikipédia.
L’encyclopédie en ligne Wikipédia est une source inestimable de savoir,
avec 397 067 articles en français, plus de 5 millions dans 250 langues.
Une étude indépendante a montré que dans bien des domaines, surtout
scientifiques et techniques, la qualité des articles n’était pas
significativement différente de celle de l'Encyclopedia Britannica.
Wikipédia autorise l’anonymat des auteurs, qui peuvent contribuer à la
rédaction sous un ou plusieurs pseudonymes ; ils peuvent aussi donner
leur vrai nom, mais peu le font. Les divergences entre auteurs sont
tranchées par des modérateurs souvent anonymes, élus sur la base de leur
assiduité éditoriale, mais rien ne permet d’empêcher le bourrage des
urnes ou les collusions manipulatrices. Ceci a conduit à des trucages
surtout dans des domaines propices à la polémique entre opinions
partisanes, comme l’histoire, la politique ou la culture.
Larry Sanger, l’un des fondateurs de Wikipédia, est assez réservé sur
son évolution ; il a lancé un nouveau projet et il écrit sur son site
http://citizendium.org/essay_shorter.html
«La communauté n’applique pas de façon effective et cohérente les règles
qu’elle s’est données. En conséquence, les modérateurs comme les
participants ordinaires sont en mesure de commettre impunément des abus
qui engendrent un cycle sans fin d’autres abus.»
Nat Makarévitch, contributeur français et co-auteur du présent article,
donne sur son site
http://www.makarevitch.org/rant/wikipedia.html
un récit des censures auxquelles lui et d’autres ont été soumis, sans
recours face à l’arbitraire en partie du fait de l’anonymat des
modérateurs de Wikipédia.
L’artiste et informaticien Jaron Lanier a publié sur le site
http://www.edge.org/documents/archive/edge183.html
un article intitulé «Maoïsme numérique : les dangers du nouveau
collectivisme en ligne» ; dans sa réponse, l’éditeur du site n’a pas
craint d’écrire : «Maintenant, une autre grande idée commence à faire
son chemin, mais cette fois il est plus pénible pour certains d’y
adhérer, ou même de l’envisager. Il ne s’agit de rien moins que de la
migration de l’esprit individuel à l’intelligence collective. Je nomme
cela "l’avènement de tout le monde", et cela représente, pour le
meilleur et pour le pire, une modification fondamentale de la notion de
notre identité. En d’autres termes, nous assistons à l’émergence d’un
nouveau type de personne.»
De telles idées ne sont pas nouvelles : Lénine les avait déjà formulées
en toute clarté dans Que faire ? en 1902, avec les résultats que l’on
sait. On a pu remarquer qu’avec ce texte Lénine était aussi un
précurseur du taylorisme. Les nouveaux adeptes de l’effacement de
l’individu derrière la collectivité rêvent-ils pour nous d’un tel avenir
radieux ? Puisse la signature numérique contribuer à ce que l’Internet
reste un lieu extraordinaire où chacun peut choisir de communiquer avec
de vraies personnes, avec un nom.
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666
{FR, 03/04/2007}
MANIFESTATION DU COLLEGE INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE
en coopération avec la Maison Heinrich Heine
[NDLR : lieu de la manifestation, cf. indications sur le site suivant :]
http://www.maison-heinrich-heine.org/index.htm
Samedi 28 avril de 9h30 à 18h30
Primo Levi et la rationalité après Auschwitz
Primo Levi interroge, à partir de son témoignage, la possibilité même de
la rationalité après Auschwitz. Ainsi, il lui est d’emblée possible de
répondre aux positions qu’Adorno a développées depuis son fameux dictum
et de poursuivre une réflexion, sous une forme souvent contradictoire,
sur Améry et Celan. Avec pour point de départ Primo Levi, homme des
Lumières après Auschwitz, ce colloque invite à débattre de la
rationalité, de sa visée universaliste et de la communicabilité de
l’expérience après le génocide des Juifs et les camps de concentration
nazis. Les participants s’engageront sur les trois axes : culture et
violence ; zone grise ; expression littéraire et poétique.
De cette façon, vingt ans après sa disparition le 11 avril 1987, on
contribuera à mettre en valeur la pensée de Primo Levi qui, bien au-delà
de l’oecuménisme et de la normalité sous lesquels il est trop simplement
rangé, n’a cessé de mettre à l’épreuve et d’expérimenter les principes
et les catégories de la rationalité éclairée.
9h30. Accueil et ouverture
Philippe Mesnard (CIPh) : présentation de la problématique
Président de séance : Philippe Mesnard
9h45. Yannis Thanassekos (Fondation Auschwitz, Bruxelles)
Rationalité, compréhension et apories dans l’œuvre testimoniale
de Primo Levi.
10h30. François Rastier (CNRS)
Raisons scientifique, pratique et poétique – à partir de
l’oeuvre et de l’action de Primo Levi.
11h15. Pause
11h30. Régine Waintrater (Paris 7)
De la rationalité à la rationalisation : la mélancolie dans
l’écriture de Jean Améry.
12h15. Michel Deguy
Poésie et témoignage après Auschwitz (titre provisoire)
Discussion
13h00. Repas sur place
14h00. Reprise
Président de séance : Alexandre Prstojevic (CRAL / INALCO)
14.00. Corinne Enaudeau (CIPh, CPGE - Paris)
Zone grise et frontière intérieure (Levi et Arendt)
14h45. Elisabeth de Fontenay (Paris 1)
L’écriture comme témoignage (Celan, Levi, Lyotard)
15h30. Pause
15h45. Emmanuelle Danblon (ULB, Bruxelles)
Est-il rationnel de ne pas vouloir comprendre ?
16h30. Andrea Allerkamp (Univ. Poitiers)
Naufrage avec spectateurs. Discours d’Ulysse
chez Levi et Adorno.
17h15. Discussion générale et Synthèse
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{FR, 27/03/2007}
INTERNATIONAL CONFERENCE ON HUMANITAS
Siamo lieti di comunicarLe che a Napoli dal 15 al 22 luglio prossimo si
terrà un grande convegno internazionale sull’umanesimo nella sua
realizzazione storica dal XIV al XVIII secolo, e sulla vitalità che
tuttora le discipline umanistiche conservano.
Al convegno interverranno oltre settanta relatori provenienti da ogni
parte del mondo, studiosi di varia formazione uniti tutti da un comune e
profondo interesse per gli studia humanitatis.
Per saperne di più potrà consultare il sito:
http://www.conventushumanitas.eu
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{FR, 20/02/2007}
COLLOQUE INTERNATIONAL
Coseriu : réceptions contemporaines,
sémantique, linguistique du texte, philosophie du langage
Aix-en-Provence, 17-18-19 septembre 2007
http://cosaix2007.googlepages.com
L'oeuvre d'Eugenio Coseriu (1921-2002) est restée relativement méconnue
en France —notamment pour des raisons linguistiques, l'essentiel de son
oeuvre ayant été rédigé en allemand et en espagnol. La réédition récente
de textes importants et de nouvelles traductions françaises invite à
(re)prendre la mesure d'une entreprise majeure de la linguistique
européenne de la seconde moitié du XX siècle. Ce colloque ambitionne
ainsi de revenir sur les apports du linguiste et de témoigner des
prolongements et échos que ses propositions rencontrent aujourd'hui.
Sans exclure les domaines de la typologie linguistique et de la
grammaire, on donnera priorité aux propositions investissant les
domaines de la sémantique lexicale, de la linguistique du texte et de la
philosophie du langage.
Axe 1. Les communications pourraient interroger la sémantique
structurale que Coseriu a élaborée à partir des années 60 : synthèse
linguistique de l'épistémè différentielle saussurienne, des propositions
de l'entre-deux-guerres sur les champs conceptuels (L. Weisgerber,
J. Trier), et des perspectives onomasiologique et sémasiologique, la
lexématique a fait l'objet d'un développement permanent, étendant son
objet du système aux normes et progressant ainsi vers une sémantique de
la parole. Les interventions traiteront par exemple,
* des relations de la lexématique aux autres modèles de sémantiques
structurales ;
* des relations entre la lexématique et les sémantiques cognitives (avec
par exemple des études comparatives des modèles sur un même objet) ;
* d'une reprise possible des fondamentaux de la lexématique dans la
perspective d'une sémantique des textes (ou de la parole) ;
* des modèles couplant la lexématique avec la conception énergétique qui
sous-tend la linguistique cosérienne.
Axe 2. Alors que l'objet texte occupe aujourd'hui une place à part au
sein des sciences du langage, la linguistique du texte définie par
Coseriu (1955) sera d'emblée conçue comme une part nécessaire car
intégrante d'une linguistique de l'activité de parler. Elle complète
ainsi au plan individuel une linguistique des langues historiques qui
détermine à son tour une linguistique de la parole en général. Mais si
cette originalité mérite d'être reconsidérée c'est surtout que les deux
linguistiques du texte reconnues par Coseriu —une linguistique du sens,
considérée comme prioritaire, et une grammaire transphrastique, qui
élargit l'analyse traditionnelle au palier textuel— ont connu un
développement séparé qui aura surtout profité à la seconde. À cet égard,
la réflexion pourrait chercher à éclairer :
* comment la linguistique du discours se positionne aujourd'hui dans un
tel cadre épistémologique ;
* les résonances de la linguistique du sens cosérienne dans les travaux
actuels de sémantique des textes ;
* de quelle manière la conception cosérienne pose les questions du sens
et de l'interprétation à la description linguistique ;
* les rapports de cette linguistique du texte à la stylistique,
l'herméneutique philologique ou la traductologie ;
Axe 3. Les cours sur la philosophie du langage sont enseignés par un
linguiste qui refuse tout cloisonnement entre la science et la
philosophie. Dans l'oeuvre, la référence à Humboldt apparaît également
symptomatique d'une réflexion qui lie questionnement philosophique et
formulation des problèmes linguistiques. Dans cet esprit, si
l'entreprise historiographique de Coseriu offre en soi un objet d'étude
légitime, il est souhaité que les interventions problématisent surtout
ce que, dans leurs principes mêmes, les domaines mentionnés et les
thèses cosériennes en général, doivent à la philosophie du langage.
Conférenciers invités :
J. Albrecht (Université d'Heidelberg, Allemagne)
J.-P. Durafour (Université de Tübingen, Allemagne)
J. Kabatek (Université de Tübingen, Allemagne)
O. Loureda (Université de La Corogne, Espagne)
F. Rastier (CNRS, Paris)
Comité d'initiative :
Christophe Gérard, Régis Missire
Comité d'organisation :
Marie-Christine Hazaël-Massieux (Aix-Marseille), Sybille Kriegel (Aix-
Marseille), Christophe Gérard (Aix-Marseille), Régis Missire (Toulouse).
Comité scientifique :
Michel Ballabriga (Toulouse), Jean-Pierre Durafour
(Strasbourg/Tübingen), M.-C. Hazaël-Massieux, Johannes Kabatek
(Tübingen), Barbara Kaltz (Aix-Marseille), François Rastier (Paris).
Durée des communications : 30 mn maximum.
Langues de travail : Français, Anglais.
Lieu : Salle des professeurs, Faculté de Lettres et sciences humaines
Limite d'envoi des propositions : au plus tard le 15 AVRIL 2007
Les propositions de communication (titre et résumé de 2000 signes
maximum, bibliographie comprise) sont à envoyer à
cosaix2007@gmail.com
Réponse sera donnée avant le 15 mai 2007.
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{Ablali, 23/02/2007}
COLLOQUE INTERNATIONAL
"Linguistique et littérature : Cluny, 40 ans après"
Colloque international, 5-7 novembre 2007, Université de Franche-Comté,
Besançon.
Les années soixante et soixante-dix ont donné un nouveau souffle aux
collaborations entre linguistes et littéraires loin des multiples
cloisonnements du champ du savoir. Pourtant il reste encore aujourd’hui
des résistances à la conjonction de la linguistique et de la
littérature, surtout en France, où elles sont encore loin l’une de
l’autre dans les découpages classiques au sein de l’institution
académique. Cette disjonction a son histoire. En intitulant ce colloque,
« Cluny, 40 ans après : linguistique et littérature », nous avons voulu
faire écho à celui de 1968, qui avait joué un rôle important dans la
promotion des premières alliances entre les deux disciplines.
[...]
Les propositions de communication devront être adressées par voie
électronique à Driss Ablali (driss.ablali@univ-fcomte.fr) avant le 30
mai 2007.
Contacts colloque : Driss Ablali & Margareta Kastberg
Par téléphone : 0381665477/78
Par mail : driss.ablali@univ-fcomte.fr,
margareta.kastberg@univ-fcomte.fr
Site : http://laseldi.univ-fcomte.fr
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{FR, 20/02/2007}
LES NOUVELLES JOURNEES DE L'ERLA No. 8
Aspects linguistiques du texte poétique
16-17 novembre 2007
Université de Bretagne Occidentale, Brest
[scroll down for English version]
Première annonce et appel à communications
L’ERLA (Equipe de Recherche en Linguistique Appliquée) sollicite des
propositions de communications pour Les Nouvelles Journées de l’ERLA No.
8, qui auront lieu à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest), les
16 et 17 novembre 2007. Le thème du colloque est «Aspects linguistiques
du texte poétique». Nous accueillerons des propositions qui traitent,
dans une perspective linguistique (syntaxe, sémantique, prosodie,
pragmatique ...), le texte poétique. Par "texte poétique" nous entendons
des textes qui correspondent formellement à la poésie, et les textes qui
peuvent y être assimilés, comme le poème en prose. Les textes poétiques
étudiés peuvent être de toute langue ; toutes les approches théoriques
et écoles de pensées sont les bienvenues.
Les langues officielles du colloque sont le français (de préférence) et
l’anglais. Les propositions (résumés de 250 mots maximum) sont à
adresser avant le 31 mai 2007 à David Banks, Faculté des Lettres et
Sciences Sociales, Université de Bretagne Occidentale, 20 rue Duquesne,
CS 93837, 29238 Brest, Cedex 3.
David.Banks@univ-brest.fr
Les communications : en français (de préférence) ou en anglais, seront
d'une durée de 25 minutes, suivies de 10 minutes de discussion.
Les frais d'inscription seront de l'ordre de 25 euros, repas de midi le
vendredi inclus.
Comité d'organisation : David Banks, Irina Lord, Ghislaine Lozachmeur.
Renseignements : David Banks, Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
Université de Bretagne Occidentale, 20 rue Duquesne, .CS 93837, 29238
Brest, Cedex 3.
David.Banks@univ-brest.fr
_________________________
NEW ERLA STUDY DAYS No 8
Linguistic aspects of poetic texts
16-17 November 2007
Université de Bretagne Occidentale, Brest
Call for papers
L'ERLA (Equipe de Recherche en Linguistique Appliquée) would welcome
proposals for presentations at the New ERLA Study Days No. 8, to be held
at the Université de Bretagne Occidentale, Brest, France, 16-17 November
2007. The theme of the colloquium is "Linguistic aspects of poetic
texts". We are interested in proposals which deal with poetic texts from
a linguistic point of view (syntax, semantics, prosody, pragmatics,
etc.). By "poetic texts" we mean texts that correspond to poetry in the
formal sense, and texts that can be assimilated to them, such as prose
poems. No languages are excluded; all theoretical approaches and schools
of thought are welcome.
Proposals (abstracts of 250 words maximum) should be sent before 31 May
2007 to
David Banks
Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
Université de Bretagne Occidentale
20 rue Duquesne
CS 93837
29238 Brest Cedex 3
France
David Banks@univ-brest.fr
Presentations, in French (preferred) or in English, will last 25 minutes,
followed by 10 minutes discussion.
The registration fee will be of the order of 25 euros, including Friday
lunch.
Organizing committee: David Banks, Irina Lord, Ghislaine Lozachmeur.
Information : David Banks
David.Banks@univ-brest.fr
Faculté des Lettres et Sciences Sociales, Université de Bretagne
Occidentale, 20 rue Duquesne, .CS 93837, 29238 Brest, Cedex 3, France.
Tél : +33 (0)2 98 48 20 13
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{Mayaffre, 08/02/2007 et 03/04/2007}
Le discours de campagne
6èmes journées de la Société d’Etude des Langages du Politique (SELP)
Nice — 29 et 30 novembre 2007
Avec le concours de la Maison des Sciences de l’Homme de Nice, l’UMR
6039, Bases, Corpus et Langage, et la Maison des Langues de Nice.
Comité scientifique : Jean-Michel Adam, Ruth Amossy, Juana-Marin Arrese,
Paul Bacot, Sergio Bolasco, Patrick Charaudeau, Paul Chilton, Pierre
Fiala, Jean-Paul Honoré, Christian Le bart, Michael Parsons, Christian
Plantin, André Salem.
Comité permanent d’organisation : Denis Barbet, Damon Mayaffre, Laurent
Rouveyrol. Contact : bureauselp@voila.fr.
* Appel à contribution (extrait)
Est-il un moment plus sensible que le temps des campagnes électorales où
logos et cratos se confondent ?
Sans négliger la dimension lexicale, thématique et factuelle des
discours étudiés, qui reliera la réflexion à l’actualité de nos
démocraties ou à leur l’histoire, les journées insisteront aussi sur la
rhétorique, la stylistique, la poétique des discours de campagne, et sur
l’ensemble des caractéristiques linguistiques du phénomène discursif
observé.
* Modalités
Les journées se tiendront sur deux jours avec des demi-journées ou
sessions spécifiques consacrées au dit, au dire, aux méthodes de
traitement.
Les communications porteront sur l'analyse de textes relevant du genre
ciblé. Les discours de campagne à l'étude pourront être empruntés à
divers pays de façon à apporter un éclairage croisé voire comparatiste.
Les communications de 20 minutes se feront en français ou en anglais.
Soumissions : format et calendrier
Les soumissions ne dépasseront pas 3 pages ou 5000 signes. L’auteur y
exposera son corpus, sa méthode et ses problématiques. Il fera
apparaître l’organisation de sa communication (plan précis ou
structuration provisoire) et ses références bibliographiques.
Les soumissions devront être adressées avant le 15 juin 2007 au bureau
de la Société d’Etude des Langages du Politique (bureauselp@voila.fr).
Une réponse sera apportée aux auteurs avant le 30 juillet.
Frais d’inscription : 15 euros (donnant droit aux repas durant la durée
de la manifestation).
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{MV, 26/03/2007}
APPEL A COMMUNICATIONS
Lexicographie et informatique : bilan et perspectives
Colloque international à l’occasion du 50e anniversaire du lancement du
projet du Trésor de la Langue Française
Dates : 23-25 janvier 2008
Lieu : Nancy, Campus Lettres et Sciences Humaines
Organisation : laboratoire ATILF-CNRS
[...] L’originalité majeure du Trésor de la Langue Française [...] aura
été de se fonder, entre autres sources, sur l’indexation informatique
d’un riche corpus de textes écrits entre 1789 et 1960.
Depuis, la lexicographie n’a cessé de recourir à l’informatique.
Le texte complet de l'appel avec le détail des modalités de soumission
est disponible sur le site de l'ATILF :
http://www.atilf.fr/
Calendrier : 1er septembre 2007 : date limite de l’envoi des
propositions de communication à tlf07-csn@atilf.fr
Contact : tlf07-co@atilf.fr
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________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 2.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
«On perdrait courage si on n'était pas soutenu
par des idées fausses.»
(R. Lulle à Artémise), Dialogues des
morts, deuxième partie, Oeuvres de M. de
Fontenelle, Paris, Brunet, 1742, t.1,
p.149-150 (éd. Jean Dagen, Société des
Textes Français Modernes, 1971. p. 317).
«Un nombre croissant de chercheurs ont décidé
d’abandonner la vaine quête des significations».
Bahn, P.G., 1998, p. 171,
The Cambridge Illustrated History of
Prehistoric Art. Cambridge, CUP
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Nouveaux abonnes
- Bienvenue a Francois Migeot, Hani Georges, Mick Grzesitchak,
Leda Mansour, Valerie Beaudouin, Dominique Verbeken.
2- Carnet
- La liste SdT sur Sympa
- Seminaire de Pascal Nouvel : biologie et medecine dans les
sciences contemporaines
- Humour : un programme pour l'ecole ; de l'isotopie a la
synonymie ; interview de Chomsky
- Titres de conferences
- L'arbitraire du singe
3- Textes electroniques
- Centre Georges Canguilhem : penser la science
- Europeana : la contribution francaise a la bibliotheque
numerique europeenne
4- Publications
- Roger T. Pedauque : "Le Document : a la lumiere du numerique"
- These de Tania Gobbett : "La scrittura di Italo Calvino"
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (janvier 2007)
5- Textes
- Sur la notion de système chez Saussure :
Nunzio La Fauci, "E pur si muove"
- Sur les derives de l'anonymat : Laurent Bloch, "Pour regler
les questions de spam et de peer to peer : La signature
electronique universelle"
6- Appels : Colloques et revues
- "Primo Levi et la rationalite apres Auschwitz", Paris,
28 avril 2007
- International conference on Humanitas, Napoli, July 15-23,
2007.
- "Coseriu : receptions contemporaines, semantique, linguistique
du texte, philosophie du langage", Aix-en-Provence,
17-19 septembre 2007
- "Linguistique et litterature : Cluny, 40 ans apres", Besancon,
5-7 novembre 2007.
- Nouvelles journees de l'ERLA n°8 : "Aspects linguistiques du
texte poetique", Brest, 16-17 novembre 2007.
- 6emes journees de la Societe d’Etude des Langages du Politique
(SELP) : "Le discours de campagne", Nice, 29-30 novembre 2007
- "Lexicographie et informatique : bilan et perspectives",
Nancy, 23-25 janvier 2008
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[informations réservées aux abonnés]
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{BP, 06/04/2007}
LA LISTE SDT SUR SYMPA
En raison du nombre croissant d'abonnés et des difficultés occasionnées
par les filtres anti-spam, la gestion de la liste SdT passe, avec ce
numéro, d'une gestion "artisanale" (par simple définition d'alias !) à
une gestion plus professionnelle, en s'appuyant sur les services du CRU.
Le CRU (Comité Réseau des Universités) développe, administre et nous
permet d'utiliser le logiciel "Sympa", spécialisé pour les listes de
diffusion.
Cela ne change en rien la "formule" de notre bulletin : les abonnés
continueront à recevoir à l'adresse habituelle et au rythme habituel les
numéros de SdT.
La gestion de la liste SdT via sympa offre cependant de nouveaux
services aux abonnés SdT : non seulement la possibilité de gérer
soi-même son abonnement (changement d'adresse, désabonnement), mais
aussi la consultation des archives (à partir de ce numéro seulement -
pour mémoire, les anciens numéros, de 1995 à 2005 -et bientôt 2006- sont
disponibles sur le site Texto!). Ces services sont accessibles à
l'adresse :
http://listes.cru.fr/sympa/info/sdt
Pour consulter les archives, vous devez vous identifier en donnant votre
adresse d'abonnement (la première fois, passer par le formulaire
"premier login ?").
Bien entendu, la rédaction de SdT reste toujours à votre disposition,
aux mêmes adresses et maintenant également à l'adresse sdt tiret request at
cru point fr, tant pour vos contributions et réactions que pour des questions
liées à votre abonnement.
Merci de votre intérêt, et bonne lecture à tous !
Bénédicte Pincemin
François Rastier
Mathieu Valette
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 24/03/2007}
SEMINAIRE
Place de la biologie et de la medecine dans les sciences contemporaines.
Organisation : Pascal Nouvel. Informations sur :
http://www.pascalnouvel.net (rubrique actualites)
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{FR, 20 et 24/03/2007}
HUMOUR
* Un programme pour l'école en forme de question aux candidats :
Quomodo quis vim vocis articulatae seu litterarum et syllabarum
potestatem cognoscit si non prius per eam id didicit ?
Aut quomodo pedum accentum et positurarum discretionem scit si non per
hanc disciplinam eius scientiam ante percepit ?
Aut quomodo partium orationis iura schematum decorem troporum virtutem
etymologiarum rationem et orthographiae rectitudinem novit si non
grammaticam artem ante sibi notam facit ?
(Isidore de Séville, Etymologies. I).
* Dans le Chevalier & Encrevé, Combats pour la linguistique, à propos de
Greimas : "Théoricien bonhomme, en public, il dit "mon bouquin", et "mon
bouquin" flamboie d'une invention originale, l'isotopie qui repose sur
une très vieille distinction des logiciens antiques : le chien c'est
celui qui aboie, c'est aussi un poisson et c'est enfin une
constellation ; c'est le départ de la synonymie."
* Sacha Cohen (alias le fameux Borat et le rapper ALI G) a réalisé
l'interview que Chomsky aurait sans doute souhaité ne jamais accorder :
http://www.youtube.com/watch?v=fOIM1_xOSro
Les questions posées semblent déstabiliser légèrement l'interviewé...
Nous les avons trouvées excellentes !
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{FR, 20/03/2007}
TITRES DE CONFERENCES
* A l'occasion de la rentrée solennelle de l'Ecole doctorale Lettres,
Langues, Spectacles, M. XXX, Professeur émérite à l'université de XXX,
ancien Président de cette université, ancien recteur et ancien
directeur de l'Institut Pédagogique National, fera une conférence sur
le thème : "Du non-écrit au non-livre"
* XXX donnera une conférence intitulée :
De la période phocéano-natatoire de Jean-Pierre Brisset
à son développement linguistico-ferroviaire.
à l'occasion du vernissage de l'exposition Pataphysique, Langage &
Machines.
* Eve V. CLARK - Prof. linguistique, Département de linguistique,
Université de Stanford, USA. Titre de la conférence :
Les adultes comme source de construction
des connaissances linguistiques des enfants.
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{FR, 20/03/2007}
L'ARBITRAIRE DU SINGE
NDLR Nous publions ici un compliment à Ecaterina Bulea, prononcé par
Alain Muller pour fêter son accession à la nationalité hélvétique. Pour
saisir tout le sel du dernier vers, le lecteur doit savoir que la
dédicataire est saussurienne, mais que l’auteur est peircien, donc
partisan d’un signe triadique.
L’arbitraire du singe
Cauchemar vygotskien, angoisse de linguiste,
Se pourrait-il qu’un jour une pensée existe,
N’ayant pour seul support qu’un esprit cartésien,
Un « Je pense » ineffab’ lui-même issu de rien ?
Se pourrait-il, Mon Dieu, je tremble quand j’y pense,
Qu’une esquisse d’idée, qu’un embryon de sens,
Puisse venir com’ ça, c’est affreux, c’est obscène,
Se présenter à nous, tout nu, sans son phonème ?
Mais l’affaire est bien pire, et c’est ce qui me trouble.
Si l’on y réfléchit, le cauchemar est double.
Car si le signifié se balade hors système,
Pourquoi le signifiant ne ferait pas de même ?
Certains esprits vaseux s’autorisant d’eux-mêmes
Proférant des sottises et s’emmêlant les schèmes,
Qui à leur bas profit récupèrent Saussure,
Qui n’ayant rien compris à ce qu’est la structure,
Et qui sous le prétexte de fonder l’inconscient,
Ont dit que le phallus était un signifiant
Sans signifié... Seigneur quel’ conception exsangue !
Gros vampires du sens, je vous tire la langue !
Un signifiant sans signifié ! Ça c’est trop fort !
Mais vous hypostasiez le matériau sonore.
Concéder que le Ça a forme de langage,
N’engage pas à dir’ qu’il n’est que pur ramage.
Un langage ceci ? Cette schize innommable ?
Un bruit... ou tout au plus un grognement instable
De bête ! Un hurlement de gorille furieux !
C’est l’arbitrair’ du singe, et rien d’autre, Messieurs.
Mais je m’énerve un peu et ce n’est pas bon signe.
Je me sens devenir l’atrabilair’ du signe.
J’étouffe. Je suffoque. Je perds la boule et là...
J’appelle Ferdinand et Ecaterina.
Pas de pensée sans signe ! C’est beau, c’est grand, c’est clair.
Il reste cependant la question subsidiaire :
Le signe a-t-il deux faces ou en aurait-il trois ?
Insignes ou non, je sens que ces mots jettent un froid...
Or ce n’est pas le lieu d’ouvrir la polémique,
Et après tout Nina ce soir est helvétique.
Coupons la poire en deux ! Oh compromis fadasse !
Le signe suisse aura... deux virgule cinq faces.
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{FR, 20 et 24/03/2007}
BEAUX SITES
* Centre Georges Canguilhem - Université Paris-Diderot (P7)
http://www.centrecanguilhem.net/
La science pense. Encore faut-il dégager les ressorts philosophiques de
cette pensée par un effort commun des scientifiques et des philosophes
pour en tirer tout le bénéfice. L’enjeu d’un tel travail apparaît
considérable ; il s’agit de réintégrer la science dans la pensée
contemporaine autrement que sur le mode du positivisme aveugle, de
l’idolâtrie scientiste ou de la diabolisation. L’introduction
progressive d’un enseignement de la philosophie et histoire des sciences
dans les cursus scientifiques et médicaux des universités et dans ceux
des écoles d’ingénieurs appelle la création d’une institution ouverte
aux scientifiques et aux philosophes qui voudront contribuer à ce nouvel
enseignement. Cette institution constituera une instance de réflexion
commune, un lieu d’accueil destiné à la formation des uns et des autres,
un observatoire permettant l’analyse permanente du mouvement engagé.
* La BNF lance son anti-GooglePrint avec d'autres bibliothèques
européennes (portugaise et hongroise). Le résultat est accessible à :
http://www.europeana.eu/
Un peu mieux que Gallica, dont on retrouve beaucoup de textes.
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 20/02/2007}
VIENT DE PARAITRE
"Le Document : à la lumière du numérique" [="The Document, in the
Digital Era"] by Roger T. Pédauque (Caen : C&F éditions, 2006) ISBN
2-915825-04-1 ; http://cfeditions.com.
The author, "Roger T. Pédauque", is a "collective name"... Several folks
contributed, here, and they did so largely online. This is a new
phenomenon for the Internet, although it is a practice which has a long
cultural history in France.
The substance of the book's discussion should be of interest to anyone
working in digital information -or trying to, beneath the increasing
weight of "information overload"- the document, in light of the digital,
what difference do the new media really make?
Jean-Michel Salaün and the many with whom he worked on this project make
interesting points, about documents and documentation in the modern era.
The book offers three cooperatively-written essays:
* "Pédauque 1" ; the document as form, sign, and medium ; reformulations
wrought by the digital era -various propositions regarding the various
roles of documents, from various points of view... and,
* "Pédauque 2" ; the text in play ; permanence, and the transformations
of the document -how documents work, the background, the text, the
variorum edition idea and its war with change, of Semantic Webs, of
Mediation, and of the ontology and "neutrality" of technique... aka is
there anything "wertfrei", about "the document"... and, finally,
* "Pédauque 3" ; the document in the Modern World -deconstruction- the
meanings, and semiotics, of things like "media", and differences "the
digital" can make...
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{Gobbett, 17/01/2007}
Tania Gobbett nous signale que sa thèse
"La scrittura di Italo Calvino"
est disponible sur le site http://www.tesionline.com/
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{FR, 20/02/2007}
SUR TEXTO !
http://www.revue-texto.net/
Bonnes nouvelles de la revue Texto ! qui dépasse à présent 1.800
visites par jour. Le nombre moyen de pages vues a doublé en un an.
Toutes vos observations et suggestions d’amélioration sont bienvenues.
Dernière mise à jour : JANVIER 2007 (Vol. XII, n.1)
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Ballabriga, Michel
La syllepse est morte, vive l'antanaclase ! (2006)
Le but de cet article est, en s'appuyant sur l'analyse sémantique
d'exemples classiques et modernes de figures identifiées comme des
antanaclases ou des syllepses, d'unifier la description de ces figures
en ne retenant, pour des raisons théoriques et épistémologiques, que la
notion d'antanaclase, brièvement typologisée ; des bénéfices sont
escomptés sur les plans du parcours interprétatif et de la perception
sémantique et d'un point de vue heuristique (figures de rhétorique et
sémiotique visuelle).
Ballón Aguirre, Enrique
El cantar fúnebre atribuido a inca Yupanqui
(estudio semántico, 2007)
Rastier, François
Semantics and cognitive research,
translated by Larry Marks (2006)
Chapter II: The stakes for linguistics
Rastier, François
Arts et sciences du texte. Introduction. [en arabe] (2006)
Traduction par Driss El Khattab, professeur à l'Université de
Mohammedia (Maroc).
Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :
Nomura, Hidéo
Sur le verbe "créer" chez Saussure. (1973)
L'article discute la déformation du verbe "créer" dans le Cours de
linguistique générale réduit à l'acception triviale de 'création
néologique', alors que ce verbe représente, selon l'auteur, une des
notions centrales du système conceptuel saussurien, car il concerne le
moment de "devenir" de l'unité linguistique.
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Rastier, François
La traduction : interprétation et genèse du sens (2007)
Le problème de la traduction peut être réfléchi dans le cadre d’une
théorie générale des transformations au sein des textes et entre
textes : il engage alors à définir des rapports entre fonds et formes,
tant au plan du contenu qu’au plan de l’expression.
Thouard, Denis
Modi interpretandi. Clés et méthodes dans l’herméneutique de la
première modernité : Mathias Flacius Illyricus, Joseph Mede et
Isaac Newton (2006)
L'herméneutique naît d'une période confrontée aux controverses sur le
sens des textes. Flacius, Mede et Newton y répondent en concevant
différentes stratégies, de la clé à la méthode.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- D’où viennent tous ces cadavres ? Une lecture historique pour
En attendant Godot. (2007)
Dialogue entre Pierre et Valentin Temkine. En prêtant attention à un
détail de En attendant Godot, Valentin Temkine produit une
interprétation globale renouvelant la lecture de la pièce : à rebours
des interprétations selon les canons du « théâtre de l’Absurde », il
restitue la pièce à l’Histoire en explicitant les thèmes latents de
l’Occupation et de la Shoah.
Dans la rubrique REPÈRES :
Mézaille, Thierry
Du lieu commun à la rareté lexicale : différenciation de deux
parasynonymes dans les textes littéraires L'exemple de "corail"
vs "madrépore" (2007)
Interrogation de banques littéraires numérisées à usage scolaire
(lili.bibliopolis.fr) pour contraster la sémantique contextuelle de deux
mots vedettes : une rareté lexicale vs un lieu commun ; est ainsi
appréhendée une spécificité de la langue du XIXe siècle.
Rastier, François
La structure en question (2007)
L’auteur rend compte des acquis de la linguistique structurale et des
principes épistémologiques du structuralisme. S’inscrivant dans la
tradition rhétorique / herméneutique, il développe une conception
morphosémantique de la textualité, qui conduit vers une sémiotique des
formes sémantiques et expressives.
Colette, Karine
Analyse de la relation épistolaire entre l’administration
publique et les usagers. Synthèse partielle des résultats de la
thèse : l’analyse des courriers (2007)
L’auteur propose une analyse du discours des courriers administratifs
français.
Cours et exercices :
Niveau 3
Exercice 3 par Michel Ballabriga (2007)
Classes et isotopies dans le genre de l’aphorisme.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Thouard, Denis
Le partage des idées : Etudes sur la forme de la philosophie.
Paris, Editions du CNRS, 2006.
Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d’une
pédagogie de la clarté autant que d’une réduction de la philosophie à
l’écriture, l’ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
l’activité du lecteur. [Lire l'Introduction]
SUPPLÉMENT :
Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :
- Les archives de la revue Marges linguistiques
Archive de la revue électronique Marges Linguistiques (2001-2006).
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{FR, 20/03/2007}
LA NOTION DE SYSTEME CHEZ SAUSSURE
De Nunzio La Fauci
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
"E pur si muove"
Davantage que ceux d’autres novateurs, les mots-clés saussuriens,
observés au grand jour d’une histoire désormais presque séculaire, ont
un aspect bizarre et paradoxal. Sporadiquement bien compris, ils ont de
temps en temps libéré la discipline de certaines de ses entraves
ancestrales. Régulièrement mal compris, comme le note déjà Engler
(Remarques sur Saussure, son système et sa terminologie, CFS 23, 1966),
ils ont fini par revitaliser ces entraves, en le devenant eux-mêmes par
contagion. «Synchronie», «diachronie», «langue», «parole» etc. sont des
cas exemplaires de ces vicissitudes. Aucune surprise, d’ailleurs : la
linguistique est une discipline for happy few (autrefois bien davantage
qu’aujourd’hui, évidemment). À l’instar de Malraux, on sait bien
toutefois quel genre de majorité se cache toujours dans toute minorité
éclairée. Et la communauté scientifique des linguistes n’a jamais
échappé à cette règle.
Parmi les mots saussuriens, «système» a un relief spécial, du fait qu’il
est le premier qui apparaît dans son oeuvre. "Mémoire sur le système
primitif des voyelles dans les langues indo-européennes" est le titre
marquant son début et la position de «système» n’aurait pas pu y être
plus forte, ce qui fait exclure l’hypothèse d’un hasard. Au contraire,
on n’exagère pas en affirmant que «système» est le premier mot articulé
par le (très jeune) savant genevois, la première et, à vrai dire, la
dernière fois qu’il ouvra sciemment la bouche, et que, donc, sa parole
et son enseignement commencent et finissent par là. Et que par là
commence et finit donc sa fortune, dans ce qu'elle a eu d'heureux ou de
malheureux.
Situation hors de l’ordinaire, que de confier sa destinée à un mot et
dont Saussure était assez conscient, pour en fournir sans détour une
justification : «Étudier les formes multiples sous lesquelles se
manifeste ce qu’on appelle l’a indo-européen, tel est l’objet immédiat
de cet opuscule : le reste des voyelles ne sera pris en considération
qu’autant que les phénomènes relatifs à l’a ne fourniront l’occasion.
Mais, si arrivés au bout du champ aussi circonscrit, le tableau du
vocalisme indo-européen s’est modifié peu à peu sous nos yeux et que
nous le voyons se grouper tout entier autour de l’a, prendre vis-à-vis
de lui une attitude nouvelle, il est clair qu’en fait c’est le système
des voyelles dans son ensemble qui sera entré dans le rayon de notre
observation et dont le nom doit être inscrit à la première page»
(Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues
indo-européennes. Dans : Recueil des publications scientifiques de
Ferdinand de Saussure, Genève : Sonor 1922, p. 3).
Et si l’on considère ce passage en profondeur, on s’aperçoit que sa
concision dicte à jamais et à part entière le programme théorique et la
démarche méthodologique de la science du langage. On s’aperçoit surtout
que, loin d’être statique et de désigner ontologiquement un nouvel objet
supposé du monde linguistique (comme, par exemple, l’«indo-européen»,
les «lois phonétiques», «l’analogie», les «sonantes», le «phonème», les
«prototypes», la «structure syntagmatique» etc.), la notion de «système»
vient qualifier dans son dynamisme une façon d’appréhender le processus
continuel qui, d’après Wilhelm von Humboldt, est en même temps le
‘se-faire’ du langage et le ‘se-faire’ de la perspective scientifique
rationnelle qui le concerne. Et il s’agit là du seul isomorphisme
fonctionnel compatible avec l’attitude strictement expérimentale que le
jeune Saussure destinait à sa discipline à venir, à laquelle pourtant
dans la pure conscience et avec la spectaculaire prévoyance de sa pleine
maturité il n’assignait pas un futur certain : «Faut-il dire notre
pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte de ce qu’est la
langue ne conduise à douter de l’avenir de la linguistique. Il y a
disproportion, pour cette science, entre la somme d’opérations
nécessaires pour saisir rationnellement l’objet, et l’importance de
l’objet...» (Écrits de linguistique générale, S. Bouquet et R. Engler
(éds). Paris : Gallimard, p. 87).
Dans l’esprit de Saussure, la notion de «système» naissait donc en
fonction d’une recherche que l’on ne pouvait et ne pourrait pas
qualifier de diachronique ni de synchronique sans la défigurer.
Toutefois, par réaction avec les dégénérescences ontologiques de
«synchronie» et de «diachronie», malencontreusement très populaires,
elle s’est rapidement métamorphosée en fétiche. De cette dérive, Roman
Jakobson et les autres auteurs des «Thèses» pragoises eurent une
conscience critique précoce et la précoce subtilité de comprendre que
leur polémique ne visait pas Ferdinand de Saussure mais «l’école de
Genève», dont Saussure n’a manifestement jamais fait partie :
considération banale qui vaut aussi et généralement (on ne devrait
jamais l’oublier) pour la linguistique, justement, post-saussurienne et
pour ses fastes.
«Système» dans sa valeur fonctionnelle, non-ontologique,
ultra-holistique et sous sa dimension dynamique est donc le noyau
générateur d’une linguistique expérimentale à faire redémarrer.
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{FR, 25/03/2007}
DERIVES DE L'ANONYMAT
Sur le site de Laurent Bloch :
http://www.laurentbloch.org/spip.php?article107
Pour régler les questions de spam et de peer to peer :
La signature électronique universelle
par Nat Makarévitch et Laurent Bloch
vendredi 16 mars 2007.
Cet article a fait l’objet de discussions, et donc d’un article de
réponse
Les inventions les plus merveilleuses peuvent susciter des usages
désastreux ; c’est le cas de l’Internet et d son application la plus
populaire, le courrier électronique, aujourd’hui submergé de messages
parasites, le « spam » qui emplit les boîtes aux lettres d’insanités.
D’autres usages controversés menacent l’avenir du réseau : les échanges
de morceaux de musique ou de film numérisés au moyen de logiciels poste
à poste (peer to peer) représentent près de 80 % du volume échangé sur
l’Internet, selon un grand constructeur d’équipements de réseau, et bien
souvent ils ignorent les droits d’auteur attachés aux oeuvres
enregistrées.
Face à l’essor des échanges de fichiers incontrôlés, les détenteurs des
droits sur les oeuvres, essentiellemen les majors de l’industrie du
disque et de la vidéo, s’efforcent de mettre en place des mesures
techniques d protection et de faire adopter des lois qui risquent de
faire ressembler l’Internet à l’univers décrit par George Orwell.
L’évolution de l’Internet est ainsi menacée par des conflits entre des
intérêts qui semblent inconciliables. Pourtant une solution existe : la
signature électronique, ou numérique.
La signature numérique est un procédé qui garantit l’authenticité d’un
document, donc l’identité de son auteur, ainsi que son intégrité donc le
fait qu’il n’a pas été modifié. Techniquement elle se présente comme une
suite de chiffres dont la combinaison avec le document signé est
suffisamment complexe pour qu’il soit impossible de falsifier l’un ou
l’autre de façon indétectable.
La signature numérique est réalisée au moyen d’un certificat
électronique, équivalent numérique de la cart d’identité. L’usage de ces
techniques est-il compliqué ? Non : la Direction générale des impôts en
a brillamment administré la preuve, lorsque cette année 5,7 millions de
ménages ont rempli leur déclaration de revenus en ligne, par un procédé
qui reposait entièrement sur les certificats et les signatures
électroniques. Dans ce cas les certificats étaient émis par
l’administration, mais il existe des autorités de certification privées
et commerciales, ainsi que d’autres, associatives et gratuites : chacun
peut s’affilier selon ses usages ou ses affinités.
Comment la signature numérique pourrait-elle résoudre les problèmes liés
au spam et au droit d’auteur ? Elle permettrait à l’internaute
d’accepter le courrier d’origine identifiable et de rejeter le spam.
Et pour l’échange de fichiers ? L’acheteur d’un morceau de musique sur
le réseau signerait le fichier acheté, l’éditeur contre-signerait le
fichier musical ainsi complété. Toute copie du fichier révélerait à
l’éditeur l’identité de l’acheteur. Ainsi, l’acheteur pourrait l’envoyer
à un ami, ce qui entre dans le cadre de la copie privée légitime, mais
pas l’offrir au téléchargement public, ce qui enfreindrait le droit
d’auteurs.
Est-il scandaleux d’identifier les internautes ? Après tout, les
voitures sur les routes sont immatriculées sans que personne n’en soit
choqué. L’identification ne serait pas obligatoire, simplement il serait
loisible à chacun d’accorder à un internaute identifié une confiance
plus grande qu’à un anonyme.
Certains anonymats ont leur raison d’être, mais l’authentification
proposée ici ne les interdit pas : il serait d’ailleurs possible que des
tiers identifiés se portent garants pour des anonymes légitimes, par
exemple les sujets d’une dictature.
Wikipédia et l’anonymat
Mais le recours abusif à l’anonymat sur Internet n’a pas que les
conséquences techniques et juridiques évoquées ci-dessus : il en résulte
des problèmes plus substantiels, qui mettent en jeu la teneur même de
documents publiés, comme le montre l’évolution de Wikipédia.
L’encyclopédie en ligne Wikipédia est une source inestimable de savoir,
avec 397 067 articles en français, plus de 5 millions dans 250 langues.
Une étude indépendante a montré que dans bien des domaines, surtout
scientifiques et techniques, la qualité des articles n’était pas
significativement différente de celle de l'Encyclopedia Britannica.
Wikipédia autorise l’anonymat des auteurs, qui peuvent contribuer à la
rédaction sous un ou plusieurs pseudonymes ; ils peuvent aussi donner
leur vrai nom, mais peu le font. Les divergences entre auteurs sont
tranchées par des modérateurs souvent anonymes, élus sur la base de leur
assiduité éditoriale, mais rien ne permet d’empêcher le bourrage des
urnes ou les collusions manipulatrices. Ceci a conduit à des trucages
surtout dans des domaines propices à la polémique entre opinions
partisanes, comme l’histoire, la politique ou la culture.
Larry Sanger, l’un des fondateurs de Wikipédia, est assez réservé sur
son évolution ; il a lancé un nouveau projet et il écrit sur son site
http://citizendium.org/essay_shorter.html
«La communauté n’applique pas de façon effective et cohérente les règles
qu’elle s’est données. En conséquence, les modérateurs comme les
participants ordinaires sont en mesure de commettre impunément des abus
qui engendrent un cycle sans fin d’autres abus.»
Nat Makarévitch, contributeur français et co-auteur du présent article,
donne sur son site
http://www.makarevitch.org/rant/wikipedia.html
un récit des censures auxquelles lui et d’autres ont été soumis, sans
recours face à l’arbitraire en partie du fait de l’anonymat des
modérateurs de Wikipédia.
L’artiste et informaticien Jaron Lanier a publié sur le site
http://www.edge.org/documents/archive/edge183.html
un article intitulé «Maoïsme numérique : les dangers du nouveau
collectivisme en ligne» ; dans sa réponse, l’éditeur du site n’a pas
craint d’écrire : «Maintenant, une autre grande idée commence à faire
son chemin, mais cette fois il est plus pénible pour certains d’y
adhérer, ou même de l’envisager. Il ne s’agit de rien moins que de la
migration de l’esprit individuel à l’intelligence collective. Je nomme
cela "l’avènement de tout le monde", et cela représente, pour le
meilleur et pour le pire, une modification fondamentale de la notion de
notre identité. En d’autres termes, nous assistons à l’émergence d’un
nouveau type de personne.»
De telles idées ne sont pas nouvelles : Lénine les avait déjà formulées
en toute clarté dans Que faire ? en 1902, avec les résultats que l’on
sait. On a pu remarquer qu’avec ce texte Lénine était aussi un
précurseur du taylorisme. Les nouveaux adeptes de l’effacement de
l’individu derrière la collectivité rêvent-ils pour nous d’un tel avenir
radieux ? Puisse la signature numérique contribuer à ce que l’Internet
reste un lieu extraordinaire où chacun peut choisir de communiquer avec
de vraies personnes, avec un nom.
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 03/04/2007}
MANIFESTATION DU COLLEGE INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE
en coopération avec la Maison Heinrich Heine
[NDLR : lieu de la manifestation, cf. indications sur le site suivant :]
http://www.maison-heinrich-heine.org/index.htm
Samedi 28 avril de 9h30 à 18h30
Primo Levi et la rationalité après Auschwitz
Primo Levi interroge, à partir de son témoignage, la possibilité même de
la rationalité après Auschwitz. Ainsi, il lui est d’emblée possible de
répondre aux positions qu’Adorno a développées depuis son fameux dictum
et de poursuivre une réflexion, sous une forme souvent contradictoire,
sur Améry et Celan. Avec pour point de départ Primo Levi, homme des
Lumières après Auschwitz, ce colloque invite à débattre de la
rationalité, de sa visée universaliste et de la communicabilité de
l’expérience après le génocide des Juifs et les camps de concentration
nazis. Les participants s’engageront sur les trois axes : culture et
violence ; zone grise ; expression littéraire et poétique.
De cette façon, vingt ans après sa disparition le 11 avril 1987, on
contribuera à mettre en valeur la pensée de Primo Levi qui, bien au-delà
de l’oecuménisme et de la normalité sous lesquels il est trop simplement
rangé, n’a cessé de mettre à l’épreuve et d’expérimenter les principes
et les catégories de la rationalité éclairée.
9h30. Accueil et ouverture
Philippe Mesnard (CIPh) : présentation de la problématique
Président de séance : Philippe Mesnard
9h45. Yannis Thanassekos (Fondation Auschwitz, Bruxelles)
Rationalité, compréhension et apories dans l’œuvre testimoniale
de Primo Levi.
10h30. François Rastier (CNRS)
Raisons scientifique, pratique et poétique – à partir de
l’oeuvre et de l’action de Primo Levi.
11h15. Pause
11h30. Régine Waintrater (Paris 7)
De la rationalité à la rationalisation : la mélancolie dans
l’écriture de Jean Améry.
12h15. Michel Deguy
Poésie et témoignage après Auschwitz (titre provisoire)
Discussion
13h00. Repas sur place
14h00. Reprise
Président de séance : Alexandre Prstojevic (CRAL / INALCO)
14.00. Corinne Enaudeau (CIPh, CPGE - Paris)
Zone grise et frontière intérieure (Levi et Arendt)
14h45. Elisabeth de Fontenay (Paris 1)
L’écriture comme témoignage (Celan, Levi, Lyotard)
15h30. Pause
15h45. Emmanuelle Danblon (ULB, Bruxelles)
Est-il rationnel de ne pas vouloir comprendre ?
16h30. Andrea Allerkamp (Univ. Poitiers)
Naufrage avec spectateurs. Discours d’Ulysse
chez Levi et Adorno.
17h15. Discussion générale et Synthèse
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{FR, 27/03/2007}
INTERNATIONAL CONFERENCE ON HUMANITAS
Siamo lieti di comunicarLe che a Napoli dal 15 al 22 luglio prossimo si
terrà un grande convegno internazionale sull’umanesimo nella sua
realizzazione storica dal XIV al XVIII secolo, e sulla vitalità che
tuttora le discipline umanistiche conservano.
Al convegno interverranno oltre settanta relatori provenienti da ogni
parte del mondo, studiosi di varia formazione uniti tutti da un comune e
profondo interesse per gli studia humanitatis.
Per saperne di più potrà consultare il sito:
http://www.conventushumanitas.eu
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{FR, 20/02/2007}
COLLOQUE INTERNATIONAL
Coseriu : réceptions contemporaines,
sémantique, linguistique du texte, philosophie du langage
Aix-en-Provence, 17-18-19 septembre 2007
http://cosaix2007.googlepages.com
L'oeuvre d'Eugenio Coseriu (1921-2002) est restée relativement méconnue
en France —notamment pour des raisons linguistiques, l'essentiel de son
oeuvre ayant été rédigé en allemand et en espagnol. La réédition récente
de textes importants et de nouvelles traductions françaises invite à
(re)prendre la mesure d'une entreprise majeure de la linguistique
européenne de la seconde moitié du XX siècle. Ce colloque ambitionne
ainsi de revenir sur les apports du linguiste et de témoigner des
prolongements et échos que ses propositions rencontrent aujourd'hui.
Sans exclure les domaines de la typologie linguistique et de la
grammaire, on donnera priorité aux propositions investissant les
domaines de la sémantique lexicale, de la linguistique du texte et de la
philosophie du langage.
Axe 1. Les communications pourraient interroger la sémantique
structurale que Coseriu a élaborée à partir des années 60 : synthèse
linguistique de l'épistémè différentielle saussurienne, des propositions
de l'entre-deux-guerres sur les champs conceptuels (L. Weisgerber,
J. Trier), et des perspectives onomasiologique et sémasiologique, la
lexématique a fait l'objet d'un développement permanent, étendant son
objet du système aux normes et progressant ainsi vers une sémantique de
la parole. Les interventions traiteront par exemple,
* des relations de la lexématique aux autres modèles de sémantiques
structurales ;
* des relations entre la lexématique et les sémantiques cognitives (avec
par exemple des études comparatives des modèles sur un même objet) ;
* d'une reprise possible des fondamentaux de la lexématique dans la
perspective d'une sémantique des textes (ou de la parole) ;
* des modèles couplant la lexématique avec la conception énergétique qui
sous-tend la linguistique cosérienne.
Axe 2. Alors que l'objet texte occupe aujourd'hui une place à part au
sein des sciences du langage, la linguistique du texte définie par
Coseriu (1955) sera d'emblée conçue comme une part nécessaire car
intégrante d'une linguistique de l'activité de parler. Elle complète
ainsi au plan individuel une linguistique des langues historiques qui
détermine à son tour une linguistique de la parole en général. Mais si
cette originalité mérite d'être reconsidérée c'est surtout que les deux
linguistiques du texte reconnues par Coseriu —une linguistique du sens,
considérée comme prioritaire, et une grammaire transphrastique, qui
élargit l'analyse traditionnelle au palier textuel— ont connu un
développement séparé qui aura surtout profité à la seconde. À cet égard,
la réflexion pourrait chercher à éclairer :
* comment la linguistique du discours se positionne aujourd'hui dans un
tel cadre épistémologique ;
* les résonances de la linguistique du sens cosérienne dans les travaux
actuels de sémantique des textes ;
* de quelle manière la conception cosérienne pose les questions du sens
et de l'interprétation à la description linguistique ;
* les rapports de cette linguistique du texte à la stylistique,
l'herméneutique philologique ou la traductologie ;
Axe 3. Les cours sur la philosophie du langage sont enseignés par un
linguiste qui refuse tout cloisonnement entre la science et la
philosophie. Dans l'oeuvre, la référence à Humboldt apparaît également
symptomatique d'une réflexion qui lie questionnement philosophique et
formulation des problèmes linguistiques. Dans cet esprit, si
l'entreprise historiographique de Coseriu offre en soi un objet d'étude
légitime, il est souhaité que les interventions problématisent surtout
ce que, dans leurs principes mêmes, les domaines mentionnés et les
thèses cosériennes en général, doivent à la philosophie du langage.
Conférenciers invités :
J. Albrecht (Université d'Heidelberg, Allemagne)
J.-P. Durafour (Université de Tübingen, Allemagne)
J. Kabatek (Université de Tübingen, Allemagne)
O. Loureda (Université de La Corogne, Espagne)
F. Rastier (CNRS, Paris)
Comité d'initiative :
Christophe Gérard, Régis Missire
Comité d'organisation :
Marie-Christine Hazaël-Massieux (Aix-Marseille), Sybille Kriegel (Aix-
Marseille), Christophe Gérard (Aix-Marseille), Régis Missire (Toulouse).
Comité scientifique :
Michel Ballabriga (Toulouse), Jean-Pierre Durafour
(Strasbourg/Tübingen), M.-C. Hazaël-Massieux, Johannes Kabatek
(Tübingen), Barbara Kaltz (Aix-Marseille), François Rastier (Paris).
Durée des communications : 30 mn maximum.
Langues de travail : Français, Anglais.
Lieu : Salle des professeurs, Faculté de Lettres et sciences humaines
Limite d'envoi des propositions : au plus tard le 15 AVRIL 2007
Les propositions de communication (titre et résumé de 2000 signes
maximum, bibliographie comprise) sont à envoyer à
cosaix2007@gmail.com
Réponse sera donnée avant le 15 mai 2007.
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{Ablali, 23/02/2007}
COLLOQUE INTERNATIONAL
"Linguistique et littérature : Cluny, 40 ans après"
Colloque international, 5-7 novembre 2007, Université de Franche-Comté,
Besançon.
Les années soixante et soixante-dix ont donné un nouveau souffle aux
collaborations entre linguistes et littéraires loin des multiples
cloisonnements du champ du savoir. Pourtant il reste encore aujourd’hui
des résistances à la conjonction de la linguistique et de la
littérature, surtout en France, où elles sont encore loin l’une de
l’autre dans les découpages classiques au sein de l’institution
académique. Cette disjonction a son histoire. En intitulant ce colloque,
« Cluny, 40 ans après : linguistique et littérature », nous avons voulu
faire écho à celui de 1968, qui avait joué un rôle important dans la
promotion des premières alliances entre les deux disciplines.
[...]
Les propositions de communication devront être adressées par voie
électronique à Driss Ablali (driss.ablali@univ-fcomte.fr) avant le 30
mai 2007.
Contacts colloque : Driss Ablali & Margareta Kastberg
Par téléphone : 0381665477/78
Par mail : driss.ablali@univ-fcomte.fr,
margareta.kastberg@univ-fcomte.fr
Site : http://laseldi.univ-fcomte.fr
666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666666
{FR, 20/02/2007}
LES NOUVELLES JOURNEES DE L'ERLA No. 8
Aspects linguistiques du texte poétique
16-17 novembre 2007
Université de Bretagne Occidentale, Brest
[scroll down for English version]
Première annonce et appel à communications
L’ERLA (Equipe de Recherche en Linguistique Appliquée) sollicite des
propositions de communications pour Les Nouvelles Journées de l’ERLA No.
8, qui auront lieu à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest), les
16 et 17 novembre 2007. Le thème du colloque est «Aspects linguistiques
du texte poétique». Nous accueillerons des propositions qui traitent,
dans une perspective linguistique (syntaxe, sémantique, prosodie,
pragmatique ...), le texte poétique. Par "texte poétique" nous entendons
des textes qui correspondent formellement à la poésie, et les textes qui
peuvent y être assimilés, comme le poème en prose. Les textes poétiques
étudiés peuvent être de toute langue ; toutes les approches théoriques
et écoles de pensées sont les bienvenues.
Les langues officielles du colloque sont le français (de préférence) et
l’anglais. Les propositions (résumés de 250 mots maximum) sont à
adresser avant le 31 mai 2007 à David Banks, Faculté des Lettres et
Sciences Sociales, Université de Bretagne Occidentale, 20 rue Duquesne,
CS 93837, 29238 Brest, Cedex 3.
David.Banks@univ-brest.fr
Les communications : en français (de préférence) ou en anglais, seront
d'une durée de 25 minutes, suivies de 10 minutes de discussion.
Les frais d'inscription seront de l'ordre de 25 euros, repas de midi le
vendredi inclus.
Comité d'organisation : David Banks, Irina Lord, Ghislaine Lozachmeur.
Renseignements : David Banks, Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
Université de Bretagne Occidentale, 20 rue Duquesne, .CS 93837, 29238
Brest, Cedex 3.
David.Banks@univ-brest.fr
_________________________
NEW ERLA STUDY DAYS No 8
Linguistic aspects of poetic texts
16-17 November 2007
Université de Bretagne Occidentale, Brest
Call for papers
L'ERLA (Equipe de Recherche en Linguistique Appliquée) would welcome
proposals for presentations at the New ERLA Study Days No. 8, to be held
at the Université de Bretagne Occidentale, Brest, France, 16-17 November
2007. The theme of the colloquium is "Linguistic aspects of poetic
texts". We are interested in proposals which deal with poetic texts from
a linguistic point of view (syntax, semantics, prosody, pragmatics,
etc.). By "poetic texts" we mean texts that correspond to poetry in the
formal sense, and texts that can be assimilated to them, such as prose
poems. No languages are excluded; all theoretical approaches and schools
of thought are welcome.
Proposals (abstracts of 250 words maximum) should be sent before 31 May
2007 to
David Banks
Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
Université de Bretagne Occidentale
20 rue Duquesne
CS 93837
29238 Brest Cedex 3
France
David Banks@univ-brest.fr
Presentations, in French (preferred) or in English, will last 25 minutes,
followed by 10 minutes discussion.
The registration fee will be of the order of 25 euros, including Friday
lunch.
Organizing committee: David Banks, Irina Lord, Ghislaine Lozachmeur.
Information : David Banks
David.Banks@univ-brest.fr
Faculté des Lettres et Sciences Sociales, Université de Bretagne
Occidentale, 20 rue Duquesne, .CS 93837, 29238 Brest, Cedex 3, France.
Tél : +33 (0)2 98 48 20 13
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{Mayaffre, 08/02/2007 et 03/04/2007}
Le discours de campagne
6èmes journées de la Société d’Etude des Langages du Politique (SELP)
Nice — 29 et 30 novembre 2007
Avec le concours de la Maison des Sciences de l’Homme de Nice, l’UMR
6039, Bases, Corpus et Langage, et la Maison des Langues de Nice.
Comité scientifique : Jean-Michel Adam, Ruth Amossy, Juana-Marin Arrese,
Paul Bacot, Sergio Bolasco, Patrick Charaudeau, Paul Chilton, Pierre
Fiala, Jean-Paul Honoré, Christian Le bart, Michael Parsons, Christian
Plantin, André Salem.
Comité permanent d’organisation : Denis Barbet, Damon Mayaffre, Laurent
Rouveyrol. Contact : bureauselp@voila.fr.
* Appel à contribution (extrait)
Est-il un moment plus sensible que le temps des campagnes électorales où
logos et cratos se confondent ?
Sans négliger la dimension lexicale, thématique et factuelle des
discours étudiés, qui reliera la réflexion à l’actualité de nos
démocraties ou à leur l’histoire, les journées insisteront aussi sur la
rhétorique, la stylistique, la poétique des discours de campagne, et sur
l’ensemble des caractéristiques linguistiques du phénomène discursif
observé.
* Modalités
Les journées se tiendront sur deux jours avec des demi-journées ou
sessions spécifiques consacrées au dit, au dire, aux méthodes de
traitement.
Les communications porteront sur l'analyse de textes relevant du genre
ciblé. Les discours de campagne à l'étude pourront être empruntés à
divers pays de façon à apporter un éclairage croisé voire comparatiste.
Les communications de 20 minutes se feront en français ou en anglais.
Soumissions : format et calendrier
Les soumissions ne dépasseront pas 3 pages ou 5000 signes. L’auteur y
exposera son corpus, sa méthode et ses problématiques. Il fera
apparaître l’organisation de sa communication (plan précis ou
structuration provisoire) et ses références bibliographiques.
Les soumissions devront être adressées avant le 15 juin 2007 au bureau
de la Société d’Etude des Langages du Politique (bureauselp@voila.fr).
Une réponse sera apportée aux auteurs avant le 30 juillet.
Frais d’inscription : 15 euros (donnant droit aux repas durant la durée
de la manifestation).
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{MV, 26/03/2007}
APPEL A COMMUNICATIONS
Lexicographie et informatique : bilan et perspectives
Colloque international à l’occasion du 50e anniversaire du lancement du
projet du Trésor de la Langue Française
Dates : 23-25 janvier 2008
Lieu : Nancy, Campus Lettres et Sciences Humaines
Organisation : laboratoire ATILF-CNRS
[...] L’originalité majeure du Trésor de la Langue Française [...] aura
été de se fonder, entre autres sources, sur l’indexation informatique
d’un riche corpus de textes écrits entre 1789 et 1960.
Depuis, la lexicographie n’a cessé de recourir à l’informatique.
Le texte complet de l'appel avec le détail des modalités de soumission
est disponible sur le site de l'ATILF :
http://www.atilf.fr/
Calendrier : 1er septembre 2007 : date limite de l’envoi des
propositions de communication à tlf07-csn@atilf.fr
Contact : tlf07-co@atilf.fr
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Résumé: 2007_07_11
________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 3.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
La procrastination est moralement répréhensible,
et moi le savons bien :
"Car si un homme s'autorise un meurtre, il en
viendra très bientôt à accorder peu d'importance
au vol ; et du vol il passera à la boisson et au
non-respect du sabbat et, de là, à l'incivilité
et à la procrastination."
Thomas de Quincey
Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ;
mais Savoir laisse notre faible organisation
dans un perpétuel état de calme.
Balzac, La peau de chagrin
We find the fun, and snap ! The job's a game !
Mary Poppins
En apprenant à lire, nous apprenons aussi quels
sont ces objets que les mots désignent, et notre
expérience des sentiments et des idées ne serait
sans doute pas telle si des écrivains ne leur
avaient ouvert l'espace de nos imaginations.
Eric Chevillard
On peut pratiquer objectivement, c'est-à-dire
impartialement, une recherche dont l'objet ne
peut être conçu et construit sans rapport à une
qualification positive et négative, dont l'objet
n'est donc pas tant un fait qu'une valeur.
Canguilhem,
Le normal et le pathologique, p. 157
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Josiane BARUTON, Sarra EL AYARI, Leda MANSOUR,
Christiane SANTARELLI, et Frederic TORTERAT.
2- Carnet
- L'Institut Ferdinand de Saussure et son site
- Projet : Hermeneutique et methode : entre logique et
philologie
- L'observatoire du plurilinguisme
3- Textes electroniques
- Le CNRTL
4- Publications
- Marie-Anne CHABIN : Archiver, et apres ?
- Alexandra SAEMMER : Matieres textuelles sur support numerique
- Nicolas TROUBETZKOY : Correspondance avec Roman Jakobson et
autres ecrits - trad. Patrick SERIOT
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (avril 2007)
5- Textes
- Carine DUTEIL : Semiotique des cultures
6- Appels et annonces
- 9es Journees internationales d'analyse statistique des
donnees textuelles (JADT), Lyon, 12-14 mars 2008.
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{FR, 13/06/2007}
L'INSTITUT FERDINAND DE SAUSSURE ET SON SITE
L´Institut Ferdinand de Saussure
Organisme scientifique et culturel
fondé en 1998
Présidence d´honneur :
MM. Rudolf Engler +, Claude Lévi-Strauss, Jean Starobinski.
.
http://www.institut-saussure.org/
* Ferdinand de Saussure
Ferdinand de Saussure, linguiste suisse (1857-1913), d´abord distingué
pour ses travaux sur les langues indo-européennes, est reconnu de
longue date comme fondateur de la linguistique moderne et comme
initiateur du structuralisme.
La pensée de Saussure exerce ainsi depuis un siècle une influence
considérable sur de nombreuses disciplines, des sciences du langage à
l´anthropologie, jusqu´aux études littéraires et la philosophie.
Paradoxalement cependant, les idées de Saussure n´ont pour l´essentiel
été diffusées que dans un ouvrage posthume rédigé par des collègues, le
Cours de linguistique générale (1916).
Après la publication partielle de manuscrits et de notes d´étudiants,
la découverte en 1996 de nouveaux manuscrits d´une grande portée a
engagé une relecture et une réédition de l´ensemble du corpus
saussurien, et favorisé l´essor international des divers courants de
recherche qui concrétisent le saussurisme d´aujourd´hui.
C´est dans ce contexte de renouvellement que l´IFS a été créé en 1998
pour promouvoir les recherches saussuriennes en linguistique et dans
l´ensemble des sciences de la culture.
* Objectifs et programmes de l´Institut
1. Archives Ferdinand de Saussure
Les écrits de Saussure n´étant pas encore accessibles dans leur
totalité, il importe d´établir et de publier ces textes : l´Institut
s´est donc engagé dans un programme éditorial.
2. Programme Sémantique des textes
En complément nécessaire des théories de la langue, la linguistique
textuelle, en particulier dans ses développements sémantiques, met en
oeuvre ce que Saussure appelait la linguistique de la parole.
Aussi l´Institut entend-il favoriser le renouvellement des sciences du
langage par des programmes de recherche sur les textes, les genres et
les discours.
3. Programme Sciences de la culture
Comme les idées de Ferdinand de Saussure intéressent l´ensemble des
sciences de la culture, l´Institut anime un programme de recherche sur
leur épistémologie.
Enfin, l´Institut compte parmi ses missions la défense et
l´illustration du plurilinguisme comme de la diversité culturelle.
* Principales activités
1. Manifestations scientifiques
L´Institut organise des rencontres, journées d´études, écoles d´été,
colloques internationaux, notamment :
- Sciences de la culture et sciences cognitives (Genève-Archamps, juin
1999).
- Saussure après un siècle (Genève-Archamps, juin 2001).
- L´Institut a participé au colloque international Les Révolutions
saussuriennes (Genève, 19-22 juin 2007).
[Les programmes sont consultables sur le site de l´Institut]
2. Programmes de publications
a) Archives Ferdinand de Saussure
Écrits de linguistique générale, Paris, Gallimard 2002.
Saussure, Paris, L´Herne, 2003 (éd. Simon Bouquet).
Leçons de linguistique générale, Paris, Gallimard.
b) Sémantique des textes
François Rastier, Arts et sciences du texte, Paris, PUF, 2001.
Simon Bouquet, (éd.) Les genres de la parole, Langages, 153, 2004.
c) Sciences de la culture
Une introduction aux sciences de la culture, Paris, PUF, 2002.
Corpus en lettres et sciences sociales, Albi, CALS, 2007.
[Références bibliographiques complètes sur le site de l´Institut]
3. Texto! La revue électronique de l´Institut
L´Institut publie également une revue électronique, Texto ! Textes et
cultures http://www.revue-texto.net. Elle a dépassé en 2006 le
demi-million de visiteurs.
Une revue scientifique et culturelle. - Texto! publie quatre numéros
par an. La revue est référencée par le Directory of Open Access
Journals et participe au mouvement Open Content. ISSN 1773-0120.
Une revue internationale. - Si les études en français dominent, Texto!
publie aussi des articles en anglais, allemand, espagnol, arabe. Les
lecteurs résidant en France comptent pour un tiers du total, les autres
proviennent de plus de cent vingt pays. Visites : 188.000 pour 2004,
326.512 pour 2005, 502.000 pour 2006.
Une revue indépendante. - Texto! est animée par un réseau international
de chercheurs. La revue bénéficie d'un support matériel de la Maison
des Sciences de l'Homme et de la société Sémiopôle.
* L´institut Ferdinand de Saussure
Comité scientifique :
Michel Ballabriga, Université de Toulouse.
Enrique Ballón-Aguirre, Université de l´Arizona.
Andrei Botchkarev, Université de Nijni-Novgorod.
Jean-Paul Bronckart, Université de Genève.
Yong-ho Choi, Université Hankuk des langues étrangères, Séoul.
Jonathan Culler, Université Cornell.
Jacques Geninasca, Université de Zurich.
Ludwig Jäger, Université d'Aix-la-Chapelle.
Kazuhiro Matsuzawa, Université de Nagoya.
Paul Perron, Université of Toronto.
Carol Sanders, Université du Surrey.
Arild Utaker, Université de Bergen.
Président de la section française : François Rastier
Président de la section suisse : Simon Bouquet
Coordonnées :
- Siège social de l´IFS :
Maison des Sciences de l´Homme
54 boulevard Raspail, 75006 PARIS. FRANCE
- Site internet accessible à l´adresse :
http://www.institut-saussure.org/
- Adresse courriel :
institut-saussure@cur-archamps.fr
- Revue électronique Texto!
http://www.revue-texto.net/
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{FR, 12/06/2007}
PROJET SCIENTIFIQUE
Herméneutique et méthode : entre logique et philologie
(CNRS Lille/München)
Seminar für Geistesgeschichte und Philosophie der Renaissance
Postadresse : Ludwigstr. 31/I, 80539 München
Projektleiter
Prof. Dr. Denis Thouard
http://stl.recherche.univ-lille3.fr/
sitespersonnels/thouard/accueilthouard.html
Ce projet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur le statut des
sciences de la culture qui entend déplacer l'opposition entre les
sciences sociales et les humanités. Il s'agit d'interroger les
conditions générales de la théorie de l'interprétation afin de mieux
penser la spécificité des sciences de la culture, et notamment leur
méthode. Le défi qu'ont à relever de telles sciences est de parvenir à
constituer une objectivité sans pour autant se dissoudre dans un
objectivisme qui n'aurait plus que les dehors de la science et serait
incapable d'honorer la complexité des phénomènes culturels, sociaux et
historiques. De l'autre côté, il ne leur faut pas renoncer à une visée
de connaissance et d'explication, en déclarant le domaine de la culture
irréductible à la connaissance.
Depuis une dizaine d'années, on assiste, principalement en Allemagne, à
un renouvellement important de l'historiographie de l'herméneutique qui
met en lumière les apports méthodologiques de l'herméneutique générale
de l'Âge classique (L. Danneberg, A. Bühler, W. Alexander, O. R. Scholz,
J. Schönert et alii). Dans ses premières formulations explicites en
effet, l'herméneutique est une partie de la logique et vise donc à une
connaissance. Par ailleurs, l'herméneutique hérite de la tradition
exégétique, qui vise à extraire la signification pour un usage déterminé
d'un texte reconnu comme canonique, que ce soit dans le domaine
juridique, théologique ou littéraire. Ainsi deux inspirations, logique
et philologique, ont nourri la réflexion sur l'interprétation,
développant deux modèles critiques différenciés propres à la modernité.
Dans la première modernité des XVe-XVIe siècles (Frühe Neuzeit), de
Lorenzo Valla à Erasme, c'est un modèle philologique qui aboutit à
l'émergence d'un esprit critique : la promotion du jugement singulier
sur la tradition marque ainsi l'émergence de la conscience historique.
La raison critique issue de la philologie, qui inspire encore les
oeuvres de Spinoza, Le Clerc ou Bayle, par son attention portée à la
singularité historique, se distingue de la rationalité géométrique et
logique de la modernité scientifique de Galilée et Descartes, qui écarte
toute tradition textuelle de son interprétation de la nature au profit
de la géométrisation. L'herméneutique générale (hermeneutica generalis),
qui s'inscrit dans la perspective des traités de la méthode qui
fleurissent à partir du XVIe siècle, a proposé un modèle d'analyse des
discours conçus comme les pensées sur le mode de la genèse : elle
envisage l'ensemble des manifestations sensées comme une logique ou
sémiotique inversée (de J. Clauberg à G. F. Meier). Revenir sur la
dualité de ces modèles herméneutiques ainsi que sur leur portée critique
me paraît être une condition pour repenser le projet de "sciences de la
culture" dans son exigence de produire une connaissance d'un objet
singulier. A certains égards, on pourra suggérer comment la première
modernité philologique a pu fournir des instruments intellectuels à la
modernité scientifique, qui restent présents pour un Galilée, un Bacon
ou un Newton. Si l'enjeu des sciences de la culture est bien la
production d'un savoir et d'une argumentation sur le particulier, il est
de première importance de revenir sur les tentatives méthodologiques de
la première modernité en ce qu'elles ont tenté, avant la séparation
ultérieure des domaines de la science et de l'histoire, de rendre
intelligible et discutable les traditions.
Comprendre l'essor de la raison critique suppose donc d'envisager, à
côté de la raison scientifique galiléenne, la philologie et sa remise en
question des savoirs traditionnels. Le conflit d'interprétation devient,
avec la première modernité et singulièrement avec l'éclatement
confessionnel issu de la Réforme, le milieu d'exercice de la raison. La
diversification des savoirs est ainsi solidaire d'une pluralisation de
l'autorité. C'est pour faire apparaître cette dimension que je conduirai
l'investigation jusqu'à l'accomplissement d'un projet explicitement
critique avec Kant (qui cherche à penser la révolution newtonienne, mais
en empruntant le motif critique à la philologie).
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 12/06/2007}
L'OBSERVATOIRE DU PLURILINGUISME
Extrait de la Lettre d'information N°5 (mai 2007)
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/
1) Soutenir la Charte
2) Les dernières mises à jour du site
3) Agenda
4) Le jugement de Nanterre
5) L'économie des séjours linguistiques
1) La Charte européenne du plurilinguisme
Le plurilinguisme est lié étroitement à une conception culturelle de
l'Europe. La diversité culturelle et l'échange interculturel sont à la
base de l'identité de l'Europe et la source de sa créativité et de sa
renaissance. C'est cela, l'esprit de la Charte. Adhérer à la Charte,
c'est la signer. La Charte est un document de référence pour les
politiques linguistiques européennes. Mais elle est aussi un acte
citoyen dans la perspective des 2èmes Assises européennes du
plurilinguisme de 2008. Rendez-vous donc sur le site : prenez-en
connaissance et si vous êtes d'accord, cliquez sur le menu "Signer la
Charte en ligne" et suivez les instructions. [...]
Nous en profitons pour remercier chaleureusement les nombreuses
personnes qui ont signé la Charte, en ligne ou par courrier postal.
[...]
3) Agenda
[...]
Colloque Entreprise, cultures nationales, mondialisation : 6-7 décembre
2007, Nantes, date de remise des intentions de communication : 30 juin.
Pour en savoir plus :
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
index.php?option=com_content&task=view&id=722&Itemid=48
[...]
4) Le jugement de Nanterre
Nous saluons le jugement du tribunal de Nanterre qui a condamné la
société Europe Assistance à mettre à la disposition de ses personnels
des logiciels comptables et de gestion en français.
Il s'agit, après le jugement dans l'affaire Gems de mars 2006, d'une
nouvelle condamnation exemplaire, d'un comportement qui ne répond à
aucune rationalité économique et même expose les entreprises qui s'y
livrent à des coûts cachés et une perte d'efficacité économique.
Au niveau européen, il faut faire respecter le droit à la langue
nationale au travail.
5) L'économie des séjours linguistiques
Le développement des séjours linguistiques dans les différents pays
européens est un moyen essentiel pour favoriser un authentique
plurilinguisme européen. Lire le communiqué de l'UNOSEL (Union Nationale
des Organismes de Séjours Linguistiques et des Ecoles de Langues) :
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
index.php?option=com_content&task=view&id=697&Itemid=26
Quelques informations sur l'économie des séjours linguistiques permet de
souligner l'importance des enjeux.
Aujourd'hui, 88 % des séjours linguistiques sont dirigés vers des pays
anglophones (Royaume Uni, Etats-Unis et Canada). Cette situation est en
opposition avec l'état du monde.
Sur 6,6 milliards d'habitants sur terre, l'aire anglophone représente
environ 600 millions de locuteurs, le mandarin 1,3 milliards, l'espagnol
400 millions, l'arabe 200 millions, le portugais 200 millions, le
français 180 millions et l'allemand 125 millions.
La répartition des séjours linguistiques peut se comparer à celle
d'Internet il y a dix ans. 80 % des internautes étaient anglophones en
1996. Ce chiffre est passé à 49 % en 2000 et 27 % en 2005 (d'après
Global Reach). De 2000 à 2005, le nombre d'internautes a été multiplié
par 2,8.
Depuis 1984, l'objectif officiel de l'Union européenne est que tous les
jeunes atteignent la maitrise de 2 langues étrangères. La réalisation de
cet objectif devrait logiquement conduire à faire passer la part de
l'aire anglophone dans la répartition des séjours linguistiques
au-dessous de 50 %.
Par ailleurs, l'hyperconcentration des séjours linguistiques sur l'aire
anglophone fait clairement apparaitre qu'il s'agit présentement d'une
industrie dans laquelle les enjeux culturels sont soit absents,
l'attrait culturel de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis étant loin
d'être le motif principal du choix des familles, soit au contraire
omniprésent, dès lors qu'à travers la langue on impose des modèles
culturels.
Le rapport Grin
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
images/International/hceerapport_grin.pdf
a montré que la seule Grande-Bretagne tirait des séjours linguistiques
et des stages de langues organisés en Grande-Bretagne un bénéfice
commercial d'environ 18 milliards d'euros, soit 18 fois le budget de
traduction et d'interprétation de l'ensemble des institutions
communautaires.
En termes de choix d'opportunité, nous disons aux familles que
l'hyperconcentration sur l'offre anglophone est un mauvais service à
rendre aux enfants. Sans contester en aucune façon l'utilité d'une
maitrise suffisante de l'anglais, compte tenu de la banalisation
actuelle de l'anglais, le facteur de différenciation sur le marché du
travail est aujourd'hui la maitrise d'une seconde langue, voire d'une
troisième langue. La compétence linguistique et interculturelle est une
compétence rare et pleine d'avenir.
A signaler que la revue Langues Modernes a consacré son 1er numéro de
l'année 2007 au thème : "Séjours et échanges". Pour en savoir plus :
http://www.aplv-languesmodernes.org/article.php3?id_article=42
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{MV, 06 et 10/07/2007}
RESSOURCES LINGUISTIQUES
Le CNRTL (Centre National de Recherche Textuelles et Lexicales,
http://www.cnrtl.fr/) a pour objectif le recensement, la documentation,
la normalisation, l'archivage, l'enrichissement et la diffusion de
ressources variées. La pérennité du service et des données est garantie
par l'adossement à l'UMR ATILF (CNRS - Nancy Université), le soutien du
CNRS ainsi que l'intégration au réseau européen CLARIN
(http://www.mpi.nl/clarin/).
Le CNRTL est théoriquement consacré aux ressources et aux outils
destinés à des recherches en TAL, en ingénierie linguistique ou en
linguistique de corpus (par exemple l'analyseur flexionnel Flemm, le
lexique Morphalou issu de la nomenclature du Trésor de la Langue
Française, normalisé et disponible au format XML). Mais il attirera un
public plus large grâce à plusieurs offres conviviales, consultables en
ligne sans qu'il soit nécessaire d'être un expert en manipulation de
données numérisées.
Outre une collection de dictionnaires variés interrogeables en ligne
(dictionnaires anciens, dictionnaires de l'Académie, etc.), on attirera
l'attention sur le Portail lexical : un ensemble de données
lexicographiques d'origine diverses (Trésor de la Langue Française de
l'ATILF, Dictionnaire de synonymes du CRISCO, concordances issues de
Frantext, etc.) rassemblées dans une interface unique de façon à
permettre une navigation agréable et pratique. L'ambition grand public
du Portail lexical ne fait pas de doute (il est possible d'installer
une barre d'outils dédiée dans le navigateur Firefox) ; ce portail
semble d'ailleurs destiné à se substituer au TLFi
(http://atilf.atilf.fr/tlf.htm) qui, en dépit d'une interface
vieillissante, propose davantage de possibilités d'interrogation.
L'offre en matière de corpus textuelle est, en revanche, encore
modeste, comparée à d'autres initiatives (par exemple, Wikisource :
http://fr.wikisource.org/). Elle est pour l'heure composée du corpus
DEDE (articles du Monde annotés morphosyntaxiquement suivant le schéma
d'annotation Multext) et de l'ensemble des textes libres de droits de
la base textuelle Frantext. Cet ensemble disparate est curieusement
nommé "Corpus Frantext", comme si le seul fait d'être libre de droits
lui assurait une cohésion philologique et lui allouait le statut de
corpus. Or, dans le contexte actuel, où de nombreux laboratoires ont la
possibilité de mettre en ligne à peu de frais plusieurs gigaoctets de
données textuelles de qualité variable, il conviendrait que le CNRTL,
pour se distinguer, puisse faire argument de l'excellence linguistique
de son offre. Autrement dit, aux objectifs quantitatifs aujourd'hui
atteignables sans mérite, il est utile d'adjoindre des objectifs de
qualité. Le CNRTL pourrait être le lieu de leur définition.
Cette perspective ne serait d'ailleurs pas en contradiction avec les
ambitions affichées (normalisation, maintenance et pérennisation),
toutefois, on peut se demander s'il est possible de concilier l'offre
TAL et ingénierique -légitime dans ce contexte mais encore
sous-représentée- et une offre grand public ergonomiquement soignée et
attractive, mais qui nécessite vraisemblablement davantage que de la
maintenance.
Cela dit, quelle que soit la direction qui sera finalement choisie, le
CNRTL constitue une initiative heureuse et opportune. Il mérite d'être
signalé et de rejoindre les signets de nos navigateurs.
Mathieu Valette
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Chabin, 11/05/2007}
VIENT DE PARAÎTRE
Marie-Anne CHABIN - Archiver, et après ?
Paris : Djakarta Editions, 2007
159 pages - ISBN 978-2-9528828-0-4
Tout le monde parle d'archivage.
Mais que faut-il archiver et pour quoi faire ?
Qui paie et qui en profite ?
Quelles responsabilités pour ceux qui archivent et ceux qui conservent ?
Quel impact du numérique sur ces questions ?
Marie-Anne Chabin apporte des réponses, fondées sur vingt-cinq années
d'expérience diversifiée.
Un éclairage vivant et prospectif sur les enjeux actuels de l'archivage.
Editions Djakarta. Avril 2007. Prix : 19 euros TTC (port inclus).
editions@djakarta.fr
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{FR, 12/06/2007}
COMPTE RENDU
Paru sur la liste Litor le 29/05/2007
Xavier Malbreil
Le livre d'Alexandra Saemmer, "Matières textuelles sur support
numérique" (Publications de l'Université de Saint Etienne) intéressera
tous ceux qui se sentent concernés par la façon dont, très précisément,
on peut rendre compte des oeuvres de littérature informatique.
J'écris "très précisément" assez précisément, et non pas de façon
purement rhétorique. C'est en effet tout l'intérêt de ce livre, qui
s'engage loin des sentiers battus et rebattus de la théorisation,
surtout dans ce domaine nouveau, où les ancêtres et fondateurs étant
peu, sont souvent, voire toujours, toujours les mêmes, cités. Or, il me
semble beaucoup plus facile de théoriser que de s'attaquer frontalement
aux textes. Prendre une oeuvre de littérature informatique, et la plier
en deux, puis quatre, puis huit, suppose en effet que l'on ait derrière
soi un très solide background théorique, ce qui est bien le cas de A
Saemmer pour aller se frotter au plus près avec le "comment on en
parle", et même avec le "comment ça parle".
Comment désigner par exemple le poème interactif que l'on découvre sur
son écran, poème qui ne cessera de se transformer à mesure des clics sur
les liens hypertextes, jusqu'à disparaître complètement : A Saemmer
propose le terme de "poème-géniteur", en étudiant au plus près le
toujours excellent "Explication de texte" de Boris du Boulay. Pourquoi
pas ? Le poème-géniteur, donc, serait le premier état du texte que l'on
découvre sur son écran, une fois que l'on a ouvert tel ou tel URL. A
mesure des clics, ce poème-géniteur pourra complètement disparaître...
mais sa trace restera : il aura été la matrice de tous les
développements contenus en germe par ce premier état.
Comment qualifier les liens, selon qu'ils permettent de progresser dans
une intrigue, ou selon qu'ils constituent une incise. Là encore, A
Saemmer propose des solutions.
Si tout le début de son livre, chapitre 1 et moitié du chapitre 2, sont
assez formels (les gages que l'on doit donner à l'institution
universitaire), tout le reste est heureusement beaucoup plus original,
pointu, et devrait faire date, parce que certaines oeuvres sont serrées
au plus près de ce que la critique peut, actuellement, faire.
Il sera intéressant de noter, par exemple, que A Saemmer se sert des
outils rhétoriques classiques, puis qu'elle tente de les requalifier. En
étudiant le poème interactif "20 ans après", de Sophie Calle, sur le
site de Panoplie.org, elle remarque que si les figures de style
classiques comme métalepse et métonymie peuvent être utilisées, il
faudra penser à en préciser le mode opératoire, pour mieux rendre compte
de leur fonctionnement. C'est là encore une réponse à une question
souvent posée sur la façon dont la critique textuelle peut aborder ces
nouveaux objets littéraires.
Toujours au cours de son examen de "20 ans après", elle remet en cause
la hiérarchisation entre "oeuvre de surface" et "oeuvre programmée" qui
vouerait la première à la ...superficialité et la seconde à la
profondeur. Pour ma part, j'ai toujours senti cette dénomination
"d'oeuvre de surface" comme une volonté de rejeter les oeuvres
non-programmées (encore que ce terme demanderait à être explicité) dans
l'enfer du faux-semblant, de la brillance inutile, de l'apparence
trompeuse.
Une oeuvre de littérature informatique, c'est pourtant d'abord ce que
l'on voit. Il y a déjà tellement de filtres entre l'oeil du lecteur
(appelons le encore lecteur) et la surface de l'écran, pour que le
syntagme "ce que l'on voit" soit assez complexe sans en rajouter. Que
voit-on en effet quand on regarde une oeuvre de littérature
informatique ? Pour peu que l'oeuvre soit en ligne, l'oeil du lecteur
devra d'abord opérer la discrimination entre les icônes propres à tel ou
tel navigateur, et le contenu de l'oeuvre elle-même. Une fois cela fait,
le lecteur pourra se trouver en face de mots qui sont autant, à présent,
à lire qu'à voir. Il verra aussi des images qui infléchissent le sens de
ces mots. Des signes qui l'alertent sur la présence d'un lien hypertexte
(ou qui le trompent, d'ailleurs, puisque les auteurs ont tout de suite
vu le parti qu'ils pouvaient tirer des habitudes de lecture).
On regrettera par ailleurs que certaines pistes annoncées ne soient pas
plus explorées, comme l'influence que pourraient avoir les productions
de littérature informatique et de net-art sur les arts appliqués, la
publicité, la communication, et pourquoi pas aussi, la littérature
traditionnelle, etc..
Mais c'est là une belle piste, que l'auteur suivra peut-être dans un
ouvrage à venir...
xm
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{FR, 12/06/2007}
PARUTION
De quelle langue rêvaient-ils ?
Patrick Sériot
présente sa traduction en français de la correspondance de
Nicolas Troubetzkoy avec Roman Jakobson.
[N. Troubetzkoy, Correspondance avec Roman Jakobson et autres écrits,
Lausanne, Payot, 2006]
La correspondance de N. Troubetzkoy avec R. Jakobson (1920-1938) se
laisse lire à des niveaux différents. Elle intéresse donc des
disciplines très diverses. On l'abordera le 16 juin d'un point de vue
épistémologique, à partir d'une interrogation unique mais dense :
comment construit-on les objets dont on parle? Ce qui implique que les
dits objets ne préexistent pas ontologiquement à leur mise en discours.
Pour cela, je présenterai le monde intellectuel qui est à la base de
cette correspondance, laquelle nous donne accès à ce qui ne pouvait être
que soupçonné dans les articles scientifiques. Un monde de la totalité
platonicienne chez Troubetzkoy, une quête de l'essence du langage
poétique et de la slavitude chez Jakobson, tous deux étant obsédés par
l'idée de coïncidence/correspondance entre des séries non liées
génétiquement.
J'aborderai aussi la théorie du signe chez les orthodoxes, autour du
miracle de la Transfiguration au Mont Thabor, avec cette Lumière
incréée, qui n'est pas signe de la présence de Dieu mais manifestation
de l'énergie de l'essence divine. Nous aborderons donc la querelle de
l'iconoclasme. Cette problématique théologique, même si elle n'est
jamais nommée, forme la toile de fond de la correspondance : il n'y a
pas de séparation, pas de clivage entre signifiant et signifié, il y a
lien, fusion (donc confusion). Jakobson passe son temps à vouloir
dépasser (preodolet = aufheben, réflexe hégélien) les antinomies
saussuriennes. La dialectique chez Jakobson est une façon de refuser
toute béance, toute séparation : tout est lié à tout.
Enfin, je présenterai le mouvement politico-idéologique de l'eurasisme
sans lequel ces lettres seraient peu compréhensibles. Il s'agit d'une
théorie de la connaissance fondée sur l'idée de totalité, de mise au
jour de ce qui était caché (problématique fondamentalement
platonicienne : ce qui est invisible est plus réel que ce qui est
visible), d'un réel fait d'ordre et d'harmonie, en opposition radicale à
l'objet-langue tel qu'il est construit chez Saussure à partir de
l'élimination systématique de ce qui n'est pas pertinent dans la théorie
("le point de vue crée l'objet").
Patrick Sériot, Professeur, dirige l'Institut de linguistique slave de
l'Université de Lausanne.
__________________________
Quelque part en Europe, entre 1920 et 1938...
Cher Roman Osipovic...
Lettre 3. « Il convient que l'élève apprenne auprès de son maître, mais
reste critique à son égard » me dites-vous. Votre remarque vient de ce
que je me suis mal exprimé, et que je me suis perdu dans des détails
inutiles. En fait je voulais seulement montrer qu'aucune culture ne peut
se passer d'emprunts extérieurs, mais que l'emprunt n'implique pas
nécessairement l'excentrisme...
Lettre 4. Maintenant que j'ai compris (ou crois avoir compris) votre
point de vue, je me rends compte que vous aviez raison. La seule chose
qu'on puisse remettre en question est celle de savoir si la science de
la littérature doit se résumer à l'analyse que vous proposez. Il me
semble que l'on ne doit pas oublier que la littérature est un facteur de
la vie sociale...
Lettre 19. J'ai constamment de nouvelles idées. A ce propos, vous m'avez
parlé une fois du problème de la mutation vocalique de 'a devant les
consonnes postpalatales. Sur cette question j'en suis arrivé à la
conception suivante. La mutation vocalique ne concerne que "'a" issu de
"*" et uniquement devant "k" : mekky, pekny, jek, zajíkati se, lekati
se, klekati, dekovati, dík...
Lettre 27. Je rêve depuis longtemps de faire un travail sur le vers
folklorique russe mais, mis à part le manque de temps, il me manque
aussi certains livres que je n'arrive toujours pas à me procurer, -je
pense par exemple à Travaux de la Commission de musique et
d'ethnographie, Couplets populaires d'Eleonskaja, Contes et chansons de
la région de Belozërsk, etc. Ces livres sont indispensables pour rédiger
une monographie sur le vers folklorique russe.
Lettre 93. La perplexité de Polivanov devant la « mouillure emphatique »
s'explique en partie par le fait qu'il n'a pas lu mon article paru dans
Caucasica. Je ne le lui ai pas envoyé, car je n'étais pas certain
d'avoir la bonne adresse. Si cela ne vous ennuie pas, envoyez-lui votre
exemplaire et je m'engage à vous en envoyer un autre.
Lettre 95. Dostoïevski me rend complètement fou. Avant les vacances,
j'ai relu sa première période (avant l'exil). Je commencerai la
deuxième, la plus importante, après le Nouvel An. Je n'ai rédigé que 4
cours et il en faut 20 ! Et je dois y faire entrer tous ses grands
romans. Je dois tout faire en un mois. Or j'en ai par-dessus la tête et
je travaille horriblement mal et lentement.
Lettre 130. « (On nous identifie purement et simplement à l'Ecole de
Saussure, ce qui nous porte quelque tort ;...»....ce n'est pas ce que
nous avons l'habitude d'entendre par le mot « linguistes». Mais comme
en Angleterre rien n'est comme chez les gens normaux (on apporte les
lettres recommandées dans les boutiques de détail, on a le droit de
marcher sur les pelouses dans les jardins publics, le shilling se divise
en douze parties, etc.), il est fort possible que les véritables
linguistes se cachent dans un tout autre endroit, par exemple en
anthropologie ». ...« Malgré toute la correction des Français,
l'antipathie à votre égard s'est manifestée à plusieurs reprises dans
les paroles de Mazon comme dans celles de Vaillant. Par ailleurs il faut
dire que, outre une antipathie personnelle envers vous, se manifeste là
une certaine répulsion des Français pour les formes de la culture
eurasienne et danubienne par lesquelles s'exprime la phonologie
actuelle. Que cette empreinte spécifique est particulièrement marquée en
phonologie, j'ai pu facilement m'en rendre compte en discutant en même
temps avec Martinet et Novák »...
...Votre sincèrement dévoué
Prince N.S. Trubetzkoj
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{FR, 12/06/2007}
SUR TEXTO!
http://www.revue-texto.net/
Les nouveautés de la dernière édition
Texto, avril 2007, vol. XII, n° 2
Numéro coordonné par Sylvain Loiseau.
(Cliquer sur le titre de la page d'accueil)
NB. Dans ce numéro les publications sont au format PDF.
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Jean LASSÈGUE
Formes symboliques et émergence de valeurs :
pour une cognition culturalisée
Synthèse sur le concept de forme symbolique, en particulier chez
Cassirer, avec une réflexion sur les valeurs.
François RASTIER
Du réalisme au postulat référentiel
Par ses présupposés ontologiques, le réalisme philosophique entrave le
développement de la sémantique linguistique.
François RASTIER
Croc de boucher et rose mystique - enjeux présents du pathos
sur l'extermination
Une analyse des textes permet de déceler que le pathos sur
l'extermination semble pris dans le système des valeurs d'exaltation
qui l'ont permise.
Jean-Louis VAXELAIRE
Ontologie et dé-ontologie en linguistique :
le cas des noms propres
L'auteur propose d'effectuer l'étude des noms propres sans a priori
ontologiques, car ce sont des lexies que l'on observe dans les textes
et non des images de référents.
Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :
Yong-Ho CHOI
Le temps chez Saussure
(thèse, 2000. Réédition de Marges Linguistiques)
Depuis Godel, l'écart entre le Cours de linguistique générale et ses
sources ne cesse de se creuser. Dans ces conditions, la question se pose
de savoir comment lire Saussure. Il ne s'agit pourtant pas ici de se
réclamer du vrai Saussure mais d'essayer de comprendre les difficultés
auxquelles Saussure se heurte dans ses réflexions linguistiques, voire
sémiologiques. En plaçant le problème du temps au centre de la réflexion
de Saussure, l'auteur a effectué une lecture originale de la littérature
saussurienne.
Eugenio COSERIU
Du primat de l'histoire (1980) [trad. par Stijn Verleyen]
L'article propose une réflexion sur la priorité de l'approche historique
en linguistique, qui est la seule capable de rendre compte des langues
dans toute leur diversité.
Rossitza KYHENG
Principes méthodologiques de constitution et d'exploitation du
corpus saussurien (2007)
L'auteur soumet à la discussion une réflexion méthodologique portant sur
deux propositions : 1° limiter le corpus saussurien aux textes dont
l'auteur légitime est Ferdinand de Saussure en différenciant le corpus
de l'archive, 2° adopter les trois principes interprétatifs (principe de
l'authentique, du chronologique et du global) conformes à l'organisation
particulière du corpus saussurien pour mieux objectiver l'interprétation
des données dans l'étude de l'oeuvre de Ferdinand de Saussure.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- En attendant Godot : de l'Absurde à l'Histoire
Dialogue entre Valentin et Pierre TEMKINE (mise à jour révisée et
augmentée), suivi de
Une démonstration littéraire : le cas Godot (P. TEMKINE),
En attendant Temkine (F. RASTIER), et
Ce que ça fait de ne rien en dire (P. TEMKINE)
En s'appuyant sur une relecture détaillée de En attendant Godot,
Valentin Temkine produit une interprétation globale renouvelant la
lecture de la pièce : à rebours des interprétations selon les canons du
"théâtre de l'Absurde", il restitue la pièce à l'Histoire en explicitant
les thèmes latents de l'Occupation et de la Shoah.
- Sur la poéticité du témoignage et les techniques de la littérature de
l'extermination
Deux dialogues entre Philippe MESNARD et François RASTIER (2007)
Où il est notamment question des rapports entre fiction et diction,
esthétique et éthique, hantise et conjuration dans le genre testimonial
et la littérature de l'extermination.
- Sciences de la culture et réductions vertueuses
Dialogue entre François RASTIER et Maurice TOUSSAINT (2007)
Variations sur le conflit entre courants réductionistes du cognitivisme
et sciences de la culture.
Dans la rubrique REPÈRES :
Thierry MEZAILLE
Pratiques pédagogiques littéraires assistées par Hyperbase
dans une optique thématique
Il s'agit ici de faire le point sur quelques activités de cours de
littérature en collège, dans une approche thématique, assistées du
logiciel HYPERBASE (de l'oeuvre complète au groupement de textes, voire
l'étude d'un genre, par mots-vedettes).
Marion PESCHEUX
Le feuilleton de l'anaphorisation : de "facettes" en "degrés"
Le "feuilleton" proposé est une exploration partielle et globale du
mécanisme d'anaphorisation dont la forme linguistique "observable" est
l'anaphore. Comme de très nombreuses recherches ont été menées sur
l'anaphore et qu'il est encore aujourd'hui impossible de "réduire"
simplement le phénomène, un premier épisode passera en revue diverses
définitions de l'anaphore, pour laisser la place à un éclairage sur les
arrières-plans extralinguistiques : mémoire, reconnaissance, etc. Des
approches seront alors plus détaillées dans un troisième temps : du
point de vue argumentatif, référentiel, et textuel. Enfin, des questions
et propositions seront ouvertes, qui, d'une certaine façon, tentent de
dire que si l'anaphorisation est bien un moyen d'assurer l'isotopie d'un
discours, ce mécanisme, selon nous, est de nature "instructionnelle"
(ou argumentative si l'on préfère).
Astrid GUILLAUME
Traductologie et enseignement de traduction à l'université
Exercices en ligne :
Niveau 2
Exercice 4 par Carine Duteil-Mougel (2007)
Parcours interprétatifs au sein d'une annonce publicitaire.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Emmanuel FAYE
Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie
Préface à la seconde édition.
Kurt FLASCH
C'était bien un philosophe national-socialiste
À l'occasion de la parution du livre d'Emmanuel Faye "Heidegger,
l'introduction du nazisme dans la philosophie", Kurt Flasch revient sur
l'engagement nazi du philosophe.
Véronique MAGAUD
Compte rendu critique de lecture de
Burger, M., Martel, G., (dir.),
Argumentation et communication dans les médias (2005)
LIVRES-E
François RASTIER
Semantics and cognitive science,
chap. III, From the concept to the signified
Eugenio COSERIU
Synchronie, diachronie et histoire (1958)
Le célèbre ouvrage de Coseriu traduit en français par Thomas Verjans.
Dans la rubrique LIENS ET LIANES :
- Observatoire Europen du Plurilinguisme
Structure de mutualisation et de coopération entre partenaires du
plurilinguisme, dont le principe est de réunir dans une même démarche
des décideurs, des chercheurs et des membres de la société civile pour
poser clairement les questions linguistiques dans leurs enjeux
politiques, culturels, économiques et sociaux au niveau des institutions
europeénnes et de chacun des Etats membres.
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php
MISE À JOUR
Régis MISSIRE
Sémantique des textes et morphosémantique de l'interprétation
(Thèse)
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR, 12/06/2007}
Carine DUTEIL
Sémiotique des cultures
[NDLR : Les figures ayant dû être redessinées en mode texte, elles ne
s'affichent correctement qu'en affichant les caractères dans une police
non proportionnelle, par exemple "Courrier".
D'une manière générale d'ailleurs, il est très recommandé d'utiliser un
tel jeu de caractères (non proportionnel, type Courrier) pour la
visualisation des bulletins SdT, car leur mise en page est conçue pour
cela.]
* L'opposition Nature / Culture
On oppose traditionnellement Nature et Culture, en cherchant à
déterminer en l'homme la part de ce qui revient à la nature et de ce qui
revient à la culture. Mais cette opposition entre la Nature et la
Culture est remise en cause au sein de l'anthropologie elle-même.
On doit notamment à Claude Lévi-Strauss l'étude des liens entre nature
et culture, dans les systèmes de parenté et la production des mythes.
Cherchant à établir la cohérence significative des systèmes de parenté,
et s'inspirant des travaux de l'anthropologie anglo-saxonne et de
certains écrits de l'École française de sociologie[1], Lévi-Strauss met
l'accent sur les notions d'échange et de réciprocité. Selon l'auteur,
c'est la prohibition de l'inceste, obligeant les hommes à communiquer,
qui fonde la société humaine. Elle « constitue la démarche fondamentale
grâce à laquelle, par laquelle, mais surtout en laquelle, s'accomplit le
passage de la nature à la culture. » (1967, p.29). Agissant et imposant
sa règle, elle affirme « la prééminence du social sur le naturel » et
fait de l'échange matrimonial « le passage du fait naturel de la
consanguinité au fait culturel de l'alliance » (ibid.)
Prolongeant l'étude des structures complexes de la parenté, Lévi-Strauss
consacre les quatre volumes des Mythologiques (1964-1971) à l'analyse
structurale d'un corpus de récits mythiques. L'auteur étudie les
relations que tissent les mythes entre eux et montre comment ces mythes
et leurs variantes sont des transformations d'autres mythes. L'étude
s'inscrit dans le cadre de la mythologie comparée, fondée par Max
Müller[2], et développée par Georges Dumézil notamment dans ses travaux
sur les mythologies anciennes[3] et sur l'idéologie des peuples
indo-européens de l'Antiquité[4].
* La voie de la sémiotique générale
Une fois dépassée l'antinomie nature / culture, la réflexion peut passer
de la culture comme concept philosophique aux cultures comme objets
scientifiques. Les études de textes (épiques, mythiques, folkloriques,
notamment) font partie, comme le rappelle François Rastier, de
l'activité ordinaire des linguistes de Steinthal à Bréal[5], de
Saussure[6] à Dumézil. La linguistique générale de Saussure s'appuie
ainsi sur des études de poétique et de mythologie, et Rudolf Engler
(1980, p. 14) souligne que « sémiologie linguistique et sémiologie
mythographique se correspondent presque absolument, les quelques
différences s'expliquant par l'application d'un même principe à un
domaine plus vaste, structuralement moins serré que la langue ».
Rappelons que le projet saussurien d'une sémiologie naît de la volonté
de définir l'ordre scientifique auquel appartient la linguistique :
« On a discuté pour savoir si la linguistique appartenait à l'ordre des
sciences naturelles ou des sciences historiques. Elle n'appartient à
aucun des deux, mais à un compartiment des sciences qui, s'il n'existe
pas, devrait exister sous le mot de sémiologie [...] le système
sémiologique 'langue' est le seul [...] qui ait eu à affronter cette
épreuve de se trouver en présence du Temps, qui ne soit pas simplement
fondé de voisin à voisin par mutuel consentement, mais aussi de père en
fils par impérative tradition, et au hasard de ce qui arriverait en
cette tradition, chose hors de cela inexpérimentée, non connue ni
décrite. » (Saussure Ferdinand de, 1974, Cours de linguistique
générale, II, p. 47). La linguistique peut ainsi être définie comme la
sémiotique des langues et des textes, elle relève en cela d'une
sémiotique des cultures.
* Les sciences de la culture
L'expression « sémiotique des cultures » (ou de la culture) renvoie à
l'école de Tartu (Ivanov, Lotman, Ouspenski, Lekomcev notamment) et
vient sans doute de la littérature comparée, le domaine de son principal
animateur Iouri Lotman. On doit à Lotman le concept de sémiosphère
(1999) : la sémiosphère correspond à l'espace sémiotique complet occupé
par une culture donnée[7]. La culture dans son ensemble peut être
considérée comme un texte : « Pourtant, il faut prendre en considération
que c'est un texte complexe, qui se divise en une hiérarchie de "textes
dans les textes" entrelacés » (2003, p. 81). Ainsi, la dynamique de la
culture ne peut être présentée « ni comme un processus immanent isolé,
ni comme une sphère passive des influences extérieures. Ces deux
tendances se réalisent en une tension réciproque dont elles ne peuvent
s'abstraire sans altération de leur essence même. » (ibid., p. 137).
Poursuivant un objectif de caractérisation, une sémiotique des cultures
se doit d'être différentielle et comparée, car une culture ne peut être
comprise que d'un point de vue cosmopolitique ou interculturel : pour
chacune, c'est l'ensemble des autres cultures contemporaines et passées
qui joue le rôle de corpus[8].
L'ouvrage "Une introduction aux sciences de la culture" dirigé par
François Rastier et Simon Bouquet offre un riche aperçu des programmes
pluridisciplinaires actuels qui entendent repenser l'articulation des
sciences cognitives et des sciences de la culture[9] dans le cadre d'une
anthropologie sémiotique, sur laquelle se fonde précisément le projet
d'une sémiotique des cultures. Ce projet apparaît comme l'héritier du
programme anthropologique de Humboldt : « Il faut étudier le caractère
des sexes, âges, tempéraments, nations, etc., avec autant de soin que
les sciences naturelles étudient les races et variétés du monde animal.
Quoi qu'il ne s'agisse à proprement parler que de savoir combien divers
l'homme peut être, il faut faire comme s'il s'agissait de déterminer
combien divers est en fait l'homme individuel »[10].
Font partie des sciences de la culture des disciplines comme les
ethnosciences, l'anthropologie, la paléontologie, l'éthologie humaine,
l'archéologie, la linguistique historique et comparée, disciplines au
sein desquelles une conception nouvelle de la genèse des cultures et de
l'émergence du monde sémiotique (systèmes sémiotiques dont le langage),
devrait se poursuivre et rejoindre le projet sémiotique de Saussure.
L'autonomie et la complexité du sémiotique sont liées à la transmission
du patrimoine sémiotique, qui a accompagné et permis la genèse des
cultures. « Ce moment de la phylogenèse se continue dans l'histoire,
avec un détail temporel plus fin. L'apprentissage, défini comme un
processus d'héritage des valeurs et des signes, le spécifie encore dans
l'ontogenèse. Le temps culturel fait ainsi médiation entre le temps de
l'espèce et celui de l'individu. » (Rastier, 2003b).
La diversification des pratiques techniques et sémiotiques apparaît
comme caractéristique des cultures humaines ; cette spécificité
sémiotique de l'environnement humain en fait un entour.
« Le cercle fonctionnel de l'homme ne s'est pas seulement élargi, il a
également subi un changement qualitatif. L'homme a, pour ainsi dire,
découvert une nouvelle méthode d'adaptation au milieu. Entre les
systèmes récepteur et effecteur propres à toute espèce animale existe
chez l'homme un troisième chaînon que l'on peut appeler système
symbolique. [...] L'homme ne vit plus dans un univers purement matériel,
mais dans un univers symbolique. Le langage, le mythe, l'art, la
religion sont des éléments de cet univers. [...] L'homme ne peut plus se
trouver en présence immédiate de la réalité ; il ne peut plus la voir,
pour ainsi dire, face à face. La réalité matérielle semble reculer à
mesure que l'activité symbolique de l'homme progresse. Loin d'avoir
rapport aux choses mêmes, l'homme, d'une certaine manière, s'entretient
constamment avec lui-même. Il s'est tellement entouré de formes
linguistiques, d'images artistiques, de symboles mythiques, de rites
religieux, qu'il ne peut rien voir ni connaître sans interposer cet
élément médiateur artificiel. » (Cassirer, 1975, Essai sur l'Homme,
tr. fr. N. Massa, éd. de Minuit, pp. 42-44).
* Le monde sémiotique
Le monde sémiotique sert ainsi de médiation (médiation sémiotique) entre
le monde physique (appelé arrière-monde) et le monde des
(re)présentations (les états internes des sujets humains). Nous
reprenons ici le dispositif présenté par Rastier, qui adapte les
concepts de Umwelt -le monde propre des individus- et de Welt définis
par Uexküll (1956 [1934]) :
niveau des (re)présentations ^
Entour (Umwelt) : ____________________________ |
médiation
niveau sémiotique sémiotique
------------------------------------------------------ |
Arrière-Monde (Wet) : niveau phéno-physique v
« L'entour est composé des niveaux présentationnel et sémiotique des
pratiques. Le niveau physique n'y figure pas en tant que tel, mais en
tant qu'il est perçu, c'est-à-dire dans la mesure où il a une incidence
sur les présentations ("d'objets" ou de signifiants) » (Rastier, 2002,
« Anthropologie linguistique et sémiotique des cultures », p. 247).
La réflexion sur le sémiotique en tant que domaine scientifique -plutôt
que sur la sémiotique en tant que discipline scientifique- amène à
privilégier l'étude des performances sémiotiques complexes dont les
textes[11], comme à les contextualiser au sein des pratiques de
production et d'interprétation où ils prennent sens. La première
entreprise d'une sémiotique des cultures consiste alors en l'étude des
textes ; maintes disciplines y participent au premier rang desquelles la
linguistique et en son sein, la sémantique interprétative.
* Performances sémiotiques et praxéologie
La perspective praxéologique de la sémantique interprétative
(praxéologie entendue comme théorie de l'action dans et par le langage)
permet de relier les textes à leur entour social et historique[12]. Tout
texte se rattache à la langue par un discours (relatif à une pratique
sociale) et à un discours par la médiation d'un genre :
PRATIQUE SOCIALE - Sphère linguistique
_______________________________
| |
| DISCOURS |
| ------------------------ |
| | champ générique | |
| ____________ |
| | ( Genre ) | |
| ( _________ ) |
| | ( | | ) | |
| ( | TEXTE | ) |
| | ( |_________| ) | |
| (______________) |
| | | |
| ------------------------ |
|_______________________________|
La notion de pratique sociale renvoie à la division du travail. Chaque
pratique sociale délimite un domaine d'activité et un discours qui
l'articule. Entre les discours et les genres, les champs génériques
regroupent les genres en co-évolution qui contrastent, voire rivalisent
dans un champ pratique. Soit les correspondances suivantes :
INSTANCES SOCIALES | INSTANCES LINGUISTIQUES
praxéologie |
-------------------------------------------------------
Domaine d'activité | Discours
Champ pratique | Champ générique
Pratique | Genre
Cours d'action | Texte
Les textes sont conçus comme des cours d'action productive et
interprétative. Les unités sémantiques sont alors définies comme des
points de stabilisation de parcours génératifs et interprétatifs[13].
Le sens d'un texte ne se déduit pas d'une suite de propositions, mais
résulte du parcours de formes sémantiques liées à des formes
expressives[14]. La sémiosis textuelle est ainsi conçue comme un
ensemble de déterminations réciproques résultant de parcours
interprétatifs qui passent sans cesse de l'expression au contenu et du
contenu à l'expression[15].
Étendue aux relations d'interprétation entre passages de performances
relevant de sémiotiques différentes, la théorie des parcours
interprétatifs permet alors d'aborder le problème des interactions
polysémiotiques, qui relève de plein droit de la sémiotique.
* Des signes aux pratiques
L'intersémioticité est un problème fondateur pour les sciences de la
culture : « à l'exception des algèbres qui par définition ne relèvent
que d'un seul système de signes et dont l'interprétation peut être
différée le temps du calcul, toutes les performances sémiotiques et les
objets culturels qui en résultent procèdent de la mise en interaction
réglée de plusieurs systèmes de signes. » (Rastier, 2003a : 235-236,
note 27).
On ne pourra décrire la complexité sémiotique des cultures qu'en
développant la problématique de la description des performances
polysémiotiques, en particulier les textes (le caractère polysystémique
et polysémiotique des langues et des textes[16] a d'ailleurs été
négligé), ce qui est la contribution propre de la linguistique aux
sciences de la culture.
Le développement de la sémiotique des cultures appelle enfin à une
refondation interprétative de la sémiotique pour dépasser les typologies
des signes, des codes et des systèmes, en problématisant dans toute leur
complexité les performances et les pratiques.
Carine Duteil-Mougel (ENSIL, Limoges)
Ouvrages cités :
Bréal M., 1877, Mélanges de mythologie et de linguistique, Paris,
Hachette.
Cassirer E., 1991 [1936-1939], Logique des sciences de la culture,
Paris, Cerf.
Cassirer E., 1975, Essai sur l'Homme, tr. fr. N. Massa, Paris, éditions
de Minuit.
Dumézil G., 1942-1947, Mythes romains (I. Horace et les Curiaces,
1942 ; II. Servius et la Fortune -Essai sur la fonction sociale de
louange et de blâme et sur les éléments indo-européens du cens romain,
1943 ; III. Tarpeia -Essais de philologie comparative indo-européenne,
1947), Paris, Gallimard.
Dumézil G., 1958, L'Idéologie tripartie des Indo-Européens, Coll.
Latomus.
Dumézil G., 1968-1973, Mythe et épopée (I. L'idéologie des trois
fonctions dans les épopées des peuples indo-européens, 1968 ; II. Types
épiques indo-européens : un héros, un sorcier, un roi, 1971 ;
III. Histoires romaines, 1973), Paris, Gallimard.
Engler R., 1980, « Sémiologies saussuriennes, 2. Le canevas », C.F.S.,
34, pp. 3-16.
Granet M., 1939, Catégories matrimoniales et relations de proximité dans
la Chine ancienne, Paris, Alcan.
Humboldt W. von, 1903-1936, Gesammelte Schriften, Berlin, Behr, 17 vol.
Humboldt W. von, 1995, Le XVIIIe siècle. Plan d'une anthropologie
comparée, J. Quillien et C. Losfeld (éds.), Lille, PUL [cf. 1903,
Gesammelte Schriften, I., A. Leitzmann (éd.), Berlin, Behr, pp.377-410].
Lévi-Strauss C., 1967, Les Structures élémentaires de la parenté, La
Haye-Paris, Mouton (1ère éd. Paris, PUF, 1949).
Lévi-Strauss C., 1964-1971, Mythologiques (1. Le cru et le cuit, 1964 ;
2. Du miel aux cendres, 1966 ; 3. L'origine des manières de table,
1968 ; 4. L'homme nu, 1971), Paris, Plon.
Lotman I., 1990, Universe of the Mind : A Semiotic Theory of Culture,
translated by A. Shukman, London, I.B. Tauris.
Lotman I., 1999, La sémiosphère, Limoges, PULIM.
Lotman I., 2003, L'explosion et la culture, Limoges, PULIM.
Mauss M., 1924, « Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans
les sociétés archaïques », L'Année Sociologique, seconde série,
1923-1924.
Müller M., 1859, Essai de mythologie comparée, Paris, A. Durand.
Müller M., 2002, Mythologie comparée (Essais sur la mythologie comparée,
les traditions et les coutumes (1873) et Nouvelles études de mythologie
(1898)), éd. critique établie, prés. et annotée par P. Brunel, Paris,
R. Laffont.
Rastier F., à paraître, « Saussure et la science des textes », Actes du
Colloque international « Révolutions saussuriennes », Genève, 20-22 juin
2007.
Rastier F., 2006a, « La structure en question », Janus, 6, pp. 93-104.
[aussi Texto ! Vol. XII, n°1,
http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Rastier/Rastier_Structure.pdf]
Rastier F., 2006b, « Formes sémantiques et textualité », Langages, 163,
pp. 99-114 [aussi Texto !, Vol. XI, n°3-4,
http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/
Rastier_Formes-semantiques.html].
Rastier F., 2006c, « Sémiotique et sciences de la culture », Texto !,
Vol. XI, n°3-4,
http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Rastier/
Rastier_Intro-Semiotique.pdf
Rastier F., 2003a, « Parcours de production et d'interprétation », in
A. Ouattara (éd.), Parcours énonciatifs et parcours interprétatifs,
Ophrys, pp. 221-242.
Rastier F., 2003b, « Le langage comme milieu : des pratiques aux
oeuvres », Texto !, Vol. VIII, n°4,
http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/Rastier_Langage.html.
Rastier F., 2002, « Anthropologie linguistique et sémiotique des
cultures », in F. Rastier & S. Bouquet (éds.), Une introduction aux
sciences de la culture, Paris, PUF, pp. 243-267.
Rastier F., 2001, Arts et sciences du texte, Paris, PUF.
Rastier F. & Bouquet S., 2002, Une introduction aux sciences de la
culture, Paris, PUF.
Turpin B. (éd.), 2003, « La légende de Sigfrid et l'histoire burgonde »,
présentation et édition de Béatrice Turpin, in S. Bouquet (éd.),
Saussure, Paris, éditions de l'Herne, pp. 351-429.
Saussure Ferdinand de, 1974, Cours de linguistique générale, édition
critique par R. Engler, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, Tome 2,
Appendice, notes de F. de Saussure sur la linguistique générale.
Saussure Ferdinand de, 1986, Le leggende germaniche, A cura di Anna
Marinetti et Marcello Meli, Este, Libreria editrice Zielo.
Uexküll J. von., 1956 [1934], Mondes animaux et mondes humains, Paris,
Denoël.
Notions (propositions) : sémiosphère, texte, genre, discours, pratique
sociale, sens, interprétation, forme sémantique, forme expressive,
parcours interprétatif, sémiosis, expression, contenu, performance
sémiotique, intersémioticité.
[1] Tout particulièrement l'« Essai sur le don. Forme et raison de
l'échange dans les sociétés archaïques » de Marcel Mauss (in L'Année
Sociologique, seconde série, 1923-1924) et l'ouvrage de Marcel Granet,
Catégories matrimoniales et relations de proximité dans la Chine
ancienne (1939, Paris, Alcan).
[2] Essai de mythologie comparée, 1859, Paris, A. Durand.
[3] Mythes romains (1942-1947 : I. 1942 ; II. 1943 ; III. 1947) ; Mythe
et épopée (1968-1973 : I. 1968 ; II. 1971 ; III. 1973), Paris,
Gallimard.
[4] L'Idéologie tripartie des Indo-Européens, 1958, Coll. Latomus.
[5] Cf. Bréal M., 1877, Mélanges de mythologie et de linguistique,
Paris, Hachette.
[6] Cf. Saussure Ferdinand de, 1986, Le leggende germaniche, A cura di
Anna Marinetti et Marcello Meli, Este, Libreria editrice Zielo.
Cf. également Turpin B. (éd.), 2003, « La légende de Sigfrid et
l'histoire burgonde », présentation et édition de Béatrice Turpin, in
S. Bouquet (éd.), Saussure, Paris, éditions de l'Herne, pp. 351-429.
[7] "By analogy with the biosphere (Vernadsky's concept) we could talk
of a semiosphere, wich we shall define as the semiotic space necessary
for the existence and functioning of languages" (Lotman I., 1990, p.
123) ; "The unit of semiosis, the smallest functioning mechanism, is not
the separate language but the whole semiotic space of the culture in
question. The semiosphere is the result and the condition for the
development of culture ; we justify our term by analogy with the
biosphere, as Vernadsky defined it, namely the totality and the organic
whole of living matter and also the condition for the continuation of
life." (ibid., p. 125).
[8] Cf. Rastier, 2006c.
[9] Expression empruntée à Cassirer (1991 [1936-1939]) : Zur Logik der
Kulturwissenschaften.
[10] Humboldt W. von,, 1903, « Plan d'une anthropologie comparée », in
GS, I, p. 390 ; tr. fr. in J. Quillien et C. Losfeld (éds.), 1995,
Lille, PUL.
[11] Sont appelées performances sémiotiques l'ensemble des productions
qui relèvent d'un ou plusieurs systèmes de signes (opéras, films,
rituels, etc.). Les textes sont les performances sémiotiques qui
relèvent des langues.
[12] Cf. Rastier, 2001.
[13] Cf. Rastier, 2006a.
[14] Les formes sémantiques peuvent être décrites comme des molécules
sémiques, petits réseaux sémantiques dont les n?uds sont des sèmes et
les liens des cas. Les formes expressives sont des molécules phémiques
(la notion de phème désigne tout élément de l'expression - phonologique,
prosodique, graphique, ou ponctuationnel). Cf. Rastier, 2006b.
[15] Cf. Rastier, à paraître.
[16] Normes socialisées (genres, discours), idiolectes (styles), tons,
mouvements ; systèmes graphiques et typographiques, prosodiques,
gestuels, etc.
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Appels et annonces Appels et annonces Appels et annonces Appels
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{Heiden, 29/06/2007}
COLLOQUE
JADT 2008 - Premier appel à communications
9es Journées internationales
d'analyse statistique des données textuelles
du 12 au 14 mars 2008
à l'Ecole normale supérieure Lettres et sciences humaines Lyon, France
http://www.jadt.org/
Les journées internationales d'analyse statistique des données
textuelles (JADT) réunissent tous les deux ans, depuis 1990, des
chercheurs travaillant dans les différents domaines concernés par les
traitements automatiques et statistiques de données textuelles. Elles
permettent aux participants de présenter leurs résultats, de confronter
leurs outils et leurs expériences.
[...]
* Calendrier
Date limite de soumission : 15 octobre 2007
Notification des acceptations aux auteurs : 27 novembre 2007
Version finale : 20 décembre 2007
Conférence : 12-14 mars 2008
* Thèmes de la rencontre
- Textométrie, statistique textuelle
- Analyse exploratoire de données textuelles
- Corpus de textes, représentations textuelles et hypertextuelles
- Linguistique de corpus
- Traitement automatique du langage naturel : étiquetage,
lemmatisation, enrichissement linguistique
- Analyse statistique de réponses à des questions ouvertes
- Fouille de données textuelles (text mining)
- Classification de textes, cartographie lexicale et textuelle
- Recherche documentaire, recherche d'informations
- Edition outillée de textes numériques
- Logiciels pour l'analyse textuelle
- Méthodologie et usages en analyse de corpus de textes
- Formation aux méthodes et aux outils d'analyse de corpus de textes
* Langues autorisées pour les présentations
Les présentations pourront se faire dans l'une des langues suivantes :
français, anglais, espagnol, italien. Aucune traduction simultanée
n'est prévue.
[...]
* Informations et Contact
site web : http://www.jadt.org/
adresse mail : jadt2008@ens-lsh.fr
adresse postale :
Serge Heiden, JADT 2008
Laboratoire ICAR - ENS-LSH
15 parvis René Descartes - BP7000
69342 Lyon Cedex 07
FRANCE
téléphone : +33 (0)4 37 37 63 12 ; fax : +33 (0)4 37 37 62 65
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________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 3.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
La procrastination est moralement répréhensible,
et moi le savons bien :
"Car si un homme s'autorise un meurtre, il en
viendra très bientôt à accorder peu d'importance
au vol ; et du vol il passera à la boisson et au
non-respect du sabbat et, de là, à l'incivilité
et à la procrastination."
Thomas de Quincey
Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ;
mais Savoir laisse notre faible organisation
dans un perpétuel état de calme.
Balzac, La peau de chagrin
We find the fun, and snap ! The job's a game !
Mary Poppins
En apprenant à lire, nous apprenons aussi quels
sont ces objets que les mots désignent, et notre
expérience des sentiments et des idées ne serait
sans doute pas telle si des écrivains ne leur
avaient ouvert l'espace de nos imaginations.
Eric Chevillard
On peut pratiquer objectivement, c'est-à-dire
impartialement, une recherche dont l'objet ne
peut être conçu et construit sans rapport à une
qualification positive et négative, dont l'objet
n'est donc pas tant un fait qu'une valeur.
Canguilhem,
Le normal et le pathologique, p. 157
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Coordonnees
- Bienvenue a Josiane BARUTON, Sarra EL AYARI, Leda MANSOUR,
Christiane SANTARELLI, et Frederic TORTERAT.
2- Carnet
- L'Institut Ferdinand de Saussure et son site
- Projet : Hermeneutique et methode : entre logique et
philologie
- L'observatoire du plurilinguisme
3- Textes electroniques
- Le CNRTL
4- Publications
- Marie-Anne CHABIN : Archiver, et apres ?
- Alexandra SAEMMER : Matieres textuelles sur support numerique
- Nicolas TROUBETZKOY : Correspondance avec Roman Jakobson et
autres ecrits - trad. Patrick SERIOT
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (avril 2007)
5- Textes
- Carine DUTEIL : Semiotique des cultures
6- Appels et annonces
- 9es Journees internationales d'analyse statistique des
donnees textuelles (JADT), Lyon, 12-14 mars 2008.
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 13/06/2007}
L'INSTITUT FERDINAND DE SAUSSURE ET SON SITE
L´Institut Ferdinand de Saussure
Organisme scientifique et culturel
fondé en 1998
Présidence d´honneur :
MM. Rudolf Engler +, Claude Lévi-Strauss, Jean Starobinski.
.
http://www.institut-saussure.org/
* Ferdinand de Saussure
Ferdinand de Saussure, linguiste suisse (1857-1913), d´abord distingué
pour ses travaux sur les langues indo-européennes, est reconnu de
longue date comme fondateur de la linguistique moderne et comme
initiateur du structuralisme.
La pensée de Saussure exerce ainsi depuis un siècle une influence
considérable sur de nombreuses disciplines, des sciences du langage à
l´anthropologie, jusqu´aux études littéraires et la philosophie.
Paradoxalement cependant, les idées de Saussure n´ont pour l´essentiel
été diffusées que dans un ouvrage posthume rédigé par des collègues, le
Cours de linguistique générale (1916).
Après la publication partielle de manuscrits et de notes d´étudiants,
la découverte en 1996 de nouveaux manuscrits d´une grande portée a
engagé une relecture et une réédition de l´ensemble du corpus
saussurien, et favorisé l´essor international des divers courants de
recherche qui concrétisent le saussurisme d´aujourd´hui.
C´est dans ce contexte de renouvellement que l´IFS a été créé en 1998
pour promouvoir les recherches saussuriennes en linguistique et dans
l´ensemble des sciences de la culture.
* Objectifs et programmes de l´Institut
1. Archives Ferdinand de Saussure
Les écrits de Saussure n´étant pas encore accessibles dans leur
totalité, il importe d´établir et de publier ces textes : l´Institut
s´est donc engagé dans un programme éditorial.
2. Programme Sémantique des textes
En complément nécessaire des théories de la langue, la linguistique
textuelle, en particulier dans ses développements sémantiques, met en
oeuvre ce que Saussure appelait la linguistique de la parole.
Aussi l´Institut entend-il favoriser le renouvellement des sciences du
langage par des programmes de recherche sur les textes, les genres et
les discours.
3. Programme Sciences de la culture
Comme les idées de Ferdinand de Saussure intéressent l´ensemble des
sciences de la culture, l´Institut anime un programme de recherche sur
leur épistémologie.
Enfin, l´Institut compte parmi ses missions la défense et
l´illustration du plurilinguisme comme de la diversité culturelle.
* Principales activités
1. Manifestations scientifiques
L´Institut organise des rencontres, journées d´études, écoles d´été,
colloques internationaux, notamment :
- Sciences de la culture et sciences cognitives (Genève-Archamps, juin
1999).
- Saussure après un siècle (Genève-Archamps, juin 2001).
- L´Institut a participé au colloque international Les Révolutions
saussuriennes (Genève, 19-22 juin 2007).
[Les programmes sont consultables sur le site de l´Institut]
2. Programmes de publications
a) Archives Ferdinand de Saussure
Écrits de linguistique générale, Paris, Gallimard 2002.
Saussure, Paris, L´Herne, 2003 (éd. Simon Bouquet).
Leçons de linguistique générale, Paris, Gallimard.
b) Sémantique des textes
François Rastier, Arts et sciences du texte, Paris, PUF, 2001.
Simon Bouquet, (éd.) Les genres de la parole, Langages, 153, 2004.
c) Sciences de la culture
Une introduction aux sciences de la culture, Paris, PUF, 2002.
Corpus en lettres et sciences sociales, Albi, CALS, 2007.
[Références bibliographiques complètes sur le site de l´Institut]
3. Texto! La revue électronique de l´Institut
L´Institut publie également une revue électronique, Texto ! Textes et
cultures http://www.revue-texto.net. Elle a dépassé en 2006 le
demi-million de visiteurs.
Une revue scientifique et culturelle. - Texto! publie quatre numéros
par an. La revue est référencée par le Directory of Open Access
Journals et participe au mouvement Open Content. ISSN 1773-0120.
Une revue internationale. - Si les études en français dominent, Texto!
publie aussi des articles en anglais, allemand, espagnol, arabe. Les
lecteurs résidant en France comptent pour un tiers du total, les autres
proviennent de plus de cent vingt pays. Visites : 188.000 pour 2004,
326.512 pour 2005, 502.000 pour 2006.
Une revue indépendante. - Texto! est animée par un réseau international
de chercheurs. La revue bénéficie d'un support matériel de la Maison
des Sciences de l'Homme et de la société Sémiopôle.
* L´institut Ferdinand de Saussure
Comité scientifique :
Michel Ballabriga, Université de Toulouse.
Enrique Ballón-Aguirre, Université de l´Arizona.
Andrei Botchkarev, Université de Nijni-Novgorod.
Jean-Paul Bronckart, Université de Genève.
Yong-ho Choi, Université Hankuk des langues étrangères, Séoul.
Jonathan Culler, Université Cornell.
Jacques Geninasca, Université de Zurich.
Ludwig Jäger, Université d'Aix-la-Chapelle.
Kazuhiro Matsuzawa, Université de Nagoya.
Paul Perron, Université of Toronto.
Carol Sanders, Université du Surrey.
Arild Utaker, Université de Bergen.
Président de la section française : François Rastier
Président de la section suisse : Simon Bouquet
Coordonnées :
- Siège social de l´IFS :
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- Site internet accessible à l´adresse :
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- Adresse courriel :
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- Revue électronique Texto!
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{FR, 12/06/2007}
PROJET SCIENTIFIQUE
Herméneutique et méthode : entre logique et philologie
(CNRS Lille/München)
Seminar für Geistesgeschichte und Philosophie der Renaissance
Postadresse : Ludwigstr. 31/I, 80539 München
Projektleiter
Prof. Dr. Denis Thouard
http://stl.recherche.univ-lille3.fr/
sitespersonnels/thouard/accueilthouard.html
Ce projet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur le statut des
sciences de la culture qui entend déplacer l'opposition entre les
sciences sociales et les humanités. Il s'agit d'interroger les
conditions générales de la théorie de l'interprétation afin de mieux
penser la spécificité des sciences de la culture, et notamment leur
méthode. Le défi qu'ont à relever de telles sciences est de parvenir à
constituer une objectivité sans pour autant se dissoudre dans un
objectivisme qui n'aurait plus que les dehors de la science et serait
incapable d'honorer la complexité des phénomènes culturels, sociaux et
historiques. De l'autre côté, il ne leur faut pas renoncer à une visée
de connaissance et d'explication, en déclarant le domaine de la culture
irréductible à la connaissance.
Depuis une dizaine d'années, on assiste, principalement en Allemagne, à
un renouvellement important de l'historiographie de l'herméneutique qui
met en lumière les apports méthodologiques de l'herméneutique générale
de l'Âge classique (L. Danneberg, A. Bühler, W. Alexander, O. R. Scholz,
J. Schönert et alii). Dans ses premières formulations explicites en
effet, l'herméneutique est une partie de la logique et vise donc à une
connaissance. Par ailleurs, l'herméneutique hérite de la tradition
exégétique, qui vise à extraire la signification pour un usage déterminé
d'un texte reconnu comme canonique, que ce soit dans le domaine
juridique, théologique ou littéraire. Ainsi deux inspirations, logique
et philologique, ont nourri la réflexion sur l'interprétation,
développant deux modèles critiques différenciés propres à la modernité.
Dans la première modernité des XVe-XVIe siècles (Frühe Neuzeit), de
Lorenzo Valla à Erasme, c'est un modèle philologique qui aboutit à
l'émergence d'un esprit critique : la promotion du jugement singulier
sur la tradition marque ainsi l'émergence de la conscience historique.
La raison critique issue de la philologie, qui inspire encore les
oeuvres de Spinoza, Le Clerc ou Bayle, par son attention portée à la
singularité historique, se distingue de la rationalité géométrique et
logique de la modernité scientifique de Galilée et Descartes, qui écarte
toute tradition textuelle de son interprétation de la nature au profit
de la géométrisation. L'herméneutique générale (hermeneutica generalis),
qui s'inscrit dans la perspective des traités de la méthode qui
fleurissent à partir du XVIe siècle, a proposé un modèle d'analyse des
discours conçus comme les pensées sur le mode de la genèse : elle
envisage l'ensemble des manifestations sensées comme une logique ou
sémiotique inversée (de J. Clauberg à G. F. Meier). Revenir sur la
dualité de ces modèles herméneutiques ainsi que sur leur portée critique
me paraît être une condition pour repenser le projet de "sciences de la
culture" dans son exigence de produire une connaissance d'un objet
singulier. A certains égards, on pourra suggérer comment la première
modernité philologique a pu fournir des instruments intellectuels à la
modernité scientifique, qui restent présents pour un Galilée, un Bacon
ou un Newton. Si l'enjeu des sciences de la culture est bien la
production d'un savoir et d'une argumentation sur le particulier, il est
de première importance de revenir sur les tentatives méthodologiques de
la première modernité en ce qu'elles ont tenté, avant la séparation
ultérieure des domaines de la science et de l'histoire, de rendre
intelligible et discutable les traditions.
Comprendre l'essor de la raison critique suppose donc d'envisager, à
côté de la raison scientifique galiléenne, la philologie et sa remise en
question des savoirs traditionnels. Le conflit d'interprétation devient,
avec la première modernité et singulièrement avec l'éclatement
confessionnel issu de la Réforme, le milieu d'exercice de la raison. La
diversification des savoirs est ainsi solidaire d'une pluralisation de
l'autorité. C'est pour faire apparaître cette dimension que je conduirai
l'investigation jusqu'à l'accomplissement d'un projet explicitement
critique avec Kant (qui cherche à penser la révolution newtonienne, mais
en empruntant le motif critique à la philologie).
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{FR, 12/06/2007}
L'OBSERVATOIRE DU PLURILINGUISME
Extrait de la Lettre d'information N°5 (mai 2007)
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/
1) Soutenir la Charte
2) Les dernières mises à jour du site
3) Agenda
4) Le jugement de Nanterre
5) L'économie des séjours linguistiques
1) La Charte européenne du plurilinguisme
Le plurilinguisme est lié étroitement à une conception culturelle de
l'Europe. La diversité culturelle et l'échange interculturel sont à la
base de l'identité de l'Europe et la source de sa créativité et de sa
renaissance. C'est cela, l'esprit de la Charte. Adhérer à la Charte,
c'est la signer. La Charte est un document de référence pour les
politiques linguistiques européennes. Mais elle est aussi un acte
citoyen dans la perspective des 2èmes Assises européennes du
plurilinguisme de 2008. Rendez-vous donc sur le site : prenez-en
connaissance et si vous êtes d'accord, cliquez sur le menu "Signer la
Charte en ligne" et suivez les instructions. [...]
Nous en profitons pour remercier chaleureusement les nombreuses
personnes qui ont signé la Charte, en ligne ou par courrier postal.
[...]
3) Agenda
[...]
Colloque Entreprise, cultures nationales, mondialisation : 6-7 décembre
2007, Nantes, date de remise des intentions de communication : 30 juin.
Pour en savoir plus :
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
index.php?option=com_content&task=view&id=722&Itemid=48
[...]
4) Le jugement de Nanterre
Nous saluons le jugement du tribunal de Nanterre qui a condamné la
société Europe Assistance à mettre à la disposition de ses personnels
des logiciels comptables et de gestion en français.
Il s'agit, après le jugement dans l'affaire Gems de mars 2006, d'une
nouvelle condamnation exemplaire, d'un comportement qui ne répond à
aucune rationalité économique et même expose les entreprises qui s'y
livrent à des coûts cachés et une perte d'efficacité économique.
Au niveau européen, il faut faire respecter le droit à la langue
nationale au travail.
5) L'économie des séjours linguistiques
Le développement des séjours linguistiques dans les différents pays
européens est un moyen essentiel pour favoriser un authentique
plurilinguisme européen. Lire le communiqué de l'UNOSEL (Union Nationale
des Organismes de Séjours Linguistiques et des Ecoles de Langues) :
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
index.php?option=com_content&task=view&id=697&Itemid=26
Quelques informations sur l'économie des séjours linguistiques permet de
souligner l'importance des enjeux.
Aujourd'hui, 88 % des séjours linguistiques sont dirigés vers des pays
anglophones (Royaume Uni, Etats-Unis et Canada). Cette situation est en
opposition avec l'état du monde.
Sur 6,6 milliards d'habitants sur terre, l'aire anglophone représente
environ 600 millions de locuteurs, le mandarin 1,3 milliards, l'espagnol
400 millions, l'arabe 200 millions, le portugais 200 millions, le
français 180 millions et l'allemand 125 millions.
La répartition des séjours linguistiques peut se comparer à celle
d'Internet il y a dix ans. 80 % des internautes étaient anglophones en
1996. Ce chiffre est passé à 49 % en 2000 et 27 % en 2005 (d'après
Global Reach). De 2000 à 2005, le nombre d'internautes a été multiplié
par 2,8.
Depuis 1984, l'objectif officiel de l'Union européenne est que tous les
jeunes atteignent la maitrise de 2 langues étrangères. La réalisation de
cet objectif devrait logiquement conduire à faire passer la part de
l'aire anglophone dans la répartition des séjours linguistiques
au-dessous de 50 %.
Par ailleurs, l'hyperconcentration des séjours linguistiques sur l'aire
anglophone fait clairement apparaitre qu'il s'agit présentement d'une
industrie dans laquelle les enjeux culturels sont soit absents,
l'attrait culturel de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis étant loin
d'être le motif principal du choix des familles, soit au contraire
omniprésent, dès lors qu'à travers la langue on impose des modèles
culturels.
Le rapport Grin
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
images/International/hceerapport_grin.pdf
a montré que la seule Grande-Bretagne tirait des séjours linguistiques
et des stages de langues organisés en Grande-Bretagne un bénéfice
commercial d'environ 18 milliards d'euros, soit 18 fois le budget de
traduction et d'interprétation de l'ensemble des institutions
communautaires.
En termes de choix d'opportunité, nous disons aux familles que
l'hyperconcentration sur l'offre anglophone est un mauvais service à
rendre aux enfants. Sans contester en aucune façon l'utilité d'une
maitrise suffisante de l'anglais, compte tenu de la banalisation
actuelle de l'anglais, le facteur de différenciation sur le marché du
travail est aujourd'hui la maitrise d'une seconde langue, voire d'une
troisième langue. La compétence linguistique et interculturelle est une
compétence rare et pleine d'avenir.
A signaler que la revue Langues Modernes a consacré son 1er numéro de
l'année 2007 au thème : "Séjours et échanges". Pour en savoir plus :
http://www.aplv-languesmodernes.org/article.php3?id_article=42
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
{MV, 06 et 10/07/2007}
RESSOURCES LINGUISTIQUES
Le CNRTL (Centre National de Recherche Textuelles et Lexicales,
http://www.cnrtl.fr/) a pour objectif le recensement, la documentation,
la normalisation, l'archivage, l'enrichissement et la diffusion de
ressources variées. La pérennité du service et des données est garantie
par l'adossement à l'UMR ATILF (CNRS - Nancy Université), le soutien du
CNRS ainsi que l'intégration au réseau européen CLARIN
(http://www.mpi.nl/clarin/).
Le CNRTL est théoriquement consacré aux ressources et aux outils
destinés à des recherches en TAL, en ingénierie linguistique ou en
linguistique de corpus (par exemple l'analyseur flexionnel Flemm, le
lexique Morphalou issu de la nomenclature du Trésor de la Langue
Française, normalisé et disponible au format XML). Mais il attirera un
public plus large grâce à plusieurs offres conviviales, consultables en
ligne sans qu'il soit nécessaire d'être un expert en manipulation de
données numérisées.
Outre une collection de dictionnaires variés interrogeables en ligne
(dictionnaires anciens, dictionnaires de l'Académie, etc.), on attirera
l'attention sur le Portail lexical : un ensemble de données
lexicographiques d'origine diverses (Trésor de la Langue Française de
l'ATILF, Dictionnaire de synonymes du CRISCO, concordances issues de
Frantext, etc.) rassemblées dans une interface unique de façon à
permettre une navigation agréable et pratique. L'ambition grand public
du Portail lexical ne fait pas de doute (il est possible d'installer
une barre d'outils dédiée dans le navigateur Firefox) ; ce portail
semble d'ailleurs destiné à se substituer au TLFi
(http://atilf.atilf.fr/tlf.htm) qui, en dépit d'une interface
vieillissante, propose davantage de possibilités d'interrogation.
L'offre en matière de corpus textuelle est, en revanche, encore
modeste, comparée à d'autres initiatives (par exemple, Wikisource :
http://fr.wikisource.org/). Elle est pour l'heure composée du corpus
DEDE (articles du Monde annotés morphosyntaxiquement suivant le schéma
d'annotation Multext) et de l'ensemble des textes libres de droits de
la base textuelle Frantext. Cet ensemble disparate est curieusement
nommé "Corpus Frantext", comme si le seul fait d'être libre de droits
lui assurait une cohésion philologique et lui allouait le statut de
corpus. Or, dans le contexte actuel, où de nombreux laboratoires ont la
possibilité de mettre en ligne à peu de frais plusieurs gigaoctets de
données textuelles de qualité variable, il conviendrait que le CNRTL,
pour se distinguer, puisse faire argument de l'excellence linguistique
de son offre. Autrement dit, aux objectifs quantitatifs aujourd'hui
atteignables sans mérite, il est utile d'adjoindre des objectifs de
qualité. Le CNRTL pourrait être le lieu de leur définition.
Cette perspective ne serait d'ailleurs pas en contradiction avec les
ambitions affichées (normalisation, maintenance et pérennisation),
toutefois, on peut se demander s'il est possible de concilier l'offre
TAL et ingénierique -légitime dans ce contexte mais encore
sous-représentée- et une offre grand public ergonomiquement soignée et
attractive, mais qui nécessite vraisemblablement davantage que de la
maintenance.
Cela dit, quelle que soit la direction qui sera finalement choisie, le
CNRTL constitue une initiative heureuse et opportune. Il mérite d'être
signalé et de rejoindre les signets de nos navigateurs.
Mathieu Valette
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Chabin, 11/05/2007}
VIENT DE PARAÎTRE
Marie-Anne CHABIN - Archiver, et après ?
Paris : Djakarta Editions, 2007
159 pages - ISBN 978-2-9528828-0-4
Tout le monde parle d'archivage.
Mais que faut-il archiver et pour quoi faire ?
Qui paie et qui en profite ?
Quelles responsabilités pour ceux qui archivent et ceux qui conservent ?
Quel impact du numérique sur ces questions ?
Marie-Anne Chabin apporte des réponses, fondées sur vingt-cinq années
d'expérience diversifiée.
Un éclairage vivant et prospectif sur les enjeux actuels de l'archivage.
Editions Djakarta. Avril 2007. Prix : 19 euros TTC (port inclus).
editions@djakarta.fr
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{FR, 12/06/2007}
COMPTE RENDU
Paru sur la liste Litor le 29/05/2007
Xavier Malbreil
Le livre d'Alexandra Saemmer, "Matières textuelles sur support
numérique" (Publications de l'Université de Saint Etienne) intéressera
tous ceux qui se sentent concernés par la façon dont, très précisément,
on peut rendre compte des oeuvres de littérature informatique.
J'écris "très précisément" assez précisément, et non pas de façon
purement rhétorique. C'est en effet tout l'intérêt de ce livre, qui
s'engage loin des sentiers battus et rebattus de la théorisation,
surtout dans ce domaine nouveau, où les ancêtres et fondateurs étant
peu, sont souvent, voire toujours, toujours les mêmes, cités. Or, il me
semble beaucoup plus facile de théoriser que de s'attaquer frontalement
aux textes. Prendre une oeuvre de littérature informatique, et la plier
en deux, puis quatre, puis huit, suppose en effet que l'on ait derrière
soi un très solide background théorique, ce qui est bien le cas de A
Saemmer pour aller se frotter au plus près avec le "comment on en
parle", et même avec le "comment ça parle".
Comment désigner par exemple le poème interactif que l'on découvre sur
son écran, poème qui ne cessera de se transformer à mesure des clics sur
les liens hypertextes, jusqu'à disparaître complètement : A Saemmer
propose le terme de "poème-géniteur", en étudiant au plus près le
toujours excellent "Explication de texte" de Boris du Boulay. Pourquoi
pas ? Le poème-géniteur, donc, serait le premier état du texte que l'on
découvre sur son écran, une fois que l'on a ouvert tel ou tel URL. A
mesure des clics, ce poème-géniteur pourra complètement disparaître...
mais sa trace restera : il aura été la matrice de tous les
développements contenus en germe par ce premier état.
Comment qualifier les liens, selon qu'ils permettent de progresser dans
une intrigue, ou selon qu'ils constituent une incise. Là encore, A
Saemmer propose des solutions.
Si tout le début de son livre, chapitre 1 et moitié du chapitre 2, sont
assez formels (les gages que l'on doit donner à l'institution
universitaire), tout le reste est heureusement beaucoup plus original,
pointu, et devrait faire date, parce que certaines oeuvres sont serrées
au plus près de ce que la critique peut, actuellement, faire.
Il sera intéressant de noter, par exemple, que A Saemmer se sert des
outils rhétoriques classiques, puis qu'elle tente de les requalifier. En
étudiant le poème interactif "20 ans après", de Sophie Calle, sur le
site de Panoplie.org, elle remarque que si les figures de style
classiques comme métalepse et métonymie peuvent être utilisées, il
faudra penser à en préciser le mode opératoire, pour mieux rendre compte
de leur fonctionnement. C'est là encore une réponse à une question
souvent posée sur la façon dont la critique textuelle peut aborder ces
nouveaux objets littéraires.
Toujours au cours de son examen de "20 ans après", elle remet en cause
la hiérarchisation entre "oeuvre de surface" et "oeuvre programmée" qui
vouerait la première à la ...superficialité et la seconde à la
profondeur. Pour ma part, j'ai toujours senti cette dénomination
"d'oeuvre de surface" comme une volonté de rejeter les oeuvres
non-programmées (encore que ce terme demanderait à être explicité) dans
l'enfer du faux-semblant, de la brillance inutile, de l'apparence
trompeuse.
Une oeuvre de littérature informatique, c'est pourtant d'abord ce que
l'on voit. Il y a déjà tellement de filtres entre l'oeil du lecteur
(appelons le encore lecteur) et la surface de l'écran, pour que le
syntagme "ce que l'on voit" soit assez complexe sans en rajouter. Que
voit-on en effet quand on regarde une oeuvre de littérature
informatique ? Pour peu que l'oeuvre soit en ligne, l'oeil du lecteur
devra d'abord opérer la discrimination entre les icônes propres à tel ou
tel navigateur, et le contenu de l'oeuvre elle-même. Une fois cela fait,
le lecteur pourra se trouver en face de mots qui sont autant, à présent,
à lire qu'à voir. Il verra aussi des images qui infléchissent le sens de
ces mots. Des signes qui l'alertent sur la présence d'un lien hypertexte
(ou qui le trompent, d'ailleurs, puisque les auteurs ont tout de suite
vu le parti qu'ils pouvaient tirer des habitudes de lecture).
On regrettera par ailleurs que certaines pistes annoncées ne soient pas
plus explorées, comme l'influence que pourraient avoir les productions
de littérature informatique et de net-art sur les arts appliqués, la
publicité, la communication, et pourquoi pas aussi, la littérature
traditionnelle, etc..
Mais c'est là une belle piste, que l'auteur suivra peut-être dans un
ouvrage à venir...
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{FR, 12/06/2007}
PARUTION
De quelle langue rêvaient-ils ?
Patrick Sériot
présente sa traduction en français de la correspondance de
Nicolas Troubetzkoy avec Roman Jakobson.
[N. Troubetzkoy, Correspondance avec Roman Jakobson et autres écrits,
Lausanne, Payot, 2006]
La correspondance de N. Troubetzkoy avec R. Jakobson (1920-1938) se
laisse lire à des niveaux différents. Elle intéresse donc des
disciplines très diverses. On l'abordera le 16 juin d'un point de vue
épistémologique, à partir d'une interrogation unique mais dense :
comment construit-on les objets dont on parle? Ce qui implique que les
dits objets ne préexistent pas ontologiquement à leur mise en discours.
Pour cela, je présenterai le monde intellectuel qui est à la base de
cette correspondance, laquelle nous donne accès à ce qui ne pouvait être
que soupçonné dans les articles scientifiques. Un monde de la totalité
platonicienne chez Troubetzkoy, une quête de l'essence du langage
poétique et de la slavitude chez Jakobson, tous deux étant obsédés par
l'idée de coïncidence/correspondance entre des séries non liées
génétiquement.
J'aborderai aussi la théorie du signe chez les orthodoxes, autour du
miracle de la Transfiguration au Mont Thabor, avec cette Lumière
incréée, qui n'est pas signe de la présence de Dieu mais manifestation
de l'énergie de l'essence divine. Nous aborderons donc la querelle de
l'iconoclasme. Cette problématique théologique, même si elle n'est
jamais nommée, forme la toile de fond de la correspondance : il n'y a
pas de séparation, pas de clivage entre signifiant et signifié, il y a
lien, fusion (donc confusion). Jakobson passe son temps à vouloir
dépasser (preodolet = aufheben, réflexe hégélien) les antinomies
saussuriennes. La dialectique chez Jakobson est une façon de refuser
toute béance, toute séparation : tout est lié à tout.
Enfin, je présenterai le mouvement politico-idéologique de l'eurasisme
sans lequel ces lettres seraient peu compréhensibles. Il s'agit d'une
théorie de la connaissance fondée sur l'idée de totalité, de mise au
jour de ce qui était caché (problématique fondamentalement
platonicienne : ce qui est invisible est plus réel que ce qui est
visible), d'un réel fait d'ordre et d'harmonie, en opposition radicale à
l'objet-langue tel qu'il est construit chez Saussure à partir de
l'élimination systématique de ce qui n'est pas pertinent dans la théorie
("le point de vue crée l'objet").
Patrick Sériot, Professeur, dirige l'Institut de linguistique slave de
l'Université de Lausanne.
__________________________
Quelque part en Europe, entre 1920 et 1938...
Cher Roman Osipovic...
Lettre 3. « Il convient que l'élève apprenne auprès de son maître, mais
reste critique à son égard » me dites-vous. Votre remarque vient de ce
que je me suis mal exprimé, et que je me suis perdu dans des détails
inutiles. En fait je voulais seulement montrer qu'aucune culture ne peut
se passer d'emprunts extérieurs, mais que l'emprunt n'implique pas
nécessairement l'excentrisme...
Lettre 4. Maintenant que j'ai compris (ou crois avoir compris) votre
point de vue, je me rends compte que vous aviez raison. La seule chose
qu'on puisse remettre en question est celle de savoir si la science de
la littérature doit se résumer à l'analyse que vous proposez. Il me
semble que l'on ne doit pas oublier que la littérature est un facteur de
la vie sociale...
Lettre 19. J'ai constamment de nouvelles idées. A ce propos, vous m'avez
parlé une fois du problème de la mutation vocalique de 'a devant les
consonnes postpalatales. Sur cette question j'en suis arrivé à la
conception suivante. La mutation vocalique ne concerne que "'a" issu de
"*" et uniquement devant "k" : mekky, pekny, jek, zajíkati se, lekati
se, klekati, dekovati, dík...
Lettre 27. Je rêve depuis longtemps de faire un travail sur le vers
folklorique russe mais, mis à part le manque de temps, il me manque
aussi certains livres que je n'arrive toujours pas à me procurer, -je
pense par exemple à Travaux de la Commission de musique et
d'ethnographie, Couplets populaires d'Eleonskaja, Contes et chansons de
la région de Belozërsk, etc. Ces livres sont indispensables pour rédiger
une monographie sur le vers folklorique russe.
Lettre 93. La perplexité de Polivanov devant la « mouillure emphatique »
s'explique en partie par le fait qu'il n'a pas lu mon article paru dans
Caucasica. Je ne le lui ai pas envoyé, car je n'étais pas certain
d'avoir la bonne adresse. Si cela ne vous ennuie pas, envoyez-lui votre
exemplaire et je m'engage à vous en envoyer un autre.
Lettre 95. Dostoïevski me rend complètement fou. Avant les vacances,
j'ai relu sa première période (avant l'exil). Je commencerai la
deuxième, la plus importante, après le Nouvel An. Je n'ai rédigé que 4
cours et il en faut 20 ! Et je dois y faire entrer tous ses grands
romans. Je dois tout faire en un mois. Or j'en ai par-dessus la tête et
je travaille horriblement mal et lentement.
Lettre 130. « (On nous identifie purement et simplement à l'Ecole de
Saussure, ce qui nous porte quelque tort ;...»....ce n'est pas ce que
nous avons l'habitude d'entendre par le mot « linguistes». Mais comme
en Angleterre rien n'est comme chez les gens normaux (on apporte les
lettres recommandées dans les boutiques de détail, on a le droit de
marcher sur les pelouses dans les jardins publics, le shilling se divise
en douze parties, etc.), il est fort possible que les véritables
linguistes se cachent dans un tout autre endroit, par exemple en
anthropologie ». ...« Malgré toute la correction des Français,
l'antipathie à votre égard s'est manifestée à plusieurs reprises dans
les paroles de Mazon comme dans celles de Vaillant. Par ailleurs il faut
dire que, outre une antipathie personnelle envers vous, se manifeste là
une certaine répulsion des Français pour les formes de la culture
eurasienne et danubienne par lesquelles s'exprime la phonologie
actuelle. Que cette empreinte spécifique est particulièrement marquée en
phonologie, j'ai pu facilement m'en rendre compte en discutant en même
temps avec Martinet et Novák »...
...Votre sincèrement dévoué
Prince N.S. Trubetzkoj
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{FR, 12/06/2007}
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Les nouveautés de la dernière édition
Texto, avril 2007, vol. XII, n° 2
Numéro coordonné par Sylvain Loiseau.
(Cliquer sur le titre de la page d'accueil)
NB. Dans ce numéro les publications sont au format PDF.
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Jean LASSÈGUE
Formes symboliques et émergence de valeurs :
pour une cognition culturalisée
Synthèse sur le concept de forme symbolique, en particulier chez
Cassirer, avec une réflexion sur les valeurs.
François RASTIER
Du réalisme au postulat référentiel
Par ses présupposés ontologiques, le réalisme philosophique entrave le
développement de la sémantique linguistique.
François RASTIER
Croc de boucher et rose mystique - enjeux présents du pathos
sur l'extermination
Une analyse des textes permet de déceler que le pathos sur
l'extermination semble pris dans le système des valeurs d'exaltation
qui l'ont permise.
Jean-Louis VAXELAIRE
Ontologie et dé-ontologie en linguistique :
le cas des noms propres
L'auteur propose d'effectuer l'étude des noms propres sans a priori
ontologiques, car ce sont des lexies que l'on observe dans les textes
et non des images de référents.
Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :
Yong-Ho CHOI
Le temps chez Saussure
(thèse, 2000. Réédition de Marges Linguistiques)
Depuis Godel, l'écart entre le Cours de linguistique générale et ses
sources ne cesse de se creuser. Dans ces conditions, la question se pose
de savoir comment lire Saussure. Il ne s'agit pourtant pas ici de se
réclamer du vrai Saussure mais d'essayer de comprendre les difficultés
auxquelles Saussure se heurte dans ses réflexions linguistiques, voire
sémiologiques. En plaçant le problème du temps au centre de la réflexion
de Saussure, l'auteur a effectué une lecture originale de la littérature
saussurienne.
Eugenio COSERIU
Du primat de l'histoire (1980) [trad. par Stijn Verleyen]
L'article propose une réflexion sur la priorité de l'approche historique
en linguistique, qui est la seule capable de rendre compte des langues
dans toute leur diversité.
Rossitza KYHENG
Principes méthodologiques de constitution et d'exploitation du
corpus saussurien (2007)
L'auteur soumet à la discussion une réflexion méthodologique portant sur
deux propositions : 1° limiter le corpus saussurien aux textes dont
l'auteur légitime est Ferdinand de Saussure en différenciant le corpus
de l'archive, 2° adopter les trois principes interprétatifs (principe de
l'authentique, du chronologique et du global) conformes à l'organisation
particulière du corpus saussurien pour mieux objectiver l'interprétation
des données dans l'étude de l'oeuvre de Ferdinand de Saussure.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
- En attendant Godot : de l'Absurde à l'Histoire
Dialogue entre Valentin et Pierre TEMKINE (mise à jour révisée et
augmentée), suivi de
Une démonstration littéraire : le cas Godot (P. TEMKINE),
En attendant Temkine (F. RASTIER), et
Ce que ça fait de ne rien en dire (P. TEMKINE)
En s'appuyant sur une relecture détaillée de En attendant Godot,
Valentin Temkine produit une interprétation globale renouvelant la
lecture de la pièce : à rebours des interprétations selon les canons du
"théâtre de l'Absurde", il restitue la pièce à l'Histoire en explicitant
les thèmes latents de l'Occupation et de la Shoah.
- Sur la poéticité du témoignage et les techniques de la littérature de
l'extermination
Deux dialogues entre Philippe MESNARD et François RASTIER (2007)
Où il est notamment question des rapports entre fiction et diction,
esthétique et éthique, hantise et conjuration dans le genre testimonial
et la littérature de l'extermination.
- Sciences de la culture et réductions vertueuses
Dialogue entre François RASTIER et Maurice TOUSSAINT (2007)
Variations sur le conflit entre courants réductionistes du cognitivisme
et sciences de la culture.
Dans la rubrique REPÈRES :
Thierry MEZAILLE
Pratiques pédagogiques littéraires assistées par Hyperbase
dans une optique thématique
Il s'agit ici de faire le point sur quelques activités de cours de
littérature en collège, dans une approche thématique, assistées du
logiciel HYPERBASE (de l'oeuvre complète au groupement de textes, voire
l'étude d'un genre, par mots-vedettes).
Marion PESCHEUX
Le feuilleton de l'anaphorisation : de "facettes" en "degrés"
Le "feuilleton" proposé est une exploration partielle et globale du
mécanisme d'anaphorisation dont la forme linguistique "observable" est
l'anaphore. Comme de très nombreuses recherches ont été menées sur
l'anaphore et qu'il est encore aujourd'hui impossible de "réduire"
simplement le phénomène, un premier épisode passera en revue diverses
définitions de l'anaphore, pour laisser la place à un éclairage sur les
arrières-plans extralinguistiques : mémoire, reconnaissance, etc. Des
approches seront alors plus détaillées dans un troisième temps : du
point de vue argumentatif, référentiel, et textuel. Enfin, des questions
et propositions seront ouvertes, qui, d'une certaine façon, tentent de
dire que si l'anaphorisation est bien un moyen d'assurer l'isotopie d'un
discours, ce mécanisme, selon nous, est de nature "instructionnelle"
(ou argumentative si l'on préfère).
Astrid GUILLAUME
Traductologie et enseignement de traduction à l'université
Exercices en ligne :
Niveau 2
Exercice 4 par Carine Duteil-Mougel (2007)
Parcours interprétatifs au sein d'une annonce publicitaire.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Emmanuel FAYE
Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie
Préface à la seconde édition.
Kurt FLASCH
C'était bien un philosophe national-socialiste
À l'occasion de la parution du livre d'Emmanuel Faye "Heidegger,
l'introduction du nazisme dans la philosophie", Kurt Flasch revient sur
l'engagement nazi du philosophe.
Véronique MAGAUD
Compte rendu critique de lecture de
Burger, M., Martel, G., (dir.),
Argumentation et communication dans les médias (2005)
LIVRES-E
François RASTIER
Semantics and cognitive science,
chap. III, From the concept to the signified
Eugenio COSERIU
Synchronie, diachronie et histoire (1958)
Le célèbre ouvrage de Coseriu traduit en français par Thomas Verjans.
Dans la rubrique LIENS ET LIANES :
- Observatoire Europen du Plurilinguisme
Structure de mutualisation et de coopération entre partenaires du
plurilinguisme, dont le principe est de réunir dans une même démarche
des décideurs, des chercheurs et des membres de la société civile pour
poser clairement les questions linguistiques dans leurs enjeux
politiques, culturels, économiques et sociaux au niveau des institutions
europeénnes et de chacun des Etats membres.
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php
MISE À JOUR
Régis MISSIRE
Sémantique des textes et morphosémantique de l'interprétation
(Thèse)
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 12/06/2007}
Carine DUTEIL
Sémiotique des cultures
[NDLR : Les figures ayant dû être redessinées en mode texte, elles ne
s'affichent correctement qu'en affichant les caractères dans une police
non proportionnelle, par exemple "Courrier".
D'une manière générale d'ailleurs, il est très recommandé d'utiliser un
tel jeu de caractères (non proportionnel, type Courrier) pour la
visualisation des bulletins SdT, car leur mise en page est conçue pour
cela.]
* L'opposition Nature / Culture
On oppose traditionnellement Nature et Culture, en cherchant à
déterminer en l'homme la part de ce qui revient à la nature et de ce qui
revient à la culture. Mais cette opposition entre la Nature et la
Culture est remise en cause au sein de l'anthropologie elle-même.
On doit notamment à Claude Lévi-Strauss l'étude des liens entre nature
et culture, dans les systèmes de parenté et la production des mythes.
Cherchant à établir la cohérence significative des systèmes de parenté,
et s'inspirant des travaux de l'anthropologie anglo-saxonne et de
certains écrits de l'École française de sociologie[1], Lévi-Strauss met
l'accent sur les notions d'échange et de réciprocité. Selon l'auteur,
c'est la prohibition de l'inceste, obligeant les hommes à communiquer,
qui fonde la société humaine. Elle « constitue la démarche fondamentale
grâce à laquelle, par laquelle, mais surtout en laquelle, s'accomplit le
passage de la nature à la culture. » (1967, p.29). Agissant et imposant
sa règle, elle affirme « la prééminence du social sur le naturel » et
fait de l'échange matrimonial « le passage du fait naturel de la
consanguinité au fait culturel de l'alliance » (ibid.)
Prolongeant l'étude des structures complexes de la parenté, Lévi-Strauss
consacre les quatre volumes des Mythologiques (1964-1971) à l'analyse
structurale d'un corpus de récits mythiques. L'auteur étudie les
relations que tissent les mythes entre eux et montre comment ces mythes
et leurs variantes sont des transformations d'autres mythes. L'étude
s'inscrit dans le cadre de la mythologie comparée, fondée par Max
Müller[2], et développée par Georges Dumézil notamment dans ses travaux
sur les mythologies anciennes[3] et sur l'idéologie des peuples
indo-européens de l'Antiquité[4].
* La voie de la sémiotique générale
Une fois dépassée l'antinomie nature / culture, la réflexion peut passer
de la culture comme concept philosophique aux cultures comme objets
scientifiques. Les études de textes (épiques, mythiques, folkloriques,
notamment) font partie, comme le rappelle François Rastier, de
l'activité ordinaire des linguistes de Steinthal à Bréal[5], de
Saussure[6] à Dumézil. La linguistique générale de Saussure s'appuie
ainsi sur des études de poétique et de mythologie, et Rudolf Engler
(1980, p. 14) souligne que « sémiologie linguistique et sémiologie
mythographique se correspondent presque absolument, les quelques
différences s'expliquant par l'application d'un même principe à un
domaine plus vaste, structuralement moins serré que la langue ».
Rappelons que le projet saussurien d'une sémiologie naît de la volonté
de définir l'ordre scientifique auquel appartient la linguistique :
« On a discuté pour savoir si la linguistique appartenait à l'ordre des
sciences naturelles ou des sciences historiques. Elle n'appartient à
aucun des deux, mais à un compartiment des sciences qui, s'il n'existe
pas, devrait exister sous le mot de sémiologie [...] le système
sémiologique 'langue' est le seul [...] qui ait eu à affronter cette
épreuve de se trouver en présence du Temps, qui ne soit pas simplement
fondé de voisin à voisin par mutuel consentement, mais aussi de père en
fils par impérative tradition, et au hasard de ce qui arriverait en
cette tradition, chose hors de cela inexpérimentée, non connue ni
décrite. » (Saussure Ferdinand de, 1974, Cours de linguistique
générale, II, p. 47). La linguistique peut ainsi être définie comme la
sémiotique des langues et des textes, elle relève en cela d'une
sémiotique des cultures.
* Les sciences de la culture
L'expression « sémiotique des cultures » (ou de la culture) renvoie à
l'école de Tartu (Ivanov, Lotman, Ouspenski, Lekomcev notamment) et
vient sans doute de la littérature comparée, le domaine de son principal
animateur Iouri Lotman. On doit à Lotman le concept de sémiosphère
(1999) : la sémiosphère correspond à l'espace sémiotique complet occupé
par une culture donnée[7]. La culture dans son ensemble peut être
considérée comme un texte : « Pourtant, il faut prendre en considération
que c'est un texte complexe, qui se divise en une hiérarchie de "textes
dans les textes" entrelacés » (2003, p. 81). Ainsi, la dynamique de la
culture ne peut être présentée « ni comme un processus immanent isolé,
ni comme une sphère passive des influences extérieures. Ces deux
tendances se réalisent en une tension réciproque dont elles ne peuvent
s'abstraire sans altération de leur essence même. » (ibid., p. 137).
Poursuivant un objectif de caractérisation, une sémiotique des cultures
se doit d'être différentielle et comparée, car une culture ne peut être
comprise que d'un point de vue cosmopolitique ou interculturel : pour
chacune, c'est l'ensemble des autres cultures contemporaines et passées
qui joue le rôle de corpus[8].
L'ouvrage "Une introduction aux sciences de la culture" dirigé par
François Rastier et Simon Bouquet offre un riche aperçu des programmes
pluridisciplinaires actuels qui entendent repenser l'articulation des
sciences cognitives et des sciences de la culture[9] dans le cadre d'une
anthropologie sémiotique, sur laquelle se fonde précisément le projet
d'une sémiotique des cultures. Ce projet apparaît comme l'héritier du
programme anthropologique de Humboldt : « Il faut étudier le caractère
des sexes, âges, tempéraments, nations, etc., avec autant de soin que
les sciences naturelles étudient les races et variétés du monde animal.
Quoi qu'il ne s'agisse à proprement parler que de savoir combien divers
l'homme peut être, il faut faire comme s'il s'agissait de déterminer
combien divers est en fait l'homme individuel »[10].
Font partie des sciences de la culture des disciplines comme les
ethnosciences, l'anthropologie, la paléontologie, l'éthologie humaine,
l'archéologie, la linguistique historique et comparée, disciplines au
sein desquelles une conception nouvelle de la genèse des cultures et de
l'émergence du monde sémiotique (systèmes sémiotiques dont le langage),
devrait se poursuivre et rejoindre le projet sémiotique de Saussure.
L'autonomie et la complexité du sémiotique sont liées à la transmission
du patrimoine sémiotique, qui a accompagné et permis la genèse des
cultures. « Ce moment de la phylogenèse se continue dans l'histoire,
avec un détail temporel plus fin. L'apprentissage, défini comme un
processus d'héritage des valeurs et des signes, le spécifie encore dans
l'ontogenèse. Le temps culturel fait ainsi médiation entre le temps de
l'espèce et celui de l'individu. » (Rastier, 2003b).
La diversification des pratiques techniques et sémiotiques apparaît
comme caractéristique des cultures humaines ; cette spécificité
sémiotique de l'environnement humain en fait un entour.
« Le cercle fonctionnel de l'homme ne s'est pas seulement élargi, il a
également subi un changement qualitatif. L'homme a, pour ainsi dire,
découvert une nouvelle méthode d'adaptation au milieu. Entre les
systèmes récepteur et effecteur propres à toute espèce animale existe
chez l'homme un troisième chaînon que l'on peut appeler système
symbolique. [...] L'homme ne vit plus dans un univers purement matériel,
mais dans un univers symbolique. Le langage, le mythe, l'art, la
religion sont des éléments de cet univers. [...] L'homme ne peut plus se
trouver en présence immédiate de la réalité ; il ne peut plus la voir,
pour ainsi dire, face à face. La réalité matérielle semble reculer à
mesure que l'activité symbolique de l'homme progresse. Loin d'avoir
rapport aux choses mêmes, l'homme, d'une certaine manière, s'entretient
constamment avec lui-même. Il s'est tellement entouré de formes
linguistiques, d'images artistiques, de symboles mythiques, de rites
religieux, qu'il ne peut rien voir ni connaître sans interposer cet
élément médiateur artificiel. » (Cassirer, 1975, Essai sur l'Homme,
tr. fr. N. Massa, éd. de Minuit, pp. 42-44).
* Le monde sémiotique
Le monde sémiotique sert ainsi de médiation (médiation sémiotique) entre
le monde physique (appelé arrière-monde) et le monde des
(re)présentations (les états internes des sujets humains). Nous
reprenons ici le dispositif présenté par Rastier, qui adapte les
concepts de Umwelt -le monde propre des individus- et de Welt définis
par Uexküll (1956 [1934]) :
niveau des (re)présentations ^
Entour (Umwelt) : ____________________________ |
médiation
niveau sémiotique sémiotique
------------------------------------------------------ |
Arrière-Monde (Wet) : niveau phéno-physique v
« L'entour est composé des niveaux présentationnel et sémiotique des
pratiques. Le niveau physique n'y figure pas en tant que tel, mais en
tant qu'il est perçu, c'est-à-dire dans la mesure où il a une incidence
sur les présentations ("d'objets" ou de signifiants) » (Rastier, 2002,
« Anthropologie linguistique et sémiotique des cultures », p. 247).
La réflexion sur le sémiotique en tant que domaine scientifique -plutôt
que sur la sémiotique en tant que discipline scientifique- amène à
privilégier l'étude des performances sémiotiques complexes dont les
textes[11], comme à les contextualiser au sein des pratiques de
production et d'interprétation où ils prennent sens. La première
entreprise d'une sémiotique des cultures consiste alors en l'étude des
textes ; maintes disciplines y participent au premier rang desquelles la
linguistique et en son sein, la sémantique interprétative.
* Performances sémiotiques et praxéologie
La perspective praxéologique de la sémantique interprétative
(praxéologie entendue comme théorie de l'action dans et par le langage)
permet de relier les textes à leur entour social et historique[12]. Tout
texte se rattache à la langue par un discours (relatif à une pratique
sociale) et à un discours par la médiation d'un genre :
PRATIQUE SOCIALE - Sphère linguistique
_______________________________
| |
| DISCOURS |
| ------------------------ |
| | champ générique | |
| ____________ |
| | ( Genre ) | |
| ( _________ ) |
| | ( | | ) | |
| ( | TEXTE | ) |
| | ( |_________| ) | |
| (______________) |
| | | |
| ------------------------ |
|_______________________________|
La notion de pratique sociale renvoie à la division du travail. Chaque
pratique sociale délimite un domaine d'activité et un discours qui
l'articule. Entre les discours et les genres, les champs génériques
regroupent les genres en co-évolution qui contrastent, voire rivalisent
dans un champ pratique. Soit les correspondances suivantes :
INSTANCES SOCIALES | INSTANCES LINGUISTIQUES
praxéologie |
-------------------------------------------------------
Domaine d'activité | Discours
Champ pratique | Champ générique
Pratique | Genre
Cours d'action | Texte
Les textes sont conçus comme des cours d'action productive et
interprétative. Les unités sémantiques sont alors définies comme des
points de stabilisation de parcours génératifs et interprétatifs[13].
Le sens d'un texte ne se déduit pas d'une suite de propositions, mais
résulte du parcours de formes sémantiques liées à des formes
expressives[14]. La sémiosis textuelle est ainsi conçue comme un
ensemble de déterminations réciproques résultant de parcours
interprétatifs qui passent sans cesse de l'expression au contenu et du
contenu à l'expression[15].
Étendue aux relations d'interprétation entre passages de performances
relevant de sémiotiques différentes, la théorie des parcours
interprétatifs permet alors d'aborder le problème des interactions
polysémiotiques, qui relève de plein droit de la sémiotique.
* Des signes aux pratiques
L'intersémioticité est un problème fondateur pour les sciences de la
culture : « à l'exception des algèbres qui par définition ne relèvent
que d'un seul système de signes et dont l'interprétation peut être
différée le temps du calcul, toutes les performances sémiotiques et les
objets culturels qui en résultent procèdent de la mise en interaction
réglée de plusieurs systèmes de signes. » (Rastier, 2003a : 235-236,
note 27).
On ne pourra décrire la complexité sémiotique des cultures qu'en
développant la problématique de la description des performances
polysémiotiques, en particulier les textes (le caractère polysystémique
et polysémiotique des langues et des textes[16] a d'ailleurs été
négligé), ce qui est la contribution propre de la linguistique aux
sciences de la culture.
Le développement de la sémiotique des cultures appelle enfin à une
refondation interprétative de la sémiotique pour dépasser les typologies
des signes, des codes et des systèmes, en problématisant dans toute leur
complexité les performances et les pratiques.
Carine Duteil-Mougel (ENSIL, Limoges)
Ouvrages cités :
Bréal M., 1877, Mélanges de mythologie et de linguistique, Paris,
Hachette.
Cassirer E., 1991 [1936-1939], Logique des sciences de la culture,
Paris, Cerf.
Cassirer E., 1975, Essai sur l'Homme, tr. fr. N. Massa, Paris, éditions
de Minuit.
Dumézil G., 1942-1947, Mythes romains (I. Horace et les Curiaces,
1942 ; II. Servius et la Fortune -Essai sur la fonction sociale de
louange et de blâme et sur les éléments indo-européens du cens romain,
1943 ; III. Tarpeia -Essais de philologie comparative indo-européenne,
1947), Paris, Gallimard.
Dumézil G., 1958, L'Idéologie tripartie des Indo-Européens, Coll.
Latomus.
Dumézil G., 1968-1973, Mythe et épopée (I. L'idéologie des trois
fonctions dans les épopées des peuples indo-européens, 1968 ; II. Types
épiques indo-européens : un héros, un sorcier, un roi, 1971 ;
III. Histoires romaines, 1973), Paris, Gallimard.
Engler R., 1980, « Sémiologies saussuriennes, 2. Le canevas », C.F.S.,
34, pp. 3-16.
Granet M., 1939, Catégories matrimoniales et relations de proximité dans
la Chine ancienne, Paris, Alcan.
Humboldt W. von, 1903-1936, Gesammelte Schriften, Berlin, Behr, 17 vol.
Humboldt W. von, 1995, Le XVIIIe siècle. Plan d'une anthropologie
comparée, J. Quillien et C. Losfeld (éds.), Lille, PUL [cf. 1903,
Gesammelte Schriften, I., A. Leitzmann (éd.), Berlin, Behr, pp.377-410].
Lévi-Strauss C., 1967, Les Structures élémentaires de la parenté, La
Haye-Paris, Mouton (1ère éd. Paris, PUF, 1949).
Lévi-Strauss C., 1964-1971, Mythologiques (1. Le cru et le cuit, 1964 ;
2. Du miel aux cendres, 1966 ; 3. L'origine des manières de table,
1968 ; 4. L'homme nu, 1971), Paris, Plon.
Lotman I., 1990, Universe of the Mind : A Semiotic Theory of Culture,
translated by A. Shukman, London, I.B. Tauris.
Lotman I., 1999, La sémiosphère, Limoges, PULIM.
Lotman I., 2003, L'explosion et la culture, Limoges, PULIM.
Mauss M., 1924, « Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans
les sociétés archaïques », L'Année Sociologique, seconde série,
1923-1924.
Müller M., 1859, Essai de mythologie comparée, Paris, A. Durand.
Müller M., 2002, Mythologie comparée (Essais sur la mythologie comparée,
les traditions et les coutumes (1873) et Nouvelles études de mythologie
(1898)), éd. critique établie, prés. et annotée par P. Brunel, Paris,
R. Laffont.
Rastier F., à paraître, « Saussure et la science des textes », Actes du
Colloque international « Révolutions saussuriennes », Genève, 20-22 juin
2007.
Rastier F., 2006a, « La structure en question », Janus, 6, pp. 93-104.
[aussi Texto ! Vol. XII, n°1,
http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Rastier/Rastier_Structure.pdf]
Rastier F., 2006b, « Formes sémantiques et textualité », Langages, 163,
pp. 99-114 [aussi Texto !, Vol. XI, n°3-4,
http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/
Rastier_Formes-semantiques.html].
Rastier F., 2006c, « Sémiotique et sciences de la culture », Texto !,
Vol. XI, n°3-4,
http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Rastier/
Rastier_Intro-Semiotique.pdf
Rastier F., 2003a, « Parcours de production et d'interprétation », in
A. Ouattara (éd.), Parcours énonciatifs et parcours interprétatifs,
Ophrys, pp. 221-242.
Rastier F., 2003b, « Le langage comme milieu : des pratiques aux
oeuvres », Texto !, Vol. VIII, n°4,
http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/Rastier_Langage.html.
Rastier F., 2002, « Anthropologie linguistique et sémiotique des
cultures », in F. Rastier & S. Bouquet (éds.), Une introduction aux
sciences de la culture, Paris, PUF, pp. 243-267.
Rastier F., 2001, Arts et sciences du texte, Paris, PUF.
Rastier F. & Bouquet S., 2002, Une introduction aux sciences de la
culture, Paris, PUF.
Turpin B. (éd.), 2003, « La légende de Sigfrid et l'histoire burgonde »,
présentation et édition de Béatrice Turpin, in S. Bouquet (éd.),
Saussure, Paris, éditions de l'Herne, pp. 351-429.
Saussure Ferdinand de, 1974, Cours de linguistique générale, édition
critique par R. Engler, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, Tome 2,
Appendice, notes de F. de Saussure sur la linguistique générale.
Saussure Ferdinand de, 1986, Le leggende germaniche, A cura di Anna
Marinetti et Marcello Meli, Este, Libreria editrice Zielo.
Uexküll J. von., 1956 [1934], Mondes animaux et mondes humains, Paris,
Denoël.
Notions (propositions) : sémiosphère, texte, genre, discours, pratique
sociale, sens, interprétation, forme sémantique, forme expressive,
parcours interprétatif, sémiosis, expression, contenu, performance
sémiotique, intersémioticité.
[1] Tout particulièrement l'« Essai sur le don. Forme et raison de
l'échange dans les sociétés archaïques » de Marcel Mauss (in L'Année
Sociologique, seconde série, 1923-1924) et l'ouvrage de Marcel Granet,
Catégories matrimoniales et relations de proximité dans la Chine
ancienne (1939, Paris, Alcan).
[2] Essai de mythologie comparée, 1859, Paris, A. Durand.
[3] Mythes romains (1942-1947 : I. 1942 ; II. 1943 ; III. 1947) ; Mythe
et épopée (1968-1973 : I. 1968 ; II. 1971 ; III. 1973), Paris,
Gallimard.
[4] L'Idéologie tripartie des Indo-Européens, 1958, Coll. Latomus.
[5] Cf. Bréal M., 1877, Mélanges de mythologie et de linguistique,
Paris, Hachette.
[6] Cf. Saussure Ferdinand de, 1986, Le leggende germaniche, A cura di
Anna Marinetti et Marcello Meli, Este, Libreria editrice Zielo.
Cf. également Turpin B. (éd.), 2003, « La légende de Sigfrid et
l'histoire burgonde », présentation et édition de Béatrice Turpin, in
S. Bouquet (éd.), Saussure, Paris, éditions de l'Herne, pp. 351-429.
[7] "By analogy with the biosphere (Vernadsky's concept) we could talk
of a semiosphere, wich we shall define as the semiotic space necessary
for the existence and functioning of languages" (Lotman I., 1990, p.
123) ; "The unit of semiosis, the smallest functioning mechanism, is not
the separate language but the whole semiotic space of the culture in
question. The semiosphere is the result and the condition for the
development of culture ; we justify our term by analogy with the
biosphere, as Vernadsky defined it, namely the totality and the organic
whole of living matter and also the condition for the continuation of
life." (ibid., p. 125).
[8] Cf. Rastier, 2006c.
[9] Expression empruntée à Cassirer (1991 [1936-1939]) : Zur Logik der
Kulturwissenschaften.
[10] Humboldt W. von,, 1903, « Plan d'une anthropologie comparée », in
GS, I, p. 390 ; tr. fr. in J. Quillien et C. Losfeld (éds.), 1995,
Lille, PUL.
[11] Sont appelées performances sémiotiques l'ensemble des productions
qui relèvent d'un ou plusieurs systèmes de signes (opéras, films,
rituels, etc.). Les textes sont les performances sémiotiques qui
relèvent des langues.
[12] Cf. Rastier, 2001.
[13] Cf. Rastier, 2006a.
[14] Les formes sémantiques peuvent être décrites comme des molécules
sémiques, petits réseaux sémantiques dont les n?uds sont des sèmes et
les liens des cas. Les formes expressives sont des molécules phémiques
(la notion de phème désigne tout élément de l'expression - phonologique,
prosodique, graphique, ou ponctuationnel). Cf. Rastier, 2006b.
[15] Cf. Rastier, à paraître.
[16] Normes socialisées (genres, discours), idiolectes (styles), tons,
mouvements ; systèmes graphiques et typographiques, prosodiques,
gestuels, etc.
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Appels et annonces Appels et annonces Appels et annonces Appels
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{Heiden, 29/06/2007}
COLLOQUE
JADT 2008 - Premier appel à communications
9es Journées internationales
d'analyse statistique des données textuelles
du 12 au 14 mars 2008
à l'Ecole normale supérieure Lettres et sciences humaines Lyon, France
http://www.jadt.org/
Les journées internationales d'analyse statistique des données
textuelles (JADT) réunissent tous les deux ans, depuis 1990, des
chercheurs travaillant dans les différents domaines concernés par les
traitements automatiques et statistiques de données textuelles. Elles
permettent aux participants de présenter leurs résultats, de confronter
leurs outils et leurs expériences.
[...]
* Calendrier
Date limite de soumission : 15 octobre 2007
Notification des acceptations aux auteurs : 27 novembre 2007
Version finale : 20 décembre 2007
Conférence : 12-14 mars 2008
* Thèmes de la rencontre
- Textométrie, statistique textuelle
- Analyse exploratoire de données textuelles
- Corpus de textes, représentations textuelles et hypertextuelles
- Linguistique de corpus
- Traitement automatique du langage naturel : étiquetage,
lemmatisation, enrichissement linguistique
- Analyse statistique de réponses à des questions ouvertes
- Fouille de données textuelles (text mining)
- Classification de textes, cartographie lexicale et textuelle
- Recherche documentaire, recherche d'informations
- Edition outillée de textes numériques
- Logiciels pour l'analyse textuelle
- Méthodologie et usages en analyse de corpus de textes
- Formation aux méthodes et aux outils d'analyse de corpus de textes
* Langues autorisées pour les présentations
Les présentations pourront se faire dans l'une des langues suivantes :
français, anglais, espagnol, italien. Aucune traduction simultanée
n'est prévue.
[...]
* Informations et Contact
site web : http://www.jadt.org/
adresse mail : jadt2008@ens-lsh.fr
adresse postale :
Serge Heiden, JADT 2008
Laboratoire ICAR - ENS-LSH
15 parvis René Descartes - BP7000
69342 Lyon Cedex 07
FRANCE
téléphone : +33 (0)4 37 37 63 12 ; fax : +33 (0)4 37 37 62 65
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Résumé: 2007_10_12
________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 4.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Nos autem, qui mundus est patria velut piscibus
equor [...] rationi magis quam sensui spatulam
nostri iudicii podiamus.
Dante, De vulgari eloquentia, I, vi, 3.
[Nous cependant, pour qui le monde est patrie
comme l'eau pour les poissons, [...] nous
appuyons notre jugement plutôt sur la raison
que sur les sentiments.]
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 12 nouveaux abonnes.
2- Carnet
- Seminaire de Bernard Pottier
- Seminaire de Francois Rastier
- Seminaire d'Irene Rosier-Catach
- Note concernant la diffusion du texte de Carine Duteil,
"Semiotique des cultures", paru dans le precedent SdT.
- Compte-rendu du seminaire de Pierre Judet de la Combe
3- Textes
- Saussure et la philologie
- Eugenio Coseriu : La linguistica del texto como hermeneutica
del sentido
4- Appels : Colloques et revues
- Revue Lexicometrica : Topographie et topologie textuelles
- Nouvelles approches en linguistique textuelle, Bruxelles,
22-24 mai 2008.
- JADT 2008 : extension de date limite de soumission
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 01 et 08/10/2007}
SEMINAIRES
1. Le séminaire de Sémantique générale de Bernard POTTIER :
Etude des processus de conceptualisation qui conduisent aux choix
sémantico-syntaxiques de discours. Hypothèses concernant les mécanismes
mentaux qui conditionnent le fonctionnement des catégories
grammaticales et les combinatoires lexico-grammaticales. Exemples
français, espagnols et de langues présentant des faits originaux.
Réflexions sur les universaux du langage.
Ouvert aux étudiants intéressés par le sujet. Inscription libre lors
des séances.
Université de Paris-IV (La Sorbonne) - 1 rue Victor Cousin, 75230 Paris
Escalier F, 2e étage, salle 368.
Métro : Saint-Michel, Odéon, ou Cluny-la-Sorbonne
RER : Luxembourg, ou Cluny-la-Sorbonne
Le samedi, de 10 heures à 13 heures :
17 et 24 novembre, 1 et 15 décembre, 12 et 19 janvier 2008
_____________________
2. Séminaire Sémantique des textes, année 2007-2008
François RASTIER
Directeur de recherche
CORPUS, CONNAISSANCES ET LINGUISTIQUE DES TEXTES
Thèmes abordés : - La linguistique des textes, la linguistique des
langues et la linguistique du langage. - Corpus et connaissances. -
Les concepts comme formes sémiotiques. - Unités textuelles et passages.
- Sémantique des textes et analyse de la doxa. - Pour une sémantique du
web. - De la sémantique des valeurs à une sémiotique des cultures.
Institut national des langues et civilisations orientales [Centre de
Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de Lille, 75007 Paris -
Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage, salle 223.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Six séances le jeudi, une le mercredi.
Les jeudis 10, 17, 24 janvier ; jeudi 7 février ; jeudi 20 mars ;
mercredi 26 mars ; jeudi 3 avril. Horaire : de 17h30 à 19h15.
Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
Références : http://www.revue-texto.net
_____________________
3. Ecole Pratique des Hautes Etudes - Section sciences religieuses
conférences 2007-2008
http://www.ephe.sorbonne.fr/
index.php?option=com_content&task=view&id=268&Itemid=246
A partir de novembre 2007
Arts du langage et théologie au Moyen Âge
Directeur d'études : Mme Irène Rosier-Catach
1 - Les Glosulae, Guillaume de Champeaux, Abélard. Aspects sémantiques
et ontologiques de la paronymie.
2 - Virtus verborum. Regards croisés sur le Moyen Âge et l'époque
classique, avec la collaboration de Martin Rueff.
Les mardis de 9h à 11h, salle Vignaux [S].
3 - Avec Laurent Mayali : sémantique et droit chez les docteurs
médiévaux (XIIème/XIIIème siècles) : questions de sens.
Du 2 au 7 juin 2008.
Prière de prendre contact : irene.catach@wanadoo.fr
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{Duteil, 12/07/2007}
ADDENDUM
Le texte "Sémiotique des cultures", dans la rubrique Textes du SdT
précédent (vol.13 n.3), est à paraître prochainement dans le
Vocabulaire des Etudes Sémiotiques
Driss Ablali et Dominique Ducard (dir.)
Presses Universitaires de Franche-Comté & Presses Universitaires de la
Sorbonne, 2008.
A la demande des éditeurs, la diffusion de ce texte de Carine Duteil
doit rester limitée : si les lecteurs de SdT ont pu en bénéficier, il
leur est demandé de ne pas rediffuser ce texte sans s'être assuré
préalablement de l'accord des éditeurs.
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{FR, 01/10/2007}
COMPTE RENDU DE SEMINAIRE
Pierre Judet de la Combe
Directeur de recherche, EHESS
Compte rendu 2006-2007
Intitulé général du séminaire :
L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
Intitulé pour l'année 2006-2007 :
Poésie et prétentions à la validité. Hésiode et Archiloque.
De manière à définir la spécificité des validités revendiquées par la
composition poétique grecque archaïque dans la variété de ses formes et
de manière à sortir ainsi tant des schémas évolutionnistes de
l'histoire littéraire que de ses interprétations fonctionnalistes, qui,
sur un mode en fait romantique, supposent une adéquation nécessaire
entre le dire effectif des poèmes et les contraintes sociales d'une
situation énonciative donnée, nous sommes partis de la différenciation
des validités inhérentes au discours telle que l'ont explorée
J. Habermas et K.-O. Appel. Cette différenciation nous intéressait dans
la mesure, d'abord, où elle permet de distinguer des orientations de la
parole (cognitives, normatives, expressives), puis où elle fait
problème pour une culture où cette distinction, bien qu'opérante, n'est
pas thématisée. Il s'agissait par là de restituer aux poèmes leur
caractère historique, doublement : à un niveau général, par la
description et l'articulation des types de vérité propres à une culture
auxquels un poème pouvait se référer, et à un niveau individuel, par la
reconstruction du travail, chaque fois renouvelé, opéré sur ces vérités
(comme l'indique le terme "prétention"). Il était utile pour cela de
traiter parallèlement deux poésies correspondant à des formes bien
distinctes de la poétique archaïque, la poésie hymnique d'éloge, avec
Hésiode, et la poésie de blâme, représentée par Archiloque. Ces
traditions traitent différemment la question du rapport entre contenu
du poème et moment présent de son énonciation et donc de la pertinence
du discours, et par ailleurs établissent leur opposition par des
emprunts réciproques importants : Hésiode fait usage de l'injure pour
définir les vérités nouvelles que sa poésie s'efforce d'atteindre ;
Archiloque construit des situations "prosaïque" d'inimitié à partir du
patrimoine formulaire et thématique de la poésie d'éloge qu'est
l'épopée.
Lors des séances sur Hésiode, nous sommes partis de l'hypothèse que
l'exposé de contenus nouveaux dans les domaines de la théogonie, de la
justice et du travail s'argumente sur la base d'une reconstruction
critique de la pertinence relative de l'ensemble des formes
traditionnelles de composition poétique (hymne, épopée, poésie
didactique, poésie de blâme). Le critère de l'évaluation est donné par
la définition du présent chaque fois nécessaire, comme milieu propice à
une activité spécifique, obéissant à une logique propre. Selon la
Théogonie, le fondement du pouvoir juridique des rois, qui leur est
conféré par Zeus, ne peut être défini à partir des situations présentes
qu'ils ont à régler, mais seulement du dehors, par un discours sur la
généalogie divine qui au présent immédiat substitue le présent des
"dieux qui sont toujours". L'injure adressée aux tenants d'un discours
fasciné par le présent (qui ne sont "rien que des ventres"), sert à
introduire la démarcation. Le sens de ce présent éternel est dégagé à
l'aide de la poésie homérique, orientée vers un passé représentable
dans sa totalité parce que définitivement clos, avec le schème
iliadique de la querelle violente qui, transposé dans l'ordre divin,
construit progressivement un monde normatif différencié. Quand cette
poésie se donne le présent immédiat comme objet, avec Les Travaux et
les jours, le statut de la vérité visée change et rend caduc l'emploi
de ce schème. L'activité quotidienne des hommes ne se pense pas grâce à
la querelle héroïque, mais dans une différence constitutive avec le
monde disparu des demi-dieux. La lecture du "Mythe des Ages" a montré
comment la coupure entre l'âge épique des Héros et le présent ("l'âge
de fer") sert de principe à la présentation de l'ensemble des âges et
situe la pertinence du patrimoine épique comme modèle des violences que
rencontrera la race humaine actuelle dans son éloignement irréversible
avec les dieux. La comparaison des deux versions du mythe de Pandore,
dans les deux poèmes, a fait ressortir la différence des points de
vue : récit téléologique pour la Théogonie, récit construit à partir du
schème pratique de la maison pour Les Travaux. Cette dimension critique
et doxographique du discours sur l'ordre des choses a été exposée par
Jean Bollack pour Parménide, héritier en cela d'Hésiode.
Le présent a une fonction différente dans la poésie de blâme
d'Archiloque. Nous sommes d'abord passés par l'analyse
d'interprétations qui insistent sur l'émergence du sentiment comme
catégorie poétique, chez Fr. Schlegel (lecture pré-philologique),
K.-O. Müller (lecture philologique), Fr. Nietzsche (lecture
post-philologique), qui toutes insistent sur une évolution nécessaire
des formes. Rossella Saetta-Cottone (MSH, Paris) nous a présenté une
lecture critique des interprétations fonctionnalistes récentes (le
blâme comme traitement de la question du rapport entre "amis" et
"ennemis"). A partir de l'examen de témoignages biographiques, de
plusieurs fragments, notamment du Papyrus de Cologne, nous avons tenté,
face à ces réifications (en fait solidaires) philosophiques ou
sociologiques du "moi" poétique, de montrer comment l'injure poétique,
due à un dysfonctionnement supposé de la communauté, dans la fiction,
échappe à la problématique normative d'un rétablissement de l'ordre et
oppose au présent (toujours un outrage ou une catastrophe) la
possibilité d'une mobilisation emphatique de la tradition épique, dans
un éloge inversé, de manière à imposer la violence d'un monde
contrefactuel et seulement langagier, la distance épique servant à
déconstruire le présent. La filiation Archiloque-Héraclite peut ainsi
être éclairée.
Pierre Destrée (Université de Louvain) nous a présenté son
interprétation nouvelle de la valeur cognitive et émotive de la
katharsis tragique chez Aristote.
Publications
"An instance of Euripidean 'modernism' : Orestes 1-3", dans D. Cairns
et V. Lapis (éds). Dionysanlexandros. Essays on Aeschylus and his
fellows tragedians in honour of Alexander F. Garvie, Swansea, The
Classical of Wales, 2006, p. 173-84.
"Crise des langues et éducation européenne", dans M. Werner (éd.),
Politiques et usages de la langue en Europe, Paris, Editions de la
M.S.H., 2007, p. 23-50.
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{FR, 01/10/2007}
SAUSSURE ET LA PHILOLOGIE
Au début du premier cours Saussure déclare explicitement la source
philologique de la linguistique : "Par origine, la linguistique a été
associée étroitement à la philologie" (Cf. les notes de Riedlinger du I
cours, 1.3.) ; dans l'introduction au IIIe cours intitulé "Coup d'oeil
sur l'histoire de la linguistique", il présente devant ses étudiants un
aperçu chronologique de l'héritage philologique sur lequel se construit
la linguistique :
Cette science a passé par des phases défectueuses. On reconnaît trois
phases, soit trois directions suivies historiquement par ceux qui ont
vu dans la langue un objet d'étude. Après est venue une linguistique
proprement dite, consciente de son objet.
1° La première de ces phases est celle de la grammaire, inventée par
les Grecs et se continuant sans changement chez les Français. Elle
n'eut jamais de vues philosophiques sur la langue elle-même. Ça
intéresse plutôt la logique. Toute la grammaire traditionnelle est une
grammaire normative, c'est à dire dominée par la préoccupation de
dresser des règles, de distinguer entre un certain langage dit
[correct] et un autre dit incorrect, ce qui exclut depuis le principe
une vue supérieure sur ce qu'est le phénomène de la langue dans son
ensemble.
Plus tard et seulement au début du dix-neuvième siècle, si nous voulons
parler d'un grand mouvement (en laissant de côté les précurseurs :
école "philologique" à Alexandrie), il y eut 2° le grand courant
philologique de la philologie classique, qui se continue jusqu'à nos
jours. En 1777, Friedrich August Wolf, comme étudiant, voulut être
nommé philologue. La philologie apportait ce nouveau principe : la
méthode de l'esprit critique en présence des textes. La langue n'était
qu'un des multiples objets se trouvant dans le cercle de la
philologie ; et par conséquent tombait sous cette critique. Les études
de langue n'étaient plus désormais une simple recherche de la
correction grammaticale. Il fallait, par le principe critique, voir ce
qu'apportait par exemple la différence des époques, commencer dans une
certaine mesure à faire de la linguistique historique. Ritschl
procédant au remaniement du texte de Plaute peut passer pour faisant un
travail de linguiste. D'une manière générale, le mouvement philologique
a ouvert mille sources intéressant la langue, qui fut traitée dans un
tout autre esprit que celui de la grammaire traditionnelle, par exemple
l'étude des inscriptions et de leur langue. Mais ce n'était pas encore
l'esprit de la linguistique.
3° Troisième phase où l'on ne voit pas encore cet esprit de la
linguistique : c'est la phase sensationnelle où l'on découvrit qu'on
pouvait comparer entre elles les langues [...]. Elle est purement
comparative. On ne peut pas condamner complètement l'attitude plus ou
moins hostile de la tradition philologique contre les comparateurs, car
ceux-ci n'apportaient pas en fait un renouvellement produit sur les
principes mêmes et qui fit voir immédiatement un bienfait dans
l'élargissement de l'horizon matériel qui est certainement à leur
actif. À quel moment reconnut-on que la comparaison n'est en somme
qu'une méthode à employer lorsque nous n'avons pas de façon plus
directe de connaître les faits, et à quel moment la grammaire comparée
fit-elle place à une linguistique comprenant la grammaire comparée et
lui donnant une autre direction ?
Ce fut principalement l'étude des langues romanes qui conduisit à des
vues plus saines les indo-européanistes eux-mêmes et fit entrevoir ce
qui devait être en général l'étude de la linguistique. [...] La
perspective historique, qui manquait aux indo-européanisants parce
qu'ils voyaient tout sur le même plan, s'imposa aux romanistes. Et par
la perspective historique vint l'enchaînement des faits. De là résulta
la très heureuse influence exercée par les romanistes.
Un des grands défauts communs, au point de vue de l'étude, à la
philologie et à la phase comparative, c'est d'être resté servilement
attaché à la lettre, à la langue écrite, ou à ne pas distinguer
nettement entre ce qui pouvait être de la langue parlée réelle et son
signe: graphique. Par là, il arrive que le point de vue littéraire se
confond plus ou moins avec le point de vue linguistique, mais en outre,
plus matériellement, le mot écrit est confondu avec le mot parlé ; deux
systèmes superposés de signes qui n'ont rien à faire entre eux,
graphiques et parlés, sont mêlés.
(Selon les notes de Constantin du IIIe cours, p. 1-4).
[Texte introduit par Rossitza Kyheng]
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{FR, 01/10/2007}
COSERIU - HERMENEUTICA DEL SENTIDO
Eugenio COSERIU
in Lingüística del texto. Introducción a una hermenéutica del sentido
(Madrid: Arco Libros, 2007).
Edité par : Óscar Loureda Lamas
La lingüística del texto como hermenéutica del sentido
1. En la epistemología implícita o explícita de la lingüística actual
se tiende a considerar la lingüística del texto como lingüística
general (ciencia general de los textos) aplicada a los textos
individuales. Esto no es aceptable sin distingos, ya que en la
lingüística del texto, por la naturaleza misma de su objeto, lo
individual se da antes (y es fundamento) de lo general. El sentido
propio de la lingüística del texto, su alcance y sus límites, también
en relación con la literatura y la "ideología", sólo pueden
establecerse de forma satisfactoria a partir del hecho de que tal
lingüística concierne al plano por excelencia individual de los
discursos.
2. En efecto, con respecto a lo individual considerado en sí mismo
("objetos", no "conceptos" ni "clases"), no puede haber ciencia
general, sino sólo descripción y análisis: un objeto sólo puede ser
analizado y descrito.
3.1. Un discurso es un hecho semiótico: consta de signos, mejor dicho,
de "significantes" que apuntan a un "contenido", el cual, a su vez, no
se presenta como tal en el discurso mismo considerado en su realidad
exterior y empíricamente comprobable. Por ello, como en todo el dominio
de los hechos semióticos, analizar y describir un discurso significa
propiamente interpretarlo ; o sea, identificar de manera fundada el
contenido al que apunta (o que "expresa"). En este sentido, la
lingüística del texto -como, por otra parte, toda lingüística
concerniente a las dos faces de los signos- es hermenéutica, revelación
sistemática y fundada de un contenido : precisamente, en este caso,
hermenéutica del discurso (o "texto").
3.2.1. Hay tres tipos de contenido lingüístico : designación,
significado y sentido. La designación es la referencia a la realidad
"extralingüística", o bien esta realidad misma (en cuanto
"representación", "hecho", "estado de cosas"), independientemente de su
estructuración por medio de tal o cual lengua, y es propia del hablar
en general. El significado es el contenido dado en cada caso por una
lengua determinada. El sentido es el contenido propio de un discurso en
cuanto manifestado por la designación y el significado : la actitud
humana que el discurso implica o la finalidad con que se realiza. Así,
por ejemplo, "pregunta", "respuesta", "mandato", "súplica",
"invitación", "rechazo", "saludo", "comprobación" son unidades mínimas
de sentido. Por consiguiente, la lingüística del texto es hermenéutica
del sentido, así como la lingüística del hablar es hermenéutica de la
designación y la lingüística de las lenguas, hermenéutica del
significado.
3.2.2. En el sentido, la relación semiótica es doble : por un lado, los
signos significan algo (en la lengua) y designan algo (como
"extralingüístico"), y, por otro lado, lo significado y designado por
los signos funciona a su vez como "significante" para un contenido de
segundo orden, que es precisamente el sentido. Por tanto, la
hermenéutica del sentido implica como previo el conocimiento del
significado y de la designación, y, con ello, las correspondientes
hermenéuticas. Por otra parte, en un discurso complejo, las unidades de
sentido se combinan ("articulan") unas con otras en unidades de nivel
cada vez superior, hasta el sentido global del discurso considerado. La
interpretación de un discurso debe ser, por tanto, en cada caso,
comprobación fundada y justificación de la articulación del sentido.
3.2.3. Justificar el sentido en el texto significa, entonces, llevar el
contenido ya comprendido a una determinada expresión : mostrar que al
significado del macrosigno en el texto corresponde una expresión
específica.
3.3. El sentido se da sólo en los discursos, pero en todos los
discursos, no sólo en los literarios. Con todo, el texto literario
ocupa a este respecto una posición privilegiada, ya que la poesía (la
"literatura" como arte) es el lugar de la plenitud funcional del
lenguaje: del máximo despliegue de sus posibilidades [Cf. mis "Tesis
sobre el tema `lenguaje y poesía´", en El hombre y su lenguaje, Madrid,
Gredos, 1977, págs. 201-207]. Por ello, la lingüística del texto es (o
debe ser) en primer lugar hermenéutica literaria. Pero en la medida en
que todo texto tiene sentido, la lingüística del texto debe tener en
consideración también los textos no literarios, examinando la
particular reducción de las posibilidades de despliegue de sentido que
se da en ellos. Desde este punto de vista, la lingüística del texto
coincide con la estilística de los textos ; más exactamente, la
comprende, porque va más allá de los textos literarios, del mismo modo
que comprende todas las demás formas de ocuparse de los textos que se
suelen denominar filología.
4.1. Como toda hermenéutica, la lingüística del texto implica una
metodología y una heurística, y son éstas las que constituyen su
aspecto "general". En la heurística, en particular, se trata de
establecer el registro de lo que cabe esperar, o sea, de los tipos
comprobados o posibles de sentido y de los procedimientos que suelen
conllevarlos, o los han conllevado en discursos ya experimentados [Cf.
mi Textlinguistik. Eine Einführung, Tubinga, Gunter Narr, 1980, págs.
68-111.]. Tal registro debe, sin embargo, entenderse como "abierto" :
en nuevos textos podrán identificarse nuevos procedimientos y tipos de
sentido, o sentidos nuevos de procedimientos ya comprobados.
4.2. Contrariamente a lo que se piensa, esto no constituye ninguna
limitación de la lingüística del texto y no se presenta de otro modo en
la descripción de las lenguas. También en este caso, la "gramática
general" es, en realidad, heurística, registro abierto de
posibilidades, y la descripción de una lengua es hermenéutica :
identificación de las funciones semánticas de esa lengua y de los
procedimientos que las manifiestan. La ilusión de que la gramática sea
ciencia propiamente dicha y no hermenéutica depende del hecho de que la
heurística gramatical está mucho más adelantada que la textual, o sea,
de que conocemos ya un gran número de posibilidades del significado y
de procedimientos expresivos, de suerte que, en lenguas no estudiadas
aún, encontramos las más de las veces tipos de significado y
procedimientos ya comprobados en otras lenguas. La diferencia real es
más bien de índole cuantitativa : reside en que la variedad de los
textos es muy superior a la variedad de las lenguas.
5.1. Un discurso es un hecho de hablar. Pero el hablar es una actividad
compleja que va más allá de lo lingüístico en sentido estricto ; no se
habla sólo con signos lingüísticos (pertenecientes a una lengua
determinada), sino también mediante actividades expresivas
complementarias, de acuerdo con determinados principios generales del
pensar y de acuerdo con el conocimiento de las "cosas", mejor dicho, de
ideas y creencias acerca de las "cosas", de una determinada "ideología"
(estratificada en una serie de "ideologías" de alcance más o menos
amplio), todo lo cual contribuye al contenido de los discursos.
5.2. En este sentido, todo discurso "refleja" (es decir que manifiesta)
una ideología, exactamente del mismo modo como la manifiesta una lengua
(o varias lenguas): se trata de una ideología "instrumental", que
pertenece al significante de los discursos.
5.3. De esta ideología con que se hacen los discursos, hay que
distinguir la ideología que se hace en los discursos y que no pertenece
a su "significante", sino a su "significado", es decir, a su sentido.
En el texto literario tal ideología puede corresponder a (o sea,
resultar reinterpretable en términos de) una ideología "común" o
"general", pero, en cuanto literariamente manifestada, es siempre
"singular", es decir, al mismo tiempo individual y universal.
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{BP, 17/09/2007}
APPEL A CONTRIBUTION
Lexicometrica : Appel à contribution
http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/
Thème : Topographie et topologie textuelles
Responsables : Sylvie Mellet et André Salem
Appel à contribution :
Depuis ses débuts la statistique linguistique, y compris lorsqu'elle
s'applique à l'étude des textes et des discours, a principalement
recouru à des modèles qui tendent à négliger ce fait majeur qu'un texte
est une structure ordonnée ; les dénombrements, les relevés de
fréquences, les calculs de spécificités reposent tous sur le fameux
schéma d'urne et renoncent à prendre en compte le positionnement dans
le texte des unités dénombrées. Certes, les résultats ainsi obtenus
sont généralement intéressants et bien interprétables, et ils ont
largement contribué au développement et aux succès de la discipline.
Mais ils se pourraient qu'ils soient en train d'atteindre leurs
limites. Ou, du moins, de ne plus suffire pour donner entière
satisfaction au chercheur. De plus en plus souvent en effet, ceux-ci
souhaitent pouvoir établir, à côté de la dimension paradigmatique
appréhendée par ce type de calculs statistiques traditionnels, la
dimension syntagmatique des données textuelles, saisies à courte ou à
longue portée : distribution régulière ou non d'une entité linguistique
(mot ou catégorie grammaticale) susceptible d'arriver à intervalles à
peu près égaux ou, au contraire, en paquets plus ou moins denses ;
répartition d'un élément au fil du texte, selon la structure globale de
celui-ci et ses parties constituantes ; phénomènes d'échos et
d'alignements dans la mise en parallèle de deux textes ou deux portions
de textes ; etc.
Bien sûr, des travaux, dont certains sont déjà anciens, ont abordé ces
questions : parmi les plus connus citons tous ceux d'A. Salem qui ont
établi la pertinence de la fameuse notion de "segment répété" et qui
ont mis en place les outils pour les repérer et les analyser ; citons
aussi les travaux de P. Lafon sur les "rafales" et son article
"Statistique des localisations des formes d'un texte" paru en 1984 dans
la revue Mots ; ou encore l'article de D. Sérant et Ph. Thoiron sur la
"topographie des formes répétées" (Revue Informatique et Statistique
dans les Sciences humaines 24, pp. 333-343) ; etc.
Actuellement, cette question reprend de l'acuité et les études, ainsi
que les développements logiciels afférents, se multiplient. Le moment
nous semble donc venu de faire le point.
Ce numéro de Lexicometrica accueillera donc exclusivement des
contributions consacrées aux notions de topographie et topologie
textuelles, c'est-à-dire à la prise en compte, dans les exploitations
automatiques des textes numérisés et dans leur traitement quantitatif
de la linéarité intrinsèque du texte, voire de sa structure en réseau
avec d'autres textes au sein d'un corpus fortement cohérent (cas des
recueils par exemple). Les articles proposés pourront se centrer soit
sur des problèmes méthodologiques généraux, soit sur des applications
particulières, soit sur des développements logiciels.
La soumission se fera sous la forme d'un texte de présentation
synthétique (entre 3000 et 5000 caractères), accompagné d'une
bibliographie de référence. Ce texte sera envoyé sous format Word ou
PDF, simultanément à André Salem (salem@msh-paris.fr) et à Sylvie
Mellet (mellet@unice.fr). Après avis d'acceptation, les textes longs
définitifs devront être fournis avant le 30 novembre 2007. Sous format
Word, ils ne devront pas excéder 35000 caractères et devront respecter
la feuille de style de la revue, disponible à l'adresse :
http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/soumis.html
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{Mellet, 10 et 12/09/2007}
APPEL À COMMUNICATION / CALL FOR PAPERS
http://webh01.ua.ac.be/linguist/fr/colloques-corps.htm
http://webh01.ua.ac.be/linguist/en/colloques.htm (ENGLISH VERSION)
Colloque thématique du Cercle Belge de Linguistique
Nouvelles approches en linguistique textuelle
Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles,
22-24 mai 2008
Responsables : Dominique Longrée, Sylvie Mellet
La linguistique textuelle a connu, ces dernières années, des évolutions
sensibles à plusieurs niveaux de sa réflexion et de ses pratiques,
niveaux qui s'entrecroisent et interagissent pour faire surgir de
nouveaux questionnements.
D'une part, le développement des corpus textuels informatisés a remis
au premier plan de la conscience des chercheurs que le texte est un
objet complexe, linéaire et réticulaire à la fois, et largement
déterminé par son environnement (les pratiques éditoriales qui lui
donnent forme, les variantes de celles-ci, les co-textes auxquels on
l'associe dans un corpus donné, l'étiquette générique dont on
l'estampille, etc). Qu'est-ce qu'un texte à l'ère numérique ? Quelles
méthodes d'analyse pourraient prendre en charge une telle complexité ?
Comment redéfinir une co-textualité efficiente face au vertige d'une
mise en abyme rendue infinie par la lecture hypertextuelle ?
D'autre part, les nouveaux outils de traitement associés à ces corpus
informatisés permettent des explorations diversifiées stimulantes, mais
qui, elles aussi, suscitent immanquablement des interrogations
méthodologiques ; l'étape préalable du balisage du texte numérisé
oblige à se poser la question des unités textuelles pertinentes pour
l'analyse : peut-on et doit-on baliser les discours rapportés ? les
"séquences" (J.-M. Adam) ? les "passages" (F. Rastier) ? L'étape de
l'étiquetage morpho-syntaxique éventuel oblige, elle, à prendre
position sur la pertinence du rôle des catégories grammaticales dans la
caractérisation stylistique et générique d'un texte. L'acquisition
relativement aisée de grandes masses de données numériques oblige enfin
à réévaluer les méthodes d'analyse quantitatives : la statistique
classique est-elle bien adaptée à l'objet texte ?
[...]
Conférenciers invités :
Lita Lundquist (Copenhague), François Rastier (CNRS), Ted Sanders
(Utrecht), Jean-Marie Viprey (Université de Franche-Comté).
Calendrier :
- déclaration d'intention avec titre (provisoire) de la communication :
10 novembre 2007 ;
- confirmation avec envoi d'un résumé d'une page et indications
bibliographiques : 31 décembre 2007 ;
- notification de l'acceptation de la communication : avant le 31
janvier 2008 ;
- colloque du jeudi 22 au samedi 24 mai 2008, aux Facultés Saint-Louis
à Bruxelles.
Les langues de communication seront l'anglais, le français et le
néerlandais.
Actes :
Des actes seront publiés dans un numéro du Belgian Journal of
Linguistics (chez Benjamins). Il est à noter que la publication dans
les actes fera l'objet d'une seconde sélection par un comité de lecture
et que toutes les contributions publiées devront obligatoirement être
rédigées en anglais. Le calendrier de cette publication sera le
suivant :
- remise des textes au comité de lecture : avant le 28 juin 2008 ;
- avis d'acceptation et renvoi des textes pour corrections éventuelles
vers le 20 septembre 2008 ;
- retour des manuscrits définitifs pour le 10 novembre 2008 ;
- parution du volume à l'automne 2009.
Contacts :
Dominique Longrée : longree@fusl.ac.be
Sylvie Mellet : mellet@unice.fr
Les propositions de communication sont à envoyer en fichier attaché
simultanément aux deux responsables.
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{BP, 10/12/2007}
APPEL A COMMUNICATION - EXTENSION
JADT 2008 - 9es Journées internationales d'analyse statistique des
données textuelles
du 12 au 14 mars 2008 à l'ENS-LSH, Lyon, France
http://jadt.org/
EXTENSION DE LA DATE LIMITE DE SOUMISSION :
- résumé : lundi 22 octobre 2007
- texte complet de la communication : jeudi 25 octobre 2007
(ATTENTION : le dépôt du résumé et du texte complet sont nécessaires
pour que la soumission soit recevable.)
Informations complètes : http://jadt.org
Contact : jadt2008@ens-lsh.fr
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SdT volume 13, numero 4.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Nos autem, qui mundus est patria velut piscibus
equor [...] rationi magis quam sensui spatulam
nostri iudicii podiamus.
Dante, De vulgari eloquentia, I, vi, 3.
[Nous cependant, pour qui le monde est patrie
comme l'eau pour les poissons, [...] nous
appuyons notre jugement plutôt sur la raison
que sur les sentiments.]
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 12 nouveaux abonnes.
2- Carnet
- Seminaire de Bernard Pottier
- Seminaire de Francois Rastier
- Seminaire d'Irene Rosier-Catach
- Note concernant la diffusion du texte de Carine Duteil,
"Semiotique des cultures", paru dans le precedent SdT.
- Compte-rendu du seminaire de Pierre Judet de la Combe
3- Textes
- Saussure et la philologie
- Eugenio Coseriu : La linguistica del texto como hermeneutica
del sentido
4- Appels : Colloques et revues
- Revue Lexicometrica : Topographie et topologie textuelles
- Nouvelles approches en linguistique textuelle, Bruxelles,
22-24 mai 2008.
- JADT 2008 : extension de date limite de soumission
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 01 et 08/10/2007}
SEMINAIRES
1. Le séminaire de Sémantique générale de Bernard POTTIER :
Etude des processus de conceptualisation qui conduisent aux choix
sémantico-syntaxiques de discours. Hypothèses concernant les mécanismes
mentaux qui conditionnent le fonctionnement des catégories
grammaticales et les combinatoires lexico-grammaticales. Exemples
français, espagnols et de langues présentant des faits originaux.
Réflexions sur les universaux du langage.
Ouvert aux étudiants intéressés par le sujet. Inscription libre lors
des séances.
Université de Paris-IV (La Sorbonne) - 1 rue Victor Cousin, 75230 Paris
Escalier F, 2e étage, salle 368.
Métro : Saint-Michel, Odéon, ou Cluny-la-Sorbonne
RER : Luxembourg, ou Cluny-la-Sorbonne
Le samedi, de 10 heures à 13 heures :
17 et 24 novembre, 1 et 15 décembre, 12 et 19 janvier 2008
_____________________
2. Séminaire Sémantique des textes, année 2007-2008
François RASTIER
Directeur de recherche
CORPUS, CONNAISSANCES ET LINGUISTIQUE DES TEXTES
Thèmes abordés : - La linguistique des textes, la linguistique des
langues et la linguistique du langage. - Corpus et connaissances. -
Les concepts comme formes sémiotiques. - Unités textuelles et passages.
- Sémantique des textes et analyse de la doxa. - Pour une sémantique du
web. - De la sémantique des valeurs à une sémiotique des cultures.
Institut national des langues et civilisations orientales [Centre de
Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de Lille, 75007 Paris -
Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage, salle 223.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Six séances le jeudi, une le mercredi.
Les jeudis 10, 17, 24 janvier ; jeudi 7 février ; jeudi 20 mars ;
mercredi 26 mars ; jeudi 3 avril. Horaire : de 17h30 à 19h15.
Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
Références : http://www.revue-texto.net
_____________________
3. Ecole Pratique des Hautes Etudes - Section sciences religieuses
conférences 2007-2008
http://www.ephe.sorbonne.fr/
index.php?option=com_content&task=view&id=268&Itemid=246
A partir de novembre 2007
Arts du langage et théologie au Moyen Âge
Directeur d'études : Mme Irène Rosier-Catach
1 - Les Glosulae, Guillaume de Champeaux, Abélard. Aspects sémantiques
et ontologiques de la paronymie.
2 - Virtus verborum. Regards croisés sur le Moyen Âge et l'époque
classique, avec la collaboration de Martin Rueff.
Les mardis de 9h à 11h, salle Vignaux [S].
3 - Avec Laurent Mayali : sémantique et droit chez les docteurs
médiévaux (XIIème/XIIIème siècles) : questions de sens.
Du 2 au 7 juin 2008.
Prière de prendre contact : irene.catach@wanadoo.fr
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{Duteil, 12/07/2007}
ADDENDUM
Le texte "Sémiotique des cultures", dans la rubrique Textes du SdT
précédent (vol.13 n.3), est à paraître prochainement dans le
Vocabulaire des Etudes Sémiotiques
Driss Ablali et Dominique Ducard (dir.)
Presses Universitaires de Franche-Comté & Presses Universitaires de la
Sorbonne, 2008.
A la demande des éditeurs, la diffusion de ce texte de Carine Duteil
doit rester limitée : si les lecteurs de SdT ont pu en bénéficier, il
leur est demandé de ne pas rediffuser ce texte sans s'être assuré
préalablement de l'accord des éditeurs.
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{FR, 01/10/2007}
COMPTE RENDU DE SEMINAIRE
Pierre Judet de la Combe
Directeur de recherche, EHESS
Compte rendu 2006-2007
Intitulé général du séminaire :
L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
Intitulé pour l'année 2006-2007 :
Poésie et prétentions à la validité. Hésiode et Archiloque.
De manière à définir la spécificité des validités revendiquées par la
composition poétique grecque archaïque dans la variété de ses formes et
de manière à sortir ainsi tant des schémas évolutionnistes de
l'histoire littéraire que de ses interprétations fonctionnalistes, qui,
sur un mode en fait romantique, supposent une adéquation nécessaire
entre le dire effectif des poèmes et les contraintes sociales d'une
situation énonciative donnée, nous sommes partis de la différenciation
des validités inhérentes au discours telle que l'ont explorée
J. Habermas et K.-O. Appel. Cette différenciation nous intéressait dans
la mesure, d'abord, où elle permet de distinguer des orientations de la
parole (cognitives, normatives, expressives), puis où elle fait
problème pour une culture où cette distinction, bien qu'opérante, n'est
pas thématisée. Il s'agissait par là de restituer aux poèmes leur
caractère historique, doublement : à un niveau général, par la
description et l'articulation des types de vérité propres à une culture
auxquels un poème pouvait se référer, et à un niveau individuel, par la
reconstruction du travail, chaque fois renouvelé, opéré sur ces vérités
(comme l'indique le terme "prétention"). Il était utile pour cela de
traiter parallèlement deux poésies correspondant à des formes bien
distinctes de la poétique archaïque, la poésie hymnique d'éloge, avec
Hésiode, et la poésie de blâme, représentée par Archiloque. Ces
traditions traitent différemment la question du rapport entre contenu
du poème et moment présent de son énonciation et donc de la pertinence
du discours, et par ailleurs établissent leur opposition par des
emprunts réciproques importants : Hésiode fait usage de l'injure pour
définir les vérités nouvelles que sa poésie s'efforce d'atteindre ;
Archiloque construit des situations "prosaïque" d'inimitié à partir du
patrimoine formulaire et thématique de la poésie d'éloge qu'est
l'épopée.
Lors des séances sur Hésiode, nous sommes partis de l'hypothèse que
l'exposé de contenus nouveaux dans les domaines de la théogonie, de la
justice et du travail s'argumente sur la base d'une reconstruction
critique de la pertinence relative de l'ensemble des formes
traditionnelles de composition poétique (hymne, épopée, poésie
didactique, poésie de blâme). Le critère de l'évaluation est donné par
la définition du présent chaque fois nécessaire, comme milieu propice à
une activité spécifique, obéissant à une logique propre. Selon la
Théogonie, le fondement du pouvoir juridique des rois, qui leur est
conféré par Zeus, ne peut être défini à partir des situations présentes
qu'ils ont à régler, mais seulement du dehors, par un discours sur la
généalogie divine qui au présent immédiat substitue le présent des
"dieux qui sont toujours". L'injure adressée aux tenants d'un discours
fasciné par le présent (qui ne sont "rien que des ventres"), sert à
introduire la démarcation. Le sens de ce présent éternel est dégagé à
l'aide de la poésie homérique, orientée vers un passé représentable
dans sa totalité parce que définitivement clos, avec le schème
iliadique de la querelle violente qui, transposé dans l'ordre divin,
construit progressivement un monde normatif différencié. Quand cette
poésie se donne le présent immédiat comme objet, avec Les Travaux et
les jours, le statut de la vérité visée change et rend caduc l'emploi
de ce schème. L'activité quotidienne des hommes ne se pense pas grâce à
la querelle héroïque, mais dans une différence constitutive avec le
monde disparu des demi-dieux. La lecture du "Mythe des Ages" a montré
comment la coupure entre l'âge épique des Héros et le présent ("l'âge
de fer") sert de principe à la présentation de l'ensemble des âges et
situe la pertinence du patrimoine épique comme modèle des violences que
rencontrera la race humaine actuelle dans son éloignement irréversible
avec les dieux. La comparaison des deux versions du mythe de Pandore,
dans les deux poèmes, a fait ressortir la différence des points de
vue : récit téléologique pour la Théogonie, récit construit à partir du
schème pratique de la maison pour Les Travaux. Cette dimension critique
et doxographique du discours sur l'ordre des choses a été exposée par
Jean Bollack pour Parménide, héritier en cela d'Hésiode.
Le présent a une fonction différente dans la poésie de blâme
d'Archiloque. Nous sommes d'abord passés par l'analyse
d'interprétations qui insistent sur l'émergence du sentiment comme
catégorie poétique, chez Fr. Schlegel (lecture pré-philologique),
K.-O. Müller (lecture philologique), Fr. Nietzsche (lecture
post-philologique), qui toutes insistent sur une évolution nécessaire
des formes. Rossella Saetta-Cottone (MSH, Paris) nous a présenté une
lecture critique des interprétations fonctionnalistes récentes (le
blâme comme traitement de la question du rapport entre "amis" et
"ennemis"). A partir de l'examen de témoignages biographiques, de
plusieurs fragments, notamment du Papyrus de Cologne, nous avons tenté,
face à ces réifications (en fait solidaires) philosophiques ou
sociologiques du "moi" poétique, de montrer comment l'injure poétique,
due à un dysfonctionnement supposé de la communauté, dans la fiction,
échappe à la problématique normative d'un rétablissement de l'ordre et
oppose au présent (toujours un outrage ou une catastrophe) la
possibilité d'une mobilisation emphatique de la tradition épique, dans
un éloge inversé, de manière à imposer la violence d'un monde
contrefactuel et seulement langagier, la distance épique servant à
déconstruire le présent. La filiation Archiloque-Héraclite peut ainsi
être éclairée.
Pierre Destrée (Université de Louvain) nous a présenté son
interprétation nouvelle de la valeur cognitive et émotive de la
katharsis tragique chez Aristote.
Publications
"An instance of Euripidean 'modernism' : Orestes 1-3", dans D. Cairns
et V. Lapis (éds). Dionysanlexandros. Essays on Aeschylus and his
fellows tragedians in honour of Alexander F. Garvie, Swansea, The
Classical of Wales, 2006, p. 173-84.
"Crise des langues et éducation européenne", dans M. Werner (éd.),
Politiques et usages de la langue en Europe, Paris, Editions de la
M.S.H., 2007, p. 23-50.
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{FR, 01/10/2007}
SAUSSURE ET LA PHILOLOGIE
Au début du premier cours Saussure déclare explicitement la source
philologique de la linguistique : "Par origine, la linguistique a été
associée étroitement à la philologie" (Cf. les notes de Riedlinger du I
cours, 1.3.) ; dans l'introduction au IIIe cours intitulé "Coup d'oeil
sur l'histoire de la linguistique", il présente devant ses étudiants un
aperçu chronologique de l'héritage philologique sur lequel se construit
la linguistique :
Cette science a passé par des phases défectueuses. On reconnaît trois
phases, soit trois directions suivies historiquement par ceux qui ont
vu dans la langue un objet d'étude. Après est venue une linguistique
proprement dite, consciente de son objet.
1° La première de ces phases est celle de la grammaire, inventée par
les Grecs et se continuant sans changement chez les Français. Elle
n'eut jamais de vues philosophiques sur la langue elle-même. Ça
intéresse plutôt la logique. Toute la grammaire traditionnelle est une
grammaire normative, c'est à dire dominée par la préoccupation de
dresser des règles, de distinguer entre un certain langage dit
[correct] et un autre dit incorrect, ce qui exclut depuis le principe
une vue supérieure sur ce qu'est le phénomène de la langue dans son
ensemble.
Plus tard et seulement au début du dix-neuvième siècle, si nous voulons
parler d'un grand mouvement (en laissant de côté les précurseurs :
école "philologique" à Alexandrie), il y eut 2° le grand courant
philologique de la philologie classique, qui se continue jusqu'à nos
jours. En 1777, Friedrich August Wolf, comme étudiant, voulut être
nommé philologue. La philologie apportait ce nouveau principe : la
méthode de l'esprit critique en présence des textes. La langue n'était
qu'un des multiples objets se trouvant dans le cercle de la
philologie ; et par conséquent tombait sous cette critique. Les études
de langue n'étaient plus désormais une simple recherche de la
correction grammaticale. Il fallait, par le principe critique, voir ce
qu'apportait par exemple la différence des époques, commencer dans une
certaine mesure à faire de la linguistique historique. Ritschl
procédant au remaniement du texte de Plaute peut passer pour faisant un
travail de linguiste. D'une manière générale, le mouvement philologique
a ouvert mille sources intéressant la langue, qui fut traitée dans un
tout autre esprit que celui de la grammaire traditionnelle, par exemple
l'étude des inscriptions et de leur langue. Mais ce n'était pas encore
l'esprit de la linguistique.
3° Troisième phase où l'on ne voit pas encore cet esprit de la
linguistique : c'est la phase sensationnelle où l'on découvrit qu'on
pouvait comparer entre elles les langues [...]. Elle est purement
comparative. On ne peut pas condamner complètement l'attitude plus ou
moins hostile de la tradition philologique contre les comparateurs, car
ceux-ci n'apportaient pas en fait un renouvellement produit sur les
principes mêmes et qui fit voir immédiatement un bienfait dans
l'élargissement de l'horizon matériel qui est certainement à leur
actif. À quel moment reconnut-on que la comparaison n'est en somme
qu'une méthode à employer lorsque nous n'avons pas de façon plus
directe de connaître les faits, et à quel moment la grammaire comparée
fit-elle place à une linguistique comprenant la grammaire comparée et
lui donnant une autre direction ?
Ce fut principalement l'étude des langues romanes qui conduisit à des
vues plus saines les indo-européanistes eux-mêmes et fit entrevoir ce
qui devait être en général l'étude de la linguistique. [...] La
perspective historique, qui manquait aux indo-européanisants parce
qu'ils voyaient tout sur le même plan, s'imposa aux romanistes. Et par
la perspective historique vint l'enchaînement des faits. De là résulta
la très heureuse influence exercée par les romanistes.
Un des grands défauts communs, au point de vue de l'étude, à la
philologie et à la phase comparative, c'est d'être resté servilement
attaché à la lettre, à la langue écrite, ou à ne pas distinguer
nettement entre ce qui pouvait être de la langue parlée réelle et son
signe: graphique. Par là, il arrive que le point de vue littéraire se
confond plus ou moins avec le point de vue linguistique, mais en outre,
plus matériellement, le mot écrit est confondu avec le mot parlé ; deux
systèmes superposés de signes qui n'ont rien à faire entre eux,
graphiques et parlés, sont mêlés.
(Selon les notes de Constantin du IIIe cours, p. 1-4).
[Texte introduit par Rossitza Kyheng]
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{FR, 01/10/2007}
COSERIU - HERMENEUTICA DEL SENTIDO
Eugenio COSERIU
in Lingüística del texto. Introducción a una hermenéutica del sentido
(Madrid: Arco Libros, 2007).
Edité par : Óscar Loureda Lamas
La lingüística del texto como hermenéutica del sentido
1. En la epistemología implícita o explícita de la lingüística actual
se tiende a considerar la lingüística del texto como lingüística
general (ciencia general de los textos) aplicada a los textos
individuales. Esto no es aceptable sin distingos, ya que en la
lingüística del texto, por la naturaleza misma de su objeto, lo
individual se da antes (y es fundamento) de lo general. El sentido
propio de la lingüística del texto, su alcance y sus límites, también
en relación con la literatura y la "ideología", sólo pueden
establecerse de forma satisfactoria a partir del hecho de que tal
lingüística concierne al plano por excelencia individual de los
discursos.
2. En efecto, con respecto a lo individual considerado en sí mismo
("objetos", no "conceptos" ni "clases"), no puede haber ciencia
general, sino sólo descripción y análisis: un objeto sólo puede ser
analizado y descrito.
3.1. Un discurso es un hecho semiótico: consta de signos, mejor dicho,
de "significantes" que apuntan a un "contenido", el cual, a su vez, no
se presenta como tal en el discurso mismo considerado en su realidad
exterior y empíricamente comprobable. Por ello, como en todo el dominio
de los hechos semióticos, analizar y describir un discurso significa
propiamente interpretarlo ; o sea, identificar de manera fundada el
contenido al que apunta (o que "expresa"). En este sentido, la
lingüística del texto -como, por otra parte, toda lingüística
concerniente a las dos faces de los signos- es hermenéutica, revelación
sistemática y fundada de un contenido : precisamente, en este caso,
hermenéutica del discurso (o "texto").
3.2.1. Hay tres tipos de contenido lingüístico : designación,
significado y sentido. La designación es la referencia a la realidad
"extralingüística", o bien esta realidad misma (en cuanto
"representación", "hecho", "estado de cosas"), independientemente de su
estructuración por medio de tal o cual lengua, y es propia del hablar
en general. El significado es el contenido dado en cada caso por una
lengua determinada. El sentido es el contenido propio de un discurso en
cuanto manifestado por la designación y el significado : la actitud
humana que el discurso implica o la finalidad con que se realiza. Así,
por ejemplo, "pregunta", "respuesta", "mandato", "súplica",
"invitación", "rechazo", "saludo", "comprobación" son unidades mínimas
de sentido. Por consiguiente, la lingüística del texto es hermenéutica
del sentido, así como la lingüística del hablar es hermenéutica de la
designación y la lingüística de las lenguas, hermenéutica del
significado.
3.2.2. En el sentido, la relación semiótica es doble : por un lado, los
signos significan algo (en la lengua) y designan algo (como
"extralingüístico"), y, por otro lado, lo significado y designado por
los signos funciona a su vez como "significante" para un contenido de
segundo orden, que es precisamente el sentido. Por tanto, la
hermenéutica del sentido implica como previo el conocimiento del
significado y de la designación, y, con ello, las correspondientes
hermenéuticas. Por otra parte, en un discurso complejo, las unidades de
sentido se combinan ("articulan") unas con otras en unidades de nivel
cada vez superior, hasta el sentido global del discurso considerado. La
interpretación de un discurso debe ser, por tanto, en cada caso,
comprobación fundada y justificación de la articulación del sentido.
3.2.3. Justificar el sentido en el texto significa, entonces, llevar el
contenido ya comprendido a una determinada expresión : mostrar que al
significado del macrosigno en el texto corresponde una expresión
específica.
3.3. El sentido se da sólo en los discursos, pero en todos los
discursos, no sólo en los literarios. Con todo, el texto literario
ocupa a este respecto una posición privilegiada, ya que la poesía (la
"literatura" como arte) es el lugar de la plenitud funcional del
lenguaje: del máximo despliegue de sus posibilidades [Cf. mis "Tesis
sobre el tema `lenguaje y poesía´", en El hombre y su lenguaje, Madrid,
Gredos, 1977, págs. 201-207]. Por ello, la lingüística del texto es (o
debe ser) en primer lugar hermenéutica literaria. Pero en la medida en
que todo texto tiene sentido, la lingüística del texto debe tener en
consideración también los textos no literarios, examinando la
particular reducción de las posibilidades de despliegue de sentido que
se da en ellos. Desde este punto de vista, la lingüística del texto
coincide con la estilística de los textos ; más exactamente, la
comprende, porque va más allá de los textos literarios, del mismo modo
que comprende todas las demás formas de ocuparse de los textos que se
suelen denominar filología.
4.1. Como toda hermenéutica, la lingüística del texto implica una
metodología y una heurística, y son éstas las que constituyen su
aspecto "general". En la heurística, en particular, se trata de
establecer el registro de lo que cabe esperar, o sea, de los tipos
comprobados o posibles de sentido y de los procedimientos que suelen
conllevarlos, o los han conllevado en discursos ya experimentados [Cf.
mi Textlinguistik. Eine Einführung, Tubinga, Gunter Narr, 1980, págs.
68-111.]. Tal registro debe, sin embargo, entenderse como "abierto" :
en nuevos textos podrán identificarse nuevos procedimientos y tipos de
sentido, o sentidos nuevos de procedimientos ya comprobados.
4.2. Contrariamente a lo que se piensa, esto no constituye ninguna
limitación de la lingüística del texto y no se presenta de otro modo en
la descripción de las lenguas. También en este caso, la "gramática
general" es, en realidad, heurística, registro abierto de
posibilidades, y la descripción de una lengua es hermenéutica :
identificación de las funciones semánticas de esa lengua y de los
procedimientos que las manifiestan. La ilusión de que la gramática sea
ciencia propiamente dicha y no hermenéutica depende del hecho de que la
heurística gramatical está mucho más adelantada que la textual, o sea,
de que conocemos ya un gran número de posibilidades del significado y
de procedimientos expresivos, de suerte que, en lenguas no estudiadas
aún, encontramos las más de las veces tipos de significado y
procedimientos ya comprobados en otras lenguas. La diferencia real es
más bien de índole cuantitativa : reside en que la variedad de los
textos es muy superior a la variedad de las lenguas.
5.1. Un discurso es un hecho de hablar. Pero el hablar es una actividad
compleja que va más allá de lo lingüístico en sentido estricto ; no se
habla sólo con signos lingüísticos (pertenecientes a una lengua
determinada), sino también mediante actividades expresivas
complementarias, de acuerdo con determinados principios generales del
pensar y de acuerdo con el conocimiento de las "cosas", mejor dicho, de
ideas y creencias acerca de las "cosas", de una determinada "ideología"
(estratificada en una serie de "ideologías" de alcance más o menos
amplio), todo lo cual contribuye al contenido de los discursos.
5.2. En este sentido, todo discurso "refleja" (es decir que manifiesta)
una ideología, exactamente del mismo modo como la manifiesta una lengua
(o varias lenguas): se trata de una ideología "instrumental", que
pertenece al significante de los discursos.
5.3. De esta ideología con que se hacen los discursos, hay que
distinguir la ideología que se hace en los discursos y que no pertenece
a su "significante", sino a su "significado", es decir, a su sentido.
En el texto literario tal ideología puede corresponder a (o sea,
resultar reinterpretable en términos de) una ideología "común" o
"general", pero, en cuanto literariamente manifestada, es siempre
"singular", es decir, al mismo tiempo individual y universal.
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{BP, 17/09/2007}
APPEL A CONTRIBUTION
Lexicometrica : Appel à contribution
http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/
Thème : Topographie et topologie textuelles
Responsables : Sylvie Mellet et André Salem
Appel à contribution :
Depuis ses débuts la statistique linguistique, y compris lorsqu'elle
s'applique à l'étude des textes et des discours, a principalement
recouru à des modèles qui tendent à négliger ce fait majeur qu'un texte
est une structure ordonnée ; les dénombrements, les relevés de
fréquences, les calculs de spécificités reposent tous sur le fameux
schéma d'urne et renoncent à prendre en compte le positionnement dans
le texte des unités dénombrées. Certes, les résultats ainsi obtenus
sont généralement intéressants et bien interprétables, et ils ont
largement contribué au développement et aux succès de la discipline.
Mais ils se pourraient qu'ils soient en train d'atteindre leurs
limites. Ou, du moins, de ne plus suffire pour donner entière
satisfaction au chercheur. De plus en plus souvent en effet, ceux-ci
souhaitent pouvoir établir, à côté de la dimension paradigmatique
appréhendée par ce type de calculs statistiques traditionnels, la
dimension syntagmatique des données textuelles, saisies à courte ou à
longue portée : distribution régulière ou non d'une entité linguistique
(mot ou catégorie grammaticale) susceptible d'arriver à intervalles à
peu près égaux ou, au contraire, en paquets plus ou moins denses ;
répartition d'un élément au fil du texte, selon la structure globale de
celui-ci et ses parties constituantes ; phénomènes d'échos et
d'alignements dans la mise en parallèle de deux textes ou deux portions
de textes ; etc.
Bien sûr, des travaux, dont certains sont déjà anciens, ont abordé ces
questions : parmi les plus connus citons tous ceux d'A. Salem qui ont
établi la pertinence de la fameuse notion de "segment répété" et qui
ont mis en place les outils pour les repérer et les analyser ; citons
aussi les travaux de P. Lafon sur les "rafales" et son article
"Statistique des localisations des formes d'un texte" paru en 1984 dans
la revue Mots ; ou encore l'article de D. Sérant et Ph. Thoiron sur la
"topographie des formes répétées" (Revue Informatique et Statistique
dans les Sciences humaines 24, pp. 333-343) ; etc.
Actuellement, cette question reprend de l'acuité et les études, ainsi
que les développements logiciels afférents, se multiplient. Le moment
nous semble donc venu de faire le point.
Ce numéro de Lexicometrica accueillera donc exclusivement des
contributions consacrées aux notions de topographie et topologie
textuelles, c'est-à-dire à la prise en compte, dans les exploitations
automatiques des textes numérisés et dans leur traitement quantitatif
de la linéarité intrinsèque du texte, voire de sa structure en réseau
avec d'autres textes au sein d'un corpus fortement cohérent (cas des
recueils par exemple). Les articles proposés pourront se centrer soit
sur des problèmes méthodologiques généraux, soit sur des applications
particulières, soit sur des développements logiciels.
La soumission se fera sous la forme d'un texte de présentation
synthétique (entre 3000 et 5000 caractères), accompagné d'une
bibliographie de référence. Ce texte sera envoyé sous format Word ou
PDF, simultanément à André Salem (salem@msh-paris.fr) et à Sylvie
Mellet (mellet@unice.fr). Après avis d'acceptation, les textes longs
définitifs devront être fournis avant le 30 novembre 2007. Sous format
Word, ils ne devront pas excéder 35000 caractères et devront respecter
la feuille de style de la revue, disponible à l'adresse :
http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/soumis.html
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{Mellet, 10 et 12/09/2007}
APPEL À COMMUNICATION / CALL FOR PAPERS
http://webh01.ua.ac.be/linguist/fr/colloques-corps.htm
http://webh01.ua.ac.be/linguist/en/colloques.htm (ENGLISH VERSION)
Colloque thématique du Cercle Belge de Linguistique
Nouvelles approches en linguistique textuelle
Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles,
22-24 mai 2008
Responsables : Dominique Longrée, Sylvie Mellet
La linguistique textuelle a connu, ces dernières années, des évolutions
sensibles à plusieurs niveaux de sa réflexion et de ses pratiques,
niveaux qui s'entrecroisent et interagissent pour faire surgir de
nouveaux questionnements.
D'une part, le développement des corpus textuels informatisés a remis
au premier plan de la conscience des chercheurs que le texte est un
objet complexe, linéaire et réticulaire à la fois, et largement
déterminé par son environnement (les pratiques éditoriales qui lui
donnent forme, les variantes de celles-ci, les co-textes auxquels on
l'associe dans un corpus donné, l'étiquette générique dont on
l'estampille, etc). Qu'est-ce qu'un texte à l'ère numérique ? Quelles
méthodes d'analyse pourraient prendre en charge une telle complexité ?
Comment redéfinir une co-textualité efficiente face au vertige d'une
mise en abyme rendue infinie par la lecture hypertextuelle ?
D'autre part, les nouveaux outils de traitement associés à ces corpus
informatisés permettent des explorations diversifiées stimulantes, mais
qui, elles aussi, suscitent immanquablement des interrogations
méthodologiques ; l'étape préalable du balisage du texte numérisé
oblige à se poser la question des unités textuelles pertinentes pour
l'analyse : peut-on et doit-on baliser les discours rapportés ? les
"séquences" (J.-M. Adam) ? les "passages" (F. Rastier) ? L'étape de
l'étiquetage morpho-syntaxique éventuel oblige, elle, à prendre
position sur la pertinence du rôle des catégories grammaticales dans la
caractérisation stylistique et générique d'un texte. L'acquisition
relativement aisée de grandes masses de données numériques oblige enfin
à réévaluer les méthodes d'analyse quantitatives : la statistique
classique est-elle bien adaptée à l'objet texte ?
[...]
Conférenciers invités :
Lita Lundquist (Copenhague), François Rastier (CNRS), Ted Sanders
(Utrecht), Jean-Marie Viprey (Université de Franche-Comté).
Calendrier :
- déclaration d'intention avec titre (provisoire) de la communication :
10 novembre 2007 ;
- confirmation avec envoi d'un résumé d'une page et indications
bibliographiques : 31 décembre 2007 ;
- notification de l'acceptation de la communication : avant le 31
janvier 2008 ;
- colloque du jeudi 22 au samedi 24 mai 2008, aux Facultés Saint-Louis
à Bruxelles.
Les langues de communication seront l'anglais, le français et le
néerlandais.
Actes :
Des actes seront publiés dans un numéro du Belgian Journal of
Linguistics (chez Benjamins). Il est à noter que la publication dans
les actes fera l'objet d'une seconde sélection par un comité de lecture
et que toutes les contributions publiées devront obligatoirement être
rédigées en anglais. Le calendrier de cette publication sera le
suivant :
- remise des textes au comité de lecture : avant le 28 juin 2008 ;
- avis d'acceptation et renvoi des textes pour corrections éventuelles
vers le 20 septembre 2008 ;
- retour des manuscrits définitifs pour le 10 novembre 2008 ;
- parution du volume à l'automne 2009.
Contacts :
Dominique Longrée : longree@fusl.ac.be
Sylvie Mellet : mellet@unice.fr
Les propositions de communication sont à envoyer en fichier attaché
simultanément aux deux responsables.
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{BP, 10/12/2007}
APPEL A COMMUNICATION - EXTENSION
JADT 2008 - 9es Journées internationales d'analyse statistique des
données textuelles
du 12 au 14 mars 2008 à l'ENS-LSH, Lyon, France
http://jadt.org/
EXTENSION DE LA DATE LIMITE DE SOUMISSION :
- résumé : lundi 22 octobre 2007
- texte complet de la communication : jeudi 25 octobre 2007
(ATTENTION : le dépôt du résumé et du texte complet sont nécessaires
pour que la soumission soit recevable.)
Informations complètes : http://jadt.org
Contact : jadt2008@ens-lsh.fr
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Résumé: 2007_12_10
________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 5.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________________
Das Gedicht ist der Ort, wo das Synonyme
unmöglich wird:
es hat nur seine Sprach- und damit Bedeutungsebene.
Aus der Sprache hervortretend,
tritt das Gedicht der Sprache gegenüber.
Dieses Gegenüber ist unaufhebbar.
Paul Celan, Der Meridian
(Endfassung - Entwürfe - Materialien
Suhrkamp, Francfort /Main, 1999, p. 104)
________________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 12 nouveaux abonnes, dont Vivian Therese
Mathiot et Laetitia Aujard.
- Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
changements d'adresse electronique.
2- Carnet
- Voeux
- These de Smail Djaoud, Nanterre, 12 decembre :
"Semantique de la doxa dans les sciences sociales sur le
Maghreb - De Charles Andre Julien a Germaine Tillion"
- These de Christian Mauceri, Paris La Défense, 14 decembre :
"Indexation et isotopie :
vers une analyse interprétative des données textuelles"
- Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
"L'interpretation litteraire. Theories et pratiques -
Formes discursives en Grece archaique : mythe et cosmologie"
- Seminaire coordonne par Alain Berthoz :
"Le cerveau, le reel et le virtuel"
- Seminaire de Henri Atlan :
"La biologie post-genomique a l'usage des sciences humaines"
et seminaire coordonne avec Claudine Cohen :
"Biologie et societe"
- Seminaire de Francois Rastier :
"Semantique des textes -
Corpus, connaissances et linguistique des textes"
3- Textes
- Pierre Judet de la Combe : "Langues d'Europe et "identite" "
- Francois Rastier : Mort-spectacle et succes annonce
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 07/12/2007}
VOEUX
Bonnes fêtes et bonne année à tous !
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{FR, 07/12/2007}
SOUTENANCE DE THÈSE
Université Paris X Nanterre
Le mercredi 12 décembre à 14h, Batiment B, salle 016.
Smaïl DJAOUD
Université de Paris X Nanterre
Sous la direction de François Rastier
Sémantique de la doxa dans les sciences sociales sur le Maghreb
De Charles André Julien à Germaine Tillion
Résumé
Cette étude présente une approche sémantique des sciences sociales
élaborées sur le Maghreb à travers un corpus de quatre auteurs
importants : Charles André Julien, Pierre Bourdieu, Mostéfa Lacheraf et
Germaine Tillon. Elle s'efforce de saisir la variété des doxas au plus
près des textes étudiés et d'appréhender la manière dont ces penseurs
assument l'héritage que constituent pour eux les savoirs de la période
coloniale. Elle caractérise notamment la manière dont ils dépassent ces
savoirs et plus globalement les modalités de leur passage vers un mode
de connaissance postcolonial plus soumis aux exigences épistémologiques
et méthodologiques du champ intellectuel métropolitain et mondial.
La méthode, essentiellement sémantique, fondée sur la construction de
parcours interprétatifs, et consolidée parfois par des constats
lexicométriques d'appoint, est d'abord appliquée au texte historique de
Julien (1952). Un imaginaire géographique particulier et cohérent,
fondé sur l'opposition des parties du relief et sur une représentation
insulaire du Maghreb a ainsi pu être décrit. Impliquée jusque dans la
composition de l'histoire, cette vision voit en les Almohades des
"montagnards" et en les Almoravides des "Sahariens", et conçoit les
"invasions hilaliennes" comme un phénomène climatique néfaste. Le
résultat de cette géographisation de l'histoire est une re-construction
de l'espace physique et culturel maghrébins, dont ont largement hérité
l'ensemble des sciences sociales qui traitent de ce "terrain".
A l'inverse, la pensée lacherafienne est caractérisée par une
construction sémiotique qui consiste à distinguer entre deux espaces
antagoniques, l'espace identitaire /national/ et l'espace distal
/colonial/. Le premier, présenté comme lieu d'énonciation et de
subjectivité, comprend une pluralité de notions et de valeurs définies
comme formant ou appartenant à l'espace du "nous" ; tandis que le
second, auquel il ne cesse de s'opposer, est celui des "autres", de
l'"ennemi", de l'étranger. Non seulement le premier est positif (zone
de la révolution, du peuple, de la libération, de l'émancipation, de
l'opprimé, etc.) et le second négatif (zone du peuplement, du génocide,
de la dévastation, de l'extermination), mais l'ensemble de cette
organisation, avec ses valeurs et ses présupposés, se trouve investie
dans l'interprétation des phénomènes historiques et sociologiques les
plus divers : l'antagonisme du "nous" (l'identitaire) et du "eux"
(distal) est traduit par l'opposition du Tiers-Monde opprimé et de
l'Occident armé en histoire récente et en politique internationale, par
le contraste entre le Sud, autochtone, et le Nord, romain, pendant
l'antiquité romaine de l'Afrique du Nord, du Donatisme et de l'Eglise
officielle dans le christianisme nord-africain de la même époque, des
Musulmans et des Byzantins au 7ème siècle, du colonisé et du
colonisateur aux XIXè et XXème siècles, etc. Ce qu'opère ainsi le point
de vue nationaliste de Mostéfa Lacheraf consiste en une inversion des
valeurs.
Un autre auteur qui a retravaillé ces savoirs est Bourdieu dans sa
"Sociologie de l'Algérie" (1958). Il reprend les divisions de l'espace
culturel nord-africain, telle que construites par l'historiographie
"coloniale". Il retravaille la représentation du Maghreb en archipel et
la réécrit pour l'Algérie sous les traits d'une "koïné culturelle".
Mais c'est surtout le ton écologique de cette sociologie, conféré par
une lutte omniprésente et sans cesse recommencée du paysan (l'acteur
Homme) contre la nature (l'acteur Milieu), qui finit par la
caractériser, en figurant comme un récit sous-jacent à nombre
d'explications : le défi lancé par la nature impérieuse, le surcroît de
solidarité des paysans, les femmes comme "prêtresses agraires"
conjurant les dangers du milieu physique, les marabouts comme chefs de
services spirituels intercédant auprès des forces naturelles, etc. sont
autant de séquences narratives d'une joute écologique entre des
protagonistes collectifs. Au final, la survie du groupe n'est assurée
qu'en vertu d'un équilibre précaire, sans cesse menacé de rupture.
Bien différent est le Bourdieu de la Kabylie mythico-rituelle, que les
commentaires sur l'oeuvre du sociologue ont négligé. Placée au coeur de
l'espace identitaire méditerranéen et "euro-américain", cette Kabylie,
intégrée du point de vue de l'espace, est cependant vertigineusement
éloignée du point de vue du temps : conçue essentiellement comme une
Arché miraculeusement contemporaine, dans laquelle fonctionne
atemporellement "le vieux socle méditerranéen", elle relève d'un
"Inconscient androcentrique" pathogène. Les sociétés européennes sont
alors comme conviées à se débarrasser de ce qu'il y a de profondément
kabyle en elles, pour parvenir à un rapport plus juste entre les hommes
et les femmes. Décrite comme dépourvue d'institutions, encore à l'état
indifférencié, similaire à la Grèce archaïque et pré-philosophique qui
croyait en ses Dieux de l'Olympe (sa mythologie) et vivait cette
croyance, la Kabylie éternelle de Bourdieu fonctionne en vertu des
dispositions mythiques de son habitus. Elle constitue un monde où les
pratiques des agents sont des mythologies réalisées, où l'antagonisme
du masculin et du féminin est une division du nomos multipliée à
l'infini : elle fonde l'ensemble des divisions qui structurent les
différents secteurs de la vie kabyle, maison, métier à tisser,
cueillette des olives, etc. La vision bourdieusienne fait ainsi de la
Kabylie un ensemble de pratiques qui chantent analogiquement et en
choeur la même mythologie sexuée (masculin/féminin). Le schéma
synoptique qu'il en donne, tout en concentrant l'essence d'une culture
dans une sphère, est construit sur le modèle d'une matrice générative
(Chomsky) : c'est l'une des rares fois, sinon l'unique fois, où le
sociologue dessine de façon problématique l'habitus de toute une
culture.
Tillion convoque à sa manière l'illusion de l'Arché, en concevant son
terrain ethnographique comme /vierge/, /authentique/, /inexploré/,
/isolé/, /mythique/, jamais en contact sérieux avec "notre
civilisation" ou avec l'histoire, tout en négligeant les aspects
politico-religieux de la société chaouïa. Elle ira jusqu'à voir en
l'Aurès contemporain un "étrange monde lointain", resté /immuable/,
copie relativement fidèle de l'archéo-société endogame et incestueuse
qu'aurait connu jadis tout le monde méditerranéen. Cette recréation
idéale n'est cependant menée qu'à moitié car malgré sa référence à la
préhistoire, il demeure que pour elle la "société traditionnelle"
demeure dans un statut intermédiaire, hybride, entre le sauvage et le
moderne, ce qui lui vaut une évaluation cinglante notamment à travers
la notion de "survivance" et celle de "vieilles structures", formes
culturelles qui appellent non pas une sauvegarde mais une destruction
rapide et efficace. L'analyse sémantique de son concept ternaire
(société sauvage/traditionnelle/moderne) fondé sur l'opposition des
contenus montre que l'auteure, à travers l'opposition de la Tribu et de
l'Etat, de la Campagne et de la Ville, du rural et de l'urbain, de
l'endogamie et de l'exogamie, du Cousin et du Citoyen, de la fraternité
et du patriotisme, de l'entre soi (inceste) et de l'échange, d'Ibn
Khaldun et d'Averroès, etc., fonde un solide système d'interprétation
et d'évaluation des réalités maghrébines et méditerranéennes, qui n'est
pas étranger aux savoirs antérieurs sur le Maghreb.
Cinq manières de dépasser les savoirs de la période coloniale sont
distinguées, manières qui sont appelées des réécritures : une
réécriture géographique avec Julien, une réécriture nationaliste avec
Lacheraf, une réécriture écologiste puis mythologique avec Bourdieu, et
enfin une réécriture méditerranéiste (plutôt que féministe) avec
Germaine Tillon.
L'analyse est poursuivie par une réflexion sur les points de rencontre
entre ces différentes réécritures. Elle fait ressortir les cadres
doxiques au sein desquels certaines visions et certaines appréciations
des savoirs de la période coloniale ont été reformulées. Ils concernent
essentiellement la construction de l'espace physique et culturel
maghrébin dans les sciences sociales, la "permanence berbère",
l'appréciation de l'islam, les visions de la ruralité et de l'urbanité,
la recherche de l'Arché et le projet d'une sociologie de la
civilisation.
En conclusion, la doxa dans les sciences sociales qui traitent du
Maghreb est loin de se manifester au travers d'une idéologie globale,
transversale et cohérente. Bien au contraire, une fois ces textes
envisagés épistémologiquement, et non plus seulement politiquement, du
point de vue de leur contribution réelle ou supposée à un quelconque
culture impérialiste, il apparaît que leurs cadres doxiques consistent
en des catégories de perception et de construction des connaissances
qui transparaissent à travers des réécritures souvent très novatrices.
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{FR, 07/12/2007}
SOUTENANCE DE THÈSE
Christian MAUCERI
mauceri@fr.ibm.com
J'ai le plaisir de vous inviter à ma soutenance de thèse intitulée
Indexation et isotopie :
vers une analyse interprétative des données textuelles
ainsi qu'au pot qui suivra.
La soutenance se déroulera le vendredi 14 décembre 2007 à 10H dans la
salle Ile de France de la Tour Descartes (Tour IBM),
2, avenue Gambetta, Paris La Défense.
Essayez de m'envoyez un mail de confirmation 3 jours à l'avance de
façon à ce que je puisse faire le nécessaire auprès du service de
sécurité d'IBM pour que vos badges soient disponibles, il vous faudra
aussi vous munir d'une pièce d'identité.
Composition du Jury :
- Rapporteurs :
François RASTIER, Directeur de recherche, CNRS
Monique SLODZIAN, Professeur, INALCO
- Examinateurs :
Diem HO, IBM Academy of Technology, IBM Europe
Ioannis KANELLOS, Professeur, ENST Bretagne
Philippe LENCA, Maître de conférence, ENST Bretagne
Pierre-François MARTEAU, Directeur du VALORIA, Univ. de Bretagne Sud
Résumé :
L'immense succès des moteurs de recherche sur le Web est loin d'épuiser
la problématique de l'indexation sujet surtout lorsque les textes à
indexer ne sont pas déjà mis en relation par des liens hypertextuels.
La nature intrinsèquement interprétative de l'indexation sujet se prête
mal, a priori, à l'automatisation. Nous montrerons qu'une approche
interprétative de la classification automatique s'appuyant sur les
acquis théoriques de la sémantique interprétative ouvre des voies
nouvelles à l'indexation sujet en particulier et, en général, à
l'herméneutique matérielle dont l'ambition est de réunifier
l'herméneutique et la philologie.
Nous proposons dans un premier temps une pratique renouvelée de la
classification automatique basée d'une part sur un nouvel algorithme de
classification utilisant la densité de fonctions noyau et d'autre part
sur,une méthode d'utilisation de cet algorithme qui se fonde sur le
cercle herméneutique de la détermination du local par le global et du
global par le local.
Dans un second temps nous proposons deux améliorations de la technique
d'indexation par sémantique latente. La première utilise le filtrage
d'une matrice de cooccurrences par le test exact de Fisher appliqué à
des tableaux de contingence à vaste marge. Ce filtrage est rendu
aujourd'hui possible par l'algorithme de Lanczos approximant
efficacement la fonction Gamma. La seconde utilise une approximation
d'analyse en composantes principales permettant de représenter les
facteurs principaux d'une matrice de cooccurrences par les mots
caractéristiques du graphe de cooccurrences.
Nous montrerons enfin qu'il est dès lors possible de soumettre à
l'appréciation d'un interprète des classes de passages de textes
décrites par des facteurs, lui permettant ainsi de mettre rapidement en
évidence des molécules sémiques caractéristiques d'un corpus comme de
rejeter des regroupements artificiels. Les facteurs qualifiés au sein
de ces molécules sémiques rendent compte de formes sémantiques se
détachant sur un fond isotopique offrant par là même une indexation
rapide, régulière et de qualité de vastes corpus.
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{FR, 07/12/2007}
SÉMINAIRE
Pierre Judet de La Combe,
Directeur d'études à l'EHESS et Directeur de recherches au CNRS.
Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'EHESS :
L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
Thème de l'année 2007-2008 :
Formes discursives en Grèce archaïque : mythe et cosmologie
séminaire ouvert aux étudiants de master.
Le lundi, de 11 h. à 13 h., au 105 Boulevard Raspail, salle 5.
Hebdomadaire. Première séance le 12 novembre.
En prolongeant la réflexion sur la relation qui s'instaure dans les
oeuvres poétiques de la Grèce archaïque entre les formes de "vérité"
qu'elles revendiquent -vérités de l'ordre de la connaissance, de
l'ordre des normes politiques, religieuses et poétiques, ou de
l'expressivité- et leur historicité comme événements marquants [NDLR :
voir dans le précédent SdT le compte-rendu du séminaire de l'an
dernier], nous travaillerons cette année sur une forme qui prétend
totaliser la tradition narrative dans une construction systématique
nouvelle, à savoir le mythe, tel que le conçoit et le pratique la
poésie savante (notamment chez Hésiode, dans sa confrontation constante
avec la tradition homérique). L'hypothèse sera que le mythe, sous cette
forme savante, est à comprendre comme mytho-logie, comme science de la
tradition mythique, de sa variance, de ses contradictions, de ses
potentialités. Le mythe, selon ce point de vue, parle moins des choses
que de la manière dont on les raconte. Les séances porteront sur les
épisodes majeurs de la Théogonie (dans une traduction originale,
proposée pour la discussion, avec référence au texte grec pour les
points critiques où le sens littéral fait problème). L'enjeu sera de
reconstruire le type de systématicité qui est à l'oeuvre dans ce poème
généalogique, et d'articuler les deux orientations majeures de ce
récit : à savoir l'interprétation de histoire divine comme histoire de
la totalité des choses, et la forme de réflexion critique sur la
tradition poétique antérieure (et notamment, mais pas seulement, la
tradition "homérique") qu'un tel travail suppose. Cela nous permettra
de réévaluer la pertinence de plusieurs concepts habituels dans
l'analyse des textes anciens : performance, oralité, individualité d'un
auteur, rapport parole/langue.
Comme la notion de "mythe" a été fortement remise en cause ces
dernières années (comme notion anachronique, extérieure à la tradition
narrative parce que posée par la critique philosophique de cette
tradition), nous lirons parallèlement plusieurs textes philosophiques
et scientifiques marquants, depuis la fin du XVIIIe siècle, relatifs à
la nature du mythe, de manière à faire le point.
Nous reviendrons ensuite sur la question classique de la césure
historique, sans doute à remettre en question, entre récit mythique et
système cosmologique. Après l'examen des schémas qui posent une rupture
essentielle entre muthos et logos et de ceux qui, au contraire,
réintroduisent une continuité et expliquent le changement d'abord par
la différence des conditions sociales et politiques du discours savant,
nous tenterons de proposer des hypothèses sur la signification
historique du changement qu'introduit, au sein de la tradition
narrative, le passage d'un intérêt pour l'histoire des dieux à un
intérêt pour l'histoire de la nature.
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{FR, 07/12/2007}
SÉMINAIRE
Année académique 2007-2008
Chaire de Physiologie de la Perception et de l'Action
M. Alain BERTHOZ, Professeur
Séminaires :
Le cerveau, le réel et le virtuel
Amphithéâtre Marguerite de Navarre
11 Place Marcelin Berthelot - 75005 Paris
Mercredi 16 Janvier
16h - Pr Nicolas Franck, Institut des Sciences Cognitives CNRS Lyon
Les hallucinations. Altérations de la prise en compte du réel dans
les psychoses
17h - Dr Marie Odile Krebs, INSERM, Hôpital Saint Anne Paris
Hallucination et schizophrénie
Mercredi 23 Janvier
16h - Dr Jean Becchio, Université Paris Sud Orsay
Données récente sur les bases neurales et les applications clinique
de l'hypnose
17h - Dr Jean Philippe Lachaux, INSERM Lyon, Dr Ph. Kahane, Hôpital
Nord, Grenoble et Dr Karim Jerbi, LPPA Collège de France
Brain TV : voir, contrôler et moduler l'activité de son cerveau
Bases du neurofeedback et des interfaces cerveau - machine
Mercredi 30 Janvier
16h - Pr Patrick Haggard, Institute of Cognitive Neuroscience
University College Londres
Sensation corporelle et représentation de soi
[en anglais avec traduction française]
17h - Discussion : Pr Alain Berthoz et Pr Jean Luc Petit
La notion de corps virtuel
Mercredi 6 Février
16h - Pr Liliane Manning, Laboratoire de Neuropsychologie CNRS,
Université de Strasbourg
Le réel et la fiction dans la mémoire autobiographique
Etudes comportementales et en imagerie cérébrale
17h - Pr Pascale Piolino, Université Paris V
A la recherche du temps perdu : bases neurales de la mémoire
autobiographique et de ses dysfonctionnements
Mercredi 13 Février
16h - Pr Salvatore Aglioti, Université La Sapienza, Rome
Le corps et le soi dans le cerveau
[en anglais avec traduction française]
17h - Pr Alain Berthoz, Halim Hicheur, Julie Grèzes, Josh Houben, Lydia
Yahia-Cherif, LPPA Collège de France et Ecole Jacques Lecoq
L'expression corporelle des émotions
Mercredi 20 Février
16h - Pr Daniel Thalmann, Ecole polytechnique de Lausanne,
Laboratoire de Réalité virtuelle
La simulation des foules par la réalité virtuelle
17h - Dr Stéphane Donikian, IRISA /CNRS Université de Rennes
Comment s'inspirer des comportements humains pour réaliser des
créatures virtuelles avec des images numériques
Ces séminaires seront complétés par :
Deux conférences du Pr I. Takanishi (Université de Waseda, Japon) sur
les robots humanoïdes japonais (dernière semaine de Février).
Un colloque international qui se tiendra au Collège de France le 11 et
12 Juin 2008, organisé avec les Professeurs Brian Stock (Université de
Toronto) et Carlo Ossola (Collège de France).
Sujet : "La pluralité interprétative et les fondements historiques et
cognitifs des changements de point de vue".
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{FR, 09/12/2007}
SÉMINAIRES
* Henri Atlan, séminaire propre:
La biologie post-génomique à l'usage des sciences humaines.
se tiendra les Mardis de 19 h à 21 h salle 8, 105 Bd Raspail
les 15 janvier, 12 février, 11 mars et 15 avril 2008
* Séminaire EHESS 2007-2008
sous la direction de Henri ATLAN et Claudine COHEN
Biologie et société
Lundi 14 janvier 2008 de 11 H à 13 H
M. Daniel JACOBI (Université dAvignon)
"Le patrimoine naturel en France, entre protection et diffusion
touristique"
Lundi 11 février 2008 de 11 H à 13 H
M. Paul-André ROSENTAL (EHESS)
"Les traits distinctifs de l'eugénisme français"
Lundi 10 mars 2008 de 11 h à 13 h
M. Arnold MUNICH (Hopital Necker)
"Traitement des maladies génétiques : le poids de l'idéologie"
Lundi 14 avril 2008 de 11 H à 13 H
M. François RASTIER (CNRS).
"Naturalisation et post-humanité"
Lundi 5 mai 2008 de 11 H à 13 H
M. Pierre-Henri GOUYON (MNHN)
"L'Information en biologie de l'évolution"
Lundi 9 juin 2006 de 11 H à 13 H
M. André WAKEFIELD (Université de Claremont, Californie) et
Mme Claudine COHEN (EHESS)
"Histoire naturelle et géographie naturelle dans la Protogée de Leibniz"
Toutes les séances du Séminaire auront lieu à lEHESS,
Salle Lombard, 96 bd Raspail, 75006 Paris, de 11h à 13h.
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{FR, 07/12/2007}
SÉMINAIRE
Séminaire Sémantique des textes, année 2007-2008
François RASTIER
Directeur de recherche
CORPUS, CONNAISSANCES ET LINGUISTIQUE DES TEXTES
Thèmes abordés : - La linguistique des textes, la linguistique des
langues et la linguistique du langage. - Corpus et connaissances. - Les
concepts comme formes sémiotiques. - Unités textuelles et passages. -
Sémantique des textes et analyse de la doxa. - Pour une sémantique du
web. - De la sémantique des valeurs à une sémiotique des cultures.
Institut national des langues et civilisations orientales [Centre de
Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de Lille, 75007 Paris -
Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage, salle 223.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Six séances le jeudi, une le mercredi.
Les jeudis 10, 17, 24 janvier ; jeudi 7 février ; jeudi 20 mars ;
mercredi 26 mars ; jeudi 3 avril. Horaire : de 17h30 à 19h15.
Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
Références : http://www.revue-texto.net
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{FR, 07 et 10/12/2007}
TEXTE
Pierre Judet de la Combe
Langues d'Europe et "identité"
[conférence donnée à Toulouse le 16 mars 2007 au colloque international
Trajectoires de l'Europe (Université de Toulouse 1, Sciences sociales)]
Deux fonctions du langage ? - Une opinion commune veut que les langues
aient, chacune, deux fonctions principales : permettre la communication
entre les humains et exprimer une identité. La langue serait, d'un
côté, ouverte à l'universel, puisque, non seulement, nous pouvons
communiquer les idées les plus générales entre sujets parlant la même
langue, mais qu'au-delà, la traduction, même approximative, assure la
possibilité d'une entente généralisée entre des individus d'origine
différente. D'un autre côté, les langues, par leurs différences,
rappelleraient que nous sommes aussi toujours liés à des histoires à
des traditions diverses, particulières. La langue, selon ce second
point de vue, exprimerait ce que nous sommes, à savoir notre identité
comme origine. Quand nous parlons, et quoi que nous disions, nous
faisons entendre que nous sommes de tel pays, de telle région, ou de
tel milieu social. D'un côté, donc : l'universel, idéalement ; de
l'autre, concrètement : une singularité. D'un côté, l'accent est mis
sur ce que l'on dit, de l'autre, sur l'idiome que l'on parle, langue
nationale, dialecte, ou sociolecte.
Conflit de valeurs : ouverture ou patrimoine. - A ces deux dimensions
du langage, sont attachées des valorisations différentes, dont les
relations ne manquent pas d'être conflictuelles. Comme outil de
communication, la langue ne s'embarrasse pas des identités d'origine.
La réussite que l'on attend d'une prise de parole n'est pas qu'elle
signifie clairement le lieu de naissance de celui qui parle, mais
qu'elle sache faire valoir une opinion, qu'elle la rende intelligible
et, si possible, convaincante. La pluralité des langues, qui est l'un
des caractères essentiels de l'Europe, tend, de ce point de vue, à
devenir un obstacle. Ce qui importe est le message que l'on veut
transmettre dans le monde ouvert qui est le nôtre. L'idéal serait que
tout le monde parle la même langue. Pour cette raison, on a vu, aux
différentes époques de l'histoire, s'imposer des "langues franches",
destinées à la seule communication : tour à tour l'araméen, le grec, le
latin, l'arabe, puis le français et enfin l'anglais, sans compter les
très nombreux sabirs qui ont accompagné le commerce et les conquêtes
ont servi à remplir cette fonction. Mais la simple liste de ces langues
montre que l'idéal n'est jamais réalisé : il restera toujours des
mondes que ces langues n'atteindront pas, ou des groupes sociaux qui,
enfermés dans leurs langues nationales ou leurs dialectes, n'auront pas
accès à cette communication générale. D'où l'idéal d'une langue
vraiment universelle qui n'ait comme support aucune des langues
historiques, pas même l'anglais, mais des langues purement
conceptuelles, formalisées, comme on les voit se construire dans les
programmes actuels de traduction automatique.
Face à cela, les langues nationales, ou régionales, sont défendues au
nom d'une tout autre valeur. Si la communication, pour se généraliser,
se dote d'une langue universelle, ou quasi universelle, comme l'est
actuellement l'anglais des échanges, la perte semble trop grande : des
identités historiques sont bafouées, les individus qui parlent se
sentent dépossédés de leur culture, qui est toujours singulière et dont
le support et l'expression seraient fournis avant tout par la langue.
Les phrases prononcées par les gens sont censées valoir non seulement
par la réussite de la communication, mais par leur authenticité : tel
ou tel parle en tant que Français, qu'Espagnol ou Catalan, et non pas
comme un individu abstrait, coupé de tout passé. On assiste alors à des
défenses, parfois désespérées, des langues "locales", c'est-à-dire de
toutes langues historiques en dehors de l'anglais, ou plutôt du
pseudo-anglais international. Ces défenses se font d'habitude selon
deux lignes d'argumentation qui sont en fait contradictoires et qui
font bien ressortir par là dans toute sa richesse le problème que nous
pose la pluralité des langues. On dira, par exemple, pendant les phases
d'impérialisme, que telle ou telle langue a plus que d'autres vocation
à dire l'universel en raison de sa constitution interne (ainsi
l'argument fameux de la "clarté française") ; dans les phases
historiques plus pacifiées, on dira, et à raison, que toutes les
langues ont par définition accès à l'universel. Ou, au contraire, on
fera valoir que c'est la différence entre les langues qui est par
elle-même une valeur, comme l'est pour la nature la diversité des
espèces. La singularité est alors valorisée en tant que telle. La
langue devient un patrimoine à préserver, puisque sans lui nous ne
serions pas ce que nous sommes, et que nous sommes d'abord des êtres
situés, dépendants d'une tradition.
La tension entre ces deux valeurs -réussite d'une communication
généralisée, d'une part, et authenticité des énoncés, de l'autre-
engendre des conflits persistants au sein des politiques nationales et
internationales des langues, que ce soit pour leur apprentissage à
l'Ecole, ou au sein des institutions chargées de régler ou de mettre en
place les échanges au niveau d'un continent ou du monde : peut-on se
passer d'un instrument d'entente générale comme l'anglais
international, mais comment, alors, ne pas priver les individus des
ressources de leur milieu linguistique d'origine ? Ou, pour le dire
positivement, comment considérer les humains à la fois comme des sujets
potentiellement universels et comme des singularités ? Selon les
idéologies et les modes, l'accent sera mis sur l'un ou sur l'autre
pôle. L'anglais international deviendra, par exemple, une matière
obligatoire à l'Ecole primaire, ou au contraire, là où s'affirme une
volonté identitaire, la langue nationale ou régionale servira de base
de l'éducation. Cette seconde ligne, qui est défensive, aura plus de
mal à s'imposer.
L'Europe et les langues. - Mais les termes du débat sont-ils justes ?
Le fait même que l'on parle, avec toutes les précautions nécessaires,
d'une "identité européenne" montre que la question n'est pas si simple.
L'Europe est une pluralité de langues, et le sentiment, plus ou moins
fort, d'appartenance à cet ensemble n'est pas lié à la langue, à telle
ou telle langue nationale, mais à une histoire complexe et souvent
conflictuelle, qui est une histoire agie et écrite en plusieurs
langues. Les débats, non tranchés, sur les limites géographiques de
l'Europe, comme sur ses prétendues "racines" civilisationnelles
montrent qu'une solidarité politique et culturelle européenne ne peut
pas être fondée sur un "donné" acquis une fois pour toutes, comme sont
supposées être "données" aux individus leurs langues naturelles, dont
on dit qu'elles expriment leur identité. Cette solidarité ne peut
résulter que de l'acceptation d'un projet qui à la fois soit commun,
c'est-à-dire dépasse les différences d'origine, et rende justice, d'une
manière ou d'une autre, à ces différences. L'appartenance européenne
n'est donc pas un état de fait, mais un travail collectif qui, pour
réussir, doit parvenir à une médiation acceptée entre le passé, ou
plutôt les passés des différentes sociétés, et un futur partagé. Elle
ne peut donc ni être déduite d'un passé supposé commun, et en fait
introuvable, tant les traditions diffèrent, ni être construite à partir
d'un futur abstrait défini en commun. Dans cette tension, c'est aussi
le concept même d'identité qui devra être discuté.
Langues et conceptions idéologiques du langage. - Cela nous renvoie
bien à la question de la, ou des langues. Un premier examen montre
vite, en effet, que les deux positions évoquées plus haut quant à la
langue, avec l'accent mis ou bien sur l'efficacité ou sur
l'authenticité de la communication, sont en réalité parfaitement
solidaires et résultent l'une et l'autre d'un même rétrécissement de
l'idée qu'on peut se faire des capacités du langage. Dans l'un et
l'autre cas, on suppose qu'il existe un donné préalable à l'acte de
communiquer, un donné que le langage n'aurait qu'à transmettre le mieux
possible.
Selon l'optique de la communication efficace, on pose en général que
les individus parlent de quelque chose qui existe indépendamment de
leur prise de parole : ils auraient un message à transmettre sur l'état
des choses. Le problème devient seulement celui d'être bien entendu.
Cela suppose qu'il existe bien un monde objectif partagé, formulable en
énoncés adéquats ; les individus n'ont donc qu'à apprendre à s'exprimer
clairement, et si possible dans une langue vraiment internationale.
D'où l'emprise progressive d'un anglais commun, présentée parfois comme
un destin. C'est tout simplement faire abstraction du fait que la
relation que nous pouvons avoir avec le monde est toujours différente
selon les situations historiques où l'on se trouve, selon les cultures,
les traditions, les individus et les projets. Ce qui fait consensus
dans une culture peut être problématique dans une autre, ce qui fait
qu'il y a dissensus dans une société peut être opaque pour une autre.
Le monde éventuellement partagé n'est pas un préalable, mais le
résultat d'une entente qui passe par le langage, c'est-à-dire par des
langues différentes ; il ne se réalise que si les individus comprennent
la signification de ce qu'ils disent par rapport à leur propre passé
culturel et s'ils comprennent les raisons qui font que d'autres
individus, parlant une autre langue, ne trouvent pas "naturel" ce
qu'ils disent. Penser qu'une compréhension internationale réussie
demande uniquement que le brouillage linguistique des informations ou
des opinions données soit éliminé participe de l'idéologie selon
laquelle le réel est évident, immédiatement partagé. Parler reviendrait
à se conformer le mieux possible à ce réel commun, ou à tenter de le
maîtriser. Mais si le monde commun n'est pas simplement conçu comme un
réel objectif sur lequel il faudrait s'entendre, mais comme un monde
social et politique rassemblant des individus et des sociétés qui
agissent et se parlent, il devient difficile de dire qu'il est
antérieur aux discussions ; il apparaît plutôt comme produit par elles.
Il suppose, en effet, que les raisons différentes de s'intéresser à lui
et de le construire soient elles-mêmes claires, qu'une entente soit
déjà produite à ce niveau-là : un projet tel que l'Union européenne ne
demande pas seulement qu'on s'entende sur des choses ou des normes
juridiques repérables, mais sur le sens que prend dans chaque culture
le fait de chercher une entente : quel type de solidarité, par-delà les
histoires nationales, cherche-t-on à mettre en place, avec quels effets
prévisibles vu ce que sont les histoires de chaque partenaire ?
Le monde commun n'est pas un objet disponible, déjà là ; il est
historique, c'est-à-dire toujours à faire. Le langage, à savoir chaque
langue, a sa part dans cette construction. En effet, si ce monde était
donné et si le langage tirait sa force de ce qu'il sait clairement s'y
référer (ce qu'on appelle sa fonction référentielle), la langue devant
dès lors être commune, on ne comprendrait tout simplement pas comment
un projet serait possible. Pour proposer une orientation quant à
l'avenir, par définition inconnu, la fonction référentielle ou
dénotative du langage ne suffit pas. Au-delà, il convient de mobiliser
des facultés langagières capables de poser un monde non réel. Pour
cela, les individus auront à activer des ressources de leur propre
langue, la seule qu'ils connaissent en profondeur, de manière à tirer
de leur tradition langagière (vocables anciens d'autant plus ouverts à
des sens nouveaux qu'ils sont inusités, métaphores littéraires ou
autres) des symboles renvoyant à une réalité possible. Le travail sur
le passé de la langue sert ainsi de condition à la préfiguration d'un
avenir, comme c'est en fait le cas dans les sciences dites exactes :
une métaphore, encore imprécise, y sert à anticiper un objet théorique
possible que la science aura ensuite à déterminer conceptuellement ; la
langue "naturelle" oriente le travail de formalisation qui est requis
de toute science. Il en va de même pour les projets politiques ou
économiques, qui sont d'abord portés par des termes qu'un travail de
discussion et d'argumentation contradictoire aura à définir. Les
individus seront d'autant plus libres et compétents dans ce travail
qu'ils appuieront l'inventivité linguistique requise pour la
formulation et l'argumentation de leurs projets sur la maîtrise d'une
langue dans sa dimension historique, c'est-à-dire, en fait, s'ils
s'appuient sur leur propre langue, et non sur une langue standard à
visée purement référentielle. Le respect de la pluralité des langues
historiques n'est ainsi pas un obstacle à un projet européen, mais la
condition de sa réussite.
De manière complémentaire, les idéologies de l'identité, nationale ou
régionale, supposent que nous savons ce que nous sommes et, plus
fondamentalement, que nous sommes bien quelque chose de collectivement
défini (comme le dit le mot "identité", qui renvoie au fait d'être ceci
et non cela), la langue étant l'expression la plus claire de cette
chose. Mais on sait, par exemple, que dans l'espace politique français
pas moins de quatre cents langues maternelles ont été transmises et
parlées au cours du XXe siècle. Les ramener à une seule est déjà un
coup de force. Dire qu'il y a une "langue nationale" n'est pas une
description de ce qui est, mais un programme ; il est posé qu'une
certaine norme linguistique, qu'un usage, parmi d'autres, fera la
langue commune, du mieux qu'elle peut ; et l'entreprise sera d'autant
moins ressentie comme violente et injuste qu'elle sera débattue,
argumentée au sein d'institutions vraiment représentatives. Ce ne fut,
de loin, pas souvent le cas, mais on a vu en France que l'emploi du
français a pu se généraliser avec le renforcement de la République à
partir de la fin du XIXe siècle avec les innovations que furent, entre
autres, l'Ecole, la liberté de la presse puis le développement des
médias. Cela est déjà un argument contre les souverainistes actuels :
la nation n'est pas la condition nécessaire à la démocratie, le seul
espace historique possible où elle pourrait se déployer. La nation est
plutôt un effet de la démocratie. Tout comme l'Europe, elle n'est pas
un donné, une origine, mais une construction historique, par principe
inachevée. Le concept même d'"identité nationale" fige ce processus
ouvert.
Complémentarité des idéologies identitaires et "mondialistes" (au sens
du marché). - Dans les deux accentuations différentes des fonctions
majeures prêtées au langage, communication de messages ou expression de
ce que l'on est, on voit donc à l'oeuvre la même tendance à transformer
ce qui est un long travail d'élaboration historique, ouvert et d'abord
indéterminé, en réalité donnée, posée là comme étant indiscutable, que
ce soit la réalité commune de ce dont il conviendrait de parler (en
fait, il s'agit souvent de la "réalité" du marché considérée comme
étant la base des échanges internationaux, avec les normes juridiques
et les savoirs qui l'encadrent ou la nourrissent), ou la réalité
originelle de ceux qui parlent. On assiste à une double tentative de
réification, de pétrification, tant du monde dont on parle que des
sujets. Il n'y a donc pas de contradiction entre le modernisme des
discours qui font du marché et des échanges d'information le milieu où
devrait se réaliser la dimension universelle de l'humain, et les replis
identitaires sur des traditions passées. Ces deux mouvements à la fois
se compensent et relèvent de la même idée de ce qui est réel, de ce qui
compte. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si les fondamentalismes
nationaux, religieux ou moraux se développent, en Occident comme
partout ailleurs, à une période où l'ouverture mondiale par les marchés
et la communication est devenue la règle. On voit bien, en Europe et
ailleurs, les mêmes gouvernements batailler pour l'ouverture des
échanges commerciaux et scientifiques et pour la crispation sur une
"identité nationale". D'un côté on prône la fluidité de la circulation
mondiale des prestations économiques et des savoirs, de l'autre, on
sanctuarise les milieux touchés par cette ouverture au nom de la
culture, conçue comme un patrimoine inaliénable.
Au concept d'identité, sans doute conviendrait-il alors de substituer
celui, plus riche parce que toujours problématique et ouvert au devenir
historique, d'appartenance. Nous ne sommes pas ceci ou cela, mais nous
nous reconnaissons individuellement et collectivement comme des sujets
capables de penser et d'agir dans des milieux d'appartenance
différents, la nation, l'Europe ou le monde, et aussi la religion, la
science, l'art, l'économie et le monde privé. Ces appartenances
multiples ne sont pas incompatibles en soi, mais, dans leur étagement
toujours changeant, constituent des individualités. Seulement aux
moments de crise aiguë nous avons à choisir entre ces appartenances
diverses. En état de guerre, on se dira (ou on ne se dira pas)
"français" ou "russe", plutôt que corse, musulman, artiste ou père de
famille.
L'Europe, une identité réflexive. - Une objection pourrait être de dire
que malgré tout des civilisations différentes se sont constituées et
que des traits caractéristiques tranchants les distinguent les unes des
autres. Même si les civilisations s'enrichissent par leurs échanges, il
y a bien des seuils entre elles parce que leurs passés et leurs valeurs
ne sont pas identiques. Mais précisément, ces différences héritées
peuvent être conçues ni comme un frein à une entente mondiale, ni comme
un fait indépassable (dans l'optique d'un conflit des civilisations),
mais comme le terrain initial à un travail universel de réflexion sur
le sens de ces différences, travail mené dans la perspective d'une
compréhension et d'une formulation de valeurs et de normes partagées.
Ce travail serait abstrait, et inopérant, s'il n'avait pas comme objet
les histoires de ces civilisations. Face à l'exigence de construire des
projets partagés, la prise de distance collective par rapport à soi, à
ce qui est établi par le passé, porte en elle-même une signification
universelle, comme détachement et comme réappropriation des
potentialités d'ouverture de chaque civilisation. C'est la base d'un
universel concret, qui fasse sens.
S'il faut définir une caractéristique de l'Europe moderne, c'est bien
qu'elle s'est périodiquement donné cette tâche de prise de distance.
Les grands moments de sa modernisation culturelle et politique ont
toujours été des "Renaissances", des moments de réappropriation
distante du passé, antique ou religieux, dont le but n'était
précisément pas la restauration de ce passé, mais la définition de
normes et de valeurs nouvelles. Cela dans un double geste
révolutionnaire : face à un présent qui ne satisfaisait pas, l'ancien
était posé comme détenteur d'une valeur, mais à condition qu'il soit
simultanément posé comme obscur, difficile à comprendre et non comme
immédiatement utilisable. La conscience historique qui caractérise nos
cultures et les sciences historiques elles-mêmes sont nées de ce double
geste : le passé n'était pas une origine, une "racine", mais une
question : pour le comprendre, il a fallu inventer des institutions
nouvelles porteuses d'un regard nouveau sur les traditions, dans les
Eglises, à certaines époques comme la Réforme ou Vatican II, dans les
Universités, dans le travail sur le droit romain, sur l'histoire
ancienne des institutions démocratiques. Si l'Europe s'est dotée d'une
individualité historique qui la différencie, c'est par cette réflexion
de nature critique sur elle-même, sur son passé. Le mot identité, s'il
fait sens, doit alors être compris comme processus historique, comme
identité réflexive de travail sur soi. L'Europe n'est pas un espace
plus ou moins défini mais une succession de réinterprétations ouvertes
de ses traditions. Ce qui l'unit est, outre des intérêts communs de
type géopolitiques, un intérêt affirmé par chacune de ses cultures pour
une reformulation critique, sur la base d'un regard distancié sur ses
traditions, de ses normes et des valeurs capables d'instaurer un
sentiment d'appartenance, d'abord à l'échelle des nations, puis du
continent.
Langue et réflexion. Vers une politique des langues.
Le modèle qui rend intelligibles ces transformations semble bien être
le langage, mais à condition que l'on prenne en compte sa dynamique
propre. A la fois il est présent, donné aux individus, comme ensemble
efficace de règles, comme grammaire, et il est perpétuellement
instable, comme milieu d'une innovation permanente, dans la différence
des usages, dans l'inventivité des locuteurs qui transforme peu à peu
les règles collectives. Le langage est en cela réflexif. Il permet aux
individus à la fois de se faire entendre et de transformer par leurs
prises de paroles, par leurs inventions, les bases communes de
l'entente en leur donnant la capacité de s'interroger sur le sens des
expressions et des usages convenus. Il garantit la possibilité d'une
authenticité, non parce qu'il exprimerait une identité préalable, mais
parce qu'il est le lieu où l'effort, jamais certain de sa réussite, de
dire quelque chose d'important ou de nouveau peut être reconnu et
validé par autrui. En cela, il est bien le moyen et l'école de
l'insertion des individus dans l'histoire.
Une politique européenne des langues ne devrait donc pas avoir pour
visée principale la seule capacité de transmettre des informations dans
l'espace le plus vaste. Il s'agit, prioritairement, de donner aux
citoyens les moyens de cette liberté par rapport à la langue que l'on
appelle la "compétence linguistique", qui est une compétence
historique. Cela passe avant tout par la maîtrise, par chacun, de sa
propre langue, c'est-à-dire des ressources que son histoire y a
déposées. La citoyenneté s'enracine dans cette maîtrise, qui est à la
fois la condition première d'une participation active aux échanges
internationaux et le moyen, vis-à-vis des langages de plus en plus
obscurs que constituent les sciences, de comprendre notre
environnement : nous devons aussi, dans la complexité et l'opacité du
monde contemporain, être en mesure de formuler en langage naturel,
commun, les objectifs de ces sciences et la signification qu'elles
prennent dans nos mondes sociaux. Les individus, sinon, resteraient
indéfiniment aliénés face aux savoirs qui encadrent leur vie. L'accent
mis, dans l'éducation, sur la connaissance effective, c'est-à-dire
historique, des langues maternelles ne signifie donc pas un repli, mais
est au contraire la condition d'un projet vraiment cosmopolitique. Il
garantirait aux citoyens européens la jouissance du droit qui fonde
leur capacité d'exercer tous les autres, à savoir le droit à la langue.
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{FR, 07/12/2007}
COMPTE RENDU
François Rastier
Mort-spectacle et succès annoncé
[paru en espagnol sous le titre "Muerte espectáculo y éxito anunciado",
Barcelone, La Vanguardia, 15.11.07, Cultura/s, p. 4.
Dossier coordonné par Xavier Antich à l'occasion de la sortie de la
traduction de "Les Bienveillantes", de Jonathan Littell]
Couronné de prix prestigieux, les Bienveillantes, best-seller
international, est un de ces gros livres dont tous parlent, que
beaucoup achètent et que certains lisent. Littell affiche un
professionnalisme à l'américaine, en compilant toute la documentation
classique pour attester que son roman est historiquement fondé. La
première phrase finit par : "laissez-moi vous raconter comment ça c'est
passé". Appuyé sur une caution historique revendiquée, qui a d'ailleurs
flatté certains historiens, un tout autre discours se développe.
Littell joue adroitement de sa judéité, mais son livre inverse en fait
tous les principes du témoignage de l'extermination.
(i) Son "héros" et narrateur est un dignitaire SS homosexuel et
incestueux pour faire bonne mesure. La narration alterne inlassablement
les scènes de violence et de sexualité qui se conjoignent aux moments
forts. Un exemple : nous avons des photos et des récits de la pendaison
de Wolf Kieper à "Lemberg" (Lviv) ; dans le style de Bataille, son
modèle revendiqué, Littell y ajoute de son cru : "Sous sa chemise, il
était nu, je voyais avec horreur sa verge engorgée, il éjaculait
encore." C'est un affront abject à la mémoire du supplicié.
De fait, l'érotisation ne sert qu'à rendre la violence désirable :
ainsi, la femme du commandant d'Auschwitz se doit-elle de porter la
petite culotte d'une jeune fille gazée, "qui ornait et protégeait
maintenant le con de Hedwig Höss".
(ii) Alors que beaucoup de survivants ont trouvé dans la culture une
forme de résistance à la barbarie nazie, Littell réactualise, à la
suite de Steiner, les poncifs du Kulturpessimismus de l'époque
bismarckienne, avec le thème du bourreau amateur de musique classique.
Les chapitres sont titrés par les mouvements des suites de Bach
(courante, allemande), pour rappeler le raffinement du bourreau, alors
même que les nazis préféraient de beaucoup la musique militaire.
(iii) Le témoignage des survivants n'est pas autobiographique : il
s'adresse aux vivants mais se dédie aux victimes. Ici les victimes ne
sont qu'une partie du décor ; pour un bourreau comme Aue, les victimes
ne sont plus qu'une matière première, comme pour les libertins chez
Sade (Littell est d'ailleurs traducteur de Sade).
(iv) Le choix du bourreau comme narrateur engage à partager son point
de vue, quand il s'adresse ainsi au lecteur : "Je suis un homme comme
les autres, je suis un homme comme vous." (p. 30). Or, l'identification
est impossible, à moins de conclure des bourreaux : ils étaient comme
nous, donc nous sommes déjà comme eux. Levi écrivait, dans sa préface à
Auschwitz, de Poliakov : "Pour expliquer, on ne doit pas comprendre, si
comprendre signifie se mettre à la place, s'identifier" ; il ajoute
qu'aucun homme normal ne peut s'identifier à Hitler, Eichmann et
autres. Qu'aux premiers mots du livre le narrateur-bourreau s'adresse
aux lecteurs par l'invocation "Frères humains", cela signifie que la
responsabilité s'étend à l'humanité tout entière, victimes comprises,
pourquoi pas : le Mal, catégorie métaphysique, cache commodément la
responsabilité des crimes historiques.
À présent, certains voudraient que la mission du témoignage passe des
survivants à leurs bourreaux. Dans un compte-rendu favorable des
Bienveillantes, un historien écrit : "Les lecteurs sont fascinés parce
qu'ils sentent bien que, si l'on veut comprendre les massacres, les
atrocités, il faut en passer par le discours des bourreaux, pas par
celui des victimes, innocentes par définition" (Christian Ingrao,
Libération). La parole, l'autorité, reviennent donc à Eichmann, Barbie,
etc., qui tous ont nié ou minimisé, euphémisé.
Bien que la première phrase du livre revendique le réalisme, que les
petits détails vrais soient multipliés ad nauseam, Littell fait de
l'extermination et de la guerre une matière fabuleuse, comme la
Matière de Bretagne, celle des Amadis, celle que dans le Quichotte le
chanoine de Tolède récusait au profit de l'histoire : mais sous
l'inversion transgressive du merveilleux, l'on retrouve dans Les
Bienveillantes le saignant, le palpitant et l'érotico-macabre qui ont
fait les beaux jours du roman de gare depuis le début des chemins de
fer. Appliqué à l'histoire, où ce conformisme nous conduit-il ? Les
topoï de la littérature sadique une fois compilés avec de multiples
clins d'oeil culturels, il s'ensuit une extraordinaire déréalisation de
l'histoire qui n'est plus que pathos. Que signifie par exemple la scène
onirique, deux fois rappelée, où Hitler se revêt du châle de prière des
juifs pieux ? Rien de plus qu'une confusion de toutes les catégories où
bourreaux et victimes échangent leurs attributs, ce qui déréalise
l'histoire qui a servi de matière (1).
Ce serait une erreur de parler de négationnisme, comme l'ont fait
certains : il ne s'agit pas de nier, bien au contraire, mais de rendre
fascinant, ce qui est bien pire. Sade au moins ne prétendait pas
raconter l'histoire. Certes, Littell a parfaitement le droit de sidérer
son lecteur par neuf cents pages de pathos académique (bien que dans un
style fort approximatif -on a relevé des centaines d'impropriétés).
Mais la question des victimes demeure : on exploitait leurs cheveux,
leurs vêtements ; l'industrie éditoriale exploite aujourd'hui leur
mémoire et leurs dépouilles suppliciées. La mort-spectacle devient de
plus en plus rentable dans tous les médias.
En 1979, Primo Levi écrivait : "Il était prévisible que le sang, le
massacre, l'horreur intrinsèque des faits qui s'étaient déroulés en
Europe ces années-là attireraient des myriades d'écrivains de second
rang en quête de thèmes faciles à développer [...] et que cette
tragédie démesurée serait utilisée [...] pour satisfaire cette soif
trouble de macabre et de repoussant qui habite au profond de tout
lecteur". Littell sait bien qu'il couronne en effet une longue série
d'ouvrages médiocres et scabreux, mais il nous indique un tout autre
corpus, et, dans de multiples entretiens, se recommande de la grande
littérature universelle : Eschyle à qui il emprunte son titre (et
l'intrigue incestueuse de l'Orestie), mais aussi Shakespeare, Flaubert
(L'éducation sentimentale), Dostoïevski (Les Démons). En outre, il se
met volontiers sur le même plan que Robert Antelme ou Vassili Grossmann
(Vie et Destin).
Cela n'est qu'un leurre. Pour compenser peut-être l'inconsistance
flagrante de son héros, qui n'aurait pas tenu une heure dans l'appareil
nazi, Littell se prépare à publier un petit ouvrage, "Le sec et
l'humide", dans lequel il indique que son modèle est Léon Degrelle,
extrémiste belge qui forma et commanda sur le front de l'Est la
division SS Wallonie. Derrière cette figure se profile en fait la
principale source et patron stylistique des Bienveillantes : "La
campagne de Russie 1941-1945", long récit que Degrelle publia en 1949 ;
on y retrouve le même pompiérisme désuet, le même goût de l'horreur
sordide, le même mépris des victimes et du lecteur.
Notes
(1) Ces romans "historiques" sont bien le genre en vogue. Le
best-seller annoncé de Norman Mailer retrace la biographie de Hitler,
mais racontée par un démon : pour mieux vendre, on mélange Raul Hilberg
et Harry Potter, en ajoutant d'ailleurs là encore de l'inceste.
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________________________________________________________________________
SdT volume 13, numero 5.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________________
Das Gedicht ist der Ort, wo das Synonyme
unmöglich wird:
es hat nur seine Sprach- und damit Bedeutungsebene.
Aus der Sprache hervortretend,
tritt das Gedicht der Sprache gegenüber.
Dieses Gegenüber ist unaufhebbar.
Paul Celan, Der Meridian
(Endfassung - Entwürfe - Materialien
Suhrkamp, Francfort /Main, 1999, p. 104)
________________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 12 nouveaux abonnes, dont Vivian Therese
Mathiot et Laetitia Aujard.
- Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
changements d'adresse electronique.
2- Carnet
- Voeux
- These de Smail Djaoud, Nanterre, 12 decembre :
"Semantique de la doxa dans les sciences sociales sur le
Maghreb - De Charles Andre Julien a Germaine Tillion"
- These de Christian Mauceri, Paris La Défense, 14 decembre :
"Indexation et isotopie :
vers une analyse interprétative des données textuelles"
- Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
"L'interpretation litteraire. Theories et pratiques -
Formes discursives en Grece archaique : mythe et cosmologie"
- Seminaire coordonne par Alain Berthoz :
"Le cerveau, le reel et le virtuel"
- Seminaire de Henri Atlan :
"La biologie post-genomique a l'usage des sciences humaines"
et seminaire coordonne avec Claudine Cohen :
"Biologie et societe"
- Seminaire de Francois Rastier :
"Semantique des textes -
Corpus, connaissances et linguistique des textes"
3- Textes
- Pierre Judet de la Combe : "Langues d'Europe et "identite" "
- Francois Rastier : Mort-spectacle et succes annonce
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{FR, 07/12/2007}
VOEUX
Bonnes fêtes et bonne année à tous !
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{FR, 07/12/2007}
SOUTENANCE DE THÈSE
Université Paris X Nanterre
Le mercredi 12 décembre à 14h, Batiment B, salle 016.
Smaïl DJAOUD
Université de Paris X Nanterre
Sous la direction de François Rastier
Sémantique de la doxa dans les sciences sociales sur le Maghreb
De Charles André Julien à Germaine Tillion
Résumé
Cette étude présente une approche sémantique des sciences sociales
élaborées sur le Maghreb à travers un corpus de quatre auteurs
importants : Charles André Julien, Pierre Bourdieu, Mostéfa Lacheraf et
Germaine Tillon. Elle s'efforce de saisir la variété des doxas au plus
près des textes étudiés et d'appréhender la manière dont ces penseurs
assument l'héritage que constituent pour eux les savoirs de la période
coloniale. Elle caractérise notamment la manière dont ils dépassent ces
savoirs et plus globalement les modalités de leur passage vers un mode
de connaissance postcolonial plus soumis aux exigences épistémologiques
et méthodologiques du champ intellectuel métropolitain et mondial.
La méthode, essentiellement sémantique, fondée sur la construction de
parcours interprétatifs, et consolidée parfois par des constats
lexicométriques d'appoint, est d'abord appliquée au texte historique de
Julien (1952). Un imaginaire géographique particulier et cohérent,
fondé sur l'opposition des parties du relief et sur une représentation
insulaire du Maghreb a ainsi pu être décrit. Impliquée jusque dans la
composition de l'histoire, cette vision voit en les Almohades des
"montagnards" et en les Almoravides des "Sahariens", et conçoit les
"invasions hilaliennes" comme un phénomène climatique néfaste. Le
résultat de cette géographisation de l'histoire est une re-construction
de l'espace physique et culturel maghrébins, dont ont largement hérité
l'ensemble des sciences sociales qui traitent de ce "terrain".
A l'inverse, la pensée lacherafienne est caractérisée par une
construction sémiotique qui consiste à distinguer entre deux espaces
antagoniques, l'espace identitaire /national/ et l'espace distal
/colonial/. Le premier, présenté comme lieu d'énonciation et de
subjectivité, comprend une pluralité de notions et de valeurs définies
comme formant ou appartenant à l'espace du "nous" ; tandis que le
second, auquel il ne cesse de s'opposer, est celui des "autres", de
l'"ennemi", de l'étranger. Non seulement le premier est positif (zone
de la révolution, du peuple, de la libération, de l'émancipation, de
l'opprimé, etc.) et le second négatif (zone du peuplement, du génocide,
de la dévastation, de l'extermination), mais l'ensemble de cette
organisation, avec ses valeurs et ses présupposés, se trouve investie
dans l'interprétation des phénomènes historiques et sociologiques les
plus divers : l'antagonisme du "nous" (l'identitaire) et du "eux"
(distal) est traduit par l'opposition du Tiers-Monde opprimé et de
l'Occident armé en histoire récente et en politique internationale, par
le contraste entre le Sud, autochtone, et le Nord, romain, pendant
l'antiquité romaine de l'Afrique du Nord, du Donatisme et de l'Eglise
officielle dans le christianisme nord-africain de la même époque, des
Musulmans et des Byzantins au 7ème siècle, du colonisé et du
colonisateur aux XIXè et XXème siècles, etc. Ce qu'opère ainsi le point
de vue nationaliste de Mostéfa Lacheraf consiste en une inversion des
valeurs.
Un autre auteur qui a retravaillé ces savoirs est Bourdieu dans sa
"Sociologie de l'Algérie" (1958). Il reprend les divisions de l'espace
culturel nord-africain, telle que construites par l'historiographie
"coloniale". Il retravaille la représentation du Maghreb en archipel et
la réécrit pour l'Algérie sous les traits d'une "koïné culturelle".
Mais c'est surtout le ton écologique de cette sociologie, conféré par
une lutte omniprésente et sans cesse recommencée du paysan (l'acteur
Homme) contre la nature (l'acteur Milieu), qui finit par la
caractériser, en figurant comme un récit sous-jacent à nombre
d'explications : le défi lancé par la nature impérieuse, le surcroît de
solidarité des paysans, les femmes comme "prêtresses agraires"
conjurant les dangers du milieu physique, les marabouts comme chefs de
services spirituels intercédant auprès des forces naturelles, etc. sont
autant de séquences narratives d'une joute écologique entre des
protagonistes collectifs. Au final, la survie du groupe n'est assurée
qu'en vertu d'un équilibre précaire, sans cesse menacé de rupture.
Bien différent est le Bourdieu de la Kabylie mythico-rituelle, que les
commentaires sur l'oeuvre du sociologue ont négligé. Placée au coeur de
l'espace identitaire méditerranéen et "euro-américain", cette Kabylie,
intégrée du point de vue de l'espace, est cependant vertigineusement
éloignée du point de vue du temps : conçue essentiellement comme une
Arché miraculeusement contemporaine, dans laquelle fonctionne
atemporellement "le vieux socle méditerranéen", elle relève d'un
"Inconscient androcentrique" pathogène. Les sociétés européennes sont
alors comme conviées à se débarrasser de ce qu'il y a de profondément
kabyle en elles, pour parvenir à un rapport plus juste entre les hommes
et les femmes. Décrite comme dépourvue d'institutions, encore à l'état
indifférencié, similaire à la Grèce archaïque et pré-philosophique qui
croyait en ses Dieux de l'Olympe (sa mythologie) et vivait cette
croyance, la Kabylie éternelle de Bourdieu fonctionne en vertu des
dispositions mythiques de son habitus. Elle constitue un monde où les
pratiques des agents sont des mythologies réalisées, où l'antagonisme
du masculin et du féminin est une division du nomos multipliée à
l'infini : elle fonde l'ensemble des divisions qui structurent les
différents secteurs de la vie kabyle, maison, métier à tisser,
cueillette des olives, etc. La vision bourdieusienne fait ainsi de la
Kabylie un ensemble de pratiques qui chantent analogiquement et en
choeur la même mythologie sexuée (masculin/féminin). Le schéma
synoptique qu'il en donne, tout en concentrant l'essence d'une culture
dans une sphère, est construit sur le modèle d'une matrice générative
(Chomsky) : c'est l'une des rares fois, sinon l'unique fois, où le
sociologue dessine de façon problématique l'habitus de toute une
culture.
Tillion convoque à sa manière l'illusion de l'Arché, en concevant son
terrain ethnographique comme /vierge/, /authentique/, /inexploré/,
/isolé/, /mythique/, jamais en contact sérieux avec "notre
civilisation" ou avec l'histoire, tout en négligeant les aspects
politico-religieux de la société chaouïa. Elle ira jusqu'à voir en
l'Aurès contemporain un "étrange monde lointain", resté /immuable/,
copie relativement fidèle de l'archéo-société endogame et incestueuse
qu'aurait connu jadis tout le monde méditerranéen. Cette recréation
idéale n'est cependant menée qu'à moitié car malgré sa référence à la
préhistoire, il demeure que pour elle la "société traditionnelle"
demeure dans un statut intermédiaire, hybride, entre le sauvage et le
moderne, ce qui lui vaut une évaluation cinglante notamment à travers
la notion de "survivance" et celle de "vieilles structures", formes
culturelles qui appellent non pas une sauvegarde mais une destruction
rapide et efficace. L'analyse sémantique de son concept ternaire
(société sauvage/traditionnelle/moderne) fondé sur l'opposition des
contenus montre que l'auteure, à travers l'opposition de la Tribu et de
l'Etat, de la Campagne et de la Ville, du rural et de l'urbain, de
l'endogamie et de l'exogamie, du Cousin et du Citoyen, de la fraternité
et du patriotisme, de l'entre soi (inceste) et de l'échange, d'Ibn
Khaldun et d'Averroès, etc., fonde un solide système d'interprétation
et d'évaluation des réalités maghrébines et méditerranéennes, qui n'est
pas étranger aux savoirs antérieurs sur le Maghreb.
Cinq manières de dépasser les savoirs de la période coloniale sont
distinguées, manières qui sont appelées des réécritures : une
réécriture géographique avec Julien, une réécriture nationaliste avec
Lacheraf, une réécriture écologiste puis mythologique avec Bourdieu, et
enfin une réécriture méditerranéiste (plutôt que féministe) avec
Germaine Tillon.
L'analyse est poursuivie par une réflexion sur les points de rencontre
entre ces différentes réécritures. Elle fait ressortir les cadres
doxiques au sein desquels certaines visions et certaines appréciations
des savoirs de la période coloniale ont été reformulées. Ils concernent
essentiellement la construction de l'espace physique et culturel
maghrébin dans les sciences sociales, la "permanence berbère",
l'appréciation de l'islam, les visions de la ruralité et de l'urbanité,
la recherche de l'Arché et le projet d'une sociologie de la
civilisation.
En conclusion, la doxa dans les sciences sociales qui traitent du
Maghreb est loin de se manifester au travers d'une idéologie globale,
transversale et cohérente. Bien au contraire, une fois ces textes
envisagés épistémologiquement, et non plus seulement politiquement, du
point de vue de leur contribution réelle ou supposée à un quelconque
culture impérialiste, il apparaît que leurs cadres doxiques consistent
en des catégories de perception et de construction des connaissances
qui transparaissent à travers des réécritures souvent très novatrices.
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{FR, 07/12/2007}
SOUTENANCE DE THÈSE
Christian MAUCERI
mauceri@fr.ibm.com
J'ai le plaisir de vous inviter à ma soutenance de thèse intitulée
Indexation et isotopie :
vers une analyse interprétative des données textuelles
ainsi qu'au pot qui suivra.
La soutenance se déroulera le vendredi 14 décembre 2007 à 10H dans la
salle Ile de France de la Tour Descartes (Tour IBM),
2, avenue Gambetta, Paris La Défense.
Essayez de m'envoyez un mail de confirmation 3 jours à l'avance de
façon à ce que je puisse faire le nécessaire auprès du service de
sécurité d'IBM pour que vos badges soient disponibles, il vous faudra
aussi vous munir d'une pièce d'identité.
Composition du Jury :
- Rapporteurs :
François RASTIER, Directeur de recherche, CNRS
Monique SLODZIAN, Professeur, INALCO
- Examinateurs :
Diem HO, IBM Academy of Technology, IBM Europe
Ioannis KANELLOS, Professeur, ENST Bretagne
Philippe LENCA, Maître de conférence, ENST Bretagne
Pierre-François MARTEAU, Directeur du VALORIA, Univ. de Bretagne Sud
Résumé :
L'immense succès des moteurs de recherche sur le Web est loin d'épuiser
la problématique de l'indexation sujet surtout lorsque les textes à
indexer ne sont pas déjà mis en relation par des liens hypertextuels.
La nature intrinsèquement interprétative de l'indexation sujet se prête
mal, a priori, à l'automatisation. Nous montrerons qu'une approche
interprétative de la classification automatique s'appuyant sur les
acquis théoriques de la sémantique interprétative ouvre des voies
nouvelles à l'indexation sujet en particulier et, en général, à
l'herméneutique matérielle dont l'ambition est de réunifier
l'herméneutique et la philologie.
Nous proposons dans un premier temps une pratique renouvelée de la
classification automatique basée d'une part sur un nouvel algorithme de
classification utilisant la densité de fonctions noyau et d'autre part
sur,une méthode d'utilisation de cet algorithme qui se fonde sur le
cercle herméneutique de la détermination du local par le global et du
global par le local.
Dans un second temps nous proposons deux améliorations de la technique
d'indexation par sémantique latente. La première utilise le filtrage
d'une matrice de cooccurrences par le test exact de Fisher appliqué à
des tableaux de contingence à vaste marge. Ce filtrage est rendu
aujourd'hui possible par l'algorithme de Lanczos approximant
efficacement la fonction Gamma. La seconde utilise une approximation
d'analyse en composantes principales permettant de représenter les
facteurs principaux d'une matrice de cooccurrences par les mots
caractéristiques du graphe de cooccurrences.
Nous montrerons enfin qu'il est dès lors possible de soumettre à
l'appréciation d'un interprète des classes de passages de textes
décrites par des facteurs, lui permettant ainsi de mettre rapidement en
évidence des molécules sémiques caractéristiques d'un corpus comme de
rejeter des regroupements artificiels. Les facteurs qualifiés au sein
de ces molécules sémiques rendent compte de formes sémantiques se
détachant sur un fond isotopique offrant par là même une indexation
rapide, régulière et de qualité de vastes corpus.
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{FR, 07/12/2007}
SÉMINAIRE
Pierre Judet de La Combe,
Directeur d'études à l'EHESS et Directeur de recherches au CNRS.
Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'EHESS :
L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
Thème de l'année 2007-2008 :
Formes discursives en Grèce archaïque : mythe et cosmologie
séminaire ouvert aux étudiants de master.
Le lundi, de 11 h. à 13 h., au 105 Boulevard Raspail, salle 5.
Hebdomadaire. Première séance le 12 novembre.
En prolongeant la réflexion sur la relation qui s'instaure dans les
oeuvres poétiques de la Grèce archaïque entre les formes de "vérité"
qu'elles revendiquent -vérités de l'ordre de la connaissance, de
l'ordre des normes politiques, religieuses et poétiques, ou de
l'expressivité- et leur historicité comme événements marquants [NDLR :
voir dans le précédent SdT le compte-rendu du séminaire de l'an
dernier], nous travaillerons cette année sur une forme qui prétend
totaliser la tradition narrative dans une construction systématique
nouvelle, à savoir le mythe, tel que le conçoit et le pratique la
poésie savante (notamment chez Hésiode, dans sa confrontation constante
avec la tradition homérique). L'hypothèse sera que le mythe, sous cette
forme savante, est à comprendre comme mytho-logie, comme science de la
tradition mythique, de sa variance, de ses contradictions, de ses
potentialités. Le mythe, selon ce point de vue, parle moins des choses
que de la manière dont on les raconte. Les séances porteront sur les
épisodes majeurs de la Théogonie (dans une traduction originale,
proposée pour la discussion, avec référence au texte grec pour les
points critiques où le sens littéral fait problème). L'enjeu sera de
reconstruire le type de systématicité qui est à l'oeuvre dans ce poème
généalogique, et d'articuler les deux orientations majeures de ce
récit : à savoir l'interprétation de histoire divine comme histoire de
la totalité des choses, et la forme de réflexion critique sur la
tradition poétique antérieure (et notamment, mais pas seulement, la
tradition "homérique") qu'un tel travail suppose. Cela nous permettra
de réévaluer la pertinence de plusieurs concepts habituels dans
l'analyse des textes anciens : performance, oralité, individualité d'un
auteur, rapport parole/langue.
Comme la notion de "mythe" a été fortement remise en cause ces
dernières années (comme notion anachronique, extérieure à la tradition
narrative parce que posée par la critique philosophique de cette
tradition), nous lirons parallèlement plusieurs textes philosophiques
et scientifiques marquants, depuis la fin du XVIIIe siècle, relatifs à
la nature du mythe, de manière à faire le point.
Nous reviendrons ensuite sur la question classique de la césure
historique, sans doute à remettre en question, entre récit mythique et
système cosmologique. Après l'examen des schémas qui posent une rupture
essentielle entre muthos et logos et de ceux qui, au contraire,
réintroduisent une continuité et expliquent le changement d'abord par
la différence des conditions sociales et politiques du discours savant,
nous tenterons de proposer des hypothèses sur la signification
historique du changement qu'introduit, au sein de la tradition
narrative, le passage d'un intérêt pour l'histoire des dieux à un
intérêt pour l'histoire de la nature.
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{FR, 07/12/2007}
SÉMINAIRE
Année académique 2007-2008
Chaire de Physiologie de la Perception et de l'Action
M. Alain BERTHOZ, Professeur
Séminaires :
Le cerveau, le réel et le virtuel
Amphithéâtre Marguerite de Navarre
11 Place Marcelin Berthelot - 75005 Paris
Mercredi 16 Janvier
16h - Pr Nicolas Franck, Institut des Sciences Cognitives CNRS Lyon
Les hallucinations. Altérations de la prise en compte du réel dans
les psychoses
17h - Dr Marie Odile Krebs, INSERM, Hôpital Saint Anne Paris
Hallucination et schizophrénie
Mercredi 23 Janvier
16h - Dr Jean Becchio, Université Paris Sud Orsay
Données récente sur les bases neurales et les applications clinique
de l'hypnose
17h - Dr Jean Philippe Lachaux, INSERM Lyon, Dr Ph. Kahane, Hôpital
Nord, Grenoble et Dr Karim Jerbi, LPPA Collège de France
Brain TV : voir, contrôler et moduler l'activité de son cerveau
Bases du neurofeedback et des interfaces cerveau - machine
Mercredi 30 Janvier
16h - Pr Patrick Haggard, Institute of Cognitive Neuroscience
University College Londres
Sensation corporelle et représentation de soi
[en anglais avec traduction française]
17h - Discussion : Pr Alain Berthoz et Pr Jean Luc Petit
La notion de corps virtuel
Mercredi 6 Février
16h - Pr Liliane Manning, Laboratoire de Neuropsychologie CNRS,
Université de Strasbourg
Le réel et la fiction dans la mémoire autobiographique
Etudes comportementales et en imagerie cérébrale
17h - Pr Pascale Piolino, Université Paris V
A la recherche du temps perdu : bases neurales de la mémoire
autobiographique et de ses dysfonctionnements
Mercredi 13 Février
16h - Pr Salvatore Aglioti, Université La Sapienza, Rome
Le corps et le soi dans le cerveau
[en anglais avec traduction française]
17h - Pr Alain Berthoz, Halim Hicheur, Julie Grèzes, Josh Houben, Lydia
Yahia-Cherif, LPPA Collège de France et Ecole Jacques Lecoq
L'expression corporelle des émotions
Mercredi 20 Février
16h - Pr Daniel Thalmann, Ecole polytechnique de Lausanne,
Laboratoire de Réalité virtuelle
La simulation des foules par la réalité virtuelle
17h - Dr Stéphane Donikian, IRISA /CNRS Université de Rennes
Comment s'inspirer des comportements humains pour réaliser des
créatures virtuelles avec des images numériques
Ces séminaires seront complétés par :
Deux conférences du Pr I. Takanishi (Université de Waseda, Japon) sur
les robots humanoïdes japonais (dernière semaine de Février).
Un colloque international qui se tiendra au Collège de France le 11 et
12 Juin 2008, organisé avec les Professeurs Brian Stock (Université de
Toronto) et Carlo Ossola (Collège de France).
Sujet : "La pluralité interprétative et les fondements historiques et
cognitifs des changements de point de vue".
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{FR, 09/12/2007}
SÉMINAIRES
* Henri Atlan, séminaire propre:
La biologie post-génomique à l'usage des sciences humaines.
se tiendra les Mardis de 19 h à 21 h salle 8, 105 Bd Raspail
les 15 janvier, 12 février, 11 mars et 15 avril 2008
* Séminaire EHESS 2007-2008
sous la direction de Henri ATLAN et Claudine COHEN
Biologie et société
Lundi 14 janvier 2008 de 11 H à 13 H
M. Daniel JACOBI (Université dAvignon)
"Le patrimoine naturel en France, entre protection et diffusion
touristique"
Lundi 11 février 2008 de 11 H à 13 H
M. Paul-André ROSENTAL (EHESS)
"Les traits distinctifs de l'eugénisme français"
Lundi 10 mars 2008 de 11 h à 13 h
M. Arnold MUNICH (Hopital Necker)
"Traitement des maladies génétiques : le poids de l'idéologie"
Lundi 14 avril 2008 de 11 H à 13 H
M. François RASTIER (CNRS).
"Naturalisation et post-humanité"
Lundi 5 mai 2008 de 11 H à 13 H
M. Pierre-Henri GOUYON (MNHN)
"L'Information en biologie de l'évolution"
Lundi 9 juin 2006 de 11 H à 13 H
M. André WAKEFIELD (Université de Claremont, Californie) et
Mme Claudine COHEN (EHESS)
"Histoire naturelle et géographie naturelle dans la Protogée de Leibniz"
Toutes les séances du Séminaire auront lieu à lEHESS,
Salle Lombard, 96 bd Raspail, 75006 Paris, de 11h à 13h.
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{FR, 07/12/2007}
SÉMINAIRE
Séminaire Sémantique des textes, année 2007-2008
François RASTIER
Directeur de recherche
CORPUS, CONNAISSANCES ET LINGUISTIQUE DES TEXTES
Thèmes abordés : - La linguistique des textes, la linguistique des
langues et la linguistique du langage. - Corpus et connaissances. - Les
concepts comme formes sémiotiques. - Unités textuelles et passages. -
Sémantique des textes et analyse de la doxa. - Pour une sémantique du
web. - De la sémantique des valeurs à une sémiotique des cultures.
Institut national des langues et civilisations orientales [Centre de
Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de Lille, 75007 Paris -
Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage, salle 223.
Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.
Six séances le jeudi, une le mercredi.
Les jeudis 10, 17, 24 janvier ; jeudi 7 février ; jeudi 20 mars ;
mercredi 26 mars ; jeudi 3 avril. Horaire : de 17h30 à 19h15.
Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
Références : http://www.revue-texto.net
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{FR, 07 et 10/12/2007}
TEXTE
Pierre Judet de la Combe
Langues d'Europe et "identité"
[conférence donnée à Toulouse le 16 mars 2007 au colloque international
Trajectoires de l'Europe (Université de Toulouse 1, Sciences sociales)]
Deux fonctions du langage ? - Une opinion commune veut que les langues
aient, chacune, deux fonctions principales : permettre la communication
entre les humains et exprimer une identité. La langue serait, d'un
côté, ouverte à l'universel, puisque, non seulement, nous pouvons
communiquer les idées les plus générales entre sujets parlant la même
langue, mais qu'au-delà, la traduction, même approximative, assure la
possibilité d'une entente généralisée entre des individus d'origine
différente. D'un autre côté, les langues, par leurs différences,
rappelleraient que nous sommes aussi toujours liés à des histoires à
des traditions diverses, particulières. La langue, selon ce second
point de vue, exprimerait ce que nous sommes, à savoir notre identité
comme origine. Quand nous parlons, et quoi que nous disions, nous
faisons entendre que nous sommes de tel pays, de telle région, ou de
tel milieu social. D'un côté, donc : l'universel, idéalement ; de
l'autre, concrètement : une singularité. D'un côté, l'accent est mis
sur ce que l'on dit, de l'autre, sur l'idiome que l'on parle, langue
nationale, dialecte, ou sociolecte.
Conflit de valeurs : ouverture ou patrimoine. - A ces deux dimensions
du langage, sont attachées des valorisations différentes, dont les
relations ne manquent pas d'être conflictuelles. Comme outil de
communication, la langue ne s'embarrasse pas des identités d'origine.
La réussite que l'on attend d'une prise de parole n'est pas qu'elle
signifie clairement le lieu de naissance de celui qui parle, mais
qu'elle sache faire valoir une opinion, qu'elle la rende intelligible
et, si possible, convaincante. La pluralité des langues, qui est l'un
des caractères essentiels de l'Europe, tend, de ce point de vue, à
devenir un obstacle. Ce qui importe est le message que l'on veut
transmettre dans le monde ouvert qui est le nôtre. L'idéal serait que
tout le monde parle la même langue. Pour cette raison, on a vu, aux
différentes époques de l'histoire, s'imposer des "langues franches",
destinées à la seule communication : tour à tour l'araméen, le grec, le
latin, l'arabe, puis le français et enfin l'anglais, sans compter les
très nombreux sabirs qui ont accompagné le commerce et les conquêtes
ont servi à remplir cette fonction. Mais la simple liste de ces langues
montre que l'idéal n'est jamais réalisé : il restera toujours des
mondes que ces langues n'atteindront pas, ou des groupes sociaux qui,
enfermés dans leurs langues nationales ou leurs dialectes, n'auront pas
accès à cette communication générale. D'où l'idéal d'une langue
vraiment universelle qui n'ait comme support aucune des langues
historiques, pas même l'anglais, mais des langues purement
conceptuelles, formalisées, comme on les voit se construire dans les
programmes actuels de traduction automatique.
Face à cela, les langues nationales, ou régionales, sont défendues au
nom d'une tout autre valeur. Si la communication, pour se généraliser,
se dote d'une langue universelle, ou quasi universelle, comme l'est
actuellement l'anglais des échanges, la perte semble trop grande : des
identités historiques sont bafouées, les individus qui parlent se
sentent dépossédés de leur culture, qui est toujours singulière et dont
le support et l'expression seraient fournis avant tout par la langue.
Les phrases prononcées par les gens sont censées valoir non seulement
par la réussite de la communication, mais par leur authenticité : tel
ou tel parle en tant que Français, qu'Espagnol ou Catalan, et non pas
comme un individu abstrait, coupé de tout passé. On assiste alors à des
défenses, parfois désespérées, des langues "locales", c'est-à-dire de
toutes langues historiques en dehors de l'anglais, ou plutôt du
pseudo-anglais international. Ces défenses se font d'habitude selon
deux lignes d'argumentation qui sont en fait contradictoires et qui
font bien ressortir par là dans toute sa richesse le problème que nous
pose la pluralité des langues. On dira, par exemple, pendant les phases
d'impérialisme, que telle ou telle langue a plus que d'autres vocation
à dire l'universel en raison de sa constitution interne (ainsi
l'argument fameux de la "clarté française") ; dans les phases
historiques plus pacifiées, on dira, et à raison, que toutes les
langues ont par définition accès à l'universel. Ou, au contraire, on
fera valoir que c'est la différence entre les langues qui est par
elle-même une valeur, comme l'est pour la nature la diversité des
espèces. La singularité est alors valorisée en tant que telle. La
langue devient un patrimoine à préserver, puisque sans lui nous ne
serions pas ce que nous sommes, et que nous sommes d'abord des êtres
situés, dépendants d'une tradition.
La tension entre ces deux valeurs -réussite d'une communication
généralisée, d'une part, et authenticité des énoncés, de l'autre-
engendre des conflits persistants au sein des politiques nationales et
internationales des langues, que ce soit pour leur apprentissage à
l'Ecole, ou au sein des institutions chargées de régler ou de mettre en
place les échanges au niveau d'un continent ou du monde : peut-on se
passer d'un instrument d'entente générale comme l'anglais
international, mais comment, alors, ne pas priver les individus des
ressources de leur milieu linguistique d'origine ? Ou, pour le dire
positivement, comment considérer les humains à la fois comme des sujets
potentiellement universels et comme des singularités ? Selon les
idéologies et les modes, l'accent sera mis sur l'un ou sur l'autre
pôle. L'anglais international deviendra, par exemple, une matière
obligatoire à l'Ecole primaire, ou au contraire, là où s'affirme une
volonté identitaire, la langue nationale ou régionale servira de base
de l'éducation. Cette seconde ligne, qui est défensive, aura plus de
mal à s'imposer.
L'Europe et les langues. - Mais les termes du débat sont-ils justes ?
Le fait même que l'on parle, avec toutes les précautions nécessaires,
d'une "identité européenne" montre que la question n'est pas si simple.
L'Europe est une pluralité de langues, et le sentiment, plus ou moins
fort, d'appartenance à cet ensemble n'est pas lié à la langue, à telle
ou telle langue nationale, mais à une histoire complexe et souvent
conflictuelle, qui est une histoire agie et écrite en plusieurs
langues. Les débats, non tranchés, sur les limites géographiques de
l'Europe, comme sur ses prétendues "racines" civilisationnelles
montrent qu'une solidarité politique et culturelle européenne ne peut
pas être fondée sur un "donné" acquis une fois pour toutes, comme sont
supposées être "données" aux individus leurs langues naturelles, dont
on dit qu'elles expriment leur identité. Cette solidarité ne peut
résulter que de l'acceptation d'un projet qui à la fois soit commun,
c'est-à-dire dépasse les différences d'origine, et rende justice, d'une
manière ou d'une autre, à ces différences. L'appartenance européenne
n'est donc pas un état de fait, mais un travail collectif qui, pour
réussir, doit parvenir à une médiation acceptée entre le passé, ou
plutôt les passés des différentes sociétés, et un futur partagé. Elle
ne peut donc ni être déduite d'un passé supposé commun, et en fait
introuvable, tant les traditions diffèrent, ni être construite à partir
d'un futur abstrait défini en commun. Dans cette tension, c'est aussi
le concept même d'identité qui devra être discuté.
Langues et conceptions idéologiques du langage. - Cela nous renvoie
bien à la question de la, ou des langues. Un premier examen montre
vite, en effet, que les deux positions évoquées plus haut quant à la
langue, avec l'accent mis ou bien sur l'efficacité ou sur
l'authenticité de la communication, sont en réalité parfaitement
solidaires et résultent l'une et l'autre d'un même rétrécissement de
l'idée qu'on peut se faire des capacités du langage. Dans l'un et
l'autre cas, on suppose qu'il existe un donné préalable à l'acte de
communiquer, un donné que le langage n'aurait qu'à transmettre le mieux
possible.
Selon l'optique de la communication efficace, on pose en général que
les individus parlent de quelque chose qui existe indépendamment de
leur prise de parole : ils auraient un message à transmettre sur l'état
des choses. Le problème devient seulement celui d'être bien entendu.
Cela suppose qu'il existe bien un monde objectif partagé, formulable en
énoncés adéquats ; les individus n'ont donc qu'à apprendre à s'exprimer
clairement, et si possible dans une langue vraiment internationale.
D'où l'emprise progressive d'un anglais commun, présentée parfois comme
un destin. C'est tout simplement faire abstraction du fait que la
relation que nous pouvons avoir avec le monde est toujours différente
selon les situations historiques où l'on se trouve, selon les cultures,
les traditions, les individus et les projets. Ce qui fait consensus
dans une culture peut être problématique dans une autre, ce qui fait
qu'il y a dissensus dans une société peut être opaque pour une autre.
Le monde éventuellement partagé n'est pas un préalable, mais le
résultat d'une entente qui passe par le langage, c'est-à-dire par des
langues différentes ; il ne se réalise que si les individus comprennent
la signification de ce qu'ils disent par rapport à leur propre passé
culturel et s'ils comprennent les raisons qui font que d'autres
individus, parlant une autre langue, ne trouvent pas "naturel" ce
qu'ils disent. Penser qu'une compréhension internationale réussie
demande uniquement que le brouillage linguistique des informations ou
des opinions données soit éliminé participe de l'idéologie selon
laquelle le réel est évident, immédiatement partagé. Parler reviendrait
à se conformer le mieux possible à ce réel commun, ou à tenter de le
maîtriser. Mais si le monde commun n'est pas simplement conçu comme un
réel objectif sur lequel il faudrait s'entendre, mais comme un monde
social et politique rassemblant des individus et des sociétés qui
agissent et se parlent, il devient difficile de dire qu'il est
antérieur aux discussions ; il apparaît plutôt comme produit par elles.
Il suppose, en effet, que les raisons différentes de s'intéresser à lui
et de le construire soient elles-mêmes claires, qu'une entente soit
déjà produite à ce niveau-là : un projet tel que l'Union européenne ne
demande pas seulement qu'on s'entende sur des choses ou des normes
juridiques repérables, mais sur le sens que prend dans chaque culture
le fait de chercher une entente : quel type de solidarité, par-delà les
histoires nationales, cherche-t-on à mettre en place, avec quels effets
prévisibles vu ce que sont les histoires de chaque partenaire ?
Le monde commun n'est pas un objet disponible, déjà là ; il est
historique, c'est-à-dire toujours à faire. Le langage, à savoir chaque
langue, a sa part dans cette construction. En effet, si ce monde était
donné et si le langage tirait sa force de ce qu'il sait clairement s'y
référer (ce qu'on appelle sa fonction référentielle), la langue devant
dès lors être commune, on ne comprendrait tout simplement pas comment
un projet serait possible. Pour proposer une orientation quant à
l'avenir, par définition inconnu, la fonction référentielle ou
dénotative du langage ne suffit pas. Au-delà, il convient de mobiliser
des facultés langagières capables de poser un monde non réel. Pour
cela, les individus auront à activer des ressources de leur propre
langue, la seule qu'ils connaissent en profondeur, de manière à tirer
de leur tradition langagière (vocables anciens d'autant plus ouverts à
des sens nouveaux qu'ils sont inusités, métaphores littéraires ou
autres) des symboles renvoyant à une réalité possible. Le travail sur
le passé de la langue sert ainsi de condition à la préfiguration d'un
avenir, comme c'est en fait le cas dans les sciences dites exactes :
une métaphore, encore imprécise, y sert à anticiper un objet théorique
possible que la science aura ensuite à déterminer conceptuellement ; la
langue "naturelle" oriente le travail de formalisation qui est requis
de toute science. Il en va de même pour les projets politiques ou
économiques, qui sont d'abord portés par des termes qu'un travail de
discussion et d'argumentation contradictoire aura à définir. Les
individus seront d'autant plus libres et compétents dans ce travail
qu'ils appuieront l'inventivité linguistique requise pour la
formulation et l'argumentation de leurs projets sur la maîtrise d'une
langue dans sa dimension historique, c'est-à-dire, en fait, s'ils
s'appuient sur leur propre langue, et non sur une langue standard à
visée purement référentielle. Le respect de la pluralité des langues
historiques n'est ainsi pas un obstacle à un projet européen, mais la
condition de sa réussite.
De manière complémentaire, les idéologies de l'identité, nationale ou
régionale, supposent que nous savons ce que nous sommes et, plus
fondamentalement, que nous sommes bien quelque chose de collectivement
défini (comme le dit le mot "identité", qui renvoie au fait d'être ceci
et non cela), la langue étant l'expression la plus claire de cette
chose. Mais on sait, par exemple, que dans l'espace politique français
pas moins de quatre cents langues maternelles ont été transmises et
parlées au cours du XXe siècle. Les ramener à une seule est déjà un
coup de force. Dire qu'il y a une "langue nationale" n'est pas une
description de ce qui est, mais un programme ; il est posé qu'une
certaine norme linguistique, qu'un usage, parmi d'autres, fera la
langue commune, du mieux qu'elle peut ; et l'entreprise sera d'autant
moins ressentie comme violente et injuste qu'elle sera débattue,
argumentée au sein d'institutions vraiment représentatives. Ce ne fut,
de loin, pas souvent le cas, mais on a vu en France que l'emploi du
français a pu se généraliser avec le renforcement de la République à
partir de la fin du XIXe siècle avec les innovations que furent, entre
autres, l'Ecole, la liberté de la presse puis le développement des
médias. Cela est déjà un argument contre les souverainistes actuels :
la nation n'est pas la condition nécessaire à la démocratie, le seul
espace historique possible où elle pourrait se déployer. La nation est
plutôt un effet de la démocratie. Tout comme l'Europe, elle n'est pas
un donné, une origine, mais une construction historique, par principe
inachevée. Le concept même d'"identité nationale" fige ce processus
ouvert.
Complémentarité des idéologies identitaires et "mondialistes" (au sens
du marché). - Dans les deux accentuations différentes des fonctions
majeures prêtées au langage, communication de messages ou expression de
ce que l'on est, on voit donc à l'oeuvre la même tendance à transformer
ce qui est un long travail d'élaboration historique, ouvert et d'abord
indéterminé, en réalité donnée, posée là comme étant indiscutable, que
ce soit la réalité commune de ce dont il conviendrait de parler (en
fait, il s'agit souvent de la "réalité" du marché considérée comme
étant la base des échanges internationaux, avec les normes juridiques
et les savoirs qui l'encadrent ou la nourrissent), ou la réalité
originelle de ceux qui parlent. On assiste à une double tentative de
réification, de pétrification, tant du monde dont on parle que des
sujets. Il n'y a donc pas de contradiction entre le modernisme des
discours qui font du marché et des échanges d'information le milieu où
devrait se réaliser la dimension universelle de l'humain, et les replis
identitaires sur des traditions passées. Ces deux mouvements à la fois
se compensent et relèvent de la même idée de ce qui est réel, de ce qui
compte. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si les fondamentalismes
nationaux, religieux ou moraux se développent, en Occident comme
partout ailleurs, à une période où l'ouverture mondiale par les marchés
et la communication est devenue la règle. On voit bien, en Europe et
ailleurs, les mêmes gouvernements batailler pour l'ouverture des
échanges commerciaux et scientifiques et pour la crispation sur une
"identité nationale". D'un côté on prône la fluidité de la circulation
mondiale des prestations économiques et des savoirs, de l'autre, on
sanctuarise les milieux touchés par cette ouverture au nom de la
culture, conçue comme un patrimoine inaliénable.
Au concept d'identité, sans doute conviendrait-il alors de substituer
celui, plus riche parce que toujours problématique et ouvert au devenir
historique, d'appartenance. Nous ne sommes pas ceci ou cela, mais nous
nous reconnaissons individuellement et collectivement comme des sujets
capables de penser et d'agir dans des milieux d'appartenance
différents, la nation, l'Europe ou le monde, et aussi la religion, la
science, l'art, l'économie et le monde privé. Ces appartenances
multiples ne sont pas incompatibles en soi, mais, dans leur étagement
toujours changeant, constituent des individualités. Seulement aux
moments de crise aiguë nous avons à choisir entre ces appartenances
diverses. En état de guerre, on se dira (ou on ne se dira pas)
"français" ou "russe", plutôt que corse, musulman, artiste ou père de
famille.
L'Europe, une identité réflexive. - Une objection pourrait être de dire
que malgré tout des civilisations différentes se sont constituées et
que des traits caractéristiques tranchants les distinguent les unes des
autres. Même si les civilisations s'enrichissent par leurs échanges, il
y a bien des seuils entre elles parce que leurs passés et leurs valeurs
ne sont pas identiques. Mais précisément, ces différences héritées
peuvent être conçues ni comme un frein à une entente mondiale, ni comme
un fait indépassable (dans l'optique d'un conflit des civilisations),
mais comme le terrain initial à un travail universel de réflexion sur
le sens de ces différences, travail mené dans la perspective d'une
compréhension et d'une formulation de valeurs et de normes partagées.
Ce travail serait abstrait, et inopérant, s'il n'avait pas comme objet
les histoires de ces civilisations. Face à l'exigence de construire des
projets partagés, la prise de distance collective par rapport à soi, à
ce qui est établi par le passé, porte en elle-même une signification
universelle, comme détachement et comme réappropriation des
potentialités d'ouverture de chaque civilisation. C'est la base d'un
universel concret, qui fasse sens.
S'il faut définir une caractéristique de l'Europe moderne, c'est bien
qu'elle s'est périodiquement donné cette tâche de prise de distance.
Les grands moments de sa modernisation culturelle et politique ont
toujours été des "Renaissances", des moments de réappropriation
distante du passé, antique ou religieux, dont le but n'était
précisément pas la restauration de ce passé, mais la définition de
normes et de valeurs nouvelles. Cela dans un double geste
révolutionnaire : face à un présent qui ne satisfaisait pas, l'ancien
était posé comme détenteur d'une valeur, mais à condition qu'il soit
simultanément posé comme obscur, difficile à comprendre et non comme
immédiatement utilisable. La conscience historique qui caractérise nos
cultures et les sciences historiques elles-mêmes sont nées de ce double
geste : le passé n'était pas une origine, une "racine", mais une
question : pour le comprendre, il a fallu inventer des institutions
nouvelles porteuses d'un regard nouveau sur les traditions, dans les
Eglises, à certaines époques comme la Réforme ou Vatican II, dans les
Universités, dans le travail sur le droit romain, sur l'histoire
ancienne des institutions démocratiques. Si l'Europe s'est dotée d'une
individualité historique qui la différencie, c'est par cette réflexion
de nature critique sur elle-même, sur son passé. Le mot identité, s'il
fait sens, doit alors être compris comme processus historique, comme
identité réflexive de travail sur soi. L'Europe n'est pas un espace
plus ou moins défini mais une succession de réinterprétations ouvertes
de ses traditions. Ce qui l'unit est, outre des intérêts communs de
type géopolitiques, un intérêt affirmé par chacune de ses cultures pour
une reformulation critique, sur la base d'un regard distancié sur ses
traditions, de ses normes et des valeurs capables d'instaurer un
sentiment d'appartenance, d'abord à l'échelle des nations, puis du
continent.
Langue et réflexion. Vers une politique des langues.
Le modèle qui rend intelligibles ces transformations semble bien être
le langage, mais à condition que l'on prenne en compte sa dynamique
propre. A la fois il est présent, donné aux individus, comme ensemble
efficace de règles, comme grammaire, et il est perpétuellement
instable, comme milieu d'une innovation permanente, dans la différence
des usages, dans l'inventivité des locuteurs qui transforme peu à peu
les règles collectives. Le langage est en cela réflexif. Il permet aux
individus à la fois de se faire entendre et de transformer par leurs
prises de paroles, par leurs inventions, les bases communes de
l'entente en leur donnant la capacité de s'interroger sur le sens des
expressions et des usages convenus. Il garantit la possibilité d'une
authenticité, non parce qu'il exprimerait une identité préalable, mais
parce qu'il est le lieu où l'effort, jamais certain de sa réussite, de
dire quelque chose d'important ou de nouveau peut être reconnu et
validé par autrui. En cela, il est bien le moyen et l'école de
l'insertion des individus dans l'histoire.
Une politique européenne des langues ne devrait donc pas avoir pour
visée principale la seule capacité de transmettre des informations dans
l'espace le plus vaste. Il s'agit, prioritairement, de donner aux
citoyens les moyens de cette liberté par rapport à la langue que l'on
appelle la "compétence linguistique", qui est une compétence
historique. Cela passe avant tout par la maîtrise, par chacun, de sa
propre langue, c'est-à-dire des ressources que son histoire y a
déposées. La citoyenneté s'enracine dans cette maîtrise, qui est à la
fois la condition première d'une participation active aux échanges
internationaux et le moyen, vis-à-vis des langages de plus en plus
obscurs que constituent les sciences, de comprendre notre
environnement : nous devons aussi, dans la complexité et l'opacité du
monde contemporain, être en mesure de formuler en langage naturel,
commun, les objectifs de ces sciences et la signification qu'elles
prennent dans nos mondes sociaux. Les individus, sinon, resteraient
indéfiniment aliénés face aux savoirs qui encadrent leur vie. L'accent
mis, dans l'éducation, sur la connaissance effective, c'est-à-dire
historique, des langues maternelles ne signifie donc pas un repli, mais
est au contraire la condition d'un projet vraiment cosmopolitique. Il
garantirait aux citoyens européens la jouissance du droit qui fonde
leur capacité d'exercer tous les autres, à savoir le droit à la langue.
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{FR, 07/12/2007}
COMPTE RENDU
François Rastier
Mort-spectacle et succès annoncé
[paru en espagnol sous le titre "Muerte espectáculo y éxito anunciado",
Barcelone, La Vanguardia, 15.11.07, Cultura/s, p. 4.
Dossier coordonné par Xavier Antich à l'occasion de la sortie de la
traduction de "Les Bienveillantes", de Jonathan Littell]
Couronné de prix prestigieux, les Bienveillantes, best-seller
international, est un de ces gros livres dont tous parlent, que
beaucoup achètent et que certains lisent. Littell affiche un
professionnalisme à l'américaine, en compilant toute la documentation
classique pour attester que son roman est historiquement fondé. La
première phrase finit par : "laissez-moi vous raconter comment ça c'est
passé". Appuyé sur une caution historique revendiquée, qui a d'ailleurs
flatté certains historiens, un tout autre discours se développe.
Littell joue adroitement de sa judéité, mais son livre inverse en fait
tous les principes du témoignage de l'extermination.
(i) Son "héros" et narrateur est un dignitaire SS homosexuel et
incestueux pour faire bonne mesure. La narration alterne inlassablement
les scènes de violence et de sexualité qui se conjoignent aux moments
forts. Un exemple : nous avons des photos et des récits de la pendaison
de Wolf Kieper à "Lemberg" (Lviv) ; dans le style de Bataille, son
modèle revendiqué, Littell y ajoute de son cru : "Sous sa chemise, il
était nu, je voyais avec horreur sa verge engorgée, il éjaculait
encore." C'est un affront abject à la mémoire du supplicié.
De fait, l'érotisation ne sert qu'à rendre la violence désirable :
ainsi, la femme du commandant d'Auschwitz se doit-elle de porter la
petite culotte d'une jeune fille gazée, "qui ornait et protégeait
maintenant le con de Hedwig Höss".
(ii) Alors que beaucoup de survivants ont trouvé dans la culture une
forme de résistance à la barbarie nazie, Littell réactualise, à la
suite de Steiner, les poncifs du Kulturpessimismus de l'époque
bismarckienne, avec le thème du bourreau amateur de musique classique.
Les chapitres sont titrés par les mouvements des suites de Bach
(courante, allemande), pour rappeler le raffinement du bourreau, alors
même que les nazis préféraient de beaucoup la musique militaire.
(iii) Le témoignage des survivants n'est pas autobiographique : il
s'adresse aux vivants mais se dédie aux victimes. Ici les victimes ne
sont qu'une partie du décor ; pour un bourreau comme Aue, les victimes
ne sont plus qu'une matière première, comme pour les libertins chez
Sade (Littell est d'ailleurs traducteur de Sade).
(iv) Le choix du bourreau comme narrateur engage à partager son point
de vue, quand il s'adresse ainsi au lecteur : "Je suis un homme comme
les autres, je suis un homme comme vous." (p. 30). Or, l'identification
est impossible, à moins de conclure des bourreaux : ils étaient comme
nous, donc nous sommes déjà comme eux. Levi écrivait, dans sa préface à
Auschwitz, de Poliakov : "Pour expliquer, on ne doit pas comprendre, si
comprendre signifie se mettre à la place, s'identifier" ; il ajoute
qu'aucun homme normal ne peut s'identifier à Hitler, Eichmann et
autres. Qu'aux premiers mots du livre le narrateur-bourreau s'adresse
aux lecteurs par l'invocation "Frères humains", cela signifie que la
responsabilité s'étend à l'humanité tout entière, victimes comprises,
pourquoi pas : le Mal, catégorie métaphysique, cache commodément la
responsabilité des crimes historiques.
À présent, certains voudraient que la mission du témoignage passe des
survivants à leurs bourreaux. Dans un compte-rendu favorable des
Bienveillantes, un historien écrit : "Les lecteurs sont fascinés parce
qu'ils sentent bien que, si l'on veut comprendre les massacres, les
atrocités, il faut en passer par le discours des bourreaux, pas par
celui des victimes, innocentes par définition" (Christian Ingrao,
Libération). La parole, l'autorité, reviennent donc à Eichmann, Barbie,
etc., qui tous ont nié ou minimisé, euphémisé.
Bien que la première phrase du livre revendique le réalisme, que les
petits détails vrais soient multipliés ad nauseam, Littell fait de
l'extermination et de la guerre une matière fabuleuse, comme la
Matière de Bretagne, celle des Amadis, celle que dans le Quichotte le
chanoine de Tolède récusait au profit de l'histoire : mais sous
l'inversion transgressive du merveilleux, l'on retrouve dans Les
Bienveillantes le saignant, le palpitant et l'érotico-macabre qui ont
fait les beaux jours du roman de gare depuis le début des chemins de
fer. Appliqué à l'histoire, où ce conformisme nous conduit-il ? Les
topoï de la littérature sadique une fois compilés avec de multiples
clins d'oeil culturels, il s'ensuit une extraordinaire déréalisation de
l'histoire qui n'est plus que pathos. Que signifie par exemple la scène
onirique, deux fois rappelée, où Hitler se revêt du châle de prière des
juifs pieux ? Rien de plus qu'une confusion de toutes les catégories où
bourreaux et victimes échangent leurs attributs, ce qui déréalise
l'histoire qui a servi de matière (1).
Ce serait une erreur de parler de négationnisme, comme l'ont fait
certains : il ne s'agit pas de nier, bien au contraire, mais de rendre
fascinant, ce qui est bien pire. Sade au moins ne prétendait pas
raconter l'histoire. Certes, Littell a parfaitement le droit de sidérer
son lecteur par neuf cents pages de pathos académique (bien que dans un
style fort approximatif -on a relevé des centaines d'impropriétés).
Mais la question des victimes demeure : on exploitait leurs cheveux,
leurs vêtements ; l'industrie éditoriale exploite aujourd'hui leur
mémoire et leurs dépouilles suppliciées. La mort-spectacle devient de
plus en plus rentable dans tous les médias.
En 1979, Primo Levi écrivait : "Il était prévisible que le sang, le
massacre, l'horreur intrinsèque des faits qui s'étaient déroulés en
Europe ces années-là attireraient des myriades d'écrivains de second
rang en quête de thèmes faciles à développer [...] et que cette
tragédie démesurée serait utilisée [...] pour satisfaire cette soif
trouble de macabre et de repoussant qui habite au profond de tout
lecteur". Littell sait bien qu'il couronne en effet une longue série
d'ouvrages médiocres et scabreux, mais il nous indique un tout autre
corpus, et, dans de multiples entretiens, se recommande de la grande
littérature universelle : Eschyle à qui il emprunte son titre (et
l'intrigue incestueuse de l'Orestie), mais aussi Shakespeare, Flaubert
(L'éducation sentimentale), Dostoïevski (Les Démons). En outre, il se
met volontiers sur le même plan que Robert Antelme ou Vassili Grossmann
(Vie et Destin).
Cela n'est qu'un leurre. Pour compenser peut-être l'inconsistance
flagrante de son héros, qui n'aurait pas tenu une heure dans l'appareil
nazi, Littell se prépare à publier un petit ouvrage, "Le sec et
l'humide", dans lequel il indique que son modèle est Léon Degrelle,
extrémiste belge qui forma et commanda sur le front de l'Est la
division SS Wallonie. Derrière cette figure se profile en fait la
principale source et patron stylistique des Bienveillantes : "La
campagne de Russie 1941-1945", long récit que Degrelle publia en 1949 ;
on y retrouve le même pompiérisme désuet, le même goût de l'horreur
sordide, le même mépris des victimes et du lecteur.
Notes
(1) Ces romans "historiques" sont bien le genre en vogue. Le
best-seller annoncé de Norman Mailer retrace la biographie de Hitler,
mais racontée par un démon : pour mieux vendre, on mélange Raul Hilberg
et Harry Potter, en ajoutant d'ailleurs là encore de l'inceste.
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- SdT vol.14 n.1
- SdT vol.14 n.2
- SdT vol.14 n.3
Résumé: 2008_03_20
________________________________________________________________________
SdT volume 14, numero 1.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________________
Sic ergo quaeramus tamquam inventuri, et sic inveniamus
tamquam quaesituri. ("Cherchons comme si nous devions
trouver et trouvons comme si nous devions chercher
encore")
Saint Augustin, De Trinitate, IX, 1,1.
A smascherare, almeno parzialmente, il potere
linguistico della stupidità può essere solo uno sguardo
stupido privo di potere. La saggezza immaginata da
Ferdinand de Saussure pare possederlo e si candida
quindi a essere il (sempre precario) strumento
euristico dell'eterna battaglia, eternamente perduta,
contro il potere linguistico della stupidità.
Nunzio La Fauci
La philologie autoréflexive, telle que je l'ai conçue
avec quelques autres, dont l'heure sans doute ne
pouvait venir qu'aujourd'hui, ne se livre qu'à
elle-même, elle s'arrache à tous les magistères, sans
renoncer à les rejoindre quand il le faut. Son mode de
lecture s'interroge sur les points de vue de l'auteur,
et n'a rien à voir ni avec une lecture philosophique
ou symbolique, métonymique ou allégorique, ni non plus
avec l'encyclopédisme de l'"explication" littéraire
générale, si utile qu'elle puisse être, et qui reste
par définition éclectique. La philologie est
spécifique et spéciale. Elle englobe, comme en musique
et en peinture, où les problèmes sont tout à fait
comparables, les techniques de la production du sens et
l'interprétation qui leur est liée, avec l'enthousiasme
de la passion, et son dépassement, le travail de
contrôle.
Jean Bollack, Dionysos et la tragédie.
Commentaire des Bacchantes d'Euripide,
Paris (Bayard), p.5-6.
________________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Ali Belghanem,
Nunzio La Fauci, et Veronica Pacuraru.
- Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
changements d'adresse electronique.
2- Textes electroniques
- Catalogue de sites consacres a la philosophie medievale
- CGL : Corpus Grammaticorum Latinorum
3- Publications
- These de Snejina Sonina : "Denomination terminologique :
exemple d'un corpus vestimentaire".
- Texto! : nouveautes de la prochaine edition (mars 2008)
4- Textes
- Francois Rastier : Notes en reponse à
Michel Olivier - "Valeur de l'interdisciplinarite
Linguistique / Semiotique / Philosophie, une illustration"
- Nunzio La Fauci : Pour une consideration fonctionnelle et
differentielle de la predicativite.
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque international "Linguistique des valeurs
-programmes de linguistique neo-saussurienne",
Namur (Belgique), 16-17 juin 2008.
- Colloque international "La pluralite interpretative.
Fondements historiques et cognitifs de la notion de
point de vue", Paris, 12-13 juin 2008.
- Universite d'ete "Documentation & description des langues",
Lyon (France), 23 juin - 4 juillet 2008.
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[informations réservées aux abonnés]
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 21/02/2008}
PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE
Irène Rosier-Catach vous conseille ce petit catalogue de liens proposés
par l'URFIST, vers des sites consacrés à l'étude de la philo médiévale :
http://www.ext.upmc.fr/urfist/menestrel/medphilo.htm
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 21/02/2008}
GRAMMAIRES LATINES
CGL - Corpus Grammaticorum Latinorum
Accès aux sources grammaticales de la Latinité tardive :
recherche, parcours textuels et bibliographie
http://htl.linguist.jussieu.fr/CGL
Le corpus des textes attribués de manière conventionnelle aux
Grammatici Latini est constitué par l'ensemble des manuels de grammaire
latine écrits entre le IIIe et le VIIIe siècle apr. J.-C. et édités par
Heinrich Keil à Leipzig entre 1855 et 1880. Ce corpus présente de
nombreux centres d'intérêt :
1. Il permet la reconstitution de l'histoire des idées linguistiques en
Occident, en rassemblant les sources principales. Toute la tradition
postérieure, à partir du Moyen Âge, s'est appuyée sur ces textes
(notamment les artes de Donat et de Priscien).
2. Il contient, sous forme d'exemples, plus de 14.000 citations : il
s'agit soit de précieux fragments d'ouvrages (littéraires,
philosophiques, techniques) perdus soit de passages que l'on peut
comparer avec la tradition directe des textes conservés.
3. Il met en évidence certaines tendances du latin tardif, notamment
les formes expressives étrangères à l'usage classique.
4. Il évoque les discussions philosophiques au sujet de la nature et du
fonctionnement du langage, en montrant l'adaptation des catégories
logiques à l'enseignement scolaire. Au Moyen Âge, de nombreux débats
portant aussi bien sur la logique que sur la théologie deviendront
possibles grâce à la médiation des Grammatici Latini, notamment de
Priscien.
Il est évident que ce corpus se signale par son caractère polyvalent et
intrinsèquement stratifié, au carrefour de disciplines différentes. Son
exploitation est susceptible d'intéresser les historiens qui se
penchent sur les théories linguistiques, et pas seulement celles de
l'Antiquité, les philologues et les littéraires, les romanistes et tous
ceux qui étudient le passage du latin aux langues romanes, les
philosophes. Toutes ces disciplines devraient tirer un grand profit de
la possibilité d'enquêter sur des sources étudiées jusqu'à présent de
façon partielle ou incomplète.
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Michelucci, 19/12/2007}
THESE
Pascal Michelucci nous signale "une thèse récemment soutenue à [son]
université, [disponible] dans sa version revue intégrale. Les lecteurs
de SdT apprécieraient d'en connaître l'existence."
Snejina Sonina
Dénomination terminologique : exemple d'un corpus vestimentaire
http://www.etudes-francaises.net/dossiers/sonina/
Résumé :
Cette thèse de doctorat, soutenue au Département d'Études françaises de
l'Université de Toronto en mai 2007, cherche à mieux comprendre le
processus de dénomination des concepts vestimentaires. La dénomination
comme processus psychologique ne permettant d'observation directe, le
premier chapitre de la thèse s'attache à trouver le matériel convenable
pour surveiller les patrons dénominatifs et leurs variations, ainsi
qu'à créer un corpus représentatif de ce matériel. Le corpus
échantillon constitué pour cette recherche résulte du dépouillement de
six catalogues de vente en ligne et comprend 7 158 noms de vêtements
qui sont traités comme "termes banalisés" puisqu'il s'agit d'un domaine
spécialisé mais non professionnel. Le deuxième et le troisième
chapitres étudient les particularités des termes recensés sur la base
de deux hypothèses principales. La vérification de la première
hypothèse la structuration conceptuelle de la terminologie doit aider
à mettre en évidence la corrélation entre les concepts et les patrons
de formation des termes permet de distinguer trois types de termes :
lexicalisés, descriptifs et oscillants entre les deux. Les analyses
incitées par la seconde hypothèse les termes oscillants représentent
la période de flottement précédant la dénomination définitive
démontrent certaines particularités des syntagmes terminologiques,
notamment, le fait que ces syntagmes sont formés par des règles
différentes de celles de la syntaxe et le fait qu'il existe un ordre
préféré d'expression des caractéristiques vestimentaires dans les
syntagmes à plusieurs éléments. Dans le dernier chapitre, les
particularités observées précédemment s'expliquent comme régularités à
l'aide de la sémantique du prototype et de la sémantique générative de
Pustejovsky. Finalement, les régularités dénominatives, discernées sur
l'exemple du corpus et mises dans une perspective élargie du signe
linguistique, permettent de proposer des scénarios possibles de
dénomination à partir de l'objet vestimentaire à nommer jusqu'au terme
attesté.
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{FR, 18/03/2008}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Prohaine mise à jour (sous presse) : mars 2008 (vol. XIII , n°1)
Numéro coordonné par Christophe Gérard.
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Michel GAILLIARD
Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
de Sade.
François RASTIER
Passages
Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
contextuels au sein du passage et entre passages.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
François RASTIER
En attendant Valentin Temkine
Jean-Paul BRONCKARDT
Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, et à propos de
positionnement épistémologiques, des concepts de "texte", "genre" et
"discours", Jean-Paul Bronckart livre une analyse approfondie des
points de rencontre et de divergence entre sémantique textuelle et
interactionnisme socio-discursif.
Gabriel BERGOUGNOUX
Une de mes amours (Sur Lacan)
?Dans cet entretien réalisé pour la revue penser / rêver en 2006,
Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
il propose, à partir d'une analyse philologique et linguisique, un
rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
intérieure, de Saussure, d'interprétation...
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Jean LASSÈGUE
Émergence et parenté
Baptiste FOULQUIÉ
Sémiotique et communication (compte-rendu)
Eugenio COSERIU
Synchronie, diachronie, histoire
Christian BOTA
Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
un modèle complexe du fonctionnement langagier
Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Pierre Judet DE LA COMBE
Sur les conflits en philologie
Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
méthode et la logique des interprétations.
Jean GRONDIN
Hermeneutics
Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
l'herméneutique contemporaine.
Dans la rubrique CORPUS :
Christian MAUCERI
Isotopie et indexation
Une approche renouvellée de la classification automatique s'appuyant
sur les acquis théoriques de la sémantique interprétative.
Bill LOUW
Contextual prosodic theory :
bringing semantic prosodies to life
Estelle DUBREUIL
Collocations : définitions et problématique
Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématiques
selon la dichotomie lexicologique-lexicographique et linguistique de
corpus.
Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :
Rossitza KYHENG
Les points de vue en linguistique, ou
comment interpréter le corpus saussurien.
Enjeux théoriques et applications (Thèse)
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 21/02/2008}
A PROPOS D'UNE INTERDISCIPLINARITÉ
LINGUISTIQUE / SÉMIOTIQUE / PHILOSOPHIE, ET DE L'INTERPRÉTATION
François Rastier : Notes en réponse à
Michel Olivier - Valeur de l'interdisciplinarité Linguistique /
Sémiotique / Philosophie, une illustration
(COLLOQUE REPHIL I, 6 et 7 décembre 2007)
Sans tresser des couronnes académiques anticipées, je voudrais soulever
ces points parfois abrupts, tantôt commentaires, tantôt objections.
1/ La philosophie est le seul discours de l'interdisciplinarité (tant
par l'épistémologie que par la gnoséologie), ainsi que par ses liens
académiques avec l'histoire des idées.
2/ Depuis sa formation au début du XIXe, la linguistique est en
revanche la source des connaissances sur le langage : la philosophie du
langage doit donc devenir une philosophie de la linguistique, ne
serait-ce que pour cesser de perpétuer les préjugés scolastiques, en
général thomistes, sur la référence, le rapport langage/pensée, le
signe, etc., qui l'encombrent.
Que serait aujourd'hui une philosophie de la nature qui ne tiendrait
pas compte des sciences de la nature ?
3/ Depuis la formation de la linguistique, le langage a cessé de
pouvoir être pensé en lui-même : il ne peut l'être que par rapport aux
langues et aux textes (deux domaines restés quasiment absents de la
philosophie du langage : on ne reconnaît pas de philosophie des langues
ni de philosophie des textes). Seule une infime partie des exemples peu
nombreux discutés en philosophie du langage est attestée : le langage
en question est donc une formation interne à la philosophie.
Dès lors qu'on prend en considération les trois domaines
d'objectivation de la linguistique (langage, langues et textes), la
contradiction entre unité du langage et pluralité des faits de langage
peut être surmontée voire dissoute.
4/ Avec Humboldt puis Saussure, le rapport langage-pensée (il n'y a
aucune unité dans ce que l'on appelle sommairement la pensée, mais
j'entends ici la pensée "discursive" ou logos), est un rapport
_sémiotique_ entre le contenu et l'expression des textes théoriques.
5/ S'il est toujours flatteur de se trouver in vivo dans un corpus, et
si pour ce qui concerne ma position votre présentation est claire, elle
reste souvent restreinte à ce qui est compatible avec une linguistique
du signe ; or il s'agit d'une linguistique des textes, où par exemple
les signes y sont définis comme des passages. Cette restriction
s'explique sans doute par la volonté de rendre commensurable le point
de vue présenté avec celui d'auteurs comme Montague. Dans ses premiers
chapitres, "Sémantique interprétative" avait pour objectif,
précisément, de donner à ce palier de description une méthodologie qui
ne soit plus tributaire de la tradition logico-grammaticale. Dans les
derniers chapitres, il s'agit de rapporter l'interprétation à ses
_conditions_ linguistiques (y compris de discours et de genre) ; il me
semble donc erroné de dire : « ...L'interprète pioche ce qu'il veut ».
Par ailleurs deux décennies de publications de divers auteurs ont
permis d'élargir et de problématiser les questions soulevées. Je me
permets de renvoyer à un cycle récent sur la référence, notamment
l'étude "Les mots sans les choses" (accessible aussi sur
revue-texto.net).
6/ La question de "la grammaire du 'Je fais'" résume faiblement la
question de l'éthique. Toutefois, la sémantique interprétative se
fondant sur une praxéologie (un texte est un cours d'action) et non sur
une ontologie, la question de l'éthique peut y être posée dans la
mesure où la raison pratique est précisément une interprétation : mais
on se limitera ici à la responsabilité éthique de l'interprète, dans ce
que l'on peut appeler une dé-ontologie.
7/ S'agit-il pour autant d'un relativisme ? La sémantique
interprétative entend problématiser les variations de la doxa (liée à
des corpus dans des langues, discours et genres divers) mais cette
diversité est un objet et non un objectif. S'agissant de
l'interprétation, il s'agit d'un pluralisme : aucune lecture
scientifique ne peut prétendre périmer les autres, mais l'on peut
hiérarchiser les interprétations, par exemple pour récuser
philologiquement et herméneutiquement (dans ce que l'on peut appeler
une herméneutique matérielle) les interprétations de Heidegger, tant
sur les présocratiques que sur Hölderlin, qui font délibérément
violence à la lettre -ce qui selon moi n'est pas sans rapport avec son
antisémitisme théorique et pratique.
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{FR, 21/02/2008}
POUR UNE CONSIDÉRATION FONCTIONNELLE ET DIFFÉRENTIELLE DE LA PRÉDICATIVITÉ
Nunzio LA FAUCI
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
En quête de...
La syntaxe n'est qu'une opération de composition qui crée en même temps
un système (c.-à-d. un ensemble ordonné d'interdépendances) et ses
parties. Ni l'un ni les autres n'existent préalablement. Dans le
processus de composition, c'est le rapport mutuel qui leur donne des
valeurs, selon la suggestion théorique pionnière de Ferdinand de
Saussure.
Pour se faire jour, les études syntaxiques (et la linguistique toute
entière) doivent se libérer de toute ontologie. Le monde étudié par le
linguiste est un univers vide, peuplé des fantômes qui manifestent le
processus créateur de purs rapports systématiques. Le travail d'un
chercheur sage, avisé et conscient (comme le fut Edward Sapir) ne
consiste que dans la découverte et dans la détermination des rapports
(manifestés et, en même temps, cachés par ces fantômes). En fonction
d'une telle prise de conscience, le siècle qui nous sépare de Saussure
n'a pas vu changer beaucoup la situation.
À quelques exceptions près (parmi lesquelles pourrait peut-être figurer
le pseudo-Harris des "Notes du cours de syntaxe", c.-à-d. le cilice par
lequel Maurice Gross mortifia une émersion de son ego spéculatif et
théorique), les syntacticiens se sont contentés et se contentent de
renouveler, sous des formes toujours variées (les chemins de l'errance
sont justement infinis), les façons de procéder d'une tradition
philologique ontologiquement fondée.
La terminologie courante en est la meilleure preuve. Et, même dans les
cadres qui se prétendent les plus innovateurs, les catégories par
lesquelles on opère le démontrent clairement. En tant que taxinomie
indiscutée qui fonde l'état d'entités des objets de toute recherche,
des notions comme article, nom, verbe, adjectif etc. (qu'elles soient
"dopées" ou non par l'adjonction des qualifications supplémentaires
tirées du mécanicisme post-bloomfieldien) définissent les choses
auxquelles on aurait affaire en syntaxe. Et de ce fait la syntaxe reste
un jeu aveugle et un peu idiot, surtout écrasé sous le poids d'un
lexique (mieux, d'une idée naïve et toute faite du lexique) considéré
comme le dépôt d'où des unités irréductibles de sens et de forme
(qu'elles soient appelées racines, morphèmes, mots ne change pas la
substance) sortent presque toutes faites (et comment se font-elles ?).
De ces unités, la syntaxe ne serait finalement qu'une simple
disposition, un modeste arrangement.
La notion de prédicat, mieux, de prédicativité peut jouer un rôle
important dans l'établissement d'un cadre approprié à la naissance
d'une véritable syntaxe scientifique, une fois passée au crible de
l'arbitraire saussurien (qui concerne la terminologie de la
linguistique au même titre que toute autre expression linguistique : ce
que l'on oublie presque toujours), une fois nettoyée en conséquence du
fardeau de ses emplois logico-grammaticaux et une fois connectée à
l'idée d'une fonction d'opérateur de composition (un renvoi aux "Notes"
pseudo-harrisiennes est à ce propos approprié). Ce travail préalable
est nécessaire mais il n'est pas suffisant, car le danger d'une
considération positive et non différentielle reste. Il faut donc passer
à une évaluation relationnelle et oppositive (en s'inspirant de Roman
Jakobson) : à une idée de prédicativité comme négation de sa valeur
négative et non-marquée. Et dans cette opposition, le terme non-marqué
ne coïncide pas avec la fonction corrélée d'argument, qui est elle
aussi l'un des deux termes d'une opposition comparable.
Cela fait, catégories et catégorisation sont finalement subordonnées
aux notions relationnelles et on passe ainsi d'une question
traditionnelle ("quelles sont les catégories linguistiques qui ont
vocation à être prédicatives ?" : à vrai dire, toutes et aucune) à la
tentative de comprendre et de classer les formes par lesquelles se
manifestent les rapports et les différences entre les valeurs
fonctionnellement diverses de prédicativité.
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 21/02/2008}
COLLOQUE SAUSSURE - APPEL À COMMUNICATIONS
Linguistique des valeurs
-programmes de linguistique néo-saussurienne
Colloque international organisé par
L'Institut Ferdinand de Saussure et l'Université de Namur
16-18 juin 2008
Un livre retrouvé de F. de Saussure, "De l'essence double du langage"
(dans "Ecrits de linguistique générale", Gallimard, 2002) confirme que
la pensée du linguiste genevois a été depuis un siècle l'objet de
profonds malentendus. En particulier, le programme saussurien d'une
"linguistique des valeurs pures" -conçue comme une écriture algébrique-
est resté peu documenté jusqu'à la publication des manuscrits
nouvellement découverts.
Première rencontre internationale consacrée à cette question, le
colloque entend faire le point sur ce programme énoncé avec netteté
dans ces textes, comme sur sa portée présente.
Organisé par l'université de Namur, où se tient depuis plusieurs années
un séminaire de recherches néo-saussuriennes, et par l'Institut
Ferdinand de Saussure, le colloque comprendra trois volets.
A/ Le programme des valeurs pures
Les positions théoriques et méthodologiques de Saussure ont fait
l'objet de confusions si persistantes que des entreprises diversement
associées à son nom contredisent les clauses épistémologiques de son
programme. Regardant la question des valeurs pures, seule une lecture
de l'ensemble du corpus saussurien, permet de les dissiper. L'objet des
communications et des débats du colloque sera de préciser les modalités
d'interprétation du corpus saussurien ainsi que les enjeux actuels du
programme saussurien.
B/ Des valeurs en général
La sémantique de la valeur, développée en sémantique différentielle des
textes et des corpus, a permis de rompre avec la tradition ontologique
de la référence. Il lui faut cependant pouvoir articuler les valeurs de
la langue et les conditions d'exercice de la parole. Comment
s'articulent les valeurs pures de la langue fonctionnelle et le "chaos"
apparent d'une langue historique ? Cette question n'a pas pu être
véritablement posée, notamment en raison de la tripartition entre
syntaxe, sémantique et pragmatique, qui divise encore le champ de la
linguistique. Elle est cependant cruciale et de grande portée critique
voire éthique (dans toute activité symbolique, le sujet est tout autant
l'agent que l'enjeu).
C/ Développements d'une linguistique néo-saussurienne
Les débats du colloque témoigneront des développement d'une
linguistique néo-saussurienne, notamment de grammaires et de
sémantiques des valeurs, en présentant leurs méthodes, leurs résultats
et leurs enjeux.
Comité d'organisation : Jean-Marie Klinkenberg (ULg), Jean Giot
(FUNDP), Sémir Badir (ULg/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine),
Simon Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO).
Comité scientifique : Jonathan Culler (Cornell), Marie-José Béguelin
(Neuchâtel), Arild Utaker (Bergen), Hermann Parret (KUL/FWO), Laurence
Meurant (FUNDP/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine), Simon
Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO),
Emmanuelle Danblon (ULB).
Lieu : Université de Namur (Belgique). Date : Les 16 et 17 juin 2008.
Communications. - Les propositions (résumés détaillés de deux pages)
seront soumises en format .doc ; et en outre en format .pdf si elles
comportent des figures. On peut se référer à la feuille de style du
site Texto! : http://www.revue-texto.net (rubrique Espaces éditoriaux).
Titres et résumés sont à adresser pour le 16 avril 2008 à :
Jacques Coursil (jacques@coursil.com),
François Rastier (lpe2@ext.jussieu.fr),
Simon Bouquet (bouquet@ext.jussieu.fr),
Jean Giot (jean.giot@fundp.ac.be).
Posters. - À adresser aux mêmes pour le 16 avril 2008.
Les communications, de 30 à 40 minutes, seront suivies d'un débat ; les
posters seront présentés et discutés.
L'évaluation des propositions sera close le 16 mai. Le programme sera
diffusé immédiatement avec les bulletins d'inscription et les
informations pratiques.
Frais d'inscription : 40 euros
Versement :
FACULTES UNIVERSITAIRES NOTRE DAME DE LA PAIX
Rue de Bruxelles 61 - B-5000 NAMUR (Belgique)
Coordonnées bancaires : FORTIS BANQUE
Agence de Namur Centre - Rue Godefroid 6 - B-5000 NAMUR. (Belgique)
Numéro de compte bancaire : 250-0074027-04
Code Swift/BIC : GEBABEBB07A
Code IBAN : BE10 2500 0740 2704
Code de la banque : 42 116.3
Nous vous remercions de préciser le motif précis de votre paiement :
compte 92 22-colloque saussure.
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APPEL À PARTICIPATION
La pluralité interprétative
Fondements historiques et cognitifs
de la notion de point de vue
Colloque international
organisé par Alain Berthoz, Brian Stock et Carlo Ossola
Paris, 12 et 13 Juin 2008
Jeudi 12 juin 2008
9h15 - Introduction
9h30 - Brian Stock (Université de Toronto)
Sources historiques de la pluralité
10h00 - Alain Berthoz (Collège de France)
La manipulation mentale des points de vue :
un des fondements de la tolérance ?
10h30 - Olivier Houdé (Université Paris Descartes et
Institut Universitaire de France)
Aux origines du dialogue des cultures chez l'enfant
11h00 - Pause
11h15 - Edy Veneziano (Université Paris Descartes - CNRS)
Utilisations du langage et développement de la capacité à maîtriser
plusieurs points de vue chez l'enfant
11h45 - Stephanie Burnett et Sarah Blakemore (University College,
Cognitive Neuroscience Center, Londres)
Cognitive development during adolescence
12h15 - Discussion générale
14h00 - Francisco Jarauta (Université de Murcia)
Dialogue des interprétations : les Tre filosofi de Giorgione
14h30 - Dan Sperber (École Normale Supérieure, Institut Jean Nicot,
CNRS)
Pragmatique de l'interprétation
15h00 - Carlo Severi (École des Hautes études en Sciences Sociales et
Collège de France)
Pluralité de points de vue et culture :
réflexions sur le conflit culturel
15h30 - Pause
15h45 - Sara Cigada (Université de Milan)
L'émotion et la persuasion politique : lectures de Robespierre
16h10 - Mikkel Wallentin (Center for Semiotics and Functionally
Integrative Neuroscience, Aarhus University Hospital, Danemark)
What is it to you ? Spatial perspectives in language and brain
16h30 - Annick Paternoster (Universités de Leeds et Lugano)
Politesse et point de vue dans les dialogues de la
Renaissance italienne
17h00 - Discussion générale
Vendredi 13 juin 2008
9h30 - Michel Tardieu (Collège de France)
Le pluralisme religieux
10h00 - Barbara Cassin (Centre Léon Robin de Recherche sur la pensée
antique, CNRS/Paris IV, ENS)
Relativité de la traduction et relativisme
10h30 - Jean-Claude Schmitt (École des Hautes Études en Sciences
Sociales)
Visions et voix : une herméneutique médiévale par les gestes,
les images et la musique
11h00 - Pause
11h15 - Carlo Ossola (Collège de France)
Le paradoxe herméneutique
11h45 - Philippe Mongin (École des Hautes Études Commerciales, CNRS)
Waterloo et les miroirs croisés de l'interprétation,
de Stendhal à la théorie des jeux
14h00 - Julie Grèzes (INSERM, ENS)
Bases neurales des relations avec autrui
14h30 - Roland Jouvent (Université Paris VI - Hôpital de la
Salpétrière)
Les ambiguïtés du jugement
15h00 - Anne Andronikof (Université Paris X)
Interpréter le discours de l'autre en psychologie clinique :
projections et déviances
15h30 - Heike Jung (Université de la Sarre, Département de Sciences
juridiques)
Les formes et modèles du procès pénal - sauvegardes contre la
manipulation ?
16h00 - Emmanuel Decaux (Université Paris II)
Universalité des droits de l'homme et pluralité interprétative :
l'exemple des droits de l'enfant
16h30 - Table Ronde
17h30 - Fin du colloque
Lieu : Amphithéâtre Marguerite de Navarre
Collège de France - 11 place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris
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{FR, 21/02/2008}
APPEL À PARTICIPATION
Université d'été Lyon 2008 en
Documentation & description des langues
23 Juin - 4 Juillet 2008, Lyon (France)
Co-organisée par LYON, LEIDEN, LONDON.
Informations :
http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/aalled/une/une.html
Contact :
aalled@ish-lyon.cnrs.fr
Flyer :
http://www.risc.cnrs.fr/pdf/23-06_4-07Descr_langues.pdf
Cette université d'été se propose d'introduire les concepts et les
pratiques de la documentation et de la description des langues en
linguistique, pour compléter la formation des linguistes de terrain.
La description des langues est la sous-discipline de la linguistique
qui s'occupe traditionnellement de l'analyse de la structure des
langues à différents niveaux d'organisation (phonologie, morphologie,
syntaxe, lexique, etc.). Elle conduit généralement à la production de
grammaires et de dictionnaires.
La documentation des langues est une nouvelle sous-discipline de
recherche et de pratiques linguistiques centrée sur la compilation et
l'archivage de corpus oraux (audio et/ou vidéo), et la mise en
relation, par le biais de logiciels développés à cet effet, de ces
données langagières à l'état brut, avec divers types d'analyses. La
documentation des langues renforce les fondements empiriques des
branches de la linguistique et des disciplines connexes qui reposent en
grande partie sur des données recueillies dans des communautés
linguistiques très peu étudiées (eg. typologie linguistique,
linguistique cognitive, ethnolinguistique, etc.). La documentation des
langues améliore sensiblement la vérifiabilité des données sur
lesquelles reposent les recherches et se préoccupe sérieusement des
questions d'accès et d'utilisation de ces données. Enfin, cette
nouvelle approche vise aussi à répondre aux besoins des communautés
linguistiques en matière d'éducation, de revitalisation et de
préservation (d'après, Gippert, Himmelmann & Mosel. 2006. "Essentials
of language documentation". Mouton de Gruyter.)
Les intervenants sont des spécialistes de cette discipline émergente
membres du consortium 3L : De l'Université de Lyon - équipe AALLED
(Afrique Amérique Latine Langues En Danger) du laboratoire Dynamique Du
Langage (DDL) ; de l'Université de Londres SOAS - programme HRELP (Hans
Rausing Endangered Language Project) ; et de l'Université de Leiden -
Department of Languages and Cultures of Africa (LUCL-Université de
Leiden).
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SdT volume 14, numero 1.
LES CITATIONS DU MOIS
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Sic ergo quaeramus tamquam inventuri, et sic inveniamus
tamquam quaesituri. ("Cherchons comme si nous devions
trouver et trouvons comme si nous devions chercher
encore")
Saint Augustin, De Trinitate, IX, 1,1.
A smascherare, almeno parzialmente, il potere
linguistico della stupidità può essere solo uno sguardo
stupido privo di potere. La saggezza immaginata da
Ferdinand de Saussure pare possederlo e si candida
quindi a essere il (sempre precario) strumento
euristico dell'eterna battaglia, eternamente perduta,
contro il potere linguistico della stupidità.
Nunzio La Fauci
La philologie autoréflexive, telle que je l'ai conçue
avec quelques autres, dont l'heure sans doute ne
pouvait venir qu'aujourd'hui, ne se livre qu'à
elle-même, elle s'arrache à tous les magistères, sans
renoncer à les rejoindre quand il le faut. Son mode de
lecture s'interroge sur les points de vue de l'auteur,
et n'a rien à voir ni avec une lecture philosophique
ou symbolique, métonymique ou allégorique, ni non plus
avec l'encyclopédisme de l'"explication" littéraire
générale, si utile qu'elle puisse être, et qui reste
par définition éclectique. La philologie est
spécifique et spéciale. Elle englobe, comme en musique
et en peinture, où les problèmes sont tout à fait
comparables, les techniques de la production du sens et
l'interprétation qui leur est liée, avec l'enthousiasme
de la passion, et son dépassement, le travail de
contrôle.
Jean Bollack, Dionysos et la tragédie.
Commentaire des Bacchantes d'Euripide,
Paris (Bayard), p.5-6.
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SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Ali Belghanem,
Nunzio La Fauci, et Veronica Pacuraru.
- Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
changements d'adresse electronique.
2- Textes electroniques
- Catalogue de sites consacres a la philosophie medievale
- CGL : Corpus Grammaticorum Latinorum
3- Publications
- These de Snejina Sonina : "Denomination terminologique :
exemple d'un corpus vestimentaire".
- Texto! : nouveautes de la prochaine edition (mars 2008)
4- Textes
- Francois Rastier : Notes en reponse à
Michel Olivier - "Valeur de l'interdisciplinarite
Linguistique / Semiotique / Philosophie, une illustration"
- Nunzio La Fauci : Pour une consideration fonctionnelle et
differentielle de la predicativite.
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque international "Linguistique des valeurs
-programmes de linguistique neo-saussurienne",
Namur (Belgique), 16-17 juin 2008.
- Colloque international "La pluralite interpretative.
Fondements historiques et cognitifs de la notion de
point de vue", Paris, 12-13 juin 2008.
- Universite d'ete "Documentation & description des langues",
Lyon (France), 23 juin - 4 juillet 2008.
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[informations réservées aux abonnés]
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 21/02/2008}
PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE
Irène Rosier-Catach vous conseille ce petit catalogue de liens proposés
par l'URFIST, vers des sites consacrés à l'étude de la philo médiévale :
http://www.ext.upmc.fr/urfist/menestrel/medphilo.htm
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 21/02/2008}
GRAMMAIRES LATINES
CGL - Corpus Grammaticorum Latinorum
Accès aux sources grammaticales de la Latinité tardive :
recherche, parcours textuels et bibliographie
http://htl.linguist.jussieu.fr/CGL
Le corpus des textes attribués de manière conventionnelle aux
Grammatici Latini est constitué par l'ensemble des manuels de grammaire
latine écrits entre le IIIe et le VIIIe siècle apr. J.-C. et édités par
Heinrich Keil à Leipzig entre 1855 et 1880. Ce corpus présente de
nombreux centres d'intérêt :
1. Il permet la reconstitution de l'histoire des idées linguistiques en
Occident, en rassemblant les sources principales. Toute la tradition
postérieure, à partir du Moyen Âge, s'est appuyée sur ces textes
(notamment les artes de Donat et de Priscien).
2. Il contient, sous forme d'exemples, plus de 14.000 citations : il
s'agit soit de précieux fragments d'ouvrages (littéraires,
philosophiques, techniques) perdus soit de passages que l'on peut
comparer avec la tradition directe des textes conservés.
3. Il met en évidence certaines tendances du latin tardif, notamment
les formes expressives étrangères à l'usage classique.
4. Il évoque les discussions philosophiques au sujet de la nature et du
fonctionnement du langage, en montrant l'adaptation des catégories
logiques à l'enseignement scolaire. Au Moyen Âge, de nombreux débats
portant aussi bien sur la logique que sur la théologie deviendront
possibles grâce à la médiation des Grammatici Latini, notamment de
Priscien.
Il est évident que ce corpus se signale par son caractère polyvalent et
intrinsèquement stratifié, au carrefour de disciplines différentes. Son
exploitation est susceptible d'intéresser les historiens qui se
penchent sur les théories linguistiques, et pas seulement celles de
l'Antiquité, les philologues et les littéraires, les romanistes et tous
ceux qui étudient le passage du latin aux langues romanes, les
philosophes. Toutes ces disciplines devraient tirer un grand profit de
la possibilité d'enquêter sur des sources étudiées jusqu'à présent de
façon partielle ou incomplète.
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Michelucci, 19/12/2007}
THESE
Pascal Michelucci nous signale "une thèse récemment soutenue à [son]
université, [disponible] dans sa version revue intégrale. Les lecteurs
de SdT apprécieraient d'en connaître l'existence."
Snejina Sonina
Dénomination terminologique : exemple d'un corpus vestimentaire
http://www.etudes-francaises.net/dossiers/sonina/
Résumé :
Cette thèse de doctorat, soutenue au Département d'Études françaises de
l'Université de Toronto en mai 2007, cherche à mieux comprendre le
processus de dénomination des concepts vestimentaires. La dénomination
comme processus psychologique ne permettant d'observation directe, le
premier chapitre de la thèse s'attache à trouver le matériel convenable
pour surveiller les patrons dénominatifs et leurs variations, ainsi
qu'à créer un corpus représentatif de ce matériel. Le corpus
échantillon constitué pour cette recherche résulte du dépouillement de
six catalogues de vente en ligne et comprend 7 158 noms de vêtements
qui sont traités comme "termes banalisés" puisqu'il s'agit d'un domaine
spécialisé mais non professionnel. Le deuxième et le troisième
chapitres étudient les particularités des termes recensés sur la base
de deux hypothèses principales. La vérification de la première
hypothèse la structuration conceptuelle de la terminologie doit aider
à mettre en évidence la corrélation entre les concepts et les patrons
de formation des termes permet de distinguer trois types de termes :
lexicalisés, descriptifs et oscillants entre les deux. Les analyses
incitées par la seconde hypothèse les termes oscillants représentent
la période de flottement précédant la dénomination définitive
démontrent certaines particularités des syntagmes terminologiques,
notamment, le fait que ces syntagmes sont formés par des règles
différentes de celles de la syntaxe et le fait qu'il existe un ordre
préféré d'expression des caractéristiques vestimentaires dans les
syntagmes à plusieurs éléments. Dans le dernier chapitre, les
particularités observées précédemment s'expliquent comme régularités à
l'aide de la sémantique du prototype et de la sémantique générative de
Pustejovsky. Finalement, les régularités dénominatives, discernées sur
l'exemple du corpus et mises dans une perspective élargie du signe
linguistique, permettent de proposer des scénarios possibles de
dénomination à partir de l'objet vestimentaire à nommer jusqu'au terme
attesté.
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{FR, 18/03/2008}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Prohaine mise à jour (sous presse) : mars 2008 (vol. XIII , n°1)
Numéro coordonné par Christophe Gérard.
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
Michel GAILLIARD
Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
de Sade.
François RASTIER
Passages
Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
contextuels au sein du passage et entre passages.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
François RASTIER
En attendant Valentin Temkine
Jean-Paul BRONCKARDT
Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, et à propos de
positionnement épistémologiques, des concepts de "texte", "genre" et
"discours", Jean-Paul Bronckart livre une analyse approfondie des
points de rencontre et de divergence entre sémantique textuelle et
interactionnisme socio-discursif.
Gabriel BERGOUGNOUX
Une de mes amours (Sur Lacan)
?Dans cet entretien réalisé pour la revue penser / rêver en 2006,
Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
il propose, à partir d'une analyse philologique et linguisique, un
rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
intérieure, de Saussure, d'interprétation...
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Jean LASSÈGUE
Émergence et parenté
Baptiste FOULQUIÉ
Sémiotique et communication (compte-rendu)
Eugenio COSERIU
Synchronie, diachronie, histoire
Christian BOTA
Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
un modèle complexe du fonctionnement langagier
Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Pierre Judet DE LA COMBE
Sur les conflits en philologie
Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
méthode et la logique des interprétations.
Jean GRONDIN
Hermeneutics
Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
l'herméneutique contemporaine.
Dans la rubrique CORPUS :
Christian MAUCERI
Isotopie et indexation
Une approche renouvellée de la classification automatique s'appuyant
sur les acquis théoriques de la sémantique interprétative.
Bill LOUW
Contextual prosodic theory :
bringing semantic prosodies to life
Estelle DUBREUIL
Collocations : définitions et problématique
Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématiques
selon la dichotomie lexicologique-lexicographique et linguistique de
corpus.
Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :
Rossitza KYHENG
Les points de vue en linguistique, ou
comment interpréter le corpus saussurien.
Enjeux théoriques et applications (Thèse)
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
{FR, 21/02/2008}
A PROPOS D'UNE INTERDISCIPLINARITÉ
LINGUISTIQUE / SÉMIOTIQUE / PHILOSOPHIE, ET DE L'INTERPRÉTATION
François Rastier : Notes en réponse à
Michel Olivier - Valeur de l'interdisciplinarité Linguistique /
Sémiotique / Philosophie, une illustration
(COLLOQUE REPHIL I, 6 et 7 décembre 2007)
Sans tresser des couronnes académiques anticipées, je voudrais soulever
ces points parfois abrupts, tantôt commentaires, tantôt objections.
1/ La philosophie est le seul discours de l'interdisciplinarité (tant
par l'épistémologie que par la gnoséologie), ainsi que par ses liens
académiques avec l'histoire des idées.
2/ Depuis sa formation au début du XIXe, la linguistique est en
revanche la source des connaissances sur le langage : la philosophie du
langage doit donc devenir une philosophie de la linguistique, ne
serait-ce que pour cesser de perpétuer les préjugés scolastiques, en
général thomistes, sur la référence, le rapport langage/pensée, le
signe, etc., qui l'encombrent.
Que serait aujourd'hui une philosophie de la nature qui ne tiendrait
pas compte des sciences de la nature ?
3/ Depuis la formation de la linguistique, le langage a cessé de
pouvoir être pensé en lui-même : il ne peut l'être que par rapport aux
langues et aux textes (deux domaines restés quasiment absents de la
philosophie du langage : on ne reconnaît pas de philosophie des langues
ni de philosophie des textes). Seule une infime partie des exemples peu
nombreux discutés en philosophie du langage est attestée : le langage
en question est donc une formation interne à la philosophie.
Dès lors qu'on prend en considération les trois domaines
d'objectivation de la linguistique (langage, langues et textes), la
contradiction entre unité du langage et pluralité des faits de langage
peut être surmontée voire dissoute.
4/ Avec Humboldt puis Saussure, le rapport langage-pensée (il n'y a
aucune unité dans ce que l'on appelle sommairement la pensée, mais
j'entends ici la pensée "discursive" ou logos), est un rapport
_sémiotique_ entre le contenu et l'expression des textes théoriques.
5/ S'il est toujours flatteur de se trouver in vivo dans un corpus, et
si pour ce qui concerne ma position votre présentation est claire, elle
reste souvent restreinte à ce qui est compatible avec une linguistique
du signe ; or il s'agit d'une linguistique des textes, où par exemple
les signes y sont définis comme des passages. Cette restriction
s'explique sans doute par la volonté de rendre commensurable le point
de vue présenté avec celui d'auteurs comme Montague. Dans ses premiers
chapitres, "Sémantique interprétative" avait pour objectif,
précisément, de donner à ce palier de description une méthodologie qui
ne soit plus tributaire de la tradition logico-grammaticale. Dans les
derniers chapitres, il s'agit de rapporter l'interprétation à ses
_conditions_ linguistiques (y compris de discours et de genre) ; il me
semble donc erroné de dire : « ...L'interprète pioche ce qu'il veut ».
Par ailleurs deux décennies de publications de divers auteurs ont
permis d'élargir et de problématiser les questions soulevées. Je me
permets de renvoyer à un cycle récent sur la référence, notamment
l'étude "Les mots sans les choses" (accessible aussi sur
revue-texto.net).
6/ La question de "la grammaire du 'Je fais'" résume faiblement la
question de l'éthique. Toutefois, la sémantique interprétative se
fondant sur une praxéologie (un texte est un cours d'action) et non sur
une ontologie, la question de l'éthique peut y être posée dans la
mesure où la raison pratique est précisément une interprétation : mais
on se limitera ici à la responsabilité éthique de l'interprète, dans ce
que l'on peut appeler une dé-ontologie.
7/ S'agit-il pour autant d'un relativisme ? La sémantique
interprétative entend problématiser les variations de la doxa (liée à
des corpus dans des langues, discours et genres divers) mais cette
diversité est un objet et non un objectif. S'agissant de
l'interprétation, il s'agit d'un pluralisme : aucune lecture
scientifique ne peut prétendre périmer les autres, mais l'on peut
hiérarchiser les interprétations, par exemple pour récuser
philologiquement et herméneutiquement (dans ce que l'on peut appeler
une herméneutique matérielle) les interprétations de Heidegger, tant
sur les présocratiques que sur Hölderlin, qui font délibérément
violence à la lettre -ce qui selon moi n'est pas sans rapport avec son
antisémitisme théorique et pratique.
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{FR, 21/02/2008}
POUR UNE CONSIDÉRATION FONCTIONNELLE ET DIFFÉRENTIELLE DE LA PRÉDICATIVITÉ
Nunzio LA FAUCI
http://apolloniodiscolo.blogspot.com/
En quête de...
La syntaxe n'est qu'une opération de composition qui crée en même temps
un système (c.-à-d. un ensemble ordonné d'interdépendances) et ses
parties. Ni l'un ni les autres n'existent préalablement. Dans le
processus de composition, c'est le rapport mutuel qui leur donne des
valeurs, selon la suggestion théorique pionnière de Ferdinand de
Saussure.
Pour se faire jour, les études syntaxiques (et la linguistique toute
entière) doivent se libérer de toute ontologie. Le monde étudié par le
linguiste est un univers vide, peuplé des fantômes qui manifestent le
processus créateur de purs rapports systématiques. Le travail d'un
chercheur sage, avisé et conscient (comme le fut Edward Sapir) ne
consiste que dans la découverte et dans la détermination des rapports
(manifestés et, en même temps, cachés par ces fantômes). En fonction
d'une telle prise de conscience, le siècle qui nous sépare de Saussure
n'a pas vu changer beaucoup la situation.
À quelques exceptions près (parmi lesquelles pourrait peut-être figurer
le pseudo-Harris des "Notes du cours de syntaxe", c.-à-d. le cilice par
lequel Maurice Gross mortifia une émersion de son ego spéculatif et
théorique), les syntacticiens se sont contentés et se contentent de
renouveler, sous des formes toujours variées (les chemins de l'errance
sont justement infinis), les façons de procéder d'une tradition
philologique ontologiquement fondée.
La terminologie courante en est la meilleure preuve. Et, même dans les
cadres qui se prétendent les plus innovateurs, les catégories par
lesquelles on opère le démontrent clairement. En tant que taxinomie
indiscutée qui fonde l'état d'entités des objets de toute recherche,
des notions comme article, nom, verbe, adjectif etc. (qu'elles soient
"dopées" ou non par l'adjonction des qualifications supplémentaires
tirées du mécanicisme post-bloomfieldien) définissent les choses
auxquelles on aurait affaire en syntaxe. Et de ce fait la syntaxe reste
un jeu aveugle et un peu idiot, surtout écrasé sous le poids d'un
lexique (mieux, d'une idée naïve et toute faite du lexique) considéré
comme le dépôt d'où des unités irréductibles de sens et de forme
(qu'elles soient appelées racines, morphèmes, mots ne change pas la
substance) sortent presque toutes faites (et comment se font-elles ?).
De ces unités, la syntaxe ne serait finalement qu'une simple
disposition, un modeste arrangement.
La notion de prédicat, mieux, de prédicativité peut jouer un rôle
important dans l'établissement d'un cadre approprié à la naissance
d'une véritable syntaxe scientifique, une fois passée au crible de
l'arbitraire saussurien (qui concerne la terminologie de la
linguistique au même titre que toute autre expression linguistique : ce
que l'on oublie presque toujours), une fois nettoyée en conséquence du
fardeau de ses emplois logico-grammaticaux et une fois connectée à
l'idée d'une fonction d'opérateur de composition (un renvoi aux "Notes"
pseudo-harrisiennes est à ce propos approprié). Ce travail préalable
est nécessaire mais il n'est pas suffisant, car le danger d'une
considération positive et non différentielle reste. Il faut donc passer
à une évaluation relationnelle et oppositive (en s'inspirant de Roman
Jakobson) : à une idée de prédicativité comme négation de sa valeur
négative et non-marquée. Et dans cette opposition, le terme non-marqué
ne coïncide pas avec la fonction corrélée d'argument, qui est elle
aussi l'un des deux termes d'une opposition comparable.
Cela fait, catégories et catégorisation sont finalement subordonnées
aux notions relationnelles et on passe ainsi d'une question
traditionnelle ("quelles sont les catégories linguistiques qui ont
vocation à être prédicatives ?" : à vrai dire, toutes et aucune) à la
tentative de comprendre et de classer les formes par lesquelles se
manifestent les rapports et les différences entre les valeurs
fonctionnellement diverses de prédicativité.
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{FR, 21/02/2008}
COLLOQUE SAUSSURE - APPEL À COMMUNICATIONS
Linguistique des valeurs
-programmes de linguistique néo-saussurienne
Colloque international organisé par
L'Institut Ferdinand de Saussure et l'Université de Namur
16-18 juin 2008
Un livre retrouvé de F. de Saussure, "De l'essence double du langage"
(dans "Ecrits de linguistique générale", Gallimard, 2002) confirme que
la pensée du linguiste genevois a été depuis un siècle l'objet de
profonds malentendus. En particulier, le programme saussurien d'une
"linguistique des valeurs pures" -conçue comme une écriture algébrique-
est resté peu documenté jusqu'à la publication des manuscrits
nouvellement découverts.
Première rencontre internationale consacrée à cette question, le
colloque entend faire le point sur ce programme énoncé avec netteté
dans ces textes, comme sur sa portée présente.
Organisé par l'université de Namur, où se tient depuis plusieurs années
un séminaire de recherches néo-saussuriennes, et par l'Institut
Ferdinand de Saussure, le colloque comprendra trois volets.
A/ Le programme des valeurs pures
Les positions théoriques et méthodologiques de Saussure ont fait
l'objet de confusions si persistantes que des entreprises diversement
associées à son nom contredisent les clauses épistémologiques de son
programme. Regardant la question des valeurs pures, seule une lecture
de l'ensemble du corpus saussurien, permet de les dissiper. L'objet des
communications et des débats du colloque sera de préciser les modalités
d'interprétation du corpus saussurien ainsi que les enjeux actuels du
programme saussurien.
B/ Des valeurs en général
La sémantique de la valeur, développée en sémantique différentielle des
textes et des corpus, a permis de rompre avec la tradition ontologique
de la référence. Il lui faut cependant pouvoir articuler les valeurs de
la langue et les conditions d'exercice de la parole. Comment
s'articulent les valeurs pures de la langue fonctionnelle et le "chaos"
apparent d'une langue historique ? Cette question n'a pas pu être
véritablement posée, notamment en raison de la tripartition entre
syntaxe, sémantique et pragmatique, qui divise encore le champ de la
linguistique. Elle est cependant cruciale et de grande portée critique
voire éthique (dans toute activité symbolique, le sujet est tout autant
l'agent que l'enjeu).
C/ Développements d'une linguistique néo-saussurienne
Les débats du colloque témoigneront des développement d'une
linguistique néo-saussurienne, notamment de grammaires et de
sémantiques des valeurs, en présentant leurs méthodes, leurs résultats
et leurs enjeux.
Comité d'organisation : Jean-Marie Klinkenberg (ULg), Jean Giot
(FUNDP), Sémir Badir (ULg/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine),
Simon Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO).
Comité scientifique : Jonathan Culler (Cornell), Marie-José Béguelin
(Neuchâtel), Arild Utaker (Bergen), Hermann Parret (KUL/FWO), Laurence
Meurant (FUNDP/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine), Simon
Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO),
Emmanuelle Danblon (ULB).
Lieu : Université de Namur (Belgique). Date : Les 16 et 17 juin 2008.
Communications. - Les propositions (résumés détaillés de deux pages)
seront soumises en format .doc ; et en outre en format .pdf si elles
comportent des figures. On peut se référer à la feuille de style du
site Texto! : http://www.revue-texto.net (rubrique Espaces éditoriaux).
Titres et résumés sont à adresser pour le 16 avril 2008 à :
Jacques Coursil (jacques@coursil.com),
François Rastier (lpe2@ext.jussieu.fr),
Simon Bouquet (bouquet@ext.jussieu.fr),
Jean Giot (jean.giot@fundp.ac.be).
Posters. - À adresser aux mêmes pour le 16 avril 2008.
Les communications, de 30 à 40 minutes, seront suivies d'un débat ; les
posters seront présentés et discutés.
L'évaluation des propositions sera close le 16 mai. Le programme sera
diffusé immédiatement avec les bulletins d'inscription et les
informations pratiques.
Frais d'inscription : 40 euros
Versement :
FACULTES UNIVERSITAIRES NOTRE DAME DE LA PAIX
Rue de Bruxelles 61 - B-5000 NAMUR (Belgique)
Coordonnées bancaires : FORTIS BANQUE
Agence de Namur Centre - Rue Godefroid 6 - B-5000 NAMUR. (Belgique)
Numéro de compte bancaire : 250-0074027-04
Code Swift/BIC : GEBABEBB07A
Code IBAN : BE10 2500 0740 2704
Code de la banque : 42 116.3
Nous vous remercions de préciser le motif précis de votre paiement :
compte 92 22-colloque saussure.
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{FR, 21/02/2008}
APPEL À PARTICIPATION
La pluralité interprétative
Fondements historiques et cognitifs
de la notion de point de vue
Colloque international
organisé par Alain Berthoz, Brian Stock et Carlo Ossola
Paris, 12 et 13 Juin 2008
Jeudi 12 juin 2008
9h15 - Introduction
9h30 - Brian Stock (Université de Toronto)
Sources historiques de la pluralité
10h00 - Alain Berthoz (Collège de France)
La manipulation mentale des points de vue :
un des fondements de la tolérance ?
10h30 - Olivier Houdé (Université Paris Descartes et
Institut Universitaire de France)
Aux origines du dialogue des cultures chez l'enfant
11h00 - Pause
11h15 - Edy Veneziano (Université Paris Descartes - CNRS)
Utilisations du langage et développement de la capacité à maîtriser
plusieurs points de vue chez l'enfant
11h45 - Stephanie Burnett et Sarah Blakemore (University College,
Cognitive Neuroscience Center, Londres)
Cognitive development during adolescence
12h15 - Discussion générale
14h00 - Francisco Jarauta (Université de Murcia)
Dialogue des interprétations : les Tre filosofi de Giorgione
14h30 - Dan Sperber (École Normale Supérieure, Institut Jean Nicot,
CNRS)
Pragmatique de l'interprétation
15h00 - Carlo Severi (École des Hautes études en Sciences Sociales et
Collège de France)
Pluralité de points de vue et culture :
réflexions sur le conflit culturel
15h30 - Pause
15h45 - Sara Cigada (Université de Milan)
L'émotion et la persuasion politique : lectures de Robespierre
16h10 - Mikkel Wallentin (Center for Semiotics and Functionally
Integrative Neuroscience, Aarhus University Hospital, Danemark)
What is it to you ? Spatial perspectives in language and brain
16h30 - Annick Paternoster (Universités de Leeds et Lugano)
Politesse et point de vue dans les dialogues de la
Renaissance italienne
17h00 - Discussion générale
Vendredi 13 juin 2008
9h30 - Michel Tardieu (Collège de France)
Le pluralisme religieux
10h00 - Barbara Cassin (Centre Léon Robin de Recherche sur la pensée
antique, CNRS/Paris IV, ENS)
Relativité de la traduction et relativisme
10h30 - Jean-Claude Schmitt (École des Hautes Études en Sciences
Sociales)
Visions et voix : une herméneutique médiévale par les gestes,
les images et la musique
11h00 - Pause
11h15 - Carlo Ossola (Collège de France)
Le paradoxe herméneutique
11h45 - Philippe Mongin (École des Hautes Études Commerciales, CNRS)
Waterloo et les miroirs croisés de l'interprétation,
de Stendhal à la théorie des jeux
14h00 - Julie Grèzes (INSERM, ENS)
Bases neurales des relations avec autrui
14h30 - Roland Jouvent (Université Paris VI - Hôpital de la
Salpétrière)
Les ambiguïtés du jugement
15h00 - Anne Andronikof (Université Paris X)
Interpréter le discours de l'autre en psychologie clinique :
projections et déviances
15h30 - Heike Jung (Université de la Sarre, Département de Sciences
juridiques)
Les formes et modèles du procès pénal - sauvegardes contre la
manipulation ?
16h00 - Emmanuel Decaux (Université Paris II)
Universalité des droits de l'homme et pluralité interprétative :
l'exemple des droits de l'enfant
16h30 - Table Ronde
17h30 - Fin du colloque
Lieu : Amphithéâtre Marguerite de Navarre
Collège de France - 11 place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris
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{FR, 21/02/2008}
APPEL À PARTICIPATION
Université d'été Lyon 2008 en
Documentation & description des langues
23 Juin - 4 Juillet 2008, Lyon (France)
Co-organisée par LYON, LEIDEN, LONDON.
Informations :
http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/aalled/une/une.html
Contact :
aalled@ish-lyon.cnrs.fr
Flyer :
http://www.risc.cnrs.fr/pdf/23-06_4-07Descr_langues.pdf
Cette université d'été se propose d'introduire les concepts et les
pratiques de la documentation et de la description des langues en
linguistique, pour compléter la formation des linguistes de terrain.
La description des langues est la sous-discipline de la linguistique
qui s'occupe traditionnellement de l'analyse de la structure des
langues à différents niveaux d'organisation (phonologie, morphologie,
syntaxe, lexique, etc.). Elle conduit généralement à la production de
grammaires et de dictionnaires.
La documentation des langues est une nouvelle sous-discipline de
recherche et de pratiques linguistiques centrée sur la compilation et
l'archivage de corpus oraux (audio et/ou vidéo), et la mise en
relation, par le biais de logiciels développés à cet effet, de ces
données langagières à l'état brut, avec divers types d'analyses. La
documentation des langues renforce les fondements empiriques des
branches de la linguistique et des disciplines connexes qui reposent en
grande partie sur des données recueillies dans des communautés
linguistiques très peu étudiées (eg. typologie linguistique,
linguistique cognitive, ethnolinguistique, etc.). La documentation des
langues améliore sensiblement la vérifiabilité des données sur
lesquelles reposent les recherches et se préoccupe sérieusement des
questions d'accès et d'utilisation de ces données. Enfin, cette
nouvelle approche vise aussi à répondre aux besoins des communautés
linguistiques en matière d'éducation, de revitalisation et de
préservation (d'après, Gippert, Himmelmann & Mosel. 2006. "Essentials
of language documentation". Mouton de Gruyter.)
Les intervenants sont des spécialistes de cette discipline émergente
membres du consortium 3L : De l'Université de Lyon - équipe AALLED
(Afrique Amérique Latine Langues En Danger) du laboratoire Dynamique Du
Langage (DDL) ; de l'Université de Londres SOAS - programme HRELP (Hans
Rausing Endangered Language Project) ; et de l'Université de Leiden -
Department of Languages and Cultures of Africa (LUCL-Université de
Leiden).
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Résumé: 2008_07_11
________________________________________________________________________
SdT volume 14, numero 2.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Les genres littéraires sont des ennemis
qui ne vous ratent pas,
si vous les avez ratés au premier coup.
Henri Michaux, L'espace du dedans
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 9 nouveaux abonnes, dont Estanislao Sofia,
Eric Trudel, et Olfa Abdelli.
2- Textes electroniques
- Le Littre.
3- Publications
- Francoise Canon-Roger et Christine Chollier :
"Des genres aux textes : Essais de sémantique interprétative
en littérature de langue anglaise".
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 1/2).
- Actes des JADT 2008.
4- Textes
- Mathieu Valette : "Pour une science des textes instrumentee".
- Francois Rastier : "Lettre sur Saussure".
5- Appels : Colloques et revues
- "Le Monde du Symbolique -en hommage a Claude Levi-Strauss"
Colloque international, Paris, 21-22 novembre 2008.
- "Enonciation et rhetorique dans l'ecrit scientifique"
Numero 41 de LIDIL, sortie prevue juin 2010.
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[informations réservées aux abonnés]
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 02/07/2008}
BEAUX SITES
Framasoft signale sur son site la sortie d'un logiciel libre (licence
GPL) qui permet d'avoir sur son ordinateur le Dictionnaire de la Langue
Française, d'Emile Littré, qui lui vaut d'être connu sous le nom "Le
Littré". Il s'agit de la version originale de ce dictionnaire.
Comment utiliser le Littré ?
en ligne : http://francois.gannaz.free.fr/Littre/accueil.php
téléchargeable sur son ordinateur :
http://code.google.com/p/dictionnaire-le-littre/ ou encore
http://francois.gannaz.free.fr/Littre/horsligne.php
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 03/07/2008 et Chollier, 11/07/2008}
VIENT DE PARAÎTRE
Des genres aux textes :
Essais de sémantique interprétative
en littérature de langue anglaise
Françoise Canon-Roger et Christine Chollier
Cet ouvrage présente dix études sur la détermination des textes par
leur genre. Ces études portent à chaque fois sur un texte de
littérature irlandaise et sur un texte de littérature nord-américaine.
Elles s'inspirent d'une hypothèse formulée par la Sémantique des Textes
et elles la mettent à l'épreuve des oeuvres. Une fois construite, la
détermination des textes et des passages par le genre dont ils relèvent
mène à leur spécificité. L'influence du niveau global (genre ou texte)
sur le local (texte ou passage) n'empêche en aucun cas l'action
rétroactive du passage sur le texte entier : le "passage" est donc un
point d'accès au texte dans la mesure où le global passe par lui.
Artois Presses Université
Collection "Lettres et Civilisations étrangères"
ISBN : 978-2-84832-073-1 - 2008. Broché, 16x24, 368 pages, 25 euros.
http://www.univ-artois.fr/francais/apu/collections.html
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{FR, 02/07/2008 et Gérard, 07/07/2008}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Vient de paraître en juin 2008 : vol. XIII, n°1/2
Numéro coordonné par Christophe Gérard.
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
François RASTIER
Passages
Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
contextuels au sein du passage et entre passages.
Michel GAILLIARD
Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
de Sade.
François RASTIER
Croc de boucher et rose mystique
Enjeux du pathos sur l'extermination
Absent ou presque de la littérature de l'extermination (Levi, Antelme,
notamment), le pathos abonde dans des essais sur l'extermination. Après
en avoir évoqué la généalogie, on en rappellera les procédés et formes
récurrents, aussi bien chez des auteurs comme George Steiner et Giorgio
Agamben que chez leurs inspirateurs, Heidegger notamment. Dans le
discours théologico-politique qu'ils articulent, une grandiloquence
irrationaliste unit politique et mysticisme. Le pathos sur
l'extermination semble ainsi pris dans le système des valeurs
d'exaltation qui l'ont permise ou accompagnée, pour autant qu'elle
témoigne de l'irruption du mythe dans l'histoire.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
Gabriel BERGOUNIOUX
Une de mes Amours, un de mes travails
Dans cet entretien réalisé pour la revue Penser / rêver en 2006,
Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
il propose, à partir d'une analyse philologique et linguistique, un
rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
intérieure, de Saussure, d'interprétation...
Jean-Paul BRONCKARDT
Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
Hommage à François Rastier
Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, Jean-Paul
Bronckart revient sur les concepts de "texte", "genre" et
"discours" pour examiner les points de rencontre, et les divergences,
entre sémantique textuelle et interactionnisme socio-discursif.
François RASTIER, Valentin TEMKINE et Pierre TEMKINE
En attendant Godot : de l'absurde à l'histoire
En s'appuyant sur une relecture détaillée de En attendant Godot,
Valentin Temkine produit une interprétation globale renouvelant la
lecture de la pièce : à rebours des interprétations selon les canons du
"théâtre de l'Absurde", il restitue la pièce à l'Histoire en
explicitant les thèmes latents de l'Occupation et de la Shoah. Le
dialogue entre Valentin et Pierre Temkine est suivi de trois réactions.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Baptiste FOULQUIÉ
Compte rendu critique de Semen, n° 23, Avril 2007
Etat des lieux et mise en perspective du dialogue entre sémiotique et
communication.
Christian BOTA
Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
un modèle complexe du fonctionnement langagier
Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.
Jean LASSÈGUE (dir.)
Émergence et évolution de la parenté
Actes d'un colloque comprenant :
Jean LASSÈGUE - Présentation ;
Camilla POWER - Biological substrates of human kinship : the view from
life history theory and evolutionary ecology ;
Chris KNIGHT - Revisiting matrilineal priority ;
Nick ALLEN - Tetradic theory and the origin of human kinship systems.
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Pierre Judet DE LA COMBE
Sur les conflits en philologie
Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
méthode et la logique des interprétations.
Jean GRONDIN
Hermeneutics
Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
l'herméneutique contemporaine.
Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :
Maurice GRAMONT
Compte rendu du Cours de linguistique générale
Publié dans la Revue des langues romanes, 1966, n°59, p. 402-410.
Antoine MEILLET
Compte rendu du Cours de linguistique générale
Publié dans le BSL, 1916, t. XX, p. 32-36.
Rossitza KYHENG
Entité première - Identité des objets concrets
Édition diplomatique des feuillets 255-256 des manuscrits
saussuriens (inédits)
Maurice GRAMONT
Compte rendu des Mélanges linguistiques offerts à M. Ferdinand
de Saussure
Publié dans la Revue des langues romanes, 1912, n°55, p. 387-389.
Rossitza KYHENG
Comment a été conceptualisé le terme de "parole" ?
Édition génétique du feuillet 176 des manuscrits saussuriens
(correspondant à la section 17 [Parole effective et parole potentielle]
du manuscrit De l'essence double).
Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS :
Christian MAUCERI
Isotopie et indexation
Une approche interprétative de la classification automatique, appuyée
aux acquis théoriques de la sémantique interprétative, ouvre des voies
nouvelles à l'indexation en particulier et, en général, à
l'herméneutique matérielle dont l'ambition est de réunifier
l'herméneutique et la philologie. L'auteur propose notamment une
pratique renouvelée de la classification automatique, ainsi que des
améliorations de la technique d'indexation par sémantique latente.
Bill LOUW
Contextual Prosody Theory :
bringing Semantic Prosodies to Life
Introduit par Bill Louw en 1993 avant d'être repris et popularisé par
John Sinclair, le concept de "prosodie sémantique" illustre l'intérêt
des approches contextualistes pour la théorie sémantique. L'auteur en
reprend ici les principales caractéristiques et propose des
développements et une application à un texte littéraire.
Estelle DUBREIL
Collocations : définitions et problématique
Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématique
selon la dichotomie lexicologie-lexicographie et linguistique de
corpus.
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{BP, 09/07/2008}
ACTES
Les actes des JADT 2008 (9èmes journées internationales d'analyse
statistique des données textuelles) sont disponibles aux Presses
universitaires de Lyon et en ligne sur le site Lexicometrica :
http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/
jadt/jadt2008/tocJADT2008.htm
Ils s'ouvrent avec le texte de la conférence invitée de François
Rastier : "Que cachent les "données textuelles" ?"
Informations complètes sur le site de la conférence
http://jadt2008.ens-lsh.fr/
rubrique "Actes"
(lien direct : http://jadt2008.ens-lsh.fr/spip.php?rubrique109)
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 02/07/2008 et MV, 11/07/2008}
POUR UNE SCIENCE DES TEXTES INSTRUMENTÉE
Textes, documents numériques, corpus.
Pour une science des textes instrumentée
Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette
Syntaxe & Sémantique, 9 (à paraître)
Présentation
Mathieu Valette
ATILF (CNRS, Nancy) & ERTIM (INaLCO, Paris)
La linguistique de corpus ne sera, selon toute vraisemblance, jamais
établie en discipline académique. Aujourd'hui, nombre de linguistes,
quels que soient leur discipline ou leurs objets d'étude, sont conduits
à constituer des corpus numériques et à les étudier au moyen d'outils
logiciels chaque année plus nombreux, sophistiqués et conviviaux. La
banalisation de l'outil désenclave ainsi des pratiques longtemps
réservées à une petite minorité que l'informatique ne rebutait pas.
Mais cette évolution technologique, si elle peut avoir une incidence
méthodologique (par exemple et minimalement, en substituant aux
exemples construits des exemples attestés), n'a pas pour autant un
impact fort sur les théories ni sur la définition des objets de la
linguistique : à la morphologie, les corpus de mots ; à la syntaxe, les
corpus de phrases ; aux théories énonciatives, les corpus d'énoncés. Et
bien que tous ces objets d'étude proviennent de textes, ceux-ci ne sont
que rarement considérés comme objet de science dans ces contextes
disciplinaires. Ils sont réduits, par défaut, au statut préscientifique
de ressource -un matériau brut dont la qualité est déterminée par la
seule présence, après raffinage, de l'objet étudié. On collecte ainsi
de l'indénombrable : "du" texte ou "du" corpus.
De la linguistique de corpus
à une science des textes instrumentée
Or, le texte fait l'objet, avec cette fameuse société de l'information,
d'un intérêt nouveau. Sa problématique s'articule en effet avec celle,
récente, du document numérique, lequel est, pour beaucoup, le vecteur
d'une révolution aussi importante que jadis le passage du volumen au
codex. C'est peu dire que l'accroissement des données textuelles
numérisées est actuellement soutenu, du fait d'Internet évidemment,
mais aussi de la Gestion Electronique de Documents (GED). Ces nouveaux
modes de production, de stockage et d'accès au document génèrent, outre
des dépenses énergétiques considérables, de nouvelles questions et de
nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des
contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.
Les linguistiques du texte, jusque-là souvent cantonnées à l'analyse
des textes littéraires ou politiques aux genres globalement bien
décrits par la tradition, se trouvent confrontées à une grande variété
de discours et de genres nouveaux, indéterminés, polymorphes et en
permanente évolution [note 1] qu'il leur appartient de caractériser. Que ces
discours et ces genres soient traces de nouvelles pratiques sociales ou
modernisation de pratiques anciennes, il apparaît crucial pour la
linguistique, science humaine et sociale, de prendre position face aux
enjeux théoriques et méthodologiques naissants, et de ne pas laisser à
d'autres disciplines (sciences de l'information et de la communication,
ingénierie des connaissances, etc.) le soin de décrire, seules, ces
nouveaux objets sémiotiques.
Parmi les linguistiques du texte, les propositions théoriques de
F. Rastier (sémantique interprétative, sémantique textuelle)
participent activement à ce débat (Rastier 1987, 2001). Ayant pour
objet empirique le texte et non le mot, la phrase ou l'énoncé,
traditionnellement privilégiés, cette linguistique-science des textes
renoue avec une tradition rhétorique et herméneutique oubliée du
XXème siècle et se concentre sur l'étude de la textualité, des genres
textuels, des discours et de leurs corollaires (cohésion textuelle,
intertextualité, etc.). Son appareil théorique est depuis le début des
années 90 éprouvé par la linguistique de corpus [note 2], le
TAL [note 3] et plus récemment par la Recherche d'Information [note 4].
L'association des outils logiciels aux outils théoriques et conceptuels
peut avoir différentes conséquences :
(i) la validation logico-mathématique (établissement d'un "modèle"
informatisé de la théorie) -valorisée dans certaines traditions
linguistiques comme la syntaxe générative ou la linguistique cognitive,
ce mode de validation, né avec l'informatique dans le sillon
cybernétique, relève d'une esthétique scientifique souvent mal adaptée
aux sciences humaines et sociales ;
(ii) la validation pratique (par des applications logicielles). Elle
présente l'intérêt de confronter les scientifiques aux demandes
sociales mais elle demeure assujettie aux passions technoscientistes
contemporaines ; enfin
(iii) le déploiement de l'objet de recherche : l'instrumentation,
constitutive de la linguistique de corpus, donne lieu à ce que nous
pourrions appeler son "cercle vertueux". Les grandes masses de données
textuelles ou documentaires nécessitent, pour être analysées et
décrites, des dispositifs expérimentaux et des instruments ad hoc.
Cette instrumentation permet de construire de nouveaux observables qui
seraient demeurés invisibles autrement.
Propositions
C'est autour de ce concept d'observable et des vertus afférentes de
l'instrumentation que s'articule cette livraison de la revue. Nous
entendons faire le point sur certains des derniers développements de la
linguistique des textes lorsque celle-ci a recours à des instruments de
mesure. L'opus se focalise sur différents aspects porteurs pour la
linguistique tant d'un point de vue théorique et épistémologique que
dans la perspective de son applicabilité à des besoins sociaux,
culturels et économiques aujourd'hui bien identifiés.
F. Rastier inaugure ce recueil par une réflexion sur l'articulation
entre les concepts de texte, de document numérique, de donnée et de
métadonnée. Initiant une discussion entre la linguistique des textes et
l'ingénierie des connaissances, il oppose les connaissances du Web
sémantique, fondées sur une approche ontologique a priori des concepts
et ignorante des pratiques sociales qui ont permis la production des
documents pourtant porteurs des concepts, et les connaissances
sémiotiques (incluant le textuel) soumises aux évaluations et aux
validations induites par la pratique. Loin des sentiers battus, il
plaide contre le Web sémantique et pour une sémantique du Web
restituant les contextes de production.
Les trois contributions suivantes exposent des réflexions nourries sur
les relations entre interprétations et textualité. A cette fin, les
auteurs convoquent et illustrent chacun à leur manière la notion
d'isotopie.
I. Kanellos et Chr. Mauceri enquêtent sur les possibilités de
réalisation d'une plateforme d'analyse interprétative des données
conforme aux propositions de l'herméneutique traditionnelle. Leur
projet est "de construire un outil en vue de donner corps, par son
maniement, au cercle herméneutique de l'interprétation des données".
Ils combinent à cette fin des outils interprétatifs tels que l'isotopie
et des méthodes statistiques éprouvées comme l'analyse sémantique
latente. L'un de leurs ambitieux objectifs est la réintroduction d'une
autorité sémantique qui coopére avec le calcul et de lutter ainsi
contre l'"attitude de prédation" des modèles et des techniques de
calcul sur l'objectivité scientifique.
Les contributions de D. Mayaffre et S. Loiseau approfondissent le
concept de contextualité. Le premier soutient notamment l'hypothèse que
la cooccurrence en est la forme minimale. Tout en en détaillant
opportunément l'histoire et les usages au sein de l'analyse des données
textuelles, dans le domaine anglo-saxon et dans la tradition française,
il discute de l'incidence du passage d'une statistique occurrentielle à
une statistique cooccurrentielle. Selon lui, une cooccurrence, si elle
est observée, est déjà sémantique : la cooccurrence peut en effet être
perçue comme la première forme de contextualisation d'un mot par les
autres. L'enjeu, pour D. Mayaffre, est de reconstituer la "trame
lexicale" complexe ou les "entrelacements" lexicaux sous-jacents dans
le corpus. Il ambitionne ainsi de contrôler la recherche des isotopies,
des réseaux sémantiques ou des thèmes sans avoir recours à la seule
intuition.
S. Loiseau développe des propositions voisines mais en déplace
sensiblement les arguments. Selon lui, les interactions entre les
différents types de normes et les interprétations liées à plusieurs
niveaux d'analyse du texte constituent deux formes de contextualité à
approfondir. S. Loiseau s'intéresse donc aux corpus multi-annotés qui
articulent plusieurs niveaux de descriptions (morphologique, lexical,
morphosyntaxique, syntaxique). Pour Loiseau, les observables issus
d'annotations multiples permettent de décrire des normes linguistiques
comme les discours et, de la sorte, d'accéder à la complexité empirique
du palier de la textualité.
La contribution de B. Pincemin et ses collaborateurs est singulière :
il s'agit de faire une synthèse des pratiques textométriques de
quelques linguistes travaillant sur des corpus de textes médiévaux en
analysant à la fois l'historique des requêtes soumises au logiciel
d'interrogation et l'archive des questions des utilisateurs. Les
auteurs en dégagent une interprétation linguistique des stratégies
d'interrogation développées dans le cadre d'une instrumentation
comportant des aspects classiques (moteur de recherche) et des aspects
plus élaborés (calculs statistiques). Ce travail que l'on qualifierait
ailleurs d'"analyse métier" a des incidences dans la formation, la
documentation des outils et dans l'ergonomie logicielle.
Il eût été regrettable de plaider pour une science des textes sans
prendre en compte ce qui constitue historiquement un de ses
fondements : la diversité des langues. Le projet de la linguistique
oscille entre la description des variations inter-langues et
l'observation d'universaux ou, plus récemment, d'invariants.
M. Slodzian observe que les nouvelles problématiques du document
numérique et des réseaux électroniques sont confrontées à cette
question. Le multilinguisme y est vu tantôt comme un obstacle, tantôt
comme un atout. Selon elle, c'est la diversité linguistique et
culturelle comme phénomène sémiotique fondamental qui est en jeu.
Suivant l'orientation choisie, les programmes linguistiques sont en
effet diamétralement opposés : ceux qui, au nom de l'efficacité,
prônent la "débabélisation du monde" souhaitent le développement d'un
instrument de communication, autrement dit un "interlinguisme"
réducteur. Ceux qui voient dans la variété et la différence la
condition même de la vie culturelle des sociétés auront pour objectif
le "translinguisme".
Par endroits, l'article de M. Slodzian fait écho à celui de F. Rastier
car ils traitent tous deux, à leur manière, des pressions multiples
exercées sur les langues par la fameuse mondialisation économique,
politique et culturelle (pesée d'un très petit nombre de langues
véhiculaires, normalisation et appauvrissement des échanges
linguistiques, dévaluation des langues peu parlées, etc.) et de leurs
conséquences pour une linguistique, science impliquée.
Enfin, J.-M. Daube apporte des éléments de réponse empiriques aux
questionnements de M. Slodzian. Il expose une recherche en lexicologie
textuelle visant la réalisation de lexiques bi- et trilingues. Il
s'agit d'identifier et de recenser, dans une perspective
lexicographique, des lexies à partir de corpus homogènes typés par
domaines. Constatant les limitations des corpus parallèles alignés
(corpus de textes traduits), J.-M. Daube discute de l'opposition corpus
parallèle vs. corpus comparable. Il observe que la problématique de la
constitution et de l'exploitation des corpus comparables n'est, à
l'heure actuelle, qu'esquissée.
Ces sept contributions tracent à grands traits un parcours au sein de
ce qui constitue une science des textes moderne où les formes
documentaires sont considérées non pas seulement comme un nouveau
matériau succédant au précédent mais comme les vecteurs de nouvelles
pratiques. Loin d'une technophilie ravie, l'établissement d'une
linguistique-science des textes instrumentée pose de façon critique -et
pratique- sa relation à l'outil, son rapport à la Technique, et aux
dangers d'une substitution non réflexive voire, osons l'épithète,
totalitaire.
Notes
[1] Par exemple, dans le domaine de l'auto-édition, les "pages perso",
florissantes il y a quelques années, tendent aujourd'hui à se
marginaliser tandis que les blogs, réputés interactifs, se développent
fortement. Ils associent généralement les billets (ou notes, ou
"posts") d'un internaute ou d'une communauté d'internautes-auteurs et
quelques commentaires d'internautes-lecteurs).
[2] Lire (Bourion 2001), (Loiseau 2006), (Poudat 2006).
[3] Lire (Beust 1998), (Thlivitis 1998) (Bommier-Pincemin 1999),
(Perlerin 2004), (Rossignol 2005).
[4] Lire (Valette 2004), (Mauceri 2007), (Valette & Slodzian 2008).
Références
Beust, P. (1998) Contribution a un modèle interactionniste du sens.
Amorce d'une compétence interprétative pour les machines, Thèse de
doctorat, Caen.
Bommier-Pincemin, B. (1999) Diffusion ciblée automatique
d'informations : conception et mise en oeuvre d'une linguistique
textuelle pour la caractérisation des destinataires et des documents,
Thèse de Doctorat, Paris IV Sorbonne.
Bourion, E. (2001) L'aide à l'interprétation des textes électroniques,
Thèse de doctorat, Nancy 2.
Loiseau, S. (2006) Sémantique du discours philosophique : du corpus aux
normes. Autour de G. Deleuze et des années 60, Thèse de doctorat,
Paris X-Nanterre.
Mauceri, Chr. (2007) Indexation et isotopie : vers une analyse
interprétative des données textuelles, Thèse de doctorat, ENSTB.
Perlerin, V. (2004) Sémantique légère pour le document. Assistance
personnalisée pour l'accès au document et l'exploration de son contenu,
Thèse de doctorat, Caen.
Poudat, C. (2006) Etude contrastive de l'article scientifique de revue
linguistique dans une perspective d'analyse des genres, Thèse de
doctorat, Orléans.
Rastier, F. (1987) Sémantique interprétative, Paris, PUF.
Rastier, F. (2001) Arts et sciences du texte, Paris, PUF.
Rossignol, M. (2005) Acquisition sur corpus d'informations lexicales
fondées sur la sémantique différentielle. Thèse de doctorat, Rennes 1,
disponible sur http://www.texto-revue.net.
Thlivitis, T. (1998) Sémantique Interprétative Intertextuelle :
assistance informatique anthropocentrée à la compréhension des textes,
Thèse de doctorat, Rennes 1.
Valette, M. (2004) "Sémantique interprétative appliquée à la détection
automatique de documents racistes et xénophobes sur Internet",
Approches Sémantiques du Document Numérique, Actes du 7e Colloque
International sur le Document Electronique, P. Enjalbert et M. Gaio,
eds, 215-230.
Valette, M., Slodzian, M. (2008) "Sémantique des textes et Recherche
d'information", Extraction d'information : l'apport de la linguistique,
A. Condamines & Th. Poibeau, éds., Revue Française de Linguistique
Appliquée (volume XIII-1 / juin 2008), 119-133.
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{FR, 02/07/2008}
LETTRE SUR SAUSSURE
François Rastier
Lettre sur Saussure -en réponse à des questions d'un collègue de
l'Académie des Sciences,
avril 2008 (extraits)
1. Purement oppositive comme vous le savez, la valeur est établie
indépendamment de la substance, et l'on peut parfaitement considérer la
glossématique comme une réalisation possible et inachevée du programme
de recherche sur les valeurs pures. Un auteur comme Coursil le reprend
sur d'autres bases (mathématiques). Je plaiderai pour ma part la cause
des "valeurs impures".
L'opposition sémiotique/sémantique telle qu'elle apparaît chez un
Benveniste tardif me paraît peu fondée (sauf à ériger la
catégorématicité en critère fondateur) et ne fait que renforcer
l'incapacité d'une linguistique phrastique à prendre en considération
la dimension du texte.
Comme dans la plupart des manuscrits, les textes retrouvés de Saussure
témoignent d'une pensée qui se cherche (mais se trouve aussi). Cela
tranche avec le genre du traité adopté par les rédacteurs du CLG (qui
ont gommé toute problématisation), voire le genre des notes de cours
adopté tout naturellement par Constantin. Qui d'entre nous accepterait
d'être jugé sur des notes d'étudiants compilées par des collègues ?
Les "malentendus persistants" dont vous doutez tiennent à l'histoire du
saussurisme ; je rappellerai trois points :
(i) Les éditeurs du CLG ont délibérément manipulé leurs sources pour
faire de Saussure un linguiste de la langue (voir la dernière phrase,
de Bopp, attribuée à Saussure ; Bally développant ensuite pour son
compte une linguistique de la parole). Vous définissez la langue
saussurienne, pour l'essentiel, à partir du CLG, dont les positions
sont unilatérales en la matière. Toutefois, la langue pour Saussure
n'est qu'un terme de la dualité langue/parole, et comme les éditeurs du
CLG ont gommé la linguistique de la parole, la conception de la langue
qu'il véhicule reste unilatérale et tant soit peu dogmatique.
(ii) Les manuscrits, à partir des années 50, ont été lus par rapport au
CLG, et non par rapport aux textes authentiques de Saussure.
(iii) Le structuralisme français, par la médiation de Lévi-Strauss,
doit beaucoup plus à Jakobson qu'à Saussure : le binarisme jakobsonien
n'a rien de commun, par exemple, avec les dualités saussuriennes.
À la parution des Écrits de linguistique générale, d'excellents
collègues ont conclu qu'il n'y avait rien de nouveau sous le soleil. La
plupart soutenaient depuis des décennies qu'il fallait dépasser
Saussure pour édifier une linguistique de la parole. Or c'est notamment
l'articulation entre linguistique de la langue et linguistique de la
parole qui fait l'originalité de l'étude intitulée De l'essence double
du langage. La même étude et d'autres dans le recueil engagent à
reconsidérer la vulgate concernant la sémiose (notamment le modèle du
signe), les dualités (qui ne sont pas des dichotomies), et surtout la
méthodologie (dite aphoristique) qui n'apparaît pas dans le CLG.
Malgré le paradoxe d'une réception retardée, et pour des raisons
simplement philologiques qui vont sans dire, il me semble qu'il reste
indispensable de relire dans son ensemble le corpus saussurien
autographe, manuscrit ou publié. Ce travail a progressé depuis dix ans,
mais beaucoup reste à faire (des milliers de feuillets sont encore
inédits).
2. Si Saussure a puisé dans ses manuscrits, pour une part, la teneur de
ses cours, le fait que sa linguistique générale ait été connue par ses
Cours n'entraîne pas que ces manuscrits soient des notes préparatoires
aux cours. De l'essence double est le manuscrit d'un traité de
linguistique générale, et non d'un cours professé vingt ans plus tard.
Un cours ne livre jamais toute la pensée de son auteur, mais seulement
ce qu'il estime nécessaire à la formation de ses étudiants et ce qu'il
croit à leur portée.
En outre, si pour certains universitaires tout doit aboutir à des
cours, l'ambition de Saussure va au-delà, puisqu'il entend refonder la
discipline qu'il aura à enseigner. Aussi considérer les manuscrits à la
lumière du Cours, comme y engage d'ailleurs l'édition monumentale
d'Engler, conduit à sous-estimer la variété de leurs statuts, de leurs
genres, de leurs projets, qui le plus souvent s'écartent des cours. En
rapportant à chaque phrase du Cours les "sources manuscrites" quand
elles existent (car les éditeurs n'ont pas hésité à insérer des
paragraphes de leur cru), on démembre les textes originaux, on en fait
une rhapsodie de passages préparatoires, sans tenir compte de leur
textualité propre, et en tout premier lieu de leur cohérence. On a beau
jeu alors de dire qu'ils n'apportent rien de nouveau.
Outre les tâches philologiques d'édition de Saussure, il importe, en
tenant compte des progrès de la linguistique de corpus, de restituer la
variété générique du corpus saussurien et son évolution diachronique.
Cela intéresse en premier lieu les manuscrits. Le nom générique et
souvent péjoratif de brouillons reste trompeur : si certains sont
effectivement des brouillons de textes publiés, l'immense majorité sont
des oeuvres inédites. Cela va de la note de cours et de la réflexion
aide-mémoire au brouillon de conférence et au traité rédigé.
L'étude unifiée du corpus des textes authentiques (tant publiés
qu'inédits) permettra de restituer la dynamique d'une recherche,
étendue sur plusieurs décennies et recourant à différents genres. C'est
une condition pour relire les textes que l'on a mis indûment sur le
même plan, des cahiers d'étudiants au CLG.
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{FR, 02/07/2008}
COLLOQUE
Colloque international
Le Monde du Symbolique
- en hommage à Claude Lévi-Strauss
Organisé par l'Institut Ferdinand de Saussure
et le Centre de coopération franco-norvégienne en sciences humaines et
sociales
Paris, 21-22 novembre 2008, Maison des Sciences de l'Homme
54, bd. Raspail 75006 Paris
Appel à communications . - Si l'on a jadis exalté un problématique
structuralisme (regroupant Barthes, Lacan, Althusser, Foucault et tant
d'autres) pour le condamner au début des années 1970, Saussure et
Lévi-Strauss étant les premières cibles de cette damnatio, le programme
d'une étude scientifique interdisciplinaire du monde symbolique n'a
cessé d'inspirer des recherches novatrices en linguistique, en
anthropologie et dans les autres sciences de la culture. Ce colloque
entend ouvrir des champs de réflexion et de débat sur ces trois thèmes :
(i) la légitimité d'une relecture présentiste du programme des "études
des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure) ;
(ii) l'actualité d'une philosophie des formes symboliques ;
(iii) la critique, d'un point de vue sémiotique, des paradigmes de la
communication et de la cognition, comme le développement corrélatif
d'un programme épistémologique de culturalisation.
Calendrier. - Les propositions de communication (un résumé d'une page)
sont à envoyer avant le 20 septembre à l'adresse LPE2@ext.jussieu.fr ;
le programme définitif sera publié le 20 octobre.
Comité d'initiative : Simon Bouquet (Paris X), François Rastier
(CNRS-Inalco), Arild Utaker (Bergen).
Claude Lévi-Strauss, dont ce colloque célèbre le centième anniversaire,
est Président d'honneur de l'Institut Ferdinand de Saussure.
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{Rinck, 03/07/2008}
APPEL A CONTRIBUTIONS
Numéro 41 de LIDIL (sortie prévue juin 2010) :
Énonciation et rhétorique dans l'écrit scientifique
Numéro coordonné par Françoise Boch et Fanny Rinck
Ce numéro vise à réunir des contributions sur l'écrit scientifique dans
une perspective linguistique et didactique.
Deux types de contribution sont attendus :
- d'une part la description des pratiques de l'écrit scientifique chez
les experts et leur comparaison avec les pratiques des nouveaux
entrants dans le champ que sont les doctorants.
- d'autre part la transposition didactique des caractéristiques
énonciatives et rhétoriques de l'écrit de recherche : manuels,
propositions innovantes, etc.
Trois axes d'analyse seront privilégiés : la présence de l'auteur dans
son texte ; l'interdiscours ; l'interlocution.
=> Version complète de l'appel :
http://w3.u-grenoble3.fr/lidilem/labo (rubrique événements)
Vos propositions sont attendues pour le 1er octobre 2008 sous la forme
d'un résumé d'une page environ, soit entre 4000 et 5000 signes. Les
articles rédigés sont à remettre en juin 2009.
Langues des propositions et articles : français ou anglais.
A envoyer à francoise.boch@u-grenoble3.fr et fanny.rinck@u-grenoble3.fr
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SdT volume 14, numero 2.
LA CITATION DU MOIS
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Les genres littéraires sont des ennemis
qui ne vous ratent pas,
si vous les avez ratés au premier coup.
Henri Michaux, L'espace du dedans
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SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 9 nouveaux abonnes, dont Estanislao Sofia,
Eric Trudel, et Olfa Abdelli.
2- Textes electroniques
- Le Littre.
3- Publications
- Francoise Canon-Roger et Christine Chollier :
"Des genres aux textes : Essais de sémantique interprétative
en littérature de langue anglaise".
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 1/2).
- Actes des JADT 2008.
4- Textes
- Mathieu Valette : "Pour une science des textes instrumentee".
- Francois Rastier : "Lettre sur Saussure".
5- Appels : Colloques et revues
- "Le Monde du Symbolique -en hommage a Claude Levi-Strauss"
Colloque international, Paris, 21-22 novembre 2008.
- "Enonciation et rhetorique dans l'ecrit scientifique"
Numero 41 de LIDIL, sortie prevue juin 2010.
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{FR, 02/07/2008}
BEAUX SITES
Framasoft signale sur son site la sortie d'un logiciel libre (licence
GPL) qui permet d'avoir sur son ordinateur le Dictionnaire de la Langue
Française, d'Emile Littré, qui lui vaut d'être connu sous le nom "Le
Littré". Il s'agit de la version originale de ce dictionnaire.
Comment utiliser le Littré ?
en ligne : http://francois.gannaz.free.fr/Littre/accueil.php
téléchargeable sur son ordinateur :
http://code.google.com/p/dictionnaire-le-littre/ ou encore
http://francois.gannaz.free.fr/Littre/horsligne.php
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 03/07/2008 et Chollier, 11/07/2008}
VIENT DE PARAÎTRE
Des genres aux textes :
Essais de sémantique interprétative
en littérature de langue anglaise
Françoise Canon-Roger et Christine Chollier
Cet ouvrage présente dix études sur la détermination des textes par
leur genre. Ces études portent à chaque fois sur un texte de
littérature irlandaise et sur un texte de littérature nord-américaine.
Elles s'inspirent d'une hypothèse formulée par la Sémantique des Textes
et elles la mettent à l'épreuve des oeuvres. Une fois construite, la
détermination des textes et des passages par le genre dont ils relèvent
mène à leur spécificité. L'influence du niveau global (genre ou texte)
sur le local (texte ou passage) n'empêche en aucun cas l'action
rétroactive du passage sur le texte entier : le "passage" est donc un
point d'accès au texte dans la mesure où le global passe par lui.
Artois Presses Université
Collection "Lettres et Civilisations étrangères"
ISBN : 978-2-84832-073-1 - 2008. Broché, 16x24, 368 pages, 25 euros.
http://www.univ-artois.fr/francais/apu/collections.html
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{FR, 02/07/2008 et Gérard, 07/07/2008}
TEXTO! http://www.revue-texto.net
Vient de paraître en juin 2008 : vol. XIII, n°1/2
Numéro coordonné par Christophe Gérard.
Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :
François RASTIER
Passages
Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
contextuels au sein du passage et entre passages.
Michel GAILLIARD
Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
de Sade.
François RASTIER
Croc de boucher et rose mystique
Enjeux du pathos sur l'extermination
Absent ou presque de la littérature de l'extermination (Levi, Antelme,
notamment), le pathos abonde dans des essais sur l'extermination. Après
en avoir évoqué la généalogie, on en rappellera les procédés et formes
récurrents, aussi bien chez des auteurs comme George Steiner et Giorgio
Agamben que chez leurs inspirateurs, Heidegger notamment. Dans le
discours théologico-politique qu'ils articulent, une grandiloquence
irrationaliste unit politique et mysticisme. Le pathos sur
l'extermination semble ainsi pris dans le système des valeurs
d'exaltation qui l'ont permise ou accompagnée, pour autant qu'elle
témoigne de l'irruption du mythe dans l'histoire.
Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :
Gabriel BERGOUNIOUX
Une de mes Amours, un de mes travails
Dans cet entretien réalisé pour la revue Penser / rêver en 2006,
Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
il propose, à partir d'une analyse philologique et linguistique, un
rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
intérieure, de Saussure, d'interprétation...
Jean-Paul BRONCKARDT
Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
Hommage à François Rastier
Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, Jean-Paul
Bronckart revient sur les concepts de "texte", "genre" et
"discours" pour examiner les points de rencontre, et les divergences,
entre sémantique textuelle et interactionnisme socio-discursif.
François RASTIER, Valentin TEMKINE et Pierre TEMKINE
En attendant Godot : de l'absurde à l'histoire
En s'appuyant sur une relecture détaillée de En attendant Godot,
Valentin Temkine produit une interprétation globale renouvelant la
lecture de la pièce : à rebours des interprétations selon les canons du
"théâtre de l'Absurde", il restitue la pièce à l'Histoire en
explicitant les thèmes latents de l'Occupation et de la Shoah. Le
dialogue entre Valentin et Pierre Temkine est suivi de trois réactions.
Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :
Baptiste FOULQUIÉ
Compte rendu critique de Semen, n° 23, Avril 2007
Etat des lieux et mise en perspective du dialogue entre sémiotique et
communication.
Christian BOTA
Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
un modèle complexe du fonctionnement langagier
Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.
Jean LASSÈGUE (dir.)
Émergence et évolution de la parenté
Actes d'un colloque comprenant :
Jean LASSÈGUE - Présentation ;
Camilla POWER - Biological substrates of human kinship : the view from
life history theory and evolutionary ecology ;
Chris KNIGHT - Revisiting matrilineal priority ;
Nick ALLEN - Tetradic theory and the origin of human kinship systems.
Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :
Pierre Judet DE LA COMBE
Sur les conflits en philologie
Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
méthode et la logique des interprétations.
Jean GRONDIN
Hermeneutics
Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
l'herméneutique contemporaine.
Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :
Maurice GRAMONT
Compte rendu du Cours de linguistique générale
Publié dans la Revue des langues romanes, 1966, n°59, p. 402-410.
Antoine MEILLET
Compte rendu du Cours de linguistique générale
Publié dans le BSL, 1916, t. XX, p. 32-36.
Rossitza KYHENG
Entité première - Identité des objets concrets
Édition diplomatique des feuillets 255-256 des manuscrits
saussuriens (inédits)
Maurice GRAMONT
Compte rendu des Mélanges linguistiques offerts à M. Ferdinand
de Saussure
Publié dans la Revue des langues romanes, 1912, n°55, p. 387-389.
Rossitza KYHENG
Comment a été conceptualisé le terme de "parole" ?
Édition génétique du feuillet 176 des manuscrits saussuriens
(correspondant à la section 17 [Parole effective et parole potentielle]
du manuscrit De l'essence double).
Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS :
Christian MAUCERI
Isotopie et indexation
Une approche interprétative de la classification automatique, appuyée
aux acquis théoriques de la sémantique interprétative, ouvre des voies
nouvelles à l'indexation en particulier et, en général, à
l'herméneutique matérielle dont l'ambition est de réunifier
l'herméneutique et la philologie. L'auteur propose notamment une
pratique renouvelée de la classification automatique, ainsi que des
améliorations de la technique d'indexation par sémantique latente.
Bill LOUW
Contextual Prosody Theory :
bringing Semantic Prosodies to Life
Introduit par Bill Louw en 1993 avant d'être repris et popularisé par
John Sinclair, le concept de "prosodie sémantique" illustre l'intérêt
des approches contextualistes pour la théorie sémantique. L'auteur en
reprend ici les principales caractéristiques et propose des
développements et une application à un texte littéraire.
Estelle DUBREIL
Collocations : définitions et problématique
Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématique
selon la dichotomie lexicologie-lexicographie et linguistique de
corpus.
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{BP, 09/07/2008}
ACTES
Les actes des JADT 2008 (9èmes journées internationales d'analyse
statistique des données textuelles) sont disponibles aux Presses
universitaires de Lyon et en ligne sur le site Lexicometrica :
http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/
jadt/jadt2008/tocJADT2008.htm
Ils s'ouvrent avec le texte de la conférence invitée de François
Rastier : "Que cachent les "données textuelles" ?"
Informations complètes sur le site de la conférence
http://jadt2008.ens-lsh.fr/
rubrique "Actes"
(lien direct : http://jadt2008.ens-lsh.fr/spip.php?rubrique109)
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 02/07/2008 et MV, 11/07/2008}
POUR UNE SCIENCE DES TEXTES INSTRUMENTÉE
Textes, documents numériques, corpus.
Pour une science des textes instrumentée
Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette
Syntaxe & Sémantique, 9 (à paraître)
Présentation
Mathieu Valette
ATILF (CNRS, Nancy) & ERTIM (INaLCO, Paris)
La linguistique de corpus ne sera, selon toute vraisemblance, jamais
établie en discipline académique. Aujourd'hui, nombre de linguistes,
quels que soient leur discipline ou leurs objets d'étude, sont conduits
à constituer des corpus numériques et à les étudier au moyen d'outils
logiciels chaque année plus nombreux, sophistiqués et conviviaux. La
banalisation de l'outil désenclave ainsi des pratiques longtemps
réservées à une petite minorité que l'informatique ne rebutait pas.
Mais cette évolution technologique, si elle peut avoir une incidence
méthodologique (par exemple et minimalement, en substituant aux
exemples construits des exemples attestés), n'a pas pour autant un
impact fort sur les théories ni sur la définition des objets de la
linguistique : à la morphologie, les corpus de mots ; à la syntaxe, les
corpus de phrases ; aux théories énonciatives, les corpus d'énoncés. Et
bien que tous ces objets d'étude proviennent de textes, ceux-ci ne sont
que rarement considérés comme objet de science dans ces contextes
disciplinaires. Ils sont réduits, par défaut, au statut préscientifique
de ressource -un matériau brut dont la qualité est déterminée par la
seule présence, après raffinage, de l'objet étudié. On collecte ainsi
de l'indénombrable : "du" texte ou "du" corpus.
De la linguistique de corpus
à une science des textes instrumentée
Or, le texte fait l'objet, avec cette fameuse société de l'information,
d'un intérêt nouveau. Sa problématique s'articule en effet avec celle,
récente, du document numérique, lequel est, pour beaucoup, le vecteur
d'une révolution aussi importante que jadis le passage du volumen au
codex. C'est peu dire que l'accroissement des données textuelles
numérisées est actuellement soutenu, du fait d'Internet évidemment,
mais aussi de la Gestion Electronique de Documents (GED). Ces nouveaux
modes de production, de stockage et d'accès au document génèrent, outre
des dépenses énergétiques considérables, de nouvelles questions et de
nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des
contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.
Les linguistiques du texte, jusque-là souvent cantonnées à l'analyse
des textes littéraires ou politiques aux genres globalement bien
décrits par la tradition, se trouvent confrontées à une grande variété
de discours et de genres nouveaux, indéterminés, polymorphes et en
permanente évolution [note 1] qu'il leur appartient de caractériser. Que ces
discours et ces genres soient traces de nouvelles pratiques sociales ou
modernisation de pratiques anciennes, il apparaît crucial pour la
linguistique, science humaine et sociale, de prendre position face aux
enjeux théoriques et méthodologiques naissants, et de ne pas laisser à
d'autres disciplines (sciences de l'information et de la communication,
ingénierie des connaissances, etc.) le soin de décrire, seules, ces
nouveaux objets sémiotiques.
Parmi les linguistiques du texte, les propositions théoriques de
F. Rastier (sémantique interprétative, sémantique textuelle)
participent activement à ce débat (Rastier 1987, 2001). Ayant pour
objet empirique le texte et non le mot, la phrase ou l'énoncé,
traditionnellement privilégiés, cette linguistique-science des textes
renoue avec une tradition rhétorique et herméneutique oubliée du
XXème siècle et se concentre sur l'étude de la textualité, des genres
textuels, des discours et de leurs corollaires (cohésion textuelle,
intertextualité, etc.). Son appareil théorique est depuis le début des
années 90 éprouvé par la linguistique de corpus [note 2], le
TAL [note 3] et plus récemment par la Recherche d'Information [note 4].
L'association des outils logiciels aux outils théoriques et conceptuels
peut avoir différentes conséquences :
(i) la validation logico-mathématique (établissement d'un "modèle"
informatisé de la théorie) -valorisée dans certaines traditions
linguistiques comme la syntaxe générative ou la linguistique cognitive,
ce mode de validation, né avec l'informatique dans le sillon
cybernétique, relève d'une esthétique scientifique souvent mal adaptée
aux sciences humaines et sociales ;
(ii) la validation pratique (par des applications logicielles). Elle
présente l'intérêt de confronter les scientifiques aux demandes
sociales mais elle demeure assujettie aux passions technoscientistes
contemporaines ; enfin
(iii) le déploiement de l'objet de recherche : l'instrumentation,
constitutive de la linguistique de corpus, donne lieu à ce que nous
pourrions appeler son "cercle vertueux". Les grandes masses de données
textuelles ou documentaires nécessitent, pour être analysées et
décrites, des dispositifs expérimentaux et des instruments ad hoc.
Cette instrumentation permet de construire de nouveaux observables qui
seraient demeurés invisibles autrement.
Propositions
C'est autour de ce concept d'observable et des vertus afférentes de
l'instrumentation que s'articule cette livraison de la revue. Nous
entendons faire le point sur certains des derniers développements de la
linguistique des textes lorsque celle-ci a recours à des instruments de
mesure. L'opus se focalise sur différents aspects porteurs pour la
linguistique tant d'un point de vue théorique et épistémologique que
dans la perspective de son applicabilité à des besoins sociaux,
culturels et économiques aujourd'hui bien identifiés.
F. Rastier inaugure ce recueil par une réflexion sur l'articulation
entre les concepts de texte, de document numérique, de donnée et de
métadonnée. Initiant une discussion entre la linguistique des textes et
l'ingénierie des connaissances, il oppose les connaissances du Web
sémantique, fondées sur une approche ontologique a priori des concepts
et ignorante des pratiques sociales qui ont permis la production des
documents pourtant porteurs des concepts, et les connaissances
sémiotiques (incluant le textuel) soumises aux évaluations et aux
validations induites par la pratique. Loin des sentiers battus, il
plaide contre le Web sémantique et pour une sémantique du Web
restituant les contextes de production.
Les trois contributions suivantes exposent des réflexions nourries sur
les relations entre interprétations et textualité. A cette fin, les
auteurs convoquent et illustrent chacun à leur manière la notion
d'isotopie.
I. Kanellos et Chr. Mauceri enquêtent sur les possibilités de
réalisation d'une plateforme d'analyse interprétative des données
conforme aux propositions de l'herméneutique traditionnelle. Leur
projet est "de construire un outil en vue de donner corps, par son
maniement, au cercle herméneutique de l'interprétation des données".
Ils combinent à cette fin des outils interprétatifs tels que l'isotopie
et des méthodes statistiques éprouvées comme l'analyse sémantique
latente. L'un de leurs ambitieux objectifs est la réintroduction d'une
autorité sémantique qui coopére avec le calcul et de lutter ainsi
contre l'"attitude de prédation" des modèles et des techniques de
calcul sur l'objectivité scientifique.
Les contributions de D. Mayaffre et S. Loiseau approfondissent le
concept de contextualité. Le premier soutient notamment l'hypothèse que
la cooccurrence en est la forme minimale. Tout en en détaillant
opportunément l'histoire et les usages au sein de l'analyse des données
textuelles, dans le domaine anglo-saxon et dans la tradition française,
il discute de l'incidence du passage d'une statistique occurrentielle à
une statistique cooccurrentielle. Selon lui, une cooccurrence, si elle
est observée, est déjà sémantique : la cooccurrence peut en effet être
perçue comme la première forme de contextualisation d'un mot par les
autres. L'enjeu, pour D. Mayaffre, est de reconstituer la "trame
lexicale" complexe ou les "entrelacements" lexicaux sous-jacents dans
le corpus. Il ambitionne ainsi de contrôler la recherche des isotopies,
des réseaux sémantiques ou des thèmes sans avoir recours à la seule
intuition.
S. Loiseau développe des propositions voisines mais en déplace
sensiblement les arguments. Selon lui, les interactions entre les
différents types de normes et les interprétations liées à plusieurs
niveaux d'analyse du texte constituent deux formes de contextualité à
approfondir. S. Loiseau s'intéresse donc aux corpus multi-annotés qui
articulent plusieurs niveaux de descriptions (morphologique, lexical,
morphosyntaxique, syntaxique). Pour Loiseau, les observables issus
d'annotations multiples permettent de décrire des normes linguistiques
comme les discours et, de la sorte, d'accéder à la complexité empirique
du palier de la textualité.
La contribution de B. Pincemin et ses collaborateurs est singulière :
il s'agit de faire une synthèse des pratiques textométriques de
quelques linguistes travaillant sur des corpus de textes médiévaux en
analysant à la fois l'historique des requêtes soumises au logiciel
d'interrogation et l'archive des questions des utilisateurs. Les
auteurs en dégagent une interprétation linguistique des stratégies
d'interrogation développées dans le cadre d'une instrumentation
comportant des aspects classiques (moteur de recherche) et des aspects
plus élaborés (calculs statistiques). Ce travail que l'on qualifierait
ailleurs d'"analyse métier" a des incidences dans la formation, la
documentation des outils et dans l'ergonomie logicielle.
Il eût été regrettable de plaider pour une science des textes sans
prendre en compte ce qui constitue historiquement un de ses
fondements : la diversité des langues. Le projet de la linguistique
oscille entre la description des variations inter-langues et
l'observation d'universaux ou, plus récemment, d'invariants.
M. Slodzian observe que les nouvelles problématiques du document
numérique et des réseaux électroniques sont confrontées à cette
question. Le multilinguisme y est vu tantôt comme un obstacle, tantôt
comme un atout. Selon elle, c'est la diversité linguistique et
culturelle comme phénomène sémiotique fondamental qui est en jeu.
Suivant l'orientation choisie, les programmes linguistiques sont en
effet diamétralement opposés : ceux qui, au nom de l'efficacité,
prônent la "débabélisation du monde" souhaitent le développement d'un
instrument de communication, autrement dit un "interlinguisme"
réducteur. Ceux qui voient dans la variété et la différence la
condition même de la vie culturelle des sociétés auront pour objectif
le "translinguisme".
Par endroits, l'article de M. Slodzian fait écho à celui de F. Rastier
car ils traitent tous deux, à leur manière, des pressions multiples
exercées sur les langues par la fameuse mondialisation économique,
politique et culturelle (pesée d'un très petit nombre de langues
véhiculaires, normalisation et appauvrissement des échanges
linguistiques, dévaluation des langues peu parlées, etc.) et de leurs
conséquences pour une linguistique, science impliquée.
Enfin, J.-M. Daube apporte des éléments de réponse empiriques aux
questionnements de M. Slodzian. Il expose une recherche en lexicologie
textuelle visant la réalisation de lexiques bi- et trilingues. Il
s'agit d'identifier et de recenser, dans une perspective
lexicographique, des lexies à partir de corpus homogènes typés par
domaines. Constatant les limitations des corpus parallèles alignés
(corpus de textes traduits), J.-M. Daube discute de l'opposition corpus
parallèle vs. corpus comparable. Il observe que la problématique de la
constitution et de l'exploitation des corpus comparables n'est, à
l'heure actuelle, qu'esquissée.
Ces sept contributions tracent à grands traits un parcours au sein de
ce qui constitue une science des textes moderne où les formes
documentaires sont considérées non pas seulement comme un nouveau
matériau succédant au précédent mais comme les vecteurs de nouvelles
pratiques. Loin d'une technophilie ravie, l'établissement d'une
linguistique-science des textes instrumentée pose de façon critique -et
pratique- sa relation à l'outil, son rapport à la Technique, et aux
dangers d'une substitution non réflexive voire, osons l'épithète,
totalitaire.
Notes
[1] Par exemple, dans le domaine de l'auto-édition, les "pages perso",
florissantes il y a quelques années, tendent aujourd'hui à se
marginaliser tandis que les blogs, réputés interactifs, se développent
fortement. Ils associent généralement les billets (ou notes, ou
"posts") d'un internaute ou d'une communauté d'internautes-auteurs et
quelques commentaires d'internautes-lecteurs).
[2] Lire (Bourion 2001), (Loiseau 2006), (Poudat 2006).
[3] Lire (Beust 1998), (Thlivitis 1998) (Bommier-Pincemin 1999),
(Perlerin 2004), (Rossignol 2005).
[4] Lire (Valette 2004), (Mauceri 2007), (Valette & Slodzian 2008).
Références
Beust, P. (1998) Contribution a un modèle interactionniste du sens.
Amorce d'une compétence interprétative pour les machines, Thèse de
doctorat, Caen.
Bommier-Pincemin, B. (1999) Diffusion ciblée automatique
d'informations : conception et mise en oeuvre d'une linguistique
textuelle pour la caractérisation des destinataires et des documents,
Thèse de Doctorat, Paris IV Sorbonne.
Bourion, E. (2001) L'aide à l'interprétation des textes électroniques,
Thèse de doctorat, Nancy 2.
Loiseau, S. (2006) Sémantique du discours philosophique : du corpus aux
normes. Autour de G. Deleuze et des années 60, Thèse de doctorat,
Paris X-Nanterre.
Mauceri, Chr. (2007) Indexation et isotopie : vers une analyse
interprétative des données textuelles, Thèse de doctorat, ENSTB.
Perlerin, V. (2004) Sémantique légère pour le document. Assistance
personnalisée pour l'accès au document et l'exploration de son contenu,
Thèse de doctorat, Caen.
Poudat, C. (2006) Etude contrastive de l'article scientifique de revue
linguistique dans une perspective d'analyse des genres, Thèse de
doctorat, Orléans.
Rastier, F. (1987) Sémantique interprétative, Paris, PUF.
Rastier, F. (2001) Arts et sciences du texte, Paris, PUF.
Rossignol, M. (2005) Acquisition sur corpus d'informations lexicales
fondées sur la sémantique différentielle. Thèse de doctorat, Rennes 1,
disponible sur http://www.texto-revue.net.
Thlivitis, T. (1998) Sémantique Interprétative Intertextuelle :
assistance informatique anthropocentrée à la compréhension des textes,
Thèse de doctorat, Rennes 1.
Valette, M. (2004) "Sémantique interprétative appliquée à la détection
automatique de documents racistes et xénophobes sur Internet",
Approches Sémantiques du Document Numérique, Actes du 7e Colloque
International sur le Document Electronique, P. Enjalbert et M. Gaio,
eds, 215-230.
Valette, M., Slodzian, M. (2008) "Sémantique des textes et Recherche
d'information", Extraction d'information : l'apport de la linguistique,
A. Condamines & Th. Poibeau, éds., Revue Française de Linguistique
Appliquée (volume XIII-1 / juin 2008), 119-133.
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{FR, 02/07/2008}
LETTRE SUR SAUSSURE
François Rastier
Lettre sur Saussure -en réponse à des questions d'un collègue de
l'Académie des Sciences,
avril 2008 (extraits)
1. Purement oppositive comme vous le savez, la valeur est établie
indépendamment de la substance, et l'on peut parfaitement considérer la
glossématique comme une réalisation possible et inachevée du programme
de recherche sur les valeurs pures. Un auteur comme Coursil le reprend
sur d'autres bases (mathématiques). Je plaiderai pour ma part la cause
des "valeurs impures".
L'opposition sémiotique/sémantique telle qu'elle apparaît chez un
Benveniste tardif me paraît peu fondée (sauf à ériger la
catégorématicité en critère fondateur) et ne fait que renforcer
l'incapacité d'une linguistique phrastique à prendre en considération
la dimension du texte.
Comme dans la plupart des manuscrits, les textes retrouvés de Saussure
témoignent d'une pensée qui se cherche (mais se trouve aussi). Cela
tranche avec le genre du traité adopté par les rédacteurs du CLG (qui
ont gommé toute problématisation), voire le genre des notes de cours
adopté tout naturellement par Constantin. Qui d'entre nous accepterait
d'être jugé sur des notes d'étudiants compilées par des collègues ?
Les "malentendus persistants" dont vous doutez tiennent à l'histoire du
saussurisme ; je rappellerai trois points :
(i) Les éditeurs du CLG ont délibérément manipulé leurs sources pour
faire de Saussure un linguiste de la langue (voir la dernière phrase,
de Bopp, attribuée à Saussure ; Bally développant ensuite pour son
compte une linguistique de la parole). Vous définissez la langue
saussurienne, pour l'essentiel, à partir du CLG, dont les positions
sont unilatérales en la matière. Toutefois, la langue pour Saussure
n'est qu'un terme de la dualité langue/parole, et comme les éditeurs du
CLG ont gommé la linguistique de la parole, la conception de la langue
qu'il véhicule reste unilatérale et tant soit peu dogmatique.
(ii) Les manuscrits, à partir des années 50, ont été lus par rapport au
CLG, et non par rapport aux textes authentiques de Saussure.
(iii) Le structuralisme français, par la médiation de Lévi-Strauss,
doit beaucoup plus à Jakobson qu'à Saussure : le binarisme jakobsonien
n'a rien de commun, par exemple, avec les dualités saussuriennes.
À la parution des Écrits de linguistique générale, d'excellents
collègues ont conclu qu'il n'y avait rien de nouveau sous le soleil. La
plupart soutenaient depuis des décennies qu'il fallait dépasser
Saussure pour édifier une linguistique de la parole. Or c'est notamment
l'articulation entre linguistique de la langue et linguistique de la
parole qui fait l'originalité de l'étude intitulée De l'essence double
du langage. La même étude et d'autres dans le recueil engagent à
reconsidérer la vulgate concernant la sémiose (notamment le modèle du
signe), les dualités (qui ne sont pas des dichotomies), et surtout la
méthodologie (dite aphoristique) qui n'apparaît pas dans le CLG.
Malgré le paradoxe d'une réception retardée, et pour des raisons
simplement philologiques qui vont sans dire, il me semble qu'il reste
indispensable de relire dans son ensemble le corpus saussurien
autographe, manuscrit ou publié. Ce travail a progressé depuis dix ans,
mais beaucoup reste à faire (des milliers de feuillets sont encore
inédits).
2. Si Saussure a puisé dans ses manuscrits, pour une part, la teneur de
ses cours, le fait que sa linguistique générale ait été connue par ses
Cours n'entraîne pas que ces manuscrits soient des notes préparatoires
aux cours. De l'essence double est le manuscrit d'un traité de
linguistique générale, et non d'un cours professé vingt ans plus tard.
Un cours ne livre jamais toute la pensée de son auteur, mais seulement
ce qu'il estime nécessaire à la formation de ses étudiants et ce qu'il
croit à leur portée.
En outre, si pour certains universitaires tout doit aboutir à des
cours, l'ambition de Saussure va au-delà, puisqu'il entend refonder la
discipline qu'il aura à enseigner. Aussi considérer les manuscrits à la
lumière du Cours, comme y engage d'ailleurs l'édition monumentale
d'Engler, conduit à sous-estimer la variété de leurs statuts, de leurs
genres, de leurs projets, qui le plus souvent s'écartent des cours. En
rapportant à chaque phrase du Cours les "sources manuscrites" quand
elles existent (car les éditeurs n'ont pas hésité à insérer des
paragraphes de leur cru), on démembre les textes originaux, on en fait
une rhapsodie de passages préparatoires, sans tenir compte de leur
textualité propre, et en tout premier lieu de leur cohérence. On a beau
jeu alors de dire qu'ils n'apportent rien de nouveau.
Outre les tâches philologiques d'édition de Saussure, il importe, en
tenant compte des progrès de la linguistique de corpus, de restituer la
variété générique du corpus saussurien et son évolution diachronique.
Cela intéresse en premier lieu les manuscrits. Le nom générique et
souvent péjoratif de brouillons reste trompeur : si certains sont
effectivement des brouillons de textes publiés, l'immense majorité sont
des oeuvres inédites. Cela va de la note de cours et de la réflexion
aide-mémoire au brouillon de conférence et au traité rédigé.
L'étude unifiée du corpus des textes authentiques (tant publiés
qu'inédits) permettra de restituer la dynamique d'une recherche,
étendue sur plusieurs décennies et recourant à différents genres. C'est
une condition pour relire les textes que l'on a mis indûment sur le
même plan, des cahiers d'étudiants au CLG.
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{FR, 02/07/2008}
COLLOQUE
Colloque international
Le Monde du Symbolique
- en hommage à Claude Lévi-Strauss
Organisé par l'Institut Ferdinand de Saussure
et le Centre de coopération franco-norvégienne en sciences humaines et
sociales
Paris, 21-22 novembre 2008, Maison des Sciences de l'Homme
54, bd. Raspail 75006 Paris
Appel à communications . - Si l'on a jadis exalté un problématique
structuralisme (regroupant Barthes, Lacan, Althusser, Foucault et tant
d'autres) pour le condamner au début des années 1970, Saussure et
Lévi-Strauss étant les premières cibles de cette damnatio, le programme
d'une étude scientifique interdisciplinaire du monde symbolique n'a
cessé d'inspirer des recherches novatrices en linguistique, en
anthropologie et dans les autres sciences de la culture. Ce colloque
entend ouvrir des champs de réflexion et de débat sur ces trois thèmes :
(i) la légitimité d'une relecture présentiste du programme des "études
des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure) ;
(ii) l'actualité d'une philosophie des formes symboliques ;
(iii) la critique, d'un point de vue sémiotique, des paradigmes de la
communication et de la cognition, comme le développement corrélatif
d'un programme épistémologique de culturalisation.
Calendrier. - Les propositions de communication (un résumé d'une page)
sont à envoyer avant le 20 septembre à l'adresse LPE2@ext.jussieu.fr ;
le programme définitif sera publié le 20 octobre.
Comité d'initiative : Simon Bouquet (Paris X), François Rastier
(CNRS-Inalco), Arild Utaker (Bergen).
Claude Lévi-Strauss, dont ce colloque célèbre le centième anniversaire,
est Président d'honneur de l'Institut Ferdinand de Saussure.
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{Rinck, 03/07/2008}
APPEL A CONTRIBUTIONS
Numéro 41 de LIDIL (sortie prévue juin 2010) :
Énonciation et rhétorique dans l'écrit scientifique
Numéro coordonné par Françoise Boch et Fanny Rinck
Ce numéro vise à réunir des contributions sur l'écrit scientifique dans
une perspective linguistique et didactique.
Deux types de contribution sont attendus :
- d'une part la description des pratiques de l'écrit scientifique chez
les experts et leur comparaison avec les pratiques des nouveaux
entrants dans le champ que sont les doctorants.
- d'autre part la transposition didactique des caractéristiques
énonciatives et rhétoriques de l'écrit de recherche : manuels,
propositions innovantes, etc.
Trois axes d'analyse seront privilégiés : la présence de l'auteur dans
son texte ; l'interdiscours ; l'interlocution.
=> Version complète de l'appel :
http://w3.u-grenoble3.fr/lidilem/labo (rubrique événements)
Vos propositions sont attendues pour le 1er octobre 2008 sous la forme
d'un résumé d'une page environ, soit entre 4000 et 5000 signes. Les
articles rédigés sont à remettre en juin 2009.
Langues des propositions et articles : français ou anglais.
A envoyer à francoise.boch@u-grenoble3.fr et fanny.rinck@u-grenoble3.fr
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Résumé: 2008_10_31
________________________________________________________________________
SdT volume 14, numero 3.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________________
Car comment est-il possible, dira quelqu'un, d'accorder
des peuples qui sont si séparés de volonté &
d'affection comme le Turc & le Persan, le Français &
l'Espagnol, le Chinois & le Tartare, le Chrétien & le
Juif ou Mahométan ? Je dis que telles inimitiés ne sont
que politiques & ne peuvent ôter la conjonction qui est
& doit être entre les hommes. La distance des lieux, la
séparation des domiciles n'amoindrit point la proximité
de sang. Elle ne peut non plus ôter la similitude du
naturel, vrai fondement d'amitié & société humaine.
Émeric Crucé, Le Nouveau Cynée
(éd. Alain Fenet et Astrid Guillaume,
Presses Universitaires de Rennes (PUR),
Rennes, 2004, p. 81-82.)
________________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 3 nouveaux abonnes, dont Sylvie Bernard et
Auxane Ericher.
2- Carnet
- Seminaires :
Semantique des Textes - Francois Rastier
Varietes et enjeux du plurilinguisme - Christos Clairis
- Appel pour une politique europeenne de la traduction
- Jacques Maucourt : in Memoriam
- Jean Bollack : colloque et site
3- Publications
- Nouveau Texto!
- These de Anje Muller Gjesdal : Etude semantique du pronom ON
dans une perspective textuelle et contextuelle
4- Textes
- Evaluation de la recherche et classement des revues
- Heidegger inedit - Georges-Arthur Goldschmidt
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque international "Le Monde du Symbolique -en hommage a
Claude Levi-Strauss", Paris, 21-22 novembre 2008.
- Journees d'etude du CPST "De l'interpretation des textes a
partir de corpus numerises", Toulouse, 1ere date 27 novembre.
- Nouvelle revue "Argumentation et Analyse du Discours".
- Appel a contributions : revue Corpus, n°8 : "Corpus de textes,
textes en corpus : concepts, methodes et travaux"
- Appel a contributions : revue Arena Romanistica, 01/09 :
"Etudes de genre"
- Appel a contributions : Revue d'anthropologie des
connaissances, novembre 2009 : "Les discours scientifiques :
des marques linguistiques aux epistemologies"
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 23/10/2008}
SÉMINAIRE SÉMANTIQUE DES TEXTES
François Rastier, directeur de recherche, CNRS
CORPUS ET INTERTEXTE
Les jeudis de 17 h 30 à 19 h 30 (EHESS, salle 2, 105, bd Raspail,
75006, Paris), du 6 novembre 2008 au 18 décembre 2008. La séance du
20 novembre se déroulera en salle 524 (EHESS, 54 bd Raspail), et celle
du 18 décembre en salle 8 (105, bd Raspail).
Métro Saint Placide.
Dans le cadre du CRIA-EHESS et de l'ERTIM-INALCO
Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
linguistique de corpus intéresse l'ensemble des sciences de la culture.
Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
avec les représentations ontologiques et référentielles, une
reconception praxéologique de l'activité textuelle ; (iii) une
typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
qu'entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
l'expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
et herméneutique matérielle.
On proposera ainsi un remembrement de la tripartition de fait entre
discours, texte, et document. Il s'agit en effet, à l'inverse du
programme du Web sémantique, de revenir des "données" aux documents,
de décrire et d'exploiter, pour la recherche d'informations notamment,
leur irremplaçable complexité. Ce sont là, semble-t-il, des conditions
pour que la linguistique textuelle puisse combler ses lacunes
théoriques, répondre aux besoins sociaux et s'approprier pleinement la
problématique historique et comparative que partagent les sciences de
la culture.
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{FR, 25/10/2008}
SÉMINAIRE
Séminaire doctoral du professeur Christos Clairis
Variétés et enjeux du plurilinguisme
L'université Paris Descartes et l'Observatoire européen du
plurilinguisme organisent durant l'année universitaire 2008-2009 un
séminaire de recherche consacré au plurilinguisme.
Au cours de ce séminaire interviendront aussi bien des chercheurs que
des responsables d'entreprise, des fonctionnaires internationaux, des
spécialistes de traduction, des artistes et des spécialistes du monde
des arts.
Les séances de travail auront lieu dans le cadre du séminaire doctoral
du professeur Christos CLAIRIS (linguistique générale)
Ecole doctorale 180 - Sciences humaines et sociales : cultures,
individus, sociétés
Lieu : Sorbonne, Université Paris Descartes,
Salle des thèses E637, galerie Claude Bernard, 1er étage, escalier J
Entrée par le 19 rue de la Sorbonne - 75005 Paris
Horaires : le mercredi, de 17 à 19 heures
* Calendrier et programme provisoires :
(des informations détaillées seront données prochainement)
Les thèmes proposés illustrent différents aspects du plurilinguisme :
il s'agit pour chaque domaine abordé de cerner les enjeux et l'impact
du plurilinguisme, de définir les champs de recherche possibles.
19 novembre : L'Observatoire européen du Plurilinguisme : naissance,
fonctionnement, perspectives
10 décembre : Plurilinguisme et Recherche : Linguistique et Histoire
28 janvier 2009 : Le Plurilinguisme à la Commission européenne
11 février 2009 : Plurilinguisme en Entreprise
11 mars 2009 : Plurilinguisme et création théâtrale
25 mars 2009 : Plurilinguisme et diversités culturelles
8 avril 2009 : Plurilinguisme et Droit
30 avril 2009 : Plurilinguisme et Traduction
* Modalités d'inscription
Le séminaire est ouvert aux doctorants de l'université Paris Descartes
et des places en nombre limité sont offertes aux personnes extérieures.
S'agissant d'un séminaire de recherche et non d'une série de
conférences, les personnes intéressées sont invitées à s'inscrire à
l'ensemble des séances. Une attestation de participation au séminaire
pourra être délivrée sur demande.
L'inscription est gratuite et obligatoire pour les participants
extérieurs à l'université Paris Descartes : adresser le bulletin de
demande d'inscription avant le 10 novembre 2008. Un laissez-passer sera
délivré aux personnes inscrites pour leur faciliter l'accès aux locaux
de la Sorbonne.
contact : seminaire@observatoireplurilinguisme.eu
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{FR, 23/10/2008}
TRADUCTION ET EUROPE
"Plus d'une langue"
Appel pour une politique européenne de la traduction
-mis en ligne le 30 septembre 2008
Texte d'une pétition pour la mise en oeuvre d'une véritable politique
européenne de la traduction, qui reposerait sur deux principes :
- mobiliser tous les acteurs et secteurs de la vie culturelle
(enseignement, recherche, interprétariat, édition, arts, médias) ;
- structurer tant les dynamiques internes de l'Union que ses politiques
extérieures, en garantissant concrètement l'accueil des autres langues
en Europe et l'intelligence des langues d'Europe ailleurs dans le
monde.
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article1911
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{FR, 23/10/2008}
JACQUES MAUCOURT
Jacques Maucourt est décédé le 28 septembre 2008. Je voudrais évoquer
brièvement l'apport si important dont il a fait bénéficier l'Institut
National de la Langue française.
Présent aux premières heures, dès 1962, place Carnot, Jacques Maucourt
a pris une grande part dans la mise en place informatique du TLF. En
lien avec un ingénieur de la Compagnie Bull (M. Lemaire), c'est lui qui
a assuré l'essentiel des programmes initiaux. Tout était nouveau pour
nous à l'époque : Jacques Maucourt s'est engagé dans l'aventure avec
autant d'application que d'enthousiasme. Dans les années soixante a été
réuni l'essentiel de la masse documentaire de Frantext : tous les
textes saisis à l'époque (sur des rubans perforés transformés ensuite
en bandes magnétiques), traités sur l'héroïque "Gamma 60" (plus de
70 millions d'occurrences en 1969), toute la documentation alors
rassemblée restent aujourd'hui utilisables : c'est dire le sérieux du
travail qui a été accompli. La technique n'en était pas encore aux
écrans : les résultats étaient stockés sur papier (les
"Concordances") ; c'est Jacques Maucourt qui a mis en place le système.
Pour rendre utilisable cette documentation gigantesque, il a fallu dès
les débuts imaginer des instruments novateurs. Jacques Maucourt a été
l'artisan, du côté de l'informatique, d'un "Dictionnaire des formes
fléchies" et des programmes de conjugaison qui le sous-tendent. C'est
lui qui a construit le "Dictionnaire des homographes". C'est lui, avec
Roland Vienney, qui a assuré les programmes des "Groupes binaires", un
système fondé sur des traitements statistiques (la loi de Poisson) :
les Rédacteurs ont disposé ainsi d'une documentation non seulement
lemmatisée, mais sélective et linguistiquement pertinente. Tout cela a
conduit, dès l'année du premier tome (1971), à un "Dictionnaire des
fréquences" qui a été jusqu'au bout la source des données chiffrées du
TLF.
C'était là, en dépit des tâtonnements, faire oeuvre de pionnier. Mais
il a fallu aussi, dans l'ombre, assurer les adaptations techniques
(parfois du tout au tout) à chaque changement d'ordinateur, travail
ingrat, mais indispensable : c'est Jacques Maucourt qui s'en est en
grande partie occupé, sans jamais rechigner. Par ailleurs, il a ménagé
son temps pour aboutir à l'essentiel : l' "Analyseur morphologique" qui
accompagne Frantext. Frantext y a gagné une dimension de grande
importance, puisqu'une partie des textes est désormais strictement
lemmatisée et que le reste, à tout moment, est automatiquement
lemmatisable. Cet analyseur est devenu, dans le domaine, l'instrument
le plus performant dont on dispose pour le français. C'est là
assurément la plus belle réussite de Jacques Maucourt, réalisée dans
une collaboration constante avec Marc Papin.
Jacques Maucourt a toujours su garder le cap, même dans la tourmente.
Nous conservons de lui le souvenir d'un homme souriant, discret,
exemplaire par le dévouement et la constance ; il laisse une oeuvre qui
mérite notre plus chaleureuse et amicale reconnaissance.
Robert Martin
1. 10. 2008
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{FR, 23/10/2008}
HOMMAGE A JEAN BOLLACK
De la philologie : théorie et pratique.
Colloque en hommage à Jean Bollack
Responsable : Philippe Rousseau
Université de Lille 3, 23-25 octobre 2008
Maison de la Recherche, salle des colloques
Colloque organisé par l'UMR STL avec le concours de la MESHS du
Nord - Pas-de-Calais, du CRIA, du CNRS et de l'Observatoire des
Etudes classiques en Europe
Exposé de la thématique
Jean Bollack, professeur émérite à l'Université Charles de Gaulle -
Lille 3 où il enseigna le grec de 1958 à 1992, aura 85 ans en 2008.
L'UMR "Savoirs, Textes, Langage" dont il est indirectement l'un des
fondateurs et ses élèves ont décidé à cette occasion de rendre hommage
à ses travaux d'helléniste en organisant en son honneur, dans son
université, un colloque consacré à une discipline, un moment de
l'histoire intellectuelle et des objets qui ont occupé jusqu'à ce jour
une place privilégiée dans son activité de chercheur. Il est trop connu
pour qu'il soit nécessaire de le présenter longuement. Né à Strasbourg
en 1923 dans une famille juive alsacienne, il a fait ses études
secondaires et une partie de ses études supérieures à Bâle, avant et
pendant la deuxième guerre mondiale, avant de venir à Paris dès la
Libération. A Bâle, il avait été en particulier l'élève de Peter Von
der Mühll qui lui donna les bases de sa formation à la philologie
classique, dans la grande tradition de la science allemande. Il y était
aussi entré en contact avec des poètes et des artistes installés dans
la ville. L'influence d'Albert Béguin, qui y enseignait à cette époque
et dont on sait les relations étroites qu'il entretenait avec les
écrivains de la résistance contribua à affermir son intérêt pour la
littérature contemporaine et la part de réflexion critique qui lui est
inhérente. A Paris, où il fut entre autres l'élève de F. Chapouthier et
de P. Chantraine il acheva sa licence de lettres classiques, obtint une
licence d'allemand et suivit parallèlement d'autres enseignements, ceux
notamment d'Alexandre Koyré et Etienne Gilson. Son intérêt se porte
alors sur la comparaison des systèmes cosmologiques des présocratiques
et des philosophies ultérieures et il entreprend, sous la direction de
P. Chantraine, une thèse d'Etat qui aboutira à la publication des
Origines d'Empédocle (1965-1969). Enseignant au collège de Barr en
Alsace au début des années 50, il renoue avec le séminaire de Bâle et
les cours de P. Von der Mühll. Il est détaché au CNRS l'année où il v
ient d'être reçu à l'agrégation de grammaire, et est professeur invité
pendant plusieurs semestres à la Freie Universität de Berlin. A partir
de 1958 il est assistant, puis chargé d'enseignement à la Faculté des
lettres de l'université de Lille, avant d'y être élu professeur en
1965. Il enseigne à Lille jusqu'à son départ à la retraite en 1992. Il
est "fellow" de l'Institute for advanced studies de Princeton en
1970-1971 et membre du Wissenschaftskolleg de Berlin en 1982-1983. Il
crée en 1972, dans ce qui est devenu entre temps l'Université de
Lille 3, le Centre de recherche philologique, rapidement associé au
CNRS, qu'il dirige jusqu'en 1985, foyer de ce que l'on appellera vite
"l'école de Lille". Cette unité est l'une des équipes dont la fusion a
donné naissance en 2006 à l'UMR STL (Savoirs, Textes, Langage). Son
oeuvre dans le domaine des études grecques est considérable : les
Présocratiques (Empédocle, Héraclite, Parménide, les Atomistes), les
trois grands tragiques, Epicure, l'épopée archaïque (Homère et
Hésiode), les lyriques, Platon et Aristote, etc., travaux qu'il mène
seul ou en collaboration avec plusieurs de ses élèves (Heinz Wismann,
André Laks, Pierre Judet de La Combe, Philippe Rousseau). S'ajoute à
ces monographies, éditions commentées, etc. une série de traductions
des tragiques, en collaboration avec Mayotte Bollack. Il serait faux de
penser que les travaux majeurs consacrés à Paul Celan se situent "à
côté" de ses recherches d'helléniste, comme une sorte de diversion ou
de "hobby". Les deux ensembles trouvent leur origine dans des exigences
herméneutiques "et" philologiques communes et ils se sont nourris l'un
l'autre. Il en va de même de la part de ses ouvrages qui abordent des
problèmes que l'on dirait de théorie, d'épistémologie ou de méthode.
C'est néanmoins à l'helléniste, praticien et théoricien d'une approche
critique nouvelle des oeuvres de l'Antiquité, que ce colloque entend
rendre hommage.
Jean Bollack s'est expliqué à plusieurs reprises sur la discipline
qu'il pratique et la manière dont s'est formée la conception qui est la
sienne du métier de philologue et de ses présupposés. Cette
auto-réflexion sur son travail, la réflexion critique qu'il menait sur
les traditions savantes et la situation présente de la discipline,
les études que d'autres chercheurs ont consacrées à sa démarche
scientifique et les discussions vives auxquelles celle-ci a donné lieu
font que ses positions méthodiques et théoriques sont assez connues
pour qu'il ne soit pas nécessaire de les rappeler longuement ici.
Ces positions ne se définissent pas par rapport à une philosophie
constituée dont elles offriraient une application, qu'il s'agisse de
Gadamer ou de la Théorie critique. Ses remarques, dans leur forme comme
dans leur contenu, offrent, pour reprendre l'expression de l'un de ses
lecteurs, moins une théorie herméneutique qu'un "art critique", une
heuristique de la lecture. Elles ne se constituent pas en un traité
systématique. Leur cohérence tient à l'enjeu de la démarche dont elles
visent à rendre compte, la meilleure compréhension des textes ou des
oeuvres. Cette herméneutique philologique tire sa portée critique de la
problématisation méthodique des attentes du sens, affirmant, dans sa
contestation des diverses formes d'assimilation des oeuvres poétiques
ou philosophiques grecques, le lien essentiel entre la reconnaissance
de la particularité des textes et l'exigence d'une rationalité de
l'interprétation. Dans la discussion les présupposés de lecture peuvent
et doivent être énoncés, confrontés et argumentés. L'herméneutique de
Jean Bollack peut être qualifiée de "critique" dans la mesure où elle
est une herméneutique philologique attentive à la force et à la
précision de la lettre. Mais le mouvement d'auto-réflexion qui l'anime
la défend contre la tentation positiviste courante dans la pratique
des philologues de croire que le sens peut se livrer hors de sa
problématisation. Elle oppose la particularité incontournable de la
lettre et la singularité de l'oeuvre à la tentation des interprétations
généralisantes ; et au positivisme des philologues l'impossibilité de
connaître, voire de décrire, leur objet sans réfléchir sur les
présupposés de sa constitution. Ce lien étroit entre l'exigence
philologique et l'auto-réflexion herméneutique explique l'esprit du
colloque d'octobre 2008 et le souci de combiner dans le cadre de six
sessions d'une demi-journée chacune réflexion critique sur les
démarches scientifique de Jean Bollack d'une part, et discussion
collective approfondie de problèmes philologiques particuliers de
l'autre. Les cinq premières séances seront organisées autour de la
présentation et de la discussion préparée d'un nombre restreint
d'exposés diffusés à l'avance à tous les membres de ce "séminaire" de
trois jours. Conçu comme un hommage à l'helléniste qu'est Jean Bollack,
ce colloque borne délibérément ses intérêts au champ de la philologie
grecque et écarte donc de ses objets l'exégèse des poèmes de Paul Celan
aussi bien que les recherches qui ont entouré l'édition des oeuvres de
Peter Szondi ou les travaux consacrés à l'histoire critique de la
discipline. Dans le domaine grec même il retient d'abord trois grands
objets parmi ceux qui ont attiré l'attention du philologue auquel il
est dédié, appartenant tous trois à la même grande période de
l'archaïsme finissant et de la haute époque classique : les
présocratiques, Pindare et la tragédie attique. Une quatrième session
sera consacrée à un thème transversal relevant de la poétique, celui de
la virtuosité de l'art. Les communications ne porteront pas sur la
discussion des interprétations proposées par Jean Bollack, même si l'on
attend qu'elles n'ignorent pas ce que celui-ci peut avoir écrit sur le
texte ou le problème examiné, mais elles seront conçues de telle sorte
qu'il soit possible d'en évaluer les démonstrations et d'en discuter
les présupposés en les rapportant à l'instance critique qu'est la
lettre du texte. Elles permettront, dans leur diversité, de confronter
et de mettre à l'épreuve d'analyses concrètes les différentes approches
qui ont cours actuellement (herméneutiques, anthropologiques,
déconstructionnistes, etc.). Un premier "répondant", désigné à l'avance
après réception des textes, introduira la discussion, à laquelle sera
réservé au moins un tiers du temps disponible pour chaque session. Deux
séances, dont une table ronde, seront consacrées à la discussion de la
situation de l'oeuvre de Jean Bollack dans l'histoire et le champ
actuel de la discipline ("Bollack parmi les philologues"), ainsi qu'à
l'évaluation critique des présupposés épistémologiques et de la
fécondité heuristique de son "art" et de sa pratique. Les intervenants
ont été choisis pour leur qualité scientifique. On a pris garde de
faire appel à des chercheurs appartenant à des générations, des pays et
des horizons épistémologiques différents.
_____________________
{FR, 21/02/2008}
Signalons à cette occasion un site consacré à Jean Bollack :
http://www.jeanbollack.net/index.htm
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 23/10/2008}
NOUVEAU TEXTO!
Après certains retards maintenant résorbés, la nouvelle version de la
revue Texto! a publié deux numéros que nous vous invitons à découvrir.
http://www.revue-texto.net
Toute critique ou suggestion est bienvenue !
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{FR, 23/10/2008 et Gjesdal, 29/10/2008}
THÈSE
Anje Müller Gjesdal
Étude sémantique du pronom ON
dans une perspective textuelle et contextuelle
Résumé :
Cette thèse propose une méthodologie pour l'analyse des éléments
grammaticaux polysémiques, notamment le pronom ON, à partir d'une
réflexion sur le cadre théorique de la Sémantique de Textes. À travers
des analyses de deux genres déterminés -l'article scientifique et la
poésie- la thèse montre l'interaction et l'influence réciproque de ON
et le contexte, aussi bien au niveau de la phrase qu'au celui du texte.
La première partie de la thèse traite de la sémantique de ON et de sa
classification grammaticale. Elle montre les limitations des
descriptions grammaticales basées sur des critères peu précis, et la
confusion entre emplois indéfinis et emplois pour des personnes
déterminées qui s'exprime par l'oxymoron "pronom personnel indéfini".
Par conséquent, la thèse se propose d'affiner la description sémantique
de ON, notamment par une élaboration de la notion de contexte et son
influence sur l'interprétation de ce pronom. La variation dans les
emplois de ON ne peut pas se réduire à un seul noyau de sens (core
meaning) et on propose un modèle sémique approprié à l'analyse de ON
selon l'hypothèse que les différents emplois correspondent à la
réalisation ou l'annulation des différents sèmes en contexte.
La seconde partie de la thèse présente deux études de l'emploi de ON
dans des genres déterminés ; l'article scientifique et la poésie. La
première étude examine l'emploi de ON dans un corpus d'articles
scientifiques (le corpus KIAP, voir www.kiap.uib.no) et montre
l'influence de paramètres contextuels aussi bien au niveau micro
(verbes, temps verbaux, adverbes) qu'au niveau macro (disposition
linéaire du texte). La seconde étude analyse l'emploi de ON à partir de
la notion de zones anthropiques (Rastier 1996) et les relations entre
dimensions sémantiques et expériences humaines. Dans cette perspective,
ON fonctionne comme un médiateur entre les différentes zones, notamment
entre le sujet et le monde qui l'entoure.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 23/10/2008}
EVALUER LA RECHERCHE : QUESTIONS EN DÉBAT
L'appel lancé le 2 octobre 2008 et intitulé "Pour le retrait complet et
définitif de la 'liste des revues' de l'AERES"
http://appelrevues.org/
a recueilli en vingt jours plus de 2500 signatures (mais certaines
représentent des collectifs, comme des revues ou même Sauvons
l'université). Par ailleurs, un site d'information et de discussion sur
l'évaluation et la bibliométrie a été ouvert à l'adresse suivante :
http://evaluation.hypotheses.org
Alors que l'exemple "anglo-saxon" est souvent invoqué, nous
reproduisons cette analyse émanant de directeurs de revues.
Journals under Threat: A Joint Response from
History of Science, Technology and Medicine Editors
We live in an age of metrics. All around us, things are being
standardized, quantified, measured. Scholars concerned with the work of
science and technology must regard this as a fascinating and crucial
practical, cultural and intellectual phenomenon. Analysis of the roots
and meaning of metrics and metrology has been a preoccupation of much
of the best work in our field for the past quarter century at least. As
practitioners of the interconnected disciplines that make up the field
of science studies we understand how significant, contingent and
uncertain can be the process of rendering nature and society in grades,
classes and numbers.
We now confront a situation in which our own research work is being
subjected to putatively precise accountancy by arbitrary and
unaccountable agencies. Some may already be aware of the proposed
European Reference Index for the Humanities (ERIH), an initiative
originating with the European Science Foundation. The ERIH is an
attempt to grade journals in the humanities -including "history and
philosophy of science". The initiative proposes a league table of
academic journals, with premier, second and third divisions.
According to the European Science Foundation, ERIH "aims initially to
identify, and gain more visibility for, top-quality European Humanities
research published in academic journals in, potentially, all European
languages". It is hoped "that ERIH will form the backbone of a
fully-fledged research information system for the Humanities". What is
meant, however, is that ERIH will provide funding bodies and other
agencies in Europe and elsewhere with an allegedly exact measure of
research quality. In short, if research is published in a premier
league journal it will be recognized as first rate ; if it appears
somewhere in the lower divisions, it will be rated (and not funded)
accordingly. This initiative is entirely defective in conception and
execution. Consider the major issues of accountability and
transparency. The process of producing the graded list of journals in
science studies was overseen by a committee of four -the membership is
currently listed at
http://www.esf.org/research-areas/humanities/
research-infrastructures-including-erih/
erih-governance-and-panels/erih-expert-panels.html
This committee cannot be considered representative. It was not selected
in consultation with any of the various disciplinary organizations that
currently represent our field such as the European Association for the
History of Medicine and Health, the Society for the Social History of
Medicine, the British Society for the History of Science, the History
of Science Society, the Philosophy of Science Association, the Society
for the History of Technology or the Society for Social Studies of
Science. Journal editors were only belatedly informed of the process
and its relevant criteria or asked to provide any informationregarding
their publications. No indication was given of the means through which
the list was compiled ; nor how it might be maintained in the future.
The ERIH depends on a fundamental misunderstanding of conduct and
publication of research in our field, and in the humanities in general.
Journals' quality cannot be separated from their contents and their
review processes. Great research may be published anywhere and in any
language. Truly ground-breaking work may be more likely to appear from
marginal, dissident or unexpected sources, rather than from a
well-established and entrenched mainstream journal. Our journals are
various, heterogeneous and distinct. Some are aimed at a broad, general
and international readership, others are more specialized in their
content and implied audience. Their scope and readership say nothing
about the quality of their intellectual content. The ERIH, on the other
hand, confuses internationality with quality in a way that is
particularly prejudicial to specialist and non-English language
journals.
In a recent report, the British Academy, with judicious understatement,
concludes that "the European Reference Index for the Humanities as
presently conceived does not represent a reliable way in which metrics
of peer-reviewed publications can be constructed" (Peer Review : the
Challenges for the Humanities and Social Sciences, September 2007 :
http://www.britac.ac.uk/reports/peer-review ).
Such exercises as ERIH can become self-fulfilling prophecies. If such
measures as ERIH are adopted as metrics by funding and other agencies,
then many in our field will conclude that they have little choice other
than to limit their publications to journals in the premier division.
We will sustain fewer journals, much less diversity and impoverish our
discipline. Along with many others in our field, this Journal has
concluded that we want no part of this dangerous and misguided
exercise. This joint Editorial is being published in journals across
the fields of history of science and science studies as an expression
of our collective dissent and our refusal to allow our field to be
managed and appraised in this fashion. We have asked the compilers of
the ERIH to remove our journals' titles from their lists.
Hanne Andersen (Centaurus)
Roger Ariew & Moti Feingold (Perspectives on Science)
A. K. Bag (Indian Journal of History of Science)
June Barrow-Green & Benno van Dalen (Historia mathematica)
Keith Benson (History and Philosophy of the Life Sciences)
Marco Beretta (Nuncius)
Michel Blay (Revue d'Histoire des Sciences)
Cornelius Borck (Berichte zur Wissenschaftsgeschichte)
Geof Bowker and Susan Leigh Star (Science, Technology and Human Values)
Massimo Bucciantini & Michele Camerota (Galilaeana : Journal of
Galilean Studies)
Jed Buchwald and Jeremy Gray (Archive for History of Exacft Sciences)
Vincenzo Cappelletti & Guido Cimino (Physis)
Roger Cline (International Journal for the History of Engineering &
Technology)
Stephen Clucas & Stephen Gaukroger (Intellectual History Review)
Hal Cook & Anne Hardy (Medical History)
Leo Corry, Alexandre Métraux & Jürgen Renn (Science in Context)
D. Diecks & J. Uffink (Studies in History and Philosophy of Modern
Physics)
Brian Dolan & Bill Luckin (Social History of Medicine)
Hilmar Duerbeck & Wayne Orchiston (Journal of Astronomical History &
Heritage)
Moritz Epple, Mikael Hård, Hans-Jörg Rheinberger & Volker Roelcke
(NTM : Zeitschrift für Geschichte der Wissenschaften, Technik und
Medizin)
Steven French (Metascience)
Willem Hackmann (Bulletin of the Scientific Instrument Society)
Bosse Holmqvist (Lychnos)
Paul Farber (Journal of the History of Biology)
Mary Fissell & Randall Packard (Bulletin of the History of Medicine)
Robert Fox (Notes & Records of the Royal Society)
Jim Good (History of the Human Sciences)
Michael Hoskin (Journal for the History of Astronomy)
Ian Inkster (History of Technology)
Marina Frasca Spada (Studies in History and Philosophy of Science)
Nick Jardine (Studies in History and Philosophy of Biological and
Biomedical Sciences)
Trevor Levere (Annals of Science)
Bernard Lightman (Isis)
Christoph Lüthy (Early Science and Medicine)
Michael Lynch (Social Studies of Science)
Stephen McCluskey & Clive Ruggles (Archaeostronomy : the Journal of
Astronomy in Culture)
Peter Morris (Ambix)
E. Charles Nelson (Archives of Natural History)
Ian Nicholson (Journal of the History of the Behavioural Sciences)
Iwan Rhys Morus (History of Science)
John Rigden & Roger H Stuewer (Physics in Perspective)
Simon Schaffer (British Journal for the History of Science)
Paul Unschuld (Sudhoffs Archiv)
Peter Weingart (Minerva)
Stefan Zamecki (Kwartalnik Historii Nauki i Techniki)
--
H-SCI-MED-TECH
The H-Net list for the History of Science, Medicine and Technology
Email address for postings : h-sci-med-tech@h-net.msu.edu
Homepage : http://www.h-net.org/~smt/
_____________________
NOTE SUR L'EVALUATION DE LA RECHERCHE ET LE CLASSEMENT DES REVUES
(EXTRAIT)
Le travail des "publiants" (sic) mérite l'attention, or le classement
par le support dispense d'évaluer les contenus, l'institution déléguant
ce travail aux anonymes gate-keepers qui n'ont de compte à rendre à
personne.
La restriction de fait aux revues reste un choix discutable : en SHS
les livres font l'objet d'environ 40% des citations. Pourquoi ne
sont-ils pas pris en compte ?
Le classement, qui relève de ce qu'un responsable des SHS-CNRS appelait
dans un éditorial la "sélection naturelle", a une efficacité toute
néo-darwinienne, puisqu'il tend à priver de leurs auteurs les revues
mal classées ou a fortiori pas classées du tout -qu'elles aient été
négligées, ou qu'elles commencent.
L'évaluation des revues se fait à la va-vite, sans leur demander des
éléments et sans que les évaluateurs disposent même de dossiers. En
linguistique, six personnes choisies on ne sait comment ont classé
plusieurs centaines de revues en un après-midi. La même revue a reçu
deux classements différents, le premier sous le titre Information
grammaticale, le second sous le titre L'information grammaticale.
Un bon article dans une "mauvaise" revue sera moins bien évalué qu'un
article anodin ou mauvais dans une "bonne".
Le privilège exorbitant donné (en sciences humaines du moins) aux
revues anglophones (d'emblée considérées comme "internationales" alors
qu'il existe maintes revues francophones qui le sont tout autant) met
en position d'infériorité linguistique les "publiants" francophones.
Les revues internationales non anglophones, même voisines (allemandes
par exemple) sont souvent oubliées de nos décideurs.
Les revues les plus prisées des décideurs sont concentrées dans les
mains de quelques éditeurs anglais ou néerlandais, qui revendent les
articles à des prix de plus en plus exorbitants. Ce qui crée des
difficultés économiques dans les labos voire des tensions entre
chercheurs. Nous n'avons aucune raison de renforcer cette forme de
privatisation.
Le classement a priori des supports a un effet de contrainte : des
secteurs entiers de la recherche sont discrédités parce qu'ils n'ont
aucune revue classée en A. D'autres secteurs, plus proches de la Big
Science, sont portés aux nues du classement.
Le classement des revues est une évaluation a priori des articles. La
scientométrie, malgré ses défauts bien connus (les indices de citation
sont biaisés par les effets de lobbying ; en outre les articles les
plus cités sont parfois les plus critiqués), a du moins le mérite de
relever des citations effectives d'un article, quel que soit son
support. Or, on trouve dans les "bonnes" revues des articles qui ne
sont jamais cités, même par leur auteur.
Au principe tout managérial de l'évaluation par des indices biaisés,
les enseignants et chercheurs sont en droit de demander que leurs
travaux soient évalués par des commissions qui prennent le temps de les
lire.
Si les revues sont importantes, quelle est la politique de soutien aux
revues ? La plupart des revues qui en recevaient ont vu leurs
subventions érodées ou supprimées.
_____________________
A signaler par ailleurs la pétition "Les sciences sociales ne sont pas
solubles dans les sciences cognitives" :
http://www.hermeneute.com/INSHS
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{FR, 23/10/2008}
HEIDEGGER INÉDIT
fragments établis et traduits par Georges-Arthur Goldschmidt
Fragments de textes retrouvés dans les archives de Ludwig Landgrebe qui
fut le dernier assistant de Husserl. Ces trois textes proviennent soit
d'Eugen Fink, soit de Heidegger lui-même, auquel Landgrebe était assez
lié. (Il avait été pressenti pour lui succéder à Fribourg.) Il peut
s'agir des fragments recopiés, les caractères typographiques employés
proviennent en tout cas d'une autre machine à écrire que celle de
Landgrebe. Il pourrait être intéressant d'établir la provenance de ces
textes probablement de Heidegger. Il en est tenté ici un essai de
traduction partielle. [NDLR : Bien qu'en étant l'auteur à demi avoué,
Georges-Arthur Goldschmidt n'est pas parvenu à traduire les deux
derniers extraits.]
_____________________
Das Gestell wird zugestellt, als Zubehör des Herstellens wird es aus
Vorigem herausgestellt und dazu erst einmal aus der Liege gestellt, zu
der es doch hergestellt wurde um dann verstellt umgestellt zu werden,
als das was zur Stelle, als Fund vorgefunden werden kann, insofern es
als vorgefundener Fund in seiner bewerkstelligenden Unbedachtheit im
Bedenkenlosen des Hervorbringens, in die berechnende Tätigkeit der
Technik hineingestellt wird.
[L'échafaudage est attribué comme une composante de la fabrication, il
est édifié à partir de ce qui était auparavant et pourtant fabriqué et
pour cela d'abord extrait de son gîte pour être déplacé, déformé, comme
ce qui mis à disposition peut être trouvé en tant que trouvaille dans
son utilité irréfléchie dans ce qui n'est pas pris en considération
pour être placé au sein de l'activité calculante de la technique.]
.
...ob das Ausstehende uns zusteht, ist im Abstand des Anstehenden als
das noch Vor-stehende zu verstehen ; es gilt zu ermitteln, ob der
Ausstand als ein Zustand der Zuständigeit am noch nicht ausgestandenen
Ausstehen des Seins ausgemacht werden kann oder ob die Befugnis dazu
überhaupt der Vorständigkeit, als das noch Ausstehende vorgegeben oder
sogar zugegeben werden kann. Es gilt in der Abständigkeit des Zustehens
des Ausstands zu fragen, ob jene Befugnis nicht der Unzulänglichkeit
anheim als unbeheimt zu geben ist. Denn jenes Ausstehende ist ja eben
nichts anders als der Ausstand an Seinkönnen.
[...savoir si nous sommes aptes à l'à-venir est à comprendre à distance
de la proximité comme ce qui est encore en attente, en avance ; il
s'agit de découvrir si ce qui est à venir peut être repéré comme un
état de compétence pour ce qui est de l'assumation non encore assumée
de l'Être ou bien si la dévolution pour cela peut être attribuée à ce
qui est en avance et être prétendue comme ce qui est à venir ou être
concédé comme tel. Il s'agit dans l'intervalle de dévolution de
l'à-venir de se demander si cette compétence n'est pas à attribuer à
l'insuffisance comme étant sans demeure. Car ce qui est ainsi à venir
n'est rien d'autre que la réserve en pouvoir-être.]
[...]
Martin Heidegger
p.c.c Georges-Arthur Goldschmidt
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 23/10/2008}
COLLOQUE
Le Monde du Symbolique
- en hommage à Claude Lévi-Strauss
Colloque international
organisé par le Centre de coopération franco-norvégienne en sciences
sociales et humaines et par l'Institut Ferdinand de Saussure
Paris, 21-22 novembre 2008
Maison de Norvège
(Cité Universitaire - 7 N boulevard Jourdan - 75014 Paris)
Argument. - Si l'on a jadis exalté un problématique structuralisme
(regroupant Barthes, Lacan, Althusser, Foucault et tant d'autres) pour
le condamner au début des années 1970, Saussure et Lévi-Strauss étant
les premières cibles de cette damnatio, le programme d'une étude
scientifique interdisciplinaire du monde symbolique n'a cessé
d'inspirer des recherches novatrices en linguistique, en anthropologie
et dans les autres sciences de la culture. Ce colloque entend ouvrir
des champs de réflexion et de débat sur ces trois thèmes :
(i) la légitimité d'une relecture présentiste du programme des "études
des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure) ;
(ii) l'actualité d'une philosophie des formes symboliques ;
(iii) la critique, d'un point de vue sémiotique, des paradigmes de la
communication et de la cognition, comme le développement corrélatif
d'un programme épistémologique de culturalisation.
Programme
Vendredi 21 novembre
9h30-10h10 : Clarisse Herrenschmidt, Laboratoire d'Anthropologie sociale
La légitimité d'une relecture présentiste du programme des
"études des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure)
10h10-10h50 : Françoise Douay, Université de Provence
Que pourrait être, dans le monde symbolique d'aujourd'hui,
une rhétorique saussurienne ?
11h10-11h50 : Bernard Ancori, Université Louis Pasteur, Strasbourg
Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
la Grèce ancienne, le Moyen-Âge occidental et nous
11h-50-12h30 : Astrid Guillaume, Université Paris IV Sorbonne
Le Monde du symbolique et le Moyen-Âge :
la pensée derrière le symbole
14h-14h40 : André Green, Paris
Symbolique psychanalytique et symbolique lévi-straussien
14h40-15h20 : Jean Giot, Université de Namur
L'arbitraire radical (titre sous réserve)
15h40-16h20 : Angèle Kremer-Marietti, Université Paris X
La philosophie comme science du symbolique
16h20-17h : Arild Utaker, Université de Bergen
Sur quelques obstacles philosophiques pour celui qui veut
penser le Symbolique
17h-17h40 : Jacques Geninasca, Université de Zurich
Penser le "langage symbolique" aujourd'hui
Vin d'honneur
Samedi 22 novembre
9h30-10h10 : Marcel Drach, Université Paris Dauphine
L'anti-humanisme de Claude Lévi-Strauss :
l'effacement du sujet dans la production du sens
10h10-10h50 : Arnfinn Bø-Rygg, Université d'Oslo
L'expérience du sérialisme chez Lévi-Strauss et Foucault
11h10-11h50 : David Ledent, Université de Caen-Basse Normandie
Les formes symboliques de la musique
11h50-12h30 : Michel Serfati, Université Paris VII
Formes symboliques sans signification
et constitution d'objets mathématiques
14h-14h40 : Michel Paty, Université Paris VII
La connaissance scientifique comme forme de pensée symbolique.
Quelques implications philosophiques et épistémologiques
14h40-15h20 : Simon Bouquet, Université Paris X
Le programme (néo)saussurien. Une ontologie négative
et une épistémologie pour penser le monde du symbolique.
15h40-16h20 : François Rastier, CNRS-Inalco, Paris
L'arbitraire de la sémiotique. Critique et illustration
Table ronde : 16h20-17h20
Anne Hénault, IUFM, Paris : Actualité du saussurisme (2008)
Loïc Depecker, Université Paris III : Projet d'une ethnoterminologie
Julien Longhi, Université de Clermont-Ferrand : Formes sémantiques,
formes symboliques et constitution des objets de la parole en discours
Ronan Le Roux, EHESS : Comment expliquer l'absence de modèles
cybernétiques chez Lévi-Strauss ?
N.B. : Ce colloque est organisé à l'occasion du centième anniversaire
de Claude Lévi-Strauss, Président d'honneur de l'Institut Ferdinand de
Saussure.
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{FR, 30/10/2008}
Université de Toulouse le Mirail
Journées d'étude du CPST
De l'interprétation des textes à partir de corpus numérisés
1. Le Jeudi 27 novembre 2008, Salle D 32 (Atelier informatique de la
Maison de la Recherche, rez-de-chaussée)
De 9h à 12h : Régis MISSIRE (CPST)
HYPERBASE 7.0 : Intoduction aux principales fonctions
documentaires et statistiques
De 14h à 17h :
HYPERBASE 7.0 : Applications pratiques (séance animée par Régis
MISSIRE). Il est vivement recommandé d'apporter des corpus pour la
mise en pratique.
NB. L'atelier d'informatique compte 15 postes mais on pourra travailler
à deux par poste.
2. Le Jeudi 18 décembre 2008, de 14h à 17h - Salle C 601 (Maison de la
Recherche), avec la participation du Master des Sciences du Langage.
- Sylvain LOISEAU (LIMSI)
Caractériser le contexte sémantique de différents types de textes :
analyse comparative et quantitative.
3. Le Jeudi 29 janvier 2009, de 14h à 17h - Salle C 601 (Maison de la
Recherche)
- François LAURENT (CERES)
Lemmatisation et codage sémique de romans à insertions lyriques
du XIIIème siècle.
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{FR, 23/10/2008, BP, 28/10/2008}
NOUVELLE REVUE
Information transmise par Ruth Amossy.
"Argumentation et Analyse du Discours" :
http://aad.revues.org/
La revue propose une publication intégrale, immédiate et gratuite sur
son site. Elle adhère à *Revues.org,* fédération de revues en sciences
humaines et sociales en ligne (http://www.revues.org)
Cette publication semestrielle, rédigée en langue française, émane du
groupe de recherche /Analyse du Discours, ARgumentation, Rhétorique/
(ADARR) de Tel-Aviv, coordonné par Ruth Amossy et Roselyne Koren.
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{Mayaffre, 30/08/2008, et Mellet, 09/09/2008}
APPEL À CONTRIBUTIONS
CORPUS, numéro 8, à paraître en novembre 2009
Thème :
"Corpus de textes, textes en corpus : concepts, méthodes et travaux"
Responsables :
Jean-Michel Adam (Jean-Michel.Adam@unil.ch)
Jean-Marie Viprey (jean-marie.viprey@univ-fcomte.fr)
Calendrier :
- réception des propositions d'article (déclaration d'intention, titre,
résumé d'une page maximum): avant le 1er décembre 2008
[...]
Texte de cadrage [extraits]:
Les grandes questions auxquelles nous voudrions que ce numéro réponde
sont :
- Quel est l'impact de la mise en corpus sur le statut et la perception
du texte antérieurement défini comme unité globale, comme tout cohérent
et auto-suffisant ?
- Dans quelle mesure le texte est-il amené à incorporer des éléments
jusqu'ici désignés comme plus ou moins "extérieurs" à lui (paratexte,
péritexte, épitexte, intertexte, hypertexte...), et comment les
chercheurs gèrent-ils ce qu'il est convenu d'appeler en conséquence
l'"ouvert" du texte ?
- Dans ce cadre, quelles solutions théoriques et pratiques se
présentent-elles pour gérer la variation textuelle, que ce soit dans la
perspective de l'établissement, de l'exploration/lecture, ou des
mesures statistiques ?
- Que faire de la "philologie numérique", peut-on et doit-on normaliser
les procédures d'établissement des ressources textuelles, pourquoi et
comment ?
- Quelle terminologie sont amenés à mettre en place les chercheurs
confrontés à la nécessité de définir leurs objets dans le cadre de
l'analyse textuelle sur corpus : texte, document, archive, énoncé,
discours, base, corpus, sous-corpus, section, unité, segment,
partition... ?
- Comment se construit une interprétation dans le cours d'une étude
menée sur corpus, et comment s'équilibre dans cette optique le rapport
entre texte et corpus ; peut-on formuler des principes généraux voire
théoriques de cette articulation ?
- Jusqu'où est-il vrai que le travail sur corpus informatisé assure une
suspension de l'activité interprétative et diverses autres
modifications "déontiques" des conditions de la critique en sciences
humaines ?
- Quel impact ces nouvelles orientations et ce foisonnement empiriques
sont-ils susceptibles d'avoir sur la mesure statistique et sur
l'intérêt qu'elle suscite ?
[...] Une question centrale nous guidera : qu'est-ce qui a changé, de
manière significative, dans notre pratique critique des textes au long
de cette montée en force du corpus conçu comme opposition d'un matériau
langagier ?
Texte complet de l'appel :
http://corpus.revues.org/document382.html
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{Gjesdal, 22/10/2008}
APPEL À CONTRIBUTIONS
Arena Romanistica 01/09 : "Etudes de genre"
La notion de genre se voit doter d'une importance croissante dans
plusieurs domaines romanistiques : en linguistique, en littérature et
en études cinématographiques. [...]
- comment est-elle conçue dans ces différentes disciplines et comment
ces différentes conceptions peuvent-elles enrichir et défier les unes
les autres ?
- comment délimiter la notion de genre ? doit-on le concevoir comme une
catégorie normative ou empirique ?
- la fonction de genre en tant que contexte pour l'étude de et pour la
production de textes : s'il est conçu comme un ensemble de conventions
textuelles, le genre peut être considéré comme un ensemble de normes
sociales. Les classifications et les hiérarchies de genre héritées
gouvernent la production et la classification de textes nouveaux.
- qu'est-ce que les études de genre peut-nous inciter à dire sur les
genres "impurs" et sur les transgressions de genre ?
Date limite de soumission d'articles : le 1er février 2009
Procédure de soumission accessible sur notre site web :
http://www.arenaromanistica.uib.no/french/soumissions.html
Le texte complet de l'appel est en ligne sur le site :
http://www.arenaromanistica.uib.no/
Contact : arenaromanistica@uib.no
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{Grossmann, 25/10/2008}
APPEL À CONTRIBUTIONS
Revue d'anthropologie des connaissances
Dossier Thématique, novembre 2009
Les discours scientifiques :
des marques linguistiques aux épistémologies
Numéro coordonné par Francis Grossmann
Lidilem, E.A. 609, Université Stendhal, Grenoble III
[Extrait de la présentation]
Les contributions retenues auront en commun de chercher à relier les
formes du discours scientifique et les enjeux de connaissance que ce
discours contribue à construire ; elles s'orienteront autour de quatre
problématiques principales :
- le marquage linguistique des enjeux épistémologiques dans le texte
scientifique [...] ;
- la construction sociale de l'auctorialité scientifique [...] ;
- le raisonnement dans les genres scientifiques [...] ;
- les aspects sémiotiques, sémiographiques, phraséologiques et lexicaux
[...].
Le calendrier prévu est le suivant :
- 15 novembre 2008 : envoi des résumés [...]
Texte complet de l'appel :
http://www.ird.fr/socanco/article124.html
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________________________________________________________________________
SdT volume 14, numero 3.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________________
Car comment est-il possible, dira quelqu'un, d'accorder
des peuples qui sont si séparés de volonté &
d'affection comme le Turc & le Persan, le Français &
l'Espagnol, le Chinois & le Tartare, le Chrétien & le
Juif ou Mahométan ? Je dis que telles inimitiés ne sont
que politiques & ne peuvent ôter la conjonction qui est
& doit être entre les hommes. La distance des lieux, la
séparation des domiciles n'amoindrit point la proximité
de sang. Elle ne peut non plus ôter la similitude du
naturel, vrai fondement d'amitié & société humaine.
Émeric Crucé, Le Nouveau Cynée
(éd. Alain Fenet et Astrid Guillaume,
Presses Universitaires de Rennes (PUR),
Rennes, 2004, p. 81-82.)
________________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 3 nouveaux abonnes, dont Sylvie Bernard et
Auxane Ericher.
2- Carnet
- Seminaires :
Semantique des Textes - Francois Rastier
Varietes et enjeux du plurilinguisme - Christos Clairis
- Appel pour une politique europeenne de la traduction
- Jacques Maucourt : in Memoriam
- Jean Bollack : colloque et site
3- Publications
- Nouveau Texto!
- These de Anje Muller Gjesdal : Etude semantique du pronom ON
dans une perspective textuelle et contextuelle
4- Textes
- Evaluation de la recherche et classement des revues
- Heidegger inedit - Georges-Arthur Goldschmidt
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque international "Le Monde du Symbolique -en hommage a
Claude Levi-Strauss", Paris, 21-22 novembre 2008.
- Journees d'etude du CPST "De l'interpretation des textes a
partir de corpus numerises", Toulouse, 1ere date 27 novembre.
- Nouvelle revue "Argumentation et Analyse du Discours".
- Appel a contributions : revue Corpus, n°8 : "Corpus de textes,
textes en corpus : concepts, methodes et travaux"
- Appel a contributions : revue Arena Romanistica, 01/09 :
"Etudes de genre"
- Appel a contributions : Revue d'anthropologie des
connaissances, novembre 2009 : "Les discours scientifiques :
des marques linguistiques aux epistemologies"
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[informations réservées aux abonnés]
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{FR, 23/10/2008}
SÉMINAIRE SÉMANTIQUE DES TEXTES
François Rastier, directeur de recherche, CNRS
CORPUS ET INTERTEXTE
Les jeudis de 17 h 30 à 19 h 30 (EHESS, salle 2, 105, bd Raspail,
75006, Paris), du 6 novembre 2008 au 18 décembre 2008. La séance du
20 novembre se déroulera en salle 524 (EHESS, 54 bd Raspail), et celle
du 18 décembre en salle 8 (105, bd Raspail).
Métro Saint Placide.
Dans le cadre du CRIA-EHESS et de l'ERTIM-INALCO
Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
linguistique de corpus intéresse l'ensemble des sciences de la culture.
Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
avec les représentations ontologiques et référentielles, une
reconception praxéologique de l'activité textuelle ; (iii) une
typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
qu'entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
l'expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
et herméneutique matérielle.
On proposera ainsi un remembrement de la tripartition de fait entre
discours, texte, et document. Il s'agit en effet, à l'inverse du
programme du Web sémantique, de revenir des "données" aux documents,
de décrire et d'exploiter, pour la recherche d'informations notamment,
leur irremplaçable complexité. Ce sont là, semble-t-il, des conditions
pour que la linguistique textuelle puisse combler ses lacunes
théoriques, répondre aux besoins sociaux et s'approprier pleinement la
problématique historique et comparative que partagent les sciences de
la culture.
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{FR, 25/10/2008}
SÉMINAIRE
Séminaire doctoral du professeur Christos Clairis
Variétés et enjeux du plurilinguisme
L'université Paris Descartes et l'Observatoire européen du
plurilinguisme organisent durant l'année universitaire 2008-2009 un
séminaire de recherche consacré au plurilinguisme.
Au cours de ce séminaire interviendront aussi bien des chercheurs que
des responsables d'entreprise, des fonctionnaires internationaux, des
spécialistes de traduction, des artistes et des spécialistes du monde
des arts.
Les séances de travail auront lieu dans le cadre du séminaire doctoral
du professeur Christos CLAIRIS (linguistique générale)
Ecole doctorale 180 - Sciences humaines et sociales : cultures,
individus, sociétés
Lieu : Sorbonne, Université Paris Descartes,
Salle des thèses E637, galerie Claude Bernard, 1er étage, escalier J
Entrée par le 19 rue de la Sorbonne - 75005 Paris
Horaires : le mercredi, de 17 à 19 heures
* Calendrier et programme provisoires :
(des informations détaillées seront données prochainement)
Les thèmes proposés illustrent différents aspects du plurilinguisme :
il s'agit pour chaque domaine abordé de cerner les enjeux et l'impact
du plurilinguisme, de définir les champs de recherche possibles.
19 novembre : L'Observatoire européen du Plurilinguisme : naissance,
fonctionnement, perspectives
10 décembre : Plurilinguisme et Recherche : Linguistique et Histoire
28 janvier 2009 : Le Plurilinguisme à la Commission européenne
11 février 2009 : Plurilinguisme en Entreprise
11 mars 2009 : Plurilinguisme et création théâtrale
25 mars 2009 : Plurilinguisme et diversités culturelles
8 avril 2009 : Plurilinguisme et Droit
30 avril 2009 : Plurilinguisme et Traduction
* Modalités d'inscription
Le séminaire est ouvert aux doctorants de l'université Paris Descartes
et des places en nombre limité sont offertes aux personnes extérieures.
S'agissant d'un séminaire de recherche et non d'une série de
conférences, les personnes intéressées sont invitées à s'inscrire à
l'ensemble des séances. Une attestation de participation au séminaire
pourra être délivrée sur demande.
L'inscription est gratuite et obligatoire pour les participants
extérieurs à l'université Paris Descartes : adresser le bulletin de
demande d'inscription avant le 10 novembre 2008. Un laissez-passer sera
délivré aux personnes inscrites pour leur faciliter l'accès aux locaux
de la Sorbonne.
contact : seminaire@observatoireplurilinguisme.eu
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{FR, 23/10/2008}
TRADUCTION ET EUROPE
"Plus d'une langue"
Appel pour une politique européenne de la traduction
-mis en ligne le 30 septembre 2008
Texte d'une pétition pour la mise en oeuvre d'une véritable politique
européenne de la traduction, qui reposerait sur deux principes :
- mobiliser tous les acteurs et secteurs de la vie culturelle
(enseignement, recherche, interprétariat, édition, arts, médias) ;
- structurer tant les dynamiques internes de l'Union que ses politiques
extérieures, en garantissant concrètement l'accueil des autres langues
en Europe et l'intelligence des langues d'Europe ailleurs dans le
monde.
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article1911
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{FR, 23/10/2008}
JACQUES MAUCOURT
Jacques Maucourt est décédé le 28 septembre 2008. Je voudrais évoquer
brièvement l'apport si important dont il a fait bénéficier l'Institut
National de la Langue française.
Présent aux premières heures, dès 1962, place Carnot, Jacques Maucourt
a pris une grande part dans la mise en place informatique du TLF. En
lien avec un ingénieur de la Compagnie Bull (M. Lemaire), c'est lui qui
a assuré l'essentiel des programmes initiaux. Tout était nouveau pour
nous à l'époque : Jacques Maucourt s'est engagé dans l'aventure avec
autant d'application que d'enthousiasme. Dans les années soixante a été
réuni l'essentiel de la masse documentaire de Frantext : tous les
textes saisis à l'époque (sur des rubans perforés transformés ensuite
en bandes magnétiques), traités sur l'héroïque "Gamma 60" (plus de
70 millions d'occurrences en 1969), toute la documentation alors
rassemblée restent aujourd'hui utilisables : c'est dire le sérieux du
travail qui a été accompli. La technique n'en était pas encore aux
écrans : les résultats étaient stockés sur papier (les
"Concordances") ; c'est Jacques Maucourt qui a mis en place le système.
Pour rendre utilisable cette documentation gigantesque, il a fallu dès
les débuts imaginer des instruments novateurs. Jacques Maucourt a été
l'artisan, du côté de l'informatique, d'un "Dictionnaire des formes
fléchies" et des programmes de conjugaison qui le sous-tendent. C'est
lui qui a construit le "Dictionnaire des homographes". C'est lui, avec
Roland Vienney, qui a assuré les programmes des "Groupes binaires", un
système fondé sur des traitements statistiques (la loi de Poisson) :
les Rédacteurs ont disposé ainsi d'une documentation non seulement
lemmatisée, mais sélective et linguistiquement pertinente. Tout cela a
conduit, dès l'année du premier tome (1971), à un "Dictionnaire des
fréquences" qui a été jusqu'au bout la source des données chiffrées du
TLF.
C'était là, en dépit des tâtonnements, faire oeuvre de pionnier. Mais
il a fallu aussi, dans l'ombre, assurer les adaptations techniques
(parfois du tout au tout) à chaque changement d'ordinateur, travail
ingrat, mais indispensable : c'est Jacques Maucourt qui s'en est en
grande partie occupé, sans jamais rechigner. Par ailleurs, il a ménagé
son temps pour aboutir à l'essentiel : l' "Analyseur morphologique" qui
accompagne Frantext. Frantext y a gagné une dimension de grande
importance, puisqu'une partie des textes est désormais strictement
lemmatisée et que le reste, à tout moment, est automatiquement
lemmatisable. Cet analyseur est devenu, dans le domaine, l'instrument
le plus performant dont on dispose pour le français. C'est là
assurément la plus belle réussite de Jacques Maucourt, réalisée dans
une collaboration constante avec Marc Papin.
Jacques Maucourt a toujours su garder le cap, même dans la tourmente.
Nous conservons de lui le souvenir d'un homme souriant, discret,
exemplaire par le dévouement et la constance ; il laisse une oeuvre qui
mérite notre plus chaleureuse et amicale reconnaissance.
Robert Martin
1. 10. 2008
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{FR, 23/10/2008}
HOMMAGE A JEAN BOLLACK
De la philologie : théorie et pratique.
Colloque en hommage à Jean Bollack
Responsable : Philippe Rousseau
Université de Lille 3, 23-25 octobre 2008
Maison de la Recherche, salle des colloques
Colloque organisé par l'UMR STL avec le concours de la MESHS du
Nord - Pas-de-Calais, du CRIA, du CNRS et de l'Observatoire des
Etudes classiques en Europe
Exposé de la thématique
Jean Bollack, professeur émérite à l'Université Charles de Gaulle -
Lille 3 où il enseigna le grec de 1958 à 1992, aura 85 ans en 2008.
L'UMR "Savoirs, Textes, Langage" dont il est indirectement l'un des
fondateurs et ses élèves ont décidé à cette occasion de rendre hommage
à ses travaux d'helléniste en organisant en son honneur, dans son
université, un colloque consacré à une discipline, un moment de
l'histoire intellectuelle et des objets qui ont occupé jusqu'à ce jour
une place privilégiée dans son activité de chercheur. Il est trop connu
pour qu'il soit nécessaire de le présenter longuement. Né à Strasbourg
en 1923 dans une famille juive alsacienne, il a fait ses études
secondaires et une partie de ses études supérieures à Bâle, avant et
pendant la deuxième guerre mondiale, avant de venir à Paris dès la
Libération. A Bâle, il avait été en particulier l'élève de Peter Von
der Mühll qui lui donna les bases de sa formation à la philologie
classique, dans la grande tradition de la science allemande. Il y était
aussi entré en contact avec des poètes et des artistes installés dans
la ville. L'influence d'Albert Béguin, qui y enseignait à cette époque
et dont on sait les relations étroites qu'il entretenait avec les
écrivains de la résistance contribua à affermir son intérêt pour la
littérature contemporaine et la part de réflexion critique qui lui est
inhérente. A Paris, où il fut entre autres l'élève de F. Chapouthier et
de P. Chantraine il acheva sa licence de lettres classiques, obtint une
licence d'allemand et suivit parallèlement d'autres enseignements, ceux
notamment d'Alexandre Koyré et Etienne Gilson. Son intérêt se porte
alors sur la comparaison des systèmes cosmologiques des présocratiques
et des philosophies ultérieures et il entreprend, sous la direction de
P. Chantraine, une thèse d'Etat qui aboutira à la publication des
Origines d'Empédocle (1965-1969). Enseignant au collège de Barr en
Alsace au début des années 50, il renoue avec le séminaire de Bâle et
les cours de P. Von der Mühll. Il est détaché au CNRS l'année où il v
ient d'être reçu à l'agrégation de grammaire, et est professeur invité
pendant plusieurs semestres à la Freie Universität de Berlin. A partir
de 1958 il est assistant, puis chargé d'enseignement à la Faculté des
lettres de l'université de Lille, avant d'y être élu professeur en
1965. Il enseigne à Lille jusqu'à son départ à la retraite en 1992. Il
est "fellow" de l'Institute for advanced studies de Princeton en
1970-1971 et membre du Wissenschaftskolleg de Berlin en 1982-1983. Il
crée en 1972, dans ce qui est devenu entre temps l'Université de
Lille 3, le Centre de recherche philologique, rapidement associé au
CNRS, qu'il dirige jusqu'en 1985, foyer de ce que l'on appellera vite
"l'école de Lille". Cette unité est l'une des équipes dont la fusion a
donné naissance en 2006 à l'UMR STL (Savoirs, Textes, Langage). Son
oeuvre dans le domaine des études grecques est considérable : les
Présocratiques (Empédocle, Héraclite, Parménide, les Atomistes), les
trois grands tragiques, Epicure, l'épopée archaïque (Homère et
Hésiode), les lyriques, Platon et Aristote, etc., travaux qu'il mène
seul ou en collaboration avec plusieurs de ses élèves (Heinz Wismann,
André Laks, Pierre Judet de La Combe, Philippe Rousseau). S'ajoute à
ces monographies, éditions commentées, etc. une série de traductions
des tragiques, en collaboration avec Mayotte Bollack. Il serait faux de
penser que les travaux majeurs consacrés à Paul Celan se situent "à
côté" de ses recherches d'helléniste, comme une sorte de diversion ou
de "hobby". Les deux ensembles trouvent leur origine dans des exigences
herméneutiques "et" philologiques communes et ils se sont nourris l'un
l'autre. Il en va de même de la part de ses ouvrages qui abordent des
problèmes que l'on dirait de théorie, d'épistémologie ou de méthode.
C'est néanmoins à l'helléniste, praticien et théoricien d'une approche
critique nouvelle des oeuvres de l'Antiquité, que ce colloque entend
rendre hommage.
Jean Bollack s'est expliqué à plusieurs reprises sur la discipline
qu'il pratique et la manière dont s'est formée la conception qui est la
sienne du métier de philologue et de ses présupposés. Cette
auto-réflexion sur son travail, la réflexion critique qu'il menait sur
les traditions savantes et la situation présente de la discipline,
les études que d'autres chercheurs ont consacrées à sa démarche
scientifique et les discussions vives auxquelles celle-ci a donné lieu
font que ses positions méthodiques et théoriques sont assez connues
pour qu'il ne soit pas nécessaire de les rappeler longuement ici.
Ces positions ne se définissent pas par rapport à une philosophie
constituée dont elles offriraient une application, qu'il s'agisse de
Gadamer ou de la Théorie critique. Ses remarques, dans leur forme comme
dans leur contenu, offrent, pour reprendre l'expression de l'un de ses
lecteurs, moins une théorie herméneutique qu'un "art critique", une
heuristique de la lecture. Elles ne se constituent pas en un traité
systématique. Leur cohérence tient à l'enjeu de la démarche dont elles
visent à rendre compte, la meilleure compréhension des textes ou des
oeuvres. Cette herméneutique philologique tire sa portée critique de la
problématisation méthodique des attentes du sens, affirmant, dans sa
contestation des diverses formes d'assimilation des oeuvres poétiques
ou philosophiques grecques, le lien essentiel entre la reconnaissance
de la particularité des textes et l'exigence d'une rationalité de
l'interprétation. Dans la discussion les présupposés de lecture peuvent
et doivent être énoncés, confrontés et argumentés. L'herméneutique de
Jean Bollack peut être qualifiée de "critique" dans la mesure où elle
est une herméneutique philologique attentive à la force et à la
précision de la lettre. Mais le mouvement d'auto-réflexion qui l'anime
la défend contre la tentation positiviste courante dans la pratique
des philologues de croire que le sens peut se livrer hors de sa
problématisation. Elle oppose la particularité incontournable de la
lettre et la singularité de l'oeuvre à la tentation des interprétations
généralisantes ; et au positivisme des philologues l'impossibilité de
connaître, voire de décrire, leur objet sans réfléchir sur les
présupposés de sa constitution. Ce lien étroit entre l'exigence
philologique et l'auto-réflexion herméneutique explique l'esprit du
colloque d'octobre 2008 et le souci de combiner dans le cadre de six
sessions d'une demi-journée chacune réflexion critique sur les
démarches scientifique de Jean Bollack d'une part, et discussion
collective approfondie de problèmes philologiques particuliers de
l'autre. Les cinq premières séances seront organisées autour de la
présentation et de la discussion préparée d'un nombre restreint
d'exposés diffusés à l'avance à tous les membres de ce "séminaire" de
trois jours. Conçu comme un hommage à l'helléniste qu'est Jean Bollack,
ce colloque borne délibérément ses intérêts au champ de la philologie
grecque et écarte donc de ses objets l'exégèse des poèmes de Paul Celan
aussi bien que les recherches qui ont entouré l'édition des oeuvres de
Peter Szondi ou les travaux consacrés à l'histoire critique de la
discipline. Dans le domaine grec même il retient d'abord trois grands
objets parmi ceux qui ont attiré l'attention du philologue auquel il
est dédié, appartenant tous trois à la même grande période de
l'archaïsme finissant et de la haute époque classique : les
présocratiques, Pindare et la tragédie attique. Une quatrième session
sera consacrée à un thème transversal relevant de la poétique, celui de
la virtuosité de l'art. Les communications ne porteront pas sur la
discussion des interprétations proposées par Jean Bollack, même si l'on
attend qu'elles n'ignorent pas ce que celui-ci peut avoir écrit sur le
texte ou le problème examiné, mais elles seront conçues de telle sorte
qu'il soit possible d'en évaluer les démonstrations et d'en discuter
les présupposés en les rapportant à l'instance critique qu'est la
lettre du texte. Elles permettront, dans leur diversité, de confronter
et de mettre à l'épreuve d'analyses concrètes les différentes approches
qui ont cours actuellement (herméneutiques, anthropologiques,
déconstructionnistes, etc.). Un premier "répondant", désigné à l'avance
après réception des textes, introduira la discussion, à laquelle sera
réservé au moins un tiers du temps disponible pour chaque session. Deux
séances, dont une table ronde, seront consacrées à la discussion de la
situation de l'oeuvre de Jean Bollack dans l'histoire et le champ
actuel de la discipline ("Bollack parmi les philologues"), ainsi qu'à
l'évaluation critique des présupposés épistémologiques et de la
fécondité heuristique de son "art" et de sa pratique. Les intervenants
ont été choisis pour leur qualité scientifique. On a pris garde de
faire appel à des chercheurs appartenant à des générations, des pays et
des horizons épistémologiques différents.
_____________________
{FR, 21/02/2008}
Signalons à cette occasion un site consacré à Jean Bollack :
http://www.jeanbollack.net/index.htm
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 23/10/2008}
NOUVEAU TEXTO!
Après certains retards maintenant résorbés, la nouvelle version de la
revue Texto! a publié deux numéros que nous vous invitons à découvrir.
http://www.revue-texto.net
Toute critique ou suggestion est bienvenue !
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{FR, 23/10/2008 et Gjesdal, 29/10/2008}
THÈSE
Anje Müller Gjesdal
Étude sémantique du pronom ON
dans une perspective textuelle et contextuelle
Résumé :
Cette thèse propose une méthodologie pour l'analyse des éléments
grammaticaux polysémiques, notamment le pronom ON, à partir d'une
réflexion sur le cadre théorique de la Sémantique de Textes. À travers
des analyses de deux genres déterminés -l'article scientifique et la
poésie- la thèse montre l'interaction et l'influence réciproque de ON
et le contexte, aussi bien au niveau de la phrase qu'au celui du texte.
La première partie de la thèse traite de la sémantique de ON et de sa
classification grammaticale. Elle montre les limitations des
descriptions grammaticales basées sur des critères peu précis, et la
confusion entre emplois indéfinis et emplois pour des personnes
déterminées qui s'exprime par l'oxymoron "pronom personnel indéfini".
Par conséquent, la thèse se propose d'affiner la description sémantique
de ON, notamment par une élaboration de la notion de contexte et son
influence sur l'interprétation de ce pronom. La variation dans les
emplois de ON ne peut pas se réduire à un seul noyau de sens (core
meaning) et on propose un modèle sémique approprié à l'analyse de ON
selon l'hypothèse que les différents emplois correspondent à la
réalisation ou l'annulation des différents sèmes en contexte.
La seconde partie de la thèse présente deux études de l'emploi de ON
dans des genres déterminés ; l'article scientifique et la poésie. La
première étude examine l'emploi de ON dans un corpus d'articles
scientifiques (le corpus KIAP, voir www.kiap.uib.no) et montre
l'influence de paramètres contextuels aussi bien au niveau micro
(verbes, temps verbaux, adverbes) qu'au niveau macro (disposition
linéaire du texte). La seconde étude analyse l'emploi de ON à partir de
la notion de zones anthropiques (Rastier 1996) et les relations entre
dimensions sémantiques et expériences humaines. Dans cette perspective,
ON fonctionne comme un médiateur entre les différentes zones, notamment
entre le sujet et le monde qui l'entoure.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 23/10/2008}
EVALUER LA RECHERCHE : QUESTIONS EN DÉBAT
L'appel lancé le 2 octobre 2008 et intitulé "Pour le retrait complet et
définitif de la 'liste des revues' de l'AERES"
http://appelrevues.org/
a recueilli en vingt jours plus de 2500 signatures (mais certaines
représentent des collectifs, comme des revues ou même Sauvons
l'université). Par ailleurs, un site d'information et de discussion sur
l'évaluation et la bibliométrie a été ouvert à l'adresse suivante :
http://evaluation.hypotheses.org
Alors que l'exemple "anglo-saxon" est souvent invoqué, nous
reproduisons cette analyse émanant de directeurs de revues.
Journals under Threat: A Joint Response from
History of Science, Technology and Medicine Editors
We live in an age of metrics. All around us, things are being
standardized, quantified, measured. Scholars concerned with the work of
science and technology must regard this as a fascinating and crucial
practical, cultural and intellectual phenomenon. Analysis of the roots
and meaning of metrics and metrology has been a preoccupation of much
of the best work in our field for the past quarter century at least. As
practitioners of the interconnected disciplines that make up the field
of science studies we understand how significant, contingent and
uncertain can be the process of rendering nature and society in grades,
classes and numbers.
We now confront a situation in which our own research work is being
subjected to putatively precise accountancy by arbitrary and
unaccountable agencies. Some may already be aware of the proposed
European Reference Index for the Humanities (ERIH), an initiative
originating with the European Science Foundation. The ERIH is an
attempt to grade journals in the humanities -including "history and
philosophy of science". The initiative proposes a league table of
academic journals, with premier, second and third divisions.
According to the European Science Foundation, ERIH "aims initially to
identify, and gain more visibility for, top-quality European Humanities
research published in academic journals in, potentially, all European
languages". It is hoped "that ERIH will form the backbone of a
fully-fledged research information system for the Humanities". What is
meant, however, is that ERIH will provide funding bodies and other
agencies in Europe and elsewhere with an allegedly exact measure of
research quality. In short, if research is published in a premier
league journal it will be recognized as first rate ; if it appears
somewhere in the lower divisions, it will be rated (and not funded)
accordingly. This initiative is entirely defective in conception and
execution. Consider the major issues of accountability and
transparency. The process of producing the graded list of journals in
science studies was overseen by a committee of four -the membership is
currently listed at
http://www.esf.org/research-areas/humanities/
research-infrastructures-including-erih/
erih-governance-and-panels/erih-expert-panels.html
This committee cannot be considered representative. It was not selected
in consultation with any of the various disciplinary organizations that
currently represent our field such as the European Association for the
History of Medicine and Health, the Society for the Social History of
Medicine, the British Society for the History of Science, the History
of Science Society, the Philosophy of Science Association, the Society
for the History of Technology or the Society for Social Studies of
Science. Journal editors were only belatedly informed of the process
and its relevant criteria or asked to provide any informationregarding
their publications. No indication was given of the means through which
the list was compiled ; nor how it might be maintained in the future.
The ERIH depends on a fundamental misunderstanding of conduct and
publication of research in our field, and in the humanities in general.
Journals' quality cannot be separated from their contents and their
review processes. Great research may be published anywhere and in any
language. Truly ground-breaking work may be more likely to appear from
marginal, dissident or unexpected sources, rather than from a
well-established and entrenched mainstream journal. Our journals are
various, heterogeneous and distinct. Some are aimed at a broad, general
and international readership, others are more specialized in their
content and implied audience. Their scope and readership say nothing
about the quality of their intellectual content. The ERIH, on the other
hand, confuses internationality with quality in a way that is
particularly prejudicial to specialist and non-English language
journals.
In a recent report, the British Academy, with judicious understatement,
concludes that "the European Reference Index for the Humanities as
presently conceived does not represent a reliable way in which metrics
of peer-reviewed publications can be constructed" (Peer Review : the
Challenges for the Humanities and Social Sciences, September 2007 :
http://www.britac.ac.uk/reports/peer-review ).
Such exercises as ERIH can become self-fulfilling prophecies. If such
measures as ERIH are adopted as metrics by funding and other agencies,
then many in our field will conclude that they have little choice other
than to limit their publications to journals in the premier division.
We will sustain fewer journals, much less diversity and impoverish our
discipline. Along with many others in our field, this Journal has
concluded that we want no part of this dangerous and misguided
exercise. This joint Editorial is being published in journals across
the fields of history of science and science studies as an expression
of our collective dissent and our refusal to allow our field to be
managed and appraised in this fashion. We have asked the compilers of
the ERIH to remove our journals' titles from their lists.
Hanne Andersen (Centaurus)
Roger Ariew & Moti Feingold (Perspectives on Science)
A. K. Bag (Indian Journal of History of Science)
June Barrow-Green & Benno van Dalen (Historia mathematica)
Keith Benson (History and Philosophy of the Life Sciences)
Marco Beretta (Nuncius)
Michel Blay (Revue d'Histoire des Sciences)
Cornelius Borck (Berichte zur Wissenschaftsgeschichte)
Geof Bowker and Susan Leigh Star (Science, Technology and Human Values)
Massimo Bucciantini & Michele Camerota (Galilaeana : Journal of
Galilean Studies)
Jed Buchwald and Jeremy Gray (Archive for History of Exacft Sciences)
Vincenzo Cappelletti & Guido Cimino (Physis)
Roger Cline (International Journal for the History of Engineering &
Technology)
Stephen Clucas & Stephen Gaukroger (Intellectual History Review)
Hal Cook & Anne Hardy (Medical History)
Leo Corry, Alexandre Métraux & Jürgen Renn (Science in Context)
D. Diecks & J. Uffink (Studies in History and Philosophy of Modern
Physics)
Brian Dolan & Bill Luckin (Social History of Medicine)
Hilmar Duerbeck & Wayne Orchiston (Journal of Astronomical History &
Heritage)
Moritz Epple, Mikael Hård, Hans-Jörg Rheinberger & Volker Roelcke
(NTM : Zeitschrift für Geschichte der Wissenschaften, Technik und
Medizin)
Steven French (Metascience)
Willem Hackmann (Bulletin of the Scientific Instrument Society)
Bosse Holmqvist (Lychnos)
Paul Farber (Journal of the History of Biology)
Mary Fissell & Randall Packard (Bulletin of the History of Medicine)
Robert Fox (Notes & Records of the Royal Society)
Jim Good (History of the Human Sciences)
Michael Hoskin (Journal for the History of Astronomy)
Ian Inkster (History of Technology)
Marina Frasca Spada (Studies in History and Philosophy of Science)
Nick Jardine (Studies in History and Philosophy of Biological and
Biomedical Sciences)
Trevor Levere (Annals of Science)
Bernard Lightman (Isis)
Christoph Lüthy (Early Science and Medicine)
Michael Lynch (Social Studies of Science)
Stephen McCluskey & Clive Ruggles (Archaeostronomy : the Journal of
Astronomy in Culture)
Peter Morris (Ambix)
E. Charles Nelson (Archives of Natural History)
Ian Nicholson (Journal of the History of the Behavioural Sciences)
Iwan Rhys Morus (History of Science)
John Rigden & Roger H Stuewer (Physics in Perspective)
Simon Schaffer (British Journal for the History of Science)
Paul Unschuld (Sudhoffs Archiv)
Peter Weingart (Minerva)
Stefan Zamecki (Kwartalnik Historii Nauki i Techniki)
--
H-SCI-MED-TECH
The H-Net list for the History of Science, Medicine and Technology
Email address for postings : h-sci-med-tech@h-net.msu.edu
Homepage : http://www.h-net.org/~smt/
_____________________
NOTE SUR L'EVALUATION DE LA RECHERCHE ET LE CLASSEMENT DES REVUES
(EXTRAIT)
Le travail des "publiants" (sic) mérite l'attention, or le classement
par le support dispense d'évaluer les contenus, l'institution déléguant
ce travail aux anonymes gate-keepers qui n'ont de compte à rendre à
personne.
La restriction de fait aux revues reste un choix discutable : en SHS
les livres font l'objet d'environ 40% des citations. Pourquoi ne
sont-ils pas pris en compte ?
Le classement, qui relève de ce qu'un responsable des SHS-CNRS appelait
dans un éditorial la "sélection naturelle", a une efficacité toute
néo-darwinienne, puisqu'il tend à priver de leurs auteurs les revues
mal classées ou a fortiori pas classées du tout -qu'elles aient été
négligées, ou qu'elles commencent.
L'évaluation des revues se fait à la va-vite, sans leur demander des
éléments et sans que les évaluateurs disposent même de dossiers. En
linguistique, six personnes choisies on ne sait comment ont classé
plusieurs centaines de revues en un après-midi. La même revue a reçu
deux classements différents, le premier sous le titre Information
grammaticale, le second sous le titre L'information grammaticale.
Un bon article dans une "mauvaise" revue sera moins bien évalué qu'un
article anodin ou mauvais dans une "bonne".
Le privilège exorbitant donné (en sciences humaines du moins) aux
revues anglophones (d'emblée considérées comme "internationales" alors
qu'il existe maintes revues francophones qui le sont tout autant) met
en position d'infériorité linguistique les "publiants" francophones.
Les revues internationales non anglophones, même voisines (allemandes
par exemple) sont souvent oubliées de nos décideurs.
Les revues les plus prisées des décideurs sont concentrées dans les
mains de quelques éditeurs anglais ou néerlandais, qui revendent les
articles à des prix de plus en plus exorbitants. Ce qui crée des
difficultés économiques dans les labos voire des tensions entre
chercheurs. Nous n'avons aucune raison de renforcer cette forme de
privatisation.
Le classement a priori des supports a un effet de contrainte : des
secteurs entiers de la recherche sont discrédités parce qu'ils n'ont
aucune revue classée en A. D'autres secteurs, plus proches de la Big
Science, sont portés aux nues du classement.
Le classement des revues est une évaluation a priori des articles. La
scientométrie, malgré ses défauts bien connus (les indices de citation
sont biaisés par les effets de lobbying ; en outre les articles les
plus cités sont parfois les plus critiqués), a du moins le mérite de
relever des citations effectives d'un article, quel que soit son
support. Or, on trouve dans les "bonnes" revues des articles qui ne
sont jamais cités, même par leur auteur.
Au principe tout managérial de l'évaluation par des indices biaisés,
les enseignants et chercheurs sont en droit de demander que leurs
travaux soient évalués par des commissions qui prennent le temps de les
lire.
Si les revues sont importantes, quelle est la politique de soutien aux
revues ? La plupart des revues qui en recevaient ont vu leurs
subventions érodées ou supprimées.
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A signaler par ailleurs la pétition "Les sciences sociales ne sont pas
solubles dans les sciences cognitives" :
http://www.hermeneute.com/INSHS
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{FR, 23/10/2008}
HEIDEGGER INÉDIT
fragments établis et traduits par Georges-Arthur Goldschmidt
Fragments de textes retrouvés dans les archives de Ludwig Landgrebe qui
fut le dernier assistant de Husserl. Ces trois textes proviennent soit
d'Eugen Fink, soit de Heidegger lui-même, auquel Landgrebe était assez
lié. (Il avait été pressenti pour lui succéder à Fribourg.) Il peut
s'agir des fragments recopiés, les caractères typographiques employés
proviennent en tout cas d'une autre machine à écrire que celle de
Landgrebe. Il pourrait être intéressant d'établir la provenance de ces
textes probablement de Heidegger. Il en est tenté ici un essai de
traduction partielle. [NDLR : Bien qu'en étant l'auteur à demi avoué,
Georges-Arthur Goldschmidt n'est pas parvenu à traduire les deux
derniers extraits.]
_____________________
Das Gestell wird zugestellt, als Zubehör des Herstellens wird es aus
Vorigem herausgestellt und dazu erst einmal aus der Liege gestellt, zu
der es doch hergestellt wurde um dann verstellt umgestellt zu werden,
als das was zur Stelle, als Fund vorgefunden werden kann, insofern es
als vorgefundener Fund in seiner bewerkstelligenden Unbedachtheit im
Bedenkenlosen des Hervorbringens, in die berechnende Tätigkeit der
Technik hineingestellt wird.
[L'échafaudage est attribué comme une composante de la fabrication, il
est édifié à partir de ce qui était auparavant et pourtant fabriqué et
pour cela d'abord extrait de son gîte pour être déplacé, déformé, comme
ce qui mis à disposition peut être trouvé en tant que trouvaille dans
son utilité irréfléchie dans ce qui n'est pas pris en considération
pour être placé au sein de l'activité calculante de la technique.]
.
...ob das Ausstehende uns zusteht, ist im Abstand des Anstehenden als
das noch Vor-stehende zu verstehen ; es gilt zu ermitteln, ob der
Ausstand als ein Zustand der Zuständigeit am noch nicht ausgestandenen
Ausstehen des Seins ausgemacht werden kann oder ob die Befugnis dazu
überhaupt der Vorständigkeit, als das noch Ausstehende vorgegeben oder
sogar zugegeben werden kann. Es gilt in der Abständigkeit des Zustehens
des Ausstands zu fragen, ob jene Befugnis nicht der Unzulänglichkeit
anheim als unbeheimt zu geben ist. Denn jenes Ausstehende ist ja eben
nichts anders als der Ausstand an Seinkönnen.
[...savoir si nous sommes aptes à l'à-venir est à comprendre à distance
de la proximité comme ce qui est encore en attente, en avance ; il
s'agit de découvrir si ce qui est à venir peut être repéré comme un
état de compétence pour ce qui est de l'assumation non encore assumée
de l'Être ou bien si la dévolution pour cela peut être attribuée à ce
qui est en avance et être prétendue comme ce qui est à venir ou être
concédé comme tel. Il s'agit dans l'intervalle de dévolution de
l'à-venir de se demander si cette compétence n'est pas à attribuer à
l'insuffisance comme étant sans demeure. Car ce qui est ainsi à venir
n'est rien d'autre que la réserve en pouvoir-être.]
[...]
Martin Heidegger
p.c.c Georges-Arthur Goldschmidt
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 23/10/2008}
COLLOQUE
Le Monde du Symbolique
- en hommage à Claude Lévi-Strauss
Colloque international
organisé par le Centre de coopération franco-norvégienne en sciences
sociales et humaines et par l'Institut Ferdinand de Saussure
Paris, 21-22 novembre 2008
Maison de Norvège
(Cité Universitaire - 7 N boulevard Jourdan - 75014 Paris)
Argument. - Si l'on a jadis exalté un problématique structuralisme
(regroupant Barthes, Lacan, Althusser, Foucault et tant d'autres) pour
le condamner au début des années 1970, Saussure et Lévi-Strauss étant
les premières cibles de cette damnatio, le programme d'une étude
scientifique interdisciplinaire du monde symbolique n'a cessé
d'inspirer des recherches novatrices en linguistique, en anthropologie
et dans les autres sciences de la culture. Ce colloque entend ouvrir
des champs de réflexion et de débat sur ces trois thèmes :
(i) la légitimité d'une relecture présentiste du programme des "études
des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure) ;
(ii) l'actualité d'une philosophie des formes symboliques ;
(iii) la critique, d'un point de vue sémiotique, des paradigmes de la
communication et de la cognition, comme le développement corrélatif
d'un programme épistémologique de culturalisation.
Programme
Vendredi 21 novembre
9h30-10h10 : Clarisse Herrenschmidt, Laboratoire d'Anthropologie sociale
La légitimité d'une relecture présentiste du programme des
"études des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure)
10h10-10h50 : Françoise Douay, Université de Provence
Que pourrait être, dans le monde symbolique d'aujourd'hui,
une rhétorique saussurienne ?
11h10-11h50 : Bernard Ancori, Université Louis Pasteur, Strasbourg
Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
la Grèce ancienne, le Moyen-Âge occidental et nous
11h-50-12h30 : Astrid Guillaume, Université Paris IV Sorbonne
Le Monde du symbolique et le Moyen-Âge :
la pensée derrière le symbole
14h-14h40 : André Green, Paris
Symbolique psychanalytique et symbolique lévi-straussien
14h40-15h20 : Jean Giot, Université de Namur
L'arbitraire radical (titre sous réserve)
15h40-16h20 : Angèle Kremer-Marietti, Université Paris X
La philosophie comme science du symbolique
16h20-17h : Arild Utaker, Université de Bergen
Sur quelques obstacles philosophiques pour celui qui veut
penser le Symbolique
17h-17h40 : Jacques Geninasca, Université de Zurich
Penser le "langage symbolique" aujourd'hui
Vin d'honneur
Samedi 22 novembre
9h30-10h10 : Marcel Drach, Université Paris Dauphine
L'anti-humanisme de Claude Lévi-Strauss :
l'effacement du sujet dans la production du sens
10h10-10h50 : Arnfinn Bø-Rygg, Université d'Oslo
L'expérience du sérialisme chez Lévi-Strauss et Foucault
11h10-11h50 : David Ledent, Université de Caen-Basse Normandie
Les formes symboliques de la musique
11h50-12h30 : Michel Serfati, Université Paris VII
Formes symboliques sans signification
et constitution d'objets mathématiques
14h-14h40 : Michel Paty, Université Paris VII
La connaissance scientifique comme forme de pensée symbolique.
Quelques implications philosophiques et épistémologiques
14h40-15h20 : Simon Bouquet, Université Paris X
Le programme (néo)saussurien. Une ontologie négative
et une épistémologie pour penser le monde du symbolique.
15h40-16h20 : François Rastier, CNRS-Inalco, Paris
L'arbitraire de la sémiotique. Critique et illustration
Table ronde : 16h20-17h20
Anne Hénault, IUFM, Paris : Actualité du saussurisme (2008)
Loïc Depecker, Université Paris III : Projet d'une ethnoterminologie
Julien Longhi, Université de Clermont-Ferrand : Formes sémantiques,
formes symboliques et constitution des objets de la parole en discours
Ronan Le Roux, EHESS : Comment expliquer l'absence de modèles
cybernétiques chez Lévi-Strauss ?
N.B. : Ce colloque est organisé à l'occasion du centième anniversaire
de Claude Lévi-Strauss, Président d'honneur de l'Institut Ferdinand de
Saussure.
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{FR, 30/10/2008}
Université de Toulouse le Mirail
Journées d'étude du CPST
De l'interprétation des textes à partir de corpus numérisés
1. Le Jeudi 27 novembre 2008, Salle D 32 (Atelier informatique de la
Maison de la Recherche, rez-de-chaussée)
De 9h à 12h : Régis MISSIRE (CPST)
HYPERBASE 7.0 : Intoduction aux principales fonctions
documentaires et statistiques
De 14h à 17h :
HYPERBASE 7.0 : Applications pratiques (séance animée par Régis
MISSIRE). Il est vivement recommandé d'apporter des corpus pour la
mise en pratique.
NB. L'atelier d'informatique compte 15 postes mais on pourra travailler
à deux par poste.
2. Le Jeudi 18 décembre 2008, de 14h à 17h - Salle C 601 (Maison de la
Recherche), avec la participation du Master des Sciences du Langage.
- Sylvain LOISEAU (LIMSI)
Caractériser le contexte sémantique de différents types de textes :
analyse comparative et quantitative.
3. Le Jeudi 29 janvier 2009, de 14h à 17h - Salle C 601 (Maison de la
Recherche)
- François LAURENT (CERES)
Lemmatisation et codage sémique de romans à insertions lyriques
du XIIIème siècle.
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{FR, 23/10/2008, BP, 28/10/2008}
NOUVELLE REVUE
Information transmise par Ruth Amossy.
"Argumentation et Analyse du Discours" :
http://aad.revues.org/
La revue propose une publication intégrale, immédiate et gratuite sur
son site. Elle adhère à *Revues.org,* fédération de revues en sciences
humaines et sociales en ligne (http://www.revues.org)
Cette publication semestrielle, rédigée en langue française, émane du
groupe de recherche /Analyse du Discours, ARgumentation, Rhétorique/
(ADARR) de Tel-Aviv, coordonné par Ruth Amossy et Roselyne Koren.
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{Mayaffre, 30/08/2008, et Mellet, 09/09/2008}
APPEL À CONTRIBUTIONS
CORPUS, numéro 8, à paraître en novembre 2009
Thème :
"Corpus de textes, textes en corpus : concepts, méthodes et travaux"
Responsables :
Jean-Michel Adam (Jean-Michel.Adam@unil.ch)
Jean-Marie Viprey (jean-marie.viprey@univ-fcomte.fr)
Calendrier :
- réception des propositions d'article (déclaration d'intention, titre,
résumé d'une page maximum): avant le 1er décembre 2008
[...]
Texte de cadrage [extraits]:
Les grandes questions auxquelles nous voudrions que ce numéro réponde
sont :
- Quel est l'impact de la mise en corpus sur le statut et la perception
du texte antérieurement défini comme unité globale, comme tout cohérent
et auto-suffisant ?
- Dans quelle mesure le texte est-il amené à incorporer des éléments
jusqu'ici désignés comme plus ou moins "extérieurs" à lui (paratexte,
péritexte, épitexte, intertexte, hypertexte...), et comment les
chercheurs gèrent-ils ce qu'il est convenu d'appeler en conséquence
l'"ouvert" du texte ?
- Dans ce cadre, quelles solutions théoriques et pratiques se
présentent-elles pour gérer la variation textuelle, que ce soit dans la
perspective de l'établissement, de l'exploration/lecture, ou des
mesures statistiques ?
- Que faire de la "philologie numérique", peut-on et doit-on normaliser
les procédures d'établissement des ressources textuelles, pourquoi et
comment ?
- Quelle terminologie sont amenés à mettre en place les chercheurs
confrontés à la nécessité de définir leurs objets dans le cadre de
l'analyse textuelle sur corpus : texte, document, archive, énoncé,
discours, base, corpus, sous-corpus, section, unité, segment,
partition... ?
- Comment se construit une interprétation dans le cours d'une étude
menée sur corpus, et comment s'équilibre dans cette optique le rapport
entre texte et corpus ; peut-on formuler des principes généraux voire
théoriques de cette articulation ?
- Jusqu'où est-il vrai que le travail sur corpus informatisé assure une
suspension de l'activité interprétative et diverses autres
modifications "déontiques" des conditions de la critique en sciences
humaines ?
- Quel impact ces nouvelles orientations et ce foisonnement empiriques
sont-ils susceptibles d'avoir sur la mesure statistique et sur
l'intérêt qu'elle suscite ?
[...] Une question centrale nous guidera : qu'est-ce qui a changé, de
manière significative, dans notre pratique critique des textes au long
de cette montée en force du corpus conçu comme opposition d'un matériau
langagier ?
Texte complet de l'appel :
http://corpus.revues.org/document382.html
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{Gjesdal, 22/10/2008}
APPEL À CONTRIBUTIONS
Arena Romanistica 01/09 : "Etudes de genre"
La notion de genre se voit doter d'une importance croissante dans
plusieurs domaines romanistiques : en linguistique, en littérature et
en études cinématographiques. [...]
- comment est-elle conçue dans ces différentes disciplines et comment
ces différentes conceptions peuvent-elles enrichir et défier les unes
les autres ?
- comment délimiter la notion de genre ? doit-on le concevoir comme une
catégorie normative ou empirique ?
- la fonction de genre en tant que contexte pour l'étude de et pour la
production de textes : s'il est conçu comme un ensemble de conventions
textuelles, le genre peut être considéré comme un ensemble de normes
sociales. Les classifications et les hiérarchies de genre héritées
gouvernent la production et la classification de textes nouveaux.
- qu'est-ce que les études de genre peut-nous inciter à dire sur les
genres "impurs" et sur les transgressions de genre ?
Date limite de soumission d'articles : le 1er février 2009
Procédure de soumission accessible sur notre site web :
http://www.arenaromanistica.uib.no/french/soumissions.html
Le texte complet de l'appel est en ligne sur le site :
http://www.arenaromanistica.uib.no/
Contact : arenaromanistica@uib.no
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{Grossmann, 25/10/2008}
APPEL À CONTRIBUTIONS
Revue d'anthropologie des connaissances
Dossier Thématique, novembre 2009
Les discours scientifiques :
des marques linguistiques aux épistémologies
Numéro coordonné par Francis Grossmann
Lidilem, E.A. 609, Université Stendhal, Grenoble III
[Extrait de la présentation]
Les contributions retenues auront en commun de chercher à relier les
formes du discours scientifique et les enjeux de connaissance que ce
discours contribue à construire ; elles s'orienteront autour de quatre
problématiques principales :
- le marquage linguistique des enjeux épistémologiques dans le texte
scientifique [...] ;
- la construction sociale de l'auctorialité scientifique [...] ;
- le raisonnement dans les genres scientifiques [...] ;
- les aspects sémiotiques, sémiographiques, phraséologiques et lexicaux
[...].
Le calendrier prévu est le suivant :
- 15 novembre 2008 : envoi des résumés [...]
Texte complet de l'appel :
http://www.ird.fr/socanco/article124.html
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- SdT vol.15 n.4
- SdT vol.15 n.3
- SdT vol.15 n.2
- SdT vol.15 n.1
Résumé: 2009_11_05
________________________________________________________________________
SdT volume 15, numero 4.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
Quiconque y réfléchit ne peut que s'étonner de
voir comment tous les philosophes ont consacré
le meilleur de leurs efforts à tenter
d’acquérir la science du monde naturel, dont
Dieu seul, parce qu’il l’a fait, possède la
science, et comment ils ont négligé de méditer
sur le monde des nations, ou monde civil, dont
les hommes, parce qu’ils l’ont fait, peuvent
acquérir la science.
Giambattista Vico, Principes d’une
science nouvelle, 1744, § 331.
Entre un mot et ses voisins, l'esprit aperçoit
des connexions, dont l'ensemble forme la
charpente de la phrase.
Ces connexions ne sont indiquées par rien.
Lucien Tesnière
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Charline Bernier,
Amelie Betus, Camille Lawson, Anemone Mathieu, Francoise
Pignol, Gerard Sensevy, et Julie Sorba.
- Nous signalent leur changement d'adresse : Thomas Beauvisage,
Marie-Anne Chabin, Bruno Courbon, et Aboubakar Ouattara.
2- Carnet
- Seminaire de F. Rastier : Semantique de corpus
- Petition pour l'ouverture des archives Heidegger
- Du blog de O. Ertzscheidt : Les lectures industrielles
3- Publications
- D. Ablali et D. Ducard (dir.) :
"Vocabulaire des etudes semiotiques et semiologiques"
4- Textes
- N. La Fauci : Note d'actualite sur Darwin et Rene Girard
- Ch. Gerard : Sur l'identite de la poesie et du langage
5- Appels : Colloques et revues
- Nouvelle revue : Energeia
- Colloque "L'homme semiotique - pratiques et complexite",
Namur (Belgique), 19-21 avril 2010.
- XXXIe Colloque international d'Albi Langages et Signification
"L'ecrit : de la signification et de l'interpretation a la
traduction et aux discours critiques",
Albi, 11-15 juillet 2010.
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{FR, 27/10/2009}
SEMINAIRE
Sémantique de corpus
Séminaire INALCO (ERTIM)-EHESS (CRIA)
Année 2009-2010
François Rastier, directeur de recherche au CNRS
de 17 h à 19 h,
Les jeudis 5, 12, 19 et 26 novembre, 10 et 17 décembre 2009.
INaLCO-Recherche (salle 8, rez-de-chaussée),
49 bis avenue de la Belle Gabrielle 75012 Paris
Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
linguistique de corpus intéresse l’ensemble des sciences de la culture.
Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
avec les représentations ontologiques et référentielles, une
reconception praxéologique de l’activité textuelle ; (iii) une
typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
qu’entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
l’expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
et herméneutique matérielle. On proposera ainsi un remembrement de la
tripartition de fait entre discours, texte, et document. Il s’agit en
effet, à l’inverse du programme du Web sémantique, de revenir des
"données" aux documents, de décrire et d’exploiter, pour la recherche
d’informations notamment, leur irremplaçable complexité. Ce sont là,
semble-t-il, des conditions pour que la linguistique textuelle puisse
combler ses lacunes théoriques, répondre aux besoins sociaux et
s’approprier pleinement la problématique historique et comparative que
partagent les sciences de la culture.
Les thèmes abordés cette année :
1/ Points de vue et Garanties : des "données" textuelles aux corpus.
2/ Sens et différences internes et externes au texte.
3/ La méthodologie comparative en sémantique de corpus.
4/ Approches quantitatives et qualitatives.
5/ La refondation sémiotique de la linguistique de corpus.
6/ De la sémantique des valeurs à la sémiotique des cultures.
Accès recommandé : RER A, direction Boissy-Saint-Léger (zone 3), arrêt
à Nogent-sur-Marne, sortie Marronniers, direction jardin tropical (1.
Prendre la direction sud sur avenue des Marronniers vers avenue des
Châtaigniers - 0,2 km ; 2. Tourner à droite sur avenue des Châtaigniers
- 0,2 km ; 3. Tourner à gauche sur avenue de la Belle Gabrielle - 0,4
km côté bois après le Jardin tropical).
Renseignements : François Rastier
Site web : http://revue-texto.net
Adresse de contact : frastier(at)gmail.com
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{FR, 27/10/2009}
ARCHIVES HEIDEGGER
Lancée par Emmanuel Faye, la pétition pour l'ouverture des archives
Heidegger vient d’être republiée est peut maintenant être signée en
ligne :
http://archives-heidegger.hermeneute.com
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{FR, 27/10/2009}
LES LECTURES INDUSTRIELLES
De Olivier Ertzscheidt
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/09/scanne-moins-fort.html
"1.a) l’activité du robot de lecture, ses actes de lecture : scanner,
crawler, indexer. b) les produits dérivés de cette activité, les textes
de lecture en langage humain.?
2.a) l’association des lectures humaines et des lectures machiniques.
b) la commercialisation des lectures humaines définies comme "hits".?
3.a) l’espace des lectures industrielles est le face-à-face des
industries de lecture et des publics de lecteurs. b) l’industrie de la
lecture entreprend la commercialisation de toutes les lectures, sous le
slogan de l’"accès à toute l’information". c) l’industrie de la lecture
entreprend aussi la commercialisation des lecteurs."
Alain Giffard.
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Ablali, 02/09/2009}
VIENT DE PARAÎTRE
Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques
Sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard
Paris : Honoré Champion / Besançon : Presses universitaires de Franche
Comté, Collection "Lexica, mots et dictionnaires" dirigée par Bernard
Quemada et Jean Pruvost, 2009, 312 p. ISBN : 978-2-7453-1969-2
Editions reliée (55 euros) ou brochée (24 euros).
* Table des matières :
Repérages
Notices
Références contemporaines
La sémiologie de Ferdinand de Saussure (1847-1913)
La sémiotique de Charles S. Peirce (1839-1914)
La sémiotique de Louis Hjelmslev (1899-1965)
Perspectives actuelles
Sémiotique de l’école de paris
Introduction
Sémiotique l’action
Sémiotique des passions
Sémiotique subjectale
Sémiotique tensive
Socio-sémiotique
Éthosémiotique
Sémiotique des cultures
Sémiotiques textuelles
La sémiotique textuelle d'Umberto Éco
Sémiostylistique
Sémiologie interprétative
Sémiologie des textes et discours
L’aventure sémiologique de Roland Barthes
La sémanalyse de Julia Kristeva
Sémiologie des indices
Sémiologie de l'image
Sémiologie du cinéma et de la télévision
Sémiologie du cinéma
Sémiologie de la télévision
Socio-sémiotique des médias
Vocabulaire
Bibliographie
Tables et index
Auteurs des notices
Auteurs des notions
Index des noms de personnes
Index des notions
* Auteurs des Notices et des Notions :
Driss Ablali, LASELDI, Université de Franche-Comté
Sémir Badir, FNRS, Université de Liège
Anne Beyaert-Geslin, CeReS, Université de Limoges
Jean-François Bordron, CeReS, Université de Limoges
Marie-France Chambat-Houillon, CEISME, Université de la Sorbonne
Nouvelle Paris 3
Nicolas Couégnas, CeReS, Université de Limoges
Ivan Darrault-Harris, CeReS, Université de Limoges
Dominique Ducard, CEDITEC, Université Paris Est-Paris 12
Carine Duteil-Mougel, CeReS, Université de Limoges
Jacques Fontanille. CeReS, Université de Limoges, Institut
Universitaire de France
Anne-Marie Houdebine-Gravaud, Dynalang-SEM, Université Paris Descartes
Yves Jeanneret, laboratoire Culture et communication, Université
d’Avignon et des pays de Vaucluse
Martine Joly, IMAGINES, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
François Jost, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Eric Landowski, CNRS, Paris
Laurence Leveneur, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Anna Maria Lorusso, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
Università di Bologna
Claudine Normand, Laboratoire d'histoire des théories linguistiques,
Université de Paris 10
François Rastier, CNRS, Paris.
Joëlle Réthoré, VECT, Université de Perpignan
Michael Rinn, CEDITEC, Université de Bretagne Occidentale
Emmanuël Souchier, GRIPIC, CELSA, Université Paris Sorbonne-Paris 4
Anne-Gaëlle Toutain, Equipe Sens, Texte, Histoire, Université Paris
Sorbonne-Paris 4
Patrizia Violi, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
Universita' di Bologna
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
{FR, 27/10/2009}
NOTE D'ACTUALITÉ SUR DARWIN ET RENÉ GIRARD
De Nunzio La Fauci
Apollonio Discolo by Nunzio La Fauci.
Based on a work at apolloniodiscolo.blogspot.com
Anthropologue, membre de l'Académie française, "parfois qualifié de
'Darwin des sciences sociales'", c'est René Girard qui l'affirme, dans
une de ses interventions publiées dans le Monde des livres, au sujet du
naturaliste anglais.
Girard ajoute : "...un peu comme si on voulait s'opposer à Newton ou à
Einstein dans leur domaine. La première fois que je l'ai lu [Darwin],
l'attitude était totalement différente. Il y avait encore une
possibilité d'antidarwinisme réelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui,
que l'on soit croyant ou pas : Jean-Paul II n'a-t-il pas dit qu'il
voyait dans le darwinisme 'plus qu'une hypothèse' ?".
Rien d'étonnant, à vrai dire. Un pape peut-il s'exprimer différemment ?
Tout ce qu'il imagine juste est par principe plus qu'une hypothèse.
Parfois, c'est un dogme.
L'opposition au darwinisme s'est-elle finalement évaporée ? Un pape (et
quel pape !) a-t-il pu le définir comme plus qu'une hypothèse ? Voilà
des preuves écrasantes que le darwinisme dont l'immortel Girard parle
n'a rien à faire avec la science.
Si une idée a une valeur quelconque, dans la science, c'est qu'elle ne
peut jamais devenir un dogme : et il faudrait se demander sérieusement
pourquoi au contraire le darwinisme a une nette tendance à le devenir.
La valeur scientifique d'une idée réside dans sa nature de défi, qui
réclame des objections. Et elle meurt, en tant qu'idée scientifique, si
elle cesse de les provoquer.
Bref, une idée scientifique doit sa valeur à son éternel statut de
simple hypothèse : elle peut se présenter parfois et temporairement
comme la meilleure hypothèse, jamais comme plus qu'une hypothèse.
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{FR, 27/10/2009}
SUR L'IDENTITÉ DE LA POÉSIE ET DU LANGAGE
Nous reproduisons, avec l’accord de l’auteur, Christophe Gérard, le
début de l’étude
Sur l’identité de la poésie et du langage (Energeia, I, 1, pp. 118-119)
_________________
Le texte "Langage et poésie" est issu d’un ensemble de notes
manuscrites que E. Coseriu rédigea en préparation d’un cours de
"Stylistique moderne romane" (Moderne romanische Stilforschung)
dispensé entre novembre 1963 et mars 1964, à l’université de Tübingen.
Il offre un bel aperçu de notes qui, minutieuses et rarement
fragmentaires, comptent en tout plus d’une centaine de feuillets in
octavo ainsi qu’une cinquantaine de fiches bristol. Cependant, lacune
coutumière des archives, cette importante documentation ne couvre pas
l’intégralité du cours, comme l’attestent les notes des élèves de
l’époque. Aussi les premières séances du cours, qui pour l’essentiel
semblent avoir consistés en un commentaire de la bibliographie générale
(120 titres organisés en 10 sections), n’ont-elles pas ou peu laissé de
traces manuscrites. Quoi qu’il en soit, ce cours n’ayant jamais été
renouvelé par Coseriu et ces notes n’ayant pas connu d’avenir
éditorial, l’intérêt de cette archive demeure aujourd’hui intact.
Au-delà de son importance pour la connaissance de l’oeuvre cosérien, ce
cours discute un vaste panorama d’approches (de Ch. Bally à A.
Pagliaro, en passant par la stylistique italienne, l’école de Prague,
le behaviourisme, l’école de Copenhague), développant ainsi un point de
vue original qu’il conviendrait d’apprécier relativement aux études
stylistiques actuelles et, de manière générale, à la linguistique
textuelle. Une présentation du cours mériterait, au moins, un long
article. Nous nous bornerons à faire quelques observations liminaires
sur "Langage et poésie", texte choisi au motif que le problème de
l’identité de la poésie et du langage constitue, selon Coseriu, le
problème essentiel de la stylistique.
Chez Coseriu, ce thème de l’identification de la poésie au langage est
directement hérité de l’esthétique linguistique de B. Croce, qui le
reçoit à son tour de G. Vico (Scienza nuova, 1725) :
Langage et poésie sont pour Vico substantiellement identiques.
Réfutant cette commune erreur des grammairiens, qui disent que le
parler de la prose est né avant, et celui du vers après, il trouve
dans les origines de la poésie telles qu’on les a ici découvertes,
les origines des langues, et l’origine des lettres. [...] Il put
réfuter l’autre commune erreur des grammairiens : que le parler des
prosateurs est propre, et impropre celui des poètes. Les tropes
poétiques, qui se rangent sous l’espèce des métonymies, lui
apparurent nés de la nature des premières nations, non du caprice
d’hommes particuliers, habiles en poésie [...]. (Croce B., 1904,
Esthétique comme science de l'expression et linguistique générale,
Paris, V. Giard et E. Brière, p. 222-223).
Vico voyait alors dans la poésie un principe anthropologique, et ses
conceptions, pour l’historien de l’esthétique que fut Croce, restèrent
en la matière longtemps inégalées (cf. e.g. l’analogie du langage et de
l’art chez W. von Humboldt). De fait, le cadre de pensée napparaît pas
d’abord circonscrit aux problèmes spécifiques de la stylistique et, par
exemple, chez Coseriu, la compréhension des références à Croce (sur des
points aussi fondamentaux que l’identité entre intuition et expression
ou l’objectivation poétique) passe à l évidence par la pensée
esthétique, c’est-à-dire en particulier par la théorie crocéenne de
l’art, et sans doute aussi par la réflexion esthétique menée par
Coseriu lui-même, qui est antérieure au cours de stylistique.
De fait, on entendra en premier lieu par poésie un art parmi d’autres
(peinture, musique, architecture, etc.), en l’occurrence l’art du
langage par excellence : "par poésie [Dichtung] je n’entends pas
seulement la poésie [Poesie] dans un sens étroit mais plutôt la
littérature comme art". Ce qui signifie d’une part que le terme de
poésie ne renvoie à aucun "genre" littéraire (roman, nouvelle, etc.),
d’autre part que si l’opposition classique entre poésie et prose paraît
ici licite (discours littéraire vs. discours non-littéraire), ce nest
pas en tant que ligne de partage des seules productions littéraires
(ex. poésie versifiée vs. prose poétique).
Il ne faut donc pas se représenter la poésie comme un usage
linguistique singulier qui se distinguerait parmi d’autres usages
linguistiques. Selon Coseriu, sa singularité ne procède d’aucun écart
mais, tout au contraire, c’est le langage quotidien qui réalise un
écart par rapport au langage poétique. De fait, le terme de poésie
réfère bien plutôt, globalement, au mode par lequel le langage
s’exprime ou s’accomplit dans sa plénitude, sans restrictions
fonctionnelles a priori, à la différence par exemple de ce qu’on
observe dans le langage quotidien, scientifique, religieux, etc. C’est
cette absence de restrictions fonctionnelles qui, pour Coseriu, est au
fondement d’une identification de la poésie au langage : "Die Dichtung
ist also Sprache ohne Einschränkungen oder die Sprache als solche".
Cette autre définition de la poésie apparaît d’un degré dabstraction
plus grand que la première citée, centrée elle sur la littérature. Or,
à première vue, les deux ne semblent pas s’accorder sur un point : dans
la mesure où le langage poétique ne se voit appliquer aucune
restriction fonctionnelle, ne devrait-il pas en même temps s’exprimer
sans restriction de domaine d’usage ? En effet,
Auch bei den alltäglichen Formen des Ausdrucks kann ein aufmerksammer
Beobachter sehen, wie entlang des lebendigen Strömens die Wörter
fortwährend phantasievoll erneuert werden und erfunden werden und wie
eine vieltönige Poesie aufblüht, ernst und erhaben, zart, anmutig und
leise lächelnd (Croce, 1970, Die Dichtung, p. 19.)
L’observation ordinaire de manifestations poétiques, au sens
étymologique de l’adjectif c’est-à-dire d’une créativité langagière
dans le langage quotidien, ne permettrait donc pas de lui attribuer un
rapport exclusif à la littérature, alors même que cette dernière
constitue sans nul doute la situation d’élection du langage poétique.
Ce dernier renverrait ainsi à la fois à une situation discursive
privilégiée et, au-delà, à un mode d’existence observable, en dehors de
cette situation, par moments (ceux des néologismes quotidiens, par
exemple). Laissons la discussion ouverte pour finir sur un aspect
majeur des thèses concernant l’identité de la poésie et du langage.
Dans "Langage et poésie", l’argumentation en faveur d’une telle
identité est prolongée sur le plan philosophique (Aristote), notamment.
Certains de ces arguments (la contestation de la stylistique de
l’écart, la théorie de Croce) se retrouvent en partie exposés dans un
article éponyme publié en 1970. À la différence de "Langage et
poésie", cet article se termine par une proposition somme toute
inattendue : "Malgré tout, l’identification du langage avec la poésie
n’est pas acceptable, et cela parce que le langage n’est justement pas
absolu" ; c’est-à-dire qu’il est en rapport avec autre chose. En effet,
le langage présente une dimension inaliénable qui est celle de
l’altérité du sujet, et s’il implique ainsi l’expérience
intersubjective c’est parce qu’il est la condition même de la
communication avec un autre (vs. de quelque chose), sans quoi toute
interlocution concrète serait proprement impossible.
Tournant de la réflexion, qui malgré les apparences n’a rien de
contradictoire (voir l’article indiqué), ce déplacement de perspective
au niveau des rapports intersubjectifs, et donc au niveau du texte, va
conduire Coseriu à définir les tâches de la stylistique et son
inclusion au sein d’une linguistique du texte.
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{FR, 27/10/2009}
NOUVELLE REVUE
Nouvelle revue consacrée à la linguistique éditée par le centre Coseriu
de l’Université de Tübingen :
Vient de paraître : http://www.energeia-online.de/
Energeia ist eine Online-Zeitschrift für Sprachwissenschaft und
Sprachphilosophie, die an der Universität Tübingen von der
Forschungsstelle Eugenio Coseriu Coseriu Archiv herausgegeben wird. Sie
erscheint einmal jährlich unter der Adresse www.energeia-online.de und
behandelt Themen der allgemeinen Sprachwissenschaft, Sprachtheorie und
Sprachphilosophie, unter besonderer Berücksichtigung der romanischen
Sprachwissenschaft.
Energeia repräsentiert keine bestimmte vorgegebene theoretische
Ausrichtung, bevorzugt jedoch sprachtheoretische Arbeiten, die eine vom
Sprechen, von der Sprache oder vom Text ausgehende Sichtweise einnehmen
und die Kategorisierungen der sprachlichen Phänomene nicht apriorisch
setzt, sondern aus dem Funktionieren der Sprache und des Sprechens
heraus begründet.
Energeia besteht jeweils aus drei Teilen, einem ersten, in dem
unveröffentlichte Originalbeiträge erscheinen, einem Rezensionsteil und
einem Dokumentationsteil, der in Zusammenhang mit der Arbeit der
Forschungsstelle Eugenio Coseriu Eugenio Coseriu-Archiv steht.
Unveröffentlichte Originalbeiträge können jederzeit in elektronischer
Form an energeia@coseriu.com eingesandt werden. Es wird gebeten, dabei
die redaktionellen Richtlinien zu beachten. Die Aufsätze werden
innerhalb einer Frist von drei Monaten von drei unabhängigen Gutachtern
anonym evaluiert. Nach der Evaluation bekommen die Autoren Nachricht,
gegebenenfalls mit einem Evaluationsbericht und der Bitte um
Veränderung.
Die erste Ausgabe wird im Herbst 2009 online geschaltet.
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{FR, 27/10/2009}
COLLOQUE - APPEL À CONTRIBUTIONS
L’homme sémiotique – pratiques et complexité.
Université de Namur (Belgique), 19 – 21 avril 2010.
Sans rechercher "le propre de l’homme", ce colloque entend contribuer à
une anthropologie sémiotique entendue comme projet interdisciplinaire
des sciences de la culture.
Si la sémiotique, en tant que discipline constituée, a naturellement sa
place, c’est le sémiotique comme domaine d’objectivité qui sera
interrogé, non pas pour constituer des ontologies statiques, mais pour
le reconsidérer sous l’angle de l’action, y compris dans ses
engagements éthiques. C’est donc l’agir humain, considéré dans sa
phylogenèse, son déploiement, sa transmission culturelle, qui sera
privilégié.
Alors que les programmes de naturalisation, exploitant les
développements des sciences de la vie, ont retrouvé une vigueur
nouvelle, ne pourrait-on, complémentairement ou de manière paradoxale,
engager un programme de culturalisation des sciences cognitives ?
L’incidence des facteurs culturels dans les processus cognitifs, même
de "bas niveau", a trouvé de multiples confirmations.
Naturellement interdisciplinaire, ce colloque n’a pas pour but de
tracer des frontières entre sciences de la vie et sciences de la
culture : de l’éthologie à l’ergonomie, les contributions qui
privilégient un recul critique sont les bienvenues –du moment qu’elles
s’infléchissent vers la complexité des pratiques.
Les comportements sont-ils des phénotypes susceptibles d’une
détermination génétique ? Les techniques productives (Leroi-Gourhan),
les récits mythiques (Lévi-Strauss), les rituels (Hocart) appartiennent-
ils à des domaines séparés, ou sont-ils à reconsidérer au sein de
pratiques complexes, tant "matérielles" que "sémiotiques" ?
Qu’il s’agisse de culture matérielle ou de culture "spirituelle", les
pratiques, du travail au jeu, peuvent être abordées comme des
performances sémiotiques.
Enfin, comme elles relèvent de la raison pratique, elles n’échappent
pas, même pour la transgresser, à une normativité éthique qui reste à
décrire en termes d’engagement.
Le colloque se déroulera en trois grandes sessions successives et
articulées : (I) critique des sciences de la culture ;
(II) anthropologies et sémiotiques ; (III) objets culturels : création,
transmission, interprétation.
* Calendrier :
Appel à contributions : 01/11/2009.
Date limite pour la réception des propositions (résumés de 1 à 2
pages) : 15/12/2009.
Ces propositions seront envoyées à l’une des adresses suivantes :
frastier@gmail.com
edanblon@ulb.ac.be
jean.giot@fundp.ac.be
Réponse aux propositions pour le 31/01/2010.
Les communications sont orales, uniquement, afin de favoriser les
discussions, et d’une durée de 20 minutes.
La participation à l’ensemble du colloque est souhaitée. Un programme
complet sera en février 2010 envoyé aux auteurs de communications et à
toute personne qui en fera la demande.
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{FR, 27/10/2009}
COLLOQUE
XXXIe Colloque international d'Albi
Langages et Signification
Du 11 au 15 juillet 2010
au Centre Saint-Amarand, 16 rue de la République, 81000 ALBI
organisé par l'association C.A.L.S. et le C.P.S.T. de l'université de
Toulouse-Le -Mirail, avec le concours de la Mairie d'Albi et du Conseil
Général du Tarn.
Thème : L'écrit : de la signification et de l'interprétation à la
traduction et aux discours critiques.
Les propositions de communications doivent être envoyées de préférence
à notre adresse électronique, en fichiers joints:
p.marillaud.cals@orange.fr
Toutes les informations nécessaires figureront très bientôt sur le site
du colloque qu'a ouvert Robert Gauthier (gauthier@univ-tlse2.fr),
responsable de l'équipe d'édition du C.A.L.S. :
http://w3.univ-tlse2.fr/CALS.htm
Ces résumés devraient ne pas dépasser 20 lignes et ne doivent être
accompagnés ni de notes ni d'une bibliographie. Communiquer des mots
clés n'est pas exigé. La fiche du résumé doit obligatoirement comporter
le nom de l'auteur de la communication, l'établissement qui l'emploie,
et son adresse électronique.
Les résumés des communications devront nous parvenir de préférence
avant la fin du mois d'avril 2010, mais plus tôt serait mieux...
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SdT volume 15, numero 4.
LES CITATIONS DU MOIS
________________________________________________
Quiconque y réfléchit ne peut que s'étonner de
voir comment tous les philosophes ont consacré
le meilleur de leurs efforts à tenter
d’acquérir la science du monde naturel, dont
Dieu seul, parce qu’il l’a fait, possède la
science, et comment ils ont négligé de méditer
sur le monde des nations, ou monde civil, dont
les hommes, parce qu’ils l’ont fait, peuvent
acquérir la science.
Giambattista Vico, Principes d’une
science nouvelle, 1744, § 331.
Entre un mot et ses voisins, l'esprit aperçoit
des connexions, dont l'ensemble forme la
charpente de la phrase.
Ces connexions ne sont indiquées par rien.
Lucien Tesnière
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Charline Bernier,
Amelie Betus, Camille Lawson, Anemone Mathieu, Francoise
Pignol, Gerard Sensevy, et Julie Sorba.
- Nous signalent leur changement d'adresse : Thomas Beauvisage,
Marie-Anne Chabin, Bruno Courbon, et Aboubakar Ouattara.
2- Carnet
- Seminaire de F. Rastier : Semantique de corpus
- Petition pour l'ouverture des archives Heidegger
- Du blog de O. Ertzscheidt : Les lectures industrielles
3- Publications
- D. Ablali et D. Ducard (dir.) :
"Vocabulaire des etudes semiotiques et semiologiques"
4- Textes
- N. La Fauci : Note d'actualite sur Darwin et Rene Girard
- Ch. Gerard : Sur l'identite de la poesie et du langage
5- Appels : Colloques et revues
- Nouvelle revue : Energeia
- Colloque "L'homme semiotique - pratiques et complexite",
Namur (Belgique), 19-21 avril 2010.
- XXXIe Colloque international d'Albi Langages et Signification
"L'ecrit : de la signification et de l'interpretation a la
traduction et aux discours critiques",
Albi, 11-15 juillet 2010.
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[information réservée aux abonnés]
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{FR, 27/10/2009}
SEMINAIRE
Sémantique de corpus
Séminaire INALCO (ERTIM)-EHESS (CRIA)
Année 2009-2010
François Rastier, directeur de recherche au CNRS
de 17 h à 19 h,
Les jeudis 5, 12, 19 et 26 novembre, 10 et 17 décembre 2009.
INaLCO-Recherche (salle 8, rez-de-chaussée),
49 bis avenue de la Belle Gabrielle 75012 Paris
Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
linguistique de corpus intéresse l’ensemble des sciences de la culture.
Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
avec les représentations ontologiques et référentielles, une
reconception praxéologique de l’activité textuelle ; (iii) une
typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
qu’entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
l’expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
et herméneutique matérielle. On proposera ainsi un remembrement de la
tripartition de fait entre discours, texte, et document. Il s’agit en
effet, à l’inverse du programme du Web sémantique, de revenir des
"données" aux documents, de décrire et d’exploiter, pour la recherche
d’informations notamment, leur irremplaçable complexité. Ce sont là,
semble-t-il, des conditions pour que la linguistique textuelle puisse
combler ses lacunes théoriques, répondre aux besoins sociaux et
s’approprier pleinement la problématique historique et comparative que
partagent les sciences de la culture.
Les thèmes abordés cette année :
1/ Points de vue et Garanties : des "données" textuelles aux corpus.
2/ Sens et différences internes et externes au texte.
3/ La méthodologie comparative en sémantique de corpus.
4/ Approches quantitatives et qualitatives.
5/ La refondation sémiotique de la linguistique de corpus.
6/ De la sémantique des valeurs à la sémiotique des cultures.
Accès recommandé : RER A, direction Boissy-Saint-Léger (zone 3), arrêt
à Nogent-sur-Marne, sortie Marronniers, direction jardin tropical (1.
Prendre la direction sud sur avenue des Marronniers vers avenue des
Châtaigniers - 0,2 km ; 2. Tourner à droite sur avenue des Châtaigniers
- 0,2 km ; 3. Tourner à gauche sur avenue de la Belle Gabrielle - 0,4
km côté bois après le Jardin tropical).
Renseignements : François Rastier
Site web : http://revue-texto.net
Adresse de contact : frastier(at)gmail.com
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{FR, 27/10/2009}
ARCHIVES HEIDEGGER
Lancée par Emmanuel Faye, la pétition pour l'ouverture des archives
Heidegger vient d’être republiée est peut maintenant être signée en
ligne :
http://archives-heidegger.hermeneute.com
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{FR, 27/10/2009}
LES LECTURES INDUSTRIELLES
De Olivier Ertzscheidt
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/09/scanne-moins-fort.html
"1.a) l’activité du robot de lecture, ses actes de lecture : scanner,
crawler, indexer. b) les produits dérivés de cette activité, les textes
de lecture en langage humain.?
2.a) l’association des lectures humaines et des lectures machiniques.
b) la commercialisation des lectures humaines définies comme "hits".?
3.a) l’espace des lectures industrielles est le face-à-face des
industries de lecture et des publics de lecteurs. b) l’industrie de la
lecture entreprend la commercialisation de toutes les lectures, sous le
slogan de l’"accès à toute l’information". c) l’industrie de la lecture
entreprend aussi la commercialisation des lecteurs."
Alain Giffard.
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{Ablali, 02/09/2009}
VIENT DE PARAÎTRE
Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques
Sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard
Paris : Honoré Champion / Besançon : Presses universitaires de Franche
Comté, Collection "Lexica, mots et dictionnaires" dirigée par Bernard
Quemada et Jean Pruvost, 2009, 312 p. ISBN : 978-2-7453-1969-2
Editions reliée (55 euros) ou brochée (24 euros).
* Table des matières :
Repérages
Notices
Références contemporaines
La sémiologie de Ferdinand de Saussure (1847-1913)
La sémiotique de Charles S. Peirce (1839-1914)
La sémiotique de Louis Hjelmslev (1899-1965)
Perspectives actuelles
Sémiotique de l’école de paris
Introduction
Sémiotique l’action
Sémiotique des passions
Sémiotique subjectale
Sémiotique tensive
Socio-sémiotique
Éthosémiotique
Sémiotique des cultures
Sémiotiques textuelles
La sémiotique textuelle d'Umberto Éco
Sémiostylistique
Sémiologie interprétative
Sémiologie des textes et discours
L’aventure sémiologique de Roland Barthes
La sémanalyse de Julia Kristeva
Sémiologie des indices
Sémiologie de l'image
Sémiologie du cinéma et de la télévision
Sémiologie du cinéma
Sémiologie de la télévision
Socio-sémiotique des médias
Vocabulaire
Bibliographie
Tables et index
Auteurs des notices
Auteurs des notions
Index des noms de personnes
Index des notions
* Auteurs des Notices et des Notions :
Driss Ablali, LASELDI, Université de Franche-Comté
Sémir Badir, FNRS, Université de Liège
Anne Beyaert-Geslin, CeReS, Université de Limoges
Jean-François Bordron, CeReS, Université de Limoges
Marie-France Chambat-Houillon, CEISME, Université de la Sorbonne
Nouvelle Paris 3
Nicolas Couégnas, CeReS, Université de Limoges
Ivan Darrault-Harris, CeReS, Université de Limoges
Dominique Ducard, CEDITEC, Université Paris Est-Paris 12
Carine Duteil-Mougel, CeReS, Université de Limoges
Jacques Fontanille. CeReS, Université de Limoges, Institut
Universitaire de France
Anne-Marie Houdebine-Gravaud, Dynalang-SEM, Université Paris Descartes
Yves Jeanneret, laboratoire Culture et communication, Université
d’Avignon et des pays de Vaucluse
Martine Joly, IMAGINES, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
François Jost, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Eric Landowski, CNRS, Paris
Laurence Leveneur, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
Anna Maria Lorusso, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
Università di Bologna
Claudine Normand, Laboratoire d'histoire des théories linguistiques,
Université de Paris 10
François Rastier, CNRS, Paris.
Joëlle Réthoré, VECT, Université de Perpignan
Michael Rinn, CEDITEC, Université de Bretagne Occidentale
Emmanuël Souchier, GRIPIC, CELSA, Université Paris Sorbonne-Paris 4
Anne-Gaëlle Toutain, Equipe Sens, Texte, Histoire, Université Paris
Sorbonne-Paris 4
Patrizia Violi, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
Universita' di Bologna
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 27/10/2009}
NOTE D'ACTUALITÉ SUR DARWIN ET RENÉ GIRARD
De Nunzio La Fauci
Apollonio Discolo by Nunzio La Fauci.
Based on a work at apolloniodiscolo.blogspot.com
Anthropologue, membre de l'Académie française, "parfois qualifié de
'Darwin des sciences sociales'", c'est René Girard qui l'affirme, dans
une de ses interventions publiées dans le Monde des livres, au sujet du
naturaliste anglais.
Girard ajoute : "...un peu comme si on voulait s'opposer à Newton ou à
Einstein dans leur domaine. La première fois que je l'ai lu [Darwin],
l'attitude était totalement différente. Il y avait encore une
possibilité d'antidarwinisme réelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui,
que l'on soit croyant ou pas : Jean-Paul II n'a-t-il pas dit qu'il
voyait dans le darwinisme 'plus qu'une hypothèse' ?".
Rien d'étonnant, à vrai dire. Un pape peut-il s'exprimer différemment ?
Tout ce qu'il imagine juste est par principe plus qu'une hypothèse.
Parfois, c'est un dogme.
L'opposition au darwinisme s'est-elle finalement évaporée ? Un pape (et
quel pape !) a-t-il pu le définir comme plus qu'une hypothèse ? Voilà
des preuves écrasantes que le darwinisme dont l'immortel Girard parle
n'a rien à faire avec la science.
Si une idée a une valeur quelconque, dans la science, c'est qu'elle ne
peut jamais devenir un dogme : et il faudrait se demander sérieusement
pourquoi au contraire le darwinisme a une nette tendance à le devenir.
La valeur scientifique d'une idée réside dans sa nature de défi, qui
réclame des objections. Et elle meurt, en tant qu'idée scientifique, si
elle cesse de les provoquer.
Bref, une idée scientifique doit sa valeur à son éternel statut de
simple hypothèse : elle peut se présenter parfois et temporairement
comme la meilleure hypothèse, jamais comme plus qu'une hypothèse.
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{FR, 27/10/2009}
SUR L'IDENTITÉ DE LA POÉSIE ET DU LANGAGE
Nous reproduisons, avec l’accord de l’auteur, Christophe Gérard, le
début de l’étude
Sur l’identité de la poésie et du langage (Energeia, I, 1, pp. 118-119)
_________________
Le texte "Langage et poésie" est issu d’un ensemble de notes
manuscrites que E. Coseriu rédigea en préparation d’un cours de
"Stylistique moderne romane" (Moderne romanische Stilforschung)
dispensé entre novembre 1963 et mars 1964, à l’université de Tübingen.
Il offre un bel aperçu de notes qui, minutieuses et rarement
fragmentaires, comptent en tout plus d’une centaine de feuillets in
octavo ainsi qu’une cinquantaine de fiches bristol. Cependant, lacune
coutumière des archives, cette importante documentation ne couvre pas
l’intégralité du cours, comme l’attestent les notes des élèves de
l’époque. Aussi les premières séances du cours, qui pour l’essentiel
semblent avoir consistés en un commentaire de la bibliographie générale
(120 titres organisés en 10 sections), n’ont-elles pas ou peu laissé de
traces manuscrites. Quoi qu’il en soit, ce cours n’ayant jamais été
renouvelé par Coseriu et ces notes n’ayant pas connu d’avenir
éditorial, l’intérêt de cette archive demeure aujourd’hui intact.
Au-delà de son importance pour la connaissance de l’oeuvre cosérien, ce
cours discute un vaste panorama d’approches (de Ch. Bally à A.
Pagliaro, en passant par la stylistique italienne, l’école de Prague,
le behaviourisme, l’école de Copenhague), développant ainsi un point de
vue original qu’il conviendrait d’apprécier relativement aux études
stylistiques actuelles et, de manière générale, à la linguistique
textuelle. Une présentation du cours mériterait, au moins, un long
article. Nous nous bornerons à faire quelques observations liminaires
sur "Langage et poésie", texte choisi au motif que le problème de
l’identité de la poésie et du langage constitue, selon Coseriu, le
problème essentiel de la stylistique.
Chez Coseriu, ce thème de l’identification de la poésie au langage est
directement hérité de l’esthétique linguistique de B. Croce, qui le
reçoit à son tour de G. Vico (Scienza nuova, 1725) :
Langage et poésie sont pour Vico substantiellement identiques.
Réfutant cette commune erreur des grammairiens, qui disent que le
parler de la prose est né avant, et celui du vers après, il trouve
dans les origines de la poésie telles qu’on les a ici découvertes,
les origines des langues, et l’origine des lettres. [...] Il put
réfuter l’autre commune erreur des grammairiens : que le parler des
prosateurs est propre, et impropre celui des poètes. Les tropes
poétiques, qui se rangent sous l’espèce des métonymies, lui
apparurent nés de la nature des premières nations, non du caprice
d’hommes particuliers, habiles en poésie [...]. (Croce B., 1904,
Esthétique comme science de l'expression et linguistique générale,
Paris, V. Giard et E. Brière, p. 222-223).
Vico voyait alors dans la poésie un principe anthropologique, et ses
conceptions, pour l’historien de l’esthétique que fut Croce, restèrent
en la matière longtemps inégalées (cf. e.g. l’analogie du langage et de
l’art chez W. von Humboldt). De fait, le cadre de pensée napparaît pas
d’abord circonscrit aux problèmes spécifiques de la stylistique et, par
exemple, chez Coseriu, la compréhension des références à Croce (sur des
points aussi fondamentaux que l’identité entre intuition et expression
ou l’objectivation poétique) passe à l évidence par la pensée
esthétique, c’est-à-dire en particulier par la théorie crocéenne de
l’art, et sans doute aussi par la réflexion esthétique menée par
Coseriu lui-même, qui est antérieure au cours de stylistique.
De fait, on entendra en premier lieu par poésie un art parmi d’autres
(peinture, musique, architecture, etc.), en l’occurrence l’art du
langage par excellence : "par poésie [Dichtung] je n’entends pas
seulement la poésie [Poesie] dans un sens étroit mais plutôt la
littérature comme art". Ce qui signifie d’une part que le terme de
poésie ne renvoie à aucun "genre" littéraire (roman, nouvelle, etc.),
d’autre part que si l’opposition classique entre poésie et prose paraît
ici licite (discours littéraire vs. discours non-littéraire), ce nest
pas en tant que ligne de partage des seules productions littéraires
(ex. poésie versifiée vs. prose poétique).
Il ne faut donc pas se représenter la poésie comme un usage
linguistique singulier qui se distinguerait parmi d’autres usages
linguistiques. Selon Coseriu, sa singularité ne procède d’aucun écart
mais, tout au contraire, c’est le langage quotidien qui réalise un
écart par rapport au langage poétique. De fait, le terme de poésie
réfère bien plutôt, globalement, au mode par lequel le langage
s’exprime ou s’accomplit dans sa plénitude, sans restrictions
fonctionnelles a priori, à la différence par exemple de ce qu’on
observe dans le langage quotidien, scientifique, religieux, etc. C’est
cette absence de restrictions fonctionnelles qui, pour Coseriu, est au
fondement d’une identification de la poésie au langage : "Die Dichtung
ist also Sprache ohne Einschränkungen oder die Sprache als solche".
Cette autre définition de la poésie apparaît d’un degré dabstraction
plus grand que la première citée, centrée elle sur la littérature. Or,
à première vue, les deux ne semblent pas s’accorder sur un point : dans
la mesure où le langage poétique ne se voit appliquer aucune
restriction fonctionnelle, ne devrait-il pas en même temps s’exprimer
sans restriction de domaine d’usage ? En effet,
Auch bei den alltäglichen Formen des Ausdrucks kann ein aufmerksammer
Beobachter sehen, wie entlang des lebendigen Strömens die Wörter
fortwährend phantasievoll erneuert werden und erfunden werden und wie
eine vieltönige Poesie aufblüht, ernst und erhaben, zart, anmutig und
leise lächelnd (Croce, 1970, Die Dichtung, p. 19.)
L’observation ordinaire de manifestations poétiques, au sens
étymologique de l’adjectif c’est-à-dire d’une créativité langagière
dans le langage quotidien, ne permettrait donc pas de lui attribuer un
rapport exclusif à la littérature, alors même que cette dernière
constitue sans nul doute la situation d’élection du langage poétique.
Ce dernier renverrait ainsi à la fois à une situation discursive
privilégiée et, au-delà, à un mode d’existence observable, en dehors de
cette situation, par moments (ceux des néologismes quotidiens, par
exemple). Laissons la discussion ouverte pour finir sur un aspect
majeur des thèses concernant l’identité de la poésie et du langage.
Dans "Langage et poésie", l’argumentation en faveur d’une telle
identité est prolongée sur le plan philosophique (Aristote), notamment.
Certains de ces arguments (la contestation de la stylistique de
l’écart, la théorie de Croce) se retrouvent en partie exposés dans un
article éponyme publié en 1970. À la différence de "Langage et
poésie", cet article se termine par une proposition somme toute
inattendue : "Malgré tout, l’identification du langage avec la poésie
n’est pas acceptable, et cela parce que le langage n’est justement pas
absolu" ; c’est-à-dire qu’il est en rapport avec autre chose. En effet,
le langage présente une dimension inaliénable qui est celle de
l’altérité du sujet, et s’il implique ainsi l’expérience
intersubjective c’est parce qu’il est la condition même de la
communication avec un autre (vs. de quelque chose), sans quoi toute
interlocution concrète serait proprement impossible.
Tournant de la réflexion, qui malgré les apparences n’a rien de
contradictoire (voir l’article indiqué), ce déplacement de perspective
au niveau des rapports intersubjectifs, et donc au niveau du texte, va
conduire Coseriu à définir les tâches de la stylistique et son
inclusion au sein d’une linguistique du texte.
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{FR, 27/10/2009}
NOUVELLE REVUE
Nouvelle revue consacrée à la linguistique éditée par le centre Coseriu
de l’Université de Tübingen :
Vient de paraître : http://www.energeia-online.de/
Energeia ist eine Online-Zeitschrift für Sprachwissenschaft und
Sprachphilosophie, die an der Universität Tübingen von der
Forschungsstelle Eugenio Coseriu Coseriu Archiv herausgegeben wird. Sie
erscheint einmal jährlich unter der Adresse www.energeia-online.de und
behandelt Themen der allgemeinen Sprachwissenschaft, Sprachtheorie und
Sprachphilosophie, unter besonderer Berücksichtigung der romanischen
Sprachwissenschaft.
Energeia repräsentiert keine bestimmte vorgegebene theoretische
Ausrichtung, bevorzugt jedoch sprachtheoretische Arbeiten, die eine vom
Sprechen, von der Sprache oder vom Text ausgehende Sichtweise einnehmen
und die Kategorisierungen der sprachlichen Phänomene nicht apriorisch
setzt, sondern aus dem Funktionieren der Sprache und des Sprechens
heraus begründet.
Energeia besteht jeweils aus drei Teilen, einem ersten, in dem
unveröffentlichte Originalbeiträge erscheinen, einem Rezensionsteil und
einem Dokumentationsteil, der in Zusammenhang mit der Arbeit der
Forschungsstelle Eugenio Coseriu Eugenio Coseriu-Archiv steht.
Unveröffentlichte Originalbeiträge können jederzeit in elektronischer
Form an energeia@coseriu.com eingesandt werden. Es wird gebeten, dabei
die redaktionellen Richtlinien zu beachten. Die Aufsätze werden
innerhalb einer Frist von drei Monaten von drei unabhängigen Gutachtern
anonym evaluiert. Nach der Evaluation bekommen die Autoren Nachricht,
gegebenenfalls mit einem Evaluationsbericht und der Bitte um
Veränderung.
Die erste Ausgabe wird im Herbst 2009 online geschaltet.
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{FR, 27/10/2009}
COLLOQUE - APPEL À CONTRIBUTIONS
L’homme sémiotique – pratiques et complexité.
Université de Namur (Belgique), 19 – 21 avril 2010.
Sans rechercher "le propre de l’homme", ce colloque entend contribuer à
une anthropologie sémiotique entendue comme projet interdisciplinaire
des sciences de la culture.
Si la sémiotique, en tant que discipline constituée, a naturellement sa
place, c’est le sémiotique comme domaine d’objectivité qui sera
interrogé, non pas pour constituer des ontologies statiques, mais pour
le reconsidérer sous l’angle de l’action, y compris dans ses
engagements éthiques. C’est donc l’agir humain, considéré dans sa
phylogenèse, son déploiement, sa transmission culturelle, qui sera
privilégié.
Alors que les programmes de naturalisation, exploitant les
développements des sciences de la vie, ont retrouvé une vigueur
nouvelle, ne pourrait-on, complémentairement ou de manière paradoxale,
engager un programme de culturalisation des sciences cognitives ?
L’incidence des facteurs culturels dans les processus cognitifs, même
de "bas niveau", a trouvé de multiples confirmations.
Naturellement interdisciplinaire, ce colloque n’a pas pour but de
tracer des frontières entre sciences de la vie et sciences de la
culture : de l’éthologie à l’ergonomie, les contributions qui
privilégient un recul critique sont les bienvenues –du moment qu’elles
s’infléchissent vers la complexité des pratiques.
Les comportements sont-ils des phénotypes susceptibles d’une
détermination génétique ? Les techniques productives (Leroi-Gourhan),
les récits mythiques (Lévi-Strauss), les rituels (Hocart) appartiennent-
ils à des domaines séparés, ou sont-ils à reconsidérer au sein de
pratiques complexes, tant "matérielles" que "sémiotiques" ?
Qu’il s’agisse de culture matérielle ou de culture "spirituelle", les
pratiques, du travail au jeu, peuvent être abordées comme des
performances sémiotiques.
Enfin, comme elles relèvent de la raison pratique, elles n’échappent
pas, même pour la transgresser, à une normativité éthique qui reste à
décrire en termes d’engagement.
Le colloque se déroulera en trois grandes sessions successives et
articulées : (I) critique des sciences de la culture ;
(II) anthropologies et sémiotiques ; (III) objets culturels : création,
transmission, interprétation.
* Calendrier :
Appel à contributions : 01/11/2009.
Date limite pour la réception des propositions (résumés de 1 à 2
pages) : 15/12/2009.
Ces propositions seront envoyées à l’une des adresses suivantes :
frastier@gmail.com
edanblon@ulb.ac.be
jean.giot@fundp.ac.be
Réponse aux propositions pour le 31/01/2010.
Les communications sont orales, uniquement, afin de favoriser les
discussions, et d’une durée de 20 minutes.
La participation à l’ensemble du colloque est souhaitée. Un programme
complet sera en février 2010 envoyé aux auteurs de communications et à
toute personne qui en fera la demande.
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{FR, 27/10/2009}
COLLOQUE
XXXIe Colloque international d'Albi
Langages et Signification
Du 11 au 15 juillet 2010
au Centre Saint-Amarand, 16 rue de la République, 81000 ALBI
organisé par l'association C.A.L.S. et le C.P.S.T. de l'université de
Toulouse-Le -Mirail, avec le concours de la Mairie d'Albi et du Conseil
Général du Tarn.
Thème : L'écrit : de la signification et de l'interprétation à la
traduction et aux discours critiques.
Les propositions de communications doivent être envoyées de préférence
à notre adresse électronique, en fichiers joints:
p.marillaud.cals@orange.fr
Toutes les informations nécessaires figureront très bientôt sur le site
du colloque qu'a ouvert Robert Gauthier (gauthier@univ-tlse2.fr),
responsable de l'équipe d'édition du C.A.L.S. :
http://w3.univ-tlse2.fr/CALS.htm
Ces résumés devraient ne pas dépasser 20 lignes et ne doivent être
accompagnés ni de notes ni d'une bibliographie. Communiquer des mots
clés n'est pas exigé. La fiche du résumé doit obligatoirement comporter
le nom de l'auteur de la communication, l'établissement qui l'emploie,
et son adresse électronique.
Les résumés des communications devront nous parvenir de préférence
avant la fin du mois d'avril 2010, mais plus tôt serait mieux...
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Résumé: 2009_06_23
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SdT volume 15, numero 3.
LA CITATION DU MOIS
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La philologie, dans son meilleur état, est dans une
double relation face à la création littéraire. Elle
s'en dissocie en restituant les conditions externes de
la production et de la compréhension, et en se
chargeant de la préservation des documents. D'un autre
côté, au contraire elle s'identifie avec l'objet au
point d'entrer dans le processus créatif, comme si elle
pouvait le faire revivre. De l'objectif, on est passé
au coeur d'une objectivité.
Jean Bollack, note X 1955
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SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos deux nouveaux abonnes, dont Gaetan Pegny.
- Changements d'adresse.
2- Textes electroniques
- Le dossier genetique de Madame Bovary.
3- Publications
- Eschylle : "Les Choephores" et "Les Eumenides",
trad. J. et M. Bollack.
4- Textes
- G. Williams : "Les collocations".
- F. Rastier : "Traduction et linguistique des textes".
- J. J. Sterne : "Comment ecrire un bon livre a l'universite".
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque International consacre aux Langues des Signes (CILS),
Namur (Belgique), 16-20 novembre 2009.
- Rencontres interdisciplinaires sur les systemes complexes
naturels et artificiels : "Le contexte",
Rochebrune, 17-24 janvier 2010.
- 10th International Conference on the Statistical Analysis of
Textual Data (JADT 2010), Rome, June, 9-11, 2010.
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 15/05/2009}
BEAUX SITES
Tout le dossier génétique de Madame Bovary
http://bovary.univ-rouen.fr/
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 15/05/2009}
ESCHYLE
Les Choéphores et Les Euménides
Traduction de Jean et Mayotte Bollack
2009, 144 pages, 13,50 euros, ISBN : 9782707320865
Editions de Minuit, parution le 4 juin.
Le meurtre du grand roi a eu lieu. C'est le sujet d'Agamemnon, la
première pièce de la trilogie d'Eschyle que depuis vingt-cinq siècles
nous appelons l'Orestie. Lui succèdent les deux pièces réunies dans ce
volume, Les Choéphores, ou "Les Verseuses de libations", et Les
Euménides ou "Les Bienveillantes". L'une célèbre la vengeance rituelle
d'un meurtre horrible par une exécution scandaleuse, qui demande à son
tour une purification : deux enfants tuent leur mère, une reine, et son
concubin. Les libations répétées, offrandes ou sacrifices, ne se
concilieront pas les morts. L'autre conduit au lent ralliement des
puissances souterraines qui défendent les victimes des crimes de sang.
L'unité des deux pièces apparaît dans le fait qu'elles appartiennent
toutes deux aux suites et aux lourdes conséquences d'un désastre
primordial : pourtant elles ont chacune un monde à elle, l'un humain,
l'autre divin : elles sont jouables conjointement ou séparément. Leur
traduction a pu donner dans le passé des chefs-d'oeuvre de pompe ou
d'éloquence, mais jamais sans doute la lecture brute des mots et de la
métaphore grecque n'a aspiré aussi intensément à rencontrer le théâtre
et son ouverture à la modernité, sur le terrain de la langue étrangère.
L'alliance se cherche entre le déchiffrement patient de la lettre et
l'oralité éclatante de la performance.
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{FR, 15/05/2009, Williams, 16/06/2009}
LES COLLOCATIONS
Geoffrey Williams, Université de Bretagne Sud
Les travaux contextualistes ont démontré l'importance de la collocation
dans l'organisation interne du lexique. Les deux principes défendus par
Sinclair (1987), celui du choix ouvert (open-choice principle) et celui
de l'idiome (idiom principle) organisent nos choix linguistiques. Il
est de plus en plus évident qu'une fois un choix ouvert opéré, nous
sommes confrontés à des restrictions idiomatiques, qu'elles soient
lexicales ou syntaxiques. Dans cette hypothèse, la notion d'idiomatisme
est très large et va au-delà même des catégories de formules figées et
d'idiomes répertoriées par Moon (1998) pour inclure les formules
colligationnelles (Renouf et Sinclair 1991) et les grammaires locales
(Hunston et Francis 2000). Cependant, bien que, dans une classification
linguistique, la collocation soit classée avec les autres phénomènes de
figement, mes propres travaux me conduisent à lui attribuer une place à
part. Le rôle joué par la collocation dans l'organisation du lexique à
la fois au niveau psychologique et linguistique est primordial.
La collocation est au coeur de l'organisation du sens en contexte
(Sinclair, 1991, Sinclair et al. 2004). Cette position est dite
néo-firthienne, et repose sur le précepte du linguiste anglais John
Rupert Firth : "you shall know a word by the company it keeps". Dans
cette approche, le texte est central, il ne s'agit pas d'étudier des
phrases isolées, mais des phrases comme éléments d'un texte situé
lui-même dans un contexte plus large. La collocation ne doit pas se
réduire à des formules figées prises en dehors de leur contexte, mais
va de pair avec le texte.
Ceci n'est pas nécessairement le cas dans tous les modèles de recherche
puisque l'analyse de la collocation a aussi connu un autre
développement dans le monde plus formaliste de la phraséologie sur le
continent européen, et surtout en Russie. Les premières études sur la
collocation ont certes essayé d'assembler des formules réelles et de
les réunir dans un dictionnaire ; toutefois, elles étaient le fruit de
l'intuition du linguiste et soumises aux contraintes imposées par les
théories linguistiques et le format des dictionnaires. La linguistique
de corpus ne s'est imposée en lexicographie que très récemment, et n'a
toujours pas totalement pénétré le monde de la phraséologie. Pour cette
raison, lors de mes conférences, je tiens à distinguer deux approches :
* Les collocations fonctionnelles - la tradition lexicographique,
* Les collocations contextuelles - collocation textuelle et cohésion
lexicale.
L'objet de l'étude est le même, mais le point de vue, l'étendue du
phénomène et la manière de le traiter sont différents. Les collocations
peuvent être recensées largement, mais pas exclusivement, selon des
critères statistiques de cooccurrence. Ainsi le linguiste de corpus est
libéré de l'analyse phrastique et peut considérer la collocation comme
élément de cohésion contextuelle. L'objet, donc, est souvent le même ;
les outils d'analyse et les objectifs sont différents.
Dans mes travaux, je traite de la collocation comme d'un phénomène à la
fois contextualiste et lexicographique. La définition adoptée traite la
collocation comme une relation sémantique entre deux unités lexicales
qui sont en cooccurrence de manière significative et régulière. Le lien
qui les relie est un lien de modifié à modifié.
La relation est sémantique car chacune des unités est porteuse de sens.
Les unités sont lexicales et pleines pour la même raison, mais d'autres
unités peuvent s'insérer pour former des unités collocationnelles. La
collocation est restreinte à deux unités pour des raisons de calcul
statistique, mais la notion d'unité lexicale est laissée dans
l'ambiguïté puisque mot orthographique et unité lexicale ne coïncident
pas toujours. La cooccurrence est régulière et significative en termes
statistiques, mais aussi psychologiques puisque le locuteur natif
reconnaîtra les unités collocationnelles comme "normales". La notion de
normalité est relative et ne signifie pas "bien formé" car les unités
obéissent à des règles sémantiques et non syntaxiques. Le lien est de
modifié à modifié puisque la valeur des deux unités est affectée, il
n'y pas d'élément qui domine l'autre.
Les travaux de Phillips utilisaient des réseaux relativement
restreints ; par contre, les réseaux collocationnels (Williams 1998,
2002) vont plus loin et constituent des réseaux de choix lexicaux, mais
avec la même optique que celle de Phillips, c'est-à-dire l'extraction
de champs contextuels dans lesquels une association de lexèmes de
degrés de technicité divers est tout à fait envisageable. Mes propres
travaux ont trois grands objectifs : caractériser le langage d'une
communauté de discours scientifique, utiliser les liens collocationnels
pour l'extraction d'un lexique et enfin, l'organisation d'un
dictionnaire électronique spécialisé. Dans le cas des réseaux
collocationnels, au lieu d'envisager la collocation comme un lien plus
ou moins fort entre deux unités lexicales, le choix d'un mot ouvre une
série de possibilités exprimées à travers le système grammatical.
Chaque mot plein devient un noeud potentiel, le choix d'un collocatif
donne accès à un nouveau réseau collocationnel avec son propre
environnement textuel. Ainsi, un réseau collocationnel est construit en
suivant les enchaînements collocationnels à l'intérieur de
l'environnement textuel clos qui est celui d'un corpus. En construisant
un réseau de collocations, il doit donc être possible d'isoler des
schémas de référence qui définissent le lexique d'une communauté de
discours spécialisée mais aussi d'utiliser ces schémas pour la
catégorisation d'un corpus (Williams 2002). Les travaux de Berry-Roghe,
Phillips et Williams ont mis en lumière des réseaux de choix lexicaux
opérés dans les textes ; les travaux de Sinclair sur le principe
d'idiomaticité vont plus loin que les relations au sein de binômes et
ouvrent la voie vers la phraséologie.
La notion d'aboutness mise en évidence par Phillips ne concernait que
des réseaux locaux, ce qui peut élucider le sens d'un seul mot dans un
contexte de corpus précis. Cependant, si l'on accepte que chaque membre
du binôme collocationnel est capable d'avoir ses propres collocations,
il doit être possible d'explorer plus loin les réseaux afin de mettre
en relief des thèmes dans un corpus. C'est précisément ce j'ai mis en
lumière avec les réseaux de collocations (Williams 1998).
Le but d'une analyse lexicale basée sur les réseaux de collocation
n'est pas de nier l'apport des classifications externes par
disciplines, mais d'enlever le flou d'appartenance afin de mettre en
évidence le noyau dur et les approches transdisciplinaires. Par contre,
pour les thèmes internes, le point de départ sera les termes eux-mêmes
afin de croiser les résultats de la classification prototypique des
disciplines avec le réseau du terme, ce qui permet d'identifier
l'apport de chaque discipline et des variations de sens.
La sous-catégorisation par collocation n'est pas une fin en soi, il ne
s'agit pas de remplacer des systèmes de classification établis, mais de
regarder l'usage des langues autrement. Les prototypes nous permettent
un regard sociolinguistique sur la langue pour voir comment des
communautés différentes utilisent la langue en contexte.
Dans une approche sociolinguistique d'une communauté de discours
scientifique, le but n'est pas nécessairement d'extraire la
terminologie mais de décrire l'usage des mots dans des situations
d'interaction communicatives. Ceci permet de voir comment des mots
techniques et semi-techniques sont employés dans des contextes
disciplinaires par rapport à des contextes thématiques. Il sera ainsi
possible de repérer des différences d'emploi qui peuvent mener à des
difficultés de compréhension au sein d'une communauté thématique.
Ainsi, la notion de co-occurrence significative des mots pleins et des
mots grammaticaux ont été employé dans des outils de désambiguïsation
lexicale, comme "Sketch Engine" (Kilgariff et al. 2004). Ces études
sont précieuses pour le lexicographe face à la masse de données
présentes dans un corpus. Dans cette communication, quatre théories
autour de la collocation contextualiste seront considérées : la
prosodie sémantique (semantic prosody - Louw 1993), l'amorçage lexical
(lexical priming - Hoey 2005), les réseaux collocationnels et la
résonance collocationnelle (Williams 1998 et 2008 respectivement).
La prosodie sémantique décrit les connotations des mots, ou plutôt de
classes de mots. La notion a été introduite initialement par Sinclair
(1987, 1991) pour décrire la tendance de certains verbes à être
associés à des événements désagréables. L'idée a été reprise et élargie
par Louw. L'important est qu'il s'agit d'une tendance et non d'une
règle. Il fallait prendre en considération l'environnement du mot dans
sa description dans un dictionnaire afin de montrer la tendance, et les
variantes. La notion d'amorçage lexical de Hoey va beaucoup plus loin.
Selon Hoey, chaque mot est associé à un environnement lexical et
grammatical. Le mot, ou le phrasème, est amorcé pour des relations. Ces
amorces sont le fruit de notre exposition à la langue et sont donc
personnelles. Elles sont fondamentales pour notre apprentissage des
langues et la gestion de notre fonds lexical. Il s'agit donc d'une
approche plutôt comportementaliste de la langue. Cependant, ces amorces
peuvent être approchées directement dans un corpus.
Les réseaux collocationnels traitent de la co-occurrence significative
pour explorer les thèmes dans un corpus. Les réseaux montrent comment
le sens est créé par un environnement. Tandis que les réseaux décrivent
l'environnement en synchronie, la résonance collocationnelle est une
exploration de ces environnements en diachronie afin d'analyser les
transferts de sens. La résonance montre comment un mot peut garder les
aspects d'un sens littéral dans un sens figuratif, et également comment
un utilisateur peut, de manière inconsciente, porter la prosodie
sémantique d'un mot dans un environnement contradictoire. Ici, nous
sommes concernés uniquement par l'aspect du transfert de sens en
fonction de l'environnement textuel. Cet environnement est fourni par
le corpus.
Le verbe "forger", que j'ai traité dans le cadre du projet IntUne peut
servir comme exemple de résonance collocationnelle (Williams 2007).
Dans le sens dictionnairique du lexème, "forger" est associé au
forgeron, au fait de travailler des métaux pour créer des objets et des
outils, c'est cet aspect qui va donner la résonance collocationnelle
dans les emplois figuratifs. Dans le corpus, le lexème est employé
360 fois, mais une fois seulement dans le sens de base. Dans quatre
autres cas, le mot est en co-occurrence avec "outil", donc, une
extension du sens, mais, dans la grande majorité des cas, l'emploi
figuratif domine. Les collocations à droite du noeud désignent
principalement des concepts abstraits liés à des êtres humains ; ainsi
nous avons un groupe de collocations qui relève d'une image de soi,
très souvent accompagné du pronom possessif "son". D'autres décrivent
une image du monde, surtout le monde politique. Un troisième groupe
décline les opinions des locuteurs.
L'amorçage lexical opère à plusieurs niveaux limitant les choix au
niveau syntactique, de la prosodie sémantique, des collocations. Les
probabilités d'emploi attachées à ce mot tendent vers l'abstrait plutôt
que vers la création d'outils. Cependant, le sens employé ici puise sa
force sémantique dans son sens littéral avec la notion de façonner, de
créer un outil.
Un autre verbe dans la classe de construction d'identité est le mot
"construire". Les collocats de ce verbe montrent clairement que le sens
littéral est priviégié. Construire signifie bâtir une construction à
partir d'autres éléments, comme des briques. Dans la construction, la
notion de force est moins présente que dans "forger", le fait de
construire demande de la patience afin d'assembler les éléments pour
créer un édifice. Le premier écart métaphorique mène à la construction
de bateaux, d'engins et d'avions. Il est intéressant de constater que
la métaphore de la construction peut continuer avec les collocats : les
bateaux de guerre étant des bâtiments ; les briques et les pierres
restent des éléments de construction par excellence que la construction
soit concrète ou abstraite.
De la construction en dur vers la construction d'identité, il n'y a
qu'un pas. Nous passons au sens figuratif pur, mais les amorçages
lexicaux sont toujours actifs puisque la résonance reste active ;
l'identité et les relations doivent être bâties sur des fondations,
c'est un travail qui est réalisé avec patience à partir de plusieurs
éléments qui forment un ensemble.
Les théories de la résonance collocationnelle et de l'amorçage lexical
essaient d'expliquer les mécanismes de l'acquisition du langage, de
l'emploi et de l'évolution des langues. Comme toutes les théories
issues de la linguistique de corpus, ces mécanismes sont construits à
partir des faits du langage. La question est de connaître la pertinence
éventuelle en lexicographie, et, dans le cas présent, en la
lexicographie bilingue.
La première constatation est que la simple équivalence n'existe pas en
dehors de la terminologie technologique. Il semble donc évident que, si
un dictionnaire bilingue ne peut être équivalent à deux dictionnaires
monolingues mis face à face, il faut des corpus comparables afin
d'explorer les systèmes de relations internes pour chaque langue afin
de comparer les systèmes et les sous systèmes. L'étude des collocations
d'un verbe va permettre de construire les classes d'arguments
possibles ; ainsi nous voyons les classes d'identité qui apparaissent
pour les verbes "forger" et "construire", il n'est pas certain que ces
classes seront présentes dans l'autre corpus, ou que les traductions
auront le même poids. Dans ce cas, il faut pouvoir montrer que
"forger", par exemple est une collocation importante de l'identité en
français, ce qui n'est pas nécessairement le cas en L2. Il est aussi
évident que, même si "forger" et "construire" entrent dans la même
classe sémantique, ils ne seront pas nécessairement des synonymes,
leur poids sémantique étant différent.
Bibliographie
Hoey, M. (2005). Lexical Priming: A New Theory of Words and Language.
London: Routledge.
Hunston S & Francis G. (2000). Pattern Grammar: A corpus-driven
approach to the Lexical Grammar of English. Amsterdam et
Philadelphie: John Benjamins.
Kilgarriff, A., Rychly, P., Smrz, P. & Tugwell, D. (2004). "The Sketch
Engine", in Williams G. & Vessier S., Proceedings of the Eleventh
EURALEX International Congress. Lorient, France, July 6-10, 2004.
pp.105-116.
Louw, B. (1993). "Irony in the text or insincerity in the writer? The
diagnostic potential of semantic prosodies", in Baker, M. 1993. Text
and Technology. Amsterdam: John Benjamins. pp. 157-76.
Moon, R, (1998). Fixed Expressions & Idioms in English, Oxford,
Clarendon Press.
Philips, M. (1985). Aspects of Text Structure: An investigation of the
lexical organisation of text. North Holland: Amsterdam.
Renouf, A. & Sinclair, J. (1991). "Collocational Frameworks in
English", in Aijmer, K. & al. (eds) 1991. English Corpus Linguistics.
Harlow: Longman.
Sinclair, J. McH., Jones, S., Daley, R. (1970|2004). English Lexical
Studies: The OSTI Report. London and New York: Contiuum.
Sinclair, J. McH. (ed) (1987). Looking Up: an account of the COBUILD
Project in Lexical Computing. London: Collins
Sinclair, J. McH. (1991). Corpus, Concordance, Collocation. Oxford :
Oxford University Press
Williams, G. (1998). "Collocational Networks : Interlocking Patterns of
Lexis in a Corpus of Plant Biology Research Articles", International
Journal of Corpus Linguistics. Vol 3/1 : 151-171.
Williams, G. (2002). "In search of representativity in specialised
corpora: categorisation through collocation", International Journal
of Corpus Linguistics. Vol. 7/1, pp. 43-64.
Williams, G. (2007). "De l'architecture des sources à l'architecture de
l'entrée : le rôle du corpus", in Giovanni Dotoli 2007,
"L'Architecture du Dictionnaire Bilingue et le Métier du
Lexicographe, Actes du Colloque International de Capitolo-Monopoli,
16-17 avril", Fasano, Schena. pp. 39-53.
Williams, G. (2008). "The Good Lord and his works : A corpus-based
study of collocational resonance", in Granger, S. & Meunier,
(eds), Phraseology: an interdisciplinary perspective, Amsterdam:
Benjamins. pp 159-173.
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{FR, 15/05/2009}
TRADUCTION ET LINGUISTIQUE DES TEXTES
François Rastier
Résumé de conférence, in Tatiana Milliaressi, La traduction :
philosophie, linguistique et didactique, Travaux et recherches,
Université de Lille 3, p. 35-38.
Les textes sont des centons -ils empruntent à d'autres langues. La
linguistique des textes est aussi une linguistique de l'intertexte.
Tout corpus textuel est potentiellement plurilingue, car les genres et
les discours le sont.
La traduction est un art, au sens d'une pratique réflexive, et ne peut
se réduire à des stipulations énumérables qui permettraient d'en faire
une simple technique. Cette pratique a toujours accompagné la réflexion
sur les langues : est-elle pour autant l'objet d'une science spécifique
comme la traductologie ? Ou bien la traductologie n'est-elle qu'un
domaine de la linguistique, et la traduction un simple champ
d'application ?
1. La linguistique moderne est née de la convergence de plusieurs
traditions :
(i) La tradition grammaticale visait à l'établissement et à la
compréhension immédiate -permettant "l'interprétation grammaticale"
(Schleiermacher), comme condition nécessaire, mais non suffisante de
la lecture. Elle restait monolingue, se contentant de transposer les
catégories de la grammaire grecque dans la grammaire latine, puis de
la grammaire latine dans les grammaires vulgaires élaborées à la
Renaissance.
(ii) La pratique à grande échelle de la traduction, liée à la
colonisation, à l'évangélisation et à la modernisation administrative
des empires (russe, anglais, etc.), a permis de faire de la diversité
linguistique un objet de pensée en même temps qu'un problème
scientifique.
(iii) Enfin, l'essor des nations européennes a conduit à restituer les
traditions discursives et de la profondeur historique des langues.
D'où la dimension tout à la fois historique et comparative de la
linguistique générale qui se constitue en science au début du
XIXe siècle.
La prise en considération de la diversité interne des langues
(diatopique, diachronique, diaphasique) ainsi que de leur diversité
externe a ainsi permis à la linguistique de se constituer en science, à
partir de cette discipline simplement scolaire qu'était restée la
grammaire.
Dans la perspective comparative qui a présidé à la constitution de la
linguistique générale, une langue n'est au demeurant qu'une part
spécifique de groupes de langues en co-évolution ("familles", aires,
etc.) et la caractérisation des langues demeure une entreprise
contrastive. Tant en synchronie qu'en diachronie, une langue ne peut
d'ailleurs être décrite isolément, car elle est en interaction
constante avec d'autres.
Enfin, la méthodologie comparative suppose la traduction ou du moins en
précise les conditions. Cette méthodologie a en outre permis
l'affermissement épistémologique des sciences de la culture, comme le
montrent les travaux de Saussure, Dumézil, Lévi-Strauss, qui tous ont
élaborés leurs synthèse à partir de vastes corpus multilingues.
2. Le problème de la traduction nous paraît à présent trop précieux et
trop central pour la linguistique pour que la traductologie devienne
désormais une discipline indépendante : une telle évolution serait sans
doute dommageable, tant pour les études sur la traduction que pour le
reste de la linguistique générale et comparée.
Au sein de la linguistique, les études traductologiques assument une
responsabilité particulière : la grammaire ayant édifié ses catégories
à partir de la logique et de l'ontologie classiques, pour décrire les
langues classiques puis européennes "vulgaires", la linguistique dont
elle forme le noyau traditionnel inquestionné demeure largement
eurocentrique. La philosophie du langage qui la sous-tend considère en
effet la diversité des langues et des textes comme inessentielles.
Sans égard pour l'obsession millénaire qui préside aux grammaires
universelles, une réflexion fondationnelle sur la traduction dans ses
principes et ses pratiques pourrait devenir alors l'occasion et le
moyen d'un triple décentrement, épistémologique, méthodologique et
descriptif.
3. La pratique de la traduction oppose un démenti silencieux mais
tenace tant à la problématique de la cognition qu'à celle de la
communication.
Fondés tous deux sur la sémiotique appauvrie propre à la théorie de
l'information, les paradigmes de la cognition et de la communication
réduisent les langues de culture à des langues de service,
sous-langages artificiels aussi éloignés des langues dites "naturelles"
(c'est-à-dire culturelles) que le Basic puis le Globish le sont de
l'anglais. Sans corpus, sans traditions discursives, sans histoire, ces
idiomes restreints ne sauraient devenir les parangons des langues.
Aussi peut-on regretter que le Cadre Européen de Référence pour les
Langues, devenu à présent une norme internationale, reste pénétré d'un
utilitarisme "de bon sens" et ne permette aucune différenciation entre
langue de service et langue de culture : sans être exclus, les facteurs
culturels sont réduits à des "compétences".
Seule la restitution de la complexité des textes peut garantir et
justifier, pour les applications qui le permettent, des simplifications
efficaces et rationnelles : paradoxalement, le simple ne peut être
obtenu qu'à partir du complexe, et l'on devrait éviter qu'un simplisme
a priori n'entrave l'apprentissage des langues sous couleur de
l'évaluer.
Au cognitivisme, dérivé du conceptualisme classique, la problématique
de la traduction oppose qu'il n'existe pas de niveau conceptuel
indépendant des langues : les interlangues sont donc condamnées à
l'échec par les simplifications drastiques qu'elles imposent. Les
difficultés rencontrées par les projets comme WordNet et EuroWordNet,
censées édifier des "ontologies" propres à faciliter la traduction,
leur très faible utilité au regard des investissements qu'ils attirent,
peuvent ici servir de mise en garde. Les alignements de corpus, fondés
sur des pratiques effectives, se révèlent beaucoup plus utilisables.
À la théorie de la communication, la problématique de la traduction
oppose que les textes oraux ou écrits ne sont pas de simples vecteurs
d'information, mais portent des valeurs inséparables des "faits". Le
changement de langue ne se réduit donc pas à un "transport"
d'information induisant des variations contextuelles.
De fait, les enjeux économiques sont importants : les entreprises et
les sites marchands multilingues soulignent l'importance -au-delà des
prix- des valeurs culturelles variables qui s'attachent à la
présentation des produits et aux argumentaires commerciaux.
Les enjeux culturels sont plus importants encore. Chaque culture recèle
des traits qui peuvent prétendre à une valeur universelle, quand bien
même cette valeur lui resterait voilée par des préjugés d'appartenance.
Bref, les cultures ne peuvent être décrites que différentiellement,
comme les objets culturels qui les composent, au premier chef les
langues et les textes. Enfin, la diversité qui, par contraste avec
l'uniformité fondamentale du monde physique, fait la richesse des
"mondes" sémiotiques, suppose pour être comprise un décentrage
critique, et, plutôt qu'un relativisme, un cosmopolitisme
méthodologique nécessaire pour éviter l'ethnocentrisme -voire le
nationalisme et le racisme.
4. Les divers niveaux linguistiques sont organisés par une
multiplicité de normes de discours, de genre et de style encore mal
décrites, mais dont la maîtrise permet de traduire de texte à texte
plus encore que de langue à langue. Aussi, c'est à une théorie du texte
qu'il revient de définir linguistiquement le statut des unités de
traduction, et notamment les passages.
La vocation de la traductologie reste de renouveler la linguistique de
l'intérieur : la question de la traduction peut y devenir centrale dès
lors qu'on quitte la problématique du signe pour celle du texte. Elle
permet en effet de réintroduire pleinement l'activité interprétative
dans la communication linguistique, en ouvrant la voie à sa
reconception comme une interaction entre passages au sein du texte et
de l'intertexte. La linguistique des textes, notamment dans ses
développements sémantiques, assume une responsabilité particulière pour
décrire, avec une méthodologie unifiée, les relations au sein des
textes et entre textes, qu'ils soient de même langue ou relèvent de
langues différentes.
On pourrait enfin décrire dans une théorie unifiée les reformulations
et transformations internes aux textes, comme les rapports entre les
textes d'une même langue, de langues différentes, de performances
sémiotiques appartenant à des systèmes différents (par exemple,
l'adaptation d'un roman au cinéma). La traductologie s'ouvre ainsi à
une réflexion sur les rapports complexes entre traditions sémiotiques
et entre cultures.
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{FR, 15/05/2009}
COMMENT ÉCRIRE UN BON LIVRE À L'UNIVERSITÉ
Jies J. Sterne
Comment écrire un bon livre à l'université
Exposition des vrais principes qui norment la production
universitaire en France, à destination des plus jeunes afin
qu'ils apprennent à se diriger en cette science et des moins
jeunes afin qu'ils les conservent en leur esprit
Axiomes
I. Moins je suis compris, plus je suis intelligent.
Cela est évident par soi.
II. L'influence est le critère de la valeur intellectuelle.
Cela est encore évident par soi : de fait, nous sommes intelligents et
un amas de gens intelligents est plus intelligent qu'un seul
intelligent.
Première Partie
De ce que nous ne devons pas dire ce
que nous pensons (comment être admis)
PROPOSITION I - Ne jamais critiquer un ponte tant qu'il est vivant.
Scolie : On risquerait sinon de ne plus faire partie des gens
intelligents.
PROPOSITION II - User du vocabulaire de la secte, et envoyer des fleurs
à ses collègues. Rédiger des hommages.
Démonstration : Cela est évident à partir du scolie de la proposition I.
Scolie : Parmi les gens qui pensent, envoyer des fleurs se dit aussi
"citer". Il faut veiller à citer tous les gens intelligents de votre
domaine.
PROPOSITION III - Entre spécialistes, la répétition est de rigueur. On
n'hésitera donc pas à parler de ce dont tout le monde a déjà parlé.
Démonstration : Cela est évident à partir de la prop. II. L'importance
d'un domaine du savoir se mesurant au poids et au volume des
publications, on veillera ainsi à agrandir l'importance de son
domaine. On sera alors bien accueilli.
PROPOSITION IV - Procéder par allusions (notre savoir est de
connivence).
Scolie : Cela va de soi à partir de ce qui précède. Respecter les
prop. I à III, c'est en effet avoir l'assurance d'être admis et
accepté par ses pairs. Une fois entre soi, il est inutile voire
nuisible que quiconque venu du monde extérieur s'immisce là où à
l'évidence il ne devrait pas (d'abord se trouver une niche. Il s'agit
ensuite d'y rester et de la défendre, puis de l'agrandir).
Fin de la première partie
Deuxième partie
Ne pas penser (comment monter)
PROPOSITION I - Fausse nouveauté (la mode, ou, comme cela se dit aussi
parfois dans un langage plus soutenu, la "modernité") : avec un peu
d'art, on pourra fort bien reprendre sous une forme différente ce qui
a été dit ailleurs.
Scolie : On peut ainsi rejouer l'histoire de la métaphysique à
l'infini. On nomme "avant-garde" ceux qui parviennent à faire de
grands bonds en avant tout en restant sur place. On pourra ainsi en
proclamant opérer des ruptures radicales, recycler la tradition (le
cloisonnement des écoles peut faciliter la reprise sous une forme
différente de ce qui a été dit ailleurs). On peut appeler
"déconstruction" l'acte qui consiste à ne pas détruire sans
construire non plus, et "post-modernisme" l'art du recyclage des
cadavres (mais on peut aussi leur trouver d'autres noms). Concilier
la prétention à la rupture et le respect du passé peut prendre la
forme de "retours" : il sera bon par exemple d'expliquer que la
biologie contemporaine est aristotélicienne. "Je suis tout neuf, donc
je suis tout nouveau, ce qui ne m'empêche pas de m'inscrire dans une
longue tradition".
Corollaire I : Si on applique ce qui précède, on sera parvenu à être
d'une originalité attendue (la "distinction"). On sera ainsi certifié
conforme et on obtiendra les premières places partout.
Corollaire II : Par contre, il s'agit de faire attention : quand on a
réinventé l'eau tiède, bien dire que les autres ne l'ont pas fait.
Mais sur ces choses (les moyens de faire la guerre), plus tard.
PROPOSITION II - Capital : lorsqu'on écrit sur un auteur, ne pas
distinguer ses écrits propres d'avec les siens (paraphrase pieuse).
Scolie : On aura ainsi respecté toutes les propositions qui précèdent.
Cela permet à la fois de s'auréoler de la gloire de Leibniz ou de
Kant, et de se rétracter si on a repris à son compte une énormité de
l'auteur.
PROPOSITION III - Le positif (l'exactitude des faits) n'a pas
d'importance ; il est bon néanmoins, sans que ceci soit
contradictoire avec cela, de se parer de l'aura de scientificité et
donc d'autorité que les références aux sciences positives, à
l'histoire ou autres peuvent apporter.
Démonstration : Au niveau de hauteur où la pensée doit se situer, le
contact avec ce qu'on nommera l'empirie n'est pas digne de nous (d'une
manière générale, nous sommes trop dignes pour être curieux). Le
philosophe en particulier, fonde toutes les autres sciences. Il n'a
donc pas besoin de les connaître.
Scolie : En histoire des sciences, l'exactitude étant une notion
dépassée, on pourra consacrer plus de temps aux thèses réfutées
qu'aux thèses plus fécondes.
PROPOSITION IV - D'une manière générale, la brutalité et la souffrance
humaine ne sont pas des objets dignes d'être pensés.
Démonstration : Cela est évident à partir de la considération de notre
dignité.
PROPOSITION V - Il convient de choisir un sujet suffisamment neutre
pour ne gêner personne.
Démonstration : Cela est évident à partir de la prop. I partie I et de
son scolie.
Scolie : Fort heureusement, être plat et lisse dans ses écrits
n'empêche pas de ne pas l'être dans ses actions. On pourra ainsi
valoriser la voie moyenne tout en réintroduisant les fascistes dans
l'université. Mais il faudra alors attendre d'être installé.
PROPOSITION VI - Évacuer ce qui devrait poser problème. Faire passer
les échecs de son auteur pour des victoires ; lisser sa biographie,
en particulier s'il a participé à un massacre ou s'il l'a justifié (a
fortiori, ne pas dire que l'on s'intéresse à cet auteur à cause de
cette dimension de son "oeuvre").
Démonstration : On a vu en effet que les hommes de lettres doivent
garantir la propreté et le bon ton (ce qu'on nomme "subtilité" et
"finesse"). Il faut néanmoins acquérir un art de la dénégation
absolument consommé pour parvenir à nier certaines évidences. Être
sans cesse lénifiant et neutre n'est de fait pas accessible à
n'importe qui et en permanence, mais aux plus grands maîtres en notre
art.
Scolie : On pourra commencer par le dépolitiser en affirmant que sa
pensée n'a rien à voir avec son action. Une fois qu'on l'aura ainsi
désincarnée, on pourra par contre affirmer que cette pensée a la clé
du monde contemporain (Heidegger, Tocqueville, etc.).
PROPOSITION VII - Mon auteur et ma chapelle ont toutes les réponses.
Démonstration : Cela se déduit très bien des propositions I à III,
partie I.
PROPOSITION VIII - Les réponses apportées ne font pas surgir de
nouveaux problèmes.
Démonstration : Voir la démonstration de la proposition VII.
PROPOSITION IX - Ne pas dire quand on ne sait pas (il y a assurément
une conception du savoir comme totalité bornée et autosatisfaite.
Elle se montre, c'est la Mystique).
Démonstration I : Cela est encore une fois évident à partir des
propositions I à III, partie I.
Démonstration II : Cela est aussi évident à partir de la définition de
la nature humaine. Si l'homme en effet désire naturellement savoir et
que notre profession et notre justification est de savoir, nous
serons vénérés et aurons satisfait nos besoins et ceux de notre
public en lui fournissant des réponses. CQFD.
PROPOSITION X - Ne jamais revenir sur ce que l'on sait.
Démonstration : On a vu dans ce qui précède que nous avons déjà toutes
les réponses. Il serait donc grotesque d'y revenir.
Scolie : Que nous sachions déjà tout explique que certains avancent que
rien n'a été fait depuis Aristote, et que c'est très bien comme ça.
Qui plus est, les livres et la tradition sont un capital (et pas
seulement symbolique...). Tout est donc bon dans la boutique. Quand
on a lu un pavé de 800 pages, ne jamais dire qu'il était franchement
sans intérêt (c'est déjà suffisamment dur pour soi).
PROPOSITION XI - Dans la mesure où les questions des autres disciplines
trouvent leurs réponses dans la sienne, veiller à bien dépasser les
limites de son propre savoir.
Démonstration : Cela est évident à partir de ce qui précède.
Scolie : On peut notamment jouer sur la double compétence et utiliser
les sciences pour impressionner les philosophes, ou la philosophie
pour impressionner les scientifiques (M. Serres).
J'en ai fini avec ce que je m'étais proposé de faire dans cette
deuxième partie, où je pense avoir expliqué assez longuement et autant
que le permet la difficulté de la chose, comment ne pas penser, et
avoir livré des choses telles qu'on en peut conclure bien des choses
remarquables, extrêmement utiles à connaître, comme on l'a établi et
l'établira encore. Mais il faut maintenant examiner l'attitude à
adopter quand on a atteint un certain niveau.
[...à suivre...]
Biographie de l'auteur :
Jies J. Sterne
Né le 20 avril 1972 à Austin (Texas, USA). Dans les années 90,
Jies J. Sterne est venu faire ses études de philosophie à Paris, où il
a notamment rédigé une thèse en Sorbonne sur "Dieu et l'âme chez
Husserl et Heidegger : des précurseurs scolastiques aux sciences
contemporaines de l'esprit". Jugeant trop lent le train des réformes en
France, il est rentré aux Etats-Unis en 2001 et y a dirigé un centre
d'applications des études cognitives sur la manipulation des bovins et
la rationalisation des prisons. Il est néanmoins revenu il y a peu sous
nos latitudes pour apporter un peu d'air frais à la recherche
française, dont il a aidé à repenser l'ouverture ; d'aucuns disent
même que par sa conceptualisation néo-rhizomique du "retour de la
répétition" il nous aide à penser l'Ouvert-à-ce-qui-vient, et le
Encore-plus-du-toujours-déjà-là.
Président d'honneur de l'ADRDFD (Amicale Dallas-Riyad pour les Droits
des Femmes et la Démocratie) ;
Trésorier de l'ARCPE (Association Rénovante pour une Culture
Philosophique d'Entreprise).
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 15/05/2009}
COLLOQUE
Nous avons le plaisir de vous annoncer l'organisation d'un grand
Colloque International consacré aux Langues des Signes (CILS) qui se
tiendra en novembre 2009 durant 5 jours à l'Université de Namur
(Belgique).
Pour toute information, visitez le site :
http://www.cils-namur.be
Ce site, tout comme le colloque, est en quatre langues : français,
langue des signes française de Belgique (LSFB), anglais et signes
internationaux (IS).
Comité organisateur : Pr J. Giot, Pr J.-M. Klinkenberg,
L. Meurant, A. Sinte, M. Zegers de Beyl.
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{FR, 21/06/2009}
APPEL À COMMUNICATIONS
Le Contexte
Rencontres interdisciplinaires sur les
systèmes complexes naturels et artificiels
Rochebrune, 17 au 24 janvier 2010
* Qu'est-ce que Rochebrune ?
Ce n'est pas par hasard que Rochebrune est essentiellement un lieu.
Hors de toutes contraintes institutionnelles, Rochebrune est le lieu du
doute et du questionnement de nos pratiques scientifiques en prise avec
les systèmes complexes du physique au social, naturels ou artificiels.
C'est, de ce fait, un lieu privilégié du dialogue interdisciplinaire
qui permet à chacun d'ouvrir ses perspectives en interaction soutenue
avec les autres. Ceci ne peut se faire que dans un lieu physique
approprié et depuis 1992, il s'agit d'un chalet isolé et chaleureux qui
nous accueille au sommet des pistes de Megève créant ainsi le vase clos
indispensable à l'alchimie du dialogue.
* Le thème
On s'entend généralement à dire qu'un système est complexe si on ne
peut pas retirer uncomposant du système sans que le système change de
nature, ou encore qu'un système complexe est plus que la somme de ses
parties. Mais que faut-il dire de son contexte ? Peut-on comprendre un
système indépendamment de l'environnement dans lequel il est plongé ?
Et comment, en fonction de quelles questions et de quels critères,
placer la frontière entre intérieur et extérieur du système. [...]
Dans la pure tradition des journées de Rochebrune, cette question
transcende les disciplines et il convient donc d'explorer ce que
chacune d'entre elles a à en dire [...].
[...]
Si cette question vous interpelle et que vous prétendez pouvoir y
apporter un éclairage, vos doutes et vos propres questions, nous
attendons votre communication de 4 (minimum acceptable) à 12 pages
maximum à l'adresse suivante :
jean-pierre.muller@cirad.fr
Les communications seront évaluées en bonne et due forme et les
contributions acceptées seront publiées après les journées de
Rochebrune et après intégration des commentaires et discussions, par
l'ENST-Paris.
* Echéancier
Date limite de réception des propositions : 30 septembre 2009
Notification : 31 octobre 2009
Inscription à Rochebrune : 15 décembre 2009
Journées de Rochebrune : 17 au 24 janvier 2010
Papiers complets et révisés : 28 février 2010
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{BP, 22/06/2009}
CALL FOR PAPERS
JADT 2010
10th International Conference on the
Statistical Analysis of Textual Data
University of Rome (Italy) - June, 9-11, 2010
http://jadt2010.uniroma1.it/
[...]
* Important Dates
Title and Abstract (max 20 rows) : 31 July 2009
Submission Deadline : First Version of Paper (Full-text) :
20 October 2009
Notification to Authors : 10 December 2009
Final Camera-Ready Paper Delivery : 10 January 2010
Conference Dates : 9-11 June 2010
[...]
* Contacts
jadt2010@uniroma1.it
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SdT volume 15, numero 3.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________________
La philologie, dans son meilleur état, est dans une
double relation face à la création littéraire. Elle
s'en dissocie en restituant les conditions externes de
la production et de la compréhension, et en se
chargeant de la préservation des documents. D'un autre
côté, au contraire elle s'identifie avec l'objet au
point d'entrer dans le processus créatif, comme si elle
pouvait le faire revivre. De l'objectif, on est passé
au coeur d'une objectivité.
Jean Bollack, note X 1955
________________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos deux nouveaux abonnes, dont Gaetan Pegny.
- Changements d'adresse.
2- Textes electroniques
- Le dossier genetique de Madame Bovary.
3- Publications
- Eschylle : "Les Choephores" et "Les Eumenides",
trad. J. et M. Bollack.
4- Textes
- G. Williams : "Les collocations".
- F. Rastier : "Traduction et linguistique des textes".
- J. J. Sterne : "Comment ecrire un bon livre a l'universite".
5- Appels : Colloques et revues
- Colloque International consacre aux Langues des Signes (CILS),
Namur (Belgique), 16-20 novembre 2009.
- Rencontres interdisciplinaires sur les systemes complexes
naturels et artificiels : "Le contexte",
Rochebrune, 17-24 janvier 2010.
- 10th International Conference on the Statistical Analysis of
Textual Data (JADT 2010), Rome, June, 9-11, 2010.
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[information réservée aux abonnés]
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 15/05/2009}
BEAUX SITES
Tout le dossier génétique de Madame Bovary
http://bovary.univ-rouen.fr/
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 15/05/2009}
ESCHYLE
Les Choéphores et Les Euménides
Traduction de Jean et Mayotte Bollack
2009, 144 pages, 13,50 euros, ISBN : 9782707320865
Editions de Minuit, parution le 4 juin.
Le meurtre du grand roi a eu lieu. C'est le sujet d'Agamemnon, la
première pièce de la trilogie d'Eschyle que depuis vingt-cinq siècles
nous appelons l'Orestie. Lui succèdent les deux pièces réunies dans ce
volume, Les Choéphores, ou "Les Verseuses de libations", et Les
Euménides ou "Les Bienveillantes". L'une célèbre la vengeance rituelle
d'un meurtre horrible par une exécution scandaleuse, qui demande à son
tour une purification : deux enfants tuent leur mère, une reine, et son
concubin. Les libations répétées, offrandes ou sacrifices, ne se
concilieront pas les morts. L'autre conduit au lent ralliement des
puissances souterraines qui défendent les victimes des crimes de sang.
L'unité des deux pièces apparaît dans le fait qu'elles appartiennent
toutes deux aux suites et aux lourdes conséquences d'un désastre
primordial : pourtant elles ont chacune un monde à elle, l'un humain,
l'autre divin : elles sont jouables conjointement ou séparément. Leur
traduction a pu donner dans le passé des chefs-d'oeuvre de pompe ou
d'éloquence, mais jamais sans doute la lecture brute des mots et de la
métaphore grecque n'a aspiré aussi intensément à rencontrer le théâtre
et son ouverture à la modernité, sur le terrain de la langue étrangère.
L'alliance se cherche entre le déchiffrement patient de la lettre et
l'oralité éclatante de la performance.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 15/05/2009, Williams, 16/06/2009}
LES COLLOCATIONS
Geoffrey Williams, Université de Bretagne Sud
Les travaux contextualistes ont démontré l'importance de la collocation
dans l'organisation interne du lexique. Les deux principes défendus par
Sinclair (1987), celui du choix ouvert (open-choice principle) et celui
de l'idiome (idiom principle) organisent nos choix linguistiques. Il
est de plus en plus évident qu'une fois un choix ouvert opéré, nous
sommes confrontés à des restrictions idiomatiques, qu'elles soient
lexicales ou syntaxiques. Dans cette hypothèse, la notion d'idiomatisme
est très large et va au-delà même des catégories de formules figées et
d'idiomes répertoriées par Moon (1998) pour inclure les formules
colligationnelles (Renouf et Sinclair 1991) et les grammaires locales
(Hunston et Francis 2000). Cependant, bien que, dans une classification
linguistique, la collocation soit classée avec les autres phénomènes de
figement, mes propres travaux me conduisent à lui attribuer une place à
part. Le rôle joué par la collocation dans l'organisation du lexique à
la fois au niveau psychologique et linguistique est primordial.
La collocation est au coeur de l'organisation du sens en contexte
(Sinclair, 1991, Sinclair et al. 2004). Cette position est dite
néo-firthienne, et repose sur le précepte du linguiste anglais John
Rupert Firth : "you shall know a word by the company it keeps". Dans
cette approche, le texte est central, il ne s'agit pas d'étudier des
phrases isolées, mais des phrases comme éléments d'un texte situé
lui-même dans un contexte plus large. La collocation ne doit pas se
réduire à des formules figées prises en dehors de leur contexte, mais
va de pair avec le texte.
Ceci n'est pas nécessairement le cas dans tous les modèles de recherche
puisque l'analyse de la collocation a aussi connu un autre
développement dans le monde plus formaliste de la phraséologie sur le
continent européen, et surtout en Russie. Les premières études sur la
collocation ont certes essayé d'assembler des formules réelles et de
les réunir dans un dictionnaire ; toutefois, elles étaient le fruit de
l'intuition du linguiste et soumises aux contraintes imposées par les
théories linguistiques et le format des dictionnaires. La linguistique
de corpus ne s'est imposée en lexicographie que très récemment, et n'a
toujours pas totalement pénétré le monde de la phraséologie. Pour cette
raison, lors de mes conférences, je tiens à distinguer deux approches :
* Les collocations fonctionnelles - la tradition lexicographique,
* Les collocations contextuelles - collocation textuelle et cohésion
lexicale.
L'objet de l'étude est le même, mais le point de vue, l'étendue du
phénomène et la manière de le traiter sont différents. Les collocations
peuvent être recensées largement, mais pas exclusivement, selon des
critères statistiques de cooccurrence. Ainsi le linguiste de corpus est
libéré de l'analyse phrastique et peut considérer la collocation comme
élément de cohésion contextuelle. L'objet, donc, est souvent le même ;
les outils d'analyse et les objectifs sont différents.
Dans mes travaux, je traite de la collocation comme d'un phénomène à la
fois contextualiste et lexicographique. La définition adoptée traite la
collocation comme une relation sémantique entre deux unités lexicales
qui sont en cooccurrence de manière significative et régulière. Le lien
qui les relie est un lien de modifié à modifié.
La relation est sémantique car chacune des unités est porteuse de sens.
Les unités sont lexicales et pleines pour la même raison, mais d'autres
unités peuvent s'insérer pour former des unités collocationnelles. La
collocation est restreinte à deux unités pour des raisons de calcul
statistique, mais la notion d'unité lexicale est laissée dans
l'ambiguïté puisque mot orthographique et unité lexicale ne coïncident
pas toujours. La cooccurrence est régulière et significative en termes
statistiques, mais aussi psychologiques puisque le locuteur natif
reconnaîtra les unités collocationnelles comme "normales". La notion de
normalité est relative et ne signifie pas "bien formé" car les unités
obéissent à des règles sémantiques et non syntaxiques. Le lien est de
modifié à modifié puisque la valeur des deux unités est affectée, il
n'y pas d'élément qui domine l'autre.
Les travaux de Phillips utilisaient des réseaux relativement
restreints ; par contre, les réseaux collocationnels (Williams 1998,
2002) vont plus loin et constituent des réseaux de choix lexicaux, mais
avec la même optique que celle de Phillips, c'est-à-dire l'extraction
de champs contextuels dans lesquels une association de lexèmes de
degrés de technicité divers est tout à fait envisageable. Mes propres
travaux ont trois grands objectifs : caractériser le langage d'une
communauté de discours scientifique, utiliser les liens collocationnels
pour l'extraction d'un lexique et enfin, l'organisation d'un
dictionnaire électronique spécialisé. Dans le cas des réseaux
collocationnels, au lieu d'envisager la collocation comme un lien plus
ou moins fort entre deux unités lexicales, le choix d'un mot ouvre une
série de possibilités exprimées à travers le système grammatical.
Chaque mot plein devient un noeud potentiel, le choix d'un collocatif
donne accès à un nouveau réseau collocationnel avec son propre
environnement textuel. Ainsi, un réseau collocationnel est construit en
suivant les enchaînements collocationnels à l'intérieur de
l'environnement textuel clos qui est celui d'un corpus. En construisant
un réseau de collocations, il doit donc être possible d'isoler des
schémas de référence qui définissent le lexique d'une communauté de
discours spécialisée mais aussi d'utiliser ces schémas pour la
catégorisation d'un corpus (Williams 2002). Les travaux de Berry-Roghe,
Phillips et Williams ont mis en lumière des réseaux de choix lexicaux
opérés dans les textes ; les travaux de Sinclair sur le principe
d'idiomaticité vont plus loin que les relations au sein de binômes et
ouvrent la voie vers la phraséologie.
La notion d'aboutness mise en évidence par Phillips ne concernait que
des réseaux locaux, ce qui peut élucider le sens d'un seul mot dans un
contexte de corpus précis. Cependant, si l'on accepte que chaque membre
du binôme collocationnel est capable d'avoir ses propres collocations,
il doit être possible d'explorer plus loin les réseaux afin de mettre
en relief des thèmes dans un corpus. C'est précisément ce j'ai mis en
lumière avec les réseaux de collocations (Williams 1998).
Le but d'une analyse lexicale basée sur les réseaux de collocation
n'est pas de nier l'apport des classifications externes par
disciplines, mais d'enlever le flou d'appartenance afin de mettre en
évidence le noyau dur et les approches transdisciplinaires. Par contre,
pour les thèmes internes, le point de départ sera les termes eux-mêmes
afin de croiser les résultats de la classification prototypique des
disciplines avec le réseau du terme, ce qui permet d'identifier
l'apport de chaque discipline et des variations de sens.
La sous-catégorisation par collocation n'est pas une fin en soi, il ne
s'agit pas de remplacer des systèmes de classification établis, mais de
regarder l'usage des langues autrement. Les prototypes nous permettent
un regard sociolinguistique sur la langue pour voir comment des
communautés différentes utilisent la langue en contexte.
Dans une approche sociolinguistique d'une communauté de discours
scientifique, le but n'est pas nécessairement d'extraire la
terminologie mais de décrire l'usage des mots dans des situations
d'interaction communicatives. Ceci permet de voir comment des mots
techniques et semi-techniques sont employés dans des contextes
disciplinaires par rapport à des contextes thématiques. Il sera ainsi
possible de repérer des différences d'emploi qui peuvent mener à des
difficultés de compréhension au sein d'une communauté thématique.
Ainsi, la notion de co-occurrence significative des mots pleins et des
mots grammaticaux ont été employé dans des outils de désambiguïsation
lexicale, comme "Sketch Engine" (Kilgariff et al. 2004). Ces études
sont précieuses pour le lexicographe face à la masse de données
présentes dans un corpus. Dans cette communication, quatre théories
autour de la collocation contextualiste seront considérées : la
prosodie sémantique (semantic prosody - Louw 1993), l'amorçage lexical
(lexical priming - Hoey 2005), les réseaux collocationnels et la
résonance collocationnelle (Williams 1998 et 2008 respectivement).
La prosodie sémantique décrit les connotations des mots, ou plutôt de
classes de mots. La notion a été introduite initialement par Sinclair
(1987, 1991) pour décrire la tendance de certains verbes à être
associés à des événements désagréables. L'idée a été reprise et élargie
par Louw. L'important est qu'il s'agit d'une tendance et non d'une
règle. Il fallait prendre en considération l'environnement du mot dans
sa description dans un dictionnaire afin de montrer la tendance, et les
variantes. La notion d'amorçage lexical de Hoey va beaucoup plus loin.
Selon Hoey, chaque mot est associé à un environnement lexical et
grammatical. Le mot, ou le phrasème, est amorcé pour des relations. Ces
amorces sont le fruit de notre exposition à la langue et sont donc
personnelles. Elles sont fondamentales pour notre apprentissage des
langues et la gestion de notre fonds lexical. Il s'agit donc d'une
approche plutôt comportementaliste de la langue. Cependant, ces amorces
peuvent être approchées directement dans un corpus.
Les réseaux collocationnels traitent de la co-occurrence significative
pour explorer les thèmes dans un corpus. Les réseaux montrent comment
le sens est créé par un environnement. Tandis que les réseaux décrivent
l'environnement en synchronie, la résonance collocationnelle est une
exploration de ces environnements en diachronie afin d'analyser les
transferts de sens. La résonance montre comment un mot peut garder les
aspects d'un sens littéral dans un sens figuratif, et également comment
un utilisateur peut, de manière inconsciente, porter la prosodie
sémantique d'un mot dans un environnement contradictoire. Ici, nous
sommes concernés uniquement par l'aspect du transfert de sens en
fonction de l'environnement textuel. Cet environnement est fourni par
le corpus.
Le verbe "forger", que j'ai traité dans le cadre du projet IntUne peut
servir comme exemple de résonance collocationnelle (Williams 2007).
Dans le sens dictionnairique du lexème, "forger" est associé au
forgeron, au fait de travailler des métaux pour créer des objets et des
outils, c'est cet aspect qui va donner la résonance collocationnelle
dans les emplois figuratifs. Dans le corpus, le lexème est employé
360 fois, mais une fois seulement dans le sens de base. Dans quatre
autres cas, le mot est en co-occurrence avec "outil", donc, une
extension du sens, mais, dans la grande majorité des cas, l'emploi
figuratif domine. Les collocations à droite du noeud désignent
principalement des concepts abstraits liés à des êtres humains ; ainsi
nous avons un groupe de collocations qui relève d'une image de soi,
très souvent accompagné du pronom possessif "son". D'autres décrivent
une image du monde, surtout le monde politique. Un troisième groupe
décline les opinions des locuteurs.
L'amorçage lexical opère à plusieurs niveaux limitant les choix au
niveau syntactique, de la prosodie sémantique, des collocations. Les
probabilités d'emploi attachées à ce mot tendent vers l'abstrait plutôt
que vers la création d'outils. Cependant, le sens employé ici puise sa
force sémantique dans son sens littéral avec la notion de façonner, de
créer un outil.
Un autre verbe dans la classe de construction d'identité est le mot
"construire". Les collocats de ce verbe montrent clairement que le sens
littéral est priviégié. Construire signifie bâtir une construction à
partir d'autres éléments, comme des briques. Dans la construction, la
notion de force est moins présente que dans "forger", le fait de
construire demande de la patience afin d'assembler les éléments pour
créer un édifice. Le premier écart métaphorique mène à la construction
de bateaux, d'engins et d'avions. Il est intéressant de constater que
la métaphore de la construction peut continuer avec les collocats : les
bateaux de guerre étant des bâtiments ; les briques et les pierres
restent des éléments de construction par excellence que la construction
soit concrète ou abstraite.
De la construction en dur vers la construction d'identité, il n'y a
qu'un pas. Nous passons au sens figuratif pur, mais les amorçages
lexicaux sont toujours actifs puisque la résonance reste active ;
l'identité et les relations doivent être bâties sur des fondations,
c'est un travail qui est réalisé avec patience à partir de plusieurs
éléments qui forment un ensemble.
Les théories de la résonance collocationnelle et de l'amorçage lexical
essaient d'expliquer les mécanismes de l'acquisition du langage, de
l'emploi et de l'évolution des langues. Comme toutes les théories
issues de la linguistique de corpus, ces mécanismes sont construits à
partir des faits du langage. La question est de connaître la pertinence
éventuelle en lexicographie, et, dans le cas présent, en la
lexicographie bilingue.
La première constatation est que la simple équivalence n'existe pas en
dehors de la terminologie technologique. Il semble donc évident que, si
un dictionnaire bilingue ne peut être équivalent à deux dictionnaires
monolingues mis face à face, il faut des corpus comparables afin
d'explorer les systèmes de relations internes pour chaque langue afin
de comparer les systèmes et les sous systèmes. L'étude des collocations
d'un verbe va permettre de construire les classes d'arguments
possibles ; ainsi nous voyons les classes d'identité qui apparaissent
pour les verbes "forger" et "construire", il n'est pas certain que ces
classes seront présentes dans l'autre corpus, ou que les traductions
auront le même poids. Dans ce cas, il faut pouvoir montrer que
"forger", par exemple est une collocation importante de l'identité en
français, ce qui n'est pas nécessairement le cas en L2. Il est aussi
évident que, même si "forger" et "construire" entrent dans la même
classe sémantique, ils ne seront pas nécessairement des synonymes,
leur poids sémantique étant différent.
Bibliographie
Hoey, M. (2005). Lexical Priming: A New Theory of Words and Language.
London: Routledge.
Hunston S & Francis G. (2000). Pattern Grammar: A corpus-driven
approach to the Lexical Grammar of English. Amsterdam et
Philadelphie: John Benjamins.
Kilgarriff, A., Rychly, P., Smrz, P. & Tugwell, D. (2004). "The Sketch
Engine", in Williams G. & Vessier S., Proceedings of the Eleventh
EURALEX International Congress. Lorient, France, July 6-10, 2004.
pp.105-116.
Louw, B. (1993). "Irony in the text or insincerity in the writer? The
diagnostic potential of semantic prosodies", in Baker, M. 1993. Text
and Technology. Amsterdam: John Benjamins. pp. 157-76.
Moon, R, (1998). Fixed Expressions & Idioms in English, Oxford,
Clarendon Press.
Philips, M. (1985). Aspects of Text Structure: An investigation of the
lexical organisation of text. North Holland: Amsterdam.
Renouf, A. & Sinclair, J. (1991). "Collocational Frameworks in
English", in Aijmer, K. & al. (eds) 1991. English Corpus Linguistics.
Harlow: Longman.
Sinclair, J. McH., Jones, S., Daley, R. (1970|2004). English Lexical
Studies: The OSTI Report. London and New York: Contiuum.
Sinclair, J. McH. (ed) (1987). Looking Up: an account of the COBUILD
Project in Lexical Computing. London: Collins
Sinclair, J. McH. (1991). Corpus, Concordance, Collocation. Oxford :
Oxford University Press
Williams, G. (1998). "Collocational Networks : Interlocking Patterns of
Lexis in a Corpus of Plant Biology Research Articles", International
Journal of Corpus Linguistics. Vol 3/1 : 151-171.
Williams, G. (2002). "In search of representativity in specialised
corpora: categorisation through collocation", International Journal
of Corpus Linguistics. Vol. 7/1, pp. 43-64.
Williams, G. (2007). "De l'architecture des sources à l'architecture de
l'entrée : le rôle du corpus", in Giovanni Dotoli 2007,
"L'Architecture du Dictionnaire Bilingue et le Métier du
Lexicographe, Actes du Colloque International de Capitolo-Monopoli,
16-17 avril", Fasano, Schena. pp. 39-53.
Williams, G. (2008). "The Good Lord and his works : A corpus-based
study of collocational resonance", in Granger, S. & Meunier,
(eds), Phraseology: an interdisciplinary perspective, Amsterdam:
Benjamins. pp 159-173.
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{FR, 15/05/2009}
TRADUCTION ET LINGUISTIQUE DES TEXTES
François Rastier
Résumé de conférence, in Tatiana Milliaressi, La traduction :
philosophie, linguistique et didactique, Travaux et recherches,
Université de Lille 3, p. 35-38.
Les textes sont des centons -ils empruntent à d'autres langues. La
linguistique des textes est aussi une linguistique de l'intertexte.
Tout corpus textuel est potentiellement plurilingue, car les genres et
les discours le sont.
La traduction est un art, au sens d'une pratique réflexive, et ne peut
se réduire à des stipulations énumérables qui permettraient d'en faire
une simple technique. Cette pratique a toujours accompagné la réflexion
sur les langues : est-elle pour autant l'objet d'une science spécifique
comme la traductologie ? Ou bien la traductologie n'est-elle qu'un
domaine de la linguistique, et la traduction un simple champ
d'application ?
1. La linguistique moderne est née de la convergence de plusieurs
traditions :
(i) La tradition grammaticale visait à l'établissement et à la
compréhension immédiate -permettant "l'interprétation grammaticale"
(Schleiermacher), comme condition nécessaire, mais non suffisante de
la lecture. Elle restait monolingue, se contentant de transposer les
catégories de la grammaire grecque dans la grammaire latine, puis de
la grammaire latine dans les grammaires vulgaires élaborées à la
Renaissance.
(ii) La pratique à grande échelle de la traduction, liée à la
colonisation, à l'évangélisation et à la modernisation administrative
des empires (russe, anglais, etc.), a permis de faire de la diversité
linguistique un objet de pensée en même temps qu'un problème
scientifique.
(iii) Enfin, l'essor des nations européennes a conduit à restituer les
traditions discursives et de la profondeur historique des langues.
D'où la dimension tout à la fois historique et comparative de la
linguistique générale qui se constitue en science au début du
XIXe siècle.
La prise en considération de la diversité interne des langues
(diatopique, diachronique, diaphasique) ainsi que de leur diversité
externe a ainsi permis à la linguistique de se constituer en science, à
partir de cette discipline simplement scolaire qu'était restée la
grammaire.
Dans la perspective comparative qui a présidé à la constitution de la
linguistique générale, une langue n'est au demeurant qu'une part
spécifique de groupes de langues en co-évolution ("familles", aires,
etc.) et la caractérisation des langues demeure une entreprise
contrastive. Tant en synchronie qu'en diachronie, une langue ne peut
d'ailleurs être décrite isolément, car elle est en interaction
constante avec d'autres.
Enfin, la méthodologie comparative suppose la traduction ou du moins en
précise les conditions. Cette méthodologie a en outre permis
l'affermissement épistémologique des sciences de la culture, comme le
montrent les travaux de Saussure, Dumézil, Lévi-Strauss, qui tous ont
élaborés leurs synthèse à partir de vastes corpus multilingues.
2. Le problème de la traduction nous paraît à présent trop précieux et
trop central pour la linguistique pour que la traductologie devienne
désormais une discipline indépendante : une telle évolution serait sans
doute dommageable, tant pour les études sur la traduction que pour le
reste de la linguistique générale et comparée.
Au sein de la linguistique, les études traductologiques assument une
responsabilité particulière : la grammaire ayant édifié ses catégories
à partir de la logique et de l'ontologie classiques, pour décrire les
langues classiques puis européennes "vulgaires", la linguistique dont
elle forme le noyau traditionnel inquestionné demeure largement
eurocentrique. La philosophie du langage qui la sous-tend considère en
effet la diversité des langues et des textes comme inessentielles.
Sans égard pour l'obsession millénaire qui préside aux grammaires
universelles, une réflexion fondationnelle sur la traduction dans ses
principes et ses pratiques pourrait devenir alors l'occasion et le
moyen d'un triple décentrement, épistémologique, méthodologique et
descriptif.
3. La pratique de la traduction oppose un démenti silencieux mais
tenace tant à la problématique de la cognition qu'à celle de la
communication.
Fondés tous deux sur la sémiotique appauvrie propre à la théorie de
l'information, les paradigmes de la cognition et de la communication
réduisent les langues de culture à des langues de service,
sous-langages artificiels aussi éloignés des langues dites "naturelles"
(c'est-à-dire culturelles) que le Basic puis le Globish le sont de
l'anglais. Sans corpus, sans traditions discursives, sans histoire, ces
idiomes restreints ne sauraient devenir les parangons des langues.
Aussi peut-on regretter que le Cadre Européen de Référence pour les
Langues, devenu à présent une norme internationale, reste pénétré d'un
utilitarisme "de bon sens" et ne permette aucune différenciation entre
langue de service et langue de culture : sans être exclus, les facteurs
culturels sont réduits à des "compétences".
Seule la restitution de la complexité des textes peut garantir et
justifier, pour les applications qui le permettent, des simplifications
efficaces et rationnelles : paradoxalement, le simple ne peut être
obtenu qu'à partir du complexe, et l'on devrait éviter qu'un simplisme
a priori n'entrave l'apprentissage des langues sous couleur de
l'évaluer.
Au cognitivisme, dérivé du conceptualisme classique, la problématique
de la traduction oppose qu'il n'existe pas de niveau conceptuel
indépendant des langues : les interlangues sont donc condamnées à
l'échec par les simplifications drastiques qu'elles imposent. Les
difficultés rencontrées par les projets comme WordNet et EuroWordNet,
censées édifier des "ontologies" propres à faciliter la traduction,
leur très faible utilité au regard des investissements qu'ils attirent,
peuvent ici servir de mise en garde. Les alignements de corpus, fondés
sur des pratiques effectives, se révèlent beaucoup plus utilisables.
À la théorie de la communication, la problématique de la traduction
oppose que les textes oraux ou écrits ne sont pas de simples vecteurs
d'information, mais portent des valeurs inséparables des "faits". Le
changement de langue ne se réduit donc pas à un "transport"
d'information induisant des variations contextuelles.
De fait, les enjeux économiques sont importants : les entreprises et
les sites marchands multilingues soulignent l'importance -au-delà des
prix- des valeurs culturelles variables qui s'attachent à la
présentation des produits et aux argumentaires commerciaux.
Les enjeux culturels sont plus importants encore. Chaque culture recèle
des traits qui peuvent prétendre à une valeur universelle, quand bien
même cette valeur lui resterait voilée par des préjugés d'appartenance.
Bref, les cultures ne peuvent être décrites que différentiellement,
comme les objets culturels qui les composent, au premier chef les
langues et les textes. Enfin, la diversité qui, par contraste avec
l'uniformité fondamentale du monde physique, fait la richesse des
"mondes" sémiotiques, suppose pour être comprise un décentrage
critique, et, plutôt qu'un relativisme, un cosmopolitisme
méthodologique nécessaire pour éviter l'ethnocentrisme -voire le
nationalisme et le racisme.
4. Les divers niveaux linguistiques sont organisés par une
multiplicité de normes de discours, de genre et de style encore mal
décrites, mais dont la maîtrise permet de traduire de texte à texte
plus encore que de langue à langue. Aussi, c'est à une théorie du texte
qu'il revient de définir linguistiquement le statut des unités de
traduction, et notamment les passages.
La vocation de la traductologie reste de renouveler la linguistique de
l'intérieur : la question de la traduction peut y devenir centrale dès
lors qu'on quitte la problématique du signe pour celle du texte. Elle
permet en effet de réintroduire pleinement l'activité interprétative
dans la communication linguistique, en ouvrant la voie à sa
reconception comme une interaction entre passages au sein du texte et
de l'intertexte. La linguistique des textes, notamment dans ses
développements sémantiques, assume une responsabilité particulière pour
décrire, avec une méthodologie unifiée, les relations au sein des
textes et entre textes, qu'ils soient de même langue ou relèvent de
langues différentes.
On pourrait enfin décrire dans une théorie unifiée les reformulations
et transformations internes aux textes, comme les rapports entre les
textes d'une même langue, de langues différentes, de performances
sémiotiques appartenant à des systèmes différents (par exemple,
l'adaptation d'un roman au cinéma). La traductologie s'ouvre ainsi à
une réflexion sur les rapports complexes entre traditions sémiotiques
et entre cultures.
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{FR, 15/05/2009}
COMMENT ÉCRIRE UN BON LIVRE À L'UNIVERSITÉ
Jies J. Sterne
Comment écrire un bon livre à l'université
Exposition des vrais principes qui norment la production
universitaire en France, à destination des plus jeunes afin
qu'ils apprennent à se diriger en cette science et des moins
jeunes afin qu'ils les conservent en leur esprit
Axiomes
I. Moins je suis compris, plus je suis intelligent.
Cela est évident par soi.
II. L'influence est le critère de la valeur intellectuelle.
Cela est encore évident par soi : de fait, nous sommes intelligents et
un amas de gens intelligents est plus intelligent qu'un seul
intelligent.
Première Partie
De ce que nous ne devons pas dire ce
que nous pensons (comment être admis)
PROPOSITION I - Ne jamais critiquer un ponte tant qu'il est vivant.
Scolie : On risquerait sinon de ne plus faire partie des gens
intelligents.
PROPOSITION II - User du vocabulaire de la secte, et envoyer des fleurs
à ses collègues. Rédiger des hommages.
Démonstration : Cela est évident à partir du scolie de la proposition I.
Scolie : Parmi les gens qui pensent, envoyer des fleurs se dit aussi
"citer". Il faut veiller à citer tous les gens intelligents de votre
domaine.
PROPOSITION III - Entre spécialistes, la répétition est de rigueur. On
n'hésitera donc pas à parler de ce dont tout le monde a déjà parlé.
Démonstration : Cela est évident à partir de la prop. II. L'importance
d'un domaine du savoir se mesurant au poids et au volume des
publications, on veillera ainsi à agrandir l'importance de son
domaine. On sera alors bien accueilli.
PROPOSITION IV - Procéder par allusions (notre savoir est de
connivence).
Scolie : Cela va de soi à partir de ce qui précède. Respecter les
prop. I à III, c'est en effet avoir l'assurance d'être admis et
accepté par ses pairs. Une fois entre soi, il est inutile voire
nuisible que quiconque venu du monde extérieur s'immisce là où à
l'évidence il ne devrait pas (d'abord se trouver une niche. Il s'agit
ensuite d'y rester et de la défendre, puis de l'agrandir).
Fin de la première partie
Deuxième partie
Ne pas penser (comment monter)
PROPOSITION I - Fausse nouveauté (la mode, ou, comme cela se dit aussi
parfois dans un langage plus soutenu, la "modernité") : avec un peu
d'art, on pourra fort bien reprendre sous une forme différente ce qui
a été dit ailleurs.
Scolie : On peut ainsi rejouer l'histoire de la métaphysique à
l'infini. On nomme "avant-garde" ceux qui parviennent à faire de
grands bonds en avant tout en restant sur place. On pourra ainsi en
proclamant opérer des ruptures radicales, recycler la tradition (le
cloisonnement des écoles peut faciliter la reprise sous une forme
différente de ce qui a été dit ailleurs). On peut appeler
"déconstruction" l'acte qui consiste à ne pas détruire sans
construire non plus, et "post-modernisme" l'art du recyclage des
cadavres (mais on peut aussi leur trouver d'autres noms). Concilier
la prétention à la rupture et le respect du passé peut prendre la
forme de "retours" : il sera bon par exemple d'expliquer que la
biologie contemporaine est aristotélicienne. "Je suis tout neuf, donc
je suis tout nouveau, ce qui ne m'empêche pas de m'inscrire dans une
longue tradition".
Corollaire I : Si on applique ce qui précède, on sera parvenu à être
d'une originalité attendue (la "distinction"). On sera ainsi certifié
conforme et on obtiendra les premières places partout.
Corollaire II : Par contre, il s'agit de faire attention : quand on a
réinventé l'eau tiède, bien dire que les autres ne l'ont pas fait.
Mais sur ces choses (les moyens de faire la guerre), plus tard.
PROPOSITION II - Capital : lorsqu'on écrit sur un auteur, ne pas
distinguer ses écrits propres d'avec les siens (paraphrase pieuse).
Scolie : On aura ainsi respecté toutes les propositions qui précèdent.
Cela permet à la fois de s'auréoler de la gloire de Leibniz ou de
Kant, et de se rétracter si on a repris à son compte une énormité de
l'auteur.
PROPOSITION III - Le positif (l'exactitude des faits) n'a pas
d'importance ; il est bon néanmoins, sans que ceci soit
contradictoire avec cela, de se parer de l'aura de scientificité et
donc d'autorité que les références aux sciences positives, à
l'histoire ou autres peuvent apporter.
Démonstration : Au niveau de hauteur où la pensée doit se situer, le
contact avec ce qu'on nommera l'empirie n'est pas digne de nous (d'une
manière générale, nous sommes trop dignes pour être curieux). Le
philosophe en particulier, fonde toutes les autres sciences. Il n'a
donc pas besoin de les connaître.
Scolie : En histoire des sciences, l'exactitude étant une notion
dépassée, on pourra consacrer plus de temps aux thèses réfutées
qu'aux thèses plus fécondes.
PROPOSITION IV - D'une manière générale, la brutalité et la souffrance
humaine ne sont pas des objets dignes d'être pensés.
Démonstration : Cela est évident à partir de la considération de notre
dignité.
PROPOSITION V - Il convient de choisir un sujet suffisamment neutre
pour ne gêner personne.
Démonstration : Cela est évident à partir de la prop. I partie I et de
son scolie.
Scolie : Fort heureusement, être plat et lisse dans ses écrits
n'empêche pas de ne pas l'être dans ses actions. On pourra ainsi
valoriser la voie moyenne tout en réintroduisant les fascistes dans
l'université. Mais il faudra alors attendre d'être installé.
PROPOSITION VI - Évacuer ce qui devrait poser problème. Faire passer
les échecs de son auteur pour des victoires ; lisser sa biographie,
en particulier s'il a participé à un massacre ou s'il l'a justifié (a
fortiori, ne pas dire que l'on s'intéresse à cet auteur à cause de
cette dimension de son "oeuvre").
Démonstration : On a vu en effet que les hommes de lettres doivent
garantir la propreté et le bon ton (ce qu'on nomme "subtilité" et
"finesse"). Il faut néanmoins acquérir un art de la dénégation
absolument consommé pour parvenir à nier certaines évidences. Être
sans cesse lénifiant et neutre n'est de fait pas accessible à
n'importe qui et en permanence, mais aux plus grands maîtres en notre
art.
Scolie : On pourra commencer par le dépolitiser en affirmant que sa
pensée n'a rien à voir avec son action. Une fois qu'on l'aura ainsi
désincarnée, on pourra par contre affirmer que cette pensée a la clé
du monde contemporain (Heidegger, Tocqueville, etc.).
PROPOSITION VII - Mon auteur et ma chapelle ont toutes les réponses.
Démonstration : Cela se déduit très bien des propositions I à III,
partie I.
PROPOSITION VIII - Les réponses apportées ne font pas surgir de
nouveaux problèmes.
Démonstration : Voir la démonstration de la proposition VII.
PROPOSITION IX - Ne pas dire quand on ne sait pas (il y a assurément
une conception du savoir comme totalité bornée et autosatisfaite.
Elle se montre, c'est la Mystique).
Démonstration I : Cela est encore une fois évident à partir des
propositions I à III, partie I.
Démonstration II : Cela est aussi évident à partir de la définition de
la nature humaine. Si l'homme en effet désire naturellement savoir et
que notre profession et notre justification est de savoir, nous
serons vénérés et aurons satisfait nos besoins et ceux de notre
public en lui fournissant des réponses. CQFD.
PROPOSITION X - Ne jamais revenir sur ce que l'on sait.
Démonstration : On a vu dans ce qui précède que nous avons déjà toutes
les réponses. Il serait donc grotesque d'y revenir.
Scolie : Que nous sachions déjà tout explique que certains avancent que
rien n'a été fait depuis Aristote, et que c'est très bien comme ça.
Qui plus est, les livres et la tradition sont un capital (et pas
seulement symbolique...). Tout est donc bon dans la boutique. Quand
on a lu un pavé de 800 pages, ne jamais dire qu'il était franchement
sans intérêt (c'est déjà suffisamment dur pour soi).
PROPOSITION XI - Dans la mesure où les questions des autres disciplines
trouvent leurs réponses dans la sienne, veiller à bien dépasser les
limites de son propre savoir.
Démonstration : Cela est évident à partir de ce qui précède.
Scolie : On peut notamment jouer sur la double compétence et utiliser
les sciences pour impressionner les philosophes, ou la philosophie
pour impressionner les scientifiques (M. Serres).
J'en ai fini avec ce que je m'étais proposé de faire dans cette
deuxième partie, où je pense avoir expliqué assez longuement et autant
que le permet la difficulté de la chose, comment ne pas penser, et
avoir livré des choses telles qu'on en peut conclure bien des choses
remarquables, extrêmement utiles à connaître, comme on l'a établi et
l'établira encore. Mais il faut maintenant examiner l'attitude à
adopter quand on a atteint un certain niveau.
[...à suivre...]
Biographie de l'auteur :
Jies J. Sterne
Né le 20 avril 1972 à Austin (Texas, USA). Dans les années 90,
Jies J. Sterne est venu faire ses études de philosophie à Paris, où il
a notamment rédigé une thèse en Sorbonne sur "Dieu et l'âme chez
Husserl et Heidegger : des précurseurs scolastiques aux sciences
contemporaines de l'esprit". Jugeant trop lent le train des réformes en
France, il est rentré aux Etats-Unis en 2001 et y a dirigé un centre
d'applications des études cognitives sur la manipulation des bovins et
la rationalisation des prisons. Il est néanmoins revenu il y a peu sous
nos latitudes pour apporter un peu d'air frais à la recherche
française, dont il a aidé à repenser l'ouverture ; d'aucuns disent
même que par sa conceptualisation néo-rhizomique du "retour de la
répétition" il nous aide à penser l'Ouvert-à-ce-qui-vient, et le
Encore-plus-du-toujours-déjà-là.
Président d'honneur de l'ADRDFD (Amicale Dallas-Riyad pour les Droits
des Femmes et la Démocratie) ;
Trésorier de l'ARCPE (Association Rénovante pour une Culture
Philosophique d'Entreprise).
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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{FR, 15/05/2009}
COLLOQUE
Nous avons le plaisir de vous annoncer l'organisation d'un grand
Colloque International consacré aux Langues des Signes (CILS) qui se
tiendra en novembre 2009 durant 5 jours à l'Université de Namur
(Belgique).
Pour toute information, visitez le site :
http://www.cils-namur.be
Ce site, tout comme le colloque, est en quatre langues : français,
langue des signes française de Belgique (LSFB), anglais et signes
internationaux (IS).
Comité organisateur : Pr J. Giot, Pr J.-M. Klinkenberg,
L. Meurant, A. Sinte, M. Zegers de Beyl.
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{FR, 21/06/2009}
APPEL À COMMUNICATIONS
Le Contexte
Rencontres interdisciplinaires sur les
systèmes complexes naturels et artificiels
Rochebrune, 17 au 24 janvier 2010
* Qu'est-ce que Rochebrune ?
Ce n'est pas par hasard que Rochebrune est essentiellement un lieu.
Hors de toutes contraintes institutionnelles, Rochebrune est le lieu du
doute et du questionnement de nos pratiques scientifiques en prise avec
les systèmes complexes du physique au social, naturels ou artificiels.
C'est, de ce fait, un lieu privilégié du dialogue interdisciplinaire
qui permet à chacun d'ouvrir ses perspectives en interaction soutenue
avec les autres. Ceci ne peut se faire que dans un lieu physique
approprié et depuis 1992, il s'agit d'un chalet isolé et chaleureux qui
nous accueille au sommet des pistes de Megève créant ainsi le vase clos
indispensable à l'alchimie du dialogue.
* Le thème
On s'entend généralement à dire qu'un système est complexe si on ne
peut pas retirer uncomposant du système sans que le système change de
nature, ou encore qu'un système complexe est plus que la somme de ses
parties. Mais que faut-il dire de son contexte ? Peut-on comprendre un
système indépendamment de l'environnement dans lequel il est plongé ?
Et comment, en fonction de quelles questions et de quels critères,
placer la frontière entre intérieur et extérieur du système. [...]
Dans la pure tradition des journées de Rochebrune, cette question
transcende les disciplines et il convient donc d'explorer ce que
chacune d'entre elles a à en dire [...].
[...]
Si cette question vous interpelle et que vous prétendez pouvoir y
apporter un éclairage, vos doutes et vos propres questions, nous
attendons votre communication de 4 (minimum acceptable) à 12 pages
maximum à l'adresse suivante :
jean-pierre.muller@cirad.fr
Les communications seront évaluées en bonne et due forme et les
contributions acceptées seront publiées après les journées de
Rochebrune et après intégration des commentaires et discussions, par
l'ENST-Paris.
* Echéancier
Date limite de réception des propositions : 30 septembre 2009
Notification : 31 octobre 2009
Inscription à Rochebrune : 15 décembre 2009
Journées de Rochebrune : 17 au 24 janvier 2010
Papiers complets et révisés : 28 février 2010
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{BP, 22/06/2009}
CALL FOR PAPERS
JADT 2010
10th International Conference on the
Statistical Analysis of Textual Data
University of Rome (Italy) - June, 9-11, 2010
http://jadt2010.uniroma1.it/
[...]
* Important Dates
Title and Abstract (max 20 rows) : 31 July 2009
Submission Deadline : First Version of Paper (Full-text) :
20 October 2009
Notification to Authors : 10 December 2009
Final Camera-Ready Paper Delivery : 10 January 2010
Conference Dates : 9-11 June 2010
[...]
* Contacts
jadt2010@uniroma1.it
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
Résumé: 2009_04_20
________________________________________________________________________
SdT volume 15, numero 2.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Tant que les philosophes ne deviendront pas
grammairiens, ou les grammairiens philosophes,
la grammaire ne sera ni ce qu'elle était chez
les anciens, une science pragmatique et une
partie de la logique, ni en général une science.
Friedrich von Schlegel, Athenäum
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 6 nouveaux abonnes, dont Virgine Ducay et
Nouzha El Kouchi.
- Simon Bouquet change d'adresse.
2- Publications
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIV, 1).
3- Textes
- Gaetan Pegny : "Avec humanite et douceur", telle une
lettre de Spinoza
4- Appels : Colloques et revues
- Ecole thematique "Methodes informatiques et Statistiques en
Analyse de Textes", Besançon, 14-19 juin 2009.
- Colloque "Karl Buhler, penseur du langage -Linguistique,
psychologie et philosophie", Paris, 29-30 avril 2009.
- Journee d'etude "Nous n'avons jamais ete humains :
La nature humaine au prisme de la science-fiction et de
l'anthropologie", Paris, 7 mai 2009.
- Colloque "Perception semiotique et socialite du sens",
Paris, 15-16 juin 2009.
- 6emes Journees Internationales de la Linguistique de Corpus,
Lorient, 10-12 septembre 2009.
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[information réservée aux abonnés]
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Publications Publications Publications Publications Publications
222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
{FR, 06/042009 et Texto!, 17/04/2009}
TEXTO! http://www.texto-revue.net
Au sommaire : XIV-1 (coordonné par Evelyne Bourion)
______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
Bernard ANCORI
Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
la Grèce ancienne, l'Occident médiéval
Smaïl DJAOUD
Quelques processus d'élaboration de concepts sur le Maghreb
dans les sciences sociales (Julien, Bourdieu et Tillion)
François RASTIER et Mathieu VALETTE
De la polysémie à la néosémie
______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
Emmanuel DESVEAUX et Philippe LACOUR
Logiques amérindiennes
Philippe LACOUR
Malaise logique dans la culture
Sur une ambiguité épistémologique de l'anthropologie contemporaine.
______Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS______
François RASTIER
Sémantique Interprétative.
Préface à la troisième édition (avril 2009)
______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
Ecaterina BULEA
Dynamique langagière et dynamique matérielle :
attitudes épistémologiques face à un problème philosophique
Maria Antónia COUTINHO, Rosalis PINTO, Audria LEAL, Carla TEIXEIRA et
Ana CALDES
La dynamicité de la langue dans des textes de différents genres
______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
Benoît HABERT
Lire : Méthodiquement
______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
Coralie REUTENAUER
Analyse et modélisation sémantiques à partir de ressources
lexico-sémantiques
Rapport de stage.
Mathieu VALETTE
Pour une science des textes instrumentée
Introduction à Syntaxe & Sémantique, n°9, 2008,
numéro thématique "Textes, documents numériques, corpus.
Pour une science des textes instrumentée."
______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
Julie SORBA
La mer tragique et l'héritage homérique -Étude des lexèmes
hals, thalassa, pelagos et pontos dans les tragédies d'Eschyle
Charlotte LACOSTE
Un cas de manipulation narrative : Les Bienveillantes
Ou comment éveiller le génocidaire qui sommeille en chacun de nous.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 06/04/2009}
Cartographique : "Avec humanité et douceur..." [1]
Monsieur,
Vous vous étonnez sans doute que j'aie tant tardé à m'exprimer au sujet
des libelles qui prétendent me défendre. Il est vrai que j'ai déjà
exprimé ce que j'avais à dire de la manière la plus claire qui soit
possible, mais cela ne suffit point lorsque la lecture est d'emblée
biaisée. On peut ainsi lire, sous la plume d'un de ces auteurs publiés
à Paris dont on m'a appris l'existence, qu'"il y a donc comme deux
Éthiques coexistantes, l'une constituée par la ligne ou le flot continu
des propositions, démonstrations ou corollaires, l'autre, discontinue,
constituée par la ligne brisée ou la chaîne volcanique des scolies.
L'une, avec une rigueur implacable, représente une sorte de terrorisme
de la tête, & progresse d'une proposition à l'autre sans se soucier des
conséquences pratiques, élabore ses règles sans se soucier d'identifier
les cas. L'autre recueille les indignations & les joies du coeur,
manifeste la joie pratique & la lutte pratique contre la tristesse, &
s'exprime en disant "c'est le cas". En ce sens, l'Éthique est un livre
double. Il peut être intéressant de lire la seconde Éthique sous la
première, en sautant d'un scolie à l'autre." [2]
Le propre des scolies de l'Éthique serait ainsi leur caractère "positif,
ostensif, agressif" [3]. Il est vrai que les scolies, comme leur nom
l'indique, visent à expliquer les propositions ; il est vrai aussi que
je suis un être de chair & de sang, & que le plus sage parmi les sages
reste en proie aux passions, ce qui fait qu'on voit l'homme en lisant
ses écrits ; il est de fait vrai aussi que j'ai parlé en termes très
vifs des prêtres et de leur jalousie, ainsi que de ceux dont la seule
jouissance consiste à enfermer leur argent dans leur cassette [4], &
qu'il me semblait alors honorable, & non infamant, de risquer ma vie
pour la liberté. Mais c'est que la plus grande fermeté peut s'allier à
la plus grande douceur, & ce monsieur de Leuze aurait dû relever que
c'est bien dans un des scolies de mon Éthique que j'avance que celui
"qui s'efforce de conduire tous les autres par raison agit, non par
impulsion, mais avec humanité & douceur, & a l'esprit suprêmement en
paix." [5]
Il n'y a donc chez moi nul terrorisme, & certainement aucun "terrorisme
de la tête". L'homme vivant sous la conduite de la raison désire
observer la règle de la vie et de l'utilité commune [6], & si j'ai pu
dire que je n'ai rien voulu écrire qui ne s'accorde entièrement avec les
lois du pays, la liberté et les bonnes moeurs [7], ce n'était point pour
masquer ce que mes écrits pouvaient avoir de séditieux, car je ne
pratique pas le double langage. C'est qu'il est vrai qu'en tous temps et
en tous lieux, l'avare est le plus prompt à critiquer le riche lorsqu'il
est pauvre, & qu'il n'a jamais été question pour moi de remplacer les
anciens maîtres par de nouveaux. Si je me suis exprimé à la fois avec
fermeté & douceur -ce que l'on peut nommer prudence, mais non
dissimulation-, c'est parce que j'avais conscience que des séditieux
pouvaient utiliser mes écrits pour se constituer un masque de sagesse &
de générosité, ce que j'ai tâché de prévenir avec un succès dont je
savais qu'il ne pouvait être que partiel. Ce Marx et plus encore ses
suivants, ainsi que ceux qui n'aiment en moi que ce qu'ils considèrent
être une anticipation de leur propre pensée et ne dédaignent pas la
rhétorique, n'y ont jamais songé : c'est que l'homme reste semblable de
sa nature, & retombe éternellement dans les travers que de plus anciens
ont pourtant déjà décrits.
De plus, mon Éthique est une, en ceci que j'ai voulu la placer tout
entière sous l'égide de la vérité, qui est marque d'elle-même & du faux,
& sa simple communication, toute nue & issue de la seule raison, a une
valeur immédiatement pratique, la violence des usurpateurs et des
traîtres ne pouvant s'exercer sans les masques que fabriquent les
prêtres de diverses obédiences, dont ceux qui prétendent être des
généreux mais sacrifient la vérité à la politique ne sont pas les moins
cruels.
Ton ami,
Baruch.
par Gaëtan Pégny
publié dans Le Bateau Fantôme n° 3 (septembre 2003), p. 70-72
Notes :
[1] Spinoza, Éthique, IV, 37, scolie I.
[2] G.Deleuze, Spinoza et le problème de l'expression, Paris, éditions
de Minuit, 1968, p. 318.
[3] Ibid.
[4] Traité théologico-politique, 20.
[5] IV, 37, scolie I, trad. B. Pautrat, Paris, Seuil, p. 397
[6] Ibid., IV, 73.
[7] Traité théologico-politique, § 20 et préface.
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{Mellet, 07/03/2009}
ECOLE
Ecole thématique du CNRS
"Méthodes Informatiques et Statistiques en Analyse de Textes"
L'Ecole thématique du CNRS "Méthodes Informatiques et Statistiques en
Analyse de Textes" (MISAT) aura lieu du 14 au 19 Juin 2009 à Besançon.
Cette école est destinée à toutes les personnes désireuses d'acquérir
ou de perfectionner des compétences en vue de la constitution et de
l'analyse de corpus de textes dans le cadre de recherches
pluridisciplinaires, notamment en analyse du discours : chercheurs
confirmés, jeunes chercheurs, post-doctorants et doctorants, étudiants
de Master2 s'orientant vers une thèse, ingénieurs, archivistes,
documentalistes, professionnels de diverses branches.
Elle est organisée par le pôle Archive, Bases, Corpus de la MSHE de
Franche-Comté et par l'UMR Bases Corpus Langages CNRS-UNS-MSH de Nice,
et bénéficie de la participation d'une quinzaine de formateurs, tous
spécialistes reconnus, membres notamment du réseau JADT.
Les inscriptions sont ouvertes et une première sélection de
candidatures aura lieu à partir du 10 Avril, première date-limite de
dépôt.
Toutes les informations utiles se trouvent sur le site de l'Ecole MISAT
http://laseldi.univ-fcomte.fr/ecole/ .
Contacter jmviprey@univ-fcomte.fr.
L'Ecole MISAT est soutenue par la Délégation Centre-Est du CNRS.
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{FR, 06/04/2009}
COLLOQUE
chaire de Philosophie du langage et de la connaissance
UMR 7597 / Histoire des Théories Linguistiques (CNRS, U. Paris-Diderot)
Karl Bühler, penseur du langage
Linguistique, psychologie et philosophie
29 et 30 avril 2009
Collège de France - 11, place Marcelin-Berthelot - 75005 Paris
Accès libre, sans inscription
Comité organisateur :
Sylvie Archaimbault (CNRS, HTL)
Jacques Bouveresse (Collège de France)
Janette Friedrich (Université de Genève, HTL)
Jean-Jacques Rosat (Collège de France)
Didier Samain (Université Paris-Diderot, HTL)
____________________
À l'occasion de la toute récente parution de la traduction française de
la Sprachtheorie de Bühler (1934) -Théorie du langage. La fonction
représentationnelle, éditée par Janette Friedrich et Didier Samain,
Agone, janvier 2009 [1]-, la chaire de philosophie du langage et de la
connaissance du Collège de France (Pr Jacques Bouveresse) et l'UMR 7597
d'Histoire des Théories Linguistiques (HTL) du CNRS et de l'Université
Paris-Diderot organisent les 29 et 30 avril au Collège de France, à
Paris, un colloque intitulé : Karl Bühler, penseur du langage.
Linguistique, psychologie et philosophie.
Née à un moment où la psychologie se constituait en discipline
autonome, tout en restant nourrie par la réflexion philosophique,
l'oeuvre de Bühler occupe, pour l'histoire contemporaine des sciences
du langage, une position privilégiée, traversée de surcroît par les
divers questionnements de l'époque. On a souvent mentionné sa relation
critique à Wundt puis à la Gestalt, à la phénoménologie husserlienne et
au Cercle de Vienne, et, du côté des linguistes, à la phonologie
naissante. Ce ne sont là du reste que les interférences les plus
notoires. En linguistique, l'oeuvre doit sans doute autant à Paul et
Brugmann qu'à Troubetzkoy, et la remarque vaut mutatis mutandis pour
les autres champs disciplinaires. L'originalité du médecin et
philosophe de formation qu'était Bühler aura notamment tenu au dialogue
qu'il a constamment mené avec les grands linguistes de son temps, sans
être à proprement parler "linguiste" lui-même.
Lontemps ignoré en France, Bühler y bénéficie désormais d'un réel
intérêt. Dans ces conditions, la parution prochaine d'une traduction
française de son oeuvre majeure, la Sprachtheorie, dont ce sera de
surcroît la première édition critique, comblera une réelle lacune dans
les publications francophones. Toutefois, tout comme le reste de
l'oeuvre, l'accès à ce texte et la compréhension de ses enjeux n'en
restent pas moins délicats. C'est ainsi, pour ne citer que cet exemple
immédiat, qu'on crédite généralement Bühler, à juste titre, de la thèse
que le langage ne se limite pas à sa fonction cognitive, puisqu'il
possède aussi une fonction "d'appel" et une fonction "d'expression". Or
c'est pourtant bel et bien la fonction représentationnelle que l'auteur
mentionne en sous-titre de la Sprachtheorie, en lui conférant donc
d'office un statut privilégié.
Parce qu'elle était en relation avec l'ensemble du savoir linguistique,
psychologique et philosophique d'une époque particulièrement féconde
pour les sciences humaines, l'oeuvre de Bühler engageait une réflexion
générale sur le rapport entre langage et cognition, et entre sciences
du langage et disciplines connexes. Elle invite aussi, et peut-être
plus fondamentalement, le linguiste et le philosophe d'aujourd'hui à
réfléchir sur nombre de notions (langue, phrase, ...) qui constituent
leur métalangage ordinaire.
Notes
[1] Préfacée par Jacques Bouveresse, cette édition inclut une
présentation de l'oeuvre par Janette Friedrich, le texte traduit
par Didier Samain, un appareil de notes et un important glossaire.
____________________
mercredi 29 avril - salle 2
Matinée - Présidence : Didier SAMAIN
9h00 Ouverture : Jean-Jacques ROSAT (Collège de France)
Sylvie ARCHAIMBAULT (CNRS, HTL)
9h15 Janette FRIEDRICH (Université de Genève)
La force représentationnelle du langage
10h30 Pause
10h45 André ROUSSEAU (Université Lille III)
La dette de Karl Bühler à l'égard de deux prédécesseurs :
Philipp Wegener et Alan Gardiner.
12h00 Pause-déjeuner
Après-midi - Présidence : Sylvie ARCHAIMBAULT
14h00 Michel DE FORNEL (EHESS)
Champ déictique et champ symbolique
15h15 Fiorenza TOCCAFONDI (Université de Parme)
Karl Bühler's Theory of Perception
16h30 Pause
16h45 Jérôme DOKIC (EHESS)
Deixis à l'imaginaire et simulation
18h00 Fin de la première journée
jeudi 30 avril - salle 5
Matinée - Présidence : Janette FRIEDRICH
9h15 Didier SAMAIN (Université Paris 7)
Linguistique ou théorie du langage, généricité des concepts et
axiomatisation des domaines
10h30 Pause
10h45 Perrine MARTHELOT (université Paris1, EXeCO)
De la Crise de la psychologie à la Théorie du langage :
le langage aux prises avec le monde
12h00 Pause-Déjeuner
Après-midi- Présidence : Jean-Jacques ROSAT
14h00 Kevin MULLIGAN (Université de Genève)
Signification vs vouloir dire chez Bühler, Wittgenstein
et leurs contemporains
15h15 Federico ALBANO LEONI (Université de Rome "La Sapienza")
Karl Bühler et la physionomie acoustique des mots :
les occasions manquées de la phonologie
16h30 Pause
16h45 Jacques BOUVERESSE (Collège de France)
Karl Bühler et le mode de pensée axiomatique dans
les sciences du langage.
18h00 Fin du colloque
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{FR, 19/04/2009}
JOURNÉE D'ÉTUDE
Nous n'avons jamais été humains : La nature humaine
au prisme de la science-fiction et de l'anthropologie
Organisateurs : Serge Gruzinski et Marika Moisseeff
7 mai 2009 - 9h30 à 21h00
Musée du quai Branly - Théâtre Claude Lévi-Strauss
37, quai Branly ou 218, rue de l'Université - 75007 Paris
Métro ligne 9 : Alma-Marceau ; RER C : Pont de l'Alma
Dans le cadre de l'exposition Planète métisse, Serge Gruzinski, qui en
est le commissaire, et Marika Moisseeff, un des auteurs du catalogue de
cette exposition, organisent une journée d'étude sur la notion
d'identité humaine et les questions connexes d'anthropomorphisation du
non humain et d'animalisation de l'humain.
Seront, notamment, explorées les conséquences de l'alliance entre
science et technologie sur les représentations occidentales
contemporaines de la nature humaine à partir desquelles les Occidentaux
tendent à se définir en tant que groupe culturel particularisé en
regard d'autres cultures telles que, par exemple, celles qu'ils
inclinent à désigner sous l'appellation "peuples premiers". Ces
représentations de la nature humaine s'adossent aux théories de
l'évolution et de la néoténie : les espèces se succèdent et
s'engendrent dans une dissimilitude orientée ; mais l'homme aurait
cette particularité de naître avant terme, conservant des potentialités
qui l'auraient conduit à développer des techniques avec lesquelles il
est devenu apte à se transformer lui-même. Dans cette perspective,
l'humain renvoie à une espèce inachevée dont le devenir a partie liée
avec la technologie.
Ainsi, plus la science s'évertue à spécifier ce qu'il en est de la
nature humaine, plus elle tend à la rattacher à la fois au préhumain et
au posthumain. Tout s'est donc passé comme si au moment où le
développement de la science, au XIXe siècle, avait offert à l'homme
occidental le moyen de définir sa nature propre indépendamment de sa
relation à Dieu, il s'était vu de plus en plus contraint à la concevoir
comme fondamentalement hybride : animale et humaine et/ou naturelle et
artificielle. Le socle de ce renouvellement de la définition
occidentale de l'humanité est une hiérarchisation, non seulement des
espèces, mais également des "peuples" ou "civilisations", les
orientations sexuelles et les modes de reproduction étant appréhendés
comme plus ou moins évolués en fonction de leur degré de recours à la
science et à ses émanations technologiques.
La redéfinition des frontières entre les humains et les non humains,
animaux et machines, permet d'envisager la possibilité pour l'homme de
créer des doubles de lui-même tels que chimères, clones, robots et
cyborgs. Et les auteurs de science-fiction, en donnant corps et en
mettant en scène les hybrides nés de l'imaginaire scientifique, nous
incitent à regarder ce qu'ils reflètent de la conception occidentale de
l'humanité et à réfléchir sur la teneur idéologique qu'elle véhicule.
De ce point de vue, il faut considérer les oeuvres de science-fiction
comme des productions mythologiques. En tant que telles, elles donnent
un accès privilégié à la cosmologie occidentale contemporaine et au
système de valeurs censé expliciter la hiérarchisation des êtres et des
groupes culturels. Dans les oeuvres de science-fiction, les auteurs
jouent sur ces différentes dichotomies telles qu'elles tendent à être
articulées dans l'idéologie occidentale. Les problèmes interculturels y
sont entrecroisés avec ceux liés à la différence des sexes, de même que
l'hybridité humain/animal, humain/machine permet d'aborder de façon
innovante la question des minorités sexuelles.
9h30 Accueil du public (accès libre) Théâtre Claude Lévi-Strauss
10h00 Serge Gruzinski - CNRS, Introduction
Matin : Identité homme-animal, homme-machine
10h10 Conférence de Marika Moisseeff - CNRS
Nature contre culture ou le pouvoir animalisant de la viviparité
dans certains films de science-fiction.
11h10 Pause café
11h30 Table ronde
Denis Vidal - IRD et Emmanuel Grimaud - CNRS, ethnologues
Une perspective anthropologique sur les dieux et les robots
autour de la présentation du film d'Emmanuel Grimaud Cosmic City,
les dieux robotisés attaché au livre Dieux et Robots qu'il vient de
publier aux Editions L'Archange Minotaure.
13h00 Pause déjeuner
Après-midi : Altérités sexuelles et culturelles
14h30 Marika Moisseeff- CNRS, Introduction
14h40 Conférence d'Elisabeth Vonarburg, écrivain de science-fiction :
Vraies histoires fausses
15h40 Pause café
16h00 Table ronde
Joëlle Wintrebert et Pierre Bordage, écrivains de science-fiction,
Maxime Cervulle - Paris 1, sociologue des médias et des études
culturelles,
Peau noire, prothèses blanches : Will Smith et les robots,
science-fiction et anxiétés raciales.
18h00 Conclusion
18h30 Projection du film Aeon Flux, de Kusama Karyn, 93mm, 2005, USA.
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{FR, 06/04/2009}
COLLOQUE
Perception sémiotique et socialité du sens
Paris, 15-16 juin 2009
Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, 75005 Paris
Argumentaire
Les évolutions (inter)disciplinaires des dernières décennies ont
reconduit pour l'essentiel une opposition, que l'on pourrait qualifier
de fondatrice, entre deux grandes approches de la cognition et du
social. L'une prend son point de départ dans les préférences et les
projets portés par les individus, et cherche ensuite à faire émerger de
leurs interactions les dynamiques collectives, tout en restant
attentive aux déterminations qu'en reçoivent en retour les vies
individuelles (individualisme méthodologique dit 'complexe'). L'autre
porte d'abord son attention sur les structures socio-sémiotiques
publiques, pour ensuite retrouver les vies individuelles dans leurs
efforts pour s'adapter à, et, si possible, transformer, des formes et
des rôles largement préconstitués (forme de holisme que, par symétrie,
on pourra qualifier aussi de complexe).
Bien que fondamentalement inchangée dans sa polarité depuis Durkheim,
cette confrontation s'est trouvée quelque peu renouvelée dans les
années récentes, marquées notamment par le développement des sciences
cognitives et le programme de la naturalisation, par les progrès
réalisés dans la modélisation des systèmes complexes, par la relance
aussi des problématiques d'inspiration phénoménologique dans les
sciences cognitives et du langage. La vision du social et du symbolique
héritée par exemple de l'anthropologie structurale a été questionnée à
partir de là.
Dans cette conjoncture historique, un certain nombre d'orientations
philosophiques se sont avérées éclairantes, dans la mesure précisément
où elles reconduisaient, chacune à sa façon, à la question d'une
constitution croisée du cognitif et du social, redistribuée entre
diverses instances : sujets, corps, langages, pratiques, techniques.
Sans aucunement répondre à un projet explicite de totalisation, une
anthropologie philosophique a commencé de prendre corps au travers d'un
ensemble d'approches : déploiement, dans la postérité de Husserl, d'une
thématique du Lebenswelt ; phénoménologie sémiotique d'inspiration
merleau-pontienne ; philosophie des formes symboliques dans la
filiation de Cassirer ; philosophies wittgensteiniennes ou
pragmatistes (expression, habitus, normativité, sens commun) ;
philosophie de la technique comme constitutive de l'humain. Sur un plan
plus directement scientifique, ces orientations ont été relayées par
les épistémologies dynamicistes et constructivistes (voire
enactivistes), par les théories gestaltistes et microgénétiques du
langage et de la perception, dans toute une série de travaux
d'anthropologie linguistique, plus généralement dans l'étude des formes
et pratiques sémiotiques - enfin, dans certains travaux
(interprétations ou modèles) attenant aux neurosciences.
Le présent colloque se propose donc de renouveler le débat entre les
deux grandes approches évoquées en ouverture. Plus précisément, il
s'agit d'élaborer des cadres dans lesquels puissent se rapprocher, et
peut-être co-évoluer, d'une part des modèles (philosophiques comme
scientifiques) de la perception, du corps propre, de
l'intersubjectivité et de la signification (souvent repris de la
tradition husserlienne), et d'autre part des modèles socio-sémiotiques,
dans lesquels formes symboliques, intentionnalités et conduites
procèdent de participations à des interactions collectives, à la fois
émergentes et instituées, car fondées sur la reprise de formes héritées
et transmises.
A cette fin, on sera sans doute conduit à mettre en position centrale
la question de la sémiose -prise au sens radical d'une sémiogenèse
expressive et pratique, débordant la seule mise en oeuvre de système de
signes, ou la simple réanimation de traces déjà individuées.
Sémiogenèse vue alors comme une médiation essentielle de la conscience,
et le principal étayage des intentionnalités, en tant qu'elles
s'appellent, se forment et trouvent leurs limites dans cet exercice
même. Sémiogenèse reposant, dans le même temps, sur la reprise de
formes instituées et héritées, ou plutôt, sur un art et des techniques
de cette reprise, impliquant des formes à la fois malléables,
partiellement mémorisées et collectivement prolongées. Formes présentes
à la conscience sans y être déterminées, et formes indicatrices d'une
transcendance qui ne peut être du même type que celle d'un objet :
plutôt celle d'un jeu, d'une norme, d'une destination par des tiers
dont le mode de présence/absence n'est pas non plus celui de l'objet.
Ce sont, à partir de là, la persistance et l'identité des projets et
des objets qui apparaissent tributaires d'une précession de signes
autorisant, par leur permanente reprise, la réitération de parcours de
constitution (vécus, dans leur effectivité même, comme présence du
social en chacun) : parcours toujours tributaires, donc, de régimes
sémiotiques, c'est-à-dire expressifs et techniques, d'appréhension, de
transformation, de destination (gestes, procédures, langages,
inscriptions, instruments). Ces régimes se fondent sur une
ritualisation des formes et des conduites, donnant lieu à une
appréciation des écarts, selon les divers modes reçus de la reprise.
Ils s'inscrivent dans des domaines dont le volet pratique est
essentiel, et relèvent de genres qui engagent les sujets en fonction de
modalités plus ou moins contraignantes.
Revenant au vocabulaire de la phénoménologie, on dira donc que le
langage, la culture, le social, ne sont pas des superstructures qui
viendraient s'empiler par-dessus un être au monde plus originaire : ce
sont des dimensions intrinsèques de cet être-au-monde, qui est d'emblée
être-au-monde-social et être-au-langage. On ne peut sans doute en
traiter si l'on est toujours astreint à un choix forcé entre attitude
naturelle, et attitude phénoménologique conçue comme le seul fait d'une
conscience intime. S'ouvre alors la possibilité d'une réorientation
sémiotique des problématiques phénoménologiques, permettant de revoir
la problématique de la constitution du champ de conscience à la lumière
d'une philosophie de la transmission et de l'institution des formes
sémiotico-symboliques.
D'où le titre-slogan "Perception sémiotique et socialité du sens", qui
voudrait en particulier attirer l'attention sur les postulats suivants,
soumis à discussion : (i) la socialité du sens doit être d'emblée
rapportée à des formes et des activités symboliques, qui redirigent en
permanence les interactions et conditionnent la formation des valeurs
et des utilités, (ii) le sens en tant que social ne se sépare pas d'une
recherche d'expression, concomitante de la formation de divers plans de
sémiotisation, et d'une constante ritualisation des conduites, fondant
la possibilité de la répétition et d'une évaluation des écarts, (iii)
l'historicité et la socialité du sens trouvent leur répondant, au
niveau de l'expérience individuelle, dans une perception d'emblée
sémiotique ; une telle perception, qui délivre directement un sens non
inféré, ne se sépare pas de dispositions expressives, et de dispositifs
pratiques, étroitement dépendants des médiations sémiotiques
instituées.
Nous souhaiterions ainsi convier les participants à deux journées
d'échanges entre sciences et philosophies, où pourront se rencontrer
des problématiques, des théories, des analyses, de factures
phénoménologique, pragmatiste, et sémiotique.
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{FR, 06/04/2009}
COLLOQUE
6èmes Journées Internationales de la Linguistique de Corpus
Lorient, 10-12 septembre 2009
http://web.univ-ubs.fr/corpus/
Les 6èmes Journées Internationales de linguistique de corpus auront
lieu à Lorient les 10, 11 et 12 septembre 2009. Elles sont organisées
par l'équipe LiCoRN -Linguistique de Corpus et des Ressources
Numériques de l'Université de Bretagne Sud.
Objectifs
Ces 6èmes Journées Internationales de Linguistique de Corpus visent à
promouvoir le développement de la linguistique de corpus en France.
Elles réunissent des chercheurs venus d'horizons divers qui
s'intéressent à l'utilisation de l'informatique pour l'analyse des
faits de langues.
Les contributions attendues pourront concerner, de manière non
exhaustive :
* la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
* la lexicométrie
* la terminologie,
* la traduction
* l'analyse du discours,
* la linguistique appliquée et
* la description linguistique.
Conférences Plénières
Béatrice Daille, Université de Nantes
Susan Hunston, University of Birmingham
François Rastier, CNRS...
Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une
vingtaine de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues
des communications affichées. L'ensemble des communications retenues
donnera lieu à publication dans les actes de la conférence.
Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités
d'exploration, dont les résultats principaux seront présentés dans ce
résumé. Le résumé sera accompagné d'une page de renseignements
pratiques comprenant le mode de communication souhaité (oral ou
poster), le nom, l'affiliation, téléphone, adresse postale et
électronique. Les résumés doivent être en Times 12 avec interligne
simple et en format Open Office (odt), Word RTF, ASCII, ou HTML. Ces
contributions seront évaluées par deux experts du comité scientifique
de la conférence. Ces soumissions devront parvenir au comité
d'organisation à l'adresse suivante :
Journées Internationales de Linguistique de corpus
Geoffrey Williams
Département d'Ingénierie du Document
U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
4 rue Jean Zay
BP 92116
56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
Calendrier
Date limite de soumission 20 mai 2009
Notification aux auteurs 5 juin 2009
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2009
Comité d'organisation
Président : Geoffrey Williams, LiCoRN, Université de Bretagne Sud,
Lorient
Jean-Yves Antoine, Université de Tours
Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
Jeanne Villaneau, VALORIA, Université de Bretagne-Sud, Lorient
Ismail El Maarouf, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Chrystel Millon, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Christophe Ropers, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Delphine Séguin, LiCoRN, Université de Bretagne Sud
Nathalie Dugales, Université de Rennes 1
Comité scientifique
Susan Hunston, University of Birmingham
Marina Bondi, University of Modena
Jean-Yves Antoine, Université de Tours
Nathalie Gasiglia, Université de Lille3
Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
Pierre Arnaud, Professeur, CRTT, Université Lyon II
François Maniez, Professeur, CRTT, Université Lyon II
Mireille Bilger, Professeur, Université de Perpignan
Claire Blanche-Benveniste, Professeur Emérite, GARS, Université d'Aix
en Provence
Thierry Fontenelle, Dr., Microsoft, US et EURALEX
Sylviane Granger, Professeur, Université Catholique de Louvain,
Belgique.
François Rastier, Directeur de recherche, CNRS-Paris X
Wolfgang Teubert, Professeur, Université de Birmingham, Royaume Uni.
Agnès Tutin, Dr., Université de Grenoble.
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________________________________________________________________________
SdT volume 15, numero 2.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Tant que les philosophes ne deviendront pas
grammairiens, ou les grammairiens philosophes,
la grammaire ne sera ni ce qu'elle était chez
les anciens, une science pragmatique et une
partie de la logique, ni en général une science.
Friedrich von Schlegel, Athenäum
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 6 nouveaux abonnes, dont Virgine Ducay et
Nouzha El Kouchi.
- Simon Bouquet change d'adresse.
2- Publications
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIV, 1).
3- Textes
- Gaetan Pegny : "Avec humanite et douceur", telle une
lettre de Spinoza
4- Appels : Colloques et revues
- Ecole thematique "Methodes informatiques et Statistiques en
Analyse de Textes", Besançon, 14-19 juin 2009.
- Colloque "Karl Buhler, penseur du langage -Linguistique,
psychologie et philosophie", Paris, 29-30 avril 2009.
- Journee d'etude "Nous n'avons jamais ete humains :
La nature humaine au prisme de la science-fiction et de
l'anthropologie", Paris, 7 mai 2009.
- Colloque "Perception semiotique et socialite du sens",
Paris, 15-16 juin 2009.
- 6emes Journees Internationales de la Linguistique de Corpus,
Lorient, 10-12 septembre 2009.
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Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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[information réservée aux abonnés]
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 06/042009 et Texto!, 17/04/2009}
TEXTO! http://www.texto-revue.net
Au sommaire : XIV-1 (coordonné par Evelyne Bourion)
______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
Bernard ANCORI
Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
la Grèce ancienne, l'Occident médiéval
Smaïl DJAOUD
Quelques processus d'élaboration de concepts sur le Maghreb
dans les sciences sociales (Julien, Bourdieu et Tillion)
François RASTIER et Mathieu VALETTE
De la polysémie à la néosémie
______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
Emmanuel DESVEAUX et Philippe LACOUR
Logiques amérindiennes
Philippe LACOUR
Malaise logique dans la culture
Sur une ambiguité épistémologique de l'anthropologie contemporaine.
______Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS______
François RASTIER
Sémantique Interprétative.
Préface à la troisième édition (avril 2009)
______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
Ecaterina BULEA
Dynamique langagière et dynamique matérielle :
attitudes épistémologiques face à un problème philosophique
Maria Antónia COUTINHO, Rosalis PINTO, Audria LEAL, Carla TEIXEIRA et
Ana CALDES
La dynamicité de la langue dans des textes de différents genres
______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
Benoît HABERT
Lire : Méthodiquement
______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
Coralie REUTENAUER
Analyse et modélisation sémantiques à partir de ressources
lexico-sémantiques
Rapport de stage.
Mathieu VALETTE
Pour une science des textes instrumentée
Introduction à Syntaxe & Sémantique, n°9, 2008,
numéro thématique "Textes, documents numériques, corpus.
Pour une science des textes instrumentée."
______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
Julie SORBA
La mer tragique et l'héritage homérique -Étude des lexèmes
hals, thalassa, pelagos et pontos dans les tragédies d'Eschyle
Charlotte LACOSTE
Un cas de manipulation narrative : Les Bienveillantes
Ou comment éveiller le génocidaire qui sommeille en chacun de nous.
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Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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{FR, 06/04/2009}
Cartographique : "Avec humanité et douceur..." [1]
Monsieur,
Vous vous étonnez sans doute que j'aie tant tardé à m'exprimer au sujet
des libelles qui prétendent me défendre. Il est vrai que j'ai déjà
exprimé ce que j'avais à dire de la manière la plus claire qui soit
possible, mais cela ne suffit point lorsque la lecture est d'emblée
biaisée. On peut ainsi lire, sous la plume d'un de ces auteurs publiés
à Paris dont on m'a appris l'existence, qu'"il y a donc comme deux
Éthiques coexistantes, l'une constituée par la ligne ou le flot continu
des propositions, démonstrations ou corollaires, l'autre, discontinue,
constituée par la ligne brisée ou la chaîne volcanique des scolies.
L'une, avec une rigueur implacable, représente une sorte de terrorisme
de la tête, & progresse d'une proposition à l'autre sans se soucier des
conséquences pratiques, élabore ses règles sans se soucier d'identifier
les cas. L'autre recueille les indignations & les joies du coeur,
manifeste la joie pratique & la lutte pratique contre la tristesse, &
s'exprime en disant "c'est le cas". En ce sens, l'Éthique est un livre
double. Il peut être intéressant de lire la seconde Éthique sous la
première, en sautant d'un scolie à l'autre." [2]
Le propre des scolies de l'Éthique serait ainsi leur caractère "positif,
ostensif, agressif" [3]. Il est vrai que les scolies, comme leur nom
l'indique, visent à expliquer les propositions ; il est vrai aussi que
je suis un être de chair & de sang, & que le plus sage parmi les sages
reste en proie aux passions, ce qui fait qu'on voit l'homme en lisant
ses écrits ; il est de fait vrai aussi que j'ai parlé en termes très
vifs des prêtres et de leur jalousie, ainsi que de ceux dont la seule
jouissance consiste à enfermer leur argent dans leur cassette [4], &
qu'il me semblait alors honorable, & non infamant, de risquer ma vie
pour la liberté. Mais c'est que la plus grande fermeté peut s'allier à
la plus grande douceur, & ce monsieur de Leuze aurait dû relever que
c'est bien dans un des scolies de mon Éthique que j'avance que celui
"qui s'efforce de conduire tous les autres par raison agit, non par
impulsion, mais avec humanité & douceur, & a l'esprit suprêmement en
paix." [5]
Il n'y a donc chez moi nul terrorisme, & certainement aucun "terrorisme
de la tête". L'homme vivant sous la conduite de la raison désire
observer la règle de la vie et de l'utilité commune [6], & si j'ai pu
dire que je n'ai rien voulu écrire qui ne s'accorde entièrement avec les
lois du pays, la liberté et les bonnes moeurs [7], ce n'était point pour
masquer ce que mes écrits pouvaient avoir de séditieux, car je ne
pratique pas le double langage. C'est qu'il est vrai qu'en tous temps et
en tous lieux, l'avare est le plus prompt à critiquer le riche lorsqu'il
est pauvre, & qu'il n'a jamais été question pour moi de remplacer les
anciens maîtres par de nouveaux. Si je me suis exprimé à la fois avec
fermeté & douceur -ce que l'on peut nommer prudence, mais non
dissimulation-, c'est parce que j'avais conscience que des séditieux
pouvaient utiliser mes écrits pour se constituer un masque de sagesse &
de générosité, ce que j'ai tâché de prévenir avec un succès dont je
savais qu'il ne pouvait être que partiel. Ce Marx et plus encore ses
suivants, ainsi que ceux qui n'aiment en moi que ce qu'ils considèrent
être une anticipation de leur propre pensée et ne dédaignent pas la
rhétorique, n'y ont jamais songé : c'est que l'homme reste semblable de
sa nature, & retombe éternellement dans les travers que de plus anciens
ont pourtant déjà décrits.
De plus, mon Éthique est une, en ceci que j'ai voulu la placer tout
entière sous l'égide de la vérité, qui est marque d'elle-même & du faux,
& sa simple communication, toute nue & issue de la seule raison, a une
valeur immédiatement pratique, la violence des usurpateurs et des
traîtres ne pouvant s'exercer sans les masques que fabriquent les
prêtres de diverses obédiences, dont ceux qui prétendent être des
généreux mais sacrifient la vérité à la politique ne sont pas les moins
cruels.
Ton ami,
Baruch.
par Gaëtan Pégny
publié dans Le Bateau Fantôme n° 3 (septembre 2003), p. 70-72
Notes :
[1] Spinoza, Éthique, IV, 37, scolie I.
[2] G.Deleuze, Spinoza et le problème de l'expression, Paris, éditions
de Minuit, 1968, p. 318.
[3] Ibid.
[4] Traité théologico-politique, 20.
[5] IV, 37, scolie I, trad. B. Pautrat, Paris, Seuil, p. 397
[6] Ibid., IV, 73.
[7] Traité théologico-politique, § 20 et préface.
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{Mellet, 07/03/2009}
ECOLE
Ecole thématique du CNRS
"Méthodes Informatiques et Statistiques en Analyse de Textes"
L'Ecole thématique du CNRS "Méthodes Informatiques et Statistiques en
Analyse de Textes" (MISAT) aura lieu du 14 au 19 Juin 2009 à Besançon.
Cette école est destinée à toutes les personnes désireuses d'acquérir
ou de perfectionner des compétences en vue de la constitution et de
l'analyse de corpus de textes dans le cadre de recherches
pluridisciplinaires, notamment en analyse du discours : chercheurs
confirmés, jeunes chercheurs, post-doctorants et doctorants, étudiants
de Master2 s'orientant vers une thèse, ingénieurs, archivistes,
documentalistes, professionnels de diverses branches.
Elle est organisée par le pôle Archive, Bases, Corpus de la MSHE de
Franche-Comté et par l'UMR Bases Corpus Langages CNRS-UNS-MSH de Nice,
et bénéficie de la participation d'une quinzaine de formateurs, tous
spécialistes reconnus, membres notamment du réseau JADT.
Les inscriptions sont ouvertes et une première sélection de
candidatures aura lieu à partir du 10 Avril, première date-limite de
dépôt.
Toutes les informations utiles se trouvent sur le site de l'Ecole MISAT
http://laseldi.univ-fcomte.fr/ecole/ .
Contacter jmviprey@univ-fcomte.fr.
L'Ecole MISAT est soutenue par la Délégation Centre-Est du CNRS.
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{FR, 06/04/2009}
COLLOQUE
chaire de Philosophie du langage et de la connaissance
UMR 7597 / Histoire des Théories Linguistiques (CNRS, U. Paris-Diderot)
Karl Bühler, penseur du langage
Linguistique, psychologie et philosophie
29 et 30 avril 2009
Collège de France - 11, place Marcelin-Berthelot - 75005 Paris
Accès libre, sans inscription
Comité organisateur :
Sylvie Archaimbault (CNRS, HTL)
Jacques Bouveresse (Collège de France)
Janette Friedrich (Université de Genève, HTL)
Jean-Jacques Rosat (Collège de France)
Didier Samain (Université Paris-Diderot, HTL)
____________________
À l'occasion de la toute récente parution de la traduction française de
la Sprachtheorie de Bühler (1934) -Théorie du langage. La fonction
représentationnelle, éditée par Janette Friedrich et Didier Samain,
Agone, janvier 2009 [1]-, la chaire de philosophie du langage et de la
connaissance du Collège de France (Pr Jacques Bouveresse) et l'UMR 7597
d'Histoire des Théories Linguistiques (HTL) du CNRS et de l'Université
Paris-Diderot organisent les 29 et 30 avril au Collège de France, à
Paris, un colloque intitulé : Karl Bühler, penseur du langage.
Linguistique, psychologie et philosophie.
Née à un moment où la psychologie se constituait en discipline
autonome, tout en restant nourrie par la réflexion philosophique,
l'oeuvre de Bühler occupe, pour l'histoire contemporaine des sciences
du langage, une position privilégiée, traversée de surcroît par les
divers questionnements de l'époque. On a souvent mentionné sa relation
critique à Wundt puis à la Gestalt, à la phénoménologie husserlienne et
au Cercle de Vienne, et, du côté des linguistes, à la phonologie
naissante. Ce ne sont là du reste que les interférences les plus
notoires. En linguistique, l'oeuvre doit sans doute autant à Paul et
Brugmann qu'à Troubetzkoy, et la remarque vaut mutatis mutandis pour
les autres champs disciplinaires. L'originalité du médecin et
philosophe de formation qu'était Bühler aura notamment tenu au dialogue
qu'il a constamment mené avec les grands linguistes de son temps, sans
être à proprement parler "linguiste" lui-même.
Lontemps ignoré en France, Bühler y bénéficie désormais d'un réel
intérêt. Dans ces conditions, la parution prochaine d'une traduction
française de son oeuvre majeure, la Sprachtheorie, dont ce sera de
surcroît la première édition critique, comblera une réelle lacune dans
les publications francophones. Toutefois, tout comme le reste de
l'oeuvre, l'accès à ce texte et la compréhension de ses enjeux n'en
restent pas moins délicats. C'est ainsi, pour ne citer que cet exemple
immédiat, qu'on crédite généralement Bühler, à juste titre, de la thèse
que le langage ne se limite pas à sa fonction cognitive, puisqu'il
possède aussi une fonction "d'appel" et une fonction "d'expression". Or
c'est pourtant bel et bien la fonction représentationnelle que l'auteur
mentionne en sous-titre de la Sprachtheorie, en lui conférant donc
d'office un statut privilégié.
Parce qu'elle était en relation avec l'ensemble du savoir linguistique,
psychologique et philosophique d'une époque particulièrement féconde
pour les sciences humaines, l'oeuvre de Bühler engageait une réflexion
générale sur le rapport entre langage et cognition, et entre sciences
du langage et disciplines connexes. Elle invite aussi, et peut-être
plus fondamentalement, le linguiste et le philosophe d'aujourd'hui à
réfléchir sur nombre de notions (langue, phrase, ...) qui constituent
leur métalangage ordinaire.
Notes
[1] Préfacée par Jacques Bouveresse, cette édition inclut une
présentation de l'oeuvre par Janette Friedrich, le texte traduit
par Didier Samain, un appareil de notes et un important glossaire.
____________________
mercredi 29 avril - salle 2
Matinée - Présidence : Didier SAMAIN
9h00 Ouverture : Jean-Jacques ROSAT (Collège de France)
Sylvie ARCHAIMBAULT (CNRS, HTL)
9h15 Janette FRIEDRICH (Université de Genève)
La force représentationnelle du langage
10h30 Pause
10h45 André ROUSSEAU (Université Lille III)
La dette de Karl Bühler à l'égard de deux prédécesseurs :
Philipp Wegener et Alan Gardiner.
12h00 Pause-déjeuner
Après-midi - Présidence : Sylvie ARCHAIMBAULT
14h00 Michel DE FORNEL (EHESS)
Champ déictique et champ symbolique
15h15 Fiorenza TOCCAFONDI (Université de Parme)
Karl Bühler's Theory of Perception
16h30 Pause
16h45 Jérôme DOKIC (EHESS)
Deixis à l'imaginaire et simulation
18h00 Fin de la première journée
jeudi 30 avril - salle 5
Matinée - Présidence : Janette FRIEDRICH
9h15 Didier SAMAIN (Université Paris 7)
Linguistique ou théorie du langage, généricité des concepts et
axiomatisation des domaines
10h30 Pause
10h45 Perrine MARTHELOT (université Paris1, EXeCO)
De la Crise de la psychologie à la Théorie du langage :
le langage aux prises avec le monde
12h00 Pause-Déjeuner
Après-midi- Présidence : Jean-Jacques ROSAT
14h00 Kevin MULLIGAN (Université de Genève)
Signification vs vouloir dire chez Bühler, Wittgenstein
et leurs contemporains
15h15 Federico ALBANO LEONI (Université de Rome "La Sapienza")
Karl Bühler et la physionomie acoustique des mots :
les occasions manquées de la phonologie
16h30 Pause
16h45 Jacques BOUVERESSE (Collège de France)
Karl Bühler et le mode de pensée axiomatique dans
les sciences du langage.
18h00 Fin du colloque
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{FR, 19/04/2009}
JOURNÉE D'ÉTUDE
Nous n'avons jamais été humains : La nature humaine
au prisme de la science-fiction et de l'anthropologie
Organisateurs : Serge Gruzinski et Marika Moisseeff
7 mai 2009 - 9h30 à 21h00
Musée du quai Branly - Théâtre Claude Lévi-Strauss
37, quai Branly ou 218, rue de l'Université - 75007 Paris
Métro ligne 9 : Alma-Marceau ; RER C : Pont de l'Alma
Dans le cadre de l'exposition Planète métisse, Serge Gruzinski, qui en
est le commissaire, et Marika Moisseeff, un des auteurs du catalogue de
cette exposition, organisent une journée d'étude sur la notion
d'identité humaine et les questions connexes d'anthropomorphisation du
non humain et d'animalisation de l'humain.
Seront, notamment, explorées les conséquences de l'alliance entre
science et technologie sur les représentations occidentales
contemporaines de la nature humaine à partir desquelles les Occidentaux
tendent à se définir en tant que groupe culturel particularisé en
regard d'autres cultures telles que, par exemple, celles qu'ils
inclinent à désigner sous l'appellation "peuples premiers". Ces
représentations de la nature humaine s'adossent aux théories de
l'évolution et de la néoténie : les espèces se succèdent et
s'engendrent dans une dissimilitude orientée ; mais l'homme aurait
cette particularité de naître avant terme, conservant des potentialités
qui l'auraient conduit à développer des techniques avec lesquelles il
est devenu apte à se transformer lui-même. Dans cette perspective,
l'humain renvoie à une espèce inachevée dont le devenir a partie liée
avec la technologie.
Ainsi, plus la science s'évertue à spécifier ce qu'il en est de la
nature humaine, plus elle tend à la rattacher à la fois au préhumain et
au posthumain. Tout s'est donc passé comme si au moment où le
développement de la science, au XIXe siècle, avait offert à l'homme
occidental le moyen de définir sa nature propre indépendamment de sa
relation à Dieu, il s'était vu de plus en plus contraint à la concevoir
comme fondamentalement hybride : animale et humaine et/ou naturelle et
artificielle. Le socle de ce renouvellement de la définition
occidentale de l'humanité est une hiérarchisation, non seulement des
espèces, mais également des "peuples" ou "civilisations", les
orientations sexuelles et les modes de reproduction étant appréhendés
comme plus ou moins évolués en fonction de leur degré de recours à la
science et à ses émanations technologiques.
La redéfinition des frontières entre les humains et les non humains,
animaux et machines, permet d'envisager la possibilité pour l'homme de
créer des doubles de lui-même tels que chimères, clones, robots et
cyborgs. Et les auteurs de science-fiction, en donnant corps et en
mettant en scène les hybrides nés de l'imaginaire scientifique, nous
incitent à regarder ce qu'ils reflètent de la conception occidentale de
l'humanité et à réfléchir sur la teneur idéologique qu'elle véhicule.
De ce point de vue, il faut considérer les oeuvres de science-fiction
comme des productions mythologiques. En tant que telles, elles donnent
un accès privilégié à la cosmologie occidentale contemporaine et au
système de valeurs censé expliciter la hiérarchisation des êtres et des
groupes culturels. Dans les oeuvres de science-fiction, les auteurs
jouent sur ces différentes dichotomies telles qu'elles tendent à être
articulées dans l'idéologie occidentale. Les problèmes interculturels y
sont entrecroisés avec ceux liés à la différence des sexes, de même que
l'hybridité humain/animal, humain/machine permet d'aborder de façon
innovante la question des minorités sexuelles.
9h30 Accueil du public (accès libre) Théâtre Claude Lévi-Strauss
10h00 Serge Gruzinski - CNRS, Introduction
Matin : Identité homme-animal, homme-machine
10h10 Conférence de Marika Moisseeff - CNRS
Nature contre culture ou le pouvoir animalisant de la viviparité
dans certains films de science-fiction.
11h10 Pause café
11h30 Table ronde
Denis Vidal - IRD et Emmanuel Grimaud - CNRS, ethnologues
Une perspective anthropologique sur les dieux et les robots
autour de la présentation du film d'Emmanuel Grimaud Cosmic City,
les dieux robotisés attaché au livre Dieux et Robots qu'il vient de
publier aux Editions L'Archange Minotaure.
13h00 Pause déjeuner
Après-midi : Altérités sexuelles et culturelles
14h30 Marika Moisseeff- CNRS, Introduction
14h40 Conférence d'Elisabeth Vonarburg, écrivain de science-fiction :
Vraies histoires fausses
15h40 Pause café
16h00 Table ronde
Joëlle Wintrebert et Pierre Bordage, écrivains de science-fiction,
Maxime Cervulle - Paris 1, sociologue des médias et des études
culturelles,
Peau noire, prothèses blanches : Will Smith et les robots,
science-fiction et anxiétés raciales.
18h00 Conclusion
18h30 Projection du film Aeon Flux, de Kusama Karyn, 93mm, 2005, USA.
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COLLOQUE
Perception sémiotique et socialité du sens
Paris, 15-16 juin 2009
Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, 75005 Paris
Argumentaire
Les évolutions (inter)disciplinaires des dernières décennies ont
reconduit pour l'essentiel une opposition, que l'on pourrait qualifier
de fondatrice, entre deux grandes approches de la cognition et du
social. L'une prend son point de départ dans les préférences et les
projets portés par les individus, et cherche ensuite à faire émerger de
leurs interactions les dynamiques collectives, tout en restant
attentive aux déterminations qu'en reçoivent en retour les vies
individuelles (individualisme méthodologique dit 'complexe'). L'autre
porte d'abord son attention sur les structures socio-sémiotiques
publiques, pour ensuite retrouver les vies individuelles dans leurs
efforts pour s'adapter à, et, si possible, transformer, des formes et
des rôles largement préconstitués (forme de holisme que, par symétrie,
on pourra qualifier aussi de complexe).
Bien que fondamentalement inchangée dans sa polarité depuis Durkheim,
cette confrontation s'est trouvée quelque peu renouvelée dans les
années récentes, marquées notamment par le développement des sciences
cognitives et le programme de la naturalisation, par les progrès
réalisés dans la modélisation des systèmes complexes, par la relance
aussi des problématiques d'inspiration phénoménologique dans les
sciences cognitives et du langage. La vision du social et du symbolique
héritée par exemple de l'anthropologie structurale a été questionnée à
partir de là.
Dans cette conjoncture historique, un certain nombre d'orientations
philosophiques se sont avérées éclairantes, dans la mesure précisément
où elles reconduisaient, chacune à sa façon, à la question d'une
constitution croisée du cognitif et du social, redistribuée entre
diverses instances : sujets, corps, langages, pratiques, techniques.
Sans aucunement répondre à un projet explicite de totalisation, une
anthropologie philosophique a commencé de prendre corps au travers d'un
ensemble d'approches : déploiement, dans la postérité de Husserl, d'une
thématique du Lebenswelt ; phénoménologie sémiotique d'inspiration
merleau-pontienne ; philosophie des formes symboliques dans la
filiation de Cassirer ; philosophies wittgensteiniennes ou
pragmatistes (expression, habitus, normativité, sens commun) ;
philosophie de la technique comme constitutive de l'humain. Sur un plan
plus directement scientifique, ces orientations ont été relayées par
les épistémologies dynamicistes et constructivistes (voire
enactivistes), par les théories gestaltistes et microgénétiques du
langage et de la perception, dans toute une série de travaux
d'anthropologie linguistique, plus généralement dans l'étude des formes
et pratiques sémiotiques - enfin, dans certains travaux
(interprétations ou modèles) attenant aux neurosciences.
Le présent colloque se propose donc de renouveler le débat entre les
deux grandes approches évoquées en ouverture. Plus précisément, il
s'agit d'élaborer des cadres dans lesquels puissent se rapprocher, et
peut-être co-évoluer, d'une part des modèles (philosophiques comme
scientifiques) de la perception, du corps propre, de
l'intersubjectivité et de la signification (souvent repris de la
tradition husserlienne), et d'autre part des modèles socio-sémiotiques,
dans lesquels formes symboliques, intentionnalités et conduites
procèdent de participations à des interactions collectives, à la fois
émergentes et instituées, car fondées sur la reprise de formes héritées
et transmises.
A cette fin, on sera sans doute conduit à mettre en position centrale
la question de la sémiose -prise au sens radical d'une sémiogenèse
expressive et pratique, débordant la seule mise en oeuvre de système de
signes, ou la simple réanimation de traces déjà individuées.
Sémiogenèse vue alors comme une médiation essentielle de la conscience,
et le principal étayage des intentionnalités, en tant qu'elles
s'appellent, se forment et trouvent leurs limites dans cet exercice
même. Sémiogenèse reposant, dans le même temps, sur la reprise de
formes instituées et héritées, ou plutôt, sur un art et des techniques
de cette reprise, impliquant des formes à la fois malléables,
partiellement mémorisées et collectivement prolongées. Formes présentes
à la conscience sans y être déterminées, et formes indicatrices d'une
transcendance qui ne peut être du même type que celle d'un objet :
plutôt celle d'un jeu, d'une norme, d'une destination par des tiers
dont le mode de présence/absence n'est pas non plus celui de l'objet.
Ce sont, à partir de là, la persistance et l'identité des projets et
des objets qui apparaissent tributaires d'une précession de signes
autorisant, par leur permanente reprise, la réitération de parcours de
constitution (vécus, dans leur effectivité même, comme présence du
social en chacun) : parcours toujours tributaires, donc, de régimes
sémiotiques, c'est-à-dire expressifs et techniques, d'appréhension, de
transformation, de destination (gestes, procédures, langages,
inscriptions, instruments). Ces régimes se fondent sur une
ritualisation des formes et des conduites, donnant lieu à une
appréciation des écarts, selon les divers modes reçus de la reprise.
Ils s'inscrivent dans des domaines dont le volet pratique est
essentiel, et relèvent de genres qui engagent les sujets en fonction de
modalités plus ou moins contraignantes.
Revenant au vocabulaire de la phénoménologie, on dira donc que le
langage, la culture, le social, ne sont pas des superstructures qui
viendraient s'empiler par-dessus un être au monde plus originaire : ce
sont des dimensions intrinsèques de cet être-au-monde, qui est d'emblée
être-au-monde-social et être-au-langage. On ne peut sans doute en
traiter si l'on est toujours astreint à un choix forcé entre attitude
naturelle, et attitude phénoménologique conçue comme le seul fait d'une
conscience intime. S'ouvre alors la possibilité d'une réorientation
sémiotique des problématiques phénoménologiques, permettant de revoir
la problématique de la constitution du champ de conscience à la lumière
d'une philosophie de la transmission et de l'institution des formes
sémiotico-symboliques.
D'où le titre-slogan "Perception sémiotique et socialité du sens", qui
voudrait en particulier attirer l'attention sur les postulats suivants,
soumis à discussion : (i) la socialité du sens doit être d'emblée
rapportée à des formes et des activités symboliques, qui redirigent en
permanence les interactions et conditionnent la formation des valeurs
et des utilités, (ii) le sens en tant que social ne se sépare pas d'une
recherche d'expression, concomitante de la formation de divers plans de
sémiotisation, et d'une constante ritualisation des conduites, fondant
la possibilité de la répétition et d'une évaluation des écarts, (iii)
l'historicité et la socialité du sens trouvent leur répondant, au
niveau de l'expérience individuelle, dans une perception d'emblée
sémiotique ; une telle perception, qui délivre directement un sens non
inféré, ne se sépare pas de dispositions expressives, et de dispositifs
pratiques, étroitement dépendants des médiations sémiotiques
instituées.
Nous souhaiterions ainsi convier les participants à deux journées
d'échanges entre sciences et philosophies, où pourront se rencontrer
des problématiques, des théories, des analyses, de factures
phénoménologique, pragmatiste, et sémiotique.
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{FR, 06/04/2009}
COLLOQUE
6èmes Journées Internationales de la Linguistique de Corpus
Lorient, 10-12 septembre 2009
http://web.univ-ubs.fr/corpus/
Les 6èmes Journées Internationales de linguistique de corpus auront
lieu à Lorient les 10, 11 et 12 septembre 2009. Elles sont organisées
par l'équipe LiCoRN -Linguistique de Corpus et des Ressources
Numériques de l'Université de Bretagne Sud.
Objectifs
Ces 6èmes Journées Internationales de Linguistique de Corpus visent à
promouvoir le développement de la linguistique de corpus en France.
Elles réunissent des chercheurs venus d'horizons divers qui
s'intéressent à l'utilisation de l'informatique pour l'analyse des
faits de langues.
Les contributions attendues pourront concerner, de manière non
exhaustive :
* la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
* la lexicométrie
* la terminologie,
* la traduction
* l'analyse du discours,
* la linguistique appliquée et
* la description linguistique.
Conférences Plénières
Béatrice Daille, Université de Nantes
Susan Hunston, University of Birmingham
François Rastier, CNRS...
Organisation
Les journées prendront la forme de communications orales d'une
vingtaine de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues
des communications affichées. L'ensemble des communications retenues
donnera lieu à publication dans les actes de la conférence.
Soumission
Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités
d'exploration, dont les résultats principaux seront présentés dans ce
résumé. Le résumé sera accompagné d'une page de renseignements
pratiques comprenant le mode de communication souhaité (oral ou
poster), le nom, l'affiliation, téléphone, adresse postale et
électronique. Les résumés doivent être en Times 12 avec interligne
simple et en format Open Office (odt), Word RTF, ASCII, ou HTML. Ces
contributions seront évaluées par deux experts du comité scientifique
de la conférence. Ces soumissions devront parvenir au comité
d'organisation à l'adresse suivante :
Journées Internationales de Linguistique de corpus
Geoffrey Williams
Département d'Ingénierie du Document
U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
4 rue Jean Zay
BP 92116
56321 LORIENT Cedex
ou par courrier électronique à
Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
Calendrier
Date limite de soumission 20 mai 2009
Notification aux auteurs 5 juin 2009
Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2009
Comité d'organisation
Président : Geoffrey Williams, LiCoRN, Université de Bretagne Sud,
Lorient
Jean-Yves Antoine, Université de Tours
Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
Jeanne Villaneau, VALORIA, Université de Bretagne-Sud, Lorient
Ismail El Maarouf, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Chrystel Millon, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Christophe Ropers, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
Delphine Séguin, LiCoRN, Université de Bretagne Sud
Nathalie Dugales, Université de Rennes 1
Comité scientifique
Susan Hunston, University of Birmingham
Marina Bondi, University of Modena
Jean-Yves Antoine, Université de Tours
Nathalie Gasiglia, Université de Lille3
Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
Pierre Arnaud, Professeur, CRTT, Université Lyon II
François Maniez, Professeur, CRTT, Université Lyon II
Mireille Bilger, Professeur, Université de Perpignan
Claire Blanche-Benveniste, Professeur Emérite, GARS, Université d'Aix
en Provence
Thierry Fontenelle, Dr., Microsoft, US et EURALEX
Sylviane Granger, Professeur, Université Catholique de Louvain,
Belgique.
François Rastier, Directeur de recherche, CNRS-Paris X
Wolfgang Teubert, Professeur, Université de Birmingham, Royaume Uni.
Agnès Tutin, Dr., Université de Grenoble.
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Résumé:
SdT volume 15, numero 1.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Dès que l'homme se sert du langage
pour établir une relation vivante
avec lui-même et avec ses semblables,
le langage n'est plus un instrument,
n'est plus un moyen,
il est une manifestation, une révélation
de l'être intime et du lien psychique
qui nous unit au monde et à nos semblables.
Kurt Goldstein, 1933
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 4 nouveaux abonnes, dont Ali Akili, Thomas
Hirsch et Maia Ponsonnet.
- Francois Rastier signale son changement d'adresse electronique
2- Carnet
- Voeux 2009
- Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
"Poesie et connaissance. Formes du mythe dans la litterature
grecque archaique et classique"
3- Textes electroniques
- Portail des bibliotheques nationales europeennes
4- Publications
- Syntaxe & Semantique, 9, Mathieu Valette (dir.) :
"Textes, documents numeriques, corpus. Pour une science des
textes instrumentee"
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 4).
5- Appels : Colloques et revues
- Seminaire "Cognition, communaute(s) et technique :
l'emergence et l'institution de normes", Compiegne,
19-23 janvier 2009
- Atelier "Hans Blumenberg contre Heidegger", Paris,
14-16 mai 2009
- Journee ConSciLa "Semantique de l'oral spontane", Paris,
6 fevrier 2009 (programme et resumes des communications)
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[information réservée aux abonnés]
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{FR, 22/12/2008}
VOEUX
Meilleurs voeux à nos lecteurs pour cette nouvelle année !
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{FR, 22/12/2008}
SEMINAIRE
Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'Ehess, année 2008-2009
Titre général du séminaire :
L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
Thème pour l'année :
Poésie et connaissance. Formes du mythe
dans la littérature grecque archaïque et classique.
Séminaire hebdomadaire, le lundi de 11 h à 13 h,
au 105 Boulevard Raspail, 75006 Paris, salle 5.
L'analyse du texte de la Théogonie d'Hésiode, lors du séminaire de
2007-2008, a montré comment le mythe, qui est pris dans cette oeuvre
comme forme systématique permettant d'ordonner tout ce qui peut ou a pu
se dire sur le passé divin et héroïque, a une fonction critique dans la
construction d'un présent possible. Nous avons pu voir comment la
réorganisation sémantique et syntaxique proposée par Hésiode des récits
mythiques traditionnels, qui portent sur un passé posé à la fois comme
définitivement révolu et comme modèle, est liée à une analyse précise
des conditions du présent de la performance du texte.
La validité que vise le récit théogonique est semble-t-il double : à la
fois la capacité d'intégrer sur le mode le plus cohérent possible
l'ensemble des traditions narratives existantes, de manière à produire
une présentation totalisante du divin et à construire les catégories
qui permettent d'engendrer la multiplicité des récits traditionnels,
et, également, la capacité de définir, par contraste, dans une
sociologie implicite, les potentialités du présent humain et la
pertinence des différents types de paroles, notamment poétiques,
politiques et religieuses, qui ont le divin comme présupposé.
Comme les prises de position d'Hésiode, sur les versions du mythe et
sur leur pertinence pour le hic et nunc de la performance, sont
présentées en acte, sur un mode narratif et non argumentatif, en accord
avec le matériau traditionnel qu'il analyse et réactualise, sans donc
que le principes de la critique soient explicites, l'attention s'est
également portée sur l'écoute que suppose cette forme de poésie, sur la
virtuosité interprétative requise du public, dans la perception de la
variance diachronique des formules et des types narratifs au cours du
texte, cette variance donnant accès au sens.
Une comparaison a ainsi pu être esquissée avec une autre forme de récit
interprétatif portant sur la totalité des choses, celui que, après
Hésiode, déploient les théories cosmologiques des physiciens. Ces
récits posent une autre relation entre passé et présent, puisque la
présentation de l'origine des étants inclut le présent, qui devient
ainsi l'élément d'un cycle, alors que la totalisation mythique est
réalisée dans le passé une fois pour toutes. Ce genre de construction
théorique suppose un autre emploi du langage, qui vise l'explicitation
des principes déterminant la théorie. Paradoxalement, la poésie
publique, en performance, d'Hésiode apparaît plus cryptée que le texte
écrit, réservé à des cercles sociaux fermés, des physiciens, texte
destiné à susciter une argumentation contradictoire.
Le séminaire de 2008-2009 interrogera d'autres utilisations du mythe,
qui posent un rapport différent entre passé et présent :
- l'épopée "monumentale" de type homérique, à partir de passages théo-
et cosmogoniques : les modèles théogoniques sont présents, mais leur
signification change du fait qu'ils ne sont pas pris eux-mêmes comme
objet, mais servent, sur un mode figuratif, dans les discours, ou
schématique, dans la construction du récit, à construire une autre
réalité que l'histoire des dieux ;
- plusieurs odes lyriques (Pindare, Bacchylide), qui posent une
continuité entre passé et présent ;
- la tragédie, à partir du Prométhée d'Eschyle et des Troyennes
d'Euripide, de manière à discuter la thèse souvent admise d'une perte
de sens du mythe, qui serait discuté à partir de valeur plus
modernes. Ce thème, la tragédie, nourrira l'essentiel des séances.
Parallèlement à la lecture des textes, seront examinées les thèses
modernes majeures sur l'interprétation du mythe : les Romantiques,
Ernst Cassirer et Hans Blumenberg, dans la tradition allemande ; pour
la France : Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss et Jean-Pierre Vernant.
Ces lectures aideront à cadrer la question, toujours ouverte, du
rapport entre inventivité mythique et originalité poétique.
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 22/12/2009}
BON LIEN
Portail des bibliothèques nationales européennes
http://search.theeuropeanlibrary.org/portal/en/index.html
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Publications Publications Publications Publications Publications
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{FR, 22/12/2008}
VIENT DE PARAÎTRE
Textes, documents numériques, Corpus.
Pour une science des textes instrumentée
(Syntaxe & Sémantique n° 9)
Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette. 150 p. 18 euros.
Information :
http://www.unicaen.fr/services/puc/rubrique.php3?id_rubrique=55
L'accroissement massif des données textuelles numérisées (Internet,
Gestion électronique de documents) génère de nouvelles questions et de
nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des
contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.
Il apparaît crucial pour la linguistique, science des textes, de
prendre part et position face aux enjeux théoriques et méthodologiques
naissants et de ne pas laisser à d'autres disciplines le soin de
décrire, seules, ces nouveaux objets sémiotiques. Cette livraison de
Syntaxe & Sémantique offre un panorama de recherches récentes menées
actuellement sur l'instrumentation de la linguistique des textes dans
la double perspective des études académiques (incidences de l'outil
informatique sur l'étude des textes) et à visées sociétales (statut
linguistique du document numérique, enjeux du multilinguisme).
Sommaire
Mathieu Valette - ATILF, Nancy :
Introduction : Pour une science des textes instrumentée
François Rastier - INaLCO, Paris :
Sémantique du Web vs. Semantic Web ? Le problème de la pertinence
Ioannis Kanellos, Christian Mauceri - Telecom, Brest / IBM, Paris :
Une conscience interprétative face à un univers de textes.
Arguments en faveur d'une Analyse de Données Interprétative
Damon Mayaffre - BCL, Nice :
De l'occurrence à l'isotopie. Les cooccurrences en lexicométrie
Sylvain Loiseau - LIMSI, Orsay :
Corpus, quantification et typologie textuelle
Bénédicte Pincemin, Céline Guillot, Serge Heiden, Alexei Lavrentiev,
Christiane Marchello-Nizia - ICAR, Lyon :
Usages linguistiques de la textométrie. Analyse qualitative de la
consultation de la Base de Français Médiéval via le logiciel Weblex
Monique Slodzian - INaLCO, Paris :
Paradoxes du multilinguisme
Jean-Michel Daube - INaLCO, Paris :
De la lexicologie textuelle multilingue outillée
à la lexicographie numérique
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{FR, 22/12/2008}
TEXTO! http://www.revue-texto.net/
Au sommaire : XIII-4 (numéro coordonné par Jean-Louis Vaxelaire)
______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
Jean-Michel FORTIS
Le langage est-il un instinct ?
Une critique du nativisme linguistique, de Chomsky à Pinker
Enrique BALLON AGUIRRE
De la sublimación del amor
François RASTIER
Passages et parcours dans l'intertexte
______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
André GREEN
Le rejet de la psychanalyse par Cl. Lévi-Strauss
______Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE______
Gilbert VINCENT
Le concept de tradition selon Ricoeur
-Perspectives herméneutiques et pragmatiques
______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
François VINCENT
Sémiose et système saussurien : vers une formalisation ?
______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
Sylvain LOISEAU
Corpus, quantification et typologie textuelle
Christian MAUCERI
Interpretive Latent Semantic Analysis
______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
François RASTIER
La généalogie d'Aphrodite
-Réalisme et représentation artistique
______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
Anje MULLER GJESDAL
Référence du signe et sens textuel
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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COLLOQUE
Séminaire Interdisciplinaire de
Philosophie, Sciences et Technologies Cognitives
"Cognition, communauté(s) et technique :
l'émergence et l'institution de normes"
Université de Technologie de Compiègne
Amphi Colcombet, Centre de Transfert
Du lundi 19 janvier au vendredi 23 janvier 2009
http://www.utc.fr/phiteco/seminaire2009/index.html
Réunissant des enseignants-chercheurs de l'UTC et des intervenants
extérieurs français et étrangers, le séminaire expose et confronte dans
une perspective interdisciplinaire, sur un thème renouvelé chaque
année, les tendances actuelles des études cognitives. Le thème du
séminaire de janvier 2009 est " Cognition, communauté(s) et technique :
l'émergence et l'institution de normes ". Conformément à sa tradition,
le séminaire souhaite principalement -mais pas exclusivement- traiter
ce thème en relation avec les questionnements suscités par le phénomène
de la technique et par l'émergence de nouvelles technologies
(numérique, information, communication, robotique, réalité virtuelle,
design, organisation,...) : comment les dispositifs techniques que nous
fabriquons peuvent-ils affecter, voire transformer, nos façons de
définir des valeurs et des normes collectives, mais aussi nos
appartenances, nos désirs et nos identités ? Inversement, comment
penser les conditions de l'émergence des normes d'usage de nouvelles
technologies (communicationnelles, interactives, perceptives,...), et
donc les conditions de la constitution de nouveaux types de communautés
techniques ?
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COLLOQUE
Hans Blumenberg contre Heidegger
14/05/2009 - 16/05/2009 : atelier
Hans Blumenberg est sans doute le plus important philosophe allemand
après Heidegger, mais, assurément celui des penseurs d'après-guerre qui
fut le plus sous-estimé. Connu, dès son premier grand ouvrage, La
Légitimité des temps modernes (1966), pour être un historien complexe
de la modernité, il a surtout été perçu comme un historien de la
philosophie et un critique de la théologie. Son esquisse systématique
de la Métaphorologie (1960) n'a été comprise qu'ultérieurement comme le
pendant de l'histoire de l'être heideggérienne et comme une entreprise
parallèle à la Grammatologie de Derrida. Les conséquences de sa
frappante réfutation de la Théologie politique de Carl Schmitt n'ont
pas encore été assez discutées. Comprendre et discuter l'entreprise
philosophique de Blumenberg sera donc l'objectif de cette rencontre.
Dates : les 14, 15 et 16 mai 2009
Horaires : le 14 mai de 13h00 à 18h00, soirée à partir de 19h00, le 15
mai de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, le 16 mai de 9h00 à 12h00
Lieu : Goethe-Institut (Paris)
Contact : Heinz Wismann, hwismann@noos.fr et Patricia Lavelle,
patricia.lavelle@noos.fr
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
{FR, 22/12/2008}
JOURNEE D'ETUDES
Sémantique de l'oral spontané
Rencontre entre sémanticiens et spécialistes du français parlé
Journée ConSciLa du 06 février 2009
ENS, 45 rue d'Ulm - Amphithéâtre Rataud
organisée par Régis Missire
Alors que la syntaxe du français parlé fait depuis de nombreuses années
l'objet de descriptions avancées, la question d'une "sémantique de
l'oral" reste peu explorée : si d'un côté l'abstraction des conditions
effectives de réalisation de la parole est en effet constitutive pour
la sémantique lexicale, la sémantique textuelle a de son côté
notoirement privilégié l'élaboration de ses modèles à partir de textes
écrits. De fait, c'est bien dans les travaux des spécialistes du
français parlé que l'on observe des intérêts variés pour les questions
d'ordre sémantique en relation avec l'oral : outre les descriptions que
les intonologues ont de longue date consacré aux valeurs sémantiques
des contours prosodiques, on peut également mentionner la Grammaire de
l'intonation (1998) de Laurent Danon-Boileau et Mary-Annick Morel qui,
dans une problématique énonciative, a de fait intégré à son modèle une
composante sémantique (cf. p. ex. la conception onomasiologique des
constituants du "préambule") ou encore les analyses des reformulations
et hésitations caractéristiques de l'oral spontané de Claire Blanche-
Benveniste, qui souligne les aspects dynamiques de la composition
sémantique de l'oral (2005). Diversement abordées en intonologie, dans
les études énonciatives ou en syntaxe, ces questions sont ainsi restées
pour l'essentiel étrangères aux préoccupations des sémanticiens. Or une
sémantique prenant pour objet les modalités d'assignation du sens aux
suites linguistiques peut éclairer le fonctionnement de l'oral
spontané, et s'enrichir de sa description. Parmi les points de
rencontre entre sémantique et oral, on peut évoquer, notamment, les
points suivants :
* Sémantisation du prosodique / prosodisation du contenu : si la
prosodie module le flux expressif et établit des rapports figure / fond
entre les composants de l'énoncé et les domaines ou entités auxquelles
elles renvoient (par exemple le fonctionnement des contours prosodiques
de thématisation comme détachant une partie de l'énoncé en lui donnant
une saillance de figure (Lacheret, François, 2004), certains
sémanticiens ont développé complémentairement une conception prosodique
du sens (cf. par exemple le concept de prosodie sémantique (Louw,
1993), ou appréhender le plan du contenu dans des modèles continuistes
de type reconnaissance de formes (hypothèse de la perception
sémantique, Rastier 1991). Les approches gestaltistes en sémantique
(Cadiot, Visetti, 2001) permettent notamment de traiter sur un mode
continu (l'isotopie par exemple) les phénomènes segmentaux : ainsi, en
considérant la variété d'empan syntagmatique au long duquel les formes
sémantiques peuvent être lexicalisées, du plus compact au plus
décumulé, devient-il possible de reprendre la question des relations
entre phases amalgamées et décondensées du discours à tous les paliers
de l'analyse.
* Énonciation et reformulation : le locuteur est son premier
interprète, et la profération linguistique n'est pas la simple
actualisation d'un à-dire conceptuel selon une planification linéaire,
mais également une détermination régressive de ce à-dire par
approximations et reprises successives, c'est-à-dire par négation du
déjà-dit. Reformulations, modifications, hésitations, etc. sont ainsi
pour la sémantique un observatoire sur les cours d'action que
constituent l'énonciation et l'interprétation, et un accès privilégié à
la pensée qui s'élabore et se précise dans le temps même de sa
formulation.
* Production spontanée et phases de l'oral : Il importe également de
décrire les régularités sémantiques corrélées aux types d'interaction
et de contexte dans lesquelles les données orales sont recueillies
(discussions à baton rompu, phases cursives plus longues (récit,
témoignage), etc.) dans la perspective d'une poétique des genres de
l'oral, et au-delà des caractéristiques des textualités de l'oral.
En confrontant spécialistes de l'oral -auxquels on a demandé de centrer
leur intervention sur des questions de sémantique- et sémanticiens
-auxquels on a demandé de travailler sur des données orales-, cette
journée d'étude se propose de faire un point sur cette problématique,
et susciter des rencontres entre chercheurs appartenant à des champs
qui se croisent peu.
Communications :
Claire Blanche-Benveniste
À propos des interprétations sémantiques des reformulations
Simon Bouquet
Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral
Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
Schématisation discursive et schématisation intonative :
question de "genre" ?
Bill Louw
La prosodie sémantique : miroir de la variation contextuelle,
à l'écrit comme à l'oral
Régis Missire, Catherine Rouayrenc
Sémantique du préambule :
descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
Mary-Annick Morel
Mouvements du regard, des mains et de la mélodie : coénonciation,
colocution et gestion du sens dans le dialogue en français.
NB : les horaires détaillés de la journée seront communiqués
ultérieurement.
__________________
Claire Blanche-Benveniste
Professeur émerite, Université de Provence / EPHE
À propos des interprétations sémantiques des reformulations
Les phénomènes nommés "reformulations" -ou "bribes" [1], "ratés",
"réparations", "disfluences"- sont présentés comme des caractéristiques
de l'oral spontané. Dans les cas les plus nets, comme en (1), la
plupart des analyses identifient une "erreur", 'quatre ans', un
"indicateur" d'erreur 'pardon', et la "réparation" de l'erreur, 'trois
ans' (en anglais "reparandum", "editor" et "repair" [2]) :
(1) cela fait quatre ans que je pardon trois ans que je travaille à la
salle
Pendant toute une période, ces phénomènes ont été étudiés en français
surtout pour leur intérêt pragmatique : nombreuses reformulations dans
les interactions, relations des locuteurs à leurs énoncés, traces de la
planification des discours, etc. Du point de vue de la grammaire de la
langue, ils étaient généralement vus négativement, comme s'ils
témoignaient que les locuteurs ne pouvaient pas en temps réel répondre
à toutes les contraintes que leur imposerait la grammaire. Pour en
rendre compte, disaient Apothéloz et Zay (1999), il valait mieux
"s'affranchir de certaines attentes morphosyntaxiques". Ces phénomènes
semblaient avoir peu d'intérêt sémantique [3]. Depuis les années 2000,
ils intéressent les traitements automatiques du langage cherchant des
modèles d'analyse (parsers) capables de décrire les productions orales
spontanées. Du coup, il est question de créer des parsers qui seraient
aussi efficaces que les humains dans le traitement de ces "réparations"
(Ferreira & Bailey 2004 ; Heeman, McMillin & Yaruss 2006) et ces
phénomènes sont interprétés dans des perspectives différentes de celles
de l'erreur et plus orientées vers les mécanismes cognitifs.
Je voudrais proposer quelques pistes d'interprétation sémantique pour
certains types de reformulations en forme de listes énumératives
(entassements, piles [4]), qui ont une structure proche de celle des
coordinations. En ce cas, ce qui a souvent gêné l'analyse c'est la
difficulté à leur trouver un statut syntaxique satisfaisant, à traiter
du caractère intentionnel ou non de leur production et à leur fournir
un sens autre que celui de l'erreur. Pour décrire ces formulations, je
ferai l'hypothèse qu'il ne s'agit pas de la difficulté à trouver une
bonne dénomination pour un référent qui existerait préalablement à sa
désignation mais qu'il s'agit très souvent de construire un référent et
de le construire à travers des approximations successives, sans que le
référent soit toujours réellement accessible par l'auditeur.
(2) c'est une sorte de comment dire pas peut-être une insulte mais un
mot pour désigner quelqu'un
Le rapprochement qui me semble éclairant, dans ce domaine, est celui
qu'on peut faire avec des formes de littérature contemporaine (Michaux,
Ponge, Pinget, Claude Simon), qui ont précisément orienté toute leur
oeuvre vers cette difficulté à constituer des référents.
Références bibliographiques
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linguistique n° 21, 25-36.
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URL : http://semen.revues.org/document1874.html. Consulté le 25
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Notes
[1] "Bribe" était le terme choisi par l'équipe du GARS pour éviter un
jugement de valeur dans la terminologie (Blanche-Benveniste et Jeanjean
1985).
[2] Terminologie explicitée par exemple dans Ferreira & Bailey 2004,
Heeman, McMillin & Yaruss 2006.
[3] J'ai tenté à plusieurs reprises de rendre compte des processus
dynamiques de constitution du sens, révélés par les bribes
(Blanche-Benveniste 2003, 2005).
[4] "Piles" est le terme choisi par S. Kahane et K. Gerdes dans un
article à paraître.
__________________
Simon Bouquet
Université Paris X Nanterre
Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral
Divisée entre des approches logico-grammaticales se réclamant souvent
d'un "cognitivisme" hégémonique et des approches herméneutiques
dispersées -les premières comme les secondes souffrant d'un déficit de
réflexion proprement générale-, on peut tenir que la linguistique est
aujourd'hui, à cet égard, une discipline en crise. Dans cette
conjoncture, tenter de clarifier de possibles bases épistémologiques
communes à de champs de recherche multiples apparaît comme une tâche
salutaire.
A cette fin, une hypothèse mérite d'être examinée : la vision de
Saussure pourrait, une nouvelle fois dans l'histoire des sciences
humaines, jouer un rôle fondateur quant à une telle clarification
épistémologique. En effet, le manuscrit De l'essence double du
langage, retrouvé en 1996 et publié en 2002 (Ecrits de linguistique
générale, Paris, Gallimard), n'a pas seulement permis de relire
l'ensemble du corpus des textes originaux saussuriens et d'apprécier
combien ceux-ci sont incommensurables au Cours de linguistique
générale ; il peut également être considéré comme l'esquisse,
consistante et originale, de principes épistémologiques propres à
définir une science du langage unifiant linguistique de la langue et
linguistique de la parole.
Ces principes épistémologiques -qu'on qualifiera de néosaussuriens pour
les différencier de ceux reçus du Cours- se laissent développer dans
les quelques propositions suivantes :
1. la description du langage par une science dite linguistique peut
être conçue comme articulant inséparablement deux domaines d'analyse :
celui de la langue et celui de la parole -ou du discours ("Sémiologie =
morphologie, grammaire, syntaxe, synonymie, rhétorique, stylistique,
lexicologie etc., le tout étant inséparable", ELG, p. 45) ;
2. cette linguistique duelle est concevable, essentiellement, sur la
base de deux principes généraux -le principe de sémioticité et le
principe de différentialité- posés comme transversaux à ses deux
domaines :
2.1. le principe de sémioticité postule un objet homogène pour la
linguistique de la langue : l'objet "signe" ; celui-ci ressortit à
trois sphères de "signes locaux" -dont les unités irréductibles sont
respectivement : le phonème, le morphème, la position syntaxique-, ces
unités sémiotiques se composant dans des plexus sémiotiques, à la fois
par une articulation interne à leurs trois sphères et par la triple
articulation de ces sphères entre elles ; selon le principe de
sémioticité étendu à la linguistique de la parole, cette dernière a
affaire à des "signifiés globaux" qui (a) s'étendent à la totalité
d'une séquence de parole analysée, (b) peuvent être regardés comme
composant eux-mêmes des unités et des plexus, (c) déterminent
l'interprétation des signes locaux de la langue ;
2.2. le principe de différentialité pose que les signifiés de langue et
des signifiés de parole peuvent être décrits par une notation (une
"littéralisation") strictement différentielle -en d'autres termes : par
une algèbre répondant exclusivement des relations systémiques des
objets posés comme "signes" par le principe de sémioticité ;
3. concevoir que l'analyse des signifiés de langue et des signifiés de
parole est inséparable -et, d'autre part, que ces deux types de
signifiés peuvent faire l'objet d'une littéralisation différentielle-
revient à postuler une quadruple articulation du langage, dont rend
compte, crucialement, l'écriture de "lois de corrélation" régissant la
détermination des signifiés locaux de la langue par les signifiés
globaux de la parole.
Après avoir précisé les grands traits de cette perspective
épistémologique, on l'illustrera par une application à la "sémantique
de l'oral", en examinant comment une "grammaire de langue"
différentielle des pronoms personnels français se laisse articuler à
une "grammaire de parole" différentielle, pour rendre compte de
l'intégralité des emplois possible desdits pronoms personnels.
__________________
Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
Laboratoire MODYCO, Université de Nanterre, Paris Ouest, France
Université de Neuchâtel, Suisse
ENS, CNRS, Lattice, Paris
Schématisation discursive et schématisation intonative :
question de "genre" ?
Cette communication s'ancre sur les concepts d'espace scénique et de
géométrie intonative que nous travaillons dans une approche
contextualisée de la prosodie, fondée sur l'hypothèse majeure
"qu'énoncer, c'est construire un espace, orienter, déterminer, établir
un réseau de valeurs référentielles, bref un système de repérage."
(Culioli 1999).
Jusqu'à présent, nous nous sommes appuyés principalement sur des
discours narratifs (récits de vie en situation radiophonique) pour
sonder cette hypothèse (Lacheret & al. 1998, Lacheret 2003). Il s'agit
ici d'explorer un tout autre type de données, ou autre genre : des
séquences explicatives extraites de corpus d'itinéraires, dont les
premiers fondements d'analyse intonative sont présentés dans Lacheret &
al. (2007) [1]. Deux modes de représentation sont ici en jeu : spatiale
(évocation de lieux) et procédurale (déplacement). Autrement dit, un
parcours dans l'espace peut être analysé de manière schématique comme
un but à atteindre, le point d'arrivée, composé d'un ensemble de
sous-buts, ou étapes intermédiaires au trajet. Le déplacement entre le
point de départ et le point d'arrivée est considéré comme un trajet
global et le déplacement entre deux étapes intermédiaires est vu comme
un trajet élémentaire. L'objectif est de montrer comment l'organisation
prosodique de ce type de discours relève de deux processus centraux :
segmentation discursive et mise en saillance d'éléments, tous deux
associés à l'empaquetage conceptuel en cours. En d'autres termes, les
schémas prosodiques renseignent sur la représentation cognitive de
l'énonciateur relativement à ces différents types de trajets et sur la
façon dont il donne à voir l'objet de discours. En conséquence, elle
nous permet de poser des hypothèses précises sur les indices perceptifs
utilisables par le co-énonciateur pour s'approprier cette
représentation.
En pratique, il s'agit de défendre une méthode d'analyse inductive et
interprétative de la dynamique des constructions prosodiques. Cette
approche repose sur l'analyse d'un jeu d'indices acoustiques précis et
quantifiés (application d'un principe de quantité pour le repérage de
proéminences et de frontières prosodiques de rang variable).
L'hypothèse du principe de quantité et l'analyse qui en découle
conduisent à la mise au jour de la représentation cognitive de l'espace
à manipuler et à l'interprétation linguistique de ses différentes
modalités de construction : évocation d'entités et saillance relative
de ces entités, liage ou ruptures entre entités et relations de
contraste ou de symétrie associées, marquage graduel des points de
jonction et transitions, mais aussi parfois relations conflictuelles
entre différents repères inhérentes à la planification spontanée du
discours [2].
Références Bibliographiques
Berrendonner A. & al. (à par.) : Grammaire de la période.
Culioli A. (1999) : Sur quelques contradictions en linguistique. Pour
une linguistique de l'énonciation, 2, Ophrys.
Fauconnier G., Sweetser E. (1996) : Spaces, Worlds and Grammar, The
University of Chicago Press. 1996.
Lacheret-Dujour A., Ploux S., Victorri B. (1998) : "Intonation et
thématisation en français parlé", Cahiers de Praxématique, 30,
C. Fuchs & Ch. Marchello-Nizia (éd.), 89-111.
Lacheret (2003) : La prosodie des circonstants, Louvain, Peeters
Lacheret A., Victorri B., Avanzi M. (2007) : "La mise en scène
intonative dans la description d'itinéraires en milieu urbain", in
Structuration grammaticale et structuration discursive, Tranel, 47,
79-102.
Victorri B, Fuchs C. (1996) : La Polysémie. Paris, Hermès, 1996.
Notes
[1] Certes, ce types de données conforte merveilleusement bien une
certaine façon de travailler en sémantique qui repose sur une
conception spatiale des représentations cognitives (Fauconnier &
Sweetser 1996, Victorri & Fuchs 1996). Néanmoins, si nous considérons
que l'opération de repérage constitue un processus inhérent au
fonctionnement discursif en général (repérage spatial ici, temporel là,
modal ailleurs), il est possible de faire émerger des principes
d'organisation prosodique génériques qui, par delà la variation de
genres, reflètent la dynamique des constructions discursives et
praxéologiques (mise en saillance d'unités, empaquetage) et sont
déclencheurs d'effets interprétatifs précis.
[2] Voir les concepts de "schémas d'action" : <action-confirmation> vs.
<action-réfection> travaillés dans le cadre de la Grammaire de la
période (Berrendonner & al., à par.)
__________________
Bill Louw
University of Zimbabwe
Semantic prosody: mirroring contextual variation
in oral and written language.
(texte inédit présenté par Carmela Château, Université de Bourgogne)
The term 'prosody' has always implied a predisposition for the spoken
word rather than its written counterpart (Cudden, 1979: 537; Abrams,
1971:139). Even Grice (1978: 124) supposes that irony will be
instantiated as a form of tone of voice. Recourse to a specialized
treatment of the relevant linguistic terms (Crystal, 1975) offers
little help: definitions for paralanguage or paralinguistic features
are redolent with the idea that voice gesture is involved in many
aspects of their realisation. However, very few scholars have
questioned the issue of tone to the point of asserting that the nuances
of meaning inherent in phenomena such as irony might be recoverable
within the fabric of the language itself, rather than merely within its
suprasegmental features, or even its grammatical and structural
elements. The key to taking this inquiry further lies in pursuing the
analogy provided by 'gesture' by means of probabilistic, predictive and
computational models that relate the co-occurrence of linguistic forms
to the situational and cultural contexts that generate them (see
Sinclair's (2006) pamphlet entitled Phrasebite). Empirical
respectability for doing this resides in the use of large corpora of
natural language, such as the Bank of English and the British National
Corpus. One example of this type of model, based upon Breal's notion of
meaning by contagion, is to be found in Louw's (1993) widely-quoted
article that establishes binarity of choice for all breaches of a
semantic prosody: irony or insincerity. This study and its widely
ignored further proof (Louw, 2000) by means of the automation of
Firthian (1957) assertions and Sinclairean amplification (1991) make
the case not only for the fact that exceptions to a semantic prosody
(Louw, 1993) are scientifically recoverable, but that the binary
distinction operates at levels of empirical reliability that are
self-verificatory (Louw, 2003) of the scientific rigour underpinning
semantic prosody. This fact frees earlier investigations from their
reliance upon the limited range of intuitively-derived examples or
poorly recorded voice recordings that are often produced to establish
claims made for a tone-of-voice model. Collocation alone is capable of
settling the matter as to how precisely context and culture imprint
themselves upon the fabric of language through newly discovered forms
of markedness (Enkvist, 1973; Louw, 2003, 2007; 2008). These forms of
markedness (delexicalisation and relexicalisation) (Sinclair, 2004:
181) are themselves the product of (1) Firth's (1957) assertion, proved
by Sinclair in the OSTI Report (Krishnamurthy, 2004) that collocation
is not a syntactic phenomenon, but 'abstracted' from syntax, (see
Halliday, 1966, contra) and (2) that all literary and humorous devices
have in common the phenomenon of relexicalisation (Louw, 2008). The net
result of this corpus-based approach to meaning is that voice and
gesture theories may now be abandoned in favour, not of syntactic
methods, but of methods that have opened for inspection the contexts of
culture and situation. These operate at the high level of abstractness
assigned to collocation by Firth (1957), in conjunction with Malinowski
(1935), Sinclair (2006) and Louw (2007; 2008) for collocation as
instrumentation for language and by Louw (2008) using the work of
Wittgenstein (1922) and Frege (1884) to determine the segmentation or
chunking (see also Sinclair and Maurenen, 2006) of contexts rather than
co-texts, and of Carnap (1928) and Russell (1947) to determine the
nature of events and their recoverability using computational means.
Références bibliographiques :
Abrams, M.H. (1971) A Glossary of Literary Terms. New York: HRW.
Breal, M. (1897) Essai de semantique. Hachette: Paris.
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Text and Technology: In Honour of John Sinclair. Amsterdam: John
Benjamins.
Louw, W.E. 2000. Contextual Prosodic Theory: Bringing Semantic
Prosodies to Life. In C.Heffer and H. Sauntson (Eds.) Words in
Context. In Honour of John Sinclair. Birmingham: ELR.
Louw, W.E. 2003. Dressing up waiver: a stochastic-collocational reading
of the Truth and Reconciliation Commission (TRC), Harare: mimeo, also
available in the Occasional Papers dei Quaderni del CeSLIC at
http://www.lingue.unibo.it/ceslic/e_occ_papers.htm
Louw, W.E. 2007a. Truth, literary worlds and devices as collocation.
Closing Keynote presentation at TaLC6 on 7th July 2004. In Hidalgo,
E., Quereda, L., and Santana, J. Proceedings of the Sixth Conference
on Teaching and Language Corpora. Amsterdam: Rodopi.
Louw, W.E. 2008a 'Consolidating empirical method in data-assisted
stylistics: towards a corpus-attested glossary of literary terms.' In
Viana,D. and Zyngier, S. Eds. Directions in Empirical Literary
Studies. In Honour of Willie van Peer. Amsterdam: John Benjamins.
Malinowski, B. 1935. Coral Gardens and their Magic. London: Allen and
Unwin.
Russell, B. 1947. Human Knowledge: Its Scope and Limitations. London:
Routledge.
Sinclair, J.M. 1991. Corpus, Concordance, Collocation. Oxford: OUP.
Sinclair, J.M. 2004. Trust the Text. London: Routledge.
Sinclair, J.M. 2006. Phrasebite. Pescia: TWC.
Sinclair, J.M. and Maurenen, A. 2006. Linear Unit Grammar: Integrating
speech and writing. Amsterdam: John Benjamins.
Wittgenstein, L. 1922. Tractatus Logico-Philosophicus. Trans.
D.F. Pears and D.F. McGuiness, 1960. London: Routledge and Kegan
Paul.
__________________
Régis Missire, Catherine Rouayrenc
CPST - Université Toulouse 2 / ITEM - CNRS
CPST - Université Toulouse 2
Sémantique du préambule :
descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
Rompant avec une conception trop partiellement formulée en termes de
détachement ou de dislocation des arguments verbaux, Morel et
Danon-Boileau ont proposé dans leur étude du français parlé (1998) des
descriptions renouvelées de la périphérie gauche de l'énoncé oral
spontané. Ce qu'ils ont appelé préambule serait ainsi justiciable d'une
analyse tout à la fois intonative et segmentale, dont la forme
maximalement décumulée consisterait en une suite ordonnée de
constituants opposables par leur position et leur fonction, énonciative
ou argumentale, selon le modèle général :
Préambule = ligateur + point de vue + modus dissocié + cadre +
support lexical disjoint
Clairement onomasiologique (chacune des positions de ces séquences
pouvant être occupée par des unités linguistiques de nature et de
longueur variable), cette perspective théorique revêt, à côté d'une
dimension formelle liée à la position relative des segments, un
caractère interprétatif s'agissant de l'assignation de telle fonction à
telle partie du préambule. C'est à détailler la distribution entre
paramètres sémantique et syntaxique (i.e. positionnel) que nous
souhaitons consacrer cette communication, en nous attachant en
particulier :
(i) à décrire les modalités de "conflit" entre contraintes
positionnelle et sémantique : par exemple, alors que certaines
particules énonciatives manifestent préférentiellement telle dimension
sémantique, que se passe-t-il quand elles apparaîssent dans une
position non canonique ? sont-elles tendanciellement recatégorisées, ou
bien la prescriptivité de cet ordre canonique souffre-t-elle des
aménagements ? On montrera notamment qu'il convient de distinguer au
moins deux grands types de parcours thématiques dans le préambule en
fonction de la position du support lexical disjoint.
(ii) à étudier les façons dont les catégories locutoires s'instancient,
en prêtant notamment attention aux différents jeux de décumul ou d
'amalgame de ces catégories, pour lesquels on proposera une typologie
(on distinguera par exemple le figement linguistique de segments
solidarisant plusieurs de ces dimensions (p.ex : "je sais pas mais") et
l'indifférenciation entre certaines de ces catégories (p. ex certains
emplois de "moi" qui peuvent être tout à la fois point de vue, cadre ou
support disjoint).
Références bibliographiques :
Icart-Séguy, H., (1976), Dialogue de femmes, documents et archives pour
la recherche sociolinguistique, Université de Toulouse II.
Blanche-Benveniste, C, Rouget, C., Sabio F., (2002), Choix de textes de
français parlé, Honoré Champion, Paris.
Blanche-Benveniste, C et alii, (1990), Le français parlé. Études
grammaticales, Paris, CNRS.
Morel M.-A., Danon-Boileau, L., (1998), Grammaire de l'intonation.
L'exemple du français oral, Ophrys.
__________________
Mary-Annick Morel
Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (EA 1483)
Mouvements du regard, des mains et de la mélodie :
coénonciation, colocution et gestion du sens
dans le dialogue en français.
La présentation repose sur l'analyse de plusieurs corpus de dialogues
enregistrés en audio et en vidéo. Il s'agit d'analyser les
cooccurrences d'indices (direction du regard, variations de la mélodie,
éventuellement geste de(s) main(s)) accompagnant la gestion du sens par
le parleur et les anticipations coénonciatives que ces indices
manifestent. Il s'agit également de prendre en compte les productions
sonores ou gestuelles de l'écouteur (celui auquel les propos sont
adressés) et de proposer des hypothèses plus précises sur son temps de
réaction, et sur la nature des indices qui traduisent l'interprétation
des anticipations faites par le parleur, du côté de l'écouteur.
Références bibliographiques
Bouvet D., La dimension corporelle de la parole. Les marque
posturo-mimo-gestuelles de la parole, leurs aspects métonymiques et
métaphoriques, et leur rôle au cours d'un récit, Paris, Peeters,
Société de Linguistique de Paris, Coll. Ling. LXXXI, 2001.
Bouvet D. & Morel M.-A., Le ballet et la musique de la parole. Geste et
intonation dans le dialogue oral en français, Paris-Gap, Ophrys, 2002.
Candea M. et Sender J.-G., Prosodie et indices gestuels, quelle place
dans la grammaire de l'oral ? L'exemple des pauses, Travaux
Linguistiques du CERLICO n°21, 2008 : 95-105.
Hascoet N., Le geste et l'intonation à l'oral spontané : une étude de
cas. Doctorat de l'Université de Paris 5 - René Descartes, dir.
Laurent Danon-Boileau, 2005.
Kendon A., Gesture. Visible Action as Utterance, Cambridge University
Press, 2004.
McNeill D. & Duncan S.D., Growth points in thinking for speaking, in
McNeill D. (ed.), Language and gesture, Cambridge University Press,
2000: 141-161.
Magro E.-P., Disfluency markers and their facial and gestural
correlates. Preliminary observations on a dialogue in french, in
Proceedings of DISS'05, Disfluency in spontaneous speech Workshop,
10-12 septembre 2005, Aix-en-Provence: 127-131.
Morel M.-A. & Danon-Boileau L., Grammaire de l'intonation. L'exemple du
français oral, Paris-Gap, Ophrys, 1998.
Morel M.-A., La reformulation dans le dialogue finalisé en français.
Propriétés intonatives et mimico-gestuelles, in "Usages et analyses
de la reformulation", M. Kara dir., Recherches linguistiques n°29,
2007 : 123-144.
Tabensky A., La prise en compte de l'autre. Geste et parole dans
l'interaction, Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, tome
XCVI-2001, fasc.1, Louvain, Peeters : 227-240.
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
2009_01_06________________________________________________________________________
SdT volume 15, numero 1.
LA CITATION DU MOIS
________________________________________________
Dès que l'homme se sert du langage
pour établir une relation vivante
avec lui-même et avec ses semblables,
le langage n'est plus un instrument,
n'est plus un moyen,
il est une manifestation, une révélation
de l'être intime et du lien psychique
qui nous unit au monde et à nos semblables.
Kurt Goldstein, 1933
________________________________________________
SOMMAIRE
1- Presentations
- Bienvenue a nos 4 nouveaux abonnes, dont Ali Akili, Thomas
Hirsch et Maia Ponsonnet.
- Francois Rastier signale son changement d'adresse electronique
2- Carnet
- Voeux 2009
- Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
"Poesie et connaissance. Formes du mythe dans la litterature
grecque archaique et classique"
3- Textes electroniques
- Portail des bibliotheques nationales europeennes
4- Publications
- Syntaxe & Semantique, 9, Mathieu Valette (dir.) :
"Textes, documents numeriques, corpus. Pour une science des
textes instrumentee"
- Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 4).
5- Appels : Colloques et revues
- Seminaire "Cognition, communaute(s) et technique :
l'emergence et l'institution de normes", Compiegne,
19-23 janvier 2009
- Atelier "Hans Blumenberg contre Heidegger", Paris,
14-16 mai 2009
- Journee ConSciLa "Semantique de l'oral spontane", Paris,
6 fevrier 2009 (programme et resumes des communications)
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{FR, 22/12/2008}
VOEUX
Meilleurs voeux à nos lecteurs pour cette nouvelle année !
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{FR, 22/12/2008}
SEMINAIRE
Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'Ehess, année 2008-2009
Titre général du séminaire :
L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
Thème pour l'année :
Poésie et connaissance. Formes du mythe
dans la littérature grecque archaïque et classique.
Séminaire hebdomadaire, le lundi de 11 h à 13 h,
au 105 Boulevard Raspail, 75006 Paris, salle 5.
L'analyse du texte de la Théogonie d'Hésiode, lors du séminaire de
2007-2008, a montré comment le mythe, qui est pris dans cette oeuvre
comme forme systématique permettant d'ordonner tout ce qui peut ou a pu
se dire sur le passé divin et héroïque, a une fonction critique dans la
construction d'un présent possible. Nous avons pu voir comment la
réorganisation sémantique et syntaxique proposée par Hésiode des récits
mythiques traditionnels, qui portent sur un passé posé à la fois comme
définitivement révolu et comme modèle, est liée à une analyse précise
des conditions du présent de la performance du texte.
La validité que vise le récit théogonique est semble-t-il double : à la
fois la capacité d'intégrer sur le mode le plus cohérent possible
l'ensemble des traditions narratives existantes, de manière à produire
une présentation totalisante du divin et à construire les catégories
qui permettent d'engendrer la multiplicité des récits traditionnels,
et, également, la capacité de définir, par contraste, dans une
sociologie implicite, les potentialités du présent humain et la
pertinence des différents types de paroles, notamment poétiques,
politiques et religieuses, qui ont le divin comme présupposé.
Comme les prises de position d'Hésiode, sur les versions du mythe et
sur leur pertinence pour le hic et nunc de la performance, sont
présentées en acte, sur un mode narratif et non argumentatif, en accord
avec le matériau traditionnel qu'il analyse et réactualise, sans donc
que le principes de la critique soient explicites, l'attention s'est
également portée sur l'écoute que suppose cette forme de poésie, sur la
virtuosité interprétative requise du public, dans la perception de la
variance diachronique des formules et des types narratifs au cours du
texte, cette variance donnant accès au sens.
Une comparaison a ainsi pu être esquissée avec une autre forme de récit
interprétatif portant sur la totalité des choses, celui que, après
Hésiode, déploient les théories cosmologiques des physiciens. Ces
récits posent une autre relation entre passé et présent, puisque la
présentation de l'origine des étants inclut le présent, qui devient
ainsi l'élément d'un cycle, alors que la totalisation mythique est
réalisée dans le passé une fois pour toutes. Ce genre de construction
théorique suppose un autre emploi du langage, qui vise l'explicitation
des principes déterminant la théorie. Paradoxalement, la poésie
publique, en performance, d'Hésiode apparaît plus cryptée que le texte
écrit, réservé à des cercles sociaux fermés, des physiciens, texte
destiné à susciter une argumentation contradictoire.
Le séminaire de 2008-2009 interrogera d'autres utilisations du mythe,
qui posent un rapport différent entre passé et présent :
- l'épopée "monumentale" de type homérique, à partir de passages théo-
et cosmogoniques : les modèles théogoniques sont présents, mais leur
signification change du fait qu'ils ne sont pas pris eux-mêmes comme
objet, mais servent, sur un mode figuratif, dans les discours, ou
schématique, dans la construction du récit, à construire une autre
réalité que l'histoire des dieux ;
- plusieurs odes lyriques (Pindare, Bacchylide), qui posent une
continuité entre passé et présent ;
- la tragédie, à partir du Prométhée d'Eschyle et des Troyennes
d'Euripide, de manière à discuter la thèse souvent admise d'une perte
de sens du mythe, qui serait discuté à partir de valeur plus
modernes. Ce thème, la tragédie, nourrira l'essentiel des séances.
Parallèlement à la lecture des textes, seront examinées les thèses
modernes majeures sur l'interprétation du mythe : les Romantiques,
Ernst Cassirer et Hans Blumenberg, dans la tradition allemande ; pour
la France : Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss et Jean-Pierre Vernant.
Ces lectures aideront à cadrer la question, toujours ouverte, du
rapport entre inventivité mythique et originalité poétique.
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Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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{FR, 22/12/2009}
BON LIEN
Portail des bibliothèques nationales européennes
http://search.theeuropeanlibrary.org/portal/en/index.html
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Publications Publications Publications Publications Publications
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VIENT DE PARAÎTRE
Textes, documents numériques, Corpus.
Pour une science des textes instrumentée
(Syntaxe & Sémantique n° 9)
Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette. 150 p. 18 euros.
Information :
http://www.unicaen.fr/services/puc/rubrique.php3?id_rubrique=55
L'accroissement massif des données textuelles numérisées (Internet,
Gestion électronique de documents) génère de nouvelles questions et de
nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des
contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.
Il apparaît crucial pour la linguistique, science des textes, de
prendre part et position face aux enjeux théoriques et méthodologiques
naissants et de ne pas laisser à d'autres disciplines le soin de
décrire, seules, ces nouveaux objets sémiotiques. Cette livraison de
Syntaxe & Sémantique offre un panorama de recherches récentes menées
actuellement sur l'instrumentation de la linguistique des textes dans
la double perspective des études académiques (incidences de l'outil
informatique sur l'étude des textes) et à visées sociétales (statut
linguistique du document numérique, enjeux du multilinguisme).
Sommaire
Mathieu Valette - ATILF, Nancy :
Introduction : Pour une science des textes instrumentée
François Rastier - INaLCO, Paris :
Sémantique du Web vs. Semantic Web ? Le problème de la pertinence
Ioannis Kanellos, Christian Mauceri - Telecom, Brest / IBM, Paris :
Une conscience interprétative face à un univers de textes.
Arguments en faveur d'une Analyse de Données Interprétative
Damon Mayaffre - BCL, Nice :
De l'occurrence à l'isotopie. Les cooccurrences en lexicométrie
Sylvain Loiseau - LIMSI, Orsay :
Corpus, quantification et typologie textuelle
Bénédicte Pincemin, Céline Guillot, Serge Heiden, Alexei Lavrentiev,
Christiane Marchello-Nizia - ICAR, Lyon :
Usages linguistiques de la textométrie. Analyse qualitative de la
consultation de la Base de Français Médiéval via le logiciel Weblex
Monique Slodzian - INaLCO, Paris :
Paradoxes du multilinguisme
Jean-Michel Daube - INaLCO, Paris :
De la lexicologie textuelle multilingue outillée
à la lexicographie numérique
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TEXTO! http://www.revue-texto.net/
Au sommaire : XIII-4 (numéro coordonné par Jean-Louis Vaxelaire)
______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
Jean-Michel FORTIS
Le langage est-il un instinct ?
Une critique du nativisme linguistique, de Chomsky à Pinker
Enrique BALLON AGUIRRE
De la sublimación del amor
François RASTIER
Passages et parcours dans l'intertexte
______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
André GREEN
Le rejet de la psychanalyse par Cl. Lévi-Strauss
______Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE______
Gilbert VINCENT
Le concept de tradition selon Ricoeur
-Perspectives herméneutiques et pragmatiques
______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
François VINCENT
Sémiose et système saussurien : vers une formalisation ?
______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
Sylvain LOISEAU
Corpus, quantification et typologie textuelle
Christian MAUCERI
Interpretive Latent Semantic Analysis
______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
François RASTIER
La généalogie d'Aphrodite
-Réalisme et représentation artistique
______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
Anje MULLER GJESDAL
Référence du signe et sens textuel
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Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
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COLLOQUE
Séminaire Interdisciplinaire de
Philosophie, Sciences et Technologies Cognitives
"Cognition, communauté(s) et technique :
l'émergence et l'institution de normes"
Université de Technologie de Compiègne
Amphi Colcombet, Centre de Transfert
Du lundi 19 janvier au vendredi 23 janvier 2009
http://www.utc.fr/phiteco/seminaire2009/index.html
Réunissant des enseignants-chercheurs de l'UTC et des intervenants
extérieurs français et étrangers, le séminaire expose et confronte dans
une perspective interdisciplinaire, sur un thème renouvelé chaque
année, les tendances actuelles des études cognitives. Le thème du
séminaire de janvier 2009 est " Cognition, communauté(s) et technique :
l'émergence et l'institution de normes ". Conformément à sa tradition,
le séminaire souhaite principalement -mais pas exclusivement- traiter
ce thème en relation avec les questionnements suscités par le phénomène
de la technique et par l'émergence de nouvelles technologies
(numérique, information, communication, robotique, réalité virtuelle,
design, organisation,...) : comment les dispositifs techniques que nous
fabriquons peuvent-ils affecter, voire transformer, nos façons de
définir des valeurs et des normes collectives, mais aussi nos
appartenances, nos désirs et nos identités ? Inversement, comment
penser les conditions de l'émergence des normes d'usage de nouvelles
technologies (communicationnelles, interactives, perceptives,...), et
donc les conditions de la constitution de nouveaux types de communautés
techniques ?
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COLLOQUE
Hans Blumenberg contre Heidegger
14/05/2009 - 16/05/2009 : atelier
Hans Blumenberg est sans doute le plus important philosophe allemand
après Heidegger, mais, assurément celui des penseurs d'après-guerre qui
fut le plus sous-estimé. Connu, dès son premier grand ouvrage, La
Légitimité des temps modernes (1966), pour être un historien complexe
de la modernité, il a surtout été perçu comme un historien de la
philosophie et un critique de la théologie. Son esquisse systématique
de la Métaphorologie (1960) n'a été comprise qu'ultérieurement comme le
pendant de l'histoire de l'être heideggérienne et comme une entreprise
parallèle à la Grammatologie de Derrida. Les conséquences de sa
frappante réfutation de la Théologie politique de Carl Schmitt n'ont
pas encore été assez discutées. Comprendre et discuter l'entreprise
philosophique de Blumenberg sera donc l'objectif de cette rencontre.
Dates : les 14, 15 et 16 mai 2009
Horaires : le 14 mai de 13h00 à 18h00, soirée à partir de 19h00, le 15
mai de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, le 16 mai de 9h00 à 12h00
Lieu : Goethe-Institut (Paris)
Contact : Heinz Wismann, hwismann@noos.fr et Patricia Lavelle,
patricia.lavelle@noos.fr
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JOURNEE D'ETUDES
Sémantique de l'oral spontané
Rencontre entre sémanticiens et spécialistes du français parlé
Journée ConSciLa du 06 février 2009
ENS, 45 rue d'Ulm - Amphithéâtre Rataud
organisée par Régis Missire
Alors que la syntaxe du français parlé fait depuis de nombreuses années
l'objet de descriptions avancées, la question d'une "sémantique de
l'oral" reste peu explorée : si d'un côté l'abstraction des conditions
effectives de réalisation de la parole est en effet constitutive pour
la sémantique lexicale, la sémantique textuelle a de son côté
notoirement privilégié l'élaboration de ses modèles à partir de textes
écrits. De fait, c'est bien dans les travaux des spécialistes du
français parlé que l'on observe des intérêts variés pour les questions
d'ordre sémantique en relation avec l'oral : outre les descriptions que
les intonologues ont de longue date consacré aux valeurs sémantiques
des contours prosodiques, on peut également mentionner la Grammaire de
l'intonation (1998) de Laurent Danon-Boileau et Mary-Annick Morel qui,
dans une problématique énonciative, a de fait intégré à son modèle une
composante sémantique (cf. p. ex. la conception onomasiologique des
constituants du "préambule") ou encore les analyses des reformulations
et hésitations caractéristiques de l'oral spontané de Claire Blanche-
Benveniste, qui souligne les aspects dynamiques de la composition
sémantique de l'oral (2005). Diversement abordées en intonologie, dans
les études énonciatives ou en syntaxe, ces questions sont ainsi restées
pour l'essentiel étrangères aux préoccupations des sémanticiens. Or une
sémantique prenant pour objet les modalités d'assignation du sens aux
suites linguistiques peut éclairer le fonctionnement de l'oral
spontané, et s'enrichir de sa description. Parmi les points de
rencontre entre sémantique et oral, on peut évoquer, notamment, les
points suivants :
* Sémantisation du prosodique / prosodisation du contenu : si la
prosodie module le flux expressif et établit des rapports figure / fond
entre les composants de l'énoncé et les domaines ou entités auxquelles
elles renvoient (par exemple le fonctionnement des contours prosodiques
de thématisation comme détachant une partie de l'énoncé en lui donnant
une saillance de figure (Lacheret, François, 2004), certains
sémanticiens ont développé complémentairement une conception prosodique
du sens (cf. par exemple le concept de prosodie sémantique (Louw,
1993), ou appréhender le plan du contenu dans des modèles continuistes
de type reconnaissance de formes (hypothèse de la perception
sémantique, Rastier 1991). Les approches gestaltistes en sémantique
(Cadiot, Visetti, 2001) permettent notamment de traiter sur un mode
continu (l'isotopie par exemple) les phénomènes segmentaux : ainsi, en
considérant la variété d'empan syntagmatique au long duquel les formes
sémantiques peuvent être lexicalisées, du plus compact au plus
décumulé, devient-il possible de reprendre la question des relations
entre phases amalgamées et décondensées du discours à tous les paliers
de l'analyse.
* Énonciation et reformulation : le locuteur est son premier
interprète, et la profération linguistique n'est pas la simple
actualisation d'un à-dire conceptuel selon une planification linéaire,
mais également une détermination régressive de ce à-dire par
approximations et reprises successives, c'est-à-dire par négation du
déjà-dit. Reformulations, modifications, hésitations, etc. sont ainsi
pour la sémantique un observatoire sur les cours d'action que
constituent l'énonciation et l'interprétation, et un accès privilégié à
la pensée qui s'élabore et se précise dans le temps même de sa
formulation.
* Production spontanée et phases de l'oral : Il importe également de
décrire les régularités sémantiques corrélées aux types d'interaction
et de contexte dans lesquelles les données orales sont recueillies
(discussions à baton rompu, phases cursives plus longues (récit,
témoignage), etc.) dans la perspective d'une poétique des genres de
l'oral, et au-delà des caractéristiques des textualités de l'oral.
En confrontant spécialistes de l'oral -auxquels on a demandé de centrer
leur intervention sur des questions de sémantique- et sémanticiens
-auxquels on a demandé de travailler sur des données orales-, cette
journée d'étude se propose de faire un point sur cette problématique,
et susciter des rencontres entre chercheurs appartenant à des champs
qui se croisent peu.
Communications :
Claire Blanche-Benveniste
À propos des interprétations sémantiques des reformulations
Simon Bouquet
Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral
Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
Schématisation discursive et schématisation intonative :
question de "genre" ?
Bill Louw
La prosodie sémantique : miroir de la variation contextuelle,
à l'écrit comme à l'oral
Régis Missire, Catherine Rouayrenc
Sémantique du préambule :
descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
Mary-Annick Morel
Mouvements du regard, des mains et de la mélodie : coénonciation,
colocution et gestion du sens dans le dialogue en français.
NB : les horaires détaillés de la journée seront communiqués
ultérieurement.
__________________
Claire Blanche-Benveniste
Professeur émerite, Université de Provence / EPHE
À propos des interprétations sémantiques des reformulations
Les phénomènes nommés "reformulations" -ou "bribes" [1], "ratés",
"réparations", "disfluences"- sont présentés comme des caractéristiques
de l'oral spontané. Dans les cas les plus nets, comme en (1), la
plupart des analyses identifient une "erreur", 'quatre ans', un
"indicateur" d'erreur 'pardon', et la "réparation" de l'erreur, 'trois
ans' (en anglais "reparandum", "editor" et "repair" [2]) :
(1) cela fait quatre ans que je pardon trois ans que je travaille à la
salle
Pendant toute une période, ces phénomènes ont été étudiés en français
surtout pour leur intérêt pragmatique : nombreuses reformulations dans
les interactions, relations des locuteurs à leurs énoncés, traces de la
planification des discours, etc. Du point de vue de la grammaire de la
langue, ils étaient généralement vus négativement, comme s'ils
témoignaient que les locuteurs ne pouvaient pas en temps réel répondre
à toutes les contraintes que leur imposerait la grammaire. Pour en
rendre compte, disaient Apothéloz et Zay (1999), il valait mieux
"s'affranchir de certaines attentes morphosyntaxiques". Ces phénomènes
semblaient avoir peu d'intérêt sémantique [3]. Depuis les années 2000,
ils intéressent les traitements automatiques du langage cherchant des
modèles d'analyse (parsers) capables de décrire les productions orales
spontanées. Du coup, il est question de créer des parsers qui seraient
aussi efficaces que les humains dans le traitement de ces "réparations"
(Ferreira & Bailey 2004 ; Heeman, McMillin & Yaruss 2006) et ces
phénomènes sont interprétés dans des perspectives différentes de celles
de l'erreur et plus orientées vers les mécanismes cognitifs.
Je voudrais proposer quelques pistes d'interprétation sémantique pour
certains types de reformulations en forme de listes énumératives
(entassements, piles [4]), qui ont une structure proche de celle des
coordinations. En ce cas, ce qui a souvent gêné l'analyse c'est la
difficulté à leur trouver un statut syntaxique satisfaisant, à traiter
du caractère intentionnel ou non de leur production et à leur fournir
un sens autre que celui de l'erreur. Pour décrire ces formulations, je
ferai l'hypothèse qu'il ne s'agit pas de la difficulté à trouver une
bonne dénomination pour un référent qui existerait préalablement à sa
désignation mais qu'il s'agit très souvent de construire un référent et
de le construire à travers des approximations successives, sans que le
référent soit toujours réellement accessible par l'auditeur.
(2) c'est une sorte de comment dire pas peut-être une insulte mais un
mot pour désigner quelqu'un
Le rapprochement qui me semble éclairant, dans ce domaine, est celui
qu'on peut faire avec des formes de littérature contemporaine (Michaux,
Ponge, Pinget, Claude Simon), qui ont précisément orienté toute leur
oeuvre vers cette difficulté à constituer des référents.
Références bibliographiques
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Linguistique française n°21, 11-34.
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linguistique n° 21, 25-36.
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les textes et discours, 2000, [En ligne], mis en ligne le 4 mai 2007.
URL : http://semen.revues.org/document1874.html. Consulté le 25
juillet 2008.
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De la pragmatique à la métrique. Hommages à Benoît de Cornulier.
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Notes
[1] "Bribe" était le terme choisi par l'équipe du GARS pour éviter un
jugement de valeur dans la terminologie (Blanche-Benveniste et Jeanjean
1985).
[2] Terminologie explicitée par exemple dans Ferreira & Bailey 2004,
Heeman, McMillin & Yaruss 2006.
[3] J'ai tenté à plusieurs reprises de rendre compte des processus
dynamiques de constitution du sens, révélés par les bribes
(Blanche-Benveniste 2003, 2005).
[4] "Piles" est le terme choisi par S. Kahane et K. Gerdes dans un
article à paraître.
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Simon Bouquet
Université Paris X Nanterre
Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral
Divisée entre des approches logico-grammaticales se réclamant souvent
d'un "cognitivisme" hégémonique et des approches herméneutiques
dispersées -les premières comme les secondes souffrant d'un déficit de
réflexion proprement générale-, on peut tenir que la linguistique est
aujourd'hui, à cet égard, une discipline en crise. Dans cette
conjoncture, tenter de clarifier de possibles bases épistémologiques
communes à de champs de recherche multiples apparaît comme une tâche
salutaire.
A cette fin, une hypothèse mérite d'être examinée : la vision de
Saussure pourrait, une nouvelle fois dans l'histoire des sciences
humaines, jouer un rôle fondateur quant à une telle clarification
épistémologique. En effet, le manuscrit De l'essence double du
langage, retrouvé en 1996 et publié en 2002 (Ecrits de linguistique
générale, Paris, Gallimard), n'a pas seulement permis de relire
l'ensemble du corpus des textes originaux saussuriens et d'apprécier
combien ceux-ci sont incommensurables au Cours de linguistique
générale ; il peut également être considéré comme l'esquisse,
consistante et originale, de principes épistémologiques propres à
définir une science du langage unifiant linguistique de la langue et
linguistique de la parole.
Ces principes épistémologiques -qu'on qualifiera de néosaussuriens pour
les différencier de ceux reçus du Cours- se laissent développer dans
les quelques propositions suivantes :
1. la description du langage par une science dite linguistique peut
être conçue comme articulant inséparablement deux domaines d'analyse :
celui de la langue et celui de la parole -ou du discours ("Sémiologie =
morphologie, grammaire, syntaxe, synonymie, rhétorique, stylistique,
lexicologie etc., le tout étant inséparable", ELG, p. 45) ;
2. cette linguistique duelle est concevable, essentiellement, sur la
base de deux principes généraux -le principe de sémioticité et le
principe de différentialité- posés comme transversaux à ses deux
domaines :
2.1. le principe de sémioticité postule un objet homogène pour la
linguistique de la langue : l'objet "signe" ; celui-ci ressortit à
trois sphères de "signes locaux" -dont les unités irréductibles sont
respectivement : le phonème, le morphème, la position syntaxique-, ces
unités sémiotiques se composant dans des plexus sémiotiques, à la fois
par une articulation interne à leurs trois sphères et par la triple
articulation de ces sphères entre elles ; selon le principe de
sémioticité étendu à la linguistique de la parole, cette dernière a
affaire à des "signifiés globaux" qui (a) s'étendent à la totalité
d'une séquence de parole analysée, (b) peuvent être regardés comme
composant eux-mêmes des unités et des plexus, (c) déterminent
l'interprétation des signes locaux de la langue ;
2.2. le principe de différentialité pose que les signifiés de langue et
des signifiés de parole peuvent être décrits par une notation (une
"littéralisation") strictement différentielle -en d'autres termes : par
une algèbre répondant exclusivement des relations systémiques des
objets posés comme "signes" par le principe de sémioticité ;
3. concevoir que l'analyse des signifiés de langue et des signifiés de
parole est inséparable -et, d'autre part, que ces deux types de
signifiés peuvent faire l'objet d'une littéralisation différentielle-
revient à postuler une quadruple articulation du langage, dont rend
compte, crucialement, l'écriture de "lois de corrélation" régissant la
détermination des signifiés locaux de la langue par les signifiés
globaux de la parole.
Après avoir précisé les grands traits de cette perspective
épistémologique, on l'illustrera par une application à la "sémantique
de l'oral", en examinant comment une "grammaire de langue"
différentielle des pronoms personnels français se laisse articuler à
une "grammaire de parole" différentielle, pour rendre compte de
l'intégralité des emplois possible desdits pronoms personnels.
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Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
Laboratoire MODYCO, Université de Nanterre, Paris Ouest, France
Université de Neuchâtel, Suisse
ENS, CNRS, Lattice, Paris
Schématisation discursive et schématisation intonative :
question de "genre" ?
Cette communication s'ancre sur les concepts d'espace scénique et de
géométrie intonative que nous travaillons dans une approche
contextualisée de la prosodie, fondée sur l'hypothèse majeure
"qu'énoncer, c'est construire un espace, orienter, déterminer, établir
un réseau de valeurs référentielles, bref un système de repérage."
(Culioli 1999).
Jusqu'à présent, nous nous sommes appuyés principalement sur des
discours narratifs (récits de vie en situation radiophonique) pour
sonder cette hypothèse (Lacheret & al. 1998, Lacheret 2003). Il s'agit
ici d'explorer un tout autre type de données, ou autre genre : des
séquences explicatives extraites de corpus d'itinéraires, dont les
premiers fondements d'analyse intonative sont présentés dans Lacheret &
al. (2007) [1]. Deux modes de représentation sont ici en jeu : spatiale
(évocation de lieux) et procédurale (déplacement). Autrement dit, un
parcours dans l'espace peut être analysé de manière schématique comme
un but à atteindre, le point d'arrivée, composé d'un ensemble de
sous-buts, ou étapes intermédiaires au trajet. Le déplacement entre le
point de départ et le point d'arrivée est considéré comme un trajet
global et le déplacement entre deux étapes intermédiaires est vu comme
un trajet élémentaire. L'objectif est de montrer comment l'organisation
prosodique de ce type de discours relève de deux processus centraux :
segmentation discursive et mise en saillance d'éléments, tous deux
associés à l'empaquetage conceptuel en cours. En d'autres termes, les
schémas prosodiques renseignent sur la représentation cognitive de
l'énonciateur relativement à ces différents types de trajets et sur la
façon dont il donne à voir l'objet de discours. En conséquence, elle
nous permet de poser des hypothèses précises sur les indices perceptifs
utilisables par le co-énonciateur pour s'approprier cette
représentation.
En pratique, il s'agit de défendre une méthode d'analyse inductive et
interprétative de la dynamique des constructions prosodiques. Cette
approche repose sur l'analyse d'un jeu d'indices acoustiques précis et
quantifiés (application d'un principe de quantité pour le repérage de
proéminences et de frontières prosodiques de rang variable).
L'hypothèse du principe de quantité et l'analyse qui en découle
conduisent à la mise au jour de la représentation cognitive de l'espace
à manipuler et à l'interprétation linguistique de ses différentes
modalités de construction : évocation d'entités et saillance relative
de ces entités, liage ou ruptures entre entités et relations de
contraste ou de symétrie associées, marquage graduel des points de
jonction et transitions, mais aussi parfois relations conflictuelles
entre différents repères inhérentes à la planification spontanée du
discours [2].
Références Bibliographiques
Berrendonner A. & al. (à par.) : Grammaire de la période.
Culioli A. (1999) : Sur quelques contradictions en linguistique. Pour
une linguistique de l'énonciation, 2, Ophrys.
Fauconnier G., Sweetser E. (1996) : Spaces, Worlds and Grammar, The
University of Chicago Press. 1996.
Lacheret-Dujour A., Ploux S., Victorri B. (1998) : "Intonation et
thématisation en français parlé", Cahiers de Praxématique, 30,
C. Fuchs & Ch. Marchello-Nizia (éd.), 89-111.
Lacheret (2003) : La prosodie des circonstants, Louvain, Peeters
Lacheret A., Victorri B., Avanzi M. (2007) : "La mise en scène
intonative dans la description d'itinéraires en milieu urbain", in
Structuration grammaticale et structuration discursive, Tranel, 47,
79-102.
Victorri B, Fuchs C. (1996) : La Polysémie. Paris, Hermès, 1996.
Notes
[1] Certes, ce types de données conforte merveilleusement bien une
certaine façon de travailler en sémantique qui repose sur une
conception spatiale des représentations cognitives (Fauconnier &
Sweetser 1996, Victorri & Fuchs 1996). Néanmoins, si nous considérons
que l'opération de repérage constitue un processus inhérent au
fonctionnement discursif en général (repérage spatial ici, temporel là,
modal ailleurs), il est possible de faire émerger des principes
d'organisation prosodique génériques qui, par delà la variation de
genres, reflètent la dynamique des constructions discursives et
praxéologiques (mise en saillance d'unités, empaquetage) et sont
déclencheurs d'effets interprétatifs précis.
[2] Voir les concepts de "schémas d'action" : <action-confirmation> vs.
<action-réfection> travaillés dans le cadre de la Grammaire de la
période (Berrendonner & al., à par.)
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Bill Louw
University of Zimbabwe
Semantic prosody: mirroring contextual variation
in oral and written language.
(texte inédit présenté par Carmela Château, Université de Bourgogne)
The term 'prosody' has always implied a predisposition for the spoken
word rather than its written counterpart (Cudden, 1979: 537; Abrams,
1971:139). Even Grice (1978: 124) supposes that irony will be
instantiated as a form of tone of voice. Recourse to a specialized
treatment of the relevant linguistic terms (Crystal, 1975) offers
little help: definitions for paralanguage or paralinguistic features
are redolent with the idea that voice gesture is involved in many
aspects of their realisation. However, very few scholars have
questioned the issue of tone to the point of asserting that the nuances
of meaning inherent in phenomena such as irony might be recoverable
within the fabric of the language itself, rather than merely within its
suprasegmental features, or even its grammatical and structural
elements. The key to taking this inquiry further lies in pursuing the
analogy provided by 'gesture' by means of probabilistic, predictive and
computational models that relate the co-occurrence of linguistic forms
to the situational and cultural contexts that generate them (see
Sinclair's (2006) pamphlet entitled Phrasebite). Empirical
respectability for doing this resides in the use of large corpora of
natural language, such as the Bank of English and the British National
Corpus. One example of this type of model, based upon Breal's notion of
meaning by contagion, is to be found in Louw's (1993) widely-quoted
article that establishes binarity of choice for all breaches of a
semantic prosody: irony or insincerity. This study and its widely
ignored further proof (Louw, 2000) by means of the automation of
Firthian (1957) assertions and Sinclairean amplification (1991) make
the case not only for the fact that exceptions to a semantic prosody
(Louw, 1993) are scientifically recoverable, but that the binary
distinction operates at levels of empirical reliability that are
self-verificatory (Louw, 2003) of the scientific rigour underpinning
semantic prosody. This fact frees earlier investigations from their
reliance upon the limited range of intuitively-derived examples or
poorly recorded voice recordings that are often produced to establish
claims made for a tone-of-voice model. Collocation alone is capable of
settling the matter as to how precisely context and culture imprint
themselves upon the fabric of language through newly discovered forms
of markedness (Enkvist, 1973; Louw, 2003, 2007; 2008). These forms of
markedness (delexicalisation and relexicalisation) (Sinclair, 2004:
181) are themselves the product of (1) Firth's (1957) assertion, proved
by Sinclair in the OSTI Report (Krishnamurthy, 2004) that collocation
is not a syntactic phenomenon, but 'abstracted' from syntax, (see
Halliday, 1966, contra) and (2) that all literary and humorous devices
have in common the phenomenon of relexicalisation (Louw, 2008). The net
result of this corpus-based approach to meaning is that voice and
gesture theories may now be abandoned in favour, not of syntactic
methods, but of methods that have opened for inspection the contexts of
culture and situation. These operate at the high level of abstractness
assigned to collocation by Firth (1957), in conjunction with Malinowski
(1935), Sinclair (2006) and Louw (2007; 2008) for collocation as
instrumentation for language and by Louw (2008) using the work of
Wittgenstein (1922) and Frege (1884) to determine the segmentation or
chunking (see also Sinclair and Maurenen, 2006) of contexts rather than
co-texts, and of Carnap (1928) and Russell (1947) to determine the
nature of events and their recoverability using computational means.
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Louw, W.E. 2003. Dressing up waiver: a stochastic-collocational reading
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available in the Occasional Papers dei Quaderni del CeSLIC at
http://www.lingue.unibo.it/ceslic/e_occ_papers.htm
Louw, W.E. 2007a. Truth, literary worlds and devices as collocation.
Closing Keynote presentation at TaLC6 on 7th July 2004. In Hidalgo,
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Louw, W.E. 2008a 'Consolidating empirical method in data-assisted
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Paul.
__________________
Régis Missire, Catherine Rouayrenc
CPST - Université Toulouse 2 / ITEM - CNRS
CPST - Université Toulouse 2
Sémantique du préambule :
descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
Rompant avec une conception trop partiellement formulée en termes de
détachement ou de dislocation des arguments verbaux, Morel et
Danon-Boileau ont proposé dans leur étude du français parlé (1998) des
descriptions renouvelées de la périphérie gauche de l'énoncé oral
spontané. Ce qu'ils ont appelé préambule serait ainsi justiciable d'une
analyse tout à la fois intonative et segmentale, dont la forme
maximalement décumulée consisterait en une suite ordonnée de
constituants opposables par leur position et leur fonction, énonciative
ou argumentale, selon le modèle général :
Préambule = ligateur + point de vue + modus dissocié + cadre +
support lexical disjoint
Clairement onomasiologique (chacune des positions de ces séquences
pouvant être occupée par des unités linguistiques de nature et de
longueur variable), cette perspective théorique revêt, à côté d'une
dimension formelle liée à la position relative des segments, un
caractère interprétatif s'agissant de l'assignation de telle fonction à
telle partie du préambule. C'est à détailler la distribution entre
paramètres sémantique et syntaxique (i.e. positionnel) que nous
souhaitons consacrer cette communication, en nous attachant en
particulier :
(i) à décrire les modalités de "conflit" entre contraintes
positionnelle et sémantique : par exemple, alors que certaines
particules énonciatives manifestent préférentiellement telle dimension
sémantique, que se passe-t-il quand elles apparaîssent dans une
position non canonique ? sont-elles tendanciellement recatégorisées, ou
bien la prescriptivité de cet ordre canonique souffre-t-elle des
aménagements ? On montrera notamment qu'il convient de distinguer au
moins deux grands types de parcours thématiques dans le préambule en
fonction de la position du support lexical disjoint.
(ii) à étudier les façons dont les catégories locutoires s'instancient,
en prêtant notamment attention aux différents jeux de décumul ou d
'amalgame de ces catégories, pour lesquels on proposera une typologie
(on distinguera par exemple le figement linguistique de segments
solidarisant plusieurs de ces dimensions (p.ex : "je sais pas mais") et
l'indifférenciation entre certaines de ces catégories (p. ex certains
emplois de "moi" qui peuvent être tout à la fois point de vue, cadre ou
support disjoint).
Références bibliographiques :
Icart-Séguy, H., (1976), Dialogue de femmes, documents et archives pour
la recherche sociolinguistique, Université de Toulouse II.
Blanche-Benveniste, C, Rouget, C., Sabio F., (2002), Choix de textes de
français parlé, Honoré Champion, Paris.
Blanche-Benveniste, C et alii, (1990), Le français parlé. Études
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Morel M.-A., Danon-Boileau, L., (1998), Grammaire de l'intonation.
L'exemple du français oral, Ophrys.
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Mary-Annick Morel
Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (EA 1483)
Mouvements du regard, des mains et de la mélodie :
coénonciation, colocution et gestion du sens
dans le dialogue en français.
La présentation repose sur l'analyse de plusieurs corpus de dialogues
enregistrés en audio et en vidéo. Il s'agit d'analyser les
cooccurrences d'indices (direction du regard, variations de la mélodie,
éventuellement geste de(s) main(s)) accompagnant la gestion du sens par
le parleur et les anticipations coénonciatives que ces indices
manifestent. Il s'agit également de prendre en compte les productions
sonores ou gestuelles de l'écouteur (celui auquel les propos sont
adressés) et de proposer des hypothèses plus précises sur son temps de
réaction, et sur la nature des indices qui traduisent l'interprétation
des anticipations faites par le parleur, du côté de l'écouteur.
Références bibliographiques
Bouvet D., La dimension corporelle de la parole. Les marque
posturo-mimo-gestuelles de la parole, leurs aspects métonymiques et
métaphoriques, et leur rôle au cours d'un récit, Paris, Peeters,
Société de Linguistique de Paris, Coll. Ling. LXXXI, 2001.
Bouvet D. & Morel M.-A., Le ballet et la musique de la parole. Geste et
intonation dans le dialogue oral en français, Paris-Gap, Ophrys, 2002.
Candea M. et Sender J.-G., Prosodie et indices gestuels, quelle place
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