OLGA ANOKHINA et FRANÇOIS RASTIER
Résumé : La notion de littérature nationale doit beaucoup aux nationalismes du XIXe siècle et sa validité reste d’autant plus douteuse que les langues de culture sont transnationales. Elles attirent des écrivains de toute nationalité, qui à bon droit rivalisent avec ceux qui écrivent dans leur langue maternelle. Par leur connaissance des langues comme par leurs traductions et autotraductions, ces écrivains plurilingues accèdent à l’espace de la littérature mondiale qu’ils contribuent à étendre. Dans la mesure où les œuvres publiées gardent rarement les traces de ce plurilinguisme, les manuscrits des écrivains plurilingues offrent un accès privilégié à leur véritable processus créatif et permettent d’appréhender empiriquement l’impact qu’exerce le plurilinguisme sur la créativité littéraire. Consacré à la création plus qu’à la critique, cet ouvrage entend mettre en débat l’esthétique, la linguistique et l’approche génétique des œuvres pour illustrer le plurilinguisme secret de toute littérature. Corée, Japon, Allemagne, Pérou, Argentine, Russie, Italie, Île Maurice, Antilles, Bulgarie, voici les principales destinations de ce voyage littéraire qui s'offre au lecteur.
SAMIA KASSAB-CHARFI
Résumé : — Panorama des littératures contemporaines de Tunisie (en arabe et en français), Un siècle de littérature en Tunisie (1900-2017) parcourt tout le XXe siècle littéraire en dressant un tableau représentatif de toutes les parts constitutives, majeure et mineures, du patrimoine tunisien : écrivains judéotunisiens, sardes et italiens, figures tutélaires de la littérature dans les deux langues.
LEONORE BAZINEK
Résumé: L’ouvrage Arbeit am Mythos (Travailler le mythe) de Hans Blumenberg (1920-1996) prouve la pertinence de la méthodologie de son auteur. En effet, s’inscrivant à la frontière de l’histoire de la littérature et de la philosophie, il parvient à examiner conjo
MARIE-JOSÉ BÉGUELIN
Résumé : Dans cet article publié d’abord en 2022 dans le n° 74 des Cahiers Ferdinand de Saussure, l’auteure rend compte d’un ouvrage qui est la réédition en 2020 d’un classique paru en 1978, chez le même éditeur (Bompiani, coll. Campo Aperto) et sous le même titre : « Lo Sviluppo Della Semiotica e Altri Saggi ». L’édition de 2020 reproduit à l’identique les textes réunis en 1978 (à savoir quatre études jugées d’intérêt épistémologique majeur pour la sémiologie, publiées durant les trente dernières années de recherche par Roman Jakobson). On y trouve également deux ajouts significatifs: d’un côté, une nécrologie signée par Umberto Eco dans L’Espresso du 15 août 1982, suite au décès de Roman Jakobson (1896-1982) dans laquelle l’auteur brosse un portrait succinct du maître à la longévité scientifique exceptionnelle, auteur de 630 publications, présenté comme un protagoniste majeur de la civilisation contemporaine; et de l’autre côté, l’étude substantielle de Nunzio La Fauci intitulée « D’altro canto », dans laquelle, l’auteur réévalue le legs jakobsonien, qu’il met en balance avec l’héritage sémiologique de Ferdinand de Saussure. Une revue commentée des publications qui ont fait date, traductions comprises, complète utilement son étude. Le lecteur attentif et intéressé y trouve avec profits, outre de quoi rafraîchir et compléter, voire même remettre en cause et bouleverser ses connaissances relatives à la science des signes, au plan historique comme au plan théorique. En effet, l’essai conclusif inédit de Nunzio La Fauci y démontre avec panache que le développement tous azimuts de la sémiotique au cours des années 1970 repose sur le partage d’une conception triviale du signe comme renvoi, étrangère en tout point à la dualité signifiant-signifié posée par Ferdinand de Saussure. [NDLR].
