Archives du bulletin électronique Sémantique des Textes
Année 2007 (volume 13 - 5 numéros)
    SdT vol.13 n.1
    Résumé:
    2007_01_12
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 13, numero 1.


                            LES CITATIONS DU MOIS
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                La connotation est au discours ce que la prime
                est au rendement.
                            Philippe Mesnard

                Lire est si facile, disent ceux auxquels la
                longue pratique des livres a ôté tout respect
                pour la parole écrite ; mais celui qui a affaire
                à des choses ou à des hommes plutôt qu'à des
                livres, celui qui doit sortir le matin et
                rentrer le soir endurci, s'aperçoit, quand par
                hasard il se concentre sur une page, qu'il a
                sous les yeux quelque chose de rebutant et
                d'étrange, d'évanescent et en même temps de
                fort, qui l'agresse et le décourage. Inutile
                d'ajouter que ce dernier est plus proche de la
                vraie lecture que les autres.
                    Cesare Pavese, L'Unità, juin 1945

                La mythologie n'est qu'un dialecte, une antique
                forme du langage. Quoique roulant surtout dans
                le cercle de la nature, la mythologie était
                applicable à toute chose.
                Rien n'est exclu de l'expression mythologique ;
                ni la morale, ni la philosophie, ni l'histoire,
                ni la religion, ni l'éthique n'ont échappé au
                charme de cette antique sibylle.
                Mais la mythologie n'est ni la philosophie, ni
                l'histoire, ni la religion, ni l'éthique.
                C'est, pour employer une expression scolastique,
                un quale et non un quid, une forme et non
                quelque chose de substantiel.
                            Max Muller
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                    SOMMAIRE


    1- Coordonnees
        - Bienvenue a Jovan Kostov, Tamako Suzuki, Maria Zaleska, Aya
          Ono, Karine Collette.
        - Nouvelles adresses pour Margareta Kastberg Sjoeblom, Michelle
          Lecolle, Thierry Mezaille, Franck Neveu, Denis Thouard,
          Alessandro Zinna.

    2- Carnet
        - Voeux de la redaction
        - Seminaires :
        Philippe Mesnard : L'instance du temoignage, de ses logiques a
          son sujet (II)
        Pierre Judet de la Combe : La comedie grecque ancienne et ses
          conflits d'interpretation
        Charlotte Lacoste : Narratologies contemporaines
        Francois Rastier : Les corpus, leur constitution. Textes et
          documents. Objectivation et interpretation dans les sciences
          de la culture.   
        - Vadim Roudnev : L'idiotie comme strategie de l'art moderne
        - Conferences de la Cite des Sciences

    3- Textes électroniques
        - Sur le site CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux)
          la premiere grammaire slovene (1584)
        - Logiciel Antidote RX

    4- Publications
        - Gilbert Lazard : La quete des invariants interlangues. La
          linguistique est-elle une science ?
        - Denis Thouard : Le partage des idees. Etudes sur la forme de
          la philosophie
        - Mathieu Valette : Linguistiques enonciatives et cognitives
          francaises. Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice
          Toussaint, Antoine Culioli.
        - Jean-Philippe Dalbera : Des dialectes au langage. Une
          archeologie du sens
        - Texto! : nouveautes de la derniere edition (sept.-dec. 2006)

    5- Textes
        - Saussure et Nunzio La Fauci : Faut-il dire notre pensee intime
        - L'utilite de la linguistique. Saussure, Lecon du 28 oct. 1910
        - Francois Rastier : Note sur le projet SITES (Studies for
          Integrated Text Sciences)

    6- Dialogue
        - D'ou viennent tous ces cadavres ? Une cle historique pour
          "En attendant Godot", Dialogue entre D. Thouard et V. Temkine.

    7- Appels : Colloques et revues
        - Le naturalisme linguistique et ses désordres, Paris, 26-27
          janvier 2007
        - Les mots et les choses au xviiie siecle : la science, "langue
          bien faite" ?, Lyon, 21-22 septembre 2007.
        - Cultures du visible, IXeme Congres de l'AISV-IAVS, Istanbul
          (Turquie), 29 mai - 2 juin 2007
        - Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?, Reims, oct. 2007
        - 5emes Journees de la Linguistique de Corpus, Lorient,
          13-15 septembre 2007
        - La convivialite des interfaces ludiques et/ou pedagogiques,
          Ludovia 2007, Ax les Thermes (France), 4-6 juillet 2007
     
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    [informations réservées aux abonnés]

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    {FR, 20/12/2006}

    VOEUX

    La rédaction de Sémantique des textes présente tous ses voeux à ses
    lecteurs pour la nouvelle année.

    Parmi les bonnes résolutions à venir, pourquoi ne pas nous adresser vos
    avis, critiques et/ou encouragements ?

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    {FR, 20/12/2006}

    SÉMINAIRE

    Mémoire des signes
        http://www.memoire-des-signes.net/

    Collège international de philosophie
    1, rue Descartes
    F-75005 Paris
    Tél. : 01.44.41.46.80

                Philippe Mesnard
               Séminaire annuel 2006-2007

        L'instance du témoignage, de ses logiques a son sujet (II)
     
    Cette deuxième année de séminaire doit permettre, à partir du modèle
    d'interprétation que nous avons présenté l'an passé, d'approfondir la
    question des logiques du témoignage. Celles-ci seront abordées à partir
    de l'élaboration des textes testimoniaux, de leur pluridimensionnalité
    et du mouvement de leur réécriture confronté à la question du genre. Une
    attention particulière sera portée : aux formes nouvelles d'écriture
    testimoniale quand, par exemple, l'essai émerge entre narration et
    description (Améry, Cayrol, Levi, Kertész, Ki?, Klüger, Rousset,
    Sebald...) ; à la place que tient la poésie lyrique, contre-lyrique,
    gnomique, épique (Borowski, Cayrol, Celan, Delbo, Katzenelson, Levi...),
    ainsi qu'au théâtre (Delbo, Gatti, Langfus, Levin, Régy, Sobol, Tabori,
    Weiss...). Les séances consacrées à la poésie et au théâtre auront
    principalement lieu au deuxième semestre. Nous poserons tout le long de
    cette année les termes d'une définition du sujet du témoignage.
     

    Des textes et informations complémentaires sont mis à disposition sur le
    site [site en partie en construction] :
        http://www.memoire-des-signes.net/ 

    Les séances se tiendront au Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005
    Paris. Mar 9 jan, Mar 23 jan : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
     
    9 janvier : Les formes courtes : Tadeusz Borowski, Charlotte Delbo,
    Primo Levi, Liana Millu, avec Luba Jurgenson (Paris IV Sorbonne, CRAL)

    23 janvier : Poésie dans le témoignage, poéticité du témoignage :
    Michel Deguy & François Rastier

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    {FR, 20/12/2006}

    SÉMINAIRE

    Pierre Judet de la Combe

    Intitulé général :
        "L'interprétation littéraire. Théories et pratiques."
    Intitulé pour l'année 2006-07 :
        "La comédie grecque ancienne et ses conflits d'interprétation."

    1. L'analyse d'oeuvres d'Aristophane (lues en traduction), et notamment
    des Oiseaux, nous aidera à répondre à la question de la validité
    revendiquée par une forme poétique. Comment comprendre une forme de
    discours qui à la fois cite l'ensemble des formes symboliques de son
    temps et, en opposition avec elles, se dégage de toute prétention à
    produire du "vrai" ? L'examen des interprétations anciennes et modernes
    de la comédie montrera selon quels modèles de la relation entre activité
    langagière et institution de valeurs sociales la spécificité d'une telle
    forme a été conçue.
    Lundi de 11 h à 13 h (salle 5, 105 Bd Raspail), à partir du 6 novembre.

    2. Un atelier de philologie reviendra sur les questions techniques que
    pose la lecture (en grec) de ces textes et permettra aux étudiants
    d'exposer leurs travaux.
    1er et 3e lundis du mois (salle 4, 105 Bd Raspail), à partir du 6 
    novembre. La première séance portera sur des passages des Sept contre
    Thèbes d'Eschyle.

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    {FR, 20/12/2006}

    SÉMINAIRE

    Séminaire d'élèves 2006-2007
    [NDLR : Malgré l'intitulé Séminaire d'élèves, la participation à ce
    séminaire est libre et nos abonnés intéressés seront bienvenus.]

                Narratologies contemporaines

    Charlotte Lacoste
        lacoste.charlotte@neuf.fr
        06 71 73 50 97

    ENS Ulm, salle 18 (escalier A, 1er étage, entre la salle des Actes et la
    salle Cavaillès)
    le mardi de 17h à 19h, tous les quinze jours


    Objectif

    Il s'agit de faire un état des lieux de la narratologie, discipline
    florissante dont les récents développements soulèvent des débats souvent
    mal connus des étudiants français. Conçu comme un atelier de réflexion,
    ce séminaire d'élèves, à vocation pluridisciplinaire (littérature,
    philosophie, études cinématographiques), se tient en marge de celui,
    intitulé "De la figure à la fiction", proposé par Jean-Marie Schaeffer,
    Michel Murat et Marielle Macé.

    Nous nous proposons pour notre part de donner aux jeunes chercheurs
    l'occasion de relire en détails les textes fondateurs de la théorie de
    récit, de suivre et de débattre de l'actualité de la recherche en
    narratologie et de mener, en parallèle, une réflexion épistémologique
    concernant le destin mouvementé de l'une des nombreuses disciplines du
    texte, "la science du récit" (Todorov 1969 : 10), traversée à cette
    heure par de multiples courants, charriant eux-mêmes d'innombrables
    sous-disciplines hybrides. Un tel fourmillement rend nécessaire un
    travail de synthèse.


    Problématique

    Nous nous pencherons tout d'abord sur l'histoire de la discipline : sur
    les conditions de sa naissance, dans le giron de la linguistique, sur
    les espoirs que son parrain, Tzvetan Todorov, conçut pour elle en la
    tenant, en 1969, sur les fonts baptismaux ; sur ses premiers mots, qui
    ne furent que curieux néologismes ; sur sa courte vie, dont on sait
    surtout qu'elle fut austère (sa systématicité maniaque, son obscurité
    terminologique, sa compulsion typologisante) ; sur son agonie, dans les
    années 1980, abrégée par les coups que lui porta une foule, soûlée de
    logocentrisme et de synchronie, moquant ses prétentions à la vérité (la
    narratologie aurait péché par excès de ligne droite) ; sur sa
    résurrection, enfin, sous d'improbables atours, qui fit grand bruit à la
    veille du troisième millénaire. De fait, son double "turn" ("cultural
    turn" et "cognitive turn") nous la rendit mieux en chair, réhydratée, et
    grosse d'une multitude de petites narratologies qui font aujourd'hui
    leur chemin : narratologie thématique (féministe, ethnique,
    contextualiste, postcoloniale), narratologie cognitive, théorie des
    mondes possibles, narratologie postmoderne, narratologie appliquée,
    comparée, phénoménologique, etc. ont repeuplé la terre, s'alliant
    parfois à d'autres disciplines comme l'IA, la psychologie cognitive ou
    l'historiographie, dont sont encore nés récemment quelques rejetons
    (psycho-narratologie, socio-narratologie, etc.)...

    Nous analyserons les tours et les détours de cette histoire
    rocambolesque, et nous appesantirons tout particulièrement sur
    l'entrelacs subtil qui en compose le bouquet final. S'agit-il d'une
    renaissance de la narratologie, d'une fusion-acquisition bref, d'un
    happy end, comme une première lecture tendrait à le faire croire, ou
    d'un démantèlement, d'une explosion-liquidation des concepts et des
    méthodes de la narratologie classique ? Les nouvelles narratologies qui
    ont émergé à la faveur de ce "revival of narrative" (Ansgar Nünning
    1999) ont réintégré à l'analyse du récit les problématiques historiques,
    anthropologiques, éthiques, culturelles, philosophiques et même
    scientifiques qui semblaient lui faire défaut, tout en s'affranchissant
    des modèles abstraits et du cadre jugé scientiste qu'avait construit la
    narratologie première manière. On s'interrogera donc sur l'héritage du
    structuralisme, sur l'usage que les nouvelles narratologies font de
    l'outillage fourbi par la narratologie classique, et sur les présupposés
    philosophiques (et les postulats ontologiques) de leur nouveau programme
    scientifique.

    A la faveur du "cultural turn", certaines questions, qui avaient un
    temps passé pour obsolètes, sont remises à l'honneur. Parmi elles, celle
    de la mimèsis témoigne de l'orientation "réaliste" des problématiques
    narratologiques ; de la triple mimèsis ric?urienne au problème de
    l'influence respective de la fiction et de la "réalité réelle"
    (Schaeffer 1999 : 40) sur le lecteur, en passant par la volonté de
    "rendre au texte littéraire sa référence" (F. Jacques 1992) et par la
    théorie des scripts et des plans, les nouvelles narratologies font fond
    sur un "réel", longtemps ostracisé par la narratologie structurale
    (affranchie du modèle de la référence), et enfin réhabilité. La question
    de la mimèsis, pierre de touche du nouveau paradigme, constituera donc
    pour nous un angle d'approche fécond qui nous permettra :

    - De repartir de Platon, dont "nous sommes toujours les contemporains"
      (Schaeffer 1999 : 12), et de proposer une lecture renouvelée de son
      anti-mimétisme.

    - De souligner, au gré de nos lectures critiques, le caractère
      métaphysique des approches réalistes des textes de fiction (réalisme
      empirique dans le cadre de la théorie des mondes possibles, réalisme
      transcendant selon la phénoménologie ric?urienne), dont l'analyse
      reste toujours indexée, en définitive, sur un monde réel qui sert
      d'unique étalon à la référence fictionnelle.

    - De réenvisager la question du réel en termes d'impressions (et non
      d'illusions) référentielles : "tout texte impose des contraintes sur
      la formation des images mentales, notamment par ses structures
      sémantiques. Ces contraintes sont dépendantes des régimes discursifs
      (ex. littéraire, scientifique, religieux, etc.) et des pactes qui
      régissent l'interprétation des genres textuels au sein des pratiques
      sociales" (Rastier 1992 : 101).


    Bibliographie indicative
       
    BAL Mieke,
    1977. Narratologie : essais sur la signification narrative de quatre
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    1990. "The Point of Narratology", Poetics Today, 11.4, p. 727-753.

    BANFIELD Ann,
    1982. Unspeakable sentences : narration and representation in the
      language of fiction, Melbourne : Routledge and K. Paul, tr. fr.
      Phrases sans paroles : théorie du récit et du style indirect libre,
      Paris, Seuil, 1995.

    BARTHES Roland,
    1966. "Analyse structurale des récits", Communications, 8, Paris,
      repris dans Poétique du récit, 1977.
    1970. S/Z, Paris, Seuil, coll. Points Essais.

    BARTHES R., KAYSER W., BOOTH W. C., HAMON P.,
    1977. Poétique du récit, Paris, Seuil, coll. Points Essais.   

    BARRY Jackson G.,
    1990. "Narratology's Centrifugal Force : A Literary Perspective on the
      Extensions of Narrative Theory", Poetics Today 11.2, p. 727-753.

    BAZIN André,
    1985. Qu'est-ce que le cinéma ?, Paris, Cerf.

    BENDER John,
    1995. "Making the World safe for Narratolog: A Reply to Dorrit Cohn",
      New Literary History 26.1, p. 29-33.

    BENVENISTE Emile
    1966. "Structure des relations de personne dans le verbe", Problèmes de
      linguistique générale I, TEL Gallimard, pp.225-250.

    BOOTH Wayne C.,
    1961. The Rhetoric of Fiction, Chicago.
    1961. "Distance and point of view", in Essays in Criticism, Chicago
      (trad. fr. in Barthes R. Kayser W., Booth W.C., et Hamon P., Poétique
      du récit, Paris, 1977, pp. 85-113).

    BREMOND Claude,
    1973. Logique du récit, Paris, Seuil.

    BRUNER Jerome,
    1991. "The Narrative Construction of Reality", Critical Inquiry 18.1,
      p. 1-21.

    CERISUELO Marc,
    2000. Hollywood à l'écran. Essai de poétique historique des films :
      l'exemple des métafilms américains, Paris, Presses de la Sorbonne
      Nouvelle.

    CHARLES Michel,
    1995. Introduction à l'étude des textes, Paris, Seuil, 1995.
     
    CHATEAU Dominique,
    1986. Le cinéma comme langage, Paris, Sorbonne.
    2006. Esthétique du cinéma, Paris, Armand Colin.

    CHATMAN Seymour,
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    COHN Dorrit,
    1990. "Signposts of Fictionality : A Narratological Perspective",
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    1970. Du sens, Paris, Seuil.
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    1983. Du sens II, Paris, Seuil.

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    1999. Grenzüberschreitungen : Narratologie im Kontext / Transcending
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    1999. New Perspectives  on Narrative Analysis, Colombus, Oh. : Ohion
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    1986. "Toward a Feminist Narratology", Style 20.1, p. 341-363.

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    1921. The Craft of Fiction, London.

    NEF F.,
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    PAVEL Thomas,
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    PLATON
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    RASTIER François,
    1987. Sémantique interprétative, Paris, Presses Universitaires de
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    1989. Sens et textualité, Paris, Hachette.
    1992. "Réalisme sémantique et réalisme esthétique", Théorie,
      Littérature, Enseignement, n° 10, pp.81-119.
    1999. "Action et récit", Raisons pratiques, 10, pp. 173-198.
    2001. Arts et sciences du texte, Paris, PUF, coll. Formes sémiotiques.

    RICOEUR Paul ,
    1983. Temps et récit, Paris, Seuil, t. 1.
    1984. Temps et récit, Paris, Seuil, t. 2.
    1985. Temps et récit, Paris, Seuil, t. 3.
    1986. Du texte à l'action. Essais d'herméneutique II, Paris, Seuil.

    RYAN Marie-Laure,
    1991. Possible Worlds, artificial intelligence and narrative theory,
      Indianapolis, Indiana University Press.

    SCHAEFFER Jean-Marie,
    1999. Pourquoi la fiction ?, Paris, Seuil.

    SOURIAU E,

    TODOROV Tzvetan,
    1966. "Les catégories du récit littéraire", Communications, 8, Paris.
    1968. Qu'est-ce que le structuralisme ?, 2 : Poétique, Paris, coll.
      Points Essais.
    1969. Grammaire du "Décaméron", The Hague - Paris, Mouton.

    222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
    {FR, 25/10/2006}

    Séminaire Sémantique des textes, année 2006-2007

    François RASTIER
    Directeur de recherche

    Thèmes : Les corpus, leur constitution. Textes et documents.
    Objectivation et interprétation dans les sciences de la culture.

    Institut national des langues et civilisations orientales,
    2 rue de Lille, 75007 Paris -escalier B, premier étage, salle 124.
    Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.

    Les jeudis 11 janvier,
        1er, 8 et 15 février ;
        8, 15, 22 mars.
    Horaire : de 17h30 à 19h15.

    Agenda et documents : http://www.revue-texto.net

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    {FR, 20/12/2006}

    HUMOUR

    ROUDNEV, Vadim. Soumachedchii professor [Le savant fou].
    Khoudojestvennyi journal, n°26-27 : L'idiotie comme stratégie de l'art
    moderne. Disponible sur :
        http://www.guelman.ru/xz/362/xx26/x2613.htm
    Traduction Rossitza Kyheng

    "Apparemment, dans les années 1930 se sont distingués trois types de
    savants-idiots, promoteurs sincères de la nouvelle science. Parmi eux il
    y avait des figures cliniquement pathologiques, tels que Lyssenko et
    Mitchourine, mais aussi des ambivalents, tels que Marr et Bakhtine (pour
    être juste -le premier était académicien, deuxième est mort maître de
    conférence).

    L'idiotie de Marr et de Bakhtine est dans leurs doctrines, qui ont non
    seulement un caractère psychotique (étant au moins une bonne matière
    pour le psychanalyste, comme les célèbres mémoires du président du sénat
    fou Daniel Schreber, qu'étudiaient attentivement Freud et Lacan), mais
    aussi un caractère idiot tout simplement. Il est difficile de croire que
    Marr pouvait sérieusement croire que tous les mots de toutes les langues
    du monde provenaient de quatre racines SAL, BER, JON, ROS. Plutôt, à
    contre-coeur, dans son idée génialement conçue de satisfaire en tout le
    pouvoir soviétique il tâchait de ne pas accepter du tout la linguistique
    bourgeoise. Si l'indo-européanisme normal affirmait qu'il y avait
    d'abord une langue mère, qui a commencé à se désagréger ensuite en
    langues nationales, Marr, lui, affirmait le contraire : il y avait
    beaucoup de langues, ensuite elles ont convergé dans une seule, et
    ensuite elles se sont désagrégés (conséquence de leur endommagement). En
    outre ses idées les plus folles, les plus idiotes, ont commencé à se
    confirmer ensuite, dans les décennies suivantes. Ainsi, par exemple, la
    fameuse théorie des quatre éléments rappelle, d'une manière frappante,
    la doctrine sur la structure du code génétique (cf. cela en détail dans
    l'article de l'académicien T.V.Gamkrelidze).

    La même chose avec Bakhtine. Dans son élan d'être inséré dans une
    nouvelle science bolcheviste il construisait des conceptions qui ne
    prenaient en considération AUCUN fait, notamment sa conception du
    développement historique de la littérature. Ainsi pouvait agir seulement
    un idiot. Mais Bakhtine n'était pas un idiot, il était un grand savant,
    tout simplement son cerveau travaillait malgré lui dans la direction
    nécessaire. À propos, l'idiotisation secondaire des idées de Bakhtine
    sur le chronotope, la carnavalisation, les polyphonies et la pensée
    dialogique, qui se produisit à la fin de 1970, mais surtout entre 1980
    et 1990, d'une part chez des slavophiles tels que Kojinov, d'autre part,
    dans "la philologie provinciale", est aussi un fait très curieux. On
    peut dire de même sur les "idées" tardives de Lossev. L'auteur de
    l'article a eu l'occasion de voir Alexeï Fedorovitch durant l'été de
    1973 dans la maison de campagne -il se comportait, comme il convient à
    un savant-idiot, tel qu'il est représenté dans le cinéma soviétique :
    distrait, avec un sourire semi-fou, ne répondant pas aux questions,
    parlant mal à propos, etc. Cependant, pour ce qui était "possible", dans
    les mêmes années et même plus tard Lossev écrivait des travaux tout à
    fait normaux en syntaxe historique. D'ailleurs, dans l'esprit de Marr.

    Le deuxième type, c'est l'idiot le plus intéressant, le plus ambivalent,
    l'émigrant interne de l'idéologie. Il se présente non seulement comme un
    imbécile, mais parfois il se bafoue lui-même. Tel était, par exemple,
    Victor Borisovich Chklovski. On raconte que, quand en 1947 à la séance
    de l'Union des écrivains on écrasait Zochtchenko, Chklovski -ancien
    formaliste et admirateur absolu de l'écrivain persécuté, s'attaquait à
    Zochtchenko avec les autres. Quand l'écrivain stupéfait s'approcha de
    Chklovski et lui dit : "Victor Borisovich, comment cela ? vous me louiez
    avant ! ", Chklovski, sans broncher, répondit :"Je ne suis pas un
    perroquet pour répéter toujours la même chose !"

    Le troisième type c'est le "décidément insistant" : il est moins répandu
    et voilé d'un nimbe héroïque. Qui oserait appeler idiot Saharov, mais la
    conduite idiote lui était incontestablement propre (idiotie -dans la
    droiture du "disant la vérité aux rois avec le sourire",- ensuite en
    1995, pendant la guerre tchétchène, c'est Kovalev qui l'imitait dans ses
    conversations avec Eltsine).

    D'une manière ou d'une autre, le savant-idiot dans une société
    répressive est un médiateur entre la vérité qu'il porte en lui et le
    pouvoir qui le menace. Cette position entre vérité et enfer dicte au
    savant fou non seulement sa stratégie comportementale, mais aussi la
    forme que revêt la connaissance qu'il présente sous le masque de la
    bouffonerie à l'auditoire et à la presse ; assez souvent cela s'avère
    ensuite une connaissance prophétique, comme cela se passe avec du benêt
    du village dans la compréhension russe de ce mot."

    ROUDNEV, Vadim. Responsable éditorial du journal Logos, auteur du
    Dictionnaire de la culture du XXe siècle.

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    {FR, 20/12/2006}

    CONFERENCES

    CITÉ des SCIENCES (La Villette).

    Avec plus de 100 rendez-vous par saison depuis maintenant quatre ans,
    le Collège de la Cité couvre largement le champ des sciences
    contemporaines et les questions de sciences et de société.

    Ces conférences sont toutes enregistrées, et restituées, avec les
    documents projetés par les conférenciers, sur le site Internet de la
    Cité des sciences. Plus de la moitié d'entre elles font l'objet d'une
    publication dans une collection de livres de poche coéditée avec les
    éditions Le Pommier.

    Nous avons souhaité attirer votre attention sur cette réalisation, en
    considérant qu'elle pouvait répondre à votre attente et à celle de vos
    étudiants, soit pour connaître les programmes à venir, pour consulter
    les enregistrements des 400 conférences passées sur notre site Internet,
    ou pour vous procurer les ouvrages édités.

    Vous pourrez consulter ce programme, accéder à la base de conférences ou
    consulter le catalogue des livres à l'adresse :
        http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
                                index.htm
    Pour vous abonner à notre lettre mensuelle par Internet et/ou recevoir
    nos programmes il vous suffit de remplir le questionnaire à l'adresse :
        http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/
                    html/static/scripts/lettre_univ.php

    Voici quelques uns des thèmes que nous vous proposons en début d'année
    2007 : la physique quantique, la cellule, le sommeil et les rêves, les
    origines des religions, le cancer, les pôles, les insectes, l'évolution.
    Bien entendu, nous serions heureux de recevoir de votre part vos
    remarques et suggestions sur ces programmes, que vous pourrez adresser à
    l'adresse suivante :
        college@cite-sciences.fr

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    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
    333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
    {FR, 20/12/2006}

    BEAUX SITES

    Nous avons le plaisir de vous annoncer du nouveau du côté de
    l'encyclopédie CTLF (Corpus de textes linguistiques fondamentaux) :
    l'ajout de la notice de la première grammaire slovène : Adam Bohoric,
    Arcticae horulae succisivae de Latinocarniolana literatura (1584).
        http://ctlf.ens-lsh.fr/

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    {FR, 20/12/2006}

    NOTE DE DEGUSTATION

    La nouvelle version du logiciel Antidote appelée Antidote RX comprend
    trois volets : le volet "dictionnaires", le volets "guides" et le volet
    "correcteur".

    Le volet "dictionnaires" comprend pour chaque entrée une/des
    définitions, un dictionnaire des synonymes assez complet, un inventaire
    des locutions où rentre le mot de l'entrée, un dictionnaire des
    antonymes, un conjugueur qui affiche tous les temps possibles quand il
    s'agit d'un verbe, l'ensemble des mots de la même "Famille", des
    analogies, des citations, des anagrammes. Enfin, des cooccurents
    hierachisés par ordre de fréquence et donnés dans des exemples attestés.
    On navigue entre ces différents outils en cliquant sur l'onglet
    approprié situé à gauche.
    A droite de chaque définition sont précisées les flexions, les
    difficultés orthographiques ou grammaticales (lien vers le volet guides)
    et, nouveauté lexicométrique, la fréquence : ainsi "apophantique"
    affiche 4 et se rapproche du pôle rare mais "institution" affiche 74 et
    se rapproche du pôle fréquent.
    Les citations sont tirées de Gallica, de Projet Gutenberg, de la presse,
    etc.

    Le deuxième volet appelé "guides" est consacrés à la grammaire et à
    l'orthographe. Il comprend les onglets : lexique, grammaire, syntaxe,
    ponctuation, style, rédaction, typographie, rectifications et points de
    langue. Selon les entrées, certaines rubriques sont concernées plus que
    d'autres. Pour "banal" par exemple, la rubrique grammaire indique qu'on
    choisit le pluriel banals/banaux selon le sens.

    Le dernier volet est un correcteur particulièrement puissant. La
    correction d'un document texte signale non seulement l'orthographe, les
    accords, mais aussi la ponctuation, les faux amis, etc.

    Antidote s'intègre à Word et à plusieurs autres logiciels. C'est un
    outil pratique et complet qui réunit une bonne partie des connaissances
    linguistiques dont on a besoin pour rédiger.
     
    Site internet :
        http://www.druide.com/antidote.html

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    Publications Publications Publications Publications Publications
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    {FR, 20/12/2006}

    VIENT DE PARAÎTRE

            La quête des invariants interlangues :
            La linguistique est-elle une science ?

    par Gilbert Lazard

    Editions Honoré Champion, 3 rue Corneille, F-75006 Paris
    Diffusion France et Belgique : champion@honorechampion.com
    Autres pays : nsalina@slatkine.com
    ISBN : 2-7453-1392-4, 352 pages, Relié, 68 euros.
                ______________________

    Ce livre d'orientation épistémologique est l'oeuvre d'un linguiste
    principalement intéressé par la diversité des langues et l'unité du
    langage. Il traite des fondements de la linguistique en tant que
    science des langues, coeur des "sciences du langage". Il s'adresse à la
    fois aux linguistes et aux non-linguistes. Il s'est voulu
    raisonnablement intelligible à tous les lecteurs, sans que soit
    sacrifiée l'exactitude technique nécessaire.

    Aux linguistes il expose une certaine conception de la langue,
    inspirée de la pensée des deux grands esprits que furent Ferdinand de
    Saussure et Émile Benveniste. D'autre part, il propose, dans le
    quatrième chapitre, une méthode, fondée théoriquement, pour la
    comparaison des langues en vue de découvrir, par-delà leur diversité,
    des lois générales de leur constitution. Ces idées sont offertes comme
    une réponse au trouble intellectuel qui se manifeste présentement dans
    le milieu des linguistes français en quête d'un "noyau dur" de leur
    discipline.

    Aux non-linguistes il présente un tableau partiel de la recherche sur
    les structures des langues et des problèmes théoriques qu'elle pose. Il
    offre aux philosophes du langage et aux spécialistes des sciences
    cognitives une définition de la langue qui distingue clairement l'objet
    de la linguistique de ceux des disciplines connexes et par là contribue
    à éclairer les relations entre elles.

    * Sommaire

    Introduction
    Ch. I : Une proto-science
      L'état de proto-science. Les traditions grammaticales. La "grammaire
      comparée". La typologie. Une science du langage ?

    Ch. II : Langage, langue, parole
      L'origine du langage. La naissance de la grammaire. La quête de la
      grammaire universelle. La langue et la parole. Deux linguistiques ?

    Ch. III : La langue
      Qu'est-ce qu'une langue ? La réduction saussurienne. Les unités :
      variations, polysémie, homonymie, synonymie. La démarche descriptive.
      Modèles ? Axiomes ? La terminologie. La question de l'objectivité.

    Ch. IV : Variations et invariance
      Toutes les langues sont différentes. Toutes les langues se
      ressemblent. Le problème de la comparaison : les catégories
      linguistiques ; des catégories extra-linguistiques ? Des cadres
      conceptuels arbitraires. La démarche. Autres exemples. Des
      invariants objectifs?

    Ch. V : Etudes de cas
      Introduction. Structure de la syllabe et nombre de syllabes. La
      fracture d'actance selon le temps ou l'aspect. Le traitement
      différentiel de l'objet. La zone objectale. La question du sujet. La
      transitivité. La transitivité généralisée. Diathèses. La hiérarchie
      d'humanitude. Les rôles sémantiques. Le moyen. L'aspect. Nom et verbe.
      Thème et rhème. La nature des invariants.

    Ch. VI : Regards sur le large
      Introduction. La RRG. Les noémies de Pottier. Langacker et le
      cognitif. Culioli et l'énonciation. La mise en discours.
      Formalisations. Les populations de Croft.

    Conclusion.

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    {FR, 21/12/2006}

    VIENT DE PARAÎTRE

    Denis Thouard, Le partage des idées. Etudes sur la forme de la
    philosophie, Editions du CNRS, "Philosophie", Paris, 2007.
                ______________________

    Si la philosophie vise bien une vérité, elle ne peut être indifférente à
    sa communication. Le vrai doit être dit pour tous, car il vaut pour
    tous. Telle est la conviction des siècles démocratiques, héritiers des
    idéaux des Lumières. Mais comment être assuré qu'il sera compris ?

    Les études ici réunies, consacrées aux Lumières et à l'ensemble
    romantique et idéaliste allemand, présentent plusieurs tentatives et
    reviennent sur leurs apories. Dans la lignée d'un rationalisme
    triomphant, les Lumières ont cherché à "populariser" la philosophie,
    privilégiant la clarté du discours. Mais cette pédagogie rencontre une
    double limite, qui tient à la simplification des contenus et à
    l'impossibilité d'éviter tout malentendu.

    En réaction aux illusions d'une communication accomplie sous le signe de
    la raison universelle, des stratégies alternatives ont vu le jour. De
    Kant à Fichte, de Hegel à Schlegel, Schelling ou Schleiermacher, les
    formes les plus diverses ont pu être essayées, trahissant la tension
    entre l'individualité de la forme et l'universalité de la prétention au
    vrai. On analysera ici le poème didactique, le fragment, le dialogue et
    le récit à partir de cas exemplaires où la philosophie s'approprie des
    genres hétérogènes comme le poème de Lucrèce, la maxime des moralistes
    français, le dialogue platonicien ou l'épopée homérique.

    Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
    philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
    pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d'une
    pédagogie de la clarté autant que d'une réduction de la philosophie à
    l'écriture, l'ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
    l'activité du lecteur.
                ______________________

    Denis Thouard, Directeur de recherche au CNRS (UMR "Savoirs, Textes,
    Langage" à Lille), actuellement à l'Université de Munich, travaille sur
    les problèmes du langage et de l'interprétation, notamment sur la
    tradition herméneutique.

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    {Valette, 21/12/2006}

    VIENT DE PARAÎTRE

    Mathieu Valette

    Linguistiques énonciatives et cognitives françaises.
    Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint, Antoine Culioli.

    Bibliothèque de grammaire et de linguistique, éditions Champion, 2006.
                ______________________

    À partir d'un travail de relecture reposant sur un corpus composé
    d'articles, de conférences, mais aussi de brouillons et de réflexions
    inédites, Mathieu Valette rend compte de l'effort de problématisation et
    de théorisation de la relation langue/pensée chez le linguiste Gustave
    Guillaume (1883-1960). Il reconstruit ses positions et en dégage les
    aspects novateurs qui ont fécondé jusqu'à nos jours les travaux de
    linguistique générale portant sur l'énonciation et la cognition.

    L'auteur évalue et illustre la réception des propositions de
    G. Guillaume par l'étude de trois théories énonciatives et cognitives
    françaises dont les auteurs appartiennent à la génération suivante : la
    sémantique énonciative conceptuelle de Bernard Pottier, la
    neurolinguistique analytique de Maurice Toussaint et la théorie des
    opérations énonciatives d'Antoine Culioli.
                ______________________

    Mathieu Valette est chercheur au Centre National de la Recherche
    Scientifique.

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    {FR, 11/01/2007}

    VIENT DE PARAÎTRE

    Jean-Philippe DALBERA, Des dialectes au langage. Une archéologie du
    sens, Paris, Champion, 464 pages.
                ______________________

    Fascinant ! C'est le terme qui vient naturellement à l'esprit de ceux
    qui ont lu ce livre.

    Fascinant en ce sens que, partant de données linguistiques simples et
    banales, l'auteur parvient à nous faire pénétrer très profondément dans
    la préhistoire de l'humanité : système parentélaire, matriarcat,
    relations hommes-animaux?

    Fascinant parce que, sans miracle, par la seule vertu d'une approche
    différente et d'une reconstruction prenant en compte alternativement la
    forme et le sens, l'auteur parvient à élucider toute une série de
    problèmes étymologiques jusque-là considérés comme insolubles.

    L'auteur assoit ses analyses étymologiques sur les données de la
    dialectologie en exploitant le fourmillement de la variation dans
    l'espace et fonde son approche sur la dimension motivationnelle de la
    création lexicale. Et la démarche est parfois intrépide, qui ose donner
    la priorité aux relations sémantiques sur l'évolution du phonétisme.
    Mais l'ivresse -à laquelle renvoie la citation de Rimbaud choisie pour
    l'exergue- reste dominée, l'auteur donnant le sentiment de garder un
    oeil tantôt amusé tantôt inquiet ou du moins dubitatif sur certaines
    propositions auxquelles il est parvenu.

    Ce livre, tant par la réflexion épistémologique permanente sur les
    principes qu'il met en ½uvre que par les résultats qu'il établit (et qui
    valident ipso facto pour l'essentiel la méthode), a toutes les chances
    d'augurer un renouvellement profond de la démarche étymologique.

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    {FR, 20/12/2006}

    TEXTO! http://www.revue-texto.net

    Le site a connu une fréquentation soutenue et va frôler les 500.000
    visites en 2006.

    Dernière mise à jour : SEPTEMBRE-DECEMBRE 2006 (Vol. XI, n°3/4)


    Dans la rubrique CORPUS ET MÉTHODES :

    Poudat, Céline
        Étude contrastive de l'article scientifique de revue
        linguistique dans une perspective d'analyse des genres
        (2006, thèse)
    Élaboration en corpus et par contrastes d'une définition opérationnelle
    du genre de l'article de linguistique en exploitant les méthodes du
    traitement automatique des langues et des statistiques textuelles.


    LIVRES-E :

    Hébert, Louis
        Tools for Text and Image Analysis: An Introduction to Applied
        Semiotics (2006). [Translated by Julie Tabler]
    This book presents tools for text and image analysis used in general
    semiotics (homologation, etc.) or specific semiotics : the theories of
    A.J. Greimas (the semiotic square, the veridictory square, the actantial
    model, the narrative program, the canonical narrative schema, thematic
    analysis, axiological analysis and thymic analysis) ; François Rastier
    (semic analysis, dialogics and the semantic graph) ; Jacques Fontanille
    and Claude Zilberberg (the tensive model). The text includes a glossary
    of semiotics.

    Rastier, François et Ballabriga, Michel (dir.)
        Corpus en Lettres et Sciences sociales :
        des documents numériques à l'interprétation,
        Actes du colloque international d'Albi, juillet 2006.
    Publiés par Carine Duteil et Baptiste Foulquié.
    Avertissement : Ce texte est au format PDF. Une version paginée
    définitive est en cours de préparation.


    Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :

    Mayaffre, Damon
          Compte rendu de : Kastberg Sjöblom,
          L'écriture de J. M. G. Le Clézio. Des mots aux thèmes (2006)


    Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

    Rastier, François
        Formes sémantiques et textualité (2006)
    Les unités textuelles sont des formes qui se profilent sur des fonds et
    qui relèvent d'une théorie générale des transformations.

    Rastier, François
        Chamfort : le sens du paradoxe (1996)
    Le paradoxe induit des parcours interprétatifs complexes entre zones
    sémantiques contrastées, comme le montre l'étude des maximes de
    Chamfort.

    Rastier, François
        Semantics and cognitive research,
        translated by Larry Marks (2006)
    Introduction & Chapter I : Cognitive research


    Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :

    Frydman, Benoît
        De l'art d'écrire à l'art de lire.
        Le modèle straussien de l'interprétation (2000)
        [publié par l'Université Libre de Bruxelles]
    Pour l'histoire des modèles de l'interprétation, l'originalité de Leo
    Strauss (1899-1973) tient à la recherche d'une tierce voie entre la
    philologie moderne et l'herméneutique ancienne et médiévale.


    Dans la rubrique REPÈRES :

    Rastier, François
        Sémiotique et sciences de la culture. Une introduction (2006)
    Ce texte discute des principales conceptions de la sémiotique et formule
    des propositions pour une refondation interprétative de la sémiotique.
    Il conduit au projet d'une sémiotique des cultures, capable de fédérer
    les sciences de la culture autour de la reconnaissance du caractère
    sémiotique de l'univers humain et de la description des facteurs
    culturels dans la cognition humaine.

    Cours et exercices :

        Niveau 3
    Exercice 2 par Michel Ballabriga (2006) : Analyse d'un extrait de texte
    littéraire.


    Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

    - Sur les mots-clés et la sémantique différentielle (2006)
    Dialogue entre Thierry Mézaille et François Rastier : où une discussion
    sur la problématique du mot-clé amène à préciser et reformuler quelques
    positions essentielles de la sémantique différentielle dans son rapport
    aux mots, aux idées, et à la médiation sémiotique.

    - Diction du poème (2006)
    Dialogue entre Michel Favriaud et François Rastier. Echange sur la
    diction du poème, en particulier la diction de la poésie contemporaine
    et des poèmes traduits.


    Prochaine édition : janvier 2007.

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    Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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    {FR, 20/12/2006}

    FAUT-IL DIRE NOTRE PENSÉE INTIME ?
    SAUSSURE ET NUNZIO LA FAUCI

    "Faut-il dire notre pensée intime ?"
     
    "Faut-il dire notre pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte
    de ce qu'est la langue ne conduise à douter de l'avenir de la
    linguistique. Il y a disproportion, pour cette science, entre la somme
    d'opérations nécessaires pour saisir rationnellement l'objet, et
    l'importance de l'objet : de même qu'il aurait disproportion entre la
    recherche scientifique de ce qui se passe pendant une partie de jeu et
    l'[ ]".

    La linguistica come scienza della relazione tra essere ed espressione è
    l'area di esperienza, di riflessione, di conoscenza cui è dedicata
    questa ipotesi di blog. Le sospese parole di Ferdinand de Saussure poste
    in esordio (Écrits de linguistique générale, texte établi et édité par
    Simon Bouquet et Rudolf Engler, Gallimard, Paris 2002, p. 87)
    destinavano alla linguistica, ora è più di un secolo, un futuro
    improbabile perché impervio e necessariamente razionale.

    La profezia si è avverata. Molti (e certo la maggioranza di coloro che
    oggi si professano linguisti) direbbero il contrario. Nei cento anni che
    ci separano dal momento in cui quelle parole furono concepite, la
    linguistica razionale intravista da Saussure, tra mille incertezze di
    prospettiva, ha però vissuto una fragile esistenza. Essa è apparsa
    sporadicamente tra i pensieri e le pagine di pochi cultori, di norma ai
    margini della disciplina e estranei alle tendenze e alle scuole volta
    per volta ritenute più promettenti e meritevoli di attenzione.

    È forse un destino ineluttabile ed è definitiva la parola di Saussure
    (non si è intelligenti per nulla!). A cavaliere tra Ottocento e
    Novecento, due secoli colmi di ricerche su lingue e linguaggio, egli
    giudicò implacabilmente gli studi linguistici come un imponente coacervo
    di stupidaggini, da un lato per esperienza, dall'altro per profezia.

    Proprio come fa con la virtù un piccolo ma importante personaggio
    flaubertiano, la scienza della relazione tra essere ed espressione va
    però praticata senza crederci, con Saussure e contro la sua profezia.
    In questa prassi quotidiana, in questa incessante sperimentazione di un
    nuovo punto di vista consiste infatti la sola ragionevole fede che la
    linguistica oggi richiede.


    Du blog de Nunzio La Fauci, professeur à l'Université de Zurich
        http://apolloniodiscolo.blogspot.com/

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    {FR, 20/12/2006}

    EN BONUS POUR LE BULLETIN SÉMANTIQUE DES TEXTES

    Saussure, Leçon du 28 Octobre 1910 :

    Une fois la linguistique ainsi conçue, c'est-à-dire ayant devant elle le
    langage dans toutes ses manifestations, un objet qui est aussi large que
    possible, on comprend pour ainsi dire immédiatement ce qui n'était peut-
    être pas clair à toute époque : l'utilité de la linguistique, ou le
    titre qu'elle peut avoir à figurer dans le cercle des études qui
    intéressent ce qu'on appelle la "culture générale". Tant que l'activité
    des linguistes se bornait à comparer entre elles les langues, on peut
    dire que cette utilité générale devait échapper à une grande partie du
    public et qu'en somme il s'agissait là d'une étude si spéciale qu'il n'y
    avait pas de raison véritable pour supposer qu'elle pût intéresser les
    cercles plus étendus du public. Ce n'est que depuis que la linguistique
    est plus consciente de son objet, c'est-à-dire l'aperçoit dans toute son
    étendue, qu'il est évident que cette science a son mot à dire dans une
    foule d'études qui intéresseront pour ainsi dire n'importe qui. Elle
    n'est pas indifférente par exemple pour quiconque doit manier des
    textes. Il est utile à l'historien entre autres d'avoir une vue sur les
    formes les plus usuelles des différents phénomènes : phonétiques,
    morphologiques ou autres, sur la manière dont le langage vit, se
    continue, s'altère avec le temps. D'une façon encore plus générale il
    est évident que le langage joue dans les sociétés humaines un rôle si
    considérable, c'est un facteur d'une importance telle à la fois pour
    l'individu humain et la société humaine, qu'il est impossible de
    supposer que l'étude d'une partie aussi notable de la nature humaine
    doive rester purement et simplement l'affaire de quelques spécialistes ;
    tout le monde est appelé, semble-t-il, à prendre une idée aussi correcte
    que possible de ce que représente ce côté des manifestations humaines en
    général. Et cela d'autant plus que les idées réellement rationnelles,
    approuvables, la conception à laquelle la linguistique a fini par
    arriver, n'est nullement de celles qui s'offrent dès le premier coup
    d'oeil. Il n'y a aucun domaine qui, plus que la langue, ait donné lieu à
    des idées chimériques et absurdes. Le langage est un objet de mirages de
    toutes espèces. Les erreurs faites par les hommes d'études sur le
    langage sont ce qu'il y a de plus intéressant, psychologiquement
    parlant. Chacun laissé à lui-même se fait une idée très éloignée de la
    vérité sur les phénomènes qui se produisent dans le langage. Il est donc
    également de ce côté-là légitime à la linguistique qu'elle puisse
    aujourd'hui se croire en état de rectifier beaucoup d'idées, de porter
    la lumière là où la généralité des hommes d'étude seraient très
    facilement enclins à se tromper, à commettre les erreurs les plus
    graves.

    Nous avons laissé de côté la question de la langue et du langage pour
    parler de l'objet de la linguistique et de son utilité possible.

    (Notes de Constantin du IIIe cours, p. 8-10 ).

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    {FR, 20/12/2006}

    PRÉSENTATION DU PROJET SITES

    François Rastier

    Note sur le projet STUDIES FOR INTEGRATED TEXT SCIENCES
    Graduate School of Letters Nagoya University, 21st Century COE Program

    Les documents

    Les documents publiés sont d'une part les Actes d'une série de sept
    colloques internationaux, soit deux par an depuis 2003. D'autre part la
    collection de la revue SITES, soit deux numéros par an depuis 2003.

    Le champ couvert

    Ce champ multidisciplinaire intéresse principalement les disciplines
    suivantes :
    - L'histoire -et notamment l'histoire des idées.
    - L'anthropologie
    - La linguistique descriptive
    - La philologie et notamment la génétique des textes
    - L'iconologie
    - La sémiotique
    - Les sciences de l'information et de la communication

    Leur mise en relation peut être appréciée de deux façons. Soit l'on
    considère qu'il s'agit d'une fédération ouverte de sciences de la
    culture autour d'un concept commun, celui de texte, entendu comme
    document, tant au sens philologique qu'au sens historique.

    Dans cette première hypothèse, c'est aujourd'hui l'essor généralisé de
    la numérisation des documents et la constitution des banques de
    ressources numérisées rend particulièrement opportune une problématique
    scientifique unifiée. Toutefois, la notion ou du moins l'expression de
    science intégrée est peut-être trop forte, car il s'agit de faire
    dialoguer des disciplines qui ont chacune leur histoire, leurs
    problématiques et leurs modes de validation.

    Dans une seconde hypothèse, il s'agit d'une unification au plan
    épistémologique, visant à renforcer l'unité des sciences de la culture.
    Ce "continent" scientifique est relativement récent, puisqu'il n'a été
    divisé en disciplines que depuis deux siècles : son principe d'identité
    reste débattu, puisque depuis un siècle et demi, des programmes divers
    visent à l'intégrer dans les sciences de la nature ou surtout de la vie
    (les programmes de naturalisation darwiniens ou néo-darwiniens sont
    encore actifs). La sociologie durkheimienne, puis lasémiotique post-
    saussurienne ont formulé l'ambition d'unifier ce champ mais n'y sont pas
    parvenues.

    Cependant le programme saussurien d'une sémiotique générale, mieux
    compris avec la découverte récente de manuscrits importants, reste
    vivace et fécond, dès lors que l'on ne réduit pas les langages aux
    signes ni la transmission culturelle à la communication. Plutôt que par
    la typologie a priori des signes, c'est par l'étude des relations
    intersémiotiques complexes que l'on peut progresser vers une sémiotique
    générale : les actes du colloque sur les images et textes médiévaux en
    témoignent éloquemment.

    L'articulation des disciplines

    La notion de sciences historiques, dominante à la fin du XIXe siècle,
    n'a rien perdu de sa légitimité, dans la mesure où seule l'humanité a
    une histoire. Le temps historique n'est d'ailleurs qu'une métrique
    extérieure, nécessaire pour aborder scientifiquement le temps interne de
    la tradition culturelle.

    L'objet des sciences humaines et sociales est bien constitué par les
    cultures saisies dans la diversité qui leur donne sens, tant en
    synchronie qu'en diachronie, dans une perspective tout à la fois
    générale, historique et comparée. Ainsi, le programme SITES est-il une
    contribution tant théorique que pratique, à la constitution d'une
    épistémologie propre aux sciences de la culture.

    Parmi les mouvements scientifiques, le culturalisme nord-américain, le
    structuralisme européen notamment dans ses versions sémiotiques de
    tradition saussurienne, ont formulé des propositions qui manquaient
    parfois de clarté. La problématique du texte appliquée notamment aux
    documents numériques constitués en corpus favorise une nouvelle
    réflexion qui s'étend aux "textes" non verbaux, bref, à toutes les
    performances sémiotiques complexes.

    Alors que l'histoire et l'archéologie fondaient jadis leurs approches
    respectives sur la distinction entre monuments et documents, la
    numérisation permet de les unifier dans les mêmes formats, voire dans
    les mêmes corpus.

    En ce qui concerne plus spécifiquement la linguistique et la philologie,
    c'est la linguistique inspirée par Halliday qui est la plus utilisée au
    sein du programmes SITES : elle a l'avantage tout à la fois de la
    précision descriptive et de la prise en compte du contexte, immédiat et
    global (Halliday est d'ailleurs un élève de Firth, anthropologue
    culturaliste).

    Pour la philologie, et notamment la génétique, la spécificité positive
    de l'école japonaise de génétique mérite d'être soulignée : alors que
    certains généticiens français nient l'appartenance de leur discipline à
    la philologie pour marquer une rupture qu'ils estiment politiquement
    nécessaire, mais dont les attendus scientifiques restent obscurs, les
    collègues japonais innovent à l'intérieur de cette tradition et se
    signalent par leur respect de l'objet et la précision des analyses.   

    L'orientation à venir

    Le premier programme était centré autour de la notion de Grammaire
    universelle de la communication. La notion de grammaire universelle est
    peut-être trop forte. D'une part, le mot grammaire évoque un système
    unique, alors que les différents systèmes de signes ne sont pas
    unifiables et ont chacun leurs spécificités expressives, comme l'a jadis
    montré Lessing. D'autre part, même la notion de système unique est trop
    forte, comme en témoigne par exemple pour le système graphique du
    japonais.

    Nécessairement a priori, l'hypothèse de l'universalité est sans doute
    utile pour permettre des rapprochements nécessaires entre disciplines,
    mais dès lors qu'ils ont eu lieu, c'est la perspective générale et
    comparée qui est en charge de reconstruire une universalité toujours à
    venir.

    Quant à la communication, cette notion ne concerne qu'une fonction du
    langage et des systèmes de signes. Déliée des télécommunications et de
    l'imaginaire contemporain qui la magnifie, elle montre ses insuffisances
    dès lors qu'il s'agit de la production et de la transmission des oeuvres
    et objets culturels. La problématique du texte, ici encore, peut
    permettre de passer à une nouvelle étape, qui est celle de l'étude de la
    transmission. En effet, la genèse se continue dans l'interprétation :
    l'étude de la configuration du texte (formule centrale de la deuxième
    étape du programme Sites) doit être comprise au sens dynamique de cette
    notion. Le texte est alors compris comme expression culturelle et comme
    réécriture d'autres textes, aussi bien que de lui-même (dans son
    processus génétique). En d'autres termes, il y a une continuité entre
    les réécritures de textes antérieurs, les réécritures internes entre
    brouillons et états du texte, enfin les réécritures ultérieures que sont
    les commentaires, traductions et réélaborations dans d'autres ?uvres.

    Si l'activité scientifique d'investigation ne se réduit pas à la
    textualisation, les textes scientifiques eux-mêmes ne relèvent pas moins
    de ce type d'analyse que les textes littéraires (le recueil sur la
    genèse du texte historique marque sur ce point la fécondité du
    rapprochement interdisciplinaire).

    Pour analyser la configuration du texte, moment central entre la
    préfiguration que constituent les textes antérieurs et la refiguration
    qu'opèrent les textes postérieurs, une théorie générale des
    transformations (ou métamorphismes), sera sans doute nécessaire. On
    retrouve alors la question des universaux, mais des universaux
    opératoires qui président aux transformations sémiotiques.

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    {FR, 22/12/2006}

    D'OÙ VIENNENT TOUS CES CADAVRES ?
    UNE CLÉ HISTORIQUE POUR "EN ATTENDANT GODOT"                                                                    
    Dialogue inédit entre Denis Thouard et Valentin Temkine.

    Q> Combien de fois as-tu vu En Attendant Godot ?

    R> Je l'ai vu d'abord en 1953, à la création : c'était la pièce à voir,
    tout le monde en parlait. Depuis, 4 ou 5 fois, peut-être. A l' époque et
    encore maintenant, on en faisait une pièce absurde, LA pièce de
    l'Absurde. Dumur, Lemarchand, tout le monde admirait, mais voyait
    Vladimir et Estragon comme des clowns ou des clochards "métaphysiques".
    Pronko écrivait : "Godot, dans un passé indéfini, lors de circonstances
    quelque peu incertaines, leur a donné un rendez-vous plutôt imprécis
    dans un lieu mal défini à une heure indéterminée"...

    Mais, je m'en aperçois lors d'une représentation donnée par la Comédie
    de Touraine je crois (Vladimir et Estragon y sont assimilés à Laurel et
    Hardy ou quelque-chose comme ça) : les explications traditionnelles, ça
    ne marche pas ! C'est une réplique bien précise qui m'a réveillé :
    Vladimir regrette de ne pas s'être jeté du haut de la tour Eiffel :
    "Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter".
    J'ai une sorte d'illumination : une seule fois, dans l'histoire de cette
    vénérable dame, on y a interdit l'accès à une catégorie de la
    population, comme à tout monument d'ailleurs : entre 1940 et 1945,
    c'était interdit aux Juifs ! Eureka ! Dès ce moment, toutes les
    répliques ont pris un sens ; la confirmation vient très vite : "E : On
    n'a plus de droits ? V : Tu me ferais rire, si cela m'était permis. E :
    Nous les avons perdus ? V : Nous les avons bazardés." Ce n'est plus du
    tout une histoire qui se passe en Absurdie, mais dans le temps
    historique, et à un moment très précis...

    Q> Alors, que peut-on savoir de Vladimir et d'Estragon ?

    R> Ce que la pièce nous en dit ! Ce sont des bourgeois un peu
    godelureaux qui vivaient probablement dans le quartier de la rue de La
    Roquette ; ils ont fait un peu d'études -ils citent l'Ancien et le
    Nouveau Testament, très différemment d'ailleurs : ils parlent de la
    Bible avec révérence : Abel et Caïn, c'est toute l'humanité, mais pour
    le Nouveau Testament, ils se tapotent le menton : quatre évangélistes et
    trois n'ont rien vu, testis unus, testis nullus, si les gens y croient
    c'est que ce sont des "cons". Autrement dit des goys. L'un d'eux
    (Estragon) a été plus ou moins poète, ils "portaient beau" jusqu'à ce
    que Vladimir emmène son ami loin des premières rafles : "V : Quand j'y
    pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu...
    sans moi... (Avec décision.) Tu ne serais plus qu'un petit tas
    d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur." Ils se sont cachés, ont
    trouvé du travail dans le Vaucluse, à  Roussillon précisément, où comme
    c'est curieux Samuel Beckett a aussi passé l'année 1942, ils y ont fait
    les vendanges... l'agriculture manquait de bras...  et puis ils ont dû
    en partir à leur grand regret, pour ce qu'ils nomment le Merdecluse.

    Q> Pourquoi sont-ils partis ?

    R> Le 11 novembre 1942 l'armée allemande envahit la "zone libre" : Les 
    lois raciales s'appliquent alors sur l'ensemble du territoire. Les deux
    amis ont attendu le printemps (traverser les Alpes en plein hiver c'est
    tout de même pas idéal) -entre l'acte 1 et l'acte 2 l'arbre fleurit : on
    est au printemps 1943- et cherchent à gagner la zone soumise à
    l'administration italienne, réputée moins raciste. Jamais les Italiens
    n'ont parlé de race italienne (ce que les deux compères ne savent pas,
    c'est que Mussolini, vraiment à la botte d'Hitler, est en train de
    durcir la répression). Où sont-ils à ce moment précis ? Dans un endroit
    quasi désertique, sur un plateau calcaire ("nous sommes servis sur un
    plateau"), on pense aux Préalpes du sud, peut-être le plateau de
    Valensole.

    Q> Tout ça est très précis, mais alors, Godot ?

    R> Ce n'est pas Dieu évidemment, même si c'est le "sauveur", mais un
    chef local de la Résistance, qui veut bien s'occuper des deux vagabonds,
    et qui se méfie ! Ils ont besoin de faux papiers, d'un gîte, et celui
    qui aide ceux qu'on appelle les "terroristes" est lui-même menacé ;
    alors il doit consulter "ses amis", ses "agents", ses "correspondants" :
    c'est tout de même un vocabulaire qu'on connaît bien ! D'où aussi les
    épisodes avec l'enfant : "Monsieur Albert ?" -eh oui ! Vladimir, ça sent
    un peu trop les steppes de l' Orient ; il a changé de nom, comme l'ont
    fait des dizaines de milliers d'autres, pour ne pas être trahi par son
    patronyme.

    Q> En suivant ton hypothèse, on pourrait même dire que dans certains 
    passages, Estragon et Vladimir ont comme le pressentiment de l'horreur
    qui pèse sur eux.

    R> Oui, Beckett se permet ce qu'après tout Corneille et Racine se sont
    permis bien avant lui, une sorte de rêve prémonitoire dans lequel ils
    évoquent carrément la Shoah ! "V : D'où viennent tous ces cadavres ? E :
    Ces ossements. V : Voilà. E : Evidemment. V : On a dû penser un peu. E :
    Tout à fait au commencement. V : Un charnier, un charnier. E : Il n'y a
    qu'à ne pas regarder. V : Ca tire l'oeil. E : C'est vrai. V : Malgré
    qu'on en ait."... Et pourtant ça n'a pas suffi pour tirer l'oeil de la
    critique ! N' oublions pas que Beckett a commencé d' écrire sa pièce en
    1948 : le public venait juste de découvrir les camps de la mort. De quoi
    nos personnages sont-ils coupables ? C'est dit au tout début de la
    pièce : d'être nés. C'est la définition même du Juif !

    Q> Que dire maintenant de Pozzo et de Lucky ?

    R> Ils sont beaucoup moins importants, mais c'est quand même
    intéressant. Pozzo est un propriétaire goinfre, sadique et bien entendu
    raciste, qui rit de pouvoir être rangé sous la même étiquette que ces
    deux étrangers, ces deux Untermenschen ("Vous êtes bien des êtres
    humains cependant... De la même espèce que moi" ou plus loin : "je ne
    peux me passer longtemps de la compagnie de mes semblables, même quand 
    ils ne me ressemblent qu'imparfaitement"). Quant à Lucky, c'est
    l'intellectuel au service du pouvoir, le maître à penser ("il pensait
    même très joliment autrefois, je pouvais l'écouter pendant des heures")
    devenu inutile donc ennuyeux... Et puis tout de même, quand on dit que
    Godot est une pièce où il ne se passe rien, sur quatre personnages, il y
    en a un qui devient aveugle, et un autre qui devient muet, c'est pas
    rien ! Et c'est très symbolique : Pozzo a mordu à une phraséologie qui
    est en train de se démolir, et il s'en aperçoit subitement : début 1943,
    c'est là que 300 000 soldats de Hitler se rendent à Stalingrad, c'est 
    là que Rommel perd l'Afrique, que les Américains reprennent une à une
    les îles que les Japonais avaient occupées, le vent tourne, et l'arbre
    qui verdit est l'arbre de la liberté... Ce qui d'ailleurs ne change rien
    pour nos deux fugitifs, qui ne songent qu'à s'y pendre... Alors, comment
    un metteur en scène pourrait rendre ça... j' ai bien ma petite idée...

    Q> Penses-tu que ta thèse détruise la lecture habituelle ?

    R> Oui, absolument ! Il n'en reste rien !

    Q> Mais tout de même, ils gardent bien une dimension universelle, ils
    incarnent bien, pas un Absurde philosophique, mais l'absurdité de
    l'Histoire ?

    R> D'accord, ça c'est d'accord, mais à condition qu'on voie les racines
    concrètes de la situation, bref, tout ce à quoi j'ai fait allusion. Et
    encore, comment Beckett a-t-il eu l'idée de ses personnages ? La réponse
    est toute simple : Beckett, Irlandais -les Irlandais n'étaient pas mal
    vus des Allemands, étant présumés ennemis des Anglais, mais Beckett ne
    voulait pas cautionner l'occupation allemande, et il s'était réfugié à
    Roussillon ! Il n'avait pas le sou -un de ses romans s'était vendu à 2
    exemplaires- et il a bien dû faire les vendanges, ou côtoyer au café des
    Juifs traqués -plutôt planqués à ce moment-là, traqués après- il a mangé
    avec eux, trinqué avec eux ! Alors comment avec ça il a fait une pièce ?
    Eh bien c'est ça le génie !

    Q> Comment se fait-il que Beckett n'ait jamais fait allusion à cet
    aspect-là de sa pièce ?

    R> C'est même plus drôle que ça : Brecht, à la fin de sa vie, a dit à
    Strehler qu'il aurait bien aimé demander à Beckett où étaient Vladimir
    et Estragon pendant la Deuxième Guerre Mondiale, et quand Strehler pose
    la question à Beckett il répond : dans la Résistance. C'est se ficher du
    monde ! Des Juifs résistants, il y en a eu, mais certainement pas ces
    deux-là. Mais Beckett était comme ça, il fuyait la télévision, et quand
    quelqu' un était sur une piste, il se défaussait. Et personne n'a rien
    vu.

    Q> Pourquoi n'as-tu pas vu cela tout de suite ?

    R> Je lisais la Nouvelle Revue Française, je lisais les Lettres
    Nouvelles, tout ce qu'on lisait quand on était intellectuel et à gauche,
    et on disait Absurde, Absurdie, bon, très bien... jusqu'à ce qu'un jour
    une réplique m'agresse : la tour Eiffel, qu'est-ce que c'est que cette
    histoire de tour Eiffel ?

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    Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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    COLLOQUE

            Le naturalisme linguistique et ses désordres

    26 et 27 janvier 2007 à l'Institut Jacques-Monod,
    Campus Jussieu (2 place Jussieu - Paris 5e) tour 42, RdC.

    Responsable scientifique : Sylvain Auroux

    Le 19e siècle a incontestablement connu un renouvellement de la
    recherche en matière de sciences du langage, avec l'introduction de
    l'explication historique qui déborde largement les possibilités de
    l'explication grammaticale. Ce renouveau s'est accompagné de notables
    transformations des concepts de base, concernant, notamment, le statut
    du langage, avec l'apparition du thème "naturaliste". Loin d'être le
    résultat de l'activité culturelle des hommes, le langage serait le fruit
    de sa nature biologique, entité elle-même "naturelle". L'historiographie
    traditionnelle (à quelques notables exceptions comme Poliakov) repose
    sur le thème largement mythique (créé par les comparatistes aux-mêmes)
    d'un comparatisme qui serait pour le langage l'avènement de la
    positivité de la pensée "scientifique". Au cours de ces journées, on se
    propose de revoir ce mythe à la lumière  de questions  pour le moins
    embarrassantes  pour nos disciplines : y a-t-il des liens théoriques de
    la grammaire comparée, notamment dans sa version naturaliste et
    évolutionniste, avec le racisme et l'antisémitisme ?

    Lorsque Schlegel publie en 1808 son ouvrage sur la langue et la
    philosophie de l'Inde, il rompt avec la filiation dont s'est réclamé
    l'Occident du Moyen-Age et de la Renaissance : l'hébreu ne figure plus
    dans ses origines linguistiques. Le développement de la linguistique
    indo-européenne passe largement par une apologie de l'Occident. Certains
    textes classiques sont troublants. C'est dans l'Introduction de son
    Histoire de la langue allemande (1848) que Grimm propose le concept de
    "Reich" pour assigner l'étendue du règne du monde linguistique
    germanique. Renan n'hésitera pas à voir dans la culture hébraïque une
    phase à jamais imparfaite du développement de l'humanité. Les linguistes
    (cf. Pictet) ont largement contribué au façonnage du mythe aryen.

    Le naturalisme connaît un renouvellement important depuis le dernier
    tiers du 20e siècle. "Naturaliser" l'épistémologie, l'esprit ou le
    langage est une nouvelle façon de proclamer la positivité d'une démarche
    destinée à renouveler les méthodes. Comment faut-il juger le naturalisme
    et sa renaissance contemporaine ?


                    Programme

    * Vendredi 26 janvier

    13h 30 : Ouverture du colloque : Sylvie Archaimbault, Directrice de
    l'UMR 7597 - CNRS/ Paris 7 et Jean-Marie Fournier, Président de la SHESL

    Présidence : Maurice Olender

    13h 45 / 14h 45 : Sylvain Auroux (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
      La linguistique et la contrainte de la science : le racialisme
      du XIXe siècle et la naturalisation aujourd'hui.

    14h 45 / 15h 45 : Djamel Kouloughli (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
      Ernest Renan: un antisémitisme savant.

    15h 45 / 16h : PAUSE

    16h / 17h : Piet Desmet (K.U. Leuven, Belgique)
      Abel Hovelacque et l'école de linguistique naturaliste :
      l'inégalité des races s'explique-t-elle par l'inégalité des langues ?

    17h / .....   Discussion générale : Coordination M. Olender ; les
    participants + C. Puech


    * Samedi 27 janvier

    9h 15 / 10h 15 : John Joseph (Université d'Edimburgh, Royaume-Uni)
      'La grenouille ne devient pas l'égale du boeuf' :
      Les limites de l'assimilation linguistique selon Léopold de Saussure

    10h 15 / 11h 15 : Carita Klippi (Åbo Akademi Turku, Finlande)
      La première biolinguistique.

    11h 30 / 12h 30 : Jean-Michel Fortis (UMR 7597 - Paris 7 / CNRS)
      Le langage mental universel chez Pinker : examen critique.

    DEJEUNER

    14h / 15h : Daniel Véronique (Université de Provence, Aix-Marseille 1)
      Des racines du langage au proto-langage :
      un état de nature du langage chez D. Bickerton.

    15h / 16h : Emilio Bonvini (CNRS, LLACAN)
      Interférences anthropologiques dans l'histoire de la
      linguistique africaine.

    16h 30 : Assemblée générale de la SHESL.

    Si vous souhaitez participer au dîner du vendredi, et/ou au déjeuner du
    samedi, merci de vous inscrire en adressant un message à l'une des deux
    adresses suivantes :
        valerie.raby@wanadoo.fr (Valérie Raby)
        jmfnier@wanadoo.fr (Jean-Marie Fournier)

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    {FR, 20/12/2006}

    APPEL A COMMUNICATIONS

    Colloque international : appel à communications

    Date : 21-22 septembre 2007
    Lieu : Université Lyon 2, Lyon, France

    Comité organisateur : Denis Reynaud (Lyon 2 / UMR 5611 LIRE), Philippe
    Selosse (Lyon 2-GRAC / UMR 5037 Institut d'Histoire de la Pensée
    Classique)

            Les mots et les choses au xviiie siècle :
            la science, "langue bien faite" ?

    2007 verra la célébration du tricentenaire des naissances de Linné et de
    Buffon. Ce sera pour nous prétexte à réunir les deux ennemis de
    l'histoire naturelle classique dans une perspective commune. Celle-ci ne
    sera centrée ni sur la biographie ni sur le statut des deux hommes
    mesuré à l'aune de la science actuelle. Elle les inscrira en revanche
    dans la réflexion générale des Lumières sur les rapports entre langue et
    science, à travers notamment les questions de nomenclature.

    1. Cadre épistémique de la nomenclature au siècle des Lumières

    En botanique mais aussi en zoologie, le xviiie siècle est le siècle des
    systèmes (Linné 1735, 1738 ; Adanson, 1763 ; Bergen 1750 ; Boissier de
    Sauvages 1751 ; Gleditsch 1764 ; Haller 1742 ; Heister 1748a ; Jacquin
    1760 ; Ludwig 1739a...) et de la réfutation des systèmes (Buffon 1749 ;
    Crantz 1766 ; Lamarck 1792d-f). Ces systèmes, qui concernent aussi bien
    la classification des pierres, plantes et animaux, que la structuration
    de leurs dénominations, ont donné lieu à l'émergence d'un terme nouveau
    en français, celui de nomenclature dans ses acceptions de "méthode
    systématique de structuration des dénominations" et "ensemble des
    dénominations structurées selon une méthode" (1758 selon le Trésor de la
    Langue Française : "Art d'établir et de classer les objets d'une science
    et de leur attribuer méthodiquement des noms" (Duhamel-Monceau)). C'est
    sur les problématiques soulevées par ce nouveau concept que le colloque
    concentrera sa réflexion.

    S'attacher à la nomenclature, c'est d'abord prendre en compte
    l'importance de la langue dans les publications scientifiques de
    l'époque -et rappeler que la science est alors indissociable
    (indissociée) des lettres (Buffon 1753) et se réalise d'abord par la
    langue. La nomenclature est en effet au coeur des publications :

    - Linné (1751) présente une nouvelle nomenclature -non pas celle,
      binominale, que l'historiographie a confusément attachée à son nom,
      mais celle des noms spécifiques essentiels, naturels et factices -qui
      donne lieu à de violentes polémiques tout au long du siècle, tant sur
      le fond (le type de nomenclature proposé -Siegesbeck 1737, Gleditsch 
      1740) que sur la forme (le bouleversement occasionné par la nouvelle
      nomenclature -Dillen 1732). De plus, bien d'autres auteurs présentent
      des tentatives nouvelles de nomenclatures : Adanson (1763), Bergeret
      (1783), Rafinesque-Schmalz (1814), Rousseau (1777)...

    - un concept marginal de Linné, celui des "Noms Triviaux" (source de la
      nomenclature binominale), se trouve prendre un développement inattendu
      en France, par sa compatibilité avec la théorie des idées des
      encyclopédistes (Auroux 1979) et le condillacisme. D'abord approuvé en
      1774 par l'Académie des Sciences, il est ensuite prôné par les
      botanistes français (les Jussieu, Lamarck, Rousseau...) puis devient
      la base de la nomenclature internationale ;

    - aucun botaniste, qu'il suive ou combatte Linné, ne publie alors
      d'ouvrage sans commencer par de longues discussions sur les
      dénominations, le mode de dénomination -avant même de présenter son
      système de classification et les nouvelles plantes recensées. La
      langue paraît donc être l'objet central de toutes les attentions
      (Heister 1748b ; Ludwig 1747 ; Millin, 1795 ; Müller-Wille 2006 ;
      Reynaud 1989), à tel point que les réflexions sur la langue débordent
      parfois très largement le simple cadre de la nomenclature (Adanson
      1763).

    La nomenclature est par ailleurs et surtout la notion qui concrétise, au
    niveau de la langue, l'opposition alors récurrente entre un réalisme qui
    vise des entités spécifiques existant dans la nature et indépendantes de
    l'homme, et un conceptualisme qui vise des entités spécifiques saisies
    par l'homme dans la continuité de la nature et en tant que telles
    dépendantes de la perception humaine. Dans le premier cas (Linné), les
    espèces, discrètes, peuvent être nommées et leur définition passe
    exclusivement par la nomenclature (rejet de l'image), qui a force
    ontologique ; créées par Dieu, elles n'ont rien de commun avec l'humain
    et refusent donc tout ce qui ressortit à la rhétorique (rejet des
    figures de style). Dans le second cas (Buffon), les espèces, prises dans
    un continuum, ne peuvent être nommées qu'artificiellement, sans aucune
    dimension définitoire ; fruits de l'esprit humain appréhendant la
    nature, elles ne peuvent être mieux approchées et définies que par le
    discours humain, dont une des caractéristiques est la rhétorique et le
    recours à l'image sous toutes ses formes, picturale et linguistique
    (intégration des figures de style). La "nomenclature" est alors
    analogique de la "langue de la nature" et tout le débat se résume à deux
    positions : "réduire la langue de la nature au système" ou "réduire le
    système à la langue de la nature" (Crantz 1766)

    La nomenclature, enfin, est souvent définie sous forme d'aphorismes
    baconiens, qui prennent le nom de "lois" ou "fondements". Cette
    dimension législative n'est peut-être pas sans objectifs politiques :
    certains (Drouin 2000) y ont vu l'amorce d'un "pacte social" ; d'autres
    (Duris 1993, 2006) y ont vu l'effet inverse, la Révolution française et
    sa "frénésie nomenclaturale" en tous domaines (poids et mesure,
    calendrier, chimie...) concrétisant l'importance de la réflexion
    nomenclaturale en lui donnant un caractère social et politique
    prééminent. À moins que ce ne soit simplement un fait d'épistémè... ?

    2. Problématiques du colloque

    Les communications tenteront de répondre à la question générale
        "Qu'est-ce qu'une nomenclature ?"
    en partant des problématiques suivantes :

    - du point de vue de l'histoire des idées : quels sont les liens
      existant entre nomenclature et système, dans une épistèmè de systèmes
      (Leibniz, Système nouveau de la nature, entre autres) ? L'opposition
      de Vicq d'Azyr (<1779>, 1805 - qui critique la dépendance de la
      nomenclature botanique à l'égard du système de Linné) et de Condorcet
      (<1778>, 1781 - qui affirme au contraire l'indépendance de cette
      nomenclature à l'égard de tout système), l'apparente opposition de
      Linné et Buffon au sujet de la nomenclature, l'intégration des
      caractéristiques des différents systèmes développés par chaque
      botaniste dans leurs nomenclatures, constituent autant de bases de
      réflexion ;
     
    - du point de vue linguistique : quelles sont les caractéristiques
      linguistiques d'une nomenclature ? Et en particulier au xviiie siècle,
      quelles en sont les caractéristiques en latin ? en français ? en
      anglais ? en allemand ? en italien ? En quoi la nomenclature
      emprunte-t-elle aux nouvelles conceptions de la langue développées par
      les Encyclopédistes (Beauzée et autres) ?

    - du point de vue philosophique : en quoi la nomenclature
      caractérise-t-elle l'épistèmè des Lumières ? Quels sont les liens
      entre la nomenclature des naturalistes et les réflexions
      conceptualistes de Bacon, Locke et Condillac (entre autres) ? et les
      réflexions réalistes d'un Leibniz ? quelle est la place de la
      nomenclature dans les théories de la connaissance d'un Condillac, d'un
      Rousseau, d'un Leibniz (cf. Selosse 2006)... ?

    - du point de vue épistémologique : la science des Lumières se
      réduit-elle à des systèmes de représentations, dont la nomenclature
      serait la forme la plus accomplie ?

    - du point de vue politique, enfin : quelle dimension sociale attribuer
      aux lois nomenclaturales et à leur visée universelle ? comment
      interpréter l'extrême attention portée à la nomenclature de la
      Révolution française, dans le droit fil de la pensée linnéenne ?

    3. Soumission des propositions de communications

    L'examen des propositions de communication sera fait par deux membres du
    comité scientifique ;
    - chaque proposition comportera le titre et le résumé de la
      communication (2500 caractères maximum), accompagnés de 5 références
      bibliographiques (max.) permettant de situer l'orientation du travail,
      et suivis du nom, de l'appartenance institutionnelle et de l'adresse
      postale ou courriel de l'auteur ;
    - langues de travail : français, allemand, anglais, italien ;
    - envoi des propositions, soit par courrier postal à l'adresse
      suivante :
        Denis Reynaud
        Faculté Lesla - Université Lyon 2
        18, quai Claude Bernard
        69365 LYON cedex 07
      soit par courriel :
          denis.reynaud@univ-lyon2.fr
        selosse.philippe@wanadoo.fr
    - date limite de réception : 31 décembre 2006.

    4. Calendrier :
    - appel à communication : juin 2006
    - date limite de réception des propositions de communication : 31
      décembre 2006
    - date d'acceptation des communications : 1er mars 2007
    - tenue du colloque : 21 et 22 septembre 2007 à Lyon
    - la publication des actes est envisagée à l'issue du colloque

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    {FR, 20/12/2006}

    APPEL à COMMUNICATIONS

    IXème Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
    visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
    internacional de semiótica visual)

    Le IXème Congrès de l'Association Internationale de Sémiotique Visuelle
    (AISV - IAVS) se déroulera
        en Turquie, dans les locaux d'Istanbul Kültür University
        du 29 Mai au 2 Juin 2007.

    Les langues officielles du congrès de l'AISV sont: le français,
    l'anglais, l'espagnol.
    Les propositions de communication devront nous parvenir avant le 8
    Janvier 2007.
    Les propositions, sous la forme d'un texte de 200 mots au maximum,
    seront  expédiées au format électronique RTF.

                Cultures du visible

    Rien de plus variable à travers les cultures que l'image. Il n'est pas
    nécessaire de souligner que celle-ci varie spectaculairement dans sa
    structure, dans ses styles et dans ses moyens techniques, le long des
    axes temporel, géographique et social. Mais la diversité est aussi du
    côté des modalités d'énonciation, d'appropriation et de lecture de
    l'image. Et c'est même vis-à-vis du phénomène de l'image dans son
    ensemble que les positions culturelles divergent, comme le montrent les
    controverses anthropologiques, sociologiques, voire théologiques, qui
    ont régulièrement agité l'humanité, pour ne pas  parler du débat sur
    l'iconicité en sémiotique. Bref, les cultures du visible sont aussi une
    pensée de l'image.

    Le IXe Congrès de l'AISV-IAVS (Association internationale de sémiotique
    visuelle, International Association for Visual Semiotics, Asociación
    internacional de semiótica visual) sera consacré à cette variabilité
    culturelle du visible et à la manière de la penser. Un appel à
    communications est donc lancé aux membres de l'AISV et à toutes les
    personnes intéressées à la sémiotique visuelle comme aux chercheurs des
    domaines connexes (histoire et théorie des arts visuels, études
    cinématographiques, muséologie, esthétique, phénoménologie,
    linguistique, sciences cognitives, sciences de l'information et de la
    communication, archéologie, anthropologie sociologie, ethno-histoire,
    etc.), pour qu'ils participent à cet événement.

    En particulier, les questions suivantes seront abordées : comment un
    appareil perceptif universel et invariant peut-il déboucher sur des
    modèles cognitifs divergents ? comment les spécificités culturelles
    coexistent-elles avec une communication à très large spectre ? Après
    avoir étudié "La société globalisée en tant que société des images"
    (Journées de sémiotique visuelle de l'AISV-IAVS à Lyon, juillet 2004),
    on décrira donc les contacts, les concurrences et les interférences
    entre les divers modèles culturels de l'image. On s'efforcera également
    d'aborder les questions que la variabilité pose à la discipline
    sémiotique : comment tenir compte de la variation de l'image dans une
    sémiotique visuelle générale ? et en particulier  comment rendre des
    compte des évolutions des signes visuels avec des moyens proprement
    sémiotique ? ou encore : comment contribuer à la constitution d'une
    socio-sémiotique ou une anthropo-sémiotique du visible ?

    Sans nul doute, le fait que la ville européenne où se tiendra le congrès
    a jadis connu de grands débats sur l'icone et qu'elle constitue un pont
    entre l'Occident et l'Orient constituera un puissant stimulant à ces
    débats.

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    APPEL A COMMUNUICATIONS
    Appel à communications / Call for Papers

        Qu'est-ce qui fait la valeur des textes ?
        Where does text value come from?

    Octobre 2007, Université de Reims Champagne-Ardenne

    La problématique de la valeur des textes est très souvent posée sous
    l'angle esthétique. Certes, cela permet d'échapper au principe logique
    de compositionalité comme au modèle de la communication et de
    l'information.

    Or si l'on s'intéresse à tous les types de textes, on ne peut pas se
    limiter à l'esthétique. Il est proposé ici d'aborder la question de la
    valeur des textes sous différents aspects : non seulement esthétique
    mais aussi affectif et cognitif. En effet, si l'esthétique suggère de
    faire des textes littéraires une catégorie à part (selon le critère à
    réinterroger de la littérarité), la pragmatique assigne aux textes une
    tout autre valeur : est-ce son action pragmatique qui donne au texte sa
    valeur ? Est-ce ce que me fait le texte ? Est-ce son rôle sur le réel et
    l'action qui s'y déploie en conséquence ? Après tout, lire, c'est aussi
    agir. La valeur des textes serait-elle une qualité extrinsèque ?

    Ou une qualité intrinsèque ? Un texte tire-t-il sa valeur de critères
    internes comme ceux qui tiendraient à son affiliation générique et à sa
    manière singulière de référer ? Dans ce cas, la manière de référer
    induit-elle une valeur explicative ou une valeur heuristique ? Si l'on
    quitte les domaines du réel, du bien, du vrai et du beau, peut-on dire
    que le cognitif nous achemine vers celui du juste, au sens où un texte
    répond à des critères génériques ?

    Et si la valeur économique se mesure en fonction de l'utilité sociale,
    est-elle transposable en sémiotique en termes d'utilité discursive ?
    Quelle est alors la valeur ajoutée des textes ? Est-elle liée à leur
    interprétation ? Selon Saussure, la valeur d'un mot ne tient pas à la
    signification : qu'en est-il de la valeur d'un texte ? Quel est le rôle
    du contexte dans la construction de cette valeur ?

    Ce colloque s'adresse aux chercheurs en linguistique, en littérature
    française et étrangère, et à tous ceux qui travaillent sur les textes.

    Dates : 11 et 12 octobre 2007 (éventuellement 13 octobre)
    Lieu : UFR des Lettres et Sciences Humaines, Université de Reims
    Langues de travail : français, anglais et autres selon ateliers
    Durée des communications : 30 minutes maximum.
    Frais d'inscription : 110 euros (ils couvriront au minimum l'inscription
    au colloque et deux déjeuners)
    Les propositions sous forme de résumés sont à envoyer avant le
    15 JANVIER 2007 à :
    - f.canon-roger@wanadoo.fr et je.tyvaert@univ-reims.fr pour la
      linguistique
    - christine.chollier@univ-reims.fr pour les littératures de langue
      anglaise
    Elles insisteront sur l'angle épistémologique choisi et mettront en
    avant de nouvelles propositions. Elles s'appuieront sur l'étude d'un
    texte ou de plusieurs textes (à spécifier).
    Réponse sera donnée avant le 15 mars 2007.

    L'inscription sera effectuée auprès du secrétariat
        patricia.oudinet@univ-reims.fr
    entre le 15 mars et le 15 mai 2007.

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    APPEL A COMMUNICATIONS


    5èmes Journées de la Linguistique de Corpus

    Lorient, 13 - 15 septembre 2007
        http://www.univ-ubs.fr/crellic/

    Les 5èmes Journées de linguistique de corpus auront lieu à Lorient les
    13, 14 et 15 septembre 2007. Elles sont organisées par le laboratoire
    ADICORE de l'Université de Bretagne Sud.

    * Objectifs

    Ces 5èmes Journées de Linguistique de Corpus visent à promouvoir le
    développement de la linguistique de corpus en France. Elles réunissent
    des chercheurs venus d'horizons divers qui s'intéressent à l'utilisation
    de l'informatique pour l'analyse des faits de langues.  Les
    contributions attendues pourront concerner, de manière non exhaustive :
    - la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
    - la lexicométrie
    - la terminologie,
    - la traduction
    - l'analyse du discours,
    - la linguistique appliquée et
    - la description linguistique,
    - ...

    * Organisation
    Les journées prendront la forme de communications orales d'une vingtaine
    de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues des
    communications affichées. L'ensemble des communications retenues donnera
    lieu à publication dans les actes de la conférence.

    * Soumission

    Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont
    conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.
    Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le
    corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités d'exploration,
    dont les résultats principaux seront présentés dans ce résumé. Le résumé
    sera accompagné d'une page de renseignements pratiques comprenant le
    mode de communication souhaité (oral ou poster), le nom, l'affiliation,
    téléphone, adresse postale et électronique. Les résumés doivent être en
    Times 12 avec interligne simple et en format Word RTF, ASCII, ou HTML.
    Ces contributions seront évaluées par deux experts du comité
    scientifique de la conférence.
    Ces soumissions devront parvenir au comité d'organisation à l'adresse
    suivante :

        Journée "Linguistique de corpus "
        Geoffrey Williams
        Département d'Ingénierie du Document
        U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
        4 rue Jean Zay
        BP 92116
        56321 LORIENT Cedex

    ou par courrier électronique à
        Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr

    * Calendrier

    Date limite de soumission        20 avril 2007
    Notification aux auteurs        20 mai 2007
    Version finale pour les pré-actes    13 juillet 2007

    * Renseignements

    Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter
        Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
    ou le site WWW de la conférence
        http://www.univ-ubs.fr/crellic/

    DATE LIMITE DE SOUMISSION : 20 avril 2007

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    {Mpondo-Dicka, 07/11/2006}

    APPEL À COMMUNICATION

    Colloque International Ludovia 2007
    du 4 au 6 juillet 2007 à Ax les Thermes, Ariège (09), France.

    Le colloque scientifique Ludovia [...] explore les problématiques posées
    par le multimédia dans les pratiques éducatives et/ou ludiques, que ce
    soit en production ou en réception. [...] Après avoir débattu des enjeux
    de l'immersion en 2006, la thématique choisie pour faire progresser la
    réflexion est la suivante :
       La convivialité des interfaces à vocation ludique et/ou pédagogique.
       Conception, création, valeurs, usages.

    Pour plus d'informations :
        ludovia2007.colloque@online.fr
        http://ludovia2007.colloque.free.fr.
        http://www.ludovia.org

    777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777777
  • SdT vol.13 n.1
  • SdT vol.13 n.2
    Résumé: 2007_04_18
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 13, numero 2.


                            LES CITATIONS DU MOIS
                ________________________________________________

                «On perdrait courage si on n'était pas soutenu
                par des idées fausses.»
                    (R. Lulle à Artémise), Dialogues des
                    morts, deuxième partie, Oeuvres de M. de
                    Fontenelle, Paris, Brunet, 1742, t.1,
                    p.149-150 (éd. Jean Dagen, Société des
                    Textes Français Modernes, 1971. p. 317).

                «Un nombre croissant de chercheurs ont décidé
                d’abandonner la vaine quête des significations».
                    Bahn, P.G., 1998, p. 171,
                    The Cambridge Illustrated History of
                    Prehistoric Art. Cambridge, CUP
                ________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Nouveaux abonnes
        - Bienvenue a Francois Migeot, Hani Georges, Mick Grzesitchak,
          Leda Mansour, Valerie Beaudouin, Dominique Verbeken.

    2- Carnet
        - La liste SdT sur Sympa
        - Seminaire de Pascal Nouvel : biologie et medecine dans les
          sciences contemporaines
        - Humour : un programme pour l'ecole ; de l'isotopie a la
          synonymie ; interview de Chomsky
        - Titres de conferences
        - L'arbitraire du singe

    3- Textes electroniques
        - Centre Georges Canguilhem : penser la science
        - Europeana : la contribution francaise a la bibliotheque
          numerique europeenne

    4- Publications
        - Roger T. Pedauque : "Le Document : a la lumiere du numerique"
        - These de Tania Gobbett : "La scrittura di Italo Calvino"
        - Texto! : nouveautes de la derniere edition (janvier 2007)

    5- Textes
        - Sur la notion de système chez Saussure :
          Nunzio La Fauci, "E pur si muove"
        - Sur les derives de l'anonymat : Laurent Bloch, "Pour regler
          les questions de spam et de peer to peer : La signature
          electronique universelle"

    6- Appels : Colloques et revues
        - "Primo Levi et la rationalite apres Auschwitz", Paris,
          28 avril 2007
        - International conference on Humanitas, Napoli, July 15-23,
          2007.
        - "Coseriu : receptions contemporaines, semantique, linguistique
          du texte, philosophie du langage", Aix-en-Provence,
          17-19 septembre 2007
        - "Linguistique et litterature : Cluny, 40 ans apres", Besancon,
          5-7 novembre 2007.
        - Nouvelles journees de l'ERLA n°8 : "Aspects linguistiques du
          texte poetique", Brest, 16-17 novembre 2007.
        - 6emes journees de la Societe d’Etude des Langages du Politique
          (SELP) : "Le discours de campagne", Nice, 29-30 novembre 2007
        - "Lexicographie et informatique : bilan et perspectives",
          Nancy, 23-25 janvier 2008

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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [informations réservées aux abonnés]

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    Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet
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    {BP, 06/04/2007}

    LA LISTE SDT SUR SYMPA

    En raison du nombre croissant d'abonnés et des difficultés occasionnées
    par les filtres anti-spam, la gestion de la liste SdT passe, avec ce
    numéro, d'une gestion "artisanale" (par simple définition d'alias !) à
    une gestion plus professionnelle, en s'appuyant sur les services du CRU.

    Le CRU (Comité Réseau des Universités) développe, administre et nous
    permet d'utiliser le logiciel "Sympa", spécialisé pour les listes de
    diffusion.

    Cela ne change en rien la "formule" de notre bulletin : les abonnés
    continueront à recevoir à l'adresse habituelle et au rythme habituel les
    numéros de SdT.

    La gestion de la liste SdT via sympa offre cependant de nouveaux
    services aux abonnés SdT : non seulement la possibilité de gérer
    soi-même son abonnement (changement d'adresse, désabonnement), mais
    aussi la consultation des archives (à partir de ce numéro seulement -
    pour mémoire, les anciens numéros, de 1995 à 2005 -et bientôt 2006- sont
    disponibles sur le site Texto!). Ces services sont accessibles à
    l'adresse :
        http://listes.cru.fr/sympa/info/sdt
    Pour consulter les archives, vous devez vous identifier en donnant votre
    adresse d'abonnement (la première fois, passer par le formulaire
    "premier login ?").

    Bien entendu, la rédaction de SdT reste toujours à votre disposition,
    aux mêmes adresses et maintenant également à l'adresse sdt tiret request at
    cru point fr, tant pour vos contributions et réactions que pour des questions
    liées à votre abonnement.

    Merci de votre intérêt, et bonne lecture à tous !

                    Bénédicte Pincemin
                    François Rastier
                    Mathieu Valette

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    {FR, 24/03/2007}

    SEMINAIRE

    Place de la biologie et de la medecine dans les sciences contemporaines.
    Organisation : Pascal Nouvel. Informations sur :
        http://www.pascalnouvel.net (rubrique actualites)

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    {FR, 20 et 24/03/2007}

    HUMOUR

    * Un programme pour l'école en forme de question aux candidats :

    Quomodo quis vim vocis articulatae seu litterarum et syllabarum
    potestatem cognoscit si non prius per eam id didicit ?
    Aut quomodo pedum accentum et positurarum discretionem scit si non per
    hanc disciplinam eius scientiam ante percepit ?
    Aut quomodo partium orationis iura schematum decorem troporum virtutem
    etymologiarum rationem et orthographiae rectitudinem novit si non
    grammaticam artem ante sibi notam facit ?
                (Isidore de Séville, Etymologies. I).

    * Dans le Chevalier & Encrevé, Combats pour la linguistique, à propos de
    Greimas : "Théoricien bonhomme, en public, il dit "mon bouquin", et "mon
    bouquin" flamboie d'une invention originale, l'isotopie qui repose sur
    une très vieille distinction des logiciens antiques : le chien c'est
    celui qui aboie, c'est aussi un poisson et c'est enfin une
    constellation ; c'est le départ de la synonymie."

    * Sacha Cohen (alias le fameux Borat et le rapper ALI G) a réalisé
    l'interview que Chomsky aurait sans doute souhaité ne jamais accorder :
        http://www.youtube.com/watch?v=fOIM1_xOSro
    Les questions posées semblent déstabiliser légèrement l'interviewé...
    Nous les avons trouvées excellentes !

    222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222222
    {FR, 20/03/2007}

    TITRES DE CONFERENCES

    * A l'occasion de la rentrée solennelle de l'Ecole doctorale Lettres,
    Langues, Spectacles, M. XXX, Professeur émérite à l'université de XXX,
    ancien Président de cette université, ancien recteur et ancien
    directeur de l'Institut Pédagogique National, fera une conférence sur
    le thème :    "Du non-écrit au non-livre"
     
    * XXX donnera une conférence intitulée :
        De la période phocéano-natatoire de Jean-Pierre Brisset
        à son développement linguistico-ferroviaire.
    à l'occasion du vernissage de l'exposition Pataphysique, Langage &
    Machines.

    * Eve V. CLARK - Prof. linguistique, Département de linguistique,
    Université de Stanford, USA. Titre de la conférence :
        Les adultes comme source de construction
        des connaissances linguistiques des enfants.

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    {FR, 20/03/2007}

    L'ARBITRAIRE DU SINGE

    NDLR Nous publions ici un compliment à Ecaterina Bulea, prononcé par
    Alain Muller pour fêter son accession à la nationalité hélvétique. Pour
    saisir tout le sel du dernier vers, le lecteur doit savoir que la
    dédicataire est saussurienne, mais que l’auteur est peircien, donc
    partisan d’un signe triadique.

        L’arbitraire du singe

    Cauchemar vygotskien, angoisse de linguiste,
    Se pourrait-il qu’un jour une pensée existe,
    N’ayant pour seul support qu’un esprit cartésien,
    Un « Je pense » ineffab’ lui-même issu de rien ?

    Se pourrait-il, Mon Dieu, je tremble quand j’y pense,
    Qu’une esquisse d’idée, qu’un embryon de sens,
    Puisse venir com’ ça, c’est affreux, c’est obscène,
    Se présenter à nous, tout nu, sans son phonème ?

    Mais l’affaire est bien pire, et c’est ce qui me trouble.
    Si l’on y réfléchit, le cauchemar est double.
    Car si le signifié se balade hors système,
    Pourquoi le signifiant ne ferait pas de même ?

    Certains esprits vaseux s’autorisant d’eux-mêmes
    Proférant des sottises et s’emmêlant les schèmes,
    Qui à leur bas profit récupèrent Saussure,
    Qui n’ayant rien compris à ce qu’est la structure,

    Et qui sous le prétexte de fonder l’inconscient,
    Ont dit que le phallus était un signifiant
    Sans signifié... Seigneur quel’ conception exsangue !
    Gros vampires du sens, je vous tire la langue !

    Un signifiant sans signifié ! Ça c’est trop fort !
    Mais vous hypostasiez le matériau sonore.
    Concéder que le Ça a forme de langage,
    N’engage pas à dir’ qu’il n’est que pur ramage.

    Un langage ceci ? Cette schize innommable ?
    Un bruit... ou tout au plus un grognement instable
    De bête ! Un hurlement de gorille furieux !
    C’est l’arbitrair’ du singe, et rien d’autre, Messieurs.

    Mais je m’énerve un peu et ce n’est pas bon signe.
    Je me sens devenir l’atrabilair’ du signe.
    J’étouffe. Je suffoque. Je perds la boule et là...
    J’appelle Ferdinand et Ecaterina.

    Pas de pensée sans signe ! C’est beau, c’est grand, c’est clair.
    Il reste cependant la question subsidiaire :
    Le signe a-t-il deux faces ou en aurait-il trois ?
    Insignes ou non, je sens que ces mots jettent un froid...

    Or ce n’est pas le lieu d’ouvrir la polémique,
    Et après tout Nina ce soir est helvétique.
    Coupons la poire en deux ! Oh compromis fadasse !
    Le signe suisse aura... deux virgule cinq faces.

    333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
    333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
    {FR, 20 et 24/03/2007}

    BEAUX SITES

    * Centre Georges Canguilhem - Université Paris-Diderot (P7)
        http://www.centrecanguilhem.net/
    La science pense. Encore faut-il dégager les ressorts philosophiques de
    cette pensée par un effort commun des scientifiques et des philosophes
    pour en tirer tout le bénéfice. L’enjeu d’un tel travail apparaît
    considérable ; il s’agit de réintégrer la science dans la pensée
    contemporaine autrement que sur le mode du positivisme aveugle, de
    l’idolâtrie scientiste ou de la diabolisation. L’introduction
    progressive d’un enseignement de la philosophie et histoire des sciences
    dans les cursus scientifiques et médicaux des universités et dans ceux
    des écoles d’ingénieurs appelle la création d’une institution ouverte
    aux scientifiques et aux philosophes qui voudront contribuer à ce nouvel
    enseignement. Cette institution constituera une instance de réflexion
    commune, un lieu d’accueil destiné à la formation des uns et des autres,
    un observatoire permettant l’analyse permanente du mouvement engagé.

    * La BNF lance son anti-GooglePrint avec d'autres bibliothèques
    européennes (portugaise et hongroise). Le résultat est accessible à :
        http://www.europeana.eu/
    Un peu mieux que Gallica, dont on retrouve beaucoup de textes.

    444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
    Publications Publications Publications Publications Publications
    444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
    {FR, 20/02/2007}

    VIENT DE PARAITRE

    "Le Document : à la lumière du numérique" [="The Document, in the
    Digital Era"] by Roger T. Pédauque (Caen : C&F éditions, 2006) ISBN
    2-915825-04-1 ; http://cfeditions.com.

    The author, "Roger T. Pédauque", is a "collective name"... Several folks
    contributed, here, and they did so largely online. This is a new
    phenomenon for the Internet, although it is a practice which has a long
    cultural history in France.

    The substance of the book's discussion should be of interest to anyone
    working in digital information -or trying to, beneath the increasing
    weight of "information overload"- the document, in light of the digital,
    what difference do the new media really make?

    Jean-Michel Salaün and the many with whom he worked on this project make
    interesting points, about documents and documentation in the modern era.
    The book offers three cooperatively-written essays:

    * "Pédauque 1" ; the document as form, sign, and medium ; reformulations
      wrought by the digital era -various propositions regarding the various
      roles of documents, from various points of view... and,

    * "Pédauque 2" ; the text in play ; permanence, and the transformations
      of the document -how documents work, the background, the text, the
      variorum edition idea and its war with change, of Semantic Webs, of
      Mediation, and of the ontology and "neutrality" of technique... aka is
      there anything "wertfrei", about "the document"... and, finally,

    * "Pédauque 3" ; the document in the Modern World -deconstruction- the
      meanings, and semiotics, of things like "media", and differences "the
      digital" can make...

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    {Gobbett, 17/01/2007}

    Tania Gobbett nous signale que sa thèse
    "La scrittura di Italo Calvino"
    est disponible sur le site http://www.tesionline.com/

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    {FR, 20/02/2007}

    SUR TEXTO !
    http://www.revue-texto.net/

    Bonnes nouvelles de la revue Texto !  qui dépasse à présent 1.800
    visites par jour. Le nombre moyen de pages vues a doublé en un an.
    Toutes vos observations et suggestions d’amélioration sont bienvenues.

    Dernière mise à jour : JANVIER 2007 (Vol. XII, n.1)


    Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

    Ballabriga, Michel
        La syllepse est morte, vive l'antanaclase ! (2006)
    Le but de cet article est, en s'appuyant sur l'analyse sémantique
    d'exemples classiques et modernes de figures identifiées comme des
    antanaclases ou des syllepses, d'unifier la description de ces figures
    en ne retenant, pour des raisons théoriques et épistémologiques, que la
    notion d'antanaclase, brièvement typologisée ; des bénéfices sont
    escomptés sur les plans du parcours interprétatif et de la perception
    sémantique et d'un point de vue heuristique (figures de rhétorique et
    sémiotique visuelle).

    Ballón Aguirre, Enrique
        El cantar fúnebre atribuido a inca Yupanqui
        (estudio semántico, 2007)

    Rastier, François
        Semantics and cognitive research,
        translated by Larry Marks (2006)
    Chapter II: The stakes for linguistics

    Rastier, François
        Arts et sciences du texte. Introduction. [en arabe] (2006)
        Traduction par Driss El Khattab, professeur à l'Université de
            Mohammedia (Maroc).


    Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :

    Nomura, Hidéo
        Sur le verbe "créer" chez Saussure. (1973)
    L'article discute la déformation du verbe "créer" dans le Cours de
    linguistique générale réduit à l'acception triviale de 'création
    néologique', alors que ce verbe représente, selon l'auteur, une des
    notions centrales du système conceptuel saussurien, car il concerne le
    moment de "devenir" de l'unité linguistique.


    Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :

    Rastier, François
        La traduction : interprétation et genèse du sens (2007)
    Le problème de la traduction peut être réfléchi dans le cadre d’une
    théorie générale des transformations au sein des textes et entre
    textes : il engage alors à définir des rapports entre fonds et formes,
    tant au plan du contenu qu’au plan de l’expression.

    Thouard, Denis
        Modi interpretandi. Clés et méthodes dans l’herméneutique de la
        première modernité : Mathias Flacius Illyricus, Joseph Mede et
        Isaac Newton (2006)
    L'herméneutique naît d'une période confrontée aux controverses sur le
    sens des textes. Flacius, Mede et Newton y répondent en concevant
    différentes stratégies, de la clé à la méthode.


    Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

    - D’où viennent tous ces cadavres ? Une lecture historique pour
      En attendant Godot. (2007)
    Dialogue entre Pierre et Valentin Temkine. En prêtant attention à un
    détail de En attendant Godot, Valentin Temkine produit une
    interprétation globale renouvelant la lecture de la pièce : à rebours
    des interprétations selon les canons du « théâtre de l’Absurde », il
    restitue la pièce à l’Histoire en explicitant les thèmes latents de
    l’Occupation et de la Shoah.


    Dans la rubrique REPÈRES :

    Mézaille, Thierry
        Du lieu commun à la rareté lexicale : différenciation de deux
        parasynonymes dans les textes littéraires L'exemple de "corail"
        vs "madrépore" (2007)
    Interrogation de banques littéraires numérisées à usage scolaire
    (lili.bibliopolis.fr) pour contraster la sémantique contextuelle de deux
    mots vedettes : une rareté lexicale vs un lieu commun ; est ainsi
    appréhendée une spécificité de la langue du XIXe siècle.

    Rastier, François
        La structure en question (2007)
    L’auteur rend compte des acquis de la linguistique structurale et des
    principes épistémologiques du structuralisme. S’inscrivant dans la
    tradition rhétorique / herméneutique, il développe une conception
    morphosémantique de la textualité, qui conduit vers une sémiotique des
    formes sémantiques et expressives.

    Colette, Karine
        Analyse de la relation épistolaire entre l’administration
        publique et les usagers. Synthèse partielle des résultats de la
        thèse : l’analyse des courriers (2007)
    L’auteur propose une analyse du discours des courriers administratifs
    français.

    Cours et exercices :

        Niveau 3
    Exercice 3 par Michel Ballabriga (2007)
    Classes et isotopies dans le genre de l’aphorisme.


    Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :

    Thouard, Denis
        Le partage des idées : Etudes sur la forme de la philosophie.
        Paris, Editions du CNRS, 2006.
    Entre le désir de science et la tentation de la littérature, la
    philosophie a exploré, des Lumières au romantisme, de multiples voies
    pour assurer sa communication. Réfléchissant sur les apories d’une
    pédagogie de la clarté autant que d’une réduction de la philosophie à
    l’écriture, l’ouvrage plaide pour un pluralisme des formes qui engage
    l’activité du lecteur. [Lire l'Introduction]


    SUPPLÉMENT :

    Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :

    - Les archives de la revue Marges linguistiques
    Archive de la revue électronique Marges Linguistiques (2001-2006).

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    {FR, 20/03/2007}

    LA NOTION DE SYSTEME CHEZ SAUSSURE

    De Nunzio La Fauci
        http://apolloniodiscolo.blogspot.com/

                "E pur si muove"
     
    Davantage que ceux d’autres novateurs, les mots-clés saussuriens,
    observés au grand jour d’une histoire désormais presque séculaire, ont
    un aspect bizarre et paradoxal. Sporadiquement bien compris, ils ont de
    temps en temps libéré la discipline de certaines de ses entraves
    ancestrales. Régulièrement mal compris, comme le note déjà Engler
    (Remarques sur Saussure, son système et sa terminologie, CFS 23, 1966),
    ils ont fini par revitaliser ces entraves, en le devenant eux-mêmes par
    contagion. «Synchronie», «diachronie», «langue», «parole» etc. sont des
    cas exemplaires de ces vicissitudes. Aucune surprise, d’ailleurs : la
    linguistique est une discipline for happy few (autrefois bien davantage
    qu’aujourd’hui, évidemment). À l’instar de Malraux, on sait bien
    toutefois quel genre de majorité se cache toujours dans toute minorité
    éclairée. Et la communauté scientifique des linguistes n’a jamais
    échappé à cette règle.

    Parmi les mots saussuriens, «système» a un relief spécial, du fait qu’il
    est le premier qui apparaît dans son oeuvre. "Mémoire sur le système
    primitif des voyelles dans les langues indo-européennes" est le titre
    marquant son début et la position de «système» n’aurait pas pu y être
    plus forte, ce qui fait exclure l’hypothèse d’un hasard. Au contraire,
    on n’exagère pas en affirmant que «système» est le premier mot articulé
    par le (très jeune) savant genevois, la première et, à vrai dire, la
    dernière fois qu’il ouvra sciemment la bouche, et que, donc, sa parole
    et son enseignement commencent et finissent par là. Et que par là
    commence et finit donc sa fortune, dans ce qu'elle a eu d'heureux ou de
    malheureux.

    Situation hors de l’ordinaire, que de confier sa destinée à un mot et
    dont Saussure était assez conscient, pour en fournir sans détour une
    justification : «Étudier les formes multiples sous lesquelles se
    manifeste ce qu’on appelle l’a indo-européen, tel est l’objet immédiat
    de cet opuscule : le reste des voyelles ne sera pris en considération
    qu’autant que les phénomènes relatifs à l’a ne fourniront l’occasion.
    Mais, si arrivés au bout du champ aussi circonscrit, le tableau du
    vocalisme indo-européen s’est modifié peu à peu sous nos yeux et que
    nous le voyons se grouper tout entier autour de l’a, prendre vis-à-vis
    de lui une attitude nouvelle, il est clair qu’en fait c’est le système
    des voyelles dans son ensemble qui sera entré dans le rayon de notre
    observation et dont le nom doit être inscrit à la première page»
    (Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues
    indo-européennes. Dans : Recueil des publications scientifiques de
    Ferdinand de Saussure, Genève : Sonor 1922, p. 3).

    Et si l’on considère ce passage en profondeur, on s’aperçoit que sa
    concision dicte à jamais et à part entière le programme théorique et la
    démarche méthodologique de la science du langage. On s’aperçoit surtout
    que, loin d’être statique et de désigner ontologiquement un nouvel objet
    supposé du monde linguistique (comme, par exemple, l’«indo-européen»,
    les «lois phonétiques», «l’analogie», les «sonantes», le «phonème», les
    «prototypes», la «structure syntagmatique» etc.), la notion de «système»
    vient qualifier dans son dynamisme une façon d’appréhender le processus
    continuel qui, d’après Wilhelm von Humboldt, est en même temps le
    ‘se-faire’ du langage et le ‘se-faire’ de la perspective scientifique
    rationnelle qui le concerne. Et il s’agit là du seul isomorphisme
    fonctionnel compatible avec l’attitude strictement expérimentale que le
    jeune Saussure destinait à sa discipline à venir, à laquelle pourtant
    dans la pure conscience et avec la spectaculaire prévoyance de sa pleine
    maturité il n’assignait pas un futur certain : «Faut-il dire notre
    pensée intime ? Il est à craindre que la vue exacte de ce qu’est la
    langue ne conduise à douter de l’avenir de la linguistique. Il y a
    disproportion, pour cette science, entre la somme d’opérations
    nécessaires pour saisir rationnellement l’objet, et l’importance de
    l’objet...» (Écrits de linguistique générale, S. Bouquet et R. Engler
    (éds). Paris : Gallimard, p. 87).

    Dans l’esprit de Saussure, la notion de «système» naissait donc en
    fonction d’une recherche que l’on ne pouvait et ne pourrait pas
    qualifier de diachronique ni de synchronique sans la défigurer.
    Toutefois, par réaction avec les dégénérescences ontologiques de
    «synchronie» et de «diachronie», malencontreusement très populaires,
    elle s’est rapidement métamorphosée en fétiche. De cette dérive, Roman
    Jakobson et les autres auteurs des «Thèses» pragoises eurent une
    conscience critique précoce et la précoce subtilité de comprendre que
    leur polémique ne visait pas Ferdinand de Saussure mais «l’école de
    Genève», dont Saussure n’a manifestement jamais fait partie :
    considération banale qui vaut aussi et généralement (on ne devrait
    jamais l’oublier) pour la linguistique, justement, post-saussurienne et
    pour ses fastes.

    «Système» dans sa valeur fonctionnelle, non-ontologique,
    ultra-holistique et sous sa dimension dynamique est donc le noyau
    générateur d’une linguistique expérimentale à faire redémarrer.

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    {FR, 25/03/2007}

    DERIVES DE L'ANONYMAT

    Sur le site de Laurent Bloch :
        http://www.laurentbloch.org/spip.php?article107

        Pour régler les questions de spam et de peer to peer :
            La signature électronique universelle

    par Nat Makarévitch et Laurent Bloch
    vendredi 16 mars 2007.

    Cet article a fait l’objet de discussions, et donc d’un article de
    réponse

    Les inventions les plus merveilleuses peuvent susciter des usages
    désastreux ; c’est le cas de l’Internet et d son application la plus
    populaire, le courrier électronique, aujourd’hui submergé de messages
    parasites, le « spam » qui emplit les boîtes aux lettres d’insanités.

    D’autres usages controversés menacent l’avenir du réseau : les échanges
    de morceaux de musique ou de film numérisés au moyen de logiciels poste
    à poste (peer to peer) représentent près de 80 % du volume échangé sur
    l’Internet, selon un grand constructeur d’équipements de réseau, et bien
    souvent ils ignorent les droits d’auteur attachés aux oeuvres
    enregistrées.

    Face à l’essor des échanges de fichiers incontrôlés, les détenteurs des
    droits sur les oeuvres, essentiellemen les majors de l’industrie du
    disque et de la vidéo, s’efforcent de mettre en place des mesures
    techniques d protection et de faire adopter des lois qui risquent de
    faire ressembler l’Internet à l’univers décrit par George Orwell.

    L’évolution de l’Internet est ainsi menacée par des conflits entre des
    intérêts qui semblent inconciliables. Pourtant une solution existe : la
    signature électronique, ou numérique.

    La signature numérique est un procédé qui garantit l’authenticité d’un
    document, donc l’identité de son auteur, ainsi que son intégrité donc le
    fait qu’il n’a pas été modifié. Techniquement elle se présente comme une
    suite de chiffres dont la combinaison avec le document signé est
    suffisamment complexe pour qu’il soit impossible de falsifier l’un ou
    l’autre de façon indétectable.

    La signature numérique est réalisée au moyen d’un certificat
    électronique, équivalent numérique de la cart d’identité. L’usage de ces
    techniques est-il compliqué ? Non : la Direction générale des impôts en
    a brillamment administré la preuve, lorsque cette année 5,7 millions de
    ménages ont rempli leur déclaration de revenus en ligne, par un procédé
    qui reposait entièrement sur les certificats et les signatures
    électroniques. Dans ce cas les certificats étaient émis par
    l’administration, mais il existe des autorités de certification privées
    et commerciales, ainsi que d’autres, associatives et gratuites : chacun
    peut s’affilier selon ses usages ou ses affinités.

    Comment la signature numérique pourrait-elle résoudre les problèmes liés
    au spam et au droit d’auteur ? Elle permettrait à l’internaute
    d’accepter le courrier d’origine identifiable et de rejeter le spam.

    Et pour l’échange de fichiers ? L’acheteur d’un morceau de musique sur
    le réseau signerait le fichier acheté, l’éditeur contre-signerait le
    fichier musical ainsi complété. Toute copie du fichier révélerait à
    l’éditeur l’identité de l’acheteur. Ainsi, l’acheteur pourrait l’envoyer
    à un ami, ce qui entre dans le cadre de la copie privée légitime, mais
    pas l’offrir au téléchargement public, ce qui enfreindrait le droit
    d’auteurs.

    Est-il scandaleux d’identifier les internautes ? Après tout, les
    voitures sur les routes sont immatriculées sans que personne n’en soit
    choqué. L’identification ne serait pas obligatoire, simplement il serait
    loisible à chacun d’accorder à un internaute identifié une confiance
    plus grande qu’à un anonyme.

    Certains anonymats ont leur raison d’être, mais l’authentification
    proposée ici ne les interdit pas : il serait d’ailleurs possible que des
    tiers identifiés se portent garants pour des anonymes légitimes, par
    exemple les sujets d’une dictature.

    Wikipédia et l’anonymat

    Mais le recours abusif à l’anonymat sur Internet n’a pas que les
    conséquences techniques et juridiques évoquées ci-dessus : il en résulte
    des problèmes plus substantiels, qui mettent en jeu la teneur même de
    documents publiés, comme le montre l’évolution de Wikipédia.

    L’encyclopédie en ligne Wikipédia est une source inestimable de savoir,
    avec 397 067 articles en français, plus de 5 millions dans 250 langues.
    Une étude indépendante a montré que dans bien des domaines, surtout
    scientifiques et techniques, la qualité des articles n’était pas
    significativement différente de celle de l'Encyclopedia Britannica.

    Wikipédia autorise l’anonymat des auteurs, qui peuvent contribuer à la
    rédaction sous un ou plusieurs pseudonymes ; ils peuvent aussi donner
    leur vrai nom, mais peu le font. Les divergences entre auteurs sont
    tranchées par des modérateurs souvent anonymes, élus sur la base de leur
    assiduité éditoriale, mais rien ne permet d’empêcher le bourrage des
    urnes ou les collusions manipulatrices. Ceci a conduit à des trucages
    surtout dans des domaines propices à la polémique entre opinions
    partisanes, comme l’histoire, la politique ou la culture.

    Larry Sanger, l’un des fondateurs de Wikipédia, est assez réservé sur
    son évolution ; il a lancé un nouveau projet et il écrit sur son site
        http://citizendium.org/essay_shorter.html
    «La communauté n’applique pas de façon effective et cohérente les règles
    qu’elle s’est données. En conséquence, les modérateurs comme les
    participants ordinaires sont en mesure de commettre impunément des abus
    qui engendrent un cycle sans fin d’autres abus.»

    Nat Makarévitch, contributeur français et co-auteur du présent article,
    donne sur son site
        http://www.makarevitch.org/rant/wikipedia.html
    un récit des censures auxquelles lui et d’autres ont été soumis, sans
    recours face à l’arbitraire en partie du fait de l’anonymat des
    modérateurs de Wikipédia.

    L’artiste et informaticien Jaron Lanier a publié sur le site
        http://www.edge.org/documents/archive/edge183.html
    un article intitulé «Maoïsme numérique : les dangers du nouveau
    collectivisme en ligne» ; dans sa réponse, l’éditeur du site n’a pas
    craint d’écrire : «Maintenant, une autre grande idée commence à faire
    son chemin, mais cette fois il est plus pénible pour certains d’y
    adhérer, ou même de l’envisager. Il ne s’agit de rien moins que de la
    migration de l’esprit individuel à l’intelligence collective. Je nomme
    cela "l’avènement de tout le monde", et cela représente, pour le
    meilleur et pour le pire, une modification fondamentale de la notion de
    notre identité. En d’autres termes, nous assistons à l’émergence d’un
    nouveau type de personne.»

    De telles idées ne sont pas nouvelles : Lénine les avait déjà formulées
    en toute clarté dans Que faire ? en 1902, avec les résultats que l’on
    sait. On a pu remarquer qu’avec ce texte Lénine était aussi un
    précurseur du taylorisme. Les nouveaux adeptes de l’effacement de
    l’individu derrière la collectivité rêvent-ils pour nous d’un tel avenir
    radieux ? Puisse la signature numérique contribuer à ce que l’Internet
    reste un lieu extraordinaire où chacun peut choisir de communiquer avec
    de vraies personnes, avec un nom.

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    {FR, 03/04/2007}

    MANIFESTATION DU COLLEGE INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE

    en coopération avec la Maison Heinrich Heine
    [NDLR : lieu de la manifestation, cf. indications sur le site suivant :]
        http://www.maison-heinrich-heine.org/index.htm
    Samedi 28 avril de 9h30 à 18h30

            Primo Levi et la rationalité après Auschwitz

    Primo Levi interroge, à partir de son témoignage, la possibilité même de
    la rationalité après Auschwitz. Ainsi, il lui est d’emblée possible de
    répondre aux positions qu’Adorno a développées depuis son fameux dictum
    et de poursuivre une réflexion, sous une forme souvent contradictoire,
    sur Améry et Celan. Avec pour point de départ Primo Levi, homme des
    Lumières après Auschwitz, ce colloque invite à débattre de la
    rationalité, de sa visée universaliste et de la communicabilité de
    l’expérience après le génocide des Juifs et les camps de concentration
    nazis. Les participants s’engageront sur les trois axes : culture et
    violence ; zone grise ; expression littéraire et poétique.

    De cette façon, vingt ans après sa disparition le 11 avril 1987, on
    contribuera à mettre en valeur la pensée de Primo Levi qui, bien au-delà
    de l’oecuménisme et de la normalité sous lesquels il est trop simplement
    rangé, n’a cessé de mettre à l’épreuve et d’expérimenter les principes
    et les catégories de la rationalité éclairée.

    9h30. Accueil et ouverture
    Philippe Mesnard (CIPh) : présentation de la problématique
    Président de séance : Philippe Mesnard

    9h45.    Yannis Thanassekos (Fondation Auschwitz, Bruxelles)
        Rationalité, compréhension et apories dans l’œuvre testimoniale
        de Primo Levi.

    10h30.    François Rastier (CNRS)
        Raisons scientifique, pratique et poétique – à partir de
        l’oeuvre et de l’action de Primo Levi.

    11h15. Pause

    11h30.    Régine Waintrater (Paris 7)
        De la rationalité à la rationalisation : la mélancolie dans
        l’écriture de Jean Améry.

    12h15.    Michel Deguy
        Poésie et témoignage après Auschwitz (titre provisoire)

    Discussion

    13h00. Repas sur place

    14h00. Reprise
    Président de séance : Alexandre Prstojevic (CRAL / INALCO)

    14.00.    Corinne Enaudeau (CIPh, CPGE - Paris)
        Zone grise et frontière intérieure (Levi et Arendt)

    14h45.    Elisabeth de Fontenay (Paris 1)
        L’écriture comme témoignage (Celan, Levi, Lyotard)

    15h30. Pause

    15h45.    Emmanuelle Danblon (ULB, Bruxelles)
        Est-il rationnel de ne pas vouloir comprendre ?

    16h30.    Andrea Allerkamp (Univ. Poitiers)
        Naufrage avec spectateurs. Discours d’Ulysse
        chez Levi et Adorno.

    17h15. Discussion générale et Synthèse

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    {FR, 27/03/2007}

    INTERNATIONAL CONFERENCE ON HUMANITAS

    Siamo lieti di comunicarLe che a Napoli dal 15 al 22 luglio prossimo si
    terrà un grande convegno internazionale sull’umanesimo nella sua
    realizzazione storica dal XIV al XVIII secolo, e sulla vitalità che
    tuttora le discipline umanistiche conservano.

    Al convegno interverranno oltre settanta relatori provenienti da ogni
    parte del mondo, studiosi di varia formazione uniti tutti da un comune e
    profondo interesse per gli studia humanitatis.

    Per saperne di più potrà consultare il sito:
        http://www.conventushumanitas.eu

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    {FR, 20/02/2007}

    COLLOQUE INTERNATIONAL

            Coseriu : réceptions contemporaines,
        sémantique, linguistique du texte, philosophie du langage

    Aix-en-Provence, 17-18-19 septembre 2007
    http://cosaix2007.googlepages.com

    L'oeuvre d'Eugenio Coseriu (1921-2002) est restée relativement méconnue
    en France —notamment pour des raisons linguistiques, l'essentiel de son
    oeuvre ayant été rédigé en allemand et en espagnol. La réédition récente
    de textes importants et de nouvelles traductions françaises invite à
    (re)prendre la mesure d'une entreprise majeure de la linguistique
    européenne de la seconde moitié du XX siècle. Ce colloque ambitionne
    ainsi de revenir sur les apports du linguiste et de témoigner des
    prolongements et échos que ses propositions rencontrent aujourd'hui.
    Sans exclure les domaines de la typologie linguistique et de la
    grammaire, on donnera priorité aux propositions investissant les
    domaines de la sémantique lexicale, de la linguistique du texte et de la
    philosophie du langage.

    Axe 1. Les communications pourraient interroger la sémantique
    structurale que Coseriu a élaborée à partir des années 60 : synthèse
    linguistique de l'épistémè différentielle saussurienne, des propositions
    de l'entre-deux-guerres sur les champs conceptuels (L. Weisgerber,
    J. Trier), et des perspectives onomasiologique et sémasiologique, la
    lexématique a fait l'objet d'un développement permanent, étendant son
    objet du système aux normes et progressant ainsi vers une sémantique de
    la parole. Les interventions traiteront par exemple,

    * des relations de la lexématique aux autres modèles de sémantiques
      structurales ;
    * des relations entre la lexématique et les sémantiques cognitives (avec
      par exemple des études comparatives des modèles sur un même objet) ;
    * d'une reprise possible des fondamentaux de la lexématique dans la
      perspective d'une sémantique des textes (ou de la parole) ;
    * des modèles couplant la lexématique avec la conception énergétique qui
      sous-tend la linguistique cosérienne.

    Axe 2. Alors que l'objet texte occupe aujourd'hui une place à part au
    sein des sciences du langage, la linguistique du texte définie par
    Coseriu (1955) sera d'emblée conçue comme une part nécessaire car
    intégrante d'une linguistique de l'activité de parler. Elle complète
    ainsi au plan individuel une linguistique des langues historiques qui
    détermine à son tour une linguistique de la parole en général. Mais si
    cette originalité mérite d'être reconsidérée c'est surtout que les deux
    linguistiques du texte reconnues par Coseriu —une linguistique du sens,
    considérée comme prioritaire, et une grammaire transphrastique, qui
    élargit l'analyse traditionnelle au palier textuel— ont connu un
    développement séparé qui aura surtout profité à la seconde. À cet égard,
    la réflexion pourrait chercher à éclairer :

    * comment la linguistique du discours se positionne aujourd'hui dans un
      tel cadre épistémologique ;
    * les résonances de la linguistique du sens cosérienne dans les travaux
      actuels de sémantique des textes ;
    * de quelle manière la conception cosérienne pose les questions du sens
      et de l'interprétation à la description linguistique ;
    * les rapports de cette linguistique du texte à la stylistique,
      l'herméneutique philologique ou la traductologie ;

    Axe 3. Les cours sur la philosophie du langage sont enseignés par un
    linguiste qui refuse tout cloisonnement entre la science et la
    philosophie. Dans l'oeuvre, la référence à Humboldt apparaît également
    symptomatique d'une réflexion qui lie questionnement philosophique et
    formulation des problèmes linguistiques. Dans cet esprit, si
    l'entreprise historiographique de Coseriu offre en soi un objet d'étude
    légitime, il est souhaité que les interventions problématisent surtout
    ce que, dans leurs principes mêmes, les domaines mentionnés et les
    thèses cosériennes en général, doivent à la philosophie du langage.

    Conférenciers invités :
    J. Albrecht (Université d'Heidelberg, Allemagne)
    J.-P. Durafour (Université de Tübingen, Allemagne)
    J. Kabatek (Université de Tübingen, Allemagne)
    O. Loureda (Université de La Corogne, Espagne)
    F. Rastier (CNRS, Paris)

    Comité d'initiative :
    Christophe Gérard, Régis Missire

    Comité d'organisation :
    Marie-Christine Hazaël-Massieux (Aix-Marseille), Sybille Kriegel (Aix-
    Marseille), Christophe Gérard (Aix-Marseille), Régis Missire (Toulouse).

    Comité scientifique :
    Michel Ballabriga (Toulouse), Jean-Pierre Durafour
    (Strasbourg/Tübingen), M.-C. Hazaël-Massieux, Johannes Kabatek
    (Tübingen), Barbara Kaltz (Aix-Marseille), François Rastier (Paris).

    Durée des communications : 30 mn maximum.
    Langues de travail : Français, Anglais.

    Lieu : Salle des professeurs, Faculté de Lettres et sciences humaines
    Limite d'envoi des propositions : au plus tard le 15 AVRIL 2007

    Les propositions de communication (titre et résumé de 2000 signes
    maximum, bibliographie comprise) sont à envoyer à
        cosaix2007@gmail.com
    Réponse sera donnée avant le 15 mai 2007.

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    {Ablali, 23/02/2007}

    COLLOQUE INTERNATIONAL

        "Linguistique et littérature : Cluny, 40 ans après"

    Colloque international, 5-7 novembre 2007, Université de Franche-Comté,
    Besançon.

    Les années soixante et soixante-dix ont donné un nouveau souffle aux
    collaborations entre linguistes et littéraires loin des multiples
    cloisonnements du champ du savoir. Pourtant il reste encore aujourd’hui
    des résistances à la conjonction de la linguistique et de la
    littérature, surtout en France, où elles sont encore loin l’une de
    l’autre dans les découpages classiques au sein de l’institution
    académique. Cette disjonction a son histoire. En intitulant ce colloque,
    « Cluny, 40 ans après : linguistique et littérature », nous avons voulu
    faire écho à celui de 1968, qui avait joué un rôle important dans la
    promotion des premières alliances entre les deux disciplines.
    [...]

    Les propositions de communication devront être adressées par voie
    électronique à Driss Ablali (driss.ablali@univ-fcomte.fr) avant le 30
    mai 2007.

    Contacts colloque : Driss Ablali & Margareta Kastberg
    Par téléphone :    0381665477/78
    Par mail :    driss.ablali@univ-fcomte.fr,
            margareta.kastberg@univ-fcomte.fr
    Site :        http://laseldi.univ-fcomte.fr

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    {FR, 20/02/2007}

    LES NOUVELLES JOURNEES DE L'ERLA No. 8

            Aspects linguistiques du texte poétique

    16-17 novembre 2007
    Université de Bretagne Occidentale, Brest

    [scroll down for English version]

    Première annonce et appel à communications

    L’ERLA (Equipe de Recherche en Linguistique Appliquée) sollicite des
    propositions de communications pour Les Nouvelles Journées de l’ERLA No.
    8, qui auront lieu à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest), les
    16 et 17 novembre 2007. Le thème du colloque est «Aspects linguistiques
    du texte poétique». Nous accueillerons des propositions qui traitent,
    dans une perspective linguistique (syntaxe, sémantique, prosodie,
    pragmatique ...), le texte poétique. Par "texte poétique" nous entendons
    des textes qui correspondent formellement à la poésie, et les textes qui
    peuvent y être assimilés, comme le poème en prose. Les textes poétiques
    étudiés peuvent être de toute langue ; toutes les approches théoriques
    et écoles de pensées sont les bienvenues.

    Les langues officielles du colloque sont le français (de préférence) et
    l’anglais. Les propositions (résumés de 250 mots maximum) sont à
    adresser avant le 31 mai 2007 à David Banks, Faculté des Lettres et
    Sciences Sociales, Université de Bretagne Occidentale, 20 rue Duquesne,
    CS 93837, 29238 Brest, Cedex 3.
        David.Banks@univ-brest.fr
    Les communications : en français (de préférence) ou en anglais, seront
    d'une durée de 25 minutes, suivies de 10 minutes de discussion.

    Les frais d'inscription seront de l'ordre de 25 euros, repas de midi le
    vendredi inclus.

    Comité d'organisation : David Banks, Irina Lord, Ghislaine Lozachmeur.

    Renseignements : David Banks, Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
    Université de Bretagne Occidentale, 20 rue Duquesne, .CS 93837, 29238
    Brest, Cedex 3.
        David.Banks@univ-brest.fr
                _________________________

    NEW ERLA STUDY DAYS No 8

            Linguistic aspects of poetic texts

    16-17 November 2007
    Université de Bretagne Occidentale, Brest

    Call for papers

    L'ERLA (Equipe de Recherche en Linguistique Appliquée) would welcome
    proposals for presentations at the New ERLA Study Days No. 8, to be held
    at the Université de Bretagne Occidentale, Brest, France, 16-17 November
    2007. The theme of the colloquium is "Linguistic aspects of poetic
    texts". We are interested in proposals which deal with poetic texts from
    a linguistic point of view (syntax, semantics, prosody, pragmatics,
    etc.). By "poetic texts" we mean texts that correspond to poetry in the
    formal sense, and texts that can be assimilated to them, such as prose
    poems. No languages are excluded; all theoretical approaches and schools
    of thought are welcome.

    Proposals (abstracts of 250 words maximum) should be sent before 31 May
    2007 to
            David Banks
            Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
            Université de Bretagne Occidentale
            20 rue Duquesne
            CS 93837
            29238 Brest Cedex 3
            France
        David Banks@univ-brest.fr
    Presentations, in French (preferred) or in English, will last 25 minutes,
    followed by 10 minutes discussion.

    The registration fee will be of the order of 25 euros, including Friday
    lunch.

    Organizing committee: David Banks, Irina Lord, Ghislaine Lozachmeur.

    Information : David Banks
        David.Banks@univ-brest.fr   
    Faculté des Lettres et Sciences Sociales, Université de Bretagne
    Occidentale, 20 rue Duquesne, .CS 93837, 29238 Brest, Cedex 3, France.
    Tél : +33 (0)2 98 48 20 13

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    {Mayaffre, 08/02/2007 et 03/04/2007}

            Le discours de campagne

    6èmes journées de la Société d’Etude des Langages du Politique (SELP)
    Nice — 29 et 30 novembre 2007

    Avec le concours de la Maison des Sciences de l’Homme de Nice, l’UMR
    6039, Bases, Corpus et Langage, et la Maison des Langues de Nice.

    Comité scientifique : Jean-Michel Adam, Ruth Amossy, Juana-Marin Arrese,
    Paul Bacot, Sergio Bolasco, Patrick Charaudeau, Paul Chilton, Pierre
    Fiala, Jean-Paul Honoré, Christian Le bart, Michael Parsons, Christian
    Plantin, André Salem.

    Comité permanent d’organisation : Denis Barbet, Damon Mayaffre, Laurent
    Rouveyrol. Contact :  bureauselp@voila.fr.

    * Appel à contribution (extrait)

    Est-il un moment plus sensible que le temps des campagnes électorales où
    logos et cratos se confondent ?

    Sans négliger la dimension lexicale, thématique et factuelle des
    discours étudiés, qui reliera la réflexion à l’actualité de nos
    démocraties ou à leur l’histoire, les journées insisteront aussi sur la
    rhétorique, la stylistique, la poétique des discours de campagne, et sur
    l’ensemble des caractéristiques linguistiques du phénomène discursif
    observé.

    * Modalités
    Les journées se tiendront sur deux jours avec des demi-journées ou
    sessions spécifiques consacrées au dit, au dire, aux méthodes de
    traitement.
    Les communications porteront sur l'analyse de textes relevant du genre
    ciblé. Les discours de campagne à l'étude pourront être empruntés à
    divers pays de façon à apporter un éclairage croisé voire comparatiste.
    Les communications de 20 minutes se feront en français ou en anglais.

    Soumissions : format et calendrier
    Les soumissions ne dépasseront pas 3 pages ou 5000 signes. L’auteur y
    exposera son corpus, sa méthode et ses problématiques. Il fera
    apparaître l’organisation de sa communication (plan précis ou
    structuration provisoire) et ses références bibliographiques.
    Les soumissions devront être adressées avant le 15 juin 2007 au bureau
    de la Société d’Etude des Langages du Politique (bureauselp@voila.fr).
    Une réponse sera apportée aux auteurs avant le 30 juillet.

    Frais d’inscription : 15 euros (donnant droit aux repas durant la durée
    de la manifestation).

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    {MV, 26/03/2007}

    APPEL A COMMUNICATIONS

        Lexicographie et informatique : bilan et perspectives

    Colloque international à l’occasion du 50e anniversaire du lancement du
    projet du Trésor de la Langue Française

    Dates : 23-25 janvier 2008
    Lieu : Nancy, Campus Lettres et Sciences Humaines
    Organisation : laboratoire ATILF-CNRS

    [...] L’originalité majeure du Trésor de la Langue Française [...] aura
    été de se fonder, entre autres sources, sur l’indexation informatique
    d’un riche corpus de textes écrits entre 1789 et 1960.
    Depuis, la lexicographie n’a cessé de recourir à l’informatique.

    Le texte complet de l'appel avec le détail des modalités de soumission
    est disponible sur le site de l'ATILF :
        http://www.atilf.fr/

    Calendrier : 1er  septembre 2007 : date limite de l’envoi des
    propositions de communication à tlf07-csn@atilf.fr
    Contact : tlf07-co@atilf.fr

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  • SdT vol.13 n.2
  • SdT vol.13 n.3
    Résumé: 2007_07_11
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 13, numero 3.


                            LES CITATIONS DU MOIS
                ________________________________________________

                La procrastination est moralement répréhensible,
                et moi le savons bien :
                "Car si un homme s'autorise un meurtre, il en
                viendra très bientôt à accorder peu d'importance
                au vol ; et du vol il passera à la boisson et au
                non-respect du sabbat et, de là, à l'incivilité
                et à la procrastination."
                    Thomas de Quincey

                Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ;
                mais Savoir laisse notre faible organisation
                dans un perpétuel état de calme.
                    Balzac, La peau de chagrin

                We find the fun, and snap ! The job's a game !
                    Mary Poppins

                En apprenant à lire, nous apprenons aussi quels
                sont ces objets que les mots désignent, et notre
                expérience des sentiments et des idées ne serait
                sans doute pas telle si des écrivains ne leur
                avaient ouvert l'espace de nos imaginations.
                    Eric Chevillard

                On peut pratiquer objectivement, c'est-à-dire
                impartialement, une recherche dont l'objet ne
                peut être conçu et construit sans rapport à une
                qualification positive et négative, dont l'objet
                n'est donc pas tant un fait qu'une valeur.
                    Canguilhem,
                    Le normal et le pathologique, p. 157
                ________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Coordonnees
        - Bienvenue a Josiane BARUTON, Sarra EL AYARI, Leda MANSOUR,
          Christiane SANTARELLI, et Frederic TORTERAT.

    2- Carnet
        - L'Institut Ferdinand de Saussure et son site
        - Projet : Hermeneutique et methode : entre logique et
          philologie
        - L'observatoire du plurilinguisme

    3- Textes electroniques
        - Le CNRTL

    4- Publications
        - Marie-Anne CHABIN : Archiver, et apres ?
        - Alexandra SAEMMER : Matieres textuelles sur support numerique
        - Nicolas TROUBETZKOY : Correspondance avec Roman Jakobson et
          autres ecrits - trad. Patrick SERIOT
        - Texto! : nouveautes de la derniere edition (avril 2007)

    5- Textes
        - Carine DUTEIL : Semiotique des cultures

    6- Appels et annonces
        - 9es Journees internationales d'analyse statistique des
          donnees textuelles (JADT), Lyon, 12-14 mars 2008.
           
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [informations réservées aux abonnés]

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    {FR, 13/06/2007}

    L'INSTITUT FERDINAND DE SAUSSURE ET SON SITE

    L´Institut Ferdinand de Saussure
    Organisme scientifique et culturel
    fondé en 1998

    Présidence d´honneur :
    MM. Rudolf Engler +, Claude Lévi-Strauss, Jean Starobinski.
    .
        http://www.institut-saussure.org/

    * Ferdinand de Saussure

    Ferdinand de Saussure, linguiste suisse (1857-1913), d´abord distingué
    pour ses travaux sur les langues indo-européennes, est reconnu de
    longue date comme fondateur de la linguistique moderne et comme
    initiateur du structuralisme.

    La pensée de Saussure exerce ainsi depuis un siècle une influence
    considérable sur de nombreuses disciplines, des sciences du langage à
    l´anthropologie, jusqu´aux études littéraires et la philosophie.

    Paradoxalement cependant, les idées de Saussure n´ont pour l´essentiel
    été diffusées que dans un ouvrage posthume rédigé par des collègues, le
    Cours de linguistique générale (1916).

    Après la publication partielle de manuscrits et de notes d´étudiants,
    la découverte en 1996 de nouveaux manuscrits d´une grande portée a
    engagé une relecture et une réédition de l´ensemble du corpus
    saussurien, et favorisé l´essor international des divers courants de
    recherche qui concrétisent le saussurisme d´aujourd´hui.

    C´est dans ce contexte de renouvellement que l´IFS a été créé en 1998
    pour promouvoir les recherches saussuriennes en linguistique et dans
    l´ensemble des sciences de la culture.


    * Objectifs et programmes de l´Institut

    1. Archives Ferdinand de Saussure

    Les écrits de Saussure n´étant pas encore accessibles dans leur
    totalité, il importe d´établir et de publier ces textes : l´Institut
    s´est donc engagé dans un programme éditorial.

    2. Programme Sémantique des textes

    En complément nécessaire des théories de la langue, la linguistique
    textuelle, en particulier dans ses développements sémantiques, met en
    oeuvre ce que Saussure appelait la linguistique de la parole.

    Aussi l´Institut entend-il favoriser le renouvellement des sciences du
    langage par des programmes de recherche sur les textes, les genres et
    les discours.

    3. Programme Sciences de la culture

    Comme les idées de Ferdinand de Saussure intéressent l´ensemble des
    sciences de la culture, l´Institut anime un programme de recherche sur
    leur épistémologie.

    Enfin, l´Institut compte parmi ses missions la défense et
    l´illustration du plurilinguisme comme de la diversité culturelle.


    * Principales activités

    1. Manifestations scientifiques

    L´Institut organise des rencontres, journées d´études, écoles d´été,
    colloques internationaux, notamment :
    - Sciences de la culture et sciences cognitives (Genève-Archamps, juin
      1999).
    - Saussure après un siècle (Genève-Archamps, juin 2001).
    - L´Institut a participé au colloque international Les Révolutions
      saussuriennes (Genève, 19-22 juin 2007).
    [Les programmes sont consultables sur le site de l´Institut]

    2. Programmes de publications

    a) Archives Ferdinand de Saussure
    Écrits de linguistique générale, Paris, Gallimard 2002.
    Saussure, Paris, L´Herne, 2003 (éd. Simon Bouquet).
    Leçons de linguistique générale, Paris, Gallimard.

    b) Sémantique des textes
    François Rastier, Arts et sciences du texte, Paris, PUF, 2001.
    Simon Bouquet, (éd.) Les genres de la parole, Langages, 153, 2004.

    c) Sciences de la culture
    Une introduction aux sciences de la culture, Paris, PUF, 2002.
    Corpus en lettres et sciences sociales, Albi, CALS, 2007.

    [Références bibliographiques complètes sur le site de l´Institut]

    3. Texto! La revue électronique de l´Institut

    L´Institut publie également une revue électronique, Texto ! Textes et
    cultures http://www.revue-texto.net. Elle a dépassé en 2006 le
    demi-million de visiteurs.

    Une revue scientifique et culturelle. - Texto! publie quatre numéros
    par an. La revue est référencée par le Directory of Open Access
    Journals et participe au mouvement Open Content. ISSN 1773-0120.

    Une revue internationale. - Si les études en français dominent, Texto!
    publie aussi des articles en anglais, allemand, espagnol, arabe. Les
    lecteurs résidant en France comptent pour un tiers du total, les autres
    proviennent de plus de cent vingt pays. Visites : 188.000 pour 2004,
    326.512 pour 2005, 502.000 pour 2006.

    Une revue indépendante. - Texto! est animée par un réseau international
    de chercheurs. La revue bénéficie d'un support matériel de la Maison
    des Sciences de l'Homme et de la société Sémiopôle.


    * L´institut Ferdinand de Saussure

        Comité scientifique :
    Michel Ballabriga, Université de Toulouse.
    Enrique Ballón-Aguirre, Université de l´Arizona.
    Andrei Botchkarev, Université de Nijni-Novgorod.
    Jean-Paul Bronckart, Université de Genève.
    Yong-ho Choi, Université Hankuk des langues étrangères, Séoul.
    Jonathan Culler, Université Cornell.
    Jacques Geninasca, Université de Zurich.
    Ludwig Jäger, Université d'Aix-la-Chapelle.
    Kazuhiro Matsuzawa, Université de Nagoya.
    Paul Perron, Université of Toronto.
    Carol Sanders, Université du Surrey.
    Arild Utaker, Université de Bergen.

    Président de la section française : François Rastier
    Président de la section suisse : Simon Bouquet

        Coordonnées :

    - Siège social de l´IFS :
    Maison des Sciences de l´Homme
    54 boulevard Raspail, 75006 PARIS. FRANCE

    - Site internet accessible à l´adresse :
    http://www.institut-saussure.org/

    - Adresse courriel :
    institut-saussure@cur-archamps.fr

    - Revue électronique Texto!
    http://www.revue-texto.net/

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    {FR, 12/06/2007}

    PROJET SCIENTIFIQUE

        Herméneutique et méthode : entre logique et philologie

    (CNRS Lille/München)
    Seminar für Geistesgeschichte und Philosophie der Renaissance
    Postadresse : Ludwigstr. 31/I, 80539 München
    Projektleiter

    Prof. Dr. Denis Thouard
        http://stl.recherche.univ-lille3.fr/
            sitespersonnels/thouard/accueilthouard.html

    Ce projet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur le statut des
    sciences de la culture qui entend déplacer l'opposition entre les
    sciences sociales et les humanités. Il s'agit d'interroger les
    conditions générales de la théorie de l'interprétation afin de mieux
    penser la spécificité des sciences de la culture, et notamment leur
    méthode. Le défi qu'ont à relever de telles sciences est de parvenir à
    constituer une objectivité sans pour autant se dissoudre dans un
    objectivisme qui n'aurait plus que les dehors de la science et serait
    incapable d'honorer la complexité des phénomènes culturels, sociaux et
    historiques. De l'autre côté, il ne leur faut pas renoncer à une visée
    de connaissance et d'explication, en déclarant le domaine de la culture
    irréductible à la connaissance.

    Depuis une dizaine d'années, on assiste, principalement en Allemagne, à
    un renouvellement important de l'historiographie de l'herméneutique qui
    met en lumière les apports méthodologiques de l'herméneutique générale
    de l'Âge classique (L. Danneberg, A. Bühler, W. Alexander, O. R. Scholz,
    J. Schönert et alii). Dans ses premières formulations explicites en
    effet, l'herméneutique est une partie de la logique et vise donc à une
    connaissance. Par ailleurs, l'herméneutique hérite de la tradition
    exégétique, qui vise à extraire la signification pour un usage déterminé
    d'un texte reconnu comme canonique, que ce soit dans le domaine
    juridique, théologique ou littéraire. Ainsi deux inspirations, logique
    et philologique, ont nourri la réflexion sur l'interprétation,
    développant deux modèles critiques différenciés propres à la modernité.

    Dans la première modernité des XVe-XVIe siècles (Frühe Neuzeit), de
    Lorenzo Valla à Erasme, c'est un modèle philologique qui aboutit à
    l'émergence d'un esprit critique : la promotion du jugement singulier
    sur la tradition marque ainsi l'émergence de la conscience historique.
    La raison critique issue de la philologie, qui inspire encore les
    oeuvres de Spinoza, Le Clerc ou Bayle, par son attention portée à la
    singularité historique, se distingue de la rationalité géométrique et
    logique de la modernité scientifique de Galilée et Descartes, qui écarte
    toute tradition textuelle de son interprétation de la nature au profit
    de la géométrisation. L'herméneutique générale (hermeneutica generalis),
    qui s'inscrit dans la perspective des traités de la méthode qui
    fleurissent à partir du XVIe siècle, a proposé un modèle d'analyse des
    discours conçus comme les pensées sur le mode de la genèse : elle
    envisage l'ensemble des manifestations sensées comme une logique ou
    sémiotique inversée (de J. Clauberg à G. F. Meier). Revenir sur la
    dualité de ces modèles herméneutiques ainsi que sur leur portée critique
    me paraît être une condition pour repenser le projet de "sciences de la
    culture" dans son exigence de produire une connaissance d'un objet
    singulier. A certains égards, on pourra suggérer comment la première
    modernité philologique a pu fournir des instruments intellectuels à la
    modernité scientifique, qui restent présents pour un Galilée, un Bacon
    ou un Newton. Si l'enjeu des sciences de la culture est bien la
    production d'un savoir et d'une argumentation sur le particulier, il est
    de première importance de revenir sur les tentatives méthodologiques de
    la première modernité en ce qu'elles ont tenté, avant la séparation
    ultérieure des domaines de la science et de l'histoire, de rendre
    intelligible et discutable les traditions.

    Comprendre l'essor de la raison critique suppose donc d'envisager, à
    côté de la raison scientifique galiléenne, la philologie et sa remise en
    question des savoirs traditionnels. Le conflit d'interprétation devient,
    avec la première modernité et singulièrement avec l'éclatement
    confessionnel issu de la Réforme, le milieu d'exercice de la raison. La
    diversification des savoirs est ainsi solidaire d'une pluralisation de
    l'autorité. C'est pour faire apparaître cette dimension que je conduirai
    l'investigation jusqu'à l'accomplissement d'un projet explicitement
    critique avec Kant (qui cherche à penser la révolution newtonienne, mais
    en empruntant le motif critique à la philologie).

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    {FR, 12/06/2007}

    L'OBSERVATOIRE DU PLURILINGUISME

    Extrait de la Lettre d'information N°5 (mai 2007)
        http://www.observatoireplurilinguisme.eu/

    1) Soutenir la Charte
    2) Les dernières mises à jour du site
    3) Agenda
    4) Le jugement de Nanterre
    5) L'économie des séjours linguistiques

    1) La Charte européenne du plurilinguisme

    Le plurilinguisme est lié étroitement à une conception culturelle de
    l'Europe. La diversité culturelle et l'échange interculturel sont à la
    base de l'identité de l'Europe et la source de sa créativité et de sa
    renaissance. C'est cela, l'esprit de la Charte. Adhérer à la Charte,
    c'est la signer. La Charte est un document de référence pour les
    politiques linguistiques européennes. Mais elle est aussi un acte
    citoyen dans la perspective des 2èmes Assises européennes du
    plurilinguisme de 2008. Rendez-vous donc sur le site : prenez-en
    connaissance et si vous êtes d'accord, cliquez sur le menu "Signer la
    Charte en ligne" et suivez les instructions. [...]
    Nous en profitons pour remercier chaleureusement les nombreuses
    personnes qui ont signé la Charte, en ligne ou par courrier postal.
    [...]
    3) Agenda
    [...]
    Colloque Entreprise, cultures nationales, mondialisation : 6-7 décembre
    2007, Nantes, date de remise des intentions de communication : 30 juin.
    Pour en savoir plus :
        http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
            index.php?option=com_content&task=view&id=722&Itemid=48
    [...]
    4) Le jugement de Nanterre

    Nous saluons le jugement du tribunal de Nanterre qui a condamné la
    société Europe Assistance à mettre à la disposition de ses personnels
    des logiciels comptables et de gestion en français.

    Il s'agit, après le jugement dans l'affaire Gems de mars 2006, d'une
    nouvelle condamnation exemplaire, d'un comportement qui ne répond à
    aucune rationalité économique et même expose les entreprises qui s'y
    livrent à des coûts cachés et une perte d'efficacité économique.

    Au niveau européen, il faut faire respecter le droit à la langue
    nationale au travail.

    5) L'économie des séjours linguistiques

    Le développement des séjours linguistiques dans les différents pays
    européens est un moyen essentiel pour favoriser un authentique
    plurilinguisme européen. Lire le communiqué de l'UNOSEL (Union Nationale
    des Organismes de Séjours Linguistiques et des Ecoles de Langues) :
        http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
            index.php?option=com_content&task=view&id=697&Itemid=26

    Quelques informations sur l'économie des séjours linguistiques permet de
    souligner l'importance des enjeux.

    Aujourd'hui, 88 % des séjours linguistiques sont dirigés vers des pays
    anglophones (Royaume Uni, Etats-Unis et Canada). Cette situation est en
    opposition avec l'état du monde.

    Sur 6,6 milliards d'habitants sur terre, l'aire anglophone représente
    environ 600 millions de locuteurs, le mandarin 1,3 milliards, l'espagnol
    400 millions, l'arabe 200 millions, le portugais 200 millions, le
    français 180 millions et l'allemand 125 millions.

    La répartition des séjours linguistiques peut se comparer à celle
    d'Internet il y a dix ans. 80 % des internautes étaient anglophones en
    1996. Ce chiffre est passé à 49 % en 2000 et 27 % en 2005 (d'après
    Global Reach). De 2000 à 2005, le nombre d'internautes a été multiplié
    par 2,8.

    Depuis 1984, l'objectif officiel de l'Union européenne est que tous les
    jeunes atteignent la maitrise de 2 langues étrangères. La réalisation de
    cet objectif devrait logiquement conduire à faire passer la part de
    l'aire anglophone dans la répartition des séjours linguistiques
    au-dessous de 50 %.

    Par ailleurs, l'hyperconcentration des séjours linguistiques sur l'aire
    anglophone fait clairement apparaitre qu'il s'agit présentement d'une
    industrie dans laquelle les enjeux culturels sont soit absents,
    l'attrait culturel de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis étant loin
    d'être le motif principal du choix des familles, soit au contraire
    omniprésent, dès lors qu'à travers la langue on impose des modèles
    culturels.

    Le rapport Grin
        http://plurilinguisme.europe-avenir.com/
            images/International/hceerapport_grin.pdf
    a montré que la seule Grande-Bretagne tirait des séjours linguistiques
    et des stages de langues organisés en Grande-Bretagne un bénéfice
    commercial d'environ 18 milliards d'euros, soit 18 fois le budget de
    traduction et d'interprétation de l'ensemble des institutions
    communautaires.

    En termes de choix d'opportunité, nous disons aux familles que
    l'hyperconcentration sur l'offre anglophone est un mauvais service à
    rendre aux enfants. Sans contester en aucune façon l'utilité d'une
    maitrise suffisante de l'anglais, compte tenu de la banalisation
    actuelle de l'anglais, le facteur de différenciation sur le marché du
    travail est aujourd'hui la maitrise d'une seconde langue, voire d'une
    troisième langue. La compétence linguistique et interculturelle est une
    compétence rare et pleine d'avenir.

    A signaler que la revue Langues Modernes a consacré son 1er numéro de
    l'année 2007 au thème : "Séjours et échanges". Pour en savoir plus :
        http://www.aplv-languesmodernes.org/article.php3?id_article=42

    333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
    333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
    {MV, 06 et 10/07/2007}

    RESSOURCES LINGUISTIQUES

    Le CNRTL (Centre National de Recherche Textuelles et Lexicales,
    http://www.cnrtl.fr/) a pour objectif le recensement, la documentation,
    la normalisation, l'archivage, l'enrichissement et la diffusion de
    ressources variées. La pérennité du service et des données est garantie
    par l'adossement à l'UMR ATILF (CNRS - Nancy Université), le soutien du
    CNRS ainsi que l'intégration au réseau européen CLARIN
    (http://www.mpi.nl/clarin/).

    Le CNRTL est théoriquement consacré aux ressources et aux outils
    destinés à des recherches en TAL, en ingénierie linguistique ou en
    linguistique de corpus (par exemple l'analyseur flexionnel Flemm, le
    lexique Morphalou issu de la nomenclature du Trésor de la Langue
    Française, normalisé et disponible au format XML). Mais il attirera un
    public plus large grâce à plusieurs offres conviviales, consultables en
    ligne sans qu'il soit nécessaire d'être un expert en manipulation de
    données numérisées.

    Outre une collection de dictionnaires variés interrogeables en ligne
    (dictionnaires anciens, dictionnaires de l'Académie, etc.), on attirera
    l'attention sur le Portail lexical : un ensemble de données
    lexicographiques d'origine diverses (Trésor de la Langue Française de
    l'ATILF, Dictionnaire de synonymes du CRISCO, concordances issues de
    Frantext, etc.) rassemblées dans une interface unique de façon à
    permettre une navigation agréable et pratique. L'ambition grand public
    du Portail lexical ne fait pas de doute (il est possible d'installer
    une barre d'outils dédiée dans le navigateur Firefox) ; ce portail
    semble d'ailleurs destiné à se substituer au TLFi
    (http://atilf.atilf.fr/tlf.htm) qui, en dépit d'une interface
    vieillissante, propose davantage de possibilités d'interrogation.

    L'offre en matière de corpus textuelle est, en revanche, encore
    modeste, comparée à d'autres initiatives (par exemple, Wikisource :
    http://fr.wikisource.org/). Elle est pour l'heure composée du corpus
    DEDE (articles du Monde annotés morphosyntaxiquement suivant le schéma
    d'annotation Multext) et de l'ensemble des textes libres de droits de
    la base textuelle Frantext. Cet ensemble disparate est curieusement
    nommé "Corpus Frantext", comme si le seul fait d'être libre de droits
    lui assurait une cohésion philologique et lui allouait le statut de
    corpus. Or, dans le contexte actuel, où de nombreux laboratoires ont la
    possibilité de mettre en ligne à peu de frais plusieurs gigaoctets de
    données textuelles de qualité variable, il conviendrait que le CNRTL,
    pour se distinguer, puisse faire argument de l'excellence linguistique
    de son offre. Autrement dit, aux objectifs quantitatifs aujourd'hui
    atteignables sans mérite, il est utile d'adjoindre des objectifs de
    qualité. Le CNRTL pourrait être le lieu de leur définition.

    Cette perspective ne serait d'ailleurs pas en contradiction avec les
    ambitions affichées (normalisation, maintenance et pérennisation),
    toutefois, on peut se demander s'il est possible de concilier l'offre
    TAL et ingénierique -légitime dans ce contexte mais encore
    sous-représentée- et une offre grand public ergonomiquement soignée et
    attractive, mais qui nécessite vraisemblablement davantage que de la
    maintenance.

    Cela dit, quelle que soit la direction qui sera finalement choisie, le
    CNRTL constitue une initiative heureuse et opportune. Il mérite d'être
    signalé et de rejoindre les signets de nos navigateurs.

                        Mathieu Valette

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    Publications Publications Publications Publications Publications
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    {Chabin, 11/05/2007}

    VIENT DE PARAÎTRE

    Marie-Anne CHABIN - Archiver, et après ?
    Paris : Djakarta Editions, 2007
    159 pages - ISBN 978-2-9528828-0-4

    Tout le monde parle d'archivage.
    Mais que faut-il archiver et pour quoi faire ?
    Qui paie et qui en profite ?
    Quelles responsabilités pour ceux qui archivent et ceux qui conservent ?
    Quel impact du numérique sur ces questions ?
    Marie-Anne Chabin apporte des réponses, fondées sur vingt-cinq années
    d'expérience diversifiée.
    Un éclairage vivant et prospectif sur les enjeux actuels de l'archivage.

    Editions Djakarta. Avril 2007. Prix : 19 euros TTC (port inclus).
        editions@djakarta.fr

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    {FR, 12/06/2007}

    COMPTE RENDU

    Paru sur la liste Litor le 29/05/2007
    Xavier Malbreil

    Le livre d'Alexandra Saemmer, "Matières textuelles sur support
    numérique" (Publications de l'Université de Saint Etienne) intéressera
    tous ceux qui se sentent concernés par la façon dont, très précisément,
    on peut rendre compte des oeuvres de littérature informatique.

    J'écris "très précisément" assez précisément, et non pas de façon
    purement rhétorique. C'est en effet tout l'intérêt de ce livre, qui
    s'engage loin des sentiers battus et rebattus de la théorisation,
    surtout dans ce domaine nouveau, où les ancêtres et fondateurs étant
    peu, sont souvent, voire toujours, toujours les mêmes, cités. Or, il me
    semble beaucoup plus facile de théoriser que de s'attaquer frontalement
    aux textes. Prendre une oeuvre de littérature informatique, et la plier
    en deux, puis quatre, puis huit, suppose en effet que l'on ait derrière
    soi un très solide background théorique, ce qui est bien le cas de A
    Saemmer pour aller se frotter au plus près avec le "comment on en
    parle", et même avec le "comment ça parle".

    Comment désigner par exemple le poème interactif que l'on découvre sur
    son écran, poème qui ne cessera de se transformer à mesure des clics sur
    les liens hypertextes, jusqu'à disparaître complètement : A Saemmer
    propose le terme de "poème-géniteur", en étudiant au plus près le
    toujours excellent "Explication de texte" de Boris du Boulay. Pourquoi
    pas ? Le poème-géniteur, donc, serait le premier état du texte que l'on
    découvre sur son écran, une fois que l'on a ouvert tel ou tel URL. A
    mesure des clics, ce poème-géniteur pourra complètement disparaître...
    mais sa trace restera : il aura été la matrice de tous les
    développements contenus en germe par ce premier état.

    Comment qualifier les liens, selon qu'ils permettent de progresser dans
    une intrigue, ou selon qu'ils constituent une incise. Là encore, A
    Saemmer propose des solutions.

    Si tout le début de son livre, chapitre 1 et moitié du chapitre 2, sont
    assez formels (les gages que l'on doit donner à l'institution
    universitaire), tout le reste est heureusement beaucoup plus original,
    pointu, et devrait faire date, parce que certaines oeuvres sont serrées
    au plus près de ce que la critique peut, actuellement, faire.

    Il sera intéressant de noter, par exemple, que A Saemmer se sert des
    outils rhétoriques classiques, puis qu'elle tente de les requalifier. En
    étudiant le poème interactif "20 ans après", de Sophie Calle, sur le
    site de Panoplie.org, elle remarque que si les figures de style
    classiques comme métalepse et métonymie peuvent être utilisées, il
    faudra penser à en préciser le mode opératoire, pour mieux rendre compte
    de leur fonctionnement. C'est là encore une réponse à une question
    souvent posée sur la façon dont la critique textuelle peut aborder ces
    nouveaux objets littéraires.

    Toujours au cours de son examen de "20 ans après", elle remet en cause
    la hiérarchisation entre "oeuvre de surface" et "oeuvre programmée" qui
    vouerait la première à la ...superficialité et la seconde à la
    profondeur. Pour ma part, j'ai toujours senti cette dénomination
    "d'oeuvre de surface" comme une volonté de rejeter les oeuvres
    non-programmées (encore que ce terme demanderait à être explicité) dans
    l'enfer du faux-semblant, de la brillance inutile, de l'apparence
    trompeuse.

    Une oeuvre de littérature informatique, c'est pourtant d'abord ce que
    l'on voit. Il y a déjà tellement de filtres entre l'oeil du lecteur
    (appelons le encore lecteur) et la surface de l'écran, pour que le
    syntagme "ce que l'on voit" soit assez complexe sans en rajouter. Que
    voit-on en effet quand on regarde une oeuvre de littérature
    informatique ? Pour peu que l'oeuvre soit en ligne, l'oeil du lecteur
    devra d'abord opérer la discrimination entre les icônes propres à tel ou
    tel navigateur, et le contenu de l'oeuvre elle-même. Une fois cela fait,
    le lecteur pourra se trouver en face de mots qui sont autant, à présent,
    à lire qu'à voir. Il verra aussi des images qui infléchissent le sens de
    ces mots. Des signes qui l'alertent sur la présence d'un lien hypertexte
    (ou qui le trompent, d'ailleurs, puisque les auteurs ont tout de suite
    vu le parti qu'ils pouvaient tirer des habitudes de lecture).

    On regrettera par ailleurs que certaines pistes annoncées ne soient pas
    plus explorées, comme l'influence que pourraient avoir les productions
    de littérature informatique et de net-art sur les arts appliqués, la
    publicité, la communication, et pourquoi pas aussi, la littérature
    traditionnelle, etc..

    Mais c'est là une belle piste, que l'auteur suivra peut-être dans un
    ouvrage à venir...

    xm

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    {FR, 12/06/2007}

    PARUTION

    De quelle langue rêvaient-ils ?

    Patrick Sériot
    présente sa traduction en français de la correspondance de
    Nicolas Troubetzkoy avec Roman Jakobson.

    [N. Troubetzkoy, Correspondance avec Roman Jakobson et autres écrits,
    Lausanne, Payot, 2006]

    La correspondance de N. Troubetzkoy avec R. Jakobson (1920-1938) se
    laisse lire à des niveaux différents. Elle intéresse donc des
    disciplines très diverses. On l'abordera le 16 juin d'un point de vue
    épistémologique, à partir d'une interrogation unique mais dense :
    comment construit-on les objets dont on parle? Ce qui implique que les
    dits objets ne préexistent pas ontologiquement à leur mise en discours.

    Pour cela, je présenterai le monde intellectuel qui est à la base de
    cette correspondance, laquelle nous donne accès à ce qui ne pouvait être
    que soupçonné dans les articles scientifiques. Un monde de la totalité
    platonicienne chez Troubetzkoy, une quête de l'essence du langage
    poétique et de la slavitude chez Jakobson, tous deux étant obsédés par
    l'idée de coïncidence/correspondance entre des séries non liées
    génétiquement.

    J'aborderai aussi la théorie du signe chez les orthodoxes, autour du
    miracle de la Transfiguration au Mont Thabor, avec cette Lumière
    incréée, qui n'est pas signe de la présence de Dieu mais manifestation
    de l'énergie de l'essence divine. Nous aborderons donc la querelle de
    l'iconoclasme. Cette problématique théologique, même si elle n'est
    jamais nommée, forme la toile de fond de la correspondance : il n'y a
    pas de séparation, pas de clivage entre signifiant et signifié, il y a
    lien, fusion (donc confusion). Jakobson passe son temps à vouloir
    dépasser (preodolet = aufheben, réflexe hégélien) les antinomies
    saussuriennes. La dialectique chez Jakobson est une façon de refuser
    toute béance, toute séparation : tout est lié à tout.

    Enfin, je présenterai le mouvement politico-idéologique de l'eurasisme
    sans lequel ces lettres seraient peu compréhensibles. Il s'agit d'une
    théorie de la connaissance fondée sur l'idée de totalité, de mise au
    jour de ce qui était caché (problématique fondamentalement
    platonicienne : ce qui est invisible est plus réel que ce qui est
    visible), d'un réel fait d'ordre et d'harmonie, en opposition radicale à
    l'objet-langue tel qu'il est construit chez Saussure à partir de
    l'élimination systématique de ce qui n'est pas pertinent dans la théorie
    ("le point de vue crée l'objet").


    Patrick Sériot, Professeur, dirige l'Institut de linguistique slave de
    l'Université de Lausanne.
                __________________________

    Quelque  part en Europe, entre 1920 et 1938...

    Cher Roman Osipovic...

    Lettre 3. « Il convient que l'élève apprenne auprès de son maître, mais
    reste critique à son égard » me dites-vous. Votre remarque vient de ce
    que je me suis mal exprimé, et que je me suis perdu dans des détails
    inutiles. En fait je voulais seulement montrer qu'aucune culture ne peut
    se passer d'emprunts extérieurs, mais que l'emprunt n'implique pas
    nécessairement l'excentrisme...

    Lettre 4. Maintenant que j'ai compris (ou crois avoir compris) votre
    point de vue, je me rends compte que vous aviez raison. La seule chose
    qu'on puisse remettre en question est celle de savoir si la science de
    la littérature doit se résumer à l'analyse que vous proposez. Il me
    semble que l'on ne doit pas oublier que la littérature est un facteur de
    la vie sociale...

    Lettre 19. J'ai constamment de nouvelles idées. A ce propos, vous m'avez
    parlé une fois du problème de la mutation vocalique de 'a devant les
    consonnes postpalatales. Sur cette question j'en suis arrivé à la
    conception suivante. La mutation vocalique ne concerne que "'a" issu de
    "*" et uniquement devant "k" : mekky, pekny, jek, zajíkati se, lekati
    se, klekati, dekovati, dík...

    Lettre 27. Je rêve depuis longtemps de faire un travail sur le vers
    folklorique russe mais, mis à part le manque de temps, il me manque
    aussi certains livres que je n'arrive toujours pas à me procurer, -je
    pense par exemple à Travaux de la Commission de musique et
    d'ethnographie, Couplets populaires d'Eleonskaja, Contes et chansons de
    la région de Belozërsk, etc. Ces livres sont indispensables pour rédiger
    une monographie sur le vers folklorique russe.

    Lettre 93. La perplexité de Polivanov devant la « mouillure emphatique »
    s'explique en partie par le fait qu'il n'a pas lu mon article paru dans
    Caucasica. Je ne le lui ai pas envoyé, car je n'étais pas certain
    d'avoir la bonne adresse. Si cela ne vous ennuie pas, envoyez-lui votre
    exemplaire et je m'engage à vous en envoyer un autre.

    Lettre 95. Dostoïevski me rend complètement fou. Avant les vacances,
    j'ai relu sa première période (avant l'exil). Je commencerai la
    deuxième, la plus importante, après le Nouvel An. Je n'ai rédigé que 4
    cours et il en faut 20 ! Et je dois y faire entrer tous ses grands
    romans. Je dois tout faire en un mois. Or j'en ai par-dessus la tête et
    je travaille horriblement mal et lentement.
     
    Lettre 130.  « (On nous identifie purement et simplement à l'Ecole de
    Saussure, ce qui nous porte quelque tort ;...»....ce n'est pas ce que
    nous avons  l'habitude d'entendre par le mot « linguistes». Mais comme
    en Angleterre rien n'est comme chez les gens normaux (on apporte les
    lettres recommandées dans les boutiques de détail, on a le droit de
    marcher sur les pelouses dans les jardins publics, le shilling se divise
    en douze parties, etc.), il est fort possible que les véritables
    linguistes se cachent dans un tout autre endroit, par exemple en
    anthropologie ». ...« Malgré toute la correction des Français,
    l'antipathie à votre égard s'est manifestée à plusieurs reprises dans
    les paroles de Mazon comme dans celles de Vaillant. Par ailleurs il faut
    dire que, outre une antipathie personnelle envers vous, se manifeste là
    une certaine répulsion des Français pour les formes de la culture
    eurasienne et danubienne par lesquelles s'exprime la phonologie
    actuelle. Que cette empreinte spécifique est particulièrement marquée en
    phonologie, j'ai pu facilement m'en rendre compte en discutant en même
    temps avec Martinet et Novák »...

    ...Votre sincèrement dévoué
    Prince N.S. Trubetzkoj

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    {FR, 12/06/2007}

    SUR TEXTO!
    http://www.revue-texto.net/

    Les nouveautés de la dernière  édition
    Texto, avril 2007, vol. XII, n° 2
    Numéro coordonné par Sylvain Loiseau.

    (Cliquer sur le titre de la page d'accueil)

    NB. Dans ce numéro les publications sont au format PDF.

    Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

    Jean LASSÈGUE
        Formes symboliques et émergence de valeurs :
        pour une cognition culturalisée
    Synthèse sur le concept de forme symbolique, en particulier chez
    Cassirer, avec une réflexion sur les valeurs.

    François RASTIER
        Du réalisme au postulat référentiel
    Par ses présupposés ontologiques, le réalisme philosophique entrave le
    développement de la sémantique linguistique.

    François RASTIER
        Croc de boucher et rose mystique - enjeux présents du pathos
        sur l'extermination
    Une analyse des textes permet de déceler que le pathos sur
    l'extermination semble pris dans le système des valeurs d'exaltation
    qui l'ont permise.

    Jean-Louis VAXELAIRE
        Ontologie et dé-ontologie en linguistique :
        le cas des noms propres
    L'auteur propose d'effectuer l'étude des noms propres sans a priori
    ontologiques, car ce sont des lexies que l'on observe dans les textes
    et non des images de référents.


    Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :

    Yong-Ho CHOI
        Le temps chez Saussure
        (thèse, 2000. Réédition de Marges Linguistiques)
    Depuis Godel, l'écart entre le Cours de linguistique générale et ses
    sources ne cesse de se creuser. Dans ces conditions, la question se pose
    de savoir comment lire Saussure. Il ne s'agit pourtant pas ici de se
    réclamer du vrai Saussure mais d'essayer de comprendre les difficultés
    auxquelles Saussure se heurte dans ses réflexions linguistiques, voire
    sémiologiques. En plaçant le problème du temps au centre de la réflexion
    de Saussure, l'auteur a effectué une lecture originale de la littérature
    saussurienne.

    Eugenio COSERIU
        Du primat de l'histoire (1980) [trad. par Stijn Verleyen]
    L'article propose une réflexion sur la priorité de l'approche historique
    en linguistique, qui est la seule capable de rendre compte des langues
    dans toute leur diversité.

    Rossitza KYHENG
        Principes méthodologiques de constitution et d'exploitation du
        corpus saussurien (2007)
    L'auteur soumet à la discussion une réflexion méthodologique portant sur
    deux propositions : 1° limiter le corpus saussurien aux textes dont
    l'auteur légitime est Ferdinand de Saussure en différenciant le corpus
    de l'archive, 2° adopter les trois principes interprétatifs (principe de
    l'authentique, du chronologique et du global) conformes à l'organisation
    particulière du corpus saussurien pour mieux objectiver l'interprétation
    des données dans l'étude de l'oeuvre de Ferdinand de Saussure.


    Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

    - En attendant Godot : de l'Absurde à l'Histoire
    Dialogue entre Valentin et Pierre TEMKINE (mise à jour révisée et
    augmentée), suivi de
      Une démonstration littéraire : le cas Godot (P. TEMKINE),
      En attendant Temkine (F. RASTIER), et
      Ce que ça fait de ne rien en dire (P. TEMKINE)
    En s'appuyant sur une relecture détaillée de En attendant Godot,
    Valentin Temkine produit une interprétation globale renouvelant la
    lecture de la pièce : à rebours des interprétations selon les canons du
    "théâtre de l'Absurde", il restitue la pièce à l'Histoire en explicitant
    les thèmes latents de l'Occupation et de la Shoah.

    - Sur la poéticité du témoignage et les techniques de la littérature de
      l'extermination
    Deux dialogues entre Philippe MESNARD et François RASTIER (2007)
    Où il est notamment question des rapports entre fiction et diction,
    esthétique et éthique, hantise et conjuration dans le genre testimonial
    et la littérature de l'extermination.

    - Sciences de la culture et réductions vertueuses
    Dialogue entre François RASTIER et Maurice TOUSSAINT (2007)
    Variations sur le conflit entre courants réductionistes du cognitivisme
    et sciences de la culture.


    Dans la rubrique REPÈRES :

    Thierry MEZAILLE
        Pratiques pédagogiques littéraires assistées par Hyperbase
        dans une optique thématique
    Il s'agit ici de faire le point sur quelques activités de cours de
    littérature en collège, dans une approche thématique, assistées du
    logiciel HYPERBASE (de l'oeuvre complète au groupement de textes, voire
    l'étude d'un genre, par mots-vedettes).

    Marion PESCHEUX
        Le feuilleton de l'anaphorisation : de "facettes" en "degrés"
    Le "feuilleton" proposé est une exploration partielle et globale du
    mécanisme d'anaphorisation dont la forme linguistique "observable" est
    l'anaphore. Comme de très nombreuses recherches ont été menées sur
    l'anaphore et qu'il est encore aujourd'hui impossible de "réduire"
    simplement le phénomène, un premier épisode passera en revue diverses
    définitions de l'anaphore, pour laisser la place à un éclairage sur les
    arrières-plans extralinguistiques : mémoire, reconnaissance, etc. Des
    approches seront alors plus détaillées dans un troisième temps : du
    point de vue argumentatif, référentiel, et textuel. Enfin, des questions
    et propositions seront ouvertes, qui, d'une certaine façon, tentent de
    dire que si l'anaphorisation est bien un moyen d'assurer l'isotopie d'un
    discours, ce mécanisme, selon nous, est de nature "instructionnelle"
    (ou argumentative si l'on préfère).

    Astrid GUILLAUME
        Traductologie et enseignement de traduction à l'université

    Exercices en ligne :

        Niveau 2
    Exercice 4 par Carine Duteil-Mougel (2007)
    Parcours interprétatifs au sein d'une annonce publicitaire.


    Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :

    Emmanuel FAYE
        Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie
        Préface à la seconde édition.

    Kurt FLASCH
        C'était bien un philosophe national-socialiste
    À l'occasion de la parution du livre d'Emmanuel Faye "Heidegger,
    l'introduction du nazisme dans la philosophie", Kurt Flasch revient sur
    l'engagement nazi du philosophe.

    Véronique MAGAUD
        Compte rendu critique de lecture de
        Burger, M., Martel, G., (dir.),
        Argumentation et communication dans les médias (2005)

        LIVRES-E

    François RASTIER
        Semantics and cognitive science,
        chap. III, From  the concept to the signified

    Eugenio COSERIU
        Synchronie, diachronie et histoire (1958)
    Le célèbre ouvrage de Coseriu traduit en français par Thomas Verjans.


    Dans la rubrique LIENS ET LIANES :

    - Observatoire Europen du Plurilinguisme
    Structure de mutualisation et de coopération entre partenaires du
    plurilinguisme, dont le principe est de réunir dans une même démarche
    des décideurs, des chercheurs et des membres de la société civile pour
    poser clairement les questions linguistiques dans leurs enjeux
    politiques, culturels, économiques et sociaux au niveau des institutions
    europeénnes et de chacun des Etats membres.
        http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php


    MISE À JOUR

    Régis MISSIRE
        Sémantique des textes et morphosémantique de l'interprétation
        (Thèse)

    555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
    Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
    555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
    {FR, 12/06/2007}

    Carine DUTEIL
     
                Sémiotique des cultures

    [NDLR : Les figures ayant dû être redessinées en mode texte, elles ne
    s'affichent correctement qu'en affichant les caractères dans une police
    non proportionnelle, par exemple "Courrier".
    D'une manière générale d'ailleurs, il est très recommandé d'utiliser un
    tel jeu de caractères (non proportionnel, type Courrier) pour la
    visualisation des bulletins SdT, car leur mise en page est conçue pour
    cela.]

    * L'opposition Nature / Culture

    On oppose traditionnellement Nature et Culture, en cherchant à
    déterminer en l'homme la part de ce qui revient à la nature et de ce qui
    revient à la culture. Mais cette opposition entre la Nature et la
    Culture est remise en cause au sein de l'anthropologie elle-même.

    On doit notamment à Claude Lévi-Strauss l'étude des liens entre nature
    et culture, dans les systèmes de parenté et la production des mythes.
    Cherchant à établir la cohérence significative des systèmes de parenté,
    et s'inspirant des travaux de l'anthropologie anglo-saxonne et de
    certains écrits de l'École française de sociologie[1], Lévi-Strauss met
    l'accent sur les notions d'échange et de réciprocité. Selon l'auteur,
    c'est la prohibition de l'inceste, obligeant les hommes à communiquer,
    qui fonde la société humaine. Elle « constitue la démarche fondamentale
    grâce à laquelle, par laquelle, mais surtout en laquelle, s'accomplit le
    passage de la nature à la culture. » (1967, p.29). Agissant et imposant
    sa règle, elle affirme « la prééminence du social sur le naturel » et
    fait de l'échange matrimonial « le passage du fait naturel de la
    consanguinité au fait culturel de l'alliance » (ibid.)

    Prolongeant l'étude des structures complexes de la parenté, Lévi-Strauss
    consacre les quatre volumes des Mythologiques (1964-1971) à l'analyse
    structurale d'un corpus de récits mythiques. L'auteur étudie les
    relations que tissent les mythes entre eux et montre comment ces mythes
    et leurs variantes sont des transformations d'autres mythes. L'étude
    s'inscrit dans le cadre de la mythologie comparée, fondée par Max
    Müller[2], et développée par Georges Dumézil notamment dans ses travaux
    sur les mythologies anciennes[3] et sur l'idéologie des peuples
    indo-européens de l'Antiquité[4].

    * La voie de la sémiotique générale

    Une fois dépassée l'antinomie nature / culture, la réflexion peut passer
    de la culture comme concept philosophique aux cultures comme objets
    scientifiques. Les études de textes (épiques, mythiques, folkloriques,
    notamment) font partie, comme le rappelle François Rastier, de
    l'activité ordinaire des linguistes de Steinthal à Bréal[5], de
    Saussure[6] à Dumézil. La linguistique générale de Saussure s'appuie
    ainsi sur des études de poétique et de mythologie, et Rudolf Engler
    (1980, p. 14) souligne que « sémiologie linguistique et sémiologie
    mythographique se correspondent presque absolument, les quelques
    différences s'expliquant par l'application d'un même principe à un
    domaine plus vaste, structuralement moins serré que la langue ».

    Rappelons que le projet saussurien d'une sémiologie naît de la volonté
    de définir l'ordre scientifique auquel appartient la linguistique :
    « On a discuté pour savoir si la linguistique appartenait à l'ordre des
    sciences naturelles ou des sciences historiques. Elle n'appartient à
    aucun des deux, mais à un compartiment des sciences qui, s'il n'existe
    pas, devrait exister sous le mot de sémiologie [...] le système
    sémiologique 'langue' est le seul [...] qui ait eu à affronter cette
    épreuve de se trouver en présence du Temps, qui ne soit pas simplement
    fondé de voisin à voisin par mutuel consentement, mais aussi de père en
    fils par impérative tradition, et au hasard de ce qui arriverait en
    cette tradition, chose hors de cela inexpérimentée, non connue ni
    décrite. » (Saussure Ferdinand de, 1974, Cours de linguistique
    générale, II, p. 47). La linguistique peut ainsi être définie comme la
    sémiotique des langues et des textes, elle relève en cela d'une
    sémiotique des cultures.

    * Les sciences de la culture

    L'expression « sémiotique des cultures » (ou de la culture) renvoie à
    l'école de Tartu  (Ivanov, Lotman, Ouspenski, Lekomcev notamment) et
    vient sans doute de la littérature comparée, le domaine de son principal
    animateur Iouri Lotman. On doit à Lotman le concept de sémiosphère
    (1999) : la sémiosphère correspond à l'espace sémiotique complet occupé
    par une culture donnée[7]. La culture dans son ensemble peut être
    considérée comme un texte : « Pourtant, il faut prendre en considération
    que c'est un texte complexe, qui se divise en une hiérarchie de "textes
    dans les textes" entrelacés » (2003, p. 81). Ainsi, la dynamique de la
    culture ne peut être présentée « ni comme un processus immanent isolé,
    ni comme une sphère passive des influences extérieures. Ces deux
    tendances se réalisent en une tension réciproque dont elles ne peuvent
    s'abstraire sans altération de leur essence même. » (ibid., p. 137).

    Poursuivant un objectif de caractérisation, une sémiotique des cultures
    se doit d'être différentielle et comparée, car une culture ne peut être
    comprise que d'un point de vue cosmopolitique ou interculturel : pour
    chacune, c'est l'ensemble des autres cultures contemporaines et passées
    qui joue le rôle de corpus[8].

    L'ouvrage "Une introduction aux sciences de la culture" dirigé par
    François Rastier et Simon Bouquet offre un riche aperçu des programmes
    pluridisciplinaires actuels qui entendent repenser l'articulation des
    sciences cognitives et des sciences de la culture[9] dans le cadre d'une
    anthropologie sémiotique, sur laquelle se fonde précisément le projet
    d'une  sémiotique des cultures. Ce projet apparaît comme l'héritier du
    programme anthropologique de Humboldt : « Il faut étudier le caractère
    des sexes, âges, tempéraments, nations, etc., avec autant de soin que
    les sciences naturelles étudient les races et variétés du monde animal.
    Quoi qu'il ne s'agisse à proprement parler que de savoir combien divers
    l'homme peut être, il faut faire comme s'il s'agissait de déterminer
    combien divers est en fait l'homme individuel »[10].

    Font partie des sciences de la culture des disciplines comme les
    ethnosciences, l'anthropologie, la paléontologie, l'éthologie humaine,
    l'archéologie, la linguistique historique et comparée, disciplines au
    sein desquelles une conception nouvelle de la genèse des cultures et de
    l'émergence du monde sémiotique (systèmes sémiotiques dont le langage),
    devrait se poursuivre et rejoindre le projet sémiotique de Saussure.

    L'autonomie et la complexité du sémiotique sont liées à la transmission
    du patrimoine sémiotique, qui a accompagné et permis la genèse des
    cultures. « Ce moment de la phylogenèse se continue dans l'histoire,
    avec un détail temporel plus fin. L'apprentissage, défini comme un
    processus d'héritage des valeurs et des signes, le spécifie encore dans
    l'ontogenèse. Le temps culturel fait ainsi médiation entre le temps de
    l'espèce et celui de l'individu. » (Rastier, 2003b).

    La diversification des pratiques techniques et sémiotiques apparaît
    comme caractéristique des cultures humaines ; cette spécificité
    sémiotique de l'environnement humain en fait un entour.

    « Le cercle fonctionnel de l'homme ne s'est pas seulement élargi, il a
    également subi un changement qualitatif. L'homme a, pour ainsi dire,
    découvert une nouvelle méthode d'adaptation au milieu. Entre les
    systèmes récepteur et effecteur propres à toute espèce animale existe
    chez l'homme un troisième chaînon que l'on peut appeler système
    symbolique. [...] L'homme ne vit plus dans un univers purement matériel,
    mais dans un univers symbolique. Le langage, le mythe, l'art, la
    religion sont des éléments de cet univers. [...] L'homme ne peut plus se
    trouver en présence immédiate de la réalité ; il ne peut plus la voir,
    pour ainsi dire, face à face. La réalité matérielle semble reculer à
    mesure que l'activité symbolique de l'homme progresse. Loin d'avoir
    rapport aux choses mêmes, l'homme, d'une certaine manière, s'entretient
    constamment avec lui-même. Il s'est tellement entouré de formes
    linguistiques, d'images artistiques, de symboles mythiques, de rites
    religieux, qu'il ne peut rien voir ni connaître sans interposer cet
    élément médiateur artificiel. » (Cassirer, 1975,  Essai sur l'Homme,
    tr. fr. N. Massa, éd. de Minuit, pp. 42-44).
     
    * Le monde sémiotique

    Le monde sémiotique sert ainsi de médiation (médiation sémiotique) entre
    le monde physique (appelé arrière-monde) et le monde des
    (re)présentations (les états internes des sujets humains). Nous
    reprenons ici le dispositif présenté par Rastier, qui adapte les
    concepts de Umwelt -le monde propre des individus- et de Welt définis
    par Uexküll (1956 [1934]) :

                            niveau des (re)présentations        ^
       Entour (Umwelt) :    ____________________________        |
                                                            médiation
                            niveau sémiotique               sémiotique
    ------------------------------------------------------      |
      Arrière-Monde (Wet) : niveau phéno-physique               v

    « L'entour est composé des niveaux présentationnel et sémiotique des
    pratiques. Le niveau physique n'y figure pas en tant que tel, mais en
    tant qu'il est perçu, c'est-à-dire dans la mesure où il a une incidence
    sur les présentations ("d'objets" ou de signifiants) » (Rastier, 2002,
    « Anthropologie linguistique et sémiotique des cultures », p. 247).

    La réflexion sur le sémiotique en tant que domaine scientifique -plutôt
    que sur la sémiotique en tant que discipline scientifique- amène à
    privilégier l'étude des performances sémiotiques complexes dont les
    textes[11], comme à les contextualiser au sein des pratiques de
    production et d'interprétation où ils prennent sens. La première
    entreprise d'une sémiotique des cultures consiste alors en l'étude des
    textes ; maintes disciplines y participent au premier rang desquelles la
    linguistique et en son sein, la sémantique interprétative.

    * Performances sémiotiques et praxéologie

    La perspective praxéologique de la sémantique interprétative
    (praxéologie entendue comme théorie de l'action dans et par le langage)
    permet de relier les textes à leur entour social et historique[12]. Tout
    texte se rattache à la langue par un discours (relatif à une pratique
    sociale) et à un discours par la médiation d'un genre :

      PRATIQUE SOCIALE - Sphère linguistique
         _______________________________
        |                               |
        |  DISCOURS                     |
        |    ------------------------   |
        |   | champ générique        |  |
        |          ____________         |
        |   |     (    Genre   )     |  |
        |        (   _________  )       |
        |   |   (   |         |  )   |  |
        |      (    |  TEXTE  |   )     |
        |   |   (   |_________|  )   |  |
        |        (______________)       |
        |   |                        |  |
        |    ------------------------   |
        |_______________________________|

    La notion de pratique sociale renvoie à la division du travail. Chaque
    pratique sociale délimite un domaine d'activité et un discours qui
    l'articule. Entre les discours et les genres, les champs génériques
    regroupent les genres en co-évolution qui contrastent, voire rivalisent
    dans un champ pratique. Soit les correspondances suivantes :
     
    INSTANCES SOCIALES      |      INSTANCES LINGUISTIQUES
    praxéologie             |
    -------------------------------------------------------
    Domaine d'activité      |       Discours
    Champ pratique          |       Champ générique
    Pratique                |       Genre
    Cours d'action          |       Texte
     
    Les textes sont conçus comme des cours d'action productive et
    interprétative. Les unités sémantiques sont alors définies comme des
    points de stabilisation de parcours génératifs et interprétatifs[13].
    Le sens d'un texte ne se déduit pas d'une suite de propositions, mais
    résulte du parcours de formes sémantiques liées à des formes
    expressives[14]. La sémiosis textuelle est ainsi conçue comme un
    ensemble de déterminations réciproques résultant de parcours
    interprétatifs qui passent sans cesse de l'expression au contenu et du
    contenu à l'expression[15].

    Étendue aux relations d'interprétation entre passages de performances
    relevant de sémiotiques différentes, la théorie des parcours
    interprétatifs permet alors d'aborder le problème des interactions
    polysémiotiques, qui relève de plein droit de la sémiotique.
     
    * Des signes aux pratiques

    L'intersémioticité est un problème fondateur pour les sciences de la
    culture : « à l'exception des algèbres qui par définition ne relèvent
    que d'un seul système de signes et dont l'interprétation peut être
    différée le temps du calcul, toutes les performances sémiotiques et les
    objets culturels qui en résultent procèdent de la mise en interaction
    réglée de plusieurs systèmes de signes. » (Rastier, 2003a : 235-236,
    note 27).

    On ne pourra décrire la complexité sémiotique des cultures qu'en
    développant la problématique de la description des performances
    polysémiotiques, en particulier les textes (le caractère polysystémique
    et polysémiotique des langues et des textes[16] a d'ailleurs été
    négligé), ce qui est la contribution propre de la linguistique aux
    sciences de la culture.

    Le développement de la sémiotique des cultures appelle enfin à une
    refondation interprétative de la sémiotique pour dépasser les typologies
    des signes, des codes et des systèmes, en problématisant dans toute leur
    complexité les performances et les pratiques.
     
                    Carine Duteil-Mougel (ENSIL, Limoges)
     
    Ouvrages cités :

    Bréal M., 1877, Mélanges de mythologie et de linguistique, Paris,
    Hachette.
    Cassirer E., 1991 [1936-1939],  Logique des sciences de la culture,
    Paris, Cerf.
    Cassirer E., 1975, Essai sur l'Homme, tr. fr. N. Massa, Paris, éditions
    de Minuit.
    Dumézil G., 1942-1947,  Mythes romains (I. Horace et les Curiaces,
    1942 ; II. Servius et la Fortune -Essai sur la fonction sociale de
    louange et de blâme et sur les éléments indo-européens du cens romain,
    1943 ; III. Tarpeia -Essais de philologie comparative indo-européenne,
    1947), Paris, Gallimard.
    Dumézil G., 1958, L'Idéologie tripartie des Indo-Européens, Coll.
    Latomus.
    Dumézil G., 1968-1973,  Mythe et épopée (I. L'idéologie des trois
    fonctions dans les épopées des peuples indo-européens, 1968 ; II. Types
    épiques indo-européens : un héros, un sorcier, un roi, 1971 ;
    III. Histoires romaines, 1973), Paris, Gallimard.
    Engler R., 1980, « Sémiologies saussuriennes, 2. Le canevas », C.F.S.,
    34, pp. 3-16.
    Granet M., 1939, Catégories matrimoniales et relations de proximité dans
    la Chine ancienne, Paris, Alcan.
    Humboldt W. von, 1903-1936,  Gesammelte Schriften, Berlin, Behr, 17 vol.
    Humboldt W. von, 1995, Le XVIIIe siècle. Plan d'une anthropologie
    comparée, J. Quillien et C. Losfeld (éds.), Lille, PUL [cf. 1903,
    Gesammelte Schriften, I., A. Leitzmann (éd.), Berlin, Behr, pp.377-410].
    Lévi-Strauss C., 1967, Les Structures élémentaires de la parenté, La
    Haye-Paris, Mouton (1ère éd. Paris, PUF, 1949).
    Lévi-Strauss C., 1964-1971, Mythologiques (1. Le cru et le cuit, 1964 ;
    2. Du miel aux cendres, 1966 ; 3. L'origine des manières de table,
    1968 ; 4. L'homme nu, 1971), Paris, Plon.
    Lotman I., 1990, Universe of the Mind  : A Semiotic Theory of Culture,
    translated by A. Shukman, London, I.B. Tauris.
    Lotman I., 1999,  La sémiosphère, Limoges, PULIM.
    Lotman I., 2003, L'explosion et la culture, Limoges, PULIM.
    Mauss M., 1924, « Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans
    les sociétés archaïques », L'Année Sociologique, seconde série,
    1923-1924.
    Müller M., 1859, Essai de mythologie comparée, Paris, A. Durand.
    Müller M., 2002, Mythologie comparée (Essais sur la mythologie comparée,
    les traditions et les coutumes (1873) et Nouvelles études de mythologie
    (1898)), éd. critique établie, prés. et annotée par P. Brunel, Paris,
    R. Laffont.
    Rastier F., à paraître, « Saussure et la science des textes », Actes du
    Colloque international « Révolutions saussuriennes », Genève, 20-22 juin
    2007.
    Rastier F., 2006a, « La structure en question », Janus, 6, pp. 93-104.
    [aussi Texto !  Vol. XII, n°1,
    http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Rastier/Rastier_Structure.pdf]
    Rastier F., 2006b, « Formes sémantiques et textualité », Langages, 163,
    pp. 99-114 [aussi  Texto !, Vol. XI, n°3-4,
    http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/
        Rastier_Formes-semantiques.html].
    Rastier F., 2006c, « Sémiotique et sciences de la culture », Texto !,
    Vol. XI, n°3-4,
    http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Rastier/
        Rastier_Intro-Semiotique.pdf
    Rastier F., 2003a, « Parcours de production et d'interprétation », in
    A. Ouattara (éd.), Parcours énonciatifs et parcours interprétatifs,
    Ophrys, pp. 221-242.
    Rastier F., 2003b, « Le langage comme milieu : des pratiques aux
    oeuvres », Texto !, Vol. VIII, n°4,
    http://www.revue-texto.net/Inedits/Rastier/Rastier_Langage.html.
    Rastier F., 2002, « Anthropologie linguistique et sémiotique des
    cultures », in F. Rastier & S. Bouquet (éds.), Une introduction aux
    sciences de la culture, Paris, PUF, pp. 243-267.
    Rastier F., 2001, Arts et sciences du texte, Paris, PUF.
    Rastier F. & Bouquet S., 2002,  Une introduction aux sciences de la
    culture, Paris, PUF.
    Turpin B. (éd.), 2003, « La légende de Sigfrid et l'histoire burgonde »,
    présentation et édition de Béatrice Turpin, in S. Bouquet (éd.),
    Saussure, Paris, éditions de l'Herne, pp. 351-429.
    Saussure Ferdinand de, 1974, Cours de linguistique générale, édition
    critique par R. Engler, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, Tome 2,
    Appendice, notes de F. de Saussure sur la linguistique générale.
    Saussure Ferdinand de, 1986, Le leggende germaniche, A cura di Anna
    Marinetti et Marcello Meli, Este, Libreria editrice Zielo.
    Uexküll J. von., 1956 [1934], Mondes animaux et mondes humains, Paris,
    Denoël.
     
    Notions (propositions) : sémiosphère, texte, genre, discours, pratique
    sociale, sens, interprétation, forme sémantique, forme expressive,
    parcours interprétatif, sémiosis, expression, contenu, performance
    sémiotique, intersémioticité.
     
    [1] Tout particulièrement l'« Essai sur le don. Forme et raison de
    l'échange dans les sociétés archaïques » de Marcel Mauss (in L'Année
    Sociologique, seconde série, 1923-1924) et l'ouvrage de Marcel Granet, 
    Catégories matrimoniales et relations de proximité dans la Chine
    ancienne (1939, Paris, Alcan).
    [2] Essai de mythologie comparée, 1859, Paris, A. Durand.
    [3] Mythes romains (1942-1947 : I. 1942 ; II. 1943 ; III.  1947) ; Mythe
    et épopée (1968-1973 : I. 1968 ; II. 1971 ; III. 1973), Paris,
    Gallimard.
    [4] L'Idéologie tripartie des Indo-Européens, 1958, Coll. Latomus.
    [5] Cf. Bréal M., 1877,  Mélanges de mythologie et de linguistique,
    Paris, Hachette.
    [6] Cf. Saussure Ferdinand de, 1986, Le leggende germaniche, A cura di
    Anna Marinetti et Marcello Meli, Este, Libreria editrice Zielo.
    Cf. également Turpin B. (éd.), 2003, « La légende de Sigfrid et
    l'histoire burgonde », présentation et édition de Béatrice Turpin, in
    S. Bouquet (éd.), Saussure, Paris, éditions de l'Herne, pp. 351-429.
    [7] "By analogy with the biosphere (Vernadsky's concept) we could talk
    of a semiosphere, wich we shall define as the semiotic space necessary
    for the existence and functioning of languages" (Lotman I., 1990, p.
    123) ; "The unit of semiosis, the smallest functioning mechanism, is not
    the separate language but the whole semiotic space of the culture in
    question. The semiosphere is the result and the condition for the
    development of culture ; we justify our term by analogy with the
    biosphere, as Vernadsky defined it, namely the totality and the organic
    whole of living matter and also the condition for the continuation of
    life." (ibid., p. 125).
    [8] Cf. Rastier, 2006c.
    [9] Expression empruntée à Cassirer (1991 [1936-1939]) : Zur Logik der
    Kulturwissenschaften.
    [10] Humboldt W. von,,  1903, « Plan d'une anthropologie comparée », in
    GS, I, p. 390 ; tr. fr. in J. Quillien et C. Losfeld (éds.), 1995,
    Lille, PUL.
    [11] Sont appelées performances sémiotiques l'ensemble des productions
    qui relèvent d'un ou plusieurs systèmes de signes (opéras, films,
    rituels, etc.). Les textes sont les performances sémiotiques qui
    relèvent des langues.
    [12] Cf. Rastier, 2001.
    [13] Cf. Rastier, 2006a.
    [14] Les formes sémantiques peuvent être décrites comme des molécules
    sémiques, petits réseaux sémantiques dont les n?uds sont des sèmes et
    les liens des cas. Les formes expressives sont des molécules phémiques
    (la notion de phème désigne tout élément de l'expression - phonologique,
    prosodique, graphique, ou ponctuationnel).  Cf. Rastier, 2006b.
    [15] Cf. Rastier, à paraître.
    [16] Normes socialisées (genres, discours), idiolectes (styles), tons,
    mouvements ; systèmes graphiques et typographiques, prosodiques,
    gestuels, etc.

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    Appels et annonces Appels et annonces Appels et annonces Appels
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    {Heiden, 29/06/2007}

    COLLOQUE

        JADT 2008 - Premier appel à communications
            9es Journées internationales
        d'analyse statistique des données textuelles

    du 12 au 14 mars 2008
    à l'Ecole normale supérieure Lettres et sciences humaines Lyon, France
        http://www.jadt.org/

    Les journées internationales d'analyse statistique des données
    textuelles (JADT) réunissent tous les deux ans, depuis 1990, des
    chercheurs travaillant dans les différents domaines concernés par les
    traitements automatiques et statistiques de données textuelles. Elles
    permettent aux participants de présenter leurs résultats, de confronter
    leurs outils et leurs expériences.
    [...]

    * Calendrier

    Date limite de soumission : 15 octobre 2007
    Notification des acceptations aux auteurs : 27 novembre 2007
    Version finale : 20 décembre 2007
    Conférence : 12-14 mars 2008

    * Thèmes de la rencontre

    - Textométrie, statistique textuelle
    - Analyse exploratoire de données textuelles
    - Corpus de textes, représentations textuelles et hypertextuelles
    - Linguistique de corpus
    - Traitement automatique du langage naturel : étiquetage,
      lemmatisation, enrichissement linguistique
    - Analyse statistique de réponses à des questions ouvertes
    - Fouille de données textuelles (text mining)
    - Classification de textes, cartographie lexicale et textuelle
    - Recherche documentaire, recherche d'informations
    - Edition outillée de textes numériques
    - Logiciels pour l'analyse textuelle
    - Méthodologie et usages en analyse de corpus de textes
    - Formation aux méthodes et aux outils d'analyse de corpus de textes

    * Langues autorisées pour les présentations

    Les présentations pourront se faire dans l'une des langues suivantes :
    français, anglais, espagnol, italien. Aucune traduction simultanée
    n'est prévue.

    [...]

    * Informations et Contact

    site web :    http://www.jadt.org/
    adresse mail :    jadt2008@ens-lsh.fr
    adresse postale :
        Serge Heiden, JADT 2008
        Laboratoire ICAR - ENS-LSH
        15 parvis René Descartes - BP7000
        69342 Lyon Cedex 07
        FRANCE
    téléphone : +33 (0)4 37 37 63 12 ; fax : +33 (0)4 37 37 62 65

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  • SdT vol.13 n.3
  • SdT vol.13 n.4
    Résumé: 2007_10_12
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 13, numero 4.


                            LA CITATION DU MOIS
                ________________________________________________

                Nos autem, qui mundus est patria velut piscibus
                equor [...] rationi magis quam sensui spatulam
                nostri iudicii podiamus.
                    Dante, De vulgari eloquentia, I, vi, 3.

                [Nous cependant, pour qui le monde est patrie
                comme l'eau pour les poissons, [...] nous
                appuyons notre jugement plutôt sur la raison
                que sur les sentiments.]
                ________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 12 nouveaux abonnes.

    2- Carnet
        - Seminaire de Bernard Pottier
        - Seminaire de Francois Rastier
        - Seminaire d'Irene Rosier-Catach
        - Note concernant la diffusion du texte de Carine Duteil,
          "Semiotique des cultures", paru dans le precedent SdT.
        - Compte-rendu du seminaire de Pierre Judet de la Combe

    3- Textes
        - Saussure et la philologie
        - Eugenio Coseriu : La linguistica del texto como hermeneutica
          del sentido

    4- Appels : Colloques et revues
        - Revue Lexicometrica : Topographie et topologie textuelles
        - Nouvelles approches en linguistique textuelle, Bruxelles,
          22-24 mai 2008.
        - JADT 2008 : extension de date limite de soumission
           
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [informations réservées aux abonnés]

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    Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet Carnet
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    {FR, 01 et 08/10/2007}

    SEMINAIRES

    1. Le séminaire de Sémantique générale de Bernard POTTIER :

    Etude des processus de conceptualisation qui conduisent aux choix
    sémantico-syntaxiques de discours. Hypothèses concernant les mécanismes
    mentaux qui conditionnent le fonctionnement des catégories
    grammaticales et les combinatoires lexico-grammaticales. Exemples
    français, espagnols et de langues présentant des faits originaux.
    Réflexions sur les universaux du langage.

    Ouvert aux étudiants intéressés par le sujet. Inscription libre lors
    des séances.
    Université de Paris-IV (La Sorbonne) - 1 rue Victor Cousin, 75230 Paris
    Escalier F, 2e étage, salle 368.
    Métro : Saint-Michel, Odéon, ou Cluny-la-Sorbonne
    RER : Luxembourg, ou Cluny-la-Sorbonne
    Le samedi, de 10 heures à 13 heures :
    17 et 24 novembre, 1 et 15 décembre, 12 et 19 janvier 2008
                _____________________

    2. Séminaire Sémantique des textes, année 2007-2008

    François RASTIER
    Directeur de recherche

    CORPUS, CONNAISSANCES ET LINGUISTIQUE DES TEXTES

    Thèmes abordés : - La linguistique des textes, la linguistique des
    langues et la linguistique du langage. - Corpus et connaissances. -
    Les concepts comme formes sémiotiques. - Unités textuelles et passages.
    - Sémantique des textes et analyse de la doxa. - Pour une sémantique du
    web. - De la sémantique des valeurs à une sémiotique des cultures.

    Institut national des langues et civilisations orientales [Centre de
    Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de Lille, 75007 Paris -
    Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage, salle 223.
    Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.

    Six séances le jeudi, une le mercredi.
    Les jeudis 10, 17, 24 janvier ; jeudi 7 février ; jeudi 20 mars ;
    mercredi 26 mars ; jeudi 3 avril. Horaire : de 17h30 à 19h15.

    Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
    Références : http://www.revue-texto.net
                _____________________

    3. Ecole Pratique des Hautes Etudes - Section sciences religieuses
    conférences 2007-2008

    http://www.ephe.sorbonne.fr/
        index.php?option=com_content&task=view&id=268&Itemid=246
    A partir de novembre 2007

            Arts du langage et théologie au Moyen Âge
    Directeur d'études : Mme Irène Rosier-Catach

    1 - Les Glosulae, Guillaume de Champeaux, Abélard. Aspects sémantiques
        et ontologiques de la paronymie.
    2 - Virtus verborum. Regards croisés sur le Moyen Âge et l'époque
        classique, avec la collaboration de Martin Rueff.
    Les mardis de 9h à 11h, salle Vignaux [S].

    3 - Avec Laurent Mayali : sémantique et droit chez les docteurs
        médiévaux (XIIème/XIIIème siècles) : questions de sens.
        Du 2 au 7 juin 2008.

    Prière de prendre contact : irene.catach@wanadoo.fr

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    {Duteil, 12/07/2007}

    ADDENDUM

    Le texte "Sémiotique des cultures", dans la rubrique Textes du SdT
    précédent (vol.13 n.3), est à paraître prochainement dans le

    Vocabulaire des Etudes Sémiotiques
    Driss Ablali et Dominique Ducard (dir.)
    Presses Universitaires de Franche-Comté & Presses Universitaires de la
    Sorbonne, 2008.

    A la demande des éditeurs, la diffusion de ce texte de Carine Duteil
    doit rester limitée : si les lecteurs de SdT ont pu en bénéficier, il
    leur est demandé de ne pas rediffuser ce texte sans s'être assuré
    préalablement de l'accord des éditeurs.

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    {FR, 01/10/2007}

    COMPTE RENDU DE SEMINAIRE

    Pierre Judet de la Combe
    Directeur de recherche, EHESS
    Compte rendu 2006-2007
     
    Intitulé général du séminaire :
        L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
    Intitulé pour l'année 2006-2007 :
        Poésie et prétentions à la validité. Hésiode et Archiloque.
     
    De manière à définir la spécificité des validités revendiquées par la
    composition poétique grecque archaïque dans la variété de ses formes et
    de manière à sortir ainsi tant des schémas évolutionnistes de
    l'histoire littéraire que de ses interprétations fonctionnalistes, qui,
    sur un mode en fait romantique, supposent une adéquation nécessaire
    entre le dire effectif des poèmes et les contraintes sociales d'une
    situation énonciative donnée, nous sommes partis de la différenciation
    des validités inhérentes au discours telle que l'ont explorée
    J. Habermas et K.-O. Appel. Cette différenciation nous intéressait dans
    la mesure, d'abord, où elle permet de distinguer des orientations de la
    parole (cognitives, normatives, expressives), puis où elle fait
    problème pour une culture où cette distinction, bien qu'opérante, n'est
    pas thématisée. Il s'agissait par là de restituer aux poèmes leur
    caractère historique, doublement : à un niveau général, par la
    description et l'articulation des types de vérité propres à une culture
    auxquels un poème pouvait se référer, et à un niveau individuel, par la
    reconstruction du travail, chaque fois renouvelé, opéré sur ces vérités
    (comme l'indique le terme "prétention"). Il était utile pour cela de
    traiter parallèlement deux poésies correspondant à des formes bien
    distinctes de la poétique archaïque, la poésie hymnique d'éloge, avec
    Hésiode, et la poésie de blâme, représentée par Archiloque. Ces
    traditions traitent différemment la question du rapport entre contenu
    du poème et moment présent de son énonciation et donc de la pertinence
    du discours, et par ailleurs établissent leur opposition par des
    emprunts réciproques importants : Hésiode fait usage de l'injure pour
    définir les vérités nouvelles que sa poésie s'efforce d'atteindre ;
    Archiloque construit des situations "prosaïque" d'inimitié à partir du
    patrimoine formulaire et thématique de la poésie d'éloge qu'est
    l'épopée.

    Lors des séances sur Hésiode, nous sommes partis de l'hypothèse que
    l'exposé de contenus nouveaux dans les domaines de la théogonie, de la
    justice et du travail s'argumente sur la base d'une reconstruction
    critique de la pertinence relative de l'ensemble des formes
    traditionnelles de composition poétique (hymne, épopée, poésie
    didactique, poésie de blâme). Le critère de l'évaluation est donné par
    la définition du présent chaque fois nécessaire, comme milieu propice à
    une activité spécifique, obéissant à une logique propre. Selon la
    Théogonie, le fondement du pouvoir juridique des rois, qui leur est
    conféré par Zeus, ne peut être défini à partir des situations présentes
    qu'ils ont à régler, mais seulement du dehors, par un discours sur la
    généalogie divine qui au présent immédiat substitue le présent des
    "dieux qui sont toujours". L'injure adressée aux tenants d'un discours
    fasciné par le présent (qui ne sont "rien que des ventres"), sert à
    introduire la démarcation. Le sens de ce présent éternel est dégagé à
    l'aide de la poésie homérique, orientée vers un passé représentable
    dans sa totalité parce que définitivement clos, avec le schème
    iliadique de la querelle violente qui, transposé dans l'ordre divin,
    construit progressivement un monde normatif différencié. Quand cette
    poésie se donne le présent immédiat comme objet, avec Les Travaux et
    les jours, le statut de la vérité visée change et rend caduc l'emploi
    de ce schème. L'activité quotidienne des hommes ne se pense pas grâce à
    la querelle héroïque, mais dans une différence constitutive avec le
    monde disparu des demi-dieux. La lecture du "Mythe des Ages" a montré
    comment la coupure entre l'âge épique des Héros et le présent ("l'âge
    de fer") sert de principe à la présentation de l'ensemble des âges et
    situe la pertinence du patrimoine épique comme modèle des violences que
    rencontrera la race humaine actuelle dans son éloignement irréversible
    avec les dieux. La comparaison des deux versions du mythe de Pandore,
    dans les deux poèmes, a fait ressortir la différence des points de
    vue : récit téléologique pour la Théogonie, récit construit à partir du
    schème pratique de la maison pour Les Travaux. Cette dimension critique
    et doxographique du discours sur l'ordre des choses a été exposée par
    Jean Bollack pour Parménide, héritier en cela d'Hésiode.

    Le présent a une fonction différente dans la poésie de blâme
    d'Archiloque. Nous sommes d'abord passés par l'analyse
    d'interprétations qui insistent sur l'émergence du sentiment comme
    catégorie poétique, chez Fr. Schlegel (lecture pré-philologique),
    K.-O. Müller (lecture philologique), Fr. Nietzsche (lecture
    post-philologique), qui toutes insistent sur une évolution nécessaire
    des formes. Rossella Saetta-Cottone (MSH, Paris) nous a présenté une
    lecture critique des interprétations fonctionnalistes récentes (le
    blâme comme traitement de la question du rapport entre "amis" et
    "ennemis"). A partir de l'examen de témoignages biographiques, de
    plusieurs fragments, notamment du Papyrus de Cologne, nous avons tenté,
    face à ces réifications (en fait solidaires) philosophiques ou
    sociologiques du "moi" poétique, de montrer comment l'injure poétique,
    due à un dysfonctionnement supposé de la communauté, dans la fiction,
    échappe à la problématique normative d'un rétablissement de l'ordre et
    oppose au présent (toujours un outrage ou une catastrophe) la
    possibilité d'une mobilisation emphatique de la tradition épique, dans
    un éloge inversé, de manière à imposer la violence d'un monde
    contrefactuel et seulement langagier, la distance épique servant à
    déconstruire le présent. La filiation Archiloque-Héraclite peut ainsi
    être éclairée.

    Pierre Destrée (Université de Louvain) nous a présenté son
    interprétation nouvelle de la valeur cognitive et émotive de la
    katharsis tragique chez Aristote.
     
    Publications
    "An instance of Euripidean 'modernism' : Orestes 1-3", dans D. Cairns
    et V. Lapis (éds). Dionysanlexandros. Essays on Aeschylus and his
    fellows tragedians in honour of Alexander F. Garvie, Swansea, The
    Classical of Wales, 2006, p. 173-84.
     
    "Crise des langues et éducation européenne", dans M. Werner (éd.),
    Politiques et usages de la langue en Europe, Paris, Editions de la
    M.S.H., 2007, p. 23-50.

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    {FR, 01/10/2007}

    SAUSSURE ET LA PHILOLOGIE

    Au début du premier cours Saussure déclare explicitement la source
    philologique de la linguistique : "Par origine, la linguistique a été
    associée étroitement à la philologie" (Cf. les notes de Riedlinger du I
    cours, 1.3.) ; dans l'introduction au IIIe cours intitulé "Coup d'oeil
    sur l'histoire de la linguistique", il présente devant ses étudiants un
    aperçu chronologique de l'héritage philologique sur lequel se construit
    la linguistique :

    Cette science a passé par des phases défectueuses. On reconnaît trois
    phases, soit trois directions suivies historiquement par ceux qui ont
    vu dans la langue un objet d'étude. Après est venue une linguistique
    proprement dite, consciente de son objet.

    1° La première de ces phases est celle de la grammaire, inventée par
    les Grecs et se continuant sans changement chez les Français. Elle
    n'eut jamais de vues philosophiques sur la langue elle-même. Ça
    intéresse plutôt la logique. Toute la grammaire traditionnelle est une
    grammaire normative, c'est à dire dominée par la préoccupation de
    dresser des règles, de distinguer entre un certain langage dit
    [correct] et un autre dit incorrect, ce qui exclut depuis le principe
    une vue supérieure sur ce qu'est le phénomène de la langue dans son
    ensemble.

    Plus tard et seulement au début du dix-neuvième siècle, si nous voulons
    parler d'un grand mouvement (en laissant de côté les précurseurs :
    école "philologique" à Alexandrie), il y eut 2° le grand courant
    philologique de la philologie classique, qui se continue jusqu'à nos
    jours. En 1777, Friedrich August Wolf, comme étudiant, voulut être
    nommé philologue. La philologie apportait ce nouveau principe : la
    méthode de l'esprit critique en présence des textes. La langue n'était
    qu'un des multiples objets se trouvant dans le cercle de la
    philologie ; et par conséquent tombait sous cette critique. Les études
    de langue n'étaient plus désormais une simple recherche de la
    correction grammaticale. Il fallait, par le principe critique, voir ce
    qu'apportait par exemple la différence des époques, commencer dans une
    certaine mesure à faire de la linguistique historique. Ritschl
    procédant au remaniement du texte de Plaute peut passer pour faisant un
    travail de linguiste. D'une manière générale, le mouvement philologique
    a ouvert mille sources intéressant la langue, qui fut traitée dans un
    tout autre esprit que celui de la grammaire traditionnelle, par exemple
    l'étude des inscriptions et de leur langue. Mais ce n'était pas encore
    l'esprit de la linguistique.

    3° Troisième phase où l'on ne voit pas encore cet esprit de la
    linguistique : c'est la phase sensationnelle où l'on découvrit qu'on
    pouvait comparer entre elles les langues [...]. Elle est purement
    comparative. On ne peut pas condamner complètement l'attitude plus ou
    moins hostile de la tradition philologique contre les comparateurs, car
    ceux-ci n'apportaient pas en fait un renouvellement produit sur les
    principes mêmes et qui fit voir immédiatement un bienfait dans
    l'élargissement de l'horizon matériel qui est certainement à leur
    actif. À quel moment reconnut-on que la comparaison n'est en somme
    qu'une méthode à employer lorsque nous n'avons pas de façon plus
    directe de connaître les faits, et à quel moment la grammaire comparée
    fit-elle place à une linguistique comprenant la grammaire comparée et
    lui donnant une autre direction ?

    Ce fut principalement l'étude des langues romanes qui conduisit à des
    vues plus saines les indo-européanistes eux-mêmes et fit entrevoir ce
    qui devait être en général l'étude de la linguistique. [...] La
    perspective historique, qui manquait aux indo-européanisants parce
    qu'ils voyaient tout sur le même plan, s'imposa aux romanistes. Et par
    la perspective historique vint l'enchaînement des faits. De là résulta
    la très heureuse influence exercée par les romanistes.

    Un des grands défauts communs, au point de vue de l'étude, à la
    philologie et à la phase comparative, c'est d'être resté servilement
    attaché à la lettre, à la langue écrite, ou à ne pas distinguer
    nettement entre ce qui pouvait être de la langue parlée réelle et son
    signe: graphique. Par là, il arrive que le point de vue littéraire se
    confond plus ou moins avec le point de vue linguistique, mais en outre,
    plus matériellement, le mot écrit est confondu avec le mot parlé ; deux
    systèmes superposés de signes qui n'ont rien à faire entre eux,
    graphiques et parlés, sont mêlés.

    (Selon les notes de Constantin du IIIe cours, p. 1-4).
    [Texte introduit par Rossitza Kyheng]

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    {FR, 01/10/2007}

    COSERIU - HERMENEUTICA DEL SENTIDO

    Eugenio COSERIU
    in Lingüística del texto. Introducción a una hermenéutica del sentido
    (Madrid: Arco Libros, 2007).
    Edité par : Óscar Loureda Lamas

        La lingüística del texto como hermenéutica del sentido

    1. En la epistemología implícita o explícita de la lingüística actual
    se tiende a considerar la lingüística del texto como lingüística
    general (ciencia general de los textos) aplicada a los textos
    individuales. Esto no es aceptable sin distingos, ya que en la
    lingüística del texto, por la naturaleza misma de su objeto, lo
    individual se da antes (y es fundamento) de lo general. El sentido
    propio de la lingüística del texto, su alcance y sus límites, también
    en relación con la literatura y la "ideología", sólo pueden
    establecerse de forma satisfactoria a partir del hecho de que tal
    lingüística concierne al plano por excelencia individual de los
    discursos.

    2. En efecto, con respecto a lo individual considerado en sí mismo
    ("objetos", no "conceptos" ni "clases"), no puede haber ciencia
    general, sino sólo descripción y análisis: un objeto sólo puede ser
    analizado y descrito.

    3.1. Un discurso es un hecho semiótico: consta de signos, mejor dicho,
    de "significantes" que apuntan a un "contenido", el cual, a su vez, no
    se presenta como tal en el discurso mismo considerado en su realidad
    exterior y empíricamente comprobable. Por ello, como en todo el dominio
    de los hechos semióticos, analizar y describir un discurso significa
    propiamente interpretarlo ; o sea, identificar de manera fundada el
    contenido al que apunta (o que "expresa"). En este sentido, la
    lingüística del texto -como, por otra parte, toda lingüística
    concerniente a las dos faces de los signos- es hermenéutica, revelación
    sistemática y fundada de un contenido : precisamente, en este caso,
    hermenéutica del discurso (o "texto").

    3.2.1. Hay tres tipos de contenido lingüístico : designación,
    significado y sentido. La designación es la referencia a la realidad
    "extralingüística", o bien esta realidad misma (en cuanto
    "representación", "hecho", "estado de cosas"), independientemente de su
    estructuración por medio de tal o cual lengua, y es propia del hablar
    en general. El significado es el contenido dado en cada caso por una
    lengua determinada. El sentido es el contenido propio de un discurso en
    cuanto manifestado por la designación y el significado : la actitud
    humana que el discurso implica o la finalidad con que se realiza. Así,
    por ejemplo, "pregunta", "respuesta", "mandato", "súplica",
    "invitación", "rechazo", "saludo", "comprobación" son unidades mínimas
    de sentido. Por consiguiente, la lingüística del texto es hermenéutica
    del sentido, así como la lingüística del hablar es hermenéutica de la
    designación y la lingüística de las lenguas, hermenéutica del
    significado.

    3.2.2. En el sentido, la relación semiótica es doble : por un lado, los
    signos significan algo (en la lengua) y designan algo (como
    "extralingüístico"), y, por otro lado, lo significado y designado por
    los signos funciona a su vez como "significante" para un contenido de
    segundo orden, que es precisamente el sentido. Por tanto, la
    hermenéutica del sentido implica como previo el conocimiento del
    significado y de la designación, y, con ello, las correspondientes
    hermenéuticas. Por otra parte, en un discurso complejo, las unidades de
    sentido se combinan ("articulan") unas con otras en unidades de nivel
    cada vez superior, hasta el sentido global del discurso considerado. La
    interpretación de un discurso debe ser, por tanto, en cada caso,
    comprobación fundada y justificación de la articulación del sentido.

    3.2.3. Justificar el sentido en el texto significa, entonces, llevar el
    contenido ya comprendido a una determinada expresión : mostrar que al
    significado del macrosigno en el texto corresponde una expresión
    específica.

    3.3. El sentido se da sólo en los discursos, pero en todos los
    discursos, no sólo en los literarios. Con todo, el texto literario
    ocupa a este respecto una posición privilegiada, ya que la poesía (la
    "literatura" como arte) es el lugar de la plenitud funcional del
    lenguaje: del máximo despliegue de sus posibilidades [Cf. mis "Tesis
    sobre el tema `lenguaje y poesía´", en El hombre y su lenguaje, Madrid,
    Gredos, 1977, págs. 201-207]. Por ello, la lingüística del texto es (o
    debe ser) en primer lugar hermenéutica literaria. Pero en la medida en
    que todo texto tiene sentido, la lingüística del texto debe tener en
    consideración también los textos no literarios, examinando la
    particular reducción de las posibilidades de despliegue de sentido que
    se da en ellos. Desde este punto de vista, la lingüística del texto
    coincide con la estilística de los textos ; más exactamente, la
    comprende, porque va más allá de los textos literarios, del mismo modo
    que comprende todas las demás formas de ocuparse de los textos que se
    suelen denominar filología.

    4.1. Como toda hermenéutica, la lingüística del texto implica una
    metodología y una heurística, y son éstas las que constituyen su
    aspecto "general". En la heurística, en particular, se trata de
    establecer el registro de lo que cabe esperar, o sea, de los tipos
    comprobados o posibles de sentido y de los procedimientos que suelen
    conllevarlos, o los han conllevado en discursos ya experimentados [Cf.
    mi Textlinguistik. Eine Einführung, Tubinga, Gunter Narr, 1980, págs.
    68-111.]. Tal registro debe, sin embargo, entenderse como "abierto" :
    en nuevos textos podrán identificarse nuevos procedimientos y tipos de
    sentido, o sentidos nuevos de procedimientos ya comprobados.

    4.2. Contrariamente a lo que se piensa, esto no constituye ninguna
    limitación de la lingüística del texto y no se presenta de otro modo en
    la descripción de las lenguas. También en este caso, la "gramática
    general" es, en realidad, heurística, registro abierto de
    posibilidades, y la descripción de una lengua es hermenéutica :
    identificación de las funciones semánticas de esa lengua y de los
    procedimientos que las manifiestan. La ilusión de que la gramática sea
    ciencia propiamente dicha y no hermenéutica depende del hecho de que la
    heurística gramatical está mucho más adelantada que la textual, o sea,
    de que conocemos ya un gran número de posibilidades del significado y
    de procedimientos expresivos, de suerte que, en lenguas no estudiadas
    aún, encontramos las más de las veces tipos de significado y
    procedimientos ya comprobados en otras lenguas. La diferencia real es
    más bien de índole cuantitativa : reside en que la variedad de los
    textos es muy superior a la variedad de las lenguas.

    5.1. Un discurso es un hecho de hablar. Pero el hablar es una actividad
    compleja que va más allá de lo lingüístico en sentido estricto ; no se
    habla sólo con signos lingüísticos (pertenecientes a una lengua
    determinada), sino también mediante actividades expresivas
    complementarias, de acuerdo con determinados principios generales del
    pensar y de acuerdo con el conocimiento de las "cosas", mejor dicho, de
    ideas y creencias acerca de las "cosas", de una determinada "ideología"
    (estratificada en una serie de "ideologías" de alcance más o menos
    amplio), todo lo cual contribuye al contenido de los discursos.

    5.2. En este sentido, todo discurso "refleja" (es decir que manifiesta)
    una ideología, exactamente del mismo modo como la manifiesta una lengua
    (o varias lenguas): se trata de una ideología "instrumental", que
    pertenece al significante de los discursos.

    5.3. De esta ideología con que se hacen los discursos, hay que
    distinguir la ideología que se hace en los discursos y que no pertenece
    a su "significante", sino a su "significado", es decir, a su sentido.
    En el texto literario tal ideología puede corresponder a (o sea,
    resultar reinterpretable en términos de) una ideología "común" o
    "general", pero, en cuanto literariamente manifestada, es siempre
    "singular", es decir, al mismo tiempo individual y universal.

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    {BP, 17/09/2007}

    APPEL A CONTRIBUTION

    Lexicometrica  : Appel à contribution
        http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/

    Thème : Topographie et topologie textuelles
    Responsables : Sylvie Mellet et André Salem
     
    Appel à contribution :
     
    Depuis ses débuts la statistique linguistique, y compris lorsqu'elle
    s'applique à l'étude des textes et des discours, a principalement
    recouru à des modèles qui tendent à négliger ce fait majeur qu'un texte
    est une structure ordonnée ; les dénombrements, les relevés de
    fréquences, les calculs de spécificités reposent tous sur le fameux
    schéma d'urne et renoncent à prendre en compte le positionnement dans
    le texte des unités dénombrées. Certes, les résultats ainsi obtenus
    sont généralement intéressants et bien interprétables, et ils ont
    largement contribué au développement et aux succès de la discipline.

    Mais ils se pourraient qu'ils soient en train d'atteindre leurs
    limites. Ou, du moins, de ne plus suffire pour donner entière
    satisfaction au chercheur. De plus en plus souvent en effet, ceux-ci
    souhaitent pouvoir établir, à côté de la dimension paradigmatique
    appréhendée par ce type de calculs statistiques traditionnels, la
    dimension syntagmatique des données textuelles, saisies à courte ou à
    longue portée : distribution régulière ou non d'une entité linguistique
    (mot ou catégorie grammaticale) susceptible d'arriver à intervalles à
    peu près égaux ou, au contraire, en paquets plus ou moins denses ;
    répartition d'un élément au fil du texte, selon la structure globale de
    celui-ci et ses parties constituantes ; phénomènes d'échos et
    d'alignements dans la mise en parallèle de deux textes ou deux portions
    de textes ; etc.

    Bien sûr, des travaux, dont certains sont déjà anciens, ont abordé ces
    questions : parmi les plus connus citons tous ceux d'A. Salem qui ont
    établi la pertinence de la fameuse notion de "segment répété" et qui
    ont mis en place les outils pour les repérer et les analyser ; citons
    aussi les travaux de P. Lafon sur les "rafales" et son article
    "Statistique des localisations des formes d'un texte" paru en 1984 dans
    la revue Mots ; ou encore l'article de D. Sérant et Ph. Thoiron sur la
    "topographie des formes répétées" (Revue Informatique et Statistique
    dans les Sciences humaines 24, pp. 333-343) ; etc.

    Actuellement, cette question reprend de l'acuité et les études, ainsi
    que les développements logiciels afférents, se multiplient. Le moment
    nous semble donc venu de faire le point.

    Ce numéro de Lexicometrica accueillera donc exclusivement des
    contributions consacrées aux notions de topographie et topologie
    textuelles, c'est-à-dire à la prise en compte, dans les exploitations
    automatiques des textes numérisés et dans leur traitement quantitatif
    de la linéarité intrinsèque du texte, voire de sa structure en réseau
    avec d'autres textes au sein d'un corpus fortement cohérent (cas des
    recueils par exemple). Les articles proposés pourront se centrer soit
    sur des problèmes méthodologiques généraux, soit sur des applications
    particulières, soit sur des développements logiciels.

    La soumission se fera sous la forme d'un texte de présentation
    synthétique (entre 3000 et 5000 caractères), accompagné d'une
    bibliographie de référence. Ce texte sera envoyé sous format Word ou
    PDF, simultanément à André Salem (salem@msh-paris.fr) et à Sylvie
    Mellet (mellet@unice.fr). Après avis d'acceptation, les textes longs
    définitifs devront être fournis avant le 30 novembre 2007. Sous format
    Word, ils ne devront pas excéder 35000 caractères et devront respecter
    la feuille de style de la revue, disponible à l'adresse :
        http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/soumis.html

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    {Mellet, 10 et 12/09/2007}

    APPEL À COMMUNICATION / CALL FOR PAPERS

       http://webh01.ua.ac.be/linguist/fr/colloques-corps.htm
       http://webh01.ua.ac.be/linguist/en/colloques.htm (ENGLISH VERSION)

    Colloque thématique du Cercle Belge de Linguistique

            Nouvelles approches en linguistique textuelle

    Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles,
    22-24 mai 2008
    Responsables : Dominique Longrée, Sylvie Mellet

    La linguistique textuelle a connu, ces dernières années, des évolutions
    sensibles à plusieurs niveaux de sa réflexion et de ses pratiques,
    niveaux qui s'entrecroisent et interagissent pour faire surgir de
    nouveaux questionnements.

    D'une part, le développement des corpus textuels informatisés a remis
    au premier plan de la conscience des chercheurs que le texte est un
    objet complexe, linéaire et réticulaire à la fois, et largement
    déterminé par son environnement (les pratiques éditoriales qui lui
    donnent forme, les variantes de celles-ci, les co-textes auxquels on
    l'associe dans un corpus donné, l'étiquette générique dont on
    l'estampille, etc). Qu'est-ce qu'un texte à l'ère numérique ? Quelles
    méthodes d'analyse pourraient prendre en charge une telle complexité ?
    Comment redéfinir une co-textualité efficiente face au vertige d'une
    mise en abyme rendue infinie par la lecture hypertextuelle ?

    D'autre part, les nouveaux outils de traitement associés à ces corpus
    informatisés permettent des explorations diversifiées stimulantes, mais
    qui, elles aussi, suscitent immanquablement des interrogations
    méthodologiques ; l'étape préalable du balisage du texte numérisé
    oblige à se poser la question des unités textuelles pertinentes pour
    l'analyse : peut-on et doit-on baliser les discours rapportés ? les
    "séquences" (J.-M. Adam) ? les "passages" (F. Rastier) ? L'étape de
    l'étiquetage morpho-syntaxique éventuel oblige, elle, à prendre
    position sur la pertinence du rôle des catégories grammaticales dans la
    caractérisation stylistique et générique d'un texte. L'acquisition
    relativement aisée de grandes masses de données numériques oblige enfin
    à réévaluer les méthodes d'analyse quantitatives : la statistique
    classique est-elle bien adaptée à l'objet texte ?

    [...]

    Conférenciers invités :
    Lita Lundquist (Copenhague), François Rastier (CNRS), Ted Sanders
    (Utrecht), Jean-Marie Viprey (Université de Franche-Comté).

    Calendrier :
    - déclaration d'intention avec titre (provisoire) de la communication :
      10 novembre 2007 ;
    - confirmation avec envoi d'un résumé d'une page et indications
      bibliographiques : 31 décembre 2007 ;
    - notification de l'acceptation de la communication : avant le 31
      janvier 2008 ;
    - colloque du jeudi 22 au samedi 24 mai 2008, aux Facultés Saint-Louis
      à Bruxelles.
    Les langues de communication seront l'anglais, le français et le
    néerlandais.

    Actes :
    Des actes seront publiés dans un numéro du Belgian Journal of
    Linguistics (chez Benjamins). Il est à noter que la publication dans
    les actes fera l'objet d'une seconde sélection par un comité de lecture
    et que toutes les contributions publiées devront obligatoirement être
    rédigées en anglais. Le calendrier de cette publication sera le
    suivant :
    - remise des textes au comité de lecture : avant le 28 juin 2008 ;
    - avis d'acceptation et renvoi des textes pour corrections éventuelles
      vers le 20 septembre 2008 ;
    - retour des manuscrits définitifs pour le 10 novembre 2008 ;
    - parution du volume à l'automne 2009.

    Contacts :
    Dominique Longrée : longree@fusl.ac.be
    Sylvie Mellet : mellet@unice.fr

    Les propositions de communication sont à envoyer en fichier attaché
    simultanément aux deux responsables.

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    {BP, 10/12/2007}

    APPEL A COMMUNICATION - EXTENSION

    JADT 2008 - 9es Journées internationales d'analyse statistique des
    données textuelles
    du 12 au 14 mars 2008 à l'ENS-LSH, Lyon, France
        http://jadt.org/

    EXTENSION DE LA DATE LIMITE DE SOUMISSION :
    - résumé : lundi 22 octobre 2007
    - texte complet de la communication : jeudi 25 octobre 2007
    (ATTENTION : le dépôt du résumé et du texte complet sont nécessaires
    pour que la soumission soit recevable.)

    Informations complètes : http://jadt.org
    Contact : jadt2008@ens-lsh.fr

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  • SdT vol.13 n.4
  • SdT vol.13 n.5
    Résumé: 2007_12_10
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 13, numero 5.


                            LA CITATION DU MOIS
            ________________________________________________________

            Das Gedicht ist der Ort, wo das Synonyme
                            unmöglich wird:
            es hat nur seine Sprach- und damit Bedeutungsebene.
            Aus der Sprache hervortretend,
            tritt das Gedicht der Sprache gegenüber.
            Dieses Gegenüber ist unaufhebbar.

                        Paul Celan, Der Meridian
                    (Endfassung - Entwürfe - Materialien
                    Suhrkamp, Francfort /Main, 1999, p. 104)
            ________________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 12 nouveaux abonnes, dont Vivian Therese
          Mathiot et Laetitia Aujard.
        - Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
          changements d'adresse electronique.

    2- Carnet
        - Voeux
        - These de Smail Djaoud, Nanterre, 12 decembre :
          "Semantique de la doxa dans les sciences sociales sur le
           Maghreb - De Charles Andre Julien a Germaine Tillion"
        - These de Christian Mauceri, Paris La Défense, 14 decembre :
          "Indexation et isotopie :
           vers une analyse interprétative des données textuelles"
        - Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
          "L'interpretation litteraire. Theories et pratiques -
           Formes discursives en Grece archaique : mythe et cosmologie"
        - Seminaire coordonne par Alain Berthoz :
          "Le cerveau, le reel et le virtuel"
        - Seminaire de Henri Atlan :
          "La biologie post-genomique a l'usage des sciences humaines"
          et seminaire coordonne avec Claudine Cohen :
          "Biologie et societe"
        - Seminaire de Francois Rastier :
          "Semantique des textes -
           Corpus, connaissances et linguistique des textes"

    3- Textes
        - Pierre Judet de la Combe : "Langues d'Europe et "identite" "
        - Francois Rastier : Mort-spectacle et succes annonce
           
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [informations réservées aux abonnés]

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    {FR, 07/12/2007}

    VOEUX

    Bonnes fêtes et bonne année à tous !

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    {FR, 07/12/2007}

    SOUTENANCE DE THÈSE

    Université Paris X Nanterre
    Le mercredi 12 décembre à 14h, Batiment B, salle 016.

    Smaïl DJAOUD
    Université de Paris X Nanterre
    Sous la direction de François Rastier

        Sémantique de la doxa dans les sciences sociales sur le Maghreb
        De Charles André Julien à Germaine Tillion

    Résumé

    Cette étude présente une approche sémantique des sciences sociales
    élaborées sur le Maghreb à travers un corpus de quatre auteurs
    importants : Charles André Julien, Pierre Bourdieu, Mostéfa Lacheraf et
    Germaine Tillon. Elle s'efforce de saisir la variété des doxas au plus
    près des textes étudiés et d'appréhender la manière dont ces penseurs
    assument l'héritage que constituent pour eux les savoirs de la période
    coloniale. Elle caractérise notamment la manière dont ils dépassent ces
    savoirs et plus globalement les modalités de leur passage vers un mode
    de connaissance postcolonial plus soumis aux exigences épistémologiques
    et méthodologiques du champ intellectuel métropolitain et mondial.

    La méthode, essentiellement sémantique, fondée sur la construction de
    parcours interprétatifs, et consolidée parfois par des constats
    lexicométriques d'appoint, est d'abord appliquée au texte historique de
    Julien (1952). Un imaginaire géographique particulier et cohérent,
    fondé sur l'opposition des parties du relief et sur une représentation
    insulaire du Maghreb a ainsi pu être décrit. Impliquée jusque dans la
    composition de l'histoire, cette vision  voit en les Almohades des
    "montagnards" et en les Almoravides des "Sahariens",  et conçoit les
    "invasions hilaliennes" comme un phénomène climatique néfaste. Le
    résultat de cette géographisation de l'histoire est une re-construction
    de l'espace  physique et culturel maghrébins, dont ont largement hérité
    l'ensemble des sciences sociales qui traitent de ce "terrain".

    A l'inverse, la pensée lacherafienne est caractérisée par une
    construction sémiotique qui consiste à distinguer entre deux espaces
    antagoniques, l'espace identitaire /national/ et l'espace distal
    /colonial/. Le premier, présenté comme lieu d'énonciation et de
    subjectivité, comprend une pluralité de notions et de valeurs définies
    comme formant ou appartenant à l'espace du "nous" ; tandis que le
    second, auquel il ne cesse de s'opposer, est celui des "autres", de
    l'"ennemi", de l'étranger. Non seulement le premier est positif (zone 
    de la révolution, du peuple, de la libération, de l'émancipation, de
    l'opprimé, etc.) et le second négatif (zone du peuplement, du génocide,
    de la dévastation, de l'extermination), mais l'ensemble de cette
    organisation, avec ses valeurs et ses présupposés, se trouve investie
    dans l'interprétation des phénomènes historiques et sociologiques les
    plus divers : l'antagonisme du "nous" (l'identitaire) et du "eux"
    (distal) est traduit par l'opposition du Tiers-Monde opprimé et de
    l'Occident armé en histoire récente et en politique internationale, par
    le contraste entre le Sud, autochtone, et le Nord, romain, pendant
    l'antiquité romaine de l'Afrique du Nord, du Donatisme et de l'Eglise
    officielle dans le christianisme nord-africain de la même époque, des
    Musulmans et des Byzantins au 7ème siècle, du colonisé et du
    colonisateur aux XIXè et XXème siècles, etc. Ce qu'opère ainsi le point
    de vue nationaliste de Mostéfa Lacheraf consiste en une inversion des
    valeurs.

    Un autre auteur qui a retravaillé ces savoirs est Bourdieu dans sa
    "Sociologie de l'Algérie" (1958). Il reprend les divisions de l'espace
    culturel nord-africain, telle que construites par l'historiographie
    "coloniale". Il retravaille la représentation du Maghreb en archipel et
    la réécrit pour l'Algérie sous les traits d'une "koïné culturelle".
    Mais c'est surtout le ton écologique de cette sociologie, conféré par
    une lutte omniprésente et sans cesse recommencée du paysan (l'acteur
    Homme) contre la nature (l'acteur Milieu), qui finit par la
    caractériser, en  figurant comme un récit sous-jacent à nombre
    d'explications : le défi lancé par la nature impérieuse, le surcroît de
    solidarité des paysans, les femmes comme "prêtresses agraires"
    conjurant les dangers du milieu physique, les marabouts comme chefs de
    services spirituels intercédant auprès des forces naturelles, etc. sont
    autant de séquences narratives d'une joute écologique entre des
    protagonistes collectifs. Au final, la survie du groupe n'est assurée
    qu'en vertu d'un équilibre précaire, sans cesse menacé de rupture.

    Bien différent est le Bourdieu de la Kabylie mythico-rituelle, que les
    commentaires sur l'oeuvre du sociologue ont négligé. Placée au coeur de
    l'espace identitaire méditerranéen et "euro-américain", cette Kabylie,
    intégrée du point de vue de l'espace, est cependant vertigineusement
    éloignée du point de vue du temps : conçue essentiellement comme une
    Arché miraculeusement contemporaine, dans laquelle fonctionne
    atemporellement "le vieux socle méditerranéen", elle relève d'un
    "Inconscient androcentrique" pathogène. Les sociétés européennes sont
    alors comme conviées à se débarrasser de ce qu'il y a de profondément
    kabyle en elles, pour parvenir à un rapport plus juste entre les hommes
    et les femmes. Décrite comme dépourvue d'institutions, encore à l'état
    indifférencié, similaire à la Grèce archaïque et pré-philosophique qui
    croyait en ses Dieux de l'Olympe (sa mythologie) et vivait cette
    croyance, la Kabylie éternelle de Bourdieu fonctionne en vertu des
    dispositions mythiques de son habitus. Elle constitue un monde où les
    pratiques des agents sont des mythologies réalisées, où l'antagonisme
    du masculin et du féminin est une  division du nomos multipliée à
    l'infini : elle fonde l'ensemble des divisions qui structurent les
    différents secteurs de la vie kabyle, maison, métier à tisser,
    cueillette des olives, etc. La vision bourdieusienne fait ainsi de la
    Kabylie un ensemble de pratiques qui chantent analogiquement et en
    choeur la même mythologie sexuée (masculin/féminin). Le schéma
    synoptique qu'il en donne, tout en concentrant l'essence d'une culture
    dans une sphère, est construit sur le modèle d'une matrice générative
    (Chomsky) : c'est l'une des rares fois, sinon l'unique fois, où le
    sociologue dessine de façon problématique l'habitus de toute une
    culture.

    Tillion convoque à sa manière l'illusion de l'Arché, en concevant son
    terrain ethnographique comme /vierge/, /authentique/, /inexploré/,
    /isolé/, /mythique/, jamais en contact sérieux avec "notre
    civilisation" ou avec l'histoire, tout en négligeant les aspects
    politico-religieux de la société chaouïa. Elle ira jusqu'à voir en
    l'Aurès contemporain un "étrange monde lointain", resté /immuable/,
    copie relativement fidèle de l'archéo-société endogame et incestueuse
    qu'aurait connu jadis tout le monde méditerranéen. Cette recréation
    idéale n'est cependant menée qu'à moitié car malgré sa référence à la
    préhistoire, il demeure que pour elle la "société traditionnelle"
    demeure dans un statut intermédiaire, hybride, entre le sauvage et le
    moderne, ce qui lui vaut une  évaluation cinglante notamment à travers
    la notion de "survivance" et celle de "vieilles structures", formes
    culturelles qui appellent non pas une sauvegarde mais une destruction
    rapide et efficace. L'analyse sémantique de son concept ternaire
    (société sauvage/traditionnelle/moderne) fondé sur l'opposition des
    contenus montre que l'auteure, à travers l'opposition de la Tribu et de
    l'Etat, de la Campagne et de la Ville, du rural et de l'urbain, de
    l'endogamie et de l'exogamie, du Cousin et du Citoyen, de la fraternité
    et du patriotisme, de l'entre soi (inceste) et de l'échange, d'Ibn
    Khaldun et d'Averroès, etc., fonde un solide système d'interprétation
    et d'évaluation des réalités maghrébines et méditerranéennes, qui n'est
    pas étranger aux savoirs antérieurs sur le Maghreb.

    Cinq manières de dépasser les savoirs de la période coloniale sont
    distinguées, manières qui sont appelées des réécritures : une
    réécriture géographique avec Julien, une réécriture nationaliste avec
    Lacheraf, une réécriture écologiste puis mythologique avec Bourdieu, et
    enfin une réécriture méditerranéiste (plutôt que féministe) avec
    Germaine Tillon.

    L'analyse est poursuivie par une réflexion sur les points de rencontre
    entre ces différentes réécritures. Elle fait ressortir les cadres
    doxiques au sein desquels certaines visions et certaines appréciations
    des savoirs de la période coloniale ont été reformulées. Ils concernent
    essentiellement la construction de l'espace physique et culturel
    maghrébin dans les sciences sociales, la "permanence berbère",
    l'appréciation de l'islam, les visions de la ruralité et de l'urbanité,
    la recherche de l'Arché et le projet d'une sociologie de la
    civilisation.
     
    En conclusion, la doxa dans les sciences sociales qui traitent du 
    Maghreb est loin de se manifester au travers d'une idéologie globale,
    transversale et cohérente. Bien au contraire, une fois ces textes
    envisagés épistémologiquement, et non plus seulement politiquement, du
    point de vue de leur contribution réelle ou supposée à un quelconque
    culture impérialiste, il apparaît que leurs cadres doxiques consistent
    en des catégories de perception et de construction des connaissances
    qui transparaissent à travers des réécritures souvent très novatrices.

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    {FR, 07/12/2007}

    SOUTENANCE DE THÈSE

    Christian MAUCERI
        mauceri@fr.ibm.com

    J'ai le plaisir de vous inviter à ma soutenance de thèse intitulée

                Indexation et isotopie :
            vers une analyse interprétative des données textuelles

    ainsi qu'au pot qui suivra.

    La soutenance se déroulera le vendredi 14 décembre 2007 à 10H dans la
    salle Ile de France de la Tour Descartes (Tour IBM),
    2, avenue Gambetta, Paris La Défense.
    Essayez de m'envoyez un mail de confirmation 3 jours à l'avance de
    façon à ce que je puisse faire le nécessaire auprès du service de
    sécurité d'IBM pour que vos badges soient disponibles, il vous faudra
    aussi vous munir d'une pièce d'identité.

    Composition du Jury :

    - Rapporteurs  :
    François RASTIER, Directeur de recherche, CNRS
    Monique SLODZIAN, Professeur, INALCO
    - Examinateurs :
    Diem HO, IBM Academy of Technology, IBM Europe
    Ioannis KANELLOS, Professeur, ENST Bretagne
    Philippe LENCA, Maître de conférence, ENST Bretagne
    Pierre-François MARTEAU, Directeur du VALORIA, Univ. de Bretagne Sud

    Résumé :

    L'immense succès des moteurs de recherche sur le Web est loin d'épuiser
    la problématique de l'indexation sujet surtout lorsque les textes à
    indexer ne sont pas déjà mis en relation par des liens hypertextuels.
    La nature intrinsèquement interprétative de l'indexation sujet se prête
    mal, a priori, à l'automatisation. Nous montrerons qu'une approche
    interprétative de la classification automatique s'appuyant sur les
    acquis théoriques de la sémantique interprétative ouvre des voies
    nouvelles à l'indexation sujet en particulier et, en général, à
    l'herméneutique matérielle dont l'ambition est de réunifier
    l'herméneutique et la philologie.

    Nous proposons dans un premier temps une pratique renouvelée de la
    classification automatique basée d'une part sur un nouvel algorithme de
    classification utilisant la densité de fonctions noyau et d'autre part
    sur,une méthode d'utilisation de cet algorithme qui se fonde sur le
    cercle herméneutique de la détermination du local par le global et du
    global par le local.

    Dans un second temps nous proposons deux améliorations de la technique
    d'indexation par sémantique latente. La première utilise le filtrage
    d'une matrice de cooccurrences par le test exact de Fisher appliqué à
    des tableaux de contingence à vaste marge. Ce filtrage est rendu
    aujourd'hui possible par l'algorithme de Lanczos approximant
    efficacement la fonction Gamma. La seconde utilise une approximation
    d'analyse en composantes principales permettant de représenter les
    facteurs principaux d'une matrice de cooccurrences par les mots
    caractéristiques du graphe de cooccurrences.

    Nous montrerons enfin qu'il est dès lors possible de soumettre à
    l'appréciation d'un interprète des classes de passages de textes
    décrites par des facteurs, lui permettant ainsi de mettre rapidement en
    évidence des molécules sémiques caractéristiques d'un corpus comme de
    rejeter des regroupements artificiels. Les facteurs qualifiés au sein
    de ces molécules sémiques rendent compte de formes sémantiques se
    détachant sur un fond isotopique offrant par là même une indexation
    rapide, régulière et de qualité de vastes corpus.

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    {FR, 07/12/2007}

    SÉMINAIRE

    Pierre Judet de La Combe,
    Directeur d'études à l'EHESS et Directeur de recherches au CNRS.

    Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'EHESS :
        L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
     
    Thème de l'année 2007-2008 :
        Formes discursives en Grèce archaïque : mythe et cosmologie

    séminaire ouvert aux étudiants de master.
    Le lundi, de 11 h. à 13 h., au 105 Boulevard Raspail, salle 5.
    Hebdomadaire. Première séance le 12 novembre.
     
    En prolongeant la réflexion sur la relation qui s'instaure dans les
    oeuvres poétiques de la Grèce archaïque entre les formes de "vérité"
    qu'elles revendiquent -vérités de l'ordre de la connaissance, de
    l'ordre des normes politiques, religieuses et poétiques, ou de
    l'expressivité- et leur historicité comme événements marquants [NDLR :
    voir dans le précédent SdT le compte-rendu du séminaire de l'an
    dernier], nous travaillerons cette année sur une forme qui prétend
    totaliser la tradition narrative dans une construction systématique
    nouvelle, à savoir le mythe, tel que le conçoit et le pratique la
    poésie savante (notamment chez Hésiode, dans sa confrontation constante
    avec la tradition homérique). L'hypothèse sera que le mythe, sous cette
    forme savante, est à comprendre comme mytho-logie, comme science de la
    tradition mythique, de sa variance, de ses contradictions, de ses
    potentialités. Le mythe, selon ce point de vue, parle moins des choses
    que de la manière dont on les raconte. Les séances porteront sur les
    épisodes majeurs de la Théogonie (dans une traduction originale,
    proposée pour la discussion, avec référence au texte grec pour les
    points critiques où le sens littéral fait problème). L'enjeu sera de
    reconstruire le type de systématicité qui est à l'oeuvre dans ce poème
    généalogique, et d'articuler les deux orientations majeures de ce
    récit : à savoir l'interprétation de histoire divine comme histoire de
    la totalité des choses, et la forme de réflexion critique sur la
    tradition poétique antérieure (et notamment, mais pas seulement, la
    tradition "homérique") qu'un tel travail suppose. Cela nous permettra
    de réévaluer la pertinence de plusieurs concepts habituels dans
    l'analyse des textes anciens : performance, oralité, individualité d'un
    auteur, rapport parole/langue.

    Comme la notion de "mythe" a été fortement remise en cause ces
    dernières années (comme notion anachronique, extérieure à la tradition
    narrative parce que posée par la critique philosophique de cette
    tradition), nous lirons parallèlement plusieurs textes philosophiques
    et scientifiques marquants, depuis la fin du XVIIIe siècle, relatifs à
    la nature du mythe, de manière à faire le point.

    Nous reviendrons ensuite sur la question classique de la césure
    historique, sans doute à remettre en question, entre récit mythique et
    système cosmologique. Après l'examen des schémas qui posent une rupture
    essentielle entre muthos et logos et de ceux qui, au contraire,
    réintroduisent une continuité et expliquent le changement d'abord par
    la différence des conditions sociales et politiques du discours savant,
    nous tenterons de proposer des hypothèses sur la signification
    historique du changement qu'introduit, au sein de la tradition
    narrative, le passage d'un intérêt pour l'histoire des dieux à un
    intérêt pour l'histoire de la nature.

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    {FR, 07/12/2007}

    SÉMINAIRE

    Année académique 2007-2008
     
    Chaire de Physiologie de la Perception et de l'Action
    M. Alain BERTHOZ, Professeur
     
    Séminaires :
            Le cerveau, le réel et le virtuel

    Amphithéâtre Marguerite de Navarre
    11 Place Marcelin Berthelot - 75005 Paris
     
    Mercredi 16 Janvier
    16h - Pr Nicolas Franck, Institut des Sciences Cognitives CNRS Lyon
      Les hallucinations. Altérations de la prise en compte du réel dans
      les psychoses
    17h - Dr Marie Odile Krebs, INSERM, Hôpital Saint Anne Paris
      Hallucination et schizophrénie
     
    Mercredi 23 Janvier
    16h - Dr Jean Becchio, Université Paris Sud Orsay
      Données récente sur les bases neurales et les applications clinique
      de l'hypnose
    17h - Dr Jean Philippe Lachaux, INSERM Lyon, Dr Ph. Kahane, Hôpital
          Nord, Grenoble et Dr Karim Jerbi, LPPA Collège de France
      Brain TV : voir, contrôler et moduler l'activité de son cerveau
      Bases du neurofeedback et des interfaces cerveau - machine
     
    Mercredi 30 Janvier
    16h - Pr Patrick Haggard, Institute of Cognitive Neuroscience
          University College Londres
      Sensation corporelle et représentation de soi
      [en anglais avec traduction française]
    17h - Discussion : Pr Alain Berthoz et Pr Jean Luc Petit
      La notion de corps virtuel
     
    Mercredi 6 Février
    16h - Pr Liliane Manning, Laboratoire de Neuropsychologie CNRS,
          Université de Strasbourg
      Le réel et la fiction dans la mémoire autobiographique
      Etudes comportementales et en imagerie cérébrale
    17h - Pr Pascale Piolino, Université Paris V
      A la recherche du temps perdu : bases neurales de la mémoire
      autobiographique et de ses dysfonctionnements
     
    Mercredi 13 Février
    16h - Pr Salvatore Aglioti, Université La Sapienza, Rome
      Le corps et le soi dans le cerveau
      [en anglais avec traduction française]
    17h - Pr Alain Berthoz, Halim Hicheur, Julie Grèzes, Josh Houben, Lydia
          Yahia-Cherif, LPPA Collège de France et Ecole Jacques Lecoq
      L'expression corporelle des émotions
     
    Mercredi 20 Février
    16h - Pr Daniel Thalmann, Ecole polytechnique de Lausanne,
          Laboratoire de Réalité virtuelle
      La simulation des foules par la réalité virtuelle
    17h - Dr Stéphane Donikian, IRISA /CNRS Université de Rennes
      Comment s'inspirer des comportements humains pour réaliser des
      créatures virtuelles avec des images numériques
     
    Ces séminaires seront complétés par :
    Deux conférences du Pr I. Takanishi (Université de Waseda, Japon) sur
    les robots humanoïdes japonais (dernière semaine de Février).
     
    Un colloque international qui se tiendra au Collège de France le 11 et
    12 Juin 2008, organisé avec les Professeurs Brian Stock (Université de
    Toronto) et Carlo Ossola (Collège de France).
    Sujet : "La pluralité interprétative et les fondements historiques et
    cognitifs des changements de point de vue".

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    {FR, 09/12/2007}

    SÉMINAIRES


    * Henri Atlan, séminaire propre:

        La biologie post-génomique à l'usage des sciences humaines.

    se tiendra les Mardis de 19 h à 21 h salle 8, 105 Bd Raspail
    les 15 janvier, 12 février, 11 mars et 15 avril 2008


    * Séminaire EHESS 2007-2008
      sous la direction de Henri ATLAN et Claudine COHEN

            Biologie et société

    Lundi 14 janvier 2008 de 11 H à 13 H
        M. Daniel JACOBI (Université dAvignon)
    "Le patrimoine naturel en France, entre protection et diffusion
    touristique"

    Lundi 11 février 2008 de 11 H à 13 H
        M. Paul-André ROSENTAL (EHESS)
    "Les traits distinctifs de l'eugénisme français"

    Lundi 10 mars 2008 de 11 h à 13 h
        M. Arnold MUNICH (Hopital Necker)
    "Traitement des maladies génétiques : le poids de l'idéologie"

    Lundi 14 avril 2008 de 11 H à 13 H
        M. François RASTIER (CNRS).
    "Naturalisation et post-humanité"

    Lundi 5 mai 2008 de 11 H à 13 H
        M. Pierre-Henri GOUYON (MNHN)
    "L'Information en biologie de l'évolution"

    Lundi 9 juin 2006 de 11 H à 13 H
        M. André WAKEFIELD (Université de Claremont, Californie) et
        Mme Claudine COHEN (EHESS)
    "Histoire naturelle et géographie naturelle dans la Protogée de Leibniz"

    Toutes les séances du Séminaire auront lieu à lEHESS,
    Salle Lombard, 96 bd Raspail, 75006 Paris, de 11h à 13h.

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    {FR, 07/12/2007}

    SÉMINAIRE

    Séminaire Sémantique des textes, année 2007-2008

    François RASTIER
    Directeur de recherche

    CORPUS, CONNAISSANCES ET LINGUISTIQUE DES TEXTES

    Thèmes abordés : - La linguistique des textes, la linguistique des
    langues et la linguistique du langage. - Corpus et connaissances. - Les
    concepts comme formes sémiotiques. - Unités textuelles et passages. -
    Sémantique des textes et analyse de la doxa. - Pour une sémantique du
    web. - De la sémantique des valeurs à une sémiotique des cultures.

    Institut national des langues et civilisations orientales [Centre de
    Recherches en Ingéniérie Multilingue], 2 rue de Lille, 75007 Paris -
    Salons de l'Inalco, escalier C, deuxième étage, salle 223.
    Métro : Saint-Germain, Musée d'Orsay ou Palais-Royal.

    Six séances le jeudi, une le mercredi.
    Les jeudis 10, 17, 24 janvier ; jeudi 7 février ; jeudi 20 mars ;
    mercredi 26 mars ; jeudi 3 avril. Horaire : de 17h30 à 19h15.

    Contact: Lpe2@ext.jussieu.fr
    Références : http://www.revue-texto.net

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    {FR, 07 et 10/12/2007}

    TEXTE

    Pierre Judet de la Combe

            Langues d'Europe et "identité"

    [conférence donnée à Toulouse le 16 mars 2007 au colloque international
    Trajectoires de l'Europe (Université de Toulouse 1, Sciences sociales)]


    Deux fonctions du langage ? - Une opinion commune veut que les langues
    aient, chacune, deux fonctions principales : permettre la communication
    entre les humains et exprimer une identité. La langue serait, d'un
    côté, ouverte à l'universel, puisque, non seulement, nous pouvons
    communiquer les idées les plus générales entre sujets parlant la même
    langue, mais qu'au-delà, la traduction, même approximative, assure la
    possibilité d'une entente généralisée entre des individus d'origine
    différente. D'un autre côté, les langues, par leurs différences,
    rappelleraient que nous sommes aussi toujours liés à des histoires à
    des traditions diverses, particulières. La langue, selon ce second
    point de vue, exprimerait ce que nous sommes, à savoir notre identité
    comme origine. Quand nous parlons, et quoi que nous disions, nous
    faisons entendre que nous sommes de tel pays, de telle région, ou de
    tel milieu social. D'un côté, donc : l'universel, idéalement ; de
    l'autre, concrètement : une singularité. D'un côté, l'accent est mis
    sur ce que l'on dit, de l'autre, sur l'idiome que l'on parle, langue
    nationale, dialecte, ou sociolecte.


    Conflit de valeurs : ouverture ou patrimoine. - A ces deux dimensions
    du langage, sont attachées des valorisations différentes, dont les
    relations ne manquent pas d'être conflictuelles. Comme outil de
    communication, la langue ne s'embarrasse pas des identités d'origine.
    La réussite que l'on attend d'une prise de parole n'est pas qu'elle
    signifie clairement le lieu de naissance de celui qui parle, mais
    qu'elle sache faire valoir une opinion, qu'elle la rende intelligible
    et, si possible, convaincante. La pluralité des langues, qui est l'un
    des caractères essentiels de l'Europe, tend, de ce point de vue, à
    devenir un obstacle. Ce qui importe est le message que l'on veut
    transmettre dans le monde ouvert qui est le nôtre. L'idéal serait que
    tout le monde parle la même langue. Pour cette raison, on a vu, aux
    différentes époques de l'histoire, s'imposer des "langues franches",
    destinées à la seule communication : tour à tour l'araméen, le grec, le
    latin, l'arabe, puis le français et enfin l'anglais, sans compter les
    très nombreux sabirs qui ont accompagné le commerce et les conquêtes
    ont servi à remplir cette fonction. Mais la simple liste de ces langues
    montre que l'idéal n'est jamais réalisé : il restera toujours des
    mondes que ces langues n'atteindront pas, ou des groupes sociaux qui,
    enfermés dans leurs langues nationales ou leurs dialectes, n'auront pas
    accès à cette communication générale. D'où l'idéal d'une langue
    vraiment universelle qui n'ait comme support aucune des langues
    historiques, pas même l'anglais, mais des langues purement
    conceptuelles, formalisées, comme on les voit se construire dans les
    programmes actuels de traduction automatique.

    Face à cela, les langues nationales, ou régionales, sont défendues au
    nom d'une tout autre valeur. Si la communication, pour se généraliser,
    se dote d'une langue universelle, ou quasi universelle, comme l'est
    actuellement l'anglais des échanges, la perte semble trop grande : des
    identités historiques sont bafouées, les individus qui parlent se
    sentent dépossédés de leur culture, qui est toujours singulière et dont
    le support et l'expression seraient fournis avant tout par la langue.
    Les phrases prononcées par les gens sont censées valoir non seulement
    par la réussite de la communication, mais par leur authenticité : tel
    ou tel parle en tant que Français, qu'Espagnol ou Catalan, et non pas
    comme un individu abstrait, coupé de tout passé. On assiste alors à des
    défenses, parfois désespérées, des langues "locales", c'est-à-dire de
    toutes langues historiques en dehors de l'anglais, ou plutôt du
    pseudo-anglais international. Ces défenses se font d'habitude selon
    deux lignes d'argumentation qui sont en fait contradictoires et qui
    font bien ressortir par là dans toute sa richesse le problème que nous
    pose la pluralité des langues. On dira, par exemple, pendant les phases
    d'impérialisme, que telle ou telle langue a plus que d'autres vocation
    à dire l'universel en raison de sa constitution interne (ainsi
    l'argument fameux de la "clarté française") ; dans les phases
    historiques plus pacifiées, on dira, et à raison, que toutes les
    langues ont par définition accès à l'universel. Ou, au contraire, on
    fera valoir que c'est la différence entre les langues qui est par
    elle-même une valeur, comme l'est pour la nature la diversité des
    espèces. La singularité est alors valorisée en tant que telle. La
    langue devient un patrimoine à préserver, puisque sans lui nous ne
    serions pas ce que nous sommes, et que nous sommes d'abord des êtres
    situés, dépendants d'une tradition.

    La tension entre ces deux valeurs -réussite d'une communication
    généralisée, d'une part, et authenticité des énoncés, de l'autre-
    engendre des conflits persistants au sein des politiques nationales et
    internationales des langues, que ce soit pour leur apprentissage à
    l'Ecole, ou au sein des institutions chargées de régler ou de mettre en
    place les échanges au niveau d'un continent ou du monde : peut-on se
    passer d'un instrument d'entente générale comme l'anglais
    international, mais comment, alors, ne pas priver les individus des
    ressources de leur milieu linguistique d'origine ? Ou, pour le dire
    positivement, comment considérer les humains à la fois comme des sujets
    potentiellement universels et comme des singularités ? Selon les
    idéologies et les modes, l'accent sera mis sur l'un ou sur l'autre
    pôle. L'anglais international deviendra, par exemple, une matière
    obligatoire à l'Ecole primaire, ou au contraire, là où s'affirme une
    volonté identitaire, la langue nationale ou régionale servira de base
    de l'éducation. Cette seconde ligne, qui est défensive, aura plus de
    mal à s'imposer.


    L'Europe et les langues. - Mais les termes du débat sont-ils justes ?
    Le fait même que l'on parle, avec toutes les précautions nécessaires,
    d'une "identité européenne" montre que la question n'est pas si simple.
    L'Europe est une pluralité de langues, et le sentiment, plus ou moins
    fort, d'appartenance à cet ensemble n'est pas lié à la langue, à telle
    ou telle langue nationale, mais à une histoire complexe et souvent
    conflictuelle, qui est une histoire agie et écrite en plusieurs
    langues. Les débats, non tranchés, sur les limites géographiques de
    l'Europe, comme sur ses prétendues "racines" civilisationnelles
    montrent qu'une solidarité politique et culturelle européenne ne peut
    pas être fondée sur un "donné" acquis une fois pour toutes, comme sont
    supposées être "données" aux individus leurs langues naturelles, dont
    on dit qu'elles expriment leur identité. Cette solidarité ne peut
    résulter que de l'acceptation d'un projet qui à la fois soit commun,
    c'est-à-dire dépasse les différences d'origine, et rende justice, d'une
    manière ou d'une autre, à ces différences. L'appartenance européenne
    n'est donc pas un état de fait, mais un travail collectif qui, pour
    réussir, doit parvenir à une médiation acceptée entre le passé, ou
    plutôt les passés des différentes sociétés, et un futur partagé. Elle
    ne peut donc ni être déduite d'un passé supposé commun, et en fait
    introuvable, tant les traditions diffèrent, ni être construite à partir
    d'un futur abstrait défini en commun. Dans cette tension, c'est aussi
    le concept même d'identité qui devra être discuté.


    Langues et conceptions idéologiques du langage. - Cela nous renvoie
    bien à la question de la, ou des langues. Un premier examen montre
    vite, en effet, que les deux positions évoquées plus haut quant à la
    langue, avec l'accent mis ou bien sur l'efficacité ou sur
    l'authenticité de la communication, sont en réalité parfaitement
    solidaires et résultent l'une et l'autre d'un même rétrécissement de
    l'idée qu'on peut se faire des capacités du langage. Dans l'un et
    l'autre cas, on suppose qu'il existe un donné préalable à l'acte de
    communiquer, un donné que le langage n'aurait qu'à transmettre le mieux
    possible.

    Selon l'optique de la communication efficace, on pose en général que
    les individus parlent de quelque chose qui existe indépendamment de
    leur prise de parole : ils auraient un message à transmettre sur l'état
    des choses. Le problème devient seulement celui d'être bien entendu.
    Cela suppose qu'il existe bien un monde objectif partagé, formulable en
    énoncés adéquats ; les individus n'ont donc qu'à apprendre à s'exprimer
    clairement, et si possible dans une langue vraiment internationale.
    D'où l'emprise progressive d'un anglais commun, présentée parfois comme
    un destin. C'est tout simplement faire abstraction du fait que la
    relation que nous pouvons avoir avec le monde est toujours différente
    selon les situations historiques où l'on se trouve, selon les cultures,
    les traditions, les individus et les projets. Ce qui fait consensus
    dans une culture peut être problématique dans une autre, ce qui fait
    qu'il y a dissensus dans une société peut être opaque pour une autre.
    Le monde éventuellement partagé n'est pas un préalable, mais le
    résultat d'une entente qui passe par le langage, c'est-à-dire par des
    langues différentes ; il ne se réalise que si les individus comprennent
    la signification de ce qu'ils disent par rapport à leur propre passé
    culturel et s'ils comprennent les raisons qui font que d'autres
    individus, parlant une autre langue, ne trouvent pas "naturel" ce
    qu'ils disent. Penser qu'une compréhension internationale réussie
    demande uniquement que le brouillage linguistique des informations ou
    des opinions données soit éliminé participe de l'idéologie selon
    laquelle le réel est évident, immédiatement partagé. Parler reviendrait
    à se conformer le mieux possible à ce réel commun, ou à tenter de le
    maîtriser. Mais si le monde commun n'est pas simplement conçu comme un
    réel objectif sur lequel il faudrait s'entendre, mais comme un monde
    social et politique rassemblant des individus et des sociétés qui
    agissent et se parlent, il devient difficile de dire qu'il est
    antérieur aux discussions ; il apparaît plutôt comme produit par elles.
    Il suppose, en effet, que les raisons différentes de s'intéresser à lui
    et de le construire soient elles-mêmes claires, qu'une entente soit
    déjà produite à ce niveau-là : un projet tel que l'Union européenne ne
    demande pas seulement qu'on s'entende sur des choses ou des normes
    juridiques repérables, mais sur le sens que prend dans chaque culture
    le fait de chercher une entente : quel type de solidarité, par-delà les
    histoires nationales, cherche-t-on à mettre en place, avec quels effets
    prévisibles vu ce que sont les histoires de chaque partenaire ?

    Le monde commun n'est pas un objet disponible, déjà là ; il est
    historique, c'est-à-dire toujours à faire. Le langage, à savoir chaque
    langue, a sa part dans cette construction. En effet, si ce monde était
    donné et si le langage tirait sa force de ce qu'il sait clairement s'y
    référer (ce qu'on appelle sa fonction référentielle), la langue devant
    dès lors être commune, on ne comprendrait tout simplement pas comment
    un projet serait possible. Pour proposer une orientation quant à
    l'avenir, par définition inconnu, la fonction référentielle ou
    dénotative du langage ne suffit pas. Au-delà, il convient de mobiliser
    des facultés langagières capables de poser un monde non réel. Pour
    cela, les individus auront à activer des ressources de leur propre
    langue, la seule qu'ils connaissent en profondeur, de manière à tirer
    de leur tradition langagière (vocables anciens d'autant plus ouverts à
    des sens nouveaux qu'ils sont inusités, métaphores littéraires ou
    autres) des symboles renvoyant à une réalité possible. Le travail sur
    le passé de la langue sert ainsi de condition à la préfiguration d'un
    avenir, comme c'est en fait le cas dans les sciences dites exactes :
    une métaphore, encore imprécise, y sert à anticiper un objet théorique
    possible que la science aura ensuite à déterminer conceptuellement ; la
    langue "naturelle" oriente le travail de formalisation qui est requis
    de toute science. Il en va de même pour les projets politiques ou
    économiques, qui sont d'abord portés par des termes qu'un travail de
    discussion et d'argumentation contradictoire aura à définir. Les
    individus seront d'autant plus libres et compétents dans ce travail
    qu'ils appuieront l'inventivité linguistique requise pour la
    formulation et l'argumentation de leurs projets sur la maîtrise d'une
    langue dans sa dimension historique, c'est-à-dire, en fait, s'ils
    s'appuient sur leur propre langue, et non sur une langue standard à
    visée purement référentielle. Le respect de la pluralité des langues
    historiques n'est ainsi pas un obstacle à un projet européen, mais la
    condition de sa réussite.

    De manière complémentaire, les idéologies de l'identité, nationale ou
    régionale, supposent que nous savons ce que nous sommes et, plus
    fondamentalement, que nous sommes bien quelque chose de collectivement
    défini (comme le dit le mot "identité", qui renvoie au fait d'être ceci
    et non cela), la langue étant l'expression la plus claire de cette
    chose. Mais on sait, par exemple, que dans l'espace politique français
    pas moins de quatre cents langues maternelles ont été transmises et
    parlées au cours du XXe siècle. Les ramener à une seule est déjà un
    coup de force. Dire qu'il y a une "langue nationale" n'est pas une
    description de ce qui est, mais un programme ; il est posé qu'une
    certaine norme linguistique, qu'un usage, parmi d'autres, fera la
    langue commune, du mieux qu'elle peut ; et l'entreprise sera d'autant
    moins ressentie comme violente et injuste qu'elle sera débattue,
    argumentée au sein d'institutions vraiment représentatives. Ce ne fut,
    de loin, pas souvent le cas, mais on a vu en France que l'emploi du
    français a pu se généraliser avec le renforcement de la République à
    partir de la fin du XIXe siècle avec les innovations que furent, entre
    autres, l'Ecole, la liberté de la presse puis le développement des
    médias. Cela est déjà un argument contre les souverainistes actuels :
    la nation n'est pas la condition nécessaire à la démocratie, le seul
    espace historique possible où elle pourrait se déployer. La nation est
    plutôt un effet de la démocratie. Tout comme l'Europe, elle n'est pas
    un donné, une origine, mais une construction historique, par principe
    inachevée. Le concept même d'"identité nationale" fige ce processus
    ouvert.


    Complémentarité des idéologies identitaires et "mondialistes" (au sens
    du marché). - Dans les deux accentuations différentes des fonctions
    majeures prêtées au langage, communication de messages ou expression de
    ce que l'on est, on voit donc à l'oeuvre la même tendance à transformer
    ce qui est un long travail d'élaboration historique, ouvert et d'abord
    indéterminé, en réalité donnée, posée là comme étant indiscutable, que
    ce soit la réalité commune de ce dont il conviendrait de parler (en
    fait, il s'agit souvent de la "réalité" du marché considérée comme
    étant la base des échanges internationaux, avec les normes juridiques
    et les savoirs qui l'encadrent ou la nourrissent), ou la réalité
    originelle de ceux qui parlent. On assiste à une double tentative de
    réification, de pétrification, tant du monde dont on parle que des
    sujets. Il n'y a donc pas de contradiction entre le modernisme des
    discours qui font du marché et des échanges d'information le milieu où
    devrait se réaliser la dimension universelle de l'humain, et les replis
    identitaires sur des traditions passées. Ces deux mouvements à la fois
    se compensent et relèvent de la même idée de ce qui est réel, de ce qui
    compte. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si les fondamentalismes
    nationaux, religieux ou moraux se développent, en Occident comme
    partout ailleurs, à une période où l'ouverture mondiale par les marchés
    et la communication est devenue la règle. On voit bien, en Europe et
    ailleurs, les mêmes gouvernements batailler pour l'ouverture des
    échanges commerciaux et scientifiques et pour la crispation sur une
    "identité nationale". D'un côté on prône la fluidité de la circulation
    mondiale des prestations économiques et des savoirs, de l'autre, on
    sanctuarise les milieux touchés par cette ouverture au nom de la
    culture, conçue comme un patrimoine inaliénable.

    Au concept d'identité, sans doute conviendrait-il alors de substituer
    celui, plus riche parce que toujours problématique et ouvert au devenir
    historique, d'appartenance. Nous ne sommes pas ceci ou cela, mais nous
    nous reconnaissons individuellement et collectivement comme des sujets
    capables de penser et d'agir dans des milieux d'appartenance
    différents, la nation, l'Europe ou le monde, et aussi la religion, la
    science, l'art, l'économie et le monde privé. Ces appartenances
    multiples ne sont pas incompatibles en soi, mais, dans leur étagement
    toujours changeant, constituent des individualités. Seulement aux
    moments de crise aiguë nous avons à choisir entre ces appartenances
    diverses. En état de guerre, on se dira (ou on ne se dira pas)
    "français" ou "russe", plutôt que corse, musulman, artiste ou père de
    famille.


    L'Europe, une identité réflexive. - Une objection pourrait être de dire
    que malgré tout des civilisations différentes se sont constituées et
    que des traits caractéristiques tranchants les distinguent les unes des
    autres. Même si les civilisations s'enrichissent par leurs échanges, il
    y a bien des seuils entre elles parce que leurs passés et leurs valeurs
    ne sont pas identiques. Mais précisément, ces différences héritées
    peuvent être conçues ni comme un frein à une entente mondiale, ni comme
    un fait indépassable (dans l'optique d'un conflit des civilisations),
    mais comme le terrain initial à un travail universel de réflexion sur
    le sens de ces différences, travail mené dans la perspective d'une
    compréhension et d'une formulation de valeurs et de normes partagées.
    Ce travail serait abstrait, et inopérant, s'il n'avait pas comme objet
    les histoires de ces civilisations. Face à l'exigence de construire des
    projets partagés, la prise de distance collective par rapport à soi, à
    ce qui est établi par le passé, porte en elle-même une signification
    universelle, comme détachement et comme réappropriation des
    potentialités d'ouverture de chaque civilisation. C'est la base d'un
    universel concret, qui fasse sens.

    S'il faut définir une caractéristique de l'Europe moderne, c'est bien
    qu'elle s'est périodiquement donné cette tâche de prise de distance.
    Les grands moments de sa modernisation culturelle et politique ont
    toujours été des "Renaissances", des moments de réappropriation
    distante du passé, antique ou religieux, dont le but n'était
    précisément pas la restauration de ce passé, mais la définition de
    normes et de valeurs nouvelles. Cela dans un double geste
    révolutionnaire : face à un présent qui ne satisfaisait pas, l'ancien
    était posé comme détenteur d'une valeur, mais à condition qu'il soit
    simultanément posé comme obscur, difficile à comprendre et non comme
    immédiatement utilisable. La conscience historique qui caractérise nos
    cultures et les sciences historiques elles-mêmes sont nées de ce double
    geste : le passé n'était pas une origine, une "racine", mais une
    question : pour le comprendre, il a fallu inventer des institutions
    nouvelles porteuses d'un regard nouveau sur les traditions, dans les
    Eglises, à certaines époques comme la Réforme ou Vatican II, dans les
    Universités, dans le travail sur le droit romain, sur l'histoire
    ancienne des institutions démocratiques. Si l'Europe s'est dotée d'une
    individualité historique qui la différencie, c'est par cette réflexion
    de nature critique sur elle-même, sur son passé. Le mot identité, s'il
    fait sens, doit alors être compris comme processus historique, comme
    identité réflexive de travail sur soi. L'Europe n'est pas un espace
    plus ou moins défini mais une succession de réinterprétations ouvertes
    de ses traditions. Ce qui l'unit est, outre des intérêts communs de
    type géopolitiques, un intérêt affirmé par chacune de ses cultures pour
    une reformulation critique, sur la base d'un regard distancié sur ses
    traditions, de ses normes et des valeurs capables d'instaurer un
    sentiment d'appartenance, d'abord à l'échelle des nations, puis du
    continent.


    Langue et réflexion. Vers une politique des langues.

    Le modèle qui rend intelligibles ces transformations semble bien être
    le langage, mais à condition que l'on prenne en compte sa dynamique
    propre. A la fois il est présent, donné aux individus, comme ensemble
    efficace de règles, comme grammaire, et il est perpétuellement
    instable, comme milieu d'une innovation permanente, dans la différence
    des usages, dans l'inventivité des locuteurs qui transforme peu à peu
    les règles collectives. Le langage est en cela réflexif. Il permet aux
    individus à  la fois de se faire entendre et de transformer par leurs
    prises de paroles, par leurs inventions, les bases communes de
    l'entente en leur donnant la capacité de s'interroger sur le sens des
    expressions et des usages convenus. Il garantit la possibilité d'une
    authenticité, non parce qu'il exprimerait une identité préalable, mais
    parce qu'il est le lieu où l'effort, jamais certain de sa réussite, de
    dire quelque chose d'important ou de nouveau peut être reconnu et
    validé par autrui. En cela, il est bien le moyen et l'école de
    l'insertion des individus dans l'histoire.

    Une politique européenne des langues ne devrait donc pas avoir pour
    visée principale la seule capacité de transmettre des informations dans
    l'espace le plus vaste. Il s'agit, prioritairement, de donner aux
    citoyens les moyens de cette liberté par rapport à la langue que l'on
    appelle la "compétence linguistique", qui est une compétence
    historique. Cela passe avant tout par la maîtrise, par chacun, de sa
    propre langue, c'est-à-dire des ressources que son histoire y a
    déposées. La citoyenneté s'enracine dans cette maîtrise, qui est à la
    fois la condition première d'une participation active aux échanges
    internationaux et le moyen, vis-à-vis des langages de plus en plus
    obscurs que constituent les sciences, de comprendre notre
    environnement : nous devons aussi, dans la complexité et l'opacité du
    monde contemporain, être en mesure de formuler en langage naturel,
    commun, les objectifs de ces sciences et la signification qu'elles
    prennent dans nos mondes sociaux. Les individus, sinon, resteraient
    indéfiniment aliénés face aux savoirs qui encadrent leur vie. L'accent
    mis, dans l'éducation, sur la connaissance effective, c'est-à-dire
    historique, des langues maternelles ne signifie donc pas un repli, mais
    est au contraire la condition d'un projet vraiment cosmopolitique. Il
    garantirait aux citoyens européens la jouissance du droit qui fonde
    leur capacité d'exercer tous les autres, à savoir le droit à la langue.

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    {FR, 07/12/2007}

    COMPTE RENDU

    François Rastier

            Mort-spectacle et succès annoncé

    [paru en espagnol sous le titre "Muerte espectáculo y éxito anunciado",
    Barcelone, La Vanguardia, 15.11.07, Cultura/s, p. 4.
    Dossier coordonné par Xavier Antich à l'occasion de la sortie de la
    traduction de "Les Bienveillantes", de Jonathan Littell]

    Couronné de prix prestigieux, les Bienveillantes, best-seller
    international, est un de ces gros livres dont tous parlent, que
    beaucoup achètent et que certains lisent. Littell affiche un
    professionnalisme à l'américaine, en compilant toute la documentation
    classique pour attester que son roman est historiquement fondé. La
    première phrase finit par : "laissez-moi vous raconter comment ça c'est
    passé". Appuyé sur une caution historique revendiquée, qui a d'ailleurs
    flatté certains historiens, un tout autre discours se développe.
    Littell joue adroitement de sa judéité, mais son livre inverse en fait
    tous les principes du témoignage de l'extermination.

    (i) Son "héros" et narrateur est un dignitaire SS homosexuel et
    incestueux pour faire bonne mesure. La narration alterne inlassablement
    les scènes de violence et de sexualité qui se conjoignent aux moments
    forts. Un exemple : nous avons des photos et des récits de la pendaison
    de Wolf Kieper à "Lemberg" (Lviv) ; dans le style de Bataille, son
    modèle revendiqué, Littell y ajoute de son cru : "Sous sa chemise, il
    était nu, je voyais avec horreur sa verge engorgée, il éjaculait
    encore." C'est un affront abject à la mémoire du supplicié.

    De fait, l'érotisation ne sert qu'à rendre la violence désirable :
    ainsi, la femme du commandant d'Auschwitz se doit-elle de porter la
    petite culotte d'une jeune fille gazée, "qui ornait et protégeait
    maintenant le con de Hedwig Höss".

    (ii) Alors que beaucoup de survivants ont trouvé dans la culture une
    forme de résistance à la barbarie nazie, Littell réactualise, à la
    suite de Steiner, les poncifs du Kulturpessimismus de l'époque
    bismarckienne, avec le thème du bourreau amateur de musique classique.
    Les chapitres sont titrés par les mouvements des suites de Bach
    (courante, allemande), pour rappeler le raffinement du bourreau, alors
    même que les nazis préféraient de beaucoup la musique militaire.

    (iii) Le témoignage des survivants n'est pas autobiographique : il
    s'adresse aux vivants mais se dédie aux victimes. Ici les victimes ne
    sont qu'une partie du décor ; pour un bourreau comme Aue, les victimes
    ne sont plus qu'une matière première, comme pour les libertins chez
    Sade (Littell est  d'ailleurs traducteur de Sade).

    (iv) Le choix du bourreau comme narrateur engage à partager son point
    de vue, quand il s'adresse ainsi au lecteur : "Je suis un homme comme
    les autres, je suis un homme comme vous." (p. 30). Or, l'identification
    est impossible, à moins de conclure des bourreaux : ils étaient comme
    nous, donc nous sommes déjà comme eux. Levi écrivait, dans sa préface à
    Auschwitz, de Poliakov : "Pour expliquer, on ne doit pas comprendre, si
    comprendre signifie se mettre à la place, s'identifier" ; il ajoute
    qu'aucun homme normal ne peut s'identifier à Hitler, Eichmann et
    autres. Qu'aux premiers mots du livre le narrateur-bourreau s'adresse
    aux lecteurs par l'invocation "Frères humains", cela signifie que la
    responsabilité s'étend à l'humanité tout entière, victimes comprises,
    pourquoi pas : le Mal, catégorie métaphysique, cache commodément la
    responsabilité des crimes historiques.

    À présent, certains voudraient que la mission du témoignage passe des
    survivants à leurs bourreaux. Dans un compte-rendu favorable des
    Bienveillantes, un historien écrit : "Les lecteurs sont fascinés parce
    qu'ils sentent bien que, si l'on veut comprendre les massacres, les
    atrocités, il faut en passer par le discours des bourreaux, pas par
    celui des victimes, innocentes par définition" (Christian Ingrao,
    Libération). La parole, l'autorité, reviennent donc à Eichmann, Barbie,
    etc., qui tous ont nié ou minimisé, euphémisé.

    Bien que la première phrase du livre revendique le réalisme, que les
    petits détails vrais soient multipliés ad nauseam, Littell fait de
    l'extermination et de la guerre  une matière fabuleuse, comme la
    Matière de Bretagne, celle des Amadis, celle que dans le Quichotte le
    chanoine de Tolède récusait au profit de l'histoire : mais sous
    l'inversion transgressive du merveilleux, l'on retrouve dans Les
    Bienveillantes le saignant, le palpitant et l'érotico-macabre qui ont
    fait les beaux jours du roman de gare depuis le début des chemins de
    fer. Appliqué à l'histoire, où ce conformisme nous conduit-il ? Les
    topoï de la littérature sadique une fois compilés avec de multiples
    clins d'oeil culturels, il s'ensuit une extraordinaire déréalisation de
    l'histoire qui n'est plus que pathos. Que signifie par exemple la scène
    onirique, deux fois rappelée, où Hitler se revêt du châle de prière des
    juifs pieux ? Rien de plus qu'une confusion de toutes les catégories où
    bourreaux et victimes échangent leurs attributs, ce qui déréalise
    l'histoire qui a servi de matière (1).

    Ce serait une erreur de parler de négationnisme, comme l'ont fait
    certains : il ne s'agit pas de nier, bien au contraire, mais de rendre
    fascinant, ce qui est bien pire. Sade au moins ne prétendait pas
    raconter l'histoire. Certes, Littell a parfaitement le droit de sidérer
    son lecteur par neuf cents pages de pathos académique (bien que dans un
    style fort approximatif -on a relevé des centaines d'impropriétés).
    Mais la question des victimes demeure : on exploitait leurs cheveux,
    leurs vêtements ; l'industrie éditoriale exploite aujourd'hui leur
    mémoire et leurs dépouilles suppliciées. La mort-spectacle devient de
    plus en plus rentable dans tous les médias.

    En 1979, Primo Levi écrivait : "Il était prévisible que le sang, le
    massacre, l'horreur intrinsèque des faits qui s'étaient déroulés en
    Europe ces années-là attireraient des myriades d'écrivains de second
    rang en quête de thèmes faciles à développer [...] et que cette
    tragédie démesurée serait utilisée [...] pour satisfaire cette soif
    trouble de macabre et de repoussant qui habite au profond de tout
    lecteur". Littell sait bien qu'il couronne en effet une longue série
    d'ouvrages médiocres et scabreux, mais il nous indique un tout autre
    corpus, et, dans de multiples entretiens, se recommande de la grande
    littérature universelle : Eschyle à qui il emprunte son titre (et
    l'intrigue incestueuse de l'Orestie), mais aussi Shakespeare, Flaubert
    (L'éducation sentimentale), Dostoïevski (Les Démons). En outre, il se
    met volontiers sur le même plan que Robert Antelme ou Vassili Grossmann
    (Vie et Destin).

    Cela n'est qu'un leurre. Pour compenser peut-être l'inconsistance
    flagrante de son héros, qui n'aurait pas tenu une heure dans l'appareil
    nazi, Littell se prépare à publier un petit ouvrage, "Le sec et
    l'humide", dans lequel il indique que son modèle est Léon Degrelle,
    extrémiste belge qui forma et commanda sur le front de l'Est la
    division SS Wallonie. Derrière cette figure se profile en fait la
    principale source et patron stylistique des Bienveillantes : "La
    campagne de Russie 1941-1945", long récit que Degrelle publia en 1949 ;
    on y retrouve le même pompiérisme désuet, le même goût de l'horreur
    sordide, le même mépris des victimes et du lecteur.

    Notes
    (1) Ces romans "historiques" sont bien le genre en vogue. Le
    best-seller annoncé de Norman Mailer retrace la biographie de Hitler,
    mais racontée par un démon : pour mieux vendre, on mélange Raul Hilberg
    et Harry Potter, en ajoutant d'ailleurs là encore de l'inceste.

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  • SdT vol.13 n.5
Année 2008 (volume 14 - 3 numéros)
    SdT vol.14 n.1
    Résumé: 2008_03_20
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 14, numero 1.


                            LES CITATIONS DU MOIS
            ________________________________________________________

            Sic ergo quaeramus tamquam inventuri, et sic inveniamus
            tamquam quaesituri. ("Cherchons comme si nous devions
            trouver et trouvons comme si nous devions chercher
            encore")
                Saint Augustin, De Trinitate, IX, 1,1.

            A smascherare, almeno parzialmente, il potere
            linguistico della stupidità può essere solo uno sguardo
            stupido privo di potere. La saggezza immaginata da
            Ferdinand de Saussure pare possederlo e si candida
            quindi a essere il (sempre precario) strumento
            euristico dell'eterna battaglia, eternamente perduta,
            contro il potere linguistico della stupidità.
                Nunzio La Fauci

            La philologie autoréflexive, telle que je l'ai conçue
            avec  quelques autres, dont l'heure sans doute ne
            pouvait venir qu'aujourd'hui, ne se livre qu'à
            elle-même, elle s'arrache à tous les magistères, sans
            renoncer à les rejoindre quand il le faut. Son mode de
            lecture s'interroge sur les points de vue de l'auteur,
            et  n'a rien à voir ni avec une lecture philosophique
            ou symbolique, métonymique ou allégorique, ni non plus
            avec l'encyclopédisme de l'"explication" littéraire
            générale, si utile qu'elle puisse être, et qui reste
            par  définition éclectique. La philologie est
            spécifique et spéciale. Elle englobe, comme en musique
            et en peinture, où les problèmes sont tout à fait
            comparables, les techniques de la production du sens et
            l'interprétation qui leur est liée, avec l'enthousiasme
            de la passion, et son dépassement, le travail de
            contrôle.
                Jean  Bollack, Dionysos et la tragédie.
                Commentaire des Bacchantes d'Euripide,
                Paris (Bayard), p.5-6.
            ________________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Ali Belghanem,
          Nunzio La Fauci, et Veronica Pacuraru.
        - Nouvelles adresses : pensez a nous faire part de vos
          changements d'adresse electronique.

    2- Textes electroniques
        - Catalogue de sites consacres a la philosophie medievale
        - CGL : Corpus Grammaticorum Latinorum

    3- Publications
        - These de Snejina Sonina : "Denomination terminologique :
          exemple d'un corpus vestimentaire".
        - Texto! : nouveautes de la prochaine edition (mars 2008)

    4- Textes
        - Francois Rastier : Notes en reponse à
          Michel Olivier - "Valeur de l'interdisciplinarite
          Linguistique / Semiotique / Philosophie, une illustration"
        - Nunzio La Fauci : Pour une consideration fonctionnelle et
          differentielle de la predicativite.

    5- Appels : Colloques et revues
        - Colloque international "Linguistique des valeurs
          -programmes de linguistique neo-saussurienne",
          Namur (Belgique), 16-17 juin 2008.
        - Colloque international "La pluralite interpretative.
          Fondements historiques et cognitifs de la notion de
          point de vue", Paris, 12-13 juin 2008.
        - Universite d'ete "Documentation & description des langues",
          Lyon (France), 23 juin - 4 juillet 2008.
           
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [informations réservées aux abonnés]

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    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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    {FR, 21/02/2008}

    PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE

    Irène Rosier-Catach vous conseille ce petit catalogue de liens proposés
    par l'URFIST, vers des sites consacrés à l'étude de la philo médiévale :
        http://www.ext.upmc.fr/urfist/menestrel/medphilo.htm

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    {FR, 21/02/2008}

    GRAMMAIRES LATINES

            CGL - Corpus Grammaticorum Latinorum
        Accès aux sources grammaticales de la Latinité tardive :
            recherche, parcours textuels et bibliographie

        http://htl.linguist.jussieu.fr/CGL

    Le corpus des textes attribués de manière conventionnelle aux
    Grammatici Latini est constitué par l'ensemble des manuels de grammaire
    latine écrits entre le IIIe et le VIIIe siècle apr. J.-C. et édités par
    Heinrich Keil à Leipzig entre 1855 et 1880. Ce corpus présente de
    nombreux centres d'intérêt :

    1. Il permet la reconstitution de l'histoire des idées linguistiques en
    Occident, en rassemblant les sources principales. Toute la tradition
    postérieure, à partir du Moyen Âge, s'est appuyée sur ces textes
    (notamment les artes de Donat et de Priscien).

    2. Il contient, sous forme d'exemples, plus de 14.000 citations : il
    s'agit soit de précieux fragments d'ouvrages (littéraires,
    philosophiques, techniques) perdus soit de passages que l'on peut
    comparer avec la tradition directe des textes conservés.

    3. Il met en évidence certaines tendances du latin tardif, notamment
    les formes expressives étrangères à l'usage classique.

    4. Il évoque les discussions philosophiques au sujet de la nature et du
    fonctionnement du langage, en montrant l'adaptation des catégories
    logiques à l'enseignement scolaire. Au Moyen Âge, de nombreux débats
    portant aussi bien sur la logique que sur la théologie deviendront
    possibles grâce à la médiation des Grammatici Latini, notamment de
    Priscien.

    Il est évident que ce corpus se signale par son caractère polyvalent et
    intrinsèquement stratifié, au carrefour de disciplines différentes. Son
    exploitation est susceptible d'intéresser les historiens qui se
    penchent sur les théories linguistiques, et pas seulement celles de
    l'Antiquité, les philologues et les littéraires, les romanistes et tous
    ceux qui étudient le passage du latin aux langues romanes, les
    philosophes. Toutes ces disciplines devraient tirer un grand profit de
    la possibilité d'enquêter sur des sources étudiées jusqu'à présent de
    façon partielle ou incomplète.

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    {Michelucci, 19/12/2007}

    THESE

    Pascal Michelucci nous signale "une thèse récemment soutenue à [son]
    université, [disponible] dans sa version revue intégrale. Les lecteurs
    de SdT apprécieraient d'en connaître l'existence."

    Snejina Sonina
    Dénomination terminologique : exemple d'un corpus vestimentaire
        http://www.etudes-francaises.net/dossiers/sonina/

    Résumé :
    Cette thèse de doctorat, soutenue au Département d'Études françaises de
    l'Université de Toronto en mai 2007, cherche à mieux comprendre le
    processus de dénomination des concepts vestimentaires. La dénomination
    comme processus psychologique ne permettant d'observation directe, le
    premier chapitre de la thèse s'attache à trouver le matériel convenable
    pour surveiller les patrons dénominatifs et leurs variations, ainsi
    qu'à créer un corpus représentatif de ce matériel. Le corpus
    échantillon constitué pour cette recherche résulte du dépouillement de
    six catalogues de vente en ligne et comprend 7 158 noms de vêtements
    qui sont traités comme "termes banalisés" puisqu'il s'agit d'un domaine
    spécialisé mais non professionnel. Le deuxième et le troisième
    chapitres étudient les particularités des termes recensés sur la base
    de deux hypothèses principales. La vérification de la première
    hypothèse ­la structuration conceptuelle de la terminologie doit aider
    à mettre en évidence la corrélation entre les concepts et les patrons
    de formation des termes­ permet de distinguer trois types de termes :
    lexicalisés, descriptifs et oscillants entre les deux. Les analyses
    incitées par la seconde hypothèse ­les termes oscillants représentent
    la période de flottement précédant la dénomination définitive­
    démontrent certaines particularités des syntagmes terminologiques,
    notamment, le fait que ces syntagmes sont formés par des règles
    différentes de celles de la syntaxe et le fait qu'il existe un ordre
    préféré d'expression des caractéristiques vestimentaires dans les
    syntagmes à plusieurs éléments. Dans le dernier chapitre, les
    particularités observées précédemment s'expliquent comme régularités à
    l'aide de la sémantique du prototype et de la sémantique générative de
    Pustejovsky. Finalement, les régularités dénominatives, discernées sur
    l'exemple du corpus et mises dans une perspective élargie du signe
    linguistique, permettent de proposer des scénarios possibles de
    dénomination à partir de l'objet vestimentaire à nommer jusqu'au terme
    attesté.

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    {FR, 18/03/2008}

    TEXTO! http://www.revue-texto.net

    Prohaine mise à jour (sous presse) : mars 2008 (vol. XIII , n°1)
    Numéro coordonné par Christophe Gérard.
     

    Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

    Michel GAILLIARD
        Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
    Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
    de Sade.

    François RASTIER
        Passages
    Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
    entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
    contextuels au sein du passage et entre passages.


    Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

    François RASTIER
        En attendant Valentin Temkine

    Jean-Paul BRONCKARDT
        Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
    Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, et à propos de
    positionnement épistémologiques, des concepts de "texte", "genre" et
    "discours", Jean-Paul Bronckart livre une analyse approfondie des
    points de rencontre et de divergence entre sémantique textuelle et
    interactionnisme socio-discursif.

    Gabriel BERGOUGNOUX
        Une de mes amours (Sur Lacan)
    ?Dans cet entretien réalisé pour la revue penser / rêver en 2006,
    Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
    il propose, à partir d'une analyse philologique et linguisique, un
    rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
    fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
    intérieure, de Saussure, d'interprétation...


    Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :

    Jean LASSÈGUE
        Émergence et parenté

    Baptiste FOULQUIÉ
        Sémiotique et communication (compte-rendu)

    Eugenio COSERIU
        Synchronie, diachronie, histoire

    Christian BOTA
        Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
        un modèle complexe du fonctionnement langagier
    Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
    italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
    philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
    et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.


    Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :

    Pierre Judet DE LA COMBE
        Sur les conflits en philologie
    Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
    conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
    méthode et la logique des interprétations.

    Jean GRONDIN
        Hermeneutics
    Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
    effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
    l'herméneutique contemporaine.


    Dans la rubrique CORPUS :

    Christian MAUCERI
        Isotopie et indexation
    Une approche renouvellée de la classification automatique s'appuyant
    sur les acquis théoriques de la sémantique interprétative.

    Bill LOUW
        Contextual prosodic theory :
        bringing semantic prosodies to life

    Estelle DUBREUIL
        Collocations : définitions et problématique
    Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématiques
    selon la dichotomie lexicologique-lexicographique et linguistique de
    corpus.


    Dans la rubrique ARCHIVES ET SECRETS :

    Rossitza KYHENG
        Les points de vue en linguistique, ou
        comment interpréter le corpus saussurien.
        Enjeux théoriques et applications (Thèse)

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    Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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    {FR, 21/02/2008}

    A PROPOS D'UNE INTERDISCIPLINARITÉ
    LINGUISTIQUE / SÉMIOTIQUE / PHILOSOPHIE, ET DE L'INTERPRÉTATION

    François Rastier : Notes en réponse à
    Michel Olivier - Valeur de l'interdisciplinarité Linguistique /
    Sémiotique / Philosophie, une illustration
    (COLLOQUE REPHIL I, 6 et 7 décembre 2007)

    Sans tresser des couronnes académiques anticipées, je voudrais soulever
    ces points parfois abrupts, tantôt commentaires, tantôt objections.

    1/ La philosophie est le seul discours de l'interdisciplinarité (tant
    par l'épistémologie que par la gnoséologie), ainsi que par ses liens
    académiques avec l'histoire des idées.

    2/ Depuis sa formation au début du XIXe, la linguistique est en
    revanche la source des connaissances sur le langage : la philosophie du
    langage doit donc devenir une philosophie de la linguistique, ne
    serait-ce que pour cesser de perpétuer les préjugés scolastiques, en
    général thomistes, sur la référence, le rapport langage/pensée, le
    signe, etc., qui l'encombrent.

    Que serait aujourd'hui une philosophie de la nature qui ne tiendrait
    pas compte des sciences de la nature ?

    3/ Depuis la formation de la linguistique, le langage a cessé de
    pouvoir être pensé en lui-même : il ne peut l'être que par rapport aux
    langues et aux textes (deux domaines restés quasiment absents de la
    philosophie du langage : on ne reconnaît pas de philosophie des langues
    ni de philosophie des textes). Seule une infime partie des exemples peu
    nombreux discutés en philosophie du langage est attestée : le langage
    en question est donc une formation interne à la philosophie.

    Dès lors qu'on prend en considération les trois domaines
    d'objectivation de la linguistique (langage, langues et textes), la
    contradiction entre unité du langage et pluralité des faits de langage
    peut être surmontée voire dissoute.

    4/ Avec Humboldt puis Saussure, le rapport langage-pensée (il n'y a
    aucune unité dans ce que l'on appelle sommairement la pensée, mais
    j'entends ici la pensée "discursive" ou logos), est un rapport
    _sémiotique_ entre le contenu et l'expression des textes théoriques.

    5/ S'il est toujours flatteur de se trouver in vivo dans un corpus, et
    si pour ce qui concerne ma position votre présentation est claire, elle
    reste souvent restreinte à ce qui est compatible avec une linguistique
    du signe ; or il s'agit d'une linguistique des textes, où par exemple
    les signes y sont définis comme des passages. Cette restriction
    s'explique sans doute par la volonté de rendre commensurable le point
    de vue présenté avec celui d'auteurs comme Montague. Dans ses premiers
    chapitres, "Sémantique interprétative" avait pour objectif,
    précisément, de donner à ce palier de description une méthodologie qui
    ne soit plus tributaire de la tradition logico-grammaticale. Dans les
    derniers chapitres, il s'agit de rapporter l'interprétation à ses
    _conditions_ linguistiques (y compris de discours et de genre) ; il me
    semble donc erroné de dire : « ...L'interprète pioche ce qu'il veut ».
    Par ailleurs deux décennies de publications de divers auteurs ont
    permis d'élargir et de problématiser les questions soulevées. Je me
    permets de renvoyer à un cycle récent sur la référence, notamment
    l'étude "Les mots sans les choses" (accessible aussi sur
    revue-texto.net).

    6/ La question de "la grammaire du 'Je fais'" résume faiblement la
    question de l'éthique. Toutefois, la sémantique interprétative se
    fondant sur une praxéologie (un texte est un cours d'action) et non sur
    une ontologie, la question de l'éthique peut y être posée dans la
    mesure où la raison pratique est précisément une interprétation : mais
    on se limitera ici à la responsabilité éthique de l'interprète, dans ce
    que l'on peut appeler une dé-ontologie.

    7/ S'agit-il pour autant d'un relativisme ? La sémantique
    interprétative entend problématiser les variations de la doxa (liée à
    des corpus dans des langues, discours et genres divers) mais cette
    diversité est un objet et non un objectif. S'agissant de
    l'interprétation, il s'agit d'un pluralisme : aucune lecture
    scientifique ne peut prétendre périmer les autres, mais l'on peut
    hiérarchiser les interprétations, par exemple pour récuser
    philologiquement et herméneutiquement (dans ce que l'on peut appeler
    une herméneutique matérielle) les interprétations de Heidegger, tant
    sur les présocratiques que sur Hölderlin, qui font délibérément
    violence à la lettre -ce qui selon moi n'est pas sans rapport avec son
    antisémitisme théorique et pratique.

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    {FR, 21/02/2008}

    POUR UNE CONSIDÉRATION FONCTIONNELLE ET DIFFÉRENTIELLE DE LA PRÉDICATIVITÉ

    Nunzio LA FAUCI
        http://apolloniodiscolo.blogspot.com/

                En quête de...

    La syntaxe n'est qu'une opération de composition qui crée en même temps
    un système (c.-à-d. un ensemble ordonné d'interdépendances) et ses
    parties. Ni l'un ni les autres n'existent préalablement. Dans le
    processus de composition, c'est le rapport mutuel qui leur donne des
    valeurs, selon la suggestion théorique pionnière de Ferdinand de
    Saussure.

    Pour se faire jour, les études syntaxiques (et la linguistique toute
    entière) doivent se libérer de toute ontologie. Le monde étudié par le
    linguiste est un univers vide, peuplé des fantômes qui manifestent le
    processus créateur de purs rapports systématiques. Le travail d'un
    chercheur sage, avisé et conscient (comme le fut Edward Sapir) ne
    consiste que dans la découverte et dans la détermination des rapports
    (manifestés et, en même temps, cachés par ces fantômes). En fonction
    d'une telle prise de conscience, le siècle qui nous sépare de Saussure
    n'a pas vu changer beaucoup la situation.

    À quelques exceptions près (parmi lesquelles pourrait peut-être figurer
    le pseudo-Harris des "Notes du cours de syntaxe", c.-à-d. le cilice par
    lequel Maurice Gross mortifia une émersion de son ego spéculatif et
    théorique), les syntacticiens se sont contentés et se contentent de
    renouveler, sous des formes toujours variées (les chemins de l'errance
    sont justement infinis), les façons de procéder d'une tradition
    philologique ontologiquement fondée.

    La terminologie courante en est la meilleure preuve. Et, même dans les
    cadres qui se prétendent les plus innovateurs, les catégories par
    lesquelles on opère le démontrent clairement. En tant que taxinomie
    indiscutée qui fonde l'état d'entités des objets de toute recherche,
    des notions comme article, nom, verbe, adjectif etc. (qu'elles soient
    "dopées" ou non par l'adjonction des qualifications supplémentaires
    tirées du mécanicisme post-bloomfieldien) définissent les choses
    auxquelles on aurait affaire en syntaxe. Et de ce fait la syntaxe reste
    un jeu aveugle et un peu idiot, surtout écrasé sous le poids d'un
    lexique (mieux, d'une idée naïve et toute faite du lexique) considéré
    comme le dépôt d'où des unités irréductibles de sens et de forme
    (qu'elles soient appelées racines, morphèmes, mots ne change pas la
    substance) sortent presque toutes faites (et comment se font-elles ?).
    De ces unités, la syntaxe ne serait finalement qu'une simple
    disposition, un modeste arrangement.

    La notion de prédicat, mieux, de prédicativité peut jouer un rôle
    important dans l'établissement d'un cadre approprié à la naissance
    d'une véritable syntaxe scientifique, une fois passée au crible de
    l'arbitraire saussurien (qui concerne la terminologie de la
    linguistique au même titre que toute autre expression linguistique : ce
    que l'on oublie presque toujours), une fois nettoyée en conséquence du
    fardeau de ses emplois logico-grammaticaux et une fois connectée à
    l'idée d'une fonction d'opérateur de composition (un renvoi aux "Notes"
    pseudo-harrisiennes est à ce propos approprié). Ce travail préalable
    est nécessaire mais il n'est pas suffisant, car le danger d'une
    considération positive et non différentielle reste. Il faut donc passer
    à une évaluation relationnelle et oppositive (en s'inspirant de Roman
    Jakobson) : à une idée de prédicativité comme négation de sa valeur
    négative et non-marquée. Et dans cette opposition, le terme non-marqué
    ne coïncide pas avec la fonction corrélée d'argument, qui est elle
    aussi l'un des deux termes d'une opposition comparable.

    Cela fait, catégories et catégorisation sont finalement subordonnées
    aux notions relationnelles et on passe ainsi d'une question
    traditionnelle ("quelles sont les catégories linguistiques qui ont
    vocation à être prédicatives ?" : à vrai dire, toutes et aucune) à la
    tentative de comprendre et de classer les formes par lesquelles se
    manifestent les rapports et les différences entre les valeurs
    fonctionnellement diverses de prédicativité.

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    {FR, 21/02/2008}

    COLLOQUE SAUSSURE - APPEL À COMMUNICATIONS

                Linguistique des valeurs
            -programmes de linguistique néo-saussurienne

    Colloque international organisé par
    L'Institut Ferdinand de Saussure et l'Université de Namur
    16-18 juin 2008

    Un livre retrouvé de F. de Saussure, "De l'essence double du langage"
    (dans "Ecrits de linguistique générale", Gallimard, 2002) confirme que
    la pensée du linguiste genevois a été depuis un siècle l'objet de
    profonds malentendus. En particulier, le programme saussurien d'une
    "linguistique des valeurs pures" -conçue comme une écriture algébrique-
    est resté peu documenté jusqu'à la publication des manuscrits
    nouvellement découverts.

    Première rencontre internationale consacrée à cette question, le
    colloque entend faire le point sur ce programme énoncé avec netteté
    dans ces textes, comme sur sa portée présente.

    Organisé par l'université de Namur, où se tient depuis plusieurs années
    un séminaire de recherches néo-saussuriennes, et par l'Institut
    Ferdinand de Saussure, le colloque comprendra trois volets.

    A/ Le programme des valeurs pures

    Les positions théoriques et méthodologiques de Saussure ont fait
    l'objet de confusions si persistantes que des entreprises diversement
    associées à son nom contredisent les clauses épistémologiques de son
    programme. Regardant la question des valeurs pures, seule une lecture
    de l'ensemble du corpus saussurien, permet de les dissiper. L'objet des
    communications et des débats du colloque sera de préciser les modalités
    d'interprétation du corpus saussurien ainsi que les enjeux actuels du
    programme saussurien.

    B/ Des valeurs en général

    La sémantique de la valeur, développée en sémantique différentielle des
    textes et des corpus, a permis de rompre avec la tradition ontologique
    de la référence. Il lui faut cependant pouvoir articuler les valeurs de
    la langue et les conditions d'exercice de la parole. Comment
    s'articulent les valeurs pures de la langue fonctionnelle et le "chaos"
    apparent d'une langue historique ? Cette question n'a pas pu être
    véritablement posée, notamment en raison de la tripartition entre
    syntaxe, sémantique et pragmatique, qui divise encore le champ de la
    linguistique. Elle est cependant cruciale et de grande portée critique
    voire éthique (dans toute activité symbolique, le sujet est tout autant
    l'agent que l'enjeu).

    C/ Développements d'une linguistique néo-saussurienne

    Les débats du colloque témoigneront des développement d'une
    linguistique néo-saussurienne, notamment de grammaires et de
    sémantiques des valeurs, en présentant leurs méthodes, leurs résultats
    et leurs enjeux.

    Comité d'organisation : Jean-Marie Klinkenberg (ULg), Jean Giot
    (FUNDP), Sémir Badir (ULg/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine),
    Simon Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO).

    Comité scientifique : Jonathan Culler (Cornell), Marie-José Béguelin
    (Neuchâtel), Arild Utaker (Bergen), Hermann Parret (KUL/FWO), Laurence
    Meurant (FUNDP/FNRS), Jacques Coursil (UAG/Cornell/Irvine), Simon
    Bouquet (Paris X - Nanterre), François Rastier (CNRS - INALCO),
    Emmanuelle Danblon (ULB).

    Lieu : Université de Namur (Belgique). Date : Les 16 et 17 juin 2008.

    Communications. - Les propositions (résumés détaillés de deux pages)
    seront soumises en format .doc ; et en outre en format .pdf si elles
    comportent des figures. On peut se référer à la feuille de style du
    site Texto! : http://www.revue-texto.net (rubrique Espaces éditoriaux).
    Titres et résumés sont à adresser pour le 16 avril 2008 à :
    Jacques Coursil (jacques@coursil.com),
    François Rastier (lpe2@ext.jussieu.fr),
    Simon Bouquet (bouquet@ext.jussieu.fr),
    Jean Giot (jean.giot@fundp.ac.be).

    Posters. - À adresser aux mêmes pour le 16 avril 2008.

    Les communications, de 30 à 40 minutes, seront suivies d'un débat ; les
    posters seront présentés et discutés.

    L'évaluation des propositions sera close le 16 mai. Le programme sera
    diffusé immédiatement avec les bulletins d'inscription et les
    informations pratiques.

    Frais d'inscription : 40 euros
    Versement :
    FACULTES UNIVERSITAIRES NOTRE DAME DE LA PAIX
    Rue de Bruxelles 61 - B-5000 NAMUR (Belgique)
    Coordonnées bancaires :  FORTIS BANQUE
    Agence de Namur Centre - Rue Godefroid 6 - B-5000  NAMUR. (Belgique)
    Numéro de compte bancaire : 250-0074027-04
    Code Swift/BIC : GEBABEBB07A
    Code IBAN : BE10 2500 0740 2704
    Code de la banque : 42 116.3

    Nous vous remercions de préciser le motif précis de votre paiement :
    compte 92 22-colloque saussure.

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    {FR, 21/02/2008}

    APPEL À PARTICIPATION

                La pluralité interprétative
            Fondements historiques et cognitifs
               de la notion de point de vue

    Colloque international
    organisé par Alain Berthoz, Brian Stock et Carlo Ossola
    Paris, 12 et 13 Juin 2008

            Jeudi 12 juin 2008

     9h15 - Introduction
     9h30 - Brian Stock (Université de Toronto)
       Sources historiques de la pluralité
    10h00 - Alain Berthoz (Collège de France)
       La manipulation mentale des points de vue :
       un des fondements de la tolérance ?
    10h30 - Olivier Houdé (Université Paris Descartes et
    Institut Universitaire de France)
       Aux origines du dialogue des cultures chez l'enfant
    11h00 - Pause
    11h15 - Edy Veneziano (Université Paris Descartes - CNRS)
       Utilisations du langage et développement de la capacité à maîtriser
       plusieurs points de vue chez l'enfant
    11h45 - Stephanie Burnett et Sarah Blakemore (University College,
    Cognitive Neuroscience Center, Londres)
       Cognitive development during adolescence
    12h15 - Discussion générale

    14h00 - Francisco Jarauta (Université de Murcia)
       Dialogue des interprétations : les Tre filosofi de Giorgione
    14h30 - Dan Sperber (École Normale Supérieure, Institut Jean Nicot,
    CNRS)
       Pragmatique de l'interprétation
    15h00 - Carlo Severi (École des Hautes études en Sciences Sociales et
    Collège de France)
       Pluralité de points de vue et culture :
       réflexions sur le conflit culturel
    15h30 - Pause
    15h45 - Sara Cigada (Université de Milan)
       L'émotion et la persuasion politique : lectures de Robespierre
    16h10 - Mikkel Wallentin (Center for Semiotics and Functionally
    Integrative Neuroscience, Aarhus University Hospital, Danemark)
       What is it to you ? Spatial perspectives in language and brain
    16h30 - Annick Paternoster (Universités de Leeds et Lugano)
       Politesse et point de vue dans les dialogues de la
       Renaissance italienne
    17h00 - Discussion générale

            Vendredi 13 juin 2008

     9h30 - Michel Tardieu (Collège de France)
       Le pluralisme religieux
    10h00 - Barbara Cassin (Centre Léon Robin de Recherche sur la pensée
    antique, CNRS/Paris IV, ENS)
       Relativité de la traduction et relativisme
    10h30 - Jean-Claude Schmitt (École des Hautes Études en Sciences
    Sociales)
       Visions et voix : une herméneutique médiévale par les gestes,
       les images et la musique
    11h00 - Pause
    11h15 - Carlo Ossola (Collège de France)
       Le paradoxe herméneutique
    11h45 - Philippe Mongin (École des Hautes Études Commerciales, CNRS)
       Waterloo et les miroirs croisés de l'interprétation,
       de Stendhal à la théorie des jeux

    14h00 - Julie Grèzes (INSERM, ENS)
       Bases neurales des relations avec autrui
    14h30 - Roland Jouvent (Université Paris VI - Hôpital de la
    Salpétrière)
       Les ambiguïtés du jugement
    15h00 - Anne Andronikof (Université Paris X)
       Interpréter le discours de l'autre en psychologie clinique :
       projections et déviances
    15h30 - Heike Jung (Université de la Sarre, Département de Sciences
    juridiques)
       Les formes et modèles du procès pénal - sauvegardes contre la
       manipulation ?
    16h00 - Emmanuel Decaux (Université Paris II)
       Universalité des droits de l'homme et pluralité interprétative :
       l'exemple des droits de l'enfant
    16h30 - Table Ronde
    17h30 - Fin du colloque

    Lieu :  Amphithéâtre Marguerite de Navarre
    Collège de France - 11 place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris

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    {FR, 21/02/2008}

    APPEL À PARTICIPATION

                Université d'été Lyon 2008 en
            Documentation & description des langues

    23 Juin - 4 Juillet 2008, Lyon (France)
    Co-organisée par LYON, LEIDEN, LONDON.
    Informations :
        http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/aalled/une/une.html
    Contact :
        aalled@ish-lyon.cnrs.fr
    Flyer :
        http://www.risc.cnrs.fr/pdf/23-06_4-07Descr_langues.pdf


    Cette université d'été se propose d'introduire les concepts et les
    pratiques de la documentation et de la description des langues en
    linguistique, pour compléter la formation des linguistes de terrain.

    La description des langues est la sous-discipline de la linguistique
    qui s'occupe traditionnellement de l'analyse de la structure des
    langues à différents niveaux d'organisation (phonologie, morphologie,
    syntaxe, lexique, etc.). Elle conduit généralement à la production de
    grammaires et de dictionnaires.

    La documentation des langues est une nouvelle sous-discipline de
    recherche et de pratiques linguistiques centrée sur la compilation et
    l'archivage de corpus oraux (audio et/ou vidéo), et la mise en
    relation, par le biais de logiciels développés à cet effet, de ces
    données langagières à l'état brut, avec divers types d'analyses. La
    documentation des langues renforce les fondements empiriques des
    branches de la linguistique et des disciplines connexes qui reposent en
    grande partie sur des données recueillies dans des communautés
    linguistiques très peu étudiées (eg. typologie linguistique,
    linguistique cognitive, ethnolinguistique, etc.). La documentation des
    langues améliore sensiblement la vérifiabilité des données sur
    lesquelles reposent les recherches et se préoccupe sérieusement des
    questions d'accès et d'utilisation de ces données. Enfin, cette
    nouvelle approche vise aussi à répondre aux besoins des communautés
    linguistiques en matière d'éducation, de revitalisation et de
    préservation (d'après, Gippert, Himmelmann & Mosel. 2006. "Essentials
    of language documentation". Mouton de Gruyter.)

    Les intervenants sont des spécialistes de cette discipline émergente
    membres du consortium 3L : De l'Université de Lyon - équipe AALLED
    (Afrique Amérique Latine Langues En Danger) du laboratoire Dynamique Du
    Langage (DDL) ; de l'Université de Londres SOAS - programme HRELP (Hans
    Rausing Endangered Language Project) ; et de l'Université de Leiden -
    Department of Languages and Cultures of Africa (LUCL-Université de
    Leiden).

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  • SdT vol.14 n.1
  • SdT vol.14 n.2
    Résumé: 2008_07_11
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 14, numero 2.


                            LA CITATION DU MOIS
                ________________________________________________

                Les genres littéraires sont des ennemis
                qui ne vous ratent pas,
                si vous les avez ratés au premier coup.
                    Henri Michaux, L'espace du dedans
                ________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 9 nouveaux abonnes, dont Estanislao Sofia,
          Eric Trudel, et Olfa Abdelli.

    2- Textes electroniques
        - Le Littre.

    3- Publications
        - Francoise Canon-Roger et Christine Chollier :
          "Des genres aux textes : Essais de sémantique interprétative
           en littérature de langue anglaise".
        - Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 1/2).
        - Actes des JADT 2008.

    4- Textes
        - Mathieu Valette : "Pour une science des textes instrumentee".
        - Francois Rastier : "Lettre sur Saussure".

    5- Appels : Colloques et revues
        - "Le Monde du Symbolique -en hommage a Claude Levi-Strauss"
          Colloque international, Paris, 21-22 novembre 2008.
        - "Enonciation et rhetorique dans l'ecrit scientifique"
          Numero 41 de LIDIL, sortie prevue juin 2010.

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    [informations réservées aux abonnés]

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    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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    {FR, 02/07/2008}

    BEAUX SITES

    Framasoft signale sur son site la sortie d'un logiciel libre (licence
    GPL) qui permet d'avoir sur son ordinateur le Dictionnaire de la Langue
    Française, d'Emile Littré, qui lui vaut d'être connu sous le nom "Le
    Littré". Il s'agit de la version originale de ce dictionnaire.
    Comment utiliser le Littré ?
    en ligne : http://francois.gannaz.free.fr/Littre/accueil.php
    téléchargeable sur son ordinateur :
        http://code.google.com/p/dictionnaire-le-littre/ ou encore
        http://francois.gannaz.free.fr/Littre/horsligne.php

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    Publications Publications Publications Publications Publications
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    {FR, 03/07/2008 et Chollier, 11/07/2008}

    VIENT DE PARAÎTRE

                Des genres aux textes :
            Essais de sémantique interprétative
            en littérature de langue anglaise

    Françoise Canon-Roger et Christine Chollier

    Cet ouvrage présente dix études sur la détermination des textes par
    leur genre. Ces études portent à chaque fois sur un texte de
    littérature irlandaise et sur un texte de littérature nord-américaine.
    Elles s'inspirent d'une hypothèse formulée par la Sémantique des Textes
    et elles la mettent à l'épreuve des oeuvres. Une fois construite, la
    détermination des textes et des passages par le genre dont ils relèvent
    mène à leur spécificité. L'influence du niveau global (genre ou texte)
    sur le local (texte ou passage) n'empêche en aucun cas l'action
    rétroactive du passage sur le texte entier : le "passage" est donc un
    point d'accès au texte dans la mesure où le global passe par lui.

    Artois Presses Université
    Collection "Lettres et Civilisations étrangères"
    ISBN : 978-2-84832-073-1 - 2008. Broché, 16x24, 368 pages, 25 euros.

        http://www.univ-artois.fr/francais/apu/collections.html

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    {FR, 02/07/2008 et Gérard, 07/07/2008}

    TEXTO! http://www.revue-texto.net

    Vient de paraître en juin 2008 : vol. XIII, n°1/2
    Numéro coordonné par Christophe Gérard.
     

    Dans la rubrique DITS ET INÉDITS :

    François RASTIER
        Passages
    Cet article précise le concept de passage par l'examen des rapports
    entre son contenu et son expression, comme par l'étude des rapports
    contextuels au sein du passage et entre passages.

    Michel GAILLIARD
        Justine chez Dubourg : lecture isotopique d'une scène sadienne
    Construction d'une isotopie libertine par présomption dans un passage
    de Sade.

    François RASTIER
        Croc de boucher et rose mystique
        Enjeux du pathos sur l'extermination
    Absent ou presque de la littérature de l'extermination (Levi, Antelme,
    notamment), le pathos abonde dans des essais sur l'extermination. Après
    en avoir évoqué la généalogie, on en rappellera les procédés et formes
    récurrents, aussi bien chez des auteurs comme George Steiner et Giorgio
    Agamben que chez leurs inspirateurs, Heidegger notamment. Dans le
    discours théologico-politique qu'ils articulent, une grandiloquence
    irrationaliste unit politique et mysticisme. Le pathos sur
    l'extermination semble ainsi pris dans le système des valeurs
    d'exaltation qui l'ont permise ou accompagnée, pour autant qu'elle
    témoigne de l'irruption du mythe dans l'histoire.


    Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS :

    Gabriel BERGOUNIOUX
        Une de mes Amours, un de mes travails
    Dans cet entretien réalisé pour la revue Penser / rêver en 2006,
    Gabriel Bergounioux présente "Lacan débarbouillé", ouvrage dans lequel
    il propose, à partir d'une analyse philologique et linguistique, un
    rétablissement du texte de séminaires de Lacan lui paraissant
    fautivement transcrits. Au passage, il sera question de parole
    intérieure, de Saussure, d'interprétation...

    Jean-Paul BRONCKARDT
        Genres de textes, types de discours et "degrés" de langue
        Hommage à François Rastier
    Dans un hommage à François Rastier en forme de débat, Jean-Paul
    Bronckart revient sur les concepts de "texte", "genre" et
    "discours" pour examiner les points de rencontre, et les divergences,
    entre sémantique textuelle et interactionnisme socio-discursif.

    François RASTIER, Valentin TEMKINE et Pierre TEMKINE
        En attendant Godot : de l'absurde à l'histoire
    En s'appuyant sur une relecture détaillée de En attendant Godot,
    Valentin Temkine produit une interprétation globale renouvelant la
    lecture de la pièce : à rebours des interprétations selon les canons du
    "théâtre de l'Absurde", il restitue la pièce à l'Histoire en
    explicitant les thèmes latents de l'Occupation et de la Shoah. Le
    dialogue entre Valentin et Pierre Temkine est suivi de trois réactions.


    Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS :

    Baptiste FOULQUIÉ
        Compte rendu critique de Semen, n° 23, Avril 2007
    Etat des lieux et mise en perspective du dialogue entre sémiotique et
    communication.

    Christian BOTA
        Eugenio Coseriu : linguistique et philosophie du langage,
        un modèle complexe du fonctionnement langagier
    Dans ce texte d'introduction à la traduction et la publication en
    italien d'une anthologie de textes d'Eugenio Coseriu consacrés à la
    philosophie du langage, Cristian Bota présente le parcours intellectuel
    et les positions épistémologiques et gnoséologiques du linguiste.

    Jean LASSÈGUE (dir.)
        Émergence et évolution de la parenté
    Actes d'un colloque comprenant :
    Jean LASSÈGUE - Présentation ;
    Camilla POWER - Biological substrates of human kinship : the view from
    life history theory and evolutionary ecology ;
    Chris KNIGHT - Revisiting matrilineal priority ;
    Nick ALLEN - Tetradic theory and the origin of human kinship systems.


    Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE :

    Pierre Judet DE LA COMBE
        Sur les conflits en philologie
    Fil conducteur pour la compréhension de son histoire, le caractère
    conflictuel de la philologie conduit à revenir sur les choix de la
    méthode et la logique des interprétations.

    Jean GRONDIN
        Hermeneutics
    Paru dans le Dictionnary of the History of Ideas (2005), cet article
    effectue un parcours synthétique des figures et concepts marquants de
    l'herméneutique contemporaine.


    Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES :

    Maurice GRAMONT
        Compte rendu du Cours de linguistique générale
    Publié dans la Revue des langues romanes, 1966, n°59, p. 402-410.

    Antoine MEILLET
        Compte rendu du Cours de linguistique générale
    Publié dans le BSL, 1916, t. XX, p. 32-36.

    Rossitza KYHENG
        Entité première - Identité des objets concrets
        Édition diplomatique des feuillets 255-256 des manuscrits
        saussuriens (inédits)

    Maurice GRAMONT
        Compte rendu des Mélanges linguistiques offerts à M. Ferdinand
        de Saussure
    Publié dans la Revue des langues romanes, 1912, n°55, p. 387-389.

    Rossitza KYHENG
        Comment a été conceptualisé le terme de "parole" ?
    Édition génétique du feuillet 176 des manuscrits saussuriens
    (correspondant à la section 17 [Parole effective et parole potentielle]
    du manuscrit De l'essence double).


    Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS :

    Christian MAUCERI
        Isotopie et indexation
    Une approche interprétative de la classification automatique, appuyée
    aux acquis théoriques de la sémantique interprétative, ouvre des voies
    nouvelles à l'indexation en particulier et, en général, à
    l'herméneutique matérielle dont l'ambition est de réunifier
    l'herméneutique et la philologie. L'auteur propose notamment une
    pratique renouvelée de la classification automatique, ainsi que des
    améliorations de la technique d'indexation par sémantique latente.

    Bill LOUW
        Contextual Prosody Theory :
        bringing Semantic Prosodies to Life
    Introduit par Bill Louw en 1993 avant d'être repris et popularisé par
    John Sinclair, le concept de "prosodie sémantique" illustre l'intérêt
    des approches contextualistes pour la théorie sémantique. L'auteur en
    reprend ici les principales caractéristiques et propose des
    développements et une application à un texte littéraire.

    Estelle DUBREIL
        Collocations : définitions et problématique
    Etat de l'art sur les collocations : définitions et problématique
    selon la dichotomie lexicologie-lexicographie et linguistique de
    corpus.

    333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333333
    {BP, 09/07/2008}

    ACTES

    Les actes des JADT 2008 (9èmes journées internationales d'analyse
    statistique des données textuelles) sont disponibles aux Presses
    universitaires de Lyon et en ligne sur le site Lexicometrica :
        http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/
                    jadt/jadt2008/tocJADT2008.htm

    Ils s'ouvrent avec le texte de la conférence invitée de François
    Rastier : "Que cachent les "données textuelles" ?"

    Informations complètes sur le site de la conférence
        http://jadt2008.ens-lsh.fr/
    rubrique "Actes"
    (lien direct : http://jadt2008.ens-lsh.fr/spip.php?rubrique109)

    444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
    Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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    {FR, 02/07/2008 et MV, 11/07/2008}

    POUR UNE SCIENCE DES TEXTES INSTRUMENTÉE

        Textes, documents numériques, corpus.
        Pour une science des textes instrumentée
    Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette
    Syntaxe & Sémantique, 9 (à paraître)

                Présentation

    Mathieu Valette
    ATILF (CNRS, Nancy) & ERTIM (INaLCO, Paris)

    La linguistique de corpus ne sera, selon toute vraisemblance, jamais
    établie en discipline académique. Aujourd'hui, nombre de linguistes,
    quels que soient leur discipline ou leurs objets d'étude, sont conduits
    à constituer des corpus numériques et à les étudier au moyen d'outils
    logiciels chaque année plus nombreux, sophistiqués et conviviaux. La
    banalisation de l'outil désenclave ainsi des pratiques longtemps
    réservées à une petite minorité que l'informatique ne rebutait pas.

    Mais cette évolution technologique, si elle peut avoir une incidence
    méthodologique (par exemple et minimalement, en substituant aux
    exemples construits des exemples attestés), n'a pas pour autant un
    impact fort sur les théories ni sur la définition des objets de la
    linguistique : à la morphologie, les corpus de mots ; à la syntaxe, les
    corpus de phrases ; aux théories énonciatives, les corpus d'énoncés. Et
    bien que tous ces objets d'étude proviennent de textes, ceux-ci ne sont
    que rarement considérés comme objet de science dans ces contextes
    disciplinaires. Ils sont réduits, par défaut, au statut préscientifique
    de ressource -un matériau brut dont la qualité est déterminée par la
    seule présence, après raffinage, de l'objet étudié. On collecte ainsi
    de l'indénombrable : "du" texte ou "du" corpus.

        De la linguistique de corpus
        à une science des textes instrumentée

    Or, le texte fait l'objet, avec cette fameuse société de l'information,
    d'un intérêt nouveau. Sa problématique s'articule en effet avec celle,
    récente, du document numérique, lequel est, pour beaucoup, le vecteur
    d'une révolution aussi importante que jadis le passage du volumen au
    codex. C'est peu dire que l'accroissement des données textuelles
    numérisées est actuellement soutenu, du fait d'Internet évidemment,
    mais aussi de la Gestion Electronique de Documents (GED). Ces nouveaux
    modes de production, de stockage et d'accès au document génèrent, outre
    des dépenses énergétiques considérables, de nouvelles questions et de
    nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des
    contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.

    Les linguistiques du texte, jusque-là souvent cantonnées à l'analyse
    des textes littéraires ou politiques aux genres globalement bien
    décrits par la tradition, se trouvent confrontées à une grande variété
    de discours et de genres nouveaux, indéterminés, polymorphes et en
    permanente évolution [note 1] qu'il leur appartient de caractériser. Que ces
    discours et ces genres soient traces de nouvelles pratiques sociales ou
    modernisation de pratiques anciennes, il apparaît crucial pour la
    linguistique, science humaine et sociale, de prendre position face aux
    enjeux théoriques et méthodologiques naissants, et de ne pas laisser à
    d'autres disciplines (sciences de l'information et de la communication,
    ingénierie des connaissances, etc.) le soin de décrire, seules, ces
    nouveaux objets sémiotiques.

    Parmi les linguistiques du texte, les propositions théoriques de
    F. Rastier (sémantique interprétative, sémantique textuelle)
    participent activement à ce débat (Rastier 1987, 2001). Ayant pour
    objet empirique le texte et non le mot, la phrase ou l'énoncé,
    traditionnellement privilégiés, cette linguistique-science des textes
    renoue avec une tradition rhétorique et herméneutique oubliée du
    XXème siècle et se concentre sur l'étude de la textualité, des genres
    textuels, des discours et de leurs corollaires (cohésion textuelle,
    intertextualité, etc.). Son appareil théorique est depuis le début des
    années 90 éprouvé par la linguistique de corpus [note 2], le
    TAL [note 3] et plus récemment par la Recherche d'Information [note 4].

    L'association des outils logiciels aux outils théoriques et conceptuels
    peut avoir différentes conséquences :
    (i) la validation logico-mathématique (établissement d'un "modèle"
    informatisé de la théorie) -valorisée dans certaines traditions
    linguistiques comme la syntaxe générative ou la linguistique cognitive,
    ce mode de validation, né avec l'informatique dans le sillon
    cybernétique, relève d'une esthétique scientifique souvent mal adaptée
    aux sciences humaines et sociales ;
    (ii) la validation pratique (par des applications logicielles). Elle
    présente l'intérêt de confronter les scientifiques aux demandes
    sociales mais elle demeure assujettie aux passions technoscientistes
    contemporaines ; enfin
    (iii) le déploiement de l'objet de recherche : l'instrumentation,
    constitutive de la linguistique de corpus, donne lieu à ce que nous
    pourrions appeler son "cercle vertueux". Les grandes masses de données
    textuelles ou documentaires nécessitent, pour être analysées et
    décrites, des dispositifs expérimentaux et des instruments ad hoc.
    Cette instrumentation permet de construire de nouveaux observables qui
    seraient demeurés invisibles autrement.

        Propositions

    C'est autour de ce concept d'observable et des vertus afférentes de
    l'instrumentation que s'articule cette livraison de la revue. Nous
    entendons faire le point sur certains des derniers développements de la
    linguistique des textes lorsque celle-ci a recours à des instruments de
    mesure. L'opus se focalise sur différents aspects porteurs pour la
    linguistique tant d'un point de vue théorique et épistémologique que
    dans la perspective de son applicabilité à des besoins sociaux,
    culturels et économiques aujourd'hui bien identifiés.

    F. Rastier inaugure ce recueil par une réflexion sur l'articulation
    entre les concepts de texte, de document numérique, de donnée et de
    métadonnée. Initiant une discussion entre la linguistique des textes et
    l'ingénierie des connaissances, il oppose les connaissances du Web
    sémantique, fondées sur une approche ontologique a priori des concepts
    et ignorante des pratiques sociales qui ont permis la production des
    documents pourtant porteurs des concepts, et les connaissances
    sémiotiques (incluant le textuel) soumises aux évaluations et aux
    validations induites par la pratique. Loin des sentiers battus, il
    plaide contre le Web sémantique et pour une sémantique du Web
    restituant les contextes de production.

    Les trois contributions suivantes exposent des réflexions nourries sur
    les relations entre interprétations et textualité. A cette fin, les
    auteurs convoquent et illustrent chacun à leur manière la notion
    d'isotopie.

    I. Kanellos et Chr. Mauceri enquêtent sur les possibilités de
    réalisation d'une plateforme d'analyse interprétative des données
    conforme aux propositions de l'herméneutique traditionnelle. Leur
    projet est "de construire un outil en vue de donner corps, par son
    maniement, au cercle herméneutique de l'interprétation des données".
    Ils combinent à cette fin des outils interprétatifs tels que l'isotopie
    et des méthodes statistiques éprouvées comme l'analyse sémantique
    latente. L'un de leurs ambitieux objectifs est la réintroduction d'une
    autorité sémantique qui coopére avec le calcul et de lutter ainsi
    contre l'"attitude de prédation" des modèles et des techniques de
    calcul sur l'objectivité scientifique.

    Les contributions de D. Mayaffre et S. Loiseau approfondissent le
    concept de contextualité. Le premier soutient notamment l'hypothèse que
    la cooccurrence en est la forme minimale. Tout en en détaillant
    opportunément l'histoire et les usages au sein de l'analyse des données
    textuelles, dans le domaine anglo-saxon et dans la tradition française,
    il discute de l'incidence du passage d'une statistique occurrentielle à
    une statistique cooccurrentielle. Selon lui, une cooccurrence, si elle
    est observée, est déjà sémantique : la cooccurrence peut en effet être
    perçue comme la première forme de contextualisation d'un mot par les
    autres. L'enjeu, pour D. Mayaffre, est de reconstituer la "trame
    lexicale" complexe ou les "entrelacements" lexicaux sous-jacents dans
    le corpus. Il ambitionne ainsi de contrôler la recherche des isotopies,
    des réseaux sémantiques ou des thèmes sans avoir recours à la seule
    intuition.

    S. Loiseau développe des propositions voisines mais en déplace
    sensiblement les arguments. Selon lui, les interactions entre les
    différents types de normes et les interprétations liées à plusieurs
    niveaux d'analyse du texte constituent deux formes de contextualité à
    approfondir. S. Loiseau s'intéresse donc aux corpus multi-annotés qui
    articulent plusieurs niveaux de descriptions (morphologique, lexical,
    morphosyntaxique, syntaxique). Pour Loiseau, les observables issus
    d'annotations multiples permettent de décrire des normes linguistiques
    comme les discours et, de la sorte, d'accéder à la complexité empirique
    du palier de la textualité.

    La contribution de B. Pincemin et ses collaborateurs est singulière :
    il s'agit de faire une synthèse des pratiques textométriques de
    quelques linguistes travaillant sur des corpus de textes médiévaux en
    analysant à la fois l'historique des requêtes soumises au logiciel
    d'interrogation et l'archive des questions des utilisateurs. Les
    auteurs en dégagent une interprétation linguistique des stratégies
    d'interrogation développées dans le cadre d'une instrumentation
    comportant des aspects classiques (moteur de recherche) et des aspects
    plus élaborés (calculs statistiques). Ce travail que l'on qualifierait
    ailleurs d'"analyse métier" a des incidences dans la formation, la
    documentation des outils et dans l'ergonomie logicielle.

    Il eût été regrettable de plaider pour une science des textes sans
    prendre en compte ce qui constitue historiquement un de ses
    fondements : la diversité des langues. Le projet de la linguistique
    oscille entre la description des variations inter-langues et
    l'observation d'universaux ou, plus récemment, d'invariants.
    M. Slodzian observe que les nouvelles problématiques du document
    numérique et des réseaux électroniques sont confrontées à cette
    question. Le multilinguisme y est vu tantôt comme un obstacle, tantôt
    comme un atout. Selon elle, c'est la diversité linguistique et
    culturelle comme phénomène sémiotique fondamental qui est en jeu.
    Suivant l'orientation choisie, les programmes linguistiques sont en
    effet diamétralement opposés : ceux qui, au nom de l'efficacité,
    prônent la "débabélisation du monde" souhaitent le développement d'un
    instrument de communication, autrement dit un "interlinguisme"
    réducteur. Ceux qui voient dans la variété et la différence la
    condition même de la vie culturelle des sociétés auront pour objectif
    le "translinguisme".

    Par endroits, l'article de M. Slodzian fait écho à celui de F. Rastier
    car ils traitent tous deux, à leur manière, des pressions multiples
    exercées sur les langues par la fameuse mondialisation économique,
    politique et culturelle (pesée d'un très petit nombre de langues
    véhiculaires, normalisation et appauvrissement des échanges
    linguistiques, dévaluation des langues peu parlées, etc.) et de leurs
    conséquences pour une linguistique, science impliquée.

    Enfin, J.-M. Daube apporte des éléments de réponse empiriques aux
    questionnements de M. Slodzian. Il expose une recherche en lexicologie
    textuelle visant la réalisation de lexiques bi- et trilingues. Il
    s'agit d'identifier et de recenser, dans une perspective
    lexicographique, des lexies à partir de corpus homogènes typés par
    domaines. Constatant les limitations des corpus parallèles alignés
    (corpus de textes traduits), J.-M. Daube discute de l'opposition corpus
    parallèle vs. corpus comparable. Il observe que la problématique de la
    constitution et de l'exploitation des corpus comparables n'est, à
    l'heure actuelle, qu'esquissée.

    Ces sept contributions tracent à grands traits un parcours au sein de
    ce qui constitue une science des textes moderne où les formes
    documentaires sont considérées non pas seulement comme un  nouveau
    matériau succédant au précédent mais comme les vecteurs de nouvelles
    pratiques. Loin d'une technophilie ravie, l'établissement d'une
    linguistique-science des textes instrumentée pose de façon critique -et
    pratique- sa relation à l'outil, son rapport à la Technique, et aux
    dangers d'une substitution non réflexive voire, osons l'épithète,
    totalitaire.

        Notes

    [1] Par exemple, dans le domaine de l'auto-édition, les "pages perso",
    florissantes il y a quelques années, tendent aujourd'hui à se
    marginaliser tandis que les blogs, réputés interactifs, se développent
    fortement. Ils associent généralement les billets (ou notes, ou
    "posts") d'un internaute ou d'une communauté d'internautes-auteurs et
    quelques commentaires d'internautes-lecteurs).

    [2] Lire (Bourion 2001), (Loiseau 2006), (Poudat 2006).

    [3] Lire (Beust 1998), (Thlivitis 1998) (Bommier-Pincemin 1999),
    (Perlerin 2004), (Rossignol 2005).

    [4] Lire (Valette 2004), (Mauceri 2007), (Valette & Slodzian 2008).

        Références

    Beust, P. (1998) Contribution a un modèle interactionniste du sens.
    Amorce d'une compétence interprétative pour les machines, Thèse de
    doctorat, Caen.
    Bommier-Pincemin, B. (1999) Diffusion ciblée automatique
    d'informations : conception et mise en oeuvre d'une linguistique
    textuelle pour la caractérisation des destinataires et des documents,
    Thèse de Doctorat, Paris IV Sorbonne.
    Bourion, E. (2001) L'aide à l'interprétation des textes électroniques,
    Thèse de doctorat, Nancy 2.
    Loiseau, S. (2006) Sémantique du discours philosophique : du corpus aux
    normes. Autour de G. Deleuze et des années 60, Thèse de doctorat,
    Paris X-Nanterre.
    Mauceri, Chr. (2007) Indexation et isotopie : vers une analyse
    interprétative des données textuelles, Thèse de doctorat, ENSTB.
    Perlerin, V. (2004) Sémantique légère pour le document. Assistance
    personnalisée pour l'accès au document et l'exploration de son contenu,
    Thèse de doctorat, Caen.
    Poudat, C. (2006) Etude contrastive de l'article scientifique de revue
    linguistique dans une perspective d'analyse des genres, Thèse de
    doctorat, Orléans.
    Rastier, F. (1987) Sémantique interprétative, Paris, PUF.
    Rastier, F. (2001) Arts et sciences du texte, Paris, PUF.
    Rossignol, M. (2005) Acquisition sur corpus d'informations lexicales
    fondées sur la sémantique différentielle. Thèse de doctorat, Rennes 1,
    disponible sur http://www.texto-revue.net.
    Thlivitis, T. (1998) Sémantique Interprétative Intertextuelle :
    assistance informatique anthropocentrée à la compréhension des textes,
    Thèse de doctorat, Rennes 1.
    Valette, M. (2004) "Sémantique interprétative appliquée à la détection
    automatique de documents racistes et xénophobes sur Internet",
    Approches Sémantiques du Document Numérique, Actes du 7e Colloque
    International sur le Document Electronique, P. Enjalbert et M. Gaio,
    eds, 215-230.
    Valette, M., Slodzian, M. (2008) "Sémantique des textes et Recherche
    d'information", Extraction d'information : l'apport de la linguistique,
    A. Condamines & Th. Poibeau, éds., Revue Française de Linguistique
    Appliquée (volume XIII-1 / juin 2008), 119-133.

    444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
    {FR, 02/07/2008}

    LETTRE SUR SAUSSURE

    François Rastier

    Lettre sur Saussure -en réponse à des questions d'un collègue de
    l'Académie des Sciences,
    avril 2008 (extraits)

    1. Purement oppositive comme vous le savez, la valeur est établie
    indépendamment de la substance, et l'on peut parfaitement considérer la
    glossématique comme une réalisation possible et inachevée du programme
    de recherche sur les valeurs pures. Un auteur comme Coursil le reprend
    sur d'autres bases (mathématiques). Je plaiderai pour ma part la cause
    des "valeurs impures".

    L'opposition sémiotique/sémantique telle qu'elle apparaît chez un
    Benveniste tardif me paraît peu fondée (sauf à ériger la
    catégorématicité en critère fondateur) et ne fait que renforcer
    l'incapacité d'une linguistique phrastique à prendre en considération
    la dimension du texte.

    Comme dans la plupart des manuscrits, les textes retrouvés de Saussure
    témoignent d'une pensée qui se cherche (mais se trouve aussi). Cela
    tranche avec le genre du traité adopté par les rédacteurs du CLG (qui
    ont gommé toute problématisation), voire le genre des notes de cours
    adopté tout naturellement par Constantin. Qui d'entre nous accepterait
    d'être jugé sur des notes d'étudiants compilées par des collègues ?

    Les "malentendus persistants" dont vous doutez tiennent à l'histoire du
    saussurisme ; je rappellerai trois points :

    (i) Les éditeurs du CLG ont délibérément manipulé leurs sources pour
    faire de Saussure un linguiste de la langue (voir la dernière phrase,
    de Bopp, attribuée à Saussure ; Bally développant ensuite pour son
    compte une linguistique de la parole). Vous définissez la langue
    saussurienne, pour l'essentiel, à partir du CLG, dont les positions
    sont unilatérales en la matière. Toutefois, la langue pour Saussure
    n'est qu'un terme de la dualité langue/parole, et comme les éditeurs du
    CLG ont gommé la linguistique de la parole, la conception de la langue
    qu'il véhicule reste unilatérale et tant soit peu dogmatique.

    (ii) Les manuscrits, à partir des années 50, ont été lus par rapport au
    CLG, et non par rapport aux textes authentiques de Saussure.

    (iii) Le structuralisme français, par la médiation de Lévi-Strauss,
    doit beaucoup plus à Jakobson qu'à Saussure : le binarisme jakobsonien
    n'a rien de commun, par exemple, avec les dualités saussuriennes.

    À la parution des Écrits de linguistique générale, d'excellents
    collègues ont conclu qu'il n'y avait rien de nouveau sous le soleil. La
    plupart soutenaient depuis des décennies qu'il fallait dépasser
    Saussure pour édifier une linguistique de la parole. Or c'est notamment
    l'articulation entre linguistique de la langue et linguistique de la
    parole qui fait l'originalité de l'étude intitulée De l'essence double
    du langage. La même étude et d'autres dans le recueil engagent à
    reconsidérer la vulgate concernant la sémiose (notamment le modèle du
    signe), les dualités (qui ne sont pas des dichotomies), et surtout la
    méthodologie (dite aphoristique) qui n'apparaît pas dans le CLG.

    Malgré le paradoxe d'une réception retardée, et pour des raisons
    simplement philologiques qui vont sans dire, il me semble qu'il reste
    indispensable de relire dans son ensemble le corpus saussurien
    autographe, manuscrit ou publié. Ce travail a progressé depuis dix ans,
    mais beaucoup reste à faire (des milliers de feuillets sont encore
    inédits).

    2. Si Saussure a puisé dans ses manuscrits, pour une part, la teneur de
    ses cours, le fait que sa linguistique générale ait été connue par ses
    Cours n'entraîne pas que ces manuscrits soient des notes préparatoires
    aux cours. De l'essence double est le manuscrit d'un traité de
    linguistique générale, et non d'un cours professé vingt ans plus tard.
    Un cours ne livre jamais toute la pensée de son auteur, mais seulement
    ce qu'il estime nécessaire à la formation de ses étudiants et ce qu'il
    croit à leur portée.

    En outre, si pour certains universitaires tout doit aboutir à des
    cours, l'ambition de Saussure va au-delà, puisqu'il entend refonder la
    discipline qu'il aura à enseigner. Aussi considérer les manuscrits à la
    lumière du Cours, comme y engage d'ailleurs l'édition monumentale
    d'Engler, conduit à sous-estimer la variété de leurs statuts, de leurs
    genres, de leurs projets, qui le plus souvent s'écartent des cours. En
    rapportant à chaque phrase du Cours les "sources manuscrites" quand
    elles existent (car les éditeurs n'ont pas hésité à insérer des
    paragraphes de leur cru), on démembre les textes originaux, on en fait
    une rhapsodie de passages préparatoires, sans tenir compte de leur
    textualité propre, et en tout premier lieu de leur cohérence. On a beau
    jeu alors de dire qu'ils n'apportent rien de nouveau.

    Outre les tâches philologiques d'édition de Saussure, il importe, en
    tenant compte des progrès de la linguistique de corpus, de restituer la
    variété générique du corpus saussurien et son évolution diachronique.
    Cela intéresse en premier lieu les manuscrits. Le nom générique et
    souvent péjoratif de brouillons reste trompeur : si certains sont
    effectivement des brouillons de textes publiés, l'immense majorité sont
    des oeuvres inédites. Cela va de la note de cours et de la réflexion
    aide-mémoire au brouillon de conférence et au traité rédigé.

    L'étude unifiée du corpus des textes authentiques (tant publiés
    qu'inédits) permettra de restituer la dynamique d'une recherche,
    étendue sur plusieurs décennies et recourant à différents genres. C'est
    une condition pour relire les textes que l'on a mis indûment sur le
    même plan, des cahiers d'étudiants au CLG.

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    {FR, 02/07/2008}

    COLLOQUE

    Colloque international

                Le Monde du Symbolique
            - en hommage à Claude Lévi-Strauss

    Organisé par l'Institut Ferdinand de Saussure
    et le Centre de coopération franco-norvégienne en sciences humaines et
    sociales

    Paris, 21-22 novembre 2008, Maison des Sciences de l'Homme
    54, bd. Raspail 75006 Paris

    Appel à communications . - Si l'on a jadis exalté un problématique
    structuralisme (regroupant Barthes, Lacan, Althusser, Foucault et tant
    d'autres) pour le condamner au début des années 1970,  Saussure et
    Lévi-Strauss étant les premières cibles de cette damnatio, le programme
    d'une  étude scientifique interdisciplinaire du monde symbolique n'a
    cessé d'inspirer des recherches novatrices en linguistique, en
    anthropologie et dans les autres sciences de la culture. Ce colloque
    entend ouvrir des champs de réflexion et de débat sur ces trois thèmes :
    (i) la légitimité d'une relecture présentiste du programme des "études
    des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure) ;
    (ii) l'actualité d'une philosophie des formes symboliques ;
    (iii) la critique, d'un point de vue sémiotique, des paradigmes de la
    communication et de la cognition, comme le développement corrélatif
    d'un programme épistémologique de culturalisation.

    Calendrier. - Les propositions de communication (un résumé d'une page)
    sont à envoyer avant le 20 septembre à l'adresse LPE2@ext.jussieu.fr ;
    le programme définitif sera publié le 20 octobre.

    Comité d'initiative : Simon Bouquet (Paris X), François Rastier
    (CNRS-Inalco), Arild Utaker (Bergen).

    Claude Lévi-Strauss, dont ce colloque célèbre le centième anniversaire,
    est Président d'honneur de l'Institut Ferdinand de Saussure.

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    {Rinck, 03/07/2008}

    APPEL A CONTRIBUTIONS

    Numéro 41 de LIDIL (sortie prévue juin 2010) :
        Énonciation et rhétorique dans l'écrit scientifique
    Numéro coordonné par Françoise Boch et Fanny Rinck

    Ce numéro vise à réunir des contributions sur l'écrit scientifique dans
    une perspective linguistique et didactique.

    Deux types de contribution sont attendus :
    - d'une part la description des pratiques de l'écrit scientifique chez
    les experts et leur comparaison avec les pratiques des nouveaux
    entrants dans le champ que sont les doctorants.
    - d'autre part la transposition didactique des caractéristiques
    énonciatives et rhétoriques de l'écrit de recherche : manuels,
    propositions innovantes, etc.

    Trois axes d'analyse seront privilégiés : la présence de l'auteur dans
    son texte ; l'interdiscours ; l'interlocution.

    => Version complète de l'appel :
        http://w3.u-grenoble3.fr/lidilem/labo (rubrique événements)

    Vos propositions sont attendues pour le 1er octobre 2008 sous la forme
    d'un résumé d'une page environ, soit entre 4000 et 5000 signes. Les
    articles rédigés sont à remettre en juin 2009.
    Langues des propositions et articles : français ou anglais.
    A envoyer à francoise.boch@u-grenoble3.fr et fanny.rinck@u-grenoble3.fr

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  • SdT vol.14 n.2
  • SdT vol.14 n.3
    Résumé: 2008_10_31
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 14, numero 3.


                            LA CITATION DU MOIS
            ________________________________________________________

            Car comment est-il possible, dira quelqu'un, d'accorder
            des peuples qui sont si séparés de volonté &
            d'affection comme le Turc & le Persan, le Français &
            l'Espagnol, le Chinois & le Tartare, le Chrétien & le
            Juif ou Mahométan ? Je dis que telles inimitiés ne sont
            que politiques & ne peuvent ôter la conjonction qui est
            & doit être entre les hommes. La distance des lieux, la
            séparation des domiciles n'amoindrit point la proximité
            de sang. Elle ne peut non plus ôter la similitude du
            naturel, vrai fondement d'amitié & société humaine.

                    Émeric Crucé, Le Nouveau Cynée
                    (éd. Alain Fenet et Astrid Guillaume,
                    Presses Universitaires de Rennes (PUR),
                    Rennes, 2004, p. 81-82.)
            ________________________________________________________
           

                    SOMMAIRE


    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 3 nouveaux abonnes, dont Sylvie Bernard et
          Auxane Ericher.

    2- Carnet
        - Seminaires :
        Semantique des Textes - Francois Rastier
        Varietes et enjeux du plurilinguisme - Christos Clairis
        - Appel pour une politique europeenne de la traduction
        - Jacques Maucourt : in Memoriam
        - Jean Bollack : colloque et site

    3- Publications
        - Nouveau Texto!
        - These de Anje Muller Gjesdal : Etude semantique du pronom ON
          dans une perspective textuelle et contextuelle

    4- Textes
        - Evaluation de la recherche et classement des revues
        - Heidegger inedit - Georges-Arthur Goldschmidt

    5- Appels : Colloques et revues
        - Colloque international "Le Monde du Symbolique -en hommage a
          Claude Levi-Strauss", Paris, 21-22 novembre 2008.
        - Journees d'etude du CPST "De l'interpretation des textes a
          partir de corpus numerises", Toulouse, 1ere date 27 novembre.
        - Nouvelle revue "Argumentation et Analyse du Discours".
        - Appel a contributions : revue Corpus, n°8 : "Corpus de textes,
          textes en corpus : concepts, methodes et travaux"
        - Appel a contributions : revue Arena Romanistica, 01/09 :
          "Etudes de genre"
        - Appel a contributions : Revue d'anthropologie des
          connaissances, novembre 2009 : "Les discours scientifiques :
          des marques linguistiques aux epistemologies"
           
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    [informations réservées aux abonnés]

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    {FR, 23/10/2008}

    SÉMINAIRE SÉMANTIQUE DES TEXTES

    François Rastier, directeur de recherche, CNRS

    CORPUS ET INTERTEXTE

    Les jeudis  de 17 h 30 à 19 h 30  (EHESS, salle 2, 105, bd Raspail,
    75006, Paris), du 6 novembre 2008 au 18 décembre 2008. La séance du
    20 novembre se déroulera en salle 524 (EHESS, 54 bd Raspail), et celle
    du 18 décembre en salle 8 (105, bd Raspail).
    Métro Saint Placide.
    Dans le cadre du CRIA-EHESS et de l'ERTIM-INALCO

    Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
    linguistique de corpus intéresse l'ensemble des sciences de la culture.

    Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
    méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
    partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
    avec les représentations ontologiques et référentielles, une
    reconception praxéologique de l'activité textuelle ; (iii) une
    typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
    de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
    herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
    caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
    qu'entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
    l'expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
    document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
    corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
    et herméneutique matérielle.

    On proposera ainsi un remembrement de la tripartition de fait entre
    discours, texte, et document. Il s'agit en effet, à l'inverse du
    programme du Web sémantique, de revenir des "données" aux documents,
    de décrire et d'exploiter, pour la recherche d'informations notamment,
    leur irremplaçable complexité. Ce sont là, semble-t-il, des conditions
    pour que la linguistique textuelle puisse combler ses lacunes
    théoriques, répondre aux besoins sociaux  et s'approprier pleinement la
    problématique historique et comparative que partagent les sciences de
    la culture.

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    {FR, 25/10/2008}

    SÉMINAIRE

        Séminaire doctoral du professeur Christos Clairis
            Variétés et enjeux du plurilinguisme

    L'université Paris Descartes et l'Observatoire européen du
    plurilinguisme organisent durant l'année universitaire 2008-2009 un
    séminaire de recherche consacré au plurilinguisme.

    Au cours de ce séminaire interviendront aussi bien des chercheurs que
    des responsables d'entreprise, des fonctionnaires internationaux, des
    spécialistes de traduction, des artistes et des spécialistes du monde
    des arts.

    Les séances de travail auront lieu dans le cadre du séminaire doctoral
    du professeur Christos CLAIRIS (linguistique générale)
    Ecole doctorale 180 - Sciences humaines et sociales : cultures,
    individus, sociétés

    Lieu : Sorbonne, Université Paris Descartes,
    Salle des thèses E637, galerie Claude Bernard, 1er étage, escalier J
    Entrée par le 19 rue de la Sorbonne - 75005 Paris
    Horaires : le mercredi, de 17 à 19 heures


    * Calendrier et programme provisoires :
    (des informations détaillées seront données prochainement)

    Les thèmes proposés illustrent différents aspects du plurilinguisme :
    il s'agit pour chaque domaine abordé de cerner les enjeux et l'impact
    du plurilinguisme, de définir les champs de recherche possibles.

    19 novembre : L'Observatoire européen du Plurilinguisme : naissance,
    fonctionnement, perspectives

    10 décembre : Plurilinguisme et Recherche : Linguistique et Histoire

    28 janvier 2009 : Le Plurilinguisme à la Commission européenne

    11 février 2009 : Plurilinguisme en Entreprise

    11 mars 2009 : Plurilinguisme et création théâtrale

    25 mars 2009 : Plurilinguisme et diversités culturelles

    8 avril 2009 : Plurilinguisme et Droit

    30 avril 2009 : Plurilinguisme et Traduction


    * Modalités d'inscription

    Le séminaire est ouvert aux doctorants de l'université Paris Descartes
    et des places en nombre limité sont offertes aux personnes extérieures.
    S'agissant d'un séminaire de recherche et non d'une série de
    conférences, les personnes intéressées sont invitées à s'inscrire à
    l'ensemble des séances. Une attestation de participation au séminaire
    pourra être délivrée sur demande.

    L'inscription est gratuite et obligatoire pour les participants
    extérieurs à l'université Paris Descartes : adresser le bulletin de
    demande d'inscription avant le 10 novembre 2008. Un laissez-passer sera
    délivré aux personnes inscrites pour leur faciliter l'accès aux locaux
    de la Sorbonne.
    contact :    seminaire@observatoireplurilinguisme.eu

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    {FR, 23/10/2008}

    TRADUCTION ET EUROPE

                "Plus d'une langue"
        Appel pour une politique européenne de la traduction
             -mis en ligne le 30 septembre 2008

    Texte d'une pétition pour la mise en oeuvre d'une véritable politique
    européenne de la traduction, qui reposerait sur deux principes :
    - mobiliser tous les acteurs et secteurs de la vie culturelle
    (enseignement, recherche, interprétariat, édition, arts, médias) ;
    - structurer tant les dynamiques internes de l'Union que ses politiques
    extérieures, en garantissant concrètement l'accueil des autres langues
    en Europe et l'intelligence des langues d'Europe ailleurs dans le
    monde.
        http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article1911

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    {FR, 23/10/2008}

    JACQUES MAUCOURT

    Jacques Maucourt est décédé le 28 septembre 2008. Je voudrais évoquer
    brièvement l'apport si important dont il a fait bénéficier l'Institut
    National de la Langue française.

    Présent aux premières heures, dès 1962, place Carnot, Jacques Maucourt
    a pris une grande part dans la mise en place informatique du TLF. En
    lien avec un ingénieur de la Compagnie Bull (M. Lemaire), c'est lui qui
    a assuré l'essentiel des programmes initiaux. Tout était nouveau pour
    nous à l'époque : Jacques Maucourt s'est engagé dans l'aventure avec
    autant d'application que d'enthousiasme. Dans les années soixante a été
    réuni l'essentiel de la masse documentaire de Frantext : tous les
    textes saisis à l'époque (sur des rubans perforés transformés ensuite
    en bandes magnétiques), traités sur l'héroïque "Gamma 60" (plus de
    70 millions d'occurrences en 1969), toute la documentation alors
    rassemblée restent aujourd'hui utilisables : c'est dire le sérieux du
    travail qui a été accompli. La technique n'en était pas encore aux
    écrans : les résultats étaient stockés sur papier (les
    "Concordances") ; c'est Jacques Maucourt qui a mis en place le système.
    Pour rendre utilisable cette documentation gigantesque, il a fallu dès
    les débuts imaginer des instruments novateurs. Jacques Maucourt a été
    l'artisan, du côté de l'informatique, d'un "Dictionnaire des formes
    fléchies" et des programmes de conjugaison qui le sous-tendent. C'est
    lui qui a construit le "Dictionnaire des homographes". C'est lui, avec
    Roland Vienney, qui a assuré les programmes des "Groupes binaires", un
    système fondé sur des traitements statistiques (la loi de Poisson) :
    les Rédacteurs ont disposé ainsi d'une documentation non seulement
    lemmatisée, mais sélective et linguistiquement pertinente. Tout cela a
    conduit, dès l'année du premier tome (1971), à un "Dictionnaire des
    fréquences" qui a été jusqu'au bout la source des données chiffrées du
    TLF.

    C'était là, en dépit des tâtonnements, faire oeuvre de pionnier. Mais
    il a fallu aussi, dans l'ombre, assurer les adaptations techniques
    (parfois du tout au tout) à chaque changement d'ordinateur, travail
    ingrat, mais indispensable : c'est Jacques Maucourt qui s'en est en
    grande partie occupé, sans jamais rechigner. Par ailleurs, il a ménagé
    son temps pour aboutir à l'essentiel : l' "Analyseur morphologique" qui
    accompagne Frantext. Frantext y a gagné une dimension de grande
    importance, puisqu'une partie des textes est désormais strictement
    lemmatisée et que le reste, à tout moment, est automatiquement
    lemmatisable. Cet analyseur est devenu, dans le domaine, l'instrument
    le plus performant dont on dispose pour le français. C'est là
    assurément la plus belle réussite de Jacques Maucourt, réalisée dans
    une collaboration constante avec Marc Papin.

    Jacques Maucourt a toujours su garder le cap, même dans la tourmente.
    Nous conservons de lui le souvenir d'un homme souriant, discret,
    exemplaire par le dévouement et la constance ; il laisse une oeuvre qui
    mérite notre plus chaleureuse et amicale reconnaissance.

                        Robert Martin
                        1. 10. 2008

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    {FR, 23/10/2008}

    HOMMAGE A JEAN BOLLACK
     
            De la philologie : théorie et pratique.
            Colloque en hommage à Jean Bollack

    Responsable : Philippe Rousseau
    Université de Lille 3, 23-25 octobre 2008
    Maison de la Recherche, salle des colloques
    Colloque organisé par l'UMR STL avec le concours de la MESHS du
    Nord - Pas-de-Calais, du CRIA, du CNRS et de l'Observatoire des
    Etudes classiques en Europe

        Exposé de la thématique
     
    Jean Bollack, professeur émérite à l'Université Charles de Gaulle -
    Lille 3 où il enseigna le grec de 1958 à 1992, aura 85 ans en 2008.
    L'UMR "Savoirs, Textes, Langage" dont il est indirectement l'un des
    fondateurs et ses élèves ont décidé à cette occasion de rendre hommage
    à ses travaux d'helléniste en organisant en son honneur, dans son
    université, un colloque consacré à une discipline, un moment de
    l'histoire intellectuelle et des objets qui ont occupé jusqu'à ce jour
    une place privilégiée dans son activité de chercheur. Il est trop connu
    pour qu'il soit nécessaire de le présenter longuement. Né à Strasbourg
    en 1923 dans une famille juive alsacienne, il a fait ses études
    secondaires et une partie de ses études supérieures à Bâle, avant et
    pendant la deuxième guerre mondiale, avant de venir à Paris dès la
    Libération. A Bâle, il avait été en particulier l'élève de Peter Von
    der Mühll qui lui donna les bases de sa formation à la philologie
    classique, dans la grande tradition de la science allemande. Il y était
    aussi entré en contact avec des poètes et des artistes installés dans
    la ville. L'influence d'Albert Béguin, qui y enseignait à cette époque
    et dont on sait les relations étroites qu'il entretenait avec les
    écrivains de la résistance contribua à affermir son intérêt pour la
    littérature contemporaine et la part de réflexion critique qui lui est
    inhérente. A Paris, où il fut entre autres l'élève de F. Chapouthier et
    de P. Chantraine il acheva sa licence de lettres classiques, obtint une
    licence d'allemand et suivit parallèlement d'autres enseignements, ceux
    notamment d'Alexandre Koyré et Etienne Gilson. Son intérêt se porte
    alors sur la comparaison des systèmes cosmologiques des présocratiques
    et des philosophies ultérieures et il entreprend, sous la direction de
    P. Chantraine, une thèse d'Etat qui aboutira à la publication des
    Origines d'Empédocle (1965-1969). Enseignant au collège de Barr en
    Alsace au début des années 50, il renoue avec le séminaire de Bâle et
    les cours de P. Von der Mühll. Il est détaché au CNRS l'année où il v
    ient d'être reçu à l'agrégation de grammaire, et est professeur invité
    pendant plusieurs semestres à la Freie Universität de Berlin. A partir
    de 1958 il est assistant, puis chargé d'enseignement à la Faculté des
    lettres de l'université de Lille, avant d'y être élu professeur en
    1965. Il enseigne à Lille jusqu'à son départ à la retraite en 1992. Il
    est "fellow" de l'Institute for advanced studies de Princeton en
    1970-1971 et membre du Wissenschaftskolleg de Berlin en 1982-1983. Il
    crée en 1972, dans ce qui est devenu entre temps l'Université de
    Lille 3, le Centre de recherche philologique, rapidement associé au
    CNRS, qu'il dirige jusqu'en 1985, foyer de ce que l'on appellera vite
    "l'école de Lille". Cette unité est l'une des équipes dont la fusion a
    donné naissance en 2006 à l'UMR STL (Savoirs, Textes, Langage). Son
    oeuvre dans le domaine des études grecques est considérable : les
    Présocratiques (Empédocle, Héraclite, Parménide, les Atomistes), les
    trois grands tragiques, Epicure, l'épopée archaïque (Homère et
    Hésiode), les lyriques, Platon et Aristote, etc., travaux qu'il mène
    seul ou en collaboration avec plusieurs de ses élèves (Heinz Wismann,
    André Laks, Pierre Judet de La Combe, Philippe Rousseau). S'ajoute à
    ces monographies, éditions commentées, etc. une série de traductions
    des tragiques, en collaboration avec Mayotte Bollack. Il serait faux de
    penser que les travaux majeurs consacrés à Paul Celan se situent "à
    côté" de ses recherches d'helléniste, comme une sorte de diversion ou
    de "hobby". Les deux ensembles trouvent leur origine dans des exigences
    herméneutiques "et" philologiques communes et ils se sont nourris l'un
    l'autre. Il en va de même de la part de ses ouvrages qui abordent des
    problèmes que l'on dirait de théorie, d'épistémologie ou de méthode.
    C'est néanmoins à l'helléniste, praticien et théoricien d'une approche
    critique nouvelle des oeuvres de l'Antiquité, que ce colloque entend
    rendre hommage.

    Jean Bollack s'est expliqué à plusieurs reprises sur la discipline
    qu'il pratique et la manière dont s'est formée la conception qui est la
    sienne du métier de philologue et de ses présupposés. Cette
    auto-réflexion sur son travail, la réflexion critique qu'il menait sur
    les traditions savantes et la situation présente de la discipline,
    les études que d'autres chercheurs ont consacrées à sa démarche
    scientifique et les discussions vives auxquelles celle-ci a donné lieu
    font que ses positions méthodiques et théoriques sont assez connues
    pour qu'il ne soit pas nécessaire de les rappeler longuement ici.
    Ces positions ne se définissent pas par rapport à une philosophie
    constituée dont elles offriraient une application, qu'il s'agisse de
    Gadamer ou de la Théorie critique. Ses remarques, dans leur forme comme
    dans leur contenu, offrent, pour reprendre l'expression de l'un de ses
    lecteurs, moins une théorie herméneutique qu'un "art critique", une
    heuristique de la lecture. Elles ne se constituent pas en un traité
    systématique. Leur cohérence tient à l'enjeu de la démarche dont elles
    visent à rendre compte, la meilleure compréhension des textes ou des
    oeuvres. Cette herméneutique philologique tire sa portée critique de la
    problématisation méthodique des attentes du sens, affirmant, dans sa
    contestation des diverses formes d'assimilation des oeuvres poétiques
    ou philosophiques grecques, le lien essentiel entre la reconnaissance
    de la particularité des textes et l'exigence d'une rationalité de
    l'interprétation. Dans la discussion les présupposés de lecture peuvent
    et doivent être énoncés, confrontés et argumentés. L'herméneutique de
    Jean Bollack peut être qualifiée de "critique" dans la mesure où elle
    est une herméneutique philologique attentive à la force et à la
    précision de la lettre. Mais le mouvement d'auto-réflexion qui l'anime
    la défend contre la tentation positiviste courante dans la pratique
    des philologues de croire que le sens peut se livrer hors de sa
    problématisation. Elle oppose la particularité incontournable de la
    lettre et la singularité de l'oeuvre à la tentation des interprétations
    généralisantes ; et au positivisme des philologues l'impossibilité de
    connaître, voire de décrire, leur objet sans réfléchir sur les
    présupposés de sa constitution. Ce lien étroit entre l'exigence
    philologique et l'auto-réflexion herméneutique explique l'esprit du
    colloque d'octobre 2008 et le souci de combiner dans le cadre de six
    sessions d'une demi-journée chacune réflexion critique sur les
    démarches scientifique de Jean Bollack d'une part, et discussion
    collective approfondie de problèmes philologiques particuliers de
    l'autre. Les cinq premières séances seront organisées autour de la
    présentation et de la discussion préparée d'un nombre restreint
    d'exposés diffusés à l'avance à tous les membres de ce "séminaire" de
    trois jours. Conçu comme un hommage à l'helléniste qu'est Jean Bollack,
    ce colloque borne délibérément ses intérêts au champ de la philologie
    grecque et écarte donc de ses objets l'exégèse des poèmes de Paul Celan
    aussi bien que les recherches qui ont entouré l'édition des oeuvres de
    Peter Szondi ou les travaux consacrés à l'histoire critique de la
    discipline. Dans le domaine grec même il retient d'abord trois grands
    objets parmi ceux qui ont attiré l'attention du philologue auquel il
    est dédié, appartenant tous trois à la même grande période de
    l'archaïsme finissant et de la haute époque classique : les
    présocratiques, Pindare et la tragédie attique. Une quatrième session
    sera consacrée à un thème transversal relevant de la poétique, celui de
    la virtuosité de l'art. Les communications ne porteront pas sur la
    discussion des interprétations proposées par Jean Bollack, même si l'on
    attend qu'elles n'ignorent pas ce que celui-ci peut avoir écrit sur le
    texte ou le problème examiné, mais elles seront conçues de telle sorte
    qu'il soit possible d'en évaluer les démonstrations et d'en discuter
    les présupposés en les rapportant à l'instance critique qu'est la
    lettre du texte. Elles permettront, dans leur diversité, de confronter
    et de mettre à l'épreuve d'analyses concrètes les différentes approches
    qui ont cours actuellement (herméneutiques, anthropologiques,
    déconstructionnistes, etc.). Un premier "répondant", désigné à l'avance
    après réception des textes, introduira la discussion, à laquelle sera
    réservé au moins un tiers du temps disponible pour chaque session. Deux
    séances, dont une table ronde, seront consacrées à la discussion de la
    situation de l'oeuvre de Jean Bollack dans l'histoire et le champ
    actuel de la discipline ("Bollack parmi les philologues"), ainsi qu'à
    l'évaluation critique des présupposés épistémologiques et de la
    fécondité heuristique de son "art" et de sa pratique. Les intervenants
    ont été choisis pour leur qualité scientifique. On a pris garde de
    faire appel à des chercheurs appartenant à des générations, des pays et
    des horizons épistémologiques différents.
                _____________________
    {FR, 21/02/2008}
    Signalons à cette occasion un site consacré à Jean Bollack :
        http://www.jeanbollack.net/index.htm

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    Publications Publications Publications Publications Publications
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    {FR, 23/10/2008}

    NOUVEAU TEXTO!

    Après certains retards maintenant résorbés, la nouvelle version de la
    revue Texto! a publié deux numéros que nous vous invitons à découvrir.
        http://www.revue-texto.net
    Toute critique ou suggestion est bienvenue !

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    {FR, 23/10/2008 et Gjesdal, 29/10/2008}

    THÈSE

    Anje Müller Gjesdal
            Étude sémantique du pronom ON
        dans une perspective textuelle et contextuelle

    Résumé :

    Cette thèse propose une méthodologie pour l'analyse des éléments
    grammaticaux polysémiques, notamment le pronom ON, à partir d'une
    réflexion sur le cadre théorique de la Sémantique de Textes. À travers
    des analyses de deux genres déterminés -l'article scientifique et la
    poésie- la thèse montre l'interaction et l'influence réciproque de ON
    et le contexte, aussi bien au niveau de la phrase qu'au celui du texte.

    La première partie de la thèse traite de la sémantique de ON et de sa
    classification grammaticale. Elle montre les limitations des
    descriptions grammaticales basées sur des critères peu précis, et la
    confusion entre emplois indéfinis et emplois pour des personnes
    déterminées qui s'exprime par l'oxymoron "pronom personnel indéfini".
    Par conséquent, la thèse se propose d'affiner la description sémantique
    de ON, notamment par une élaboration de la notion de contexte et son
    influence sur l'interprétation de ce pronom. La variation dans les
    emplois de ON ne peut pas se réduire à un seul noyau de sens (core
    meaning) et on propose un modèle sémique approprié à l'analyse de ON
    selon l'hypothèse que les différents emplois correspondent à la
    réalisation ou l'annulation des différents sèmes en contexte.

    La seconde partie de la thèse présente deux études de l'emploi de ON
    dans des genres déterminés ; l'article scientifique et la poésie. La
    première étude examine l'emploi de ON dans un corpus d'articles
    scientifiques (le corpus KIAP, voir www.kiap.uib.no) et montre
    l'influence de paramètres contextuels aussi bien au niveau micro
    (verbes, temps verbaux, adverbes) qu'au niveau macro (disposition
    linéaire du texte). La seconde étude analyse l'emploi de ON à partir de
    la notion de zones anthropiques (Rastier 1996) et les relations entre
    dimensions sémantiques et expériences humaines. Dans cette perspective,
    ON fonctionne comme un médiateur entre les différentes zones, notamment
    entre le sujet et le monde qui l'entoure.

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    Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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    {FR, 23/10/2008}

    EVALUER LA RECHERCHE : QUESTIONS EN DÉBAT

    L'appel lancé le 2 octobre 2008 et intitulé "Pour le retrait complet et
    définitif de la 'liste des revues' de l'AERES"
        http://appelrevues.org/
    a recueilli en vingt jours plus de 2500 signatures (mais certaines
    représentent des collectifs, comme des revues ou même Sauvons
    l'université). Par ailleurs, un site d'information et de discussion sur
    l'évaluation et la bibliométrie a été ouvert à l'adresse suivante :
        http://evaluation.hypotheses.org
    Alors que l'exemple "anglo-saxon" est souvent invoqué, nous
    reproduisons cette analyse émanant de directeurs de revues.

            Journals under Threat: A Joint Response from
            History of Science, Technology and Medicine Editors

    We live in an age of metrics. All around us, things are being
    standardized, quantified, measured. Scholars concerned with the work of
    science and technology must regard this as a fascinating and crucial
    practical, cultural and intellectual phenomenon. Analysis of the roots
    and meaning of metrics and metrology has been a preoccupation of much
    of the best work in our field for the past quarter century at least. As
    practitioners of the interconnected disciplines that make up the field
    of science studies we understand how significant, contingent and
    uncertain can be the process of rendering nature and society in grades,
    classes and numbers.

    We now confront a situation in which our own research work is being
    subjected to putatively precise accountancy by arbitrary and
    unaccountable agencies. Some may already be aware of the proposed
    European Reference Index for the Humanities (ERIH), an initiative
    originating with the European Science Foundation. The ERIH is an
    attempt to grade journals in the humanities -including "history and
    philosophy of science". The initiative proposes a league table of
    academic journals, with premier, second and third divisions.

    According to the European Science Foundation, ERIH "aims initially to
    identify, and gain more visibility for, top-quality European Humanities
    research published in academic journals in, potentially, all European
    languages". It is hoped "that ERIH will form the backbone of a
    fully-fledged research information system for the Humanities". What is
    meant, however, is that ERIH will provide funding bodies and other
    agencies in Europe and elsewhere with an allegedly exact measure of
    research quality. In short, if research is published in a premier
    league journal it will be recognized as first rate ; if it appears
    somewhere in the lower divisions, it will be rated (and not funded)
    accordingly. This initiative is entirely defective in conception and
    execution. Consider the major issues of accountability and
    transparency. The process of producing the graded list of journals in
    science studies was overseen by a committee of four -the membership is
    currently listed at
        http://www.esf.org/research-areas/humanities/
            research-infrastructures-including-erih/
            erih-governance-and-panels/erih-expert-panels.html

    This committee cannot be considered representative. It was not selected
    in consultation with any of the various disciplinary organizations that
    currently represent our field such as the European Association for the
    History of Medicine and Health, the Society for the Social History of
    Medicine, the British Society for the History of Science, the History
    of Science Society, the Philosophy of Science Association, the Society
    for the History of Technology or the Society for Social Studies of
    Science. Journal editors were only belatedly informed of the process
    and its relevant criteria or asked to provide any informationregarding
    their publications. No indication was given of the means through which
    the list was compiled ; nor how it might be maintained in the future.
    The ERIH depends on a fundamental misunderstanding of conduct and
    publication of research in our field, and in the humanities in general.
    Journals' quality cannot be separated from their contents and their
    review processes. Great research may be published anywhere and in any
    language. Truly ground-breaking work may be more likely to appear from
    marginal, dissident or unexpected sources, rather than from a
    well-established and entrenched mainstream journal. Our journals are
    various, heterogeneous and distinct. Some are aimed at a broad, general
    and international readership, others are more specialized in their
    content and implied audience. Their scope and readership say nothing
    about the quality of their intellectual content. The ERIH, on the other
    hand, confuses internationality with quality in a way that is
    particularly prejudicial to specialist and non-English language
    journals.

    In a recent report, the British Academy, with judicious understatement,
    concludes that "the European Reference Index for the Humanities as
    presently conceived does not represent a reliable way in which metrics
    of peer-reviewed publications can be constructed" (Peer Review : the
    Challenges for the Humanities and Social Sciences, September  2007 :
        http://www.britac.ac.uk/reports/peer-review ).
    Such exercises as ERIH can become self-fulfilling prophecies. If such
    measures as ERIH are adopted as metrics by funding and other agencies,
    then many in our field will conclude that they have little choice other
    than to limit their publications to journals in the premier division.
    We will sustain fewer journals, much less diversity and impoverish our
    discipline. Along with many others in our field, this Journal has
    concluded that we want no part of this dangerous and misguided
    exercise. This joint Editorial is being published in journals across
    the fields of history of science and science studies as an expression
    of our collective dissent and our refusal to allow our field to be
    managed and appraised in this fashion. We have asked the compilers of
    the ERIH to remove our journals' titles from their lists.

    Hanne Andersen (Centaurus)
    Roger Ariew & Moti Feingold (Perspectives on Science)
    A. K. Bag (Indian Journal of History of Science)
    June Barrow-Green & Benno van Dalen (Historia mathematica)
    Keith Benson (History and Philosophy of the Life Sciences)
    Marco Beretta (Nuncius)
    Michel Blay (Revue d'Histoire des Sciences)
    Cornelius Borck (Berichte zur Wissenschaftsgeschichte)
    Geof Bowker and Susan Leigh Star (Science, Technology and Human Values)
    Massimo Bucciantini & Michele Camerota (Galilaeana : Journal of
       Galilean Studies)
    Jed Buchwald and Jeremy Gray (Archive for History of Exacft Sciences)
    Vincenzo Cappelletti & Guido Cimino (Physis)
    Roger Cline (International Journal for the History of Engineering &
       Technology)
    Stephen Clucas & Stephen Gaukroger (Intellectual History Review)
    Hal Cook & Anne Hardy (Medical History)
    Leo Corry, Alexandre Métraux & Jürgen Renn (Science in Context)
    D. Diecks & J. Uffink (Studies in History and Philosophy of Modern
       Physics)
    Brian Dolan & Bill Luckin (Social History of Medicine)
    Hilmar Duerbeck & Wayne Orchiston (Journal of Astronomical History &
       Heritage)
    Moritz Epple, Mikael Hård, Hans-Jörg Rheinberger & Volker Roelcke
       (NTM : Zeitschrift für Geschichte der Wissenschaften, Technik und
       Medizin)
    Steven French (Metascience)
    Willem Hackmann (Bulletin of the Scientific Instrument Society)
    Bosse Holmqvist (Lychnos)
    Paul Farber (Journal of the History of Biology)
    Mary Fissell & Randall Packard (Bulletin of the History of Medicine)
    Robert Fox (Notes & Records of the Royal Society)
    Jim Good (History of the Human Sciences)
    Michael Hoskin (Journal for the History of Astronomy)
    Ian Inkster (History of Technology)
    Marina Frasca Spada (Studies in History and Philosophy of Science)
    Nick Jardine (Studies in History and Philosophy of Biological and
       Biomedical Sciences)
    Trevor Levere (Annals of Science)
    Bernard Lightman (Isis)
    Christoph Lüthy (Early Science and Medicine)
    Michael Lynch (Social Studies of Science)
    Stephen McCluskey & Clive Ruggles (Archaeostronomy : the Journal of
       Astronomy in Culture)
    Peter Morris (Ambix)
    E. Charles Nelson (Archives of Natural History)
    Ian Nicholson (Journal of the History of the Behavioural Sciences)
    Iwan Rhys Morus (History of Science)
    John Rigden & Roger H Stuewer (Physics in Perspective)
    Simon Schaffer (British Journal for the History of Science)
    Paul Unschuld (Sudhoffs Archiv)
    Peter Weingart (Minerva)
    Stefan Zamecki (Kwartalnik Historii Nauki i Techniki)
    --
    H-SCI-MED-TECH
    The H-Net list for the History of Science, Medicine and Technology
    Email address for postings :    h-sci-med-tech@h-net.msu.edu
    Homepage :             http://www.h-net.org/~smt/
                _____________________

    NOTE SUR L'EVALUATION DE LA RECHERCHE ET LE CLASSEMENT DES REVUES
    (EXTRAIT)

    Le travail des "publiants" (sic) mérite l'attention, or le classement
    par le support dispense d'évaluer les contenus, l'institution déléguant
    ce travail aux anonymes gate-keepers qui n'ont de compte à rendre à
    personne.

    La restriction de fait aux revues reste un choix discutable : en SHS
    les livres font l'objet d'environ 40% des citations. Pourquoi ne
    sont-ils pas pris en compte ?

    Le classement, qui relève de ce qu'un responsable des SHS-CNRS appelait
    dans un éditorial la "sélection naturelle", a une efficacité toute
    néo-darwinienne, puisqu'il tend à priver de leurs auteurs les revues
    mal classées ou a fortiori pas classées du tout -qu'elles aient été
    négligées, ou qu'elles commencent.

    L'évaluation des revues se fait à la va-vite, sans leur demander des
    éléments et sans que les évaluateurs disposent même de dossiers. En
    linguistique, six personnes choisies on ne sait comment ont classé
    plusieurs centaines de revues en un après-midi. La même revue a reçu
    deux classements différents, le premier sous le titre Information
    grammaticale, le second sous le titre L'information grammaticale.

    Un bon article dans une "mauvaise" revue sera moins bien évalué qu'un
    article anodin ou mauvais dans une "bonne".

    Le privilège exorbitant donné (en sciences humaines du moins) aux
    revues anglophones (d'emblée considérées comme "internationales" alors
    qu'il existe maintes revues francophones qui le sont tout autant) met
    en position d'infériorité linguistique les "publiants" francophones.
    Les revues internationales non anglophones, même voisines (allemandes
    par exemple) sont souvent oubliées de nos décideurs.

    Les revues les plus prisées des décideurs sont concentrées dans les
    mains de quelques éditeurs anglais ou néerlandais, qui revendent les
    articles à des prix de plus en plus exorbitants. Ce qui crée des
    difficultés économiques dans les labos voire des tensions entre
    chercheurs. Nous n'avons aucune raison de renforcer cette forme de
    privatisation.

    Le classement a priori des supports a un effet de contrainte : des
    secteurs entiers de la recherche sont discrédités parce qu'ils n'ont
    aucune revue classée en A. D'autres secteurs, plus proches de la Big
    Science, sont portés aux nues du classement.

    Le classement des revues est une évaluation a priori des articles. La
    scientométrie, malgré ses défauts bien connus (les indices de citation
    sont biaisés par les effets de lobbying ; en outre les articles les
    plus cités sont parfois les plus critiqués), a du moins le mérite de
    relever des citations effectives d'un article, quel que soit son
    support. Or, on trouve dans les "bonnes" revues des articles qui ne
    sont jamais cités, même par leur auteur.

    Au principe tout managérial de l'évaluation par des indices biaisés,
    les enseignants et chercheurs sont en droit de demander que leurs
    travaux soient évalués par des commissions qui prennent le temps de les
    lire.

    Si les revues sont importantes, quelle est la  politique de soutien aux
    revues ? La plupart des revues qui en recevaient ont vu leurs
    subventions érodées ou supprimées.
                _____________________

    A signaler par ailleurs la pétition "Les sciences sociales ne sont pas
    solubles dans les sciences cognitives" :
        http://www.hermeneute.com/INSHS

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    {FR, 23/10/2008}

    HEIDEGGER INÉDIT

    fragments établis et traduits par Georges-Arthur Goldschmidt

    Fragments de textes retrouvés dans les archives de Ludwig Landgrebe qui
    fut le dernier assistant de Husserl. Ces trois textes proviennent soit
    d'Eugen Fink, soit de Heidegger lui-même, auquel Landgrebe était assez 
    lié. (Il avait été pressenti pour lui succéder à Fribourg.) Il peut
    s'agir des fragments recopiés, les caractères typographiques employés 
    proviennent en tout cas d'une autre machine à écrire que celle de
    Landgrebe. Il pourrait être intéressant d'établir la provenance de ces
    textes probablement de Heidegger. Il en est tenté ici un essai de
    traduction partielle. [NDLR : Bien qu'en étant l'auteur à demi avoué,
    Georges-Arthur Goldschmidt n'est pas parvenu à traduire les deux
    derniers extraits.]
                _____________________

    Das Gestell wird zugestellt, als Zubehör des Herstellens wird es aus
    Vorigem herausgestellt und dazu erst einmal aus der Liege gestellt, zu
    der es doch hergestellt wurde um dann verstellt umgestellt zu werden,
    als das was zur Stelle, als Fund vorgefunden werden kann, insofern es
    als vorgefundener Fund in seiner bewerkstelligenden Unbedachtheit im
    Bedenkenlosen des Hervorbringens, in die berechnende Tätigkeit der
    Technik hineingestellt wird.

    [L'échafaudage est attribué comme une composante de la fabrication, il 
    est édifié à partir de ce qui était auparavant et pourtant fabriqué et
    pour cela d'abord extrait de son gîte pour être déplacé, déformé, comme
    ce qui mis à disposition peut être trouvé en tant que trouvaille dans
    son utilité irréfléchie dans ce qui n'est pas pris en considération
    pour être placé au sein de l'activité calculante de la technique.]
    .
    ...ob das Ausstehende uns zusteht, ist im Abstand des Anstehenden als
    das noch Vor-stehende zu verstehen ; es gilt zu ermitteln, ob der
    Ausstand als ein Zustand der Zuständigeit am noch nicht ausgestandenen
    Ausstehen des Seins ausgemacht werden kann oder ob die Befugnis dazu
    überhaupt der Vorständigkeit, als das noch Ausstehende vorgegeben oder
    sogar zugegeben werden kann. Es gilt in der Abständigkeit des Zustehens
    des Ausstands zu fragen, ob jene Befugnis nicht der Unzulänglichkeit
    anheim als unbeheimt zu geben ist. Denn jenes Ausstehende ist ja eben
    nichts anders als der Ausstand an Seinkönnen.

    [...savoir si nous sommes aptes à l'à-venir est à comprendre à distance
    de la proximité comme ce qui est encore en attente, en avance ; il
    s'agit de découvrir si ce qui est à venir peut être repéré comme un
    état de compétence pour ce qui est de l'assumation non encore assumée
    de l'Être ou bien si la dévolution pour cela peut être attribuée à ce
    qui est en avance et être prétendue comme ce qui est à venir ou être
    concédé comme tel. Il s'agit dans l'intervalle de dévolution de
    l'à-venir de se demander si cette compétence n'est pas à attribuer à
    l'insuffisance comme étant sans demeure. Car ce qui est ainsi à venir
    n'est rien d'autre que la réserve en pouvoir-être.]

    [...]

    Martin Heidegger
    p.c.c Georges-Arthur Goldschmidt

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    Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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    {FR, 23/10/2008}

    COLLOQUE

                Le Monde du Symbolique
                - en hommage à Claude Lévi-Strauss

    Colloque international
    organisé par le Centre de coopération franco-norvégienne en sciences
    sociales et humaines et par l'Institut Ferdinand de Saussure

    Paris, 21-22 novembre 2008
    Maison de Norvège
    (Cité Universitaire - 7 N boulevard Jourdan - 75014 Paris)

    Argument. - Si l'on a jadis exalté un problématique structuralisme
    (regroupant Barthes, Lacan, Althusser, Foucault et tant d'autres) pour
    le condamner au début des années 1970, Saussure et Lévi-Strauss étant
    les premières cibles de cette damnatio, le programme d'une étude
    scientifique interdisciplinaire du monde symbolique n'a cessé
    d'inspirer des recherches novatrices en linguistique, en anthropologie
    et dans les autres sciences de la culture. Ce colloque entend ouvrir
    des champs de réflexion et de débat sur ces trois thèmes :
    (i) la légitimité d'une relecture présentiste du programme des "études
    des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure) ;
    (ii) l'actualité d'une philosophie des formes symboliques ;
    (iii) la critique, d'un point de vue sémiotique, des paradigmes de la
    communication et de la cognition, comme le développement corrélatif
    d'un programme épistémologique de culturalisation.

    Programme
                Vendredi 21 novembre

    9h30-10h10 : Clarisse Herrenschmidt, Laboratoire d'Anthropologie sociale
    La légitimité d'une relecture présentiste du programme des
    "études des signes et de leur vie dans les sociétés humaines" (Saussure)

    10h10-10h50 : Françoise Douay, Université de Provence
    Que pourrait être, dans le monde symbolique d'aujourd'hui,
    une rhétorique saussurienne ?

    11h10-11h50 : Bernard Ancori, Université Louis Pasteur, Strasbourg
    Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
    la Grèce ancienne, le Moyen-Âge occidental et nous

    11h-50-12h30 : Astrid Guillaume, Université Paris IV Sorbonne
    Le Monde du symbolique et le Moyen-Âge :
    la pensée derrière le symbole

    14h-14h40 : André Green, Paris
    Symbolique psychanalytique et symbolique lévi-straussien

    14h40-15h20 : Jean Giot, Université de Namur
    L'arbitraire radical (titre sous réserve)

    15h40-16h20 : Angèle Kremer-Marietti, Université Paris X
    La philosophie comme science du symbolique

    16h20-17h : Arild Utaker, Université de Bergen
    Sur quelques obstacles philosophiques pour celui qui veut
    penser le Symbolique

    17h-17h40 : Jacques Geninasca, Université de Zurich
    Penser le "langage symbolique" aujourd'hui

    Vin d'honneur

                Samedi 22 novembre

    9h30-10h10 : Marcel Drach, Université Paris Dauphine
    L'anti-humanisme de Claude Lévi-Strauss :
    l'effacement du sujet dans la production du sens

    10h10-10h50 : Arnfinn Bø-Rygg, Université d'Oslo
    L'expérience du sérialisme chez Lévi-Strauss et Foucault

    11h10-11h50 : David Ledent, Université de Caen-Basse Normandie
    Les formes symboliques de la musique

    11h50-12h30 : Michel Serfati, Université Paris VII
    Formes symboliques sans signification
    et constitution d'objets mathématiques

    14h-14h40 : Michel Paty, Université Paris VII
    La connaissance scientifique comme forme de pensée symbolique.
    Quelques implications philosophiques et épistémologiques

    14h40-15h20 : Simon Bouquet, Université Paris X
    Le programme (néo)saussurien. Une ontologie négative
    et une épistémologie pour penser le monde du symbolique.

    15h40-16h20 : François Rastier, CNRS-Inalco, Paris
    L'arbitraire de la sémiotique. Critique et illustration

    Table ronde : 16h20-17h20
    Anne Hénault, IUFM, Paris : Actualité du saussurisme (2008)
    Loïc Depecker, Université Paris III : Projet d'une ethnoterminologie
    Julien Longhi, Université de Clermont-Ferrand : Formes sémantiques,
    formes symboliques  et constitution des objets de la parole en discours
    Ronan Le Roux, EHESS : Comment expliquer l'absence de modèles
    cybernétiques chez Lévi-Strauss ?

    N.B. : Ce colloque est organisé à l'occasion du centième anniversaire
    de Claude Lévi-Strauss, Président d'honneur de l'Institut Ferdinand de
    Saussure.

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    {FR, 30/10/2008}

    Université de Toulouse le Mirail
    Journées d'étude du CPST

        De l'interprétation des textes à partir de corpus numérisés

    1. Le Jeudi 27 novembre 2008, Salle D 32 (Atelier informatique de la
    Maison de la Recherche, rez-de-chaussée)
    De 9h à 12h : Régis MISSIRE (CPST)
       HYPERBASE 7.0 : Intoduction aux principales fonctions
       documentaires et statistiques
    De 14h à 17h :
       HYPERBASE 7.0 : Applications pratiques (séance animée par Régis
       MISSIRE). Il est vivement recommandé d'apporter des corpus pour la
       mise en pratique.
    NB. L'atelier d'informatique compte 15 postes mais on pourra travailler
    à deux par poste.

    2. Le Jeudi 18 décembre 2008, de 14h à 17h - Salle C 601 (Maison de la
    Recherche), avec la participation du Master des Sciences du Langage.
    - Sylvain LOISEAU (LIMSI)
       Caractériser le contexte sémantique de différents types de textes :
       analyse comparative et quantitative.

    3. Le Jeudi 29 janvier 2009, de 14h à 17h - Salle C 601 (Maison de la
    Recherche)
    - François LAURENT (CERES)
       Lemmatisation et codage sémique de romans à insertions lyriques
       du XIIIème siècle.

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    {FR, 23/10/2008, BP, 28/10/2008}

    NOUVELLE REVUE
    Information transmise par Ruth Amossy.
     
    "Argumentation et Analyse du Discours" :
        http://aad.revues.org/
    La revue propose une publication intégrale, immédiate et gratuite sur
    son site. Elle adhère à *Revues.org,* fédération de revues en sciences
    humaines et sociales en ligne (http://www.revues.org)
    Cette publication semestrielle, rédigée en langue française, émane du
    groupe de recherche /Analyse du Discours, ARgumentation, Rhétorique/
    (ADARR) de Tel-Aviv, coordonné par Ruth Amossy et Roselyne Koren.

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    {Mayaffre, 30/08/2008, et Mellet, 09/09/2008}

    APPEL À CONTRIBUTIONS

    CORPUS, numéro 8, à paraître en novembre 2009
    Thème :
       "Corpus de textes, textes en corpus : concepts, méthodes et travaux"

    Responsables :
       Jean-Michel Adam (Jean-Michel.Adam@unil.ch)
       Jean-Marie Viprey (jean-marie.viprey@univ-fcomte.fr)

    Calendrier :
    - réception des propositions d'article (déclaration d'intention, titre,
    résumé d'une page maximum): avant le 1er décembre 2008
    [...]

    Texte de cadrage [extraits]:
    Les grandes questions auxquelles nous voudrions que ce numéro réponde
    sont :
    - Quel est l'impact de la mise en corpus sur le statut et la perception
    du texte antérieurement défini comme unité globale, comme tout cohérent
    et auto-suffisant ?
    - Dans quelle mesure le texte est-il amené à incorporer des éléments
    jusqu'ici désignés comme plus ou moins "extérieurs" à lui (paratexte,
    péritexte, épitexte, intertexte, hypertexte...), et comment les
    chercheurs gèrent-ils ce qu'il est convenu d'appeler en conséquence
    l'"ouvert" du texte ?
    - Dans ce cadre, quelles solutions théoriques et pratiques se
    présentent-elles pour gérer la variation textuelle, que ce soit dans la
    perspective de l'établissement, de l'exploration/lecture, ou des
    mesures statistiques ?
    - Que faire de la "philologie numérique", peut-on et doit-on normaliser
    les procédures d'établissement des ressources textuelles, pourquoi et
    comment ?
    - Quelle terminologie sont amenés à mettre en place les chercheurs
    confrontés à la nécessité de définir leurs objets dans le cadre de
    l'analyse textuelle sur corpus : texte, document, archive, énoncé,
    discours, base, corpus, sous-corpus, section, unité, segment,
    partition... ?
    - Comment se construit une interprétation dans le cours d'une étude
    menée sur corpus, et comment s'équilibre dans cette optique le rapport
    entre texte et corpus ; peut-on formuler des principes généraux voire
    théoriques de cette articulation ?
    - Jusqu'où est-il vrai que le travail sur corpus informatisé assure une
    suspension de l'activité interprétative et diverses autres
    modifications "déontiques" des conditions de la critique en sciences
    humaines ?
    - Quel impact ces nouvelles orientations et ce foisonnement empiriques
    sont-ils susceptibles d'avoir sur la mesure statistique et sur
    l'intérêt qu'elle suscite ?
    [...] Une question centrale nous guidera : qu'est-ce qui a changé, de
    manière significative, dans notre pratique critique des textes au long
    de cette montée en force du corpus conçu comme opposition d'un matériau
    langagier ?

    Texte complet de l'appel :
        http://corpus.revues.org/document382.html

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    {Gjesdal, 22/10/2008}

    APPEL À CONTRIBUTIONS

    Arena Romanistica 01/09 : "Etudes de genre"

    La notion de genre se voit doter d'une importance croissante dans
    plusieurs domaines romanistiques : en linguistique, en littérature et
    en études cinématographiques. [...]
    - comment est-elle conçue dans ces différentes disciplines et comment
    ces différentes conceptions peuvent-elles enrichir et défier les unes
    les autres ?
    - comment délimiter la notion de genre ? doit-on le concevoir comme une
    catégorie normative ou empirique ?
    - la fonction de genre en tant que contexte pour l'étude de et pour la
    production de textes : s'il est conçu comme un ensemble de conventions
    textuelles, le genre peut être considéré comme un ensemble de normes
    sociales. Les classifications et les hiérarchies de genre héritées
    gouvernent la production et la classification de textes nouveaux.
    - qu'est-ce que les études de genre peut-nous inciter à dire sur les
    genres "impurs" et sur les transgressions de genre ?

    Date limite de soumission d'articles : le 1er février 2009
    Procédure de soumission accessible sur notre site web :
        http://www.arenaromanistica.uib.no/french/soumissions.html

    Le texte complet de l'appel est en ligne sur le site :
        http://www.arenaromanistica.uib.no/
    Contact :    arenaromanistica@uib.no

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    {Grossmann, 25/10/2008}

    APPEL À CONTRIBUTIONS

    Revue d'anthropologie des connaissances
    Dossier Thématique, novembre 2009

            Les discours scientifiques :
            des marques linguistiques aux épistémologies

    Numéro coordonné par Francis Grossmann
    Lidilem, E.A. 609, Université Stendhal, Grenoble III

    [Extrait de la présentation]

    Les contributions retenues auront en commun de chercher à relier les
    formes du discours scientifique et les enjeux de connaissance que ce
    discours contribue à construire ; elles s'orienteront autour de quatre
    problématiques principales :
    - le marquage linguistique des enjeux épistémologiques dans le texte
    scientifique  [...] ;
    - la construction sociale de l'auctorialité scientifique [...] ;
    - le raisonnement dans les genres scientifiques [...] ;
    - les aspects sémiotiques, sémiographiques, phraséologiques et lexicaux
    [...].

    Le calendrier prévu est le suivant :
    -  15 novembre 2008 : envoi des résumés [...]

    Texte complet de l'appel :
        http://www.ird.fr/socanco/article124.html

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  • SdT vol.14 n.3
Année 2009 (volume 15 - 4 numéros)
    SdT vol.15 n.4
    Résumé: 2009_11_05
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 15, numero 4.
     
     
                            LES CITATIONS DU MOIS
                ________________________________________________

                Quiconque y réfléchit ne peut que s'étonner de
                voir comment tous les philosophes ont consacré
                le meilleur de leurs efforts à tenter
                d’acquérir la science du monde naturel, dont
                Dieu seul, parce qu’il l’a fait, possède la
                science, et comment ils ont négligé de méditer
                sur le monde des nations, ou monde civil, dont
                les hommes, parce qu’ils l’ont fait, peuvent
                acquérir la science.

                    Giambattista Vico, Principes d’une
                    science nouvelle, 1744, § 331.

                Entre un mot et ses voisins, l'esprit aperçoit
                des connexions, dont l'ensemble forme la
                charpente de la phrase.
                Ces connexions ne sont indiquées par rien.

                            Lucien Tesnière
                ________________________________________________        
     
                    SOMMAIRE
     
     
    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 10 nouveaux abonnes, dont Charline Bernier,
          Amelie Betus, Camille Lawson, Anemone Mathieu, Francoise
          Pignol, Gerard Sensevy, et Julie Sorba.
        - Nous signalent leur changement d'adresse : Thomas Beauvisage,
          Marie-Anne Chabin, Bruno Courbon, et Aboubakar Ouattara.
     
    2- Carnet
        - Seminaire de F. Rastier : Semantique de corpus
        - Petition pour l'ouverture des archives Heidegger
        - Du blog de O. Ertzscheidt : Les lectures industrielles
     
    3- Publications
        - D. Ablali et D. Ducard (dir.) :
          "Vocabulaire des etudes semiotiques et semiologiques"

    4- Textes
        - N. La Fauci : Note d'actualite sur Darwin et Rene Girard
        - Ch. Gerard : Sur l'identite de la poesie et du langage
     
    5- Appels : Colloques et revues
        - Nouvelle revue : Energeia
        - Colloque "L'homme semiotique - pratiques et complexite",
          Namur (Belgique), 19-21 avril 2010.
        - XXXIe Colloque international d'Albi Langages et Signification
          "L'ecrit : de la signification et de l'interpretation a la
           traduction et aux discours critiques",
          Albi, 11-15 juillet 2010.

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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [information réservée aux abonnés]
     
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    {FR, 27/10/2009}

    SEMINAIRE

                Sémantique de corpus

    Séminaire INALCO (ERTIM)-EHESS (CRIA)
    Année 2009-2010

    François Rastier, directeur de recherche au CNRS

    de 17 h à 19 h,
    Les jeudis 5, 12, 19 et 26 novembre, 10 et 17 décembre 2009.

    INaLCO-Recherche (salle 8, rez-de-chaussée),
    49 bis avenue de la Belle Gabrielle 75012 Paris

    Avec le développement et la généralisation des corpus numériques, la
    linguistique de corpus intéresse l’ensemble des sciences de la culture.
    Dans cette situation favorable, un agenda épistémologique et
    méthodologique pourrait proposer : (i) un moratoire sur les modèles
    partiels, pour restituer la complexité des textes ; (ii) en rupture
    avec les représentations ontologiques et référentielles, une
    reconception praxéologique de l’activité textuelle ; (iii) une
    typologie des normes discursives, génériques et stylistiques permettant
    de décrire la variété de leurs régimes génétiques, mimétiques et
    herméneutiques ; (iv) un réexamen des "unités textuelles" pour pouvoir
    caractériser les transformations entre passages, tant au sein du texte
    qu’entre textes du même corpus ; (v) une "reconquête" du plan de
    l’expression textuelle, permise par une réflexion sur le concept de
    document, nécessaire au traitement des documents numériques ; et
    corrélativement une synthèse renouvelée entre linguistique, philologie
    et herméneutique matérielle. On proposera ainsi un remembrement de la
    tripartition de fait entre discours, texte, et document. Il s’agit en
    effet, à l’inverse du programme du Web sémantique, de revenir des
    "données" aux documents, de décrire et d’exploiter, pour la recherche
    d’informations notamment, leur irremplaçable complexité. Ce sont là,
    semble-t-il, des conditions pour que la linguistique textuelle puisse
    combler ses lacunes théoriques, répondre aux besoins sociaux et
    s’approprier pleinement la problématique historique et comparative que
    partagent les sciences de la culture.

    Les thèmes abordés cette année :
    1/ Points de vue et Garanties : des "données" textuelles aux corpus.
    2/ Sens et différences internes et externes au texte.
    3/ La méthodologie comparative en sémantique de corpus.
    4/ Approches quantitatives et qualitatives.
    5/ La refondation sémiotique de la linguistique de corpus.
    6/ De la sémantique des valeurs à la sémiotique des cultures.

    Accès recommandé : RER A, direction Boissy-Saint-Léger (zone 3), arrêt
    à Nogent-sur-Marne, sortie Marronniers, direction jardin tropical (1.
    Prendre la direction sud sur avenue des Marronniers vers avenue des
    Châtaigniers - 0,2 km ; 2. Tourner à droite sur avenue des Châtaigniers
    - 0,2 km ; 3. Tourner à gauche sur avenue de la Belle Gabrielle - 0,4
    km côté bois après le Jardin tropical).

    Renseignements :    François Rastier
    Site web :        http://revue-texto.net
    Adresse de contact :    frastier(at)gmail.com
     
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    {FR, 27/10/2009}

    ARCHIