Résumé : La découverte, dans l’orangerie de l’hôtel de Saussure, du manuscrit De l’essence double du langage – appartenant, selon l’expression de Rudolf Engler, à « la suite étonnante des textes restés secrets » – a été un évènement scientifique considérable et inespéré. Ce manuscrit permet de réinterpréter l’ensemble du corpus saussurien – non seulement le Cours de linguistique générale mais, de manière plus cruciale, les textes originaux, autographes et notes d’étudiants, parus depuis les années 1950. Ainsi reconsidéré dans son nouveau corpus, le projet scientifique de Saussure diffère de celui qu’on lui avait communément prêté. Loin d’être caduc ou accompli, ce projet apparaît aujourd’hui, à bien des égards, en rupture avec les courants dominants de la science du langage, tout autant qu’avec les interprétations conventionnelles du saussurisme. La présente réflexion contribue à la relecture du nouveau corpus. Elle se concentrera sur le concept de « double essence » pour mettre en lumière comment ce concept, apparu avec les manuscrits de l’orangerie, constitue le fondement métaphysique de la révolution saussurienne. On s’efforcera de montrer comment la conception d’une double essence du langage, tout comme la figure d’un quaternion – que cette figure ait été ou non entendue par Saussure comme mathématique – dessinent les lignes de force d’une science de la complexité linguistique.
Pour citer ce document
SIMON BOUQUET (2018) «Saussure penseur de la complexité : doubles essences et quaternions», [En ligne], Volume XXIII - n° 1 (2018). Coordonné par Christophe Cusimano,
URL : http://www.revue-texto.net/index.php/docannexe/file/3622/docannexe/file/Archives/Archives/Parutions/Parutions/Marges/index.php?id=3998.