PIERRE BEUST, STÉPHANE FERRARI, MARYVONNE HOLZEM, DENIS JACQUET, JACQUES LABICHE, FABRICE MAUREL et YOUSSOUF SAIDALI
Résumé : Fidèles au principe de la Scienza Nuova de Vico, cher à la pensée du complexe, des chercheurs en linguistique, sciences cognitives et informatique se sont réunis sur l’île de Tatihou, pour réfléchir ensemble à la place du sujet et de ses pratiques au sein de sphères d’activité qu’il fait évoluer à l’heure des big data et du knowledge management. En faisant dialoguer les champs disciplinaires, on y cherche à concevoir de Nouveaux Usages centrés sur l’interprétation d’un utilisateur naviguant dans un corpus de documents (textes, images) numériques. S’inscrivant dans une démarche qui est celle des sciences de la culture, dont la caractéristique est de tirer l’intelligibilité de l’agir individuel, la nouveauté de la réflexion consiste alors à s’écarter des voies du profilage et de la personnalisation, du donner à voir ce que l’on a l’habitude de rechercher, au profit de procédures non véritablement automatisables, faisant appel à la diversité de l’agir humain dans son historicité. Persuadés qu’il faille une multiplicité de méthodes pour penser la complexité des interactions humaines, et convaincus de la valeur ajoutée de l’échange interdisciplinaire, l’objectif poursuivi est ainsi d’œuvrer pour un non-réductionnisme et une articulation entre méthodes particularisantes et généralisantes, au sein d’une sémiotique des cultures.
CRISTIAN BOTA
Résumé : Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en italien d’une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.
ANDREI BOTCHKAREV
Résumé : *****N.D.L.R : En hommage à Andrei Botchkarev, professeur à l'Université de Nijni-Novgorod disparu soudainement au début de l'année 2023, nous publions ici, en remerciant ses ayants droit, sa thèse de doctorat jusqu'alors inédite.*****Bien que les ramifications de ses phrases, et même de ses brouillons évoquent aisément les irrégularités vigoureuses du monde végétal, le motif du végétal chez Proust a peu retenu l'attention. Cette étude en présente une exploration sémiotique en deux temps, le premier consacré à la typologie des connexions sémantiques, le second à l'apport de l'Art nouveau.
SIMON BOUQUET
Résumé : La sémantique interprétative développée par François Rastier, fondée sur des bases épistémologiques régulièrement affinées par celui-ci, est une linguistique concevant le sens dans son entour le plus large – en d’autres termes : une linguistique dépassant les limites où se tient ordinairement la linguistique. Si la sémantique interprétative bénéficie d’un horizon étendu de réception internationale, sa visibilité dans le champ français des linguistiques du discours reste relativement discrète, probablement pour cette raison que Rastier, contrairement aux autres auteurs du domaine, ne s’est jamais préoccupé de la « manuélisation » de sa linguistique
ARMELLE BOUSSIDAN
Résumé : Cette thèse vise à élucider les mécanismes du changement sémantique en diachronie courte (ou micro-diachronie) dans des corpus. Pour comprendre, analyser et modéliser la dynamique de ces changements et poser les jalons d’un traitement dynamique du langage, le corpus est segmenté en une série de périodes temporelles d’un mois. Ce travail utilise le modèle ACOM (de H. Ji), qui s’inscrit dans le paradigme des Atlas Sémantiques, un modèle géométrique de représentation du sens basé sur l’analyse factorielle des correspondances et la notion de cliques. Les questions de traitement statistique du langage et du sens, de modélisation et de représentation sont traitées conjointement aux questions d’ordre linguistique, psychologique, et sociologique, dans la perspective d’une analyse multidisciplinaire unifiée, telle que conçue par les sciences cognitives. Une démarche de détection et d’analyse du changement sémantique est proposée, accompagnée d’études de cas qui portent à la fois sur de la détection large et sur des détails précis, proposant différent niveaux de granularité. Le changement sémantique est traité comme un déploiement de la polysémie d’une part, et comme une conséquence des modes de communication liés aux médias actuels et à la diffusion de ceux-ci. Linguistique, sociologie et sciences de l’information se rencontrent dans l’étude de la fabrique de sens nouveaux et de mots nouveaux. L’analyse des réseaux sémantiques des termes étudiés montre la réorganisation constante des sens dans le temps et en capture quelques aspects fondamentaux. Les études de cas portent notamment sur le terme « malbouffe », sur le changement sémantique de l’élément de composition « bio- » et sur le glissement de sens observé pour le terme « mondialisation » par rapport à son quasi-synonyme « globalisation ». Un prototype informatique a été développé pour permettre le traitement de ces études et d’études futures.
FRANÇOISE CANON-ROGER et CHRISTINE CHOLLIER
Résumé : VIENT DE PARAÎTRE
Cet ouvrage présente dix études sur la détermination des textes par leur genre. Ces études portent à chaque fois sur un texte de littérature irlandaise et sur un texte de littérature nord-américaine.
Elles s'inspirent d'une hypothèse formulée par la Sémantique des Textes et elles la mettent à l'épreuve des oeuvres. Une fois construite, la détermination des textes et des passages par le genre dont ils relèvent mène à leur spécificité. L'influence du niveau global (genre ou texte) sur le local (texte ou passage) n'empêche en aucun cas l'action rétroactive du passage sur le texte entier : le "passage" est donc un point d'accès au texte dans la mesure où le global passe par lui.
ERNST CASSIRER
Résumé : — Ernst Cassirer (1874-1945) compte parmi les grands historiens de la philosophie et de la science. La vaste bibliographie que son œuvre a suscitée compte aussi de nombreux titres qui discutent sa dimension politique. Le texte que nous donnons aujourd’hui à lire pour la première fois en traduction française se distingue par deux aspects : Cassirer dit clairement pourquoi il ne veut pas prendre position en temps normal dans les disputes politiques du jour ; il explique ensuite pourquoi il le fait dans cette affaire qui oppose de fait deux protagonistes de son camp adversaire, car le « camp » dans lequel il s’inscrit et à partir duquel il prend position, est éliminé par ces protagonistes mêmes. Cassirer développe au fil des pages une lecture fine et exacte de la philosophie idéaliste allemande pour s’opposer à la tentative de nazification de la philosophie avant la lettre. Il explicite énergiquement que la seule position à partir de laquelle il parle, c’est la position de l’homme, réfutant sans ambages la division identitariste de l’humanité en caractères nationaux.
DRISS EL KHATTAB
Résumé : — Inclassable, illustre et méconnu, Ferdinand de Saussure reste à découvrir, un siècle après sa mort. Ce petit livre poursuit un but modeste : donner envie de lire ou de relire les écrits originaux de Saussure, pour mesurer la singularité de sa pensée. La découverte en 1996 de manuscrits inédits a favorisé un courant international de réflexion qui permet de réévaluer le statut et les perspectives de la linguistique, notamment dans ses rapports avec la sémiotique et les sciences de la culture. Les recherches de Saussure éclairent d’un jour nouveau les rapports entre le langage et la pensée, les signes et les objets culturels. Ainsi, elles revêtent une portée générale, qui intéresse la conception de la scientificité elle-même. Après la crise de l’identité des sciences de la culture, elles aident à concevoir un projet refondateur. La traduction de ce livre entend prendre la mesure de cette situation nouvelle pour engager la réflexion à venir.
BAPTISTE FOULQUIÉ
ROMAIN GARNIER
Résumé : — Cette étude contribue de manière critique à l’histoire des langues indo-européennes en récusant des révisions idéologiques récentes. Elle éclaire la formation du genre grammatical dit aujourd’hui « féminin ». Elle est issue du numéro de lancement de la revue Observables (1, 2021), avec l’aimable accord de sa rédaction.
JEAN GIOT
Résumé : — À partir d’un corpus constitué d’extraits de revues spécialisées (linguistique, analyse de discours) et d’annonces prélevées sur internet, cette étude propose une analyse morpho-phonologique d’exemples d’écriture inclusive appelant des considérations différentes (lect-eurice, lect.eur.rice, sourx, iels, p.ex., voire des accords dits de proximité). On fera ressortir des ruptures de régularités du système d’écriture susceptibles de compromettre une acquisition cohérente dans l’enseignement de la lecture et de l’écriture, notamment sous l’angle des connaissances présupposées. À titre accessoire, s’en trouveront mis en évidence, chemin faisant, des déterminismes imaginaires, mais configurés en idéologies, pesant sur des doctrines de l’écriture dite inclusive.
JEAN GIOT
Résumé : — Ce compte rendu suit le développement de l’étude de Sémir Badir, en soulignant l’attention que l’auteur porte à la sémiotique en tant que discours et pratique critiques, marqués d’une réflexivité intrinsèque. D’où ressortent son interdisciplinarité, les caractéristiques de son histoire interne et ses outils, spécialement graphiques.
JEAN GIOT
Résumé : Dans cet article critique, l’auteur montre clairement comment dans une démarche analytique à double portée critique, de connaissance et d’éthique, à la fois système et conscience, le concept de discours de la propagande se donne à voir dans une « hétérogénéité et une pluralité de manifestations », langagières ou non, saisies dans des cours d’action, s’articulant dans une architecture sémiotique à la fois interne et externe dans un tissu de relations différentielles simultanément archi/inter et co(n)textuelles. La définition de l’objet d’étude se présente ainsi : « La propagande est un système de diffusion de l'idéologie » – soit d’un ensemble « de vues et d’idées qui exprime les intérêts de différentes classes sociales » (p. 22) – « qui doit s’adresser à tous quels que soient leur niveau de connaissances et la nature de leurs croyances. Autrement dit, l’objet de la propagande est la conscience des gens » (p. 23) ; la fabrique du discours idéologique contemporain se produit ainsi sur des scènes énonciatives. Partant de l’analyse de cet objet d’étude qui procédant par dénominations, classements articulés et relevés d’effets, conformément au principe herméneutique général de la détermination du global sur le local, cet « essai » illustre de manière lumineuse un « couplage sémiotique » (articulant faits psychiques et faits sociaux dans un environnement sémiotique dont on élucide des spécificités textuelles et imagées. En effet, si la tâche et le projet de l’auteur mettent à mal les absolus que les propagandes œuvrent à installer, s’ils rendent lisible la facture mythique qui s’y expose, sle détachement critique qu’ils impliquent ouvre vers les lectures capables de conjuguer éthique et savoir. [NDLR]
YANA GRINSHPUN et JEAN SZLAMOWICZ
Résumé : — Introduisant le premier numéro de la revue Observables (2021) les auteurs rappellent les distinctions fondamentales nécessaires pour aborder la catégorie du genre grammatical indépendamment de l’idéologie inclusiviste.
YANA GRINSHPUN
Résumé : — Discutant la thèse de la « masculinisation » de la langue française », selon laquelle la langue française comporterait des injustices sexistes imputables à l’entreprise des grammairiens et des théoriciens de la langue depuis le XVIIe siècle, cette étude contribue de manière critique à l’histoire des idées linguistiques en récusant ses révisions idéologiques. Elle est issue du numéro de lancement de la revue Observables (1, 2021), avec l’aimable accord de sa rédaction.
ASTRID GUILLAUME
Résumé : Comment l’idéologie s’inscrit-elle dans la langue et quelles en sont les manifestations au niveau linguistique, sémantique et sémiotique ? Comment l’idéologie investit-elle les divers aspects de la culture (politique, sociétés, littérature, arts, cinéma, droit, sciences, techniques, etc.) et comment s’articule-t-elle avec ces aspects culturels ? Comment le transfert de l’idéologie s’opère-t-il entre les langues et les cultures et quel rôle joue le traducteur-médiateur dans ce transfert interculturel ?
ASTRID GUILLAUME
Résumé : — Les sciences du langage au contact des sciences du vivant s’ouvrent aux zoolangages, zoolangues, zoodialectes, zooplurilinguismes. Cela implique de développer une zoosémiotique qui comprenne les différents types de sens émis par les animaux et une zoolinguistique qui les définisse précisément. Comprendre les animaux, c’est réussir à les traduire. Ce processus de transfert sémantique ressemble à tout transfert sémiotraductologique.
LOUIS HÉBERT
Résumé : Le livre que nous proposons nous apparaît utile et original. Utile : si les textes qui analysent des œuvres littéraires ou qui présentent des théories littéraires abondent, nous manquons sans doute d’ouvrages de méthodologie en analyse littéraire. Original : il occupe un créneau vide.En effet, il n’existe à notre connaissance aucun livre qui à la fois présente: (1) la manière de produire une analyse, des principes jusqu’aux aspects formels (définitions de l’analyse, sortes d’analyses, parties et phases du texte d’analyse , plan, argumentation, opinion, citations, références, etc.); (2) la plupart des aspects qui peuvent être analysés dans un texte littéraire (nous en distinguons une trentaine : thèmes, actions, personnages, rythme, etc.); (3) la plupart des approches qui peuvent être utilisées pour analyser ces aspects (nous en distinguons une quarantaine : histoire littéraire, thématique, psychanalyse, sémiotique, etc.).Ce document constitue un work in progress. Il n’atteindra sa version « définitive » que lors d’une éventuelle parution en livre papier dans quelques années. Nous l’offrons cependant dès maintenant dans Internet, avec l’espoir qu’il soit déjà utile et celui de recevoir des commentaires nous permet tant de le rendre encore plus utile. Comme nous mettrons à jour ce document plusieurs fois par année, nous invitons le lecteur à s’assurer qu’il possède la version la plus récente (nous indiquons le numéro de la version et la date de mise à jour); pour ce faire, il s’agit d’aller chercher le document à l’adresse : http://www.signosemio.com/documents/methodologieanalyse-litteraire.pdf
MARYVONNE HOLZEM
Résumé : — À l’heure où disparaissent les derniers témoins de la Shoah, le livre de Morgan Poggioli repose la question des rapports complexes entre témoignages littéraires et faits historiques. Cet article s’intéresse au choix éthique de l’auteur pour caractériser une époque en retraçant le parcours d’un jeune juif désespéré commettant le premier acte de résistance aux nazis sur le sol français, en 1938. Dans la lignée de la philosophie des Lumières, l’auteur montre que ce choix s’accorde avec la tâche qu’Humboldt avait assignée à l’historien au début du XIXe siècle.
SAMIA KASSAB-CHARFI
Résumé : — Panorama des littératures contemporaines de Tunisie (en arabe et en français), Un siècle de littérature en Tunisie (1900-2017) parcourt tout le XXe siècle littéraire en dressant un tableau représentatif de toutes les parts constitutives, majeure et mineures, du patrimoine tunisien : écrivains judéotunisiens, sardes et italiens, figures tutélaires de la littérature dans les deux langues.
LIA KURTS-WÖSTE
Résumé : Si la notion de "texte" a été amplement traitée par Fr. Rastier dans ses travaux antérieurs, c'est à la notion d' "oeuvre" qu'il se consacre aujourd'hui dans son nouvel ouvrage Créer: Image, Langage, Virtuel publié fin 2016 aux éditions Casimiro, s'employant à la réhabiliter, c'est-à-dire à la rendre lisible, à lui redonner un corpus d'élaboration, à la rendre accessible à un regard critique, à ne pas la banaliser face aux définitions concurrentes (les oeuvres conçues comme simples "produits", lieux de "dé-création" ou encore objets d'une "exaltation obscurément religieuse"). Reprenant les principaux éléments des débats qui ont alimenté les théories sur l'art et sur la création depuis l'Antiquité, l'auteur sait en renouveler profondément les enjeux en adoptant un point de vue original, sémio-anthropologique, dans le droit fil des travaux de Cassirer, dont il est l'un des héritiers les plus marquants actuellement.
JACQUES LABICHE et MARYVONNE HOLZEM
Résumé : Cet article propose une recension commentée de l’ouvrage d’Antoine Garapon et de Jean Lassègue. Le magistrat et le philosophe reviennent tour à tour sur les enjeux sociétaux et culturels d’une réforme de la justice, lieu de l’affrontement entre les deux formes symboliques que sont le droit et le numérique. Cet ouvrage est particulièrement bienvenu à l’heure où l’institution juridique est amenée à se dessaisir de certaines prérogatives au profit de la justice « digitale », alors que par sa fonction symbolique elle est constitutive de l’organisation sociale dont le droit se porte garant. Il témoigne de la profonde transformation des médiations par lesquelles l’homme construit ses significations sociales tout comme il se construit à travers elles. Il laisse entrevoir un monde débarrassé de l’humain.
JEAN LASSÈGUE
Résumé : Actes d'un colloque comprenant : Présentation (Jean Lassègue), Biological substrates of human kinship : the view from
life history theory and evolutionary ecology (Camilla Power), Revisiting matrilineal priority (Chris Knught), Tetradic theory and the origin of human kinship systems (Nick Allen).
LÉDA MANSOUR
Résumé: Ce compte rendu est l’occasion de présenter les notions de post-vérité, de bullshit (foutaise), de « réinformation ». Il questionne aussi la pression managériale dans la recherche scientifique.
PIERRE MARILLAUD
Résumé : Le texte d’Henri Van Lier peut être considéré comme une macro-histoire d’Homo, couvrant plus particulièrement les deux millions d’années qui nous précèdent, mais avec une référence à la période où, il y a environ sept millions d’années, les chimpanzés et Homo se séparèrent de leurs ancêtres communs. Pendant cinq à six millions d’années le corps d’Homo s’est redressé et fut sélectionné comme un organisme « segmentarisant ». Alors que le singe supérieur sait briser ou arracher, il reste incapable de découper, de « segmentariser ». Homo, en revanche, a bénéficié de la chance évolutive d’avoir un corps redressé et des mains libres lui permettant de découper son environnement physiquement et mentalement, avec une précision de plus en plus grande, mais aussi de voir le monde en face, cette vision faciale faisant de lui un animal transversalisant. Les principales évolutions d’Homo sont connues des paléontologues mais l’intérêt du livre vient de la construction d’Homo telle qu’Henri Van Lier la conçoit en partant du bas, du seul animal. Homo a inventé l’angle droit qui n’existe pas dans la nature, et en taillant des pierres pendant deux millions d’années..., il a constitué des panoplies (outils en pierre ou en os, colliers, etc.). Il est ainsi devenu technicien, et ce faisant a créé un nouveau milieu avec lequel il va interagir.Concevant le développement d’Homo jusqu’à nos jours, en prenant en considération toutes les disciplines, scientifiques aussi bien qu’artistiques et littéraires, cet ouvrage est d’actualité car, en donnant une vision philosophique et scientifique à la fois de ce que nous désignons par le mot « culture », il contribue au développement des Sciences Humaines, et ce sans tomber dans le scientisme…
RÉGIS MISSIRE
Résumé : Compte rendu de l'ouvrage "Épistémologie sémiotique" de Sémir Badir.
AUDREY MOUTAT
Résumé : Partant de l’hypothèse selon laquelle il existerait unecommunauté d’organisation entre perception etlangage, cet ouvrage propose de réinterroger les deuxniveaux de pertinence – sémiologique et sémantique –posés par la Sémantique structurale d’Algirdas JulienGreimas afin d’en dégager les points d’articulation. Àpartir des théories de l’iconicité de Jean-FrançoisBordron et de la sémantique interprétative de FrançoisRastier, l’auteure analyse le lexique de la dégustationoenologique et son actualisation au sein decommentaires parus dans la presse afin de montrercomment se construisent et s’interprètent les discourssensoriels sur les propriétés olfacto-gustatives du vin.Interrogeant le lien entre perception et langage,l’ouvrage confronte des pensées philosophiques (Kant)et sémiotiques (Eco, Fontanille, Bordron) pourdéterminer la structure dynamique et tensive del’iconicité du monde sensible. La confrontation de cesstructures iconiques aux molécules sémiques dégagéesdes commentaires oenologiques souligne lacommunauté d’organisation et les articulations entreschématisme et sémie.
ANJE MÜLLER GJESDAL
Résumé : Après une évaluation des théories de la signification, l'auteur s'attache à la place de ON dans la sémantique de l'énoncé, considérée dans ses liens avec la morphosyntaxe. Elle privilégie pour cela une approche contextuelle qui permet ensuite l'extension de la recherche à l'analyse textuelle à des corpus scientifiques et à une œuvre littéraire (L'excès — L'usine de Leslie Kaplan). L'étude prend pour cadre théorique la sémantique des textes.
DONALD VESSAH NGOU et KAJA DOLAR
Résumé : — Préparés par les animateurs de la revue Textualités, ces Mélanges en l’honneur de Jean-François Jeandillou, Professeur émérite en sciences du langage à l’Université Paris Ouest Nanterre, rendent hommage à un enseignant de premier plan, pour son apport décisif à la science des textes, comme pour son engagement pédagogique. La pensée scientifique de ce spécialiste des textes a été marquée par des questionnements théoriques approfondis, et a remis en cause toute logique normative des classifications, qui restreindrait la textualité à des catégories conformes à des exigences disciplinaires, rhétoriques et taxinomiques rigides. L’universalité de la pensée de Jeandillou se reflète dans la diversité des contributions à ce volume, aussi bien au sein des sciences du langage qu’en dehors d’elles.
TERESA OROZCO
Résumé : Le livre de Teresa Orozco sur l’activité intellectuelle de Gadamer sous le national-socialisme permet de comprendre le rôle de l’intellectuel en politique autrement que par le biais de ses prises de position publiques et de son militantisme partisan. C’est par ses interprétations de la philosophie antique que Gadamer théorise ses ralliements, faisant de la politique platonicienne notamment une surface de projection autorisant la mise au pas des intellectuels ou la soumission de tous à l’ordre étatique, transfigurées en renvoi des sophistes hors de la cité idéale et en obéissance des « gardiens » à l’ordre juste.
VERÓNICA PORTILLO SERRANO
Résumé : Ce travail de recherche a pour objet deux axes d’étude qui convergent vers la notion de genre au sein des sciences du langage. Le premier axe d’étude a pour objectif général de montrer la place que cette notion occupe dans diverses disciplines qui l’ont traitée de façon plus accentuée à partir des années quatre-vingts du XXe siècle en France. Dans ce premier axe la notion de type de texte, qui est proche de celle de genre, est également convoquée afin de rendre compte du rôle des typologies textuelles et des genres en didactique du français langue maternelle et du français langue étrangère. Une analyse portant sur le cadre épistémologique qui sous-tend des disciplines telles que la grammaire textuelle, la linguistique textuelle et l’analyse du discours qui ont traité les notions de type et de genre est proposée afin de comprendre les raisons pour lesquelles ces disciplines n’ont pas élaboré de théories des genres. Le second axe d’étude propose une réflexion - au sein d’une problématique dans laquelle sont abordées des questions telles que l’interprétation et la transmission - sur un genre scolaire qui est ancré dans l’enseignement secondaire et universitaire en France et au Mexique : le résumé scolaire. Cette réflexion a vu le jour grâce à l’analyse sémantique d’un corpus constitué de deux articles d’opinion (l’un en français et l’autre en espagnol) et de leurs réécritures par des étudiants français et mexicains en langues vivantes dans une faculté de lettres. L’objectif de cette analyse sémantique a été de mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle les réécritures de ces étudiants ne sont pas des condensés, ni des réductions, ni des contractions de leurs textes-source mais de nouveaux textes qui actualisent des éléments sémantiques absents dans ces textes-source. La démarche méthodologique permettant la constitution du corpus objet de notre analyse et de sa description a trouvé ses fondements dans la « Sémantique interprétative » de François Rastier.
BERNARD POTTIER
Résumé : Entre le monde - réel ou imaginaire - et les manifestations linguistiques, il y a une aire non directement observable, celle de la conceptualisation. Il y a quatre-vingts ans Gustave Guillaume a établi des schèmes de représentation des mécanismes mentaux, sous la forme du tenseur binaire radical. Cette orientation a été suivie par plusieurs sémanticiens européens et ensuite par des cognitivistes américains, l'approche étant soit une représentation graphique synthétique (approche géométrique), soit une formulation logico-analytique (approche algébrique). Nous présentons ici une extension de la psychomécanique et soutenons que la conceptualisation de l'expérience du monde se fonde sur un petit nombre de mécanismes fondamentaux qui sous-tendent des opérations complexes.
FRANÇOIS RASTIER
Résumé: L'auteur entend présenter les principes de la sémantique interprétative, puis situer ce courant de recherche au sein de la linguistique et de la sémiotique, pour évoquer enfin ses perspectives.
FRANÇOIS RASTIER, CARINE DUTEIL-MOUGEL et SEBASTIÁN M. GIORGI
Résumé : Interview sur la sémantique interprétative et la sémiotique réalisée par Sebastián M. Giorgi pour la WebRadio de l'Université de Limoges, "Résonances".
FRANÇOIS RASTIER
Résumé : Sous la triade documents, textes, œuvres sont rassemblées des contributions qui entrent en dialogue avec les travaux de François Rastier, pour qui articuler les trois termes c’est réunifier la philologie, la linguistique et l’herméneutique et ne pas séparer les questions d’interprétation des questions formelles et matérielles, sans omettre la question des valeurs, esthétiques et éthiques.
FRANÇOIS RASTIER
Résumé: Cette étude prend sa source dans la préface de l'auteur à : Cassirer, Lo strutturalismo nella linguistica moderna, Rome, Luca Sossella, traduction par Gianfranco Marrone, pp. 7-48, à paraître.
FRANÇOIS RASTIER
Résumé : — Cette étude souligne les conséquences épistémologiques qu’aurait pour la linguistique l’adoption de la conception du langage qui préside à l’inclusivisme, entendu ici comme projet global de modifier la langue et l’écriture pour « visibiliser » des groupes jugés discriminés. L’ambition scientifique de la linguistique est-elle compatible avec ce projet militant ? On peut en douter quand il réintroduit, sous prétexte de politique, des éléments idéologiques et même mythiques.
FRANÇOIS RASTIER
Résumé : — Pourquoi un texte ne se réduit-il pas à une suite de phrases? Quelle continuité trouver entre le sens d’un texte et les significations de ses unités? Par quel biais décrire les thèmes, les moments d’un récit? Appuyé sur une sémantique de l’interprétation, cet ouvrage entend proposer des réponses à ces questions et détaille une méthode descriptive. Elle est mise à l’épreuve sur des analyses de textes littéraires, de Jodelle à Zola et de Mallarmé à Apollinaire. Ainsi ce livre plaide-t-il par l’exemple pour une alliance renouvelée entre la science des texte et l’art du langage.
NATHALIE ROELENS
Résumé : Cet ouvrage polyphonique d’entretiens retrace les dernières avancées de la sémiotique et met au jour sa tendance naturelle, et sans doute inévitable à l’avenir, à établir des passerelles avec les champs disciplinaires afférents.
JULIE SORBA
Résumé : La recherche de Ferdinand de Saussure sur les anagrammes poétiques se présente comme une brève parenthèse de la vie scientifique du linguiste (1906-1909). Le pari de Pierre-Yves Testenoire est de livrer au public un objet insolite dans le premier volume (Ferdinand de Saussure. Anagrammes homériques) puis d’en proposer une lecture critique dans le second volume (Ferdinand de Saussure à la recherche des anagrammes). La découverte de ces manuscrits de Saussure dans les années soixante s’est accompagnée d’éditions fragmentaires de certains cahiers d’anagrammes et a suscité des réactions fort diverses, certains considérant ces écrits révélateurs tantôt du génie de l’homme tantôt de son délire, d’autres les ignorant purement et simplement.
JEAN SZLAMOWICZ
Résumé : — Le rapport entre le pluriel et le genre concerne le lien entre métalangue et phénomènes : le marquage du pluriel et le marquage du genre ne renvoient pas à une dimension unique des référents, mais à des potentialités sémantiques vastes qui participent de la dynamique langagière. Le pluriel n’est pas une application mécanique de la dénotation du nombre et le genre n’est pas non plus le décalque automatisé du sexe. Outre cette disrelation entre pluriel et genre sur le plan morphologique et sémantique, l’auteur montre comment pluriel et genre sont liés par leur intrication qui renvoie au caractère générique ou spécifique des énoncés, à la nature des substantifs, à l’inclusion du divers (noms collectifs), à l’organisation des accords, aux opérations de référenciation ainsi qu’à la question du neutre comme catégorie sémantique. Ainsi, genre et pluriel sont considérés comme des catégories morphosémantiques aux multiples réverbérations ne pouvant pas se résumer à une simple opposition référentielle, ni à une réduction symbolique manichéenne.
CRÉOLA THÉNAULT
Résumé : Dans cette analyse de Faire sens. De la cognition à la culture (François Rastier, Classiques Garnier, 2018), Créola Thénault souligne comment un saussurisme renouvelé peut dépasser l'image convenue du signe linguistique et contribuer à une sémiotique comparée, nécessaire à l'essor des sciences de la culture.
DENIS THOUARD
Résumé : Réflexion sur la méthode de l'interprétation des œuvres, l’herméneutique critique s’attache à restituer dans son contexte historique la visée des auteurs. Pour elle, les œuvres ne sont pas des représentants d’une entité préexistante, que ce soit une tradition, un esprit national, une ontologie ou une révélation, mais des actes d’innovation. En instaurant une distance par rapport à un contexte, une œuvre se constitue dans sa puissance de dire. Elle est porteuse d’une subjectivité, d’un jugement marquant cette distance. L’herméneutique critique prend en compte cette distance introduite par l’œuvre, qui est aussi une puissance de rupture.L’herméneutique critique a été exemplairement développée par le comparatiste Peter Szondi et le philologue Jean Bollack. En introduisant leur rapport au poète Paul Celan, qui leur était proche, l’ouvrage reconstitue un contexte intellectuel original et peu connu en France entre l’héritage de la Théorie critique sensible chez Szondi, la poésie de Celan et le renouvellement de la philologie conduit par Bollack. La réflexion théorique est ainsi replacée dans un contexte international caractérisé, dans les années 60 et après, par le besoin de réintroduire la dimension de l’histoire dans les formes abstraites de l’expression et de l’analyse.
PASCAL VAILLANT
Résumé : Le Manuel d’analyse linguistique de Gaston Gross est le legs de trente ans d’expérience de description grammaticale du français. Il fournit une synthèse précieuse du savoir-faire accumulé par l’auteur dans ce domaine, et qui est probablement, en termes de couverture du lexique, sans équivalent dans l’espace francophone. C’est sur ce savoir-faire que s’est construit, à l’université Paris 13, une équipe qui exporte ses compétences en lexicographie numérique auprès d’entreprises et de partenaires de plusieurs pays. Gaston Gross, aujourd’hui professeur émérite, publie ici dans un volume unique des principes et des méthodes de description dont il avait auparavant rendu compte de sous-ensembles plus spécifiques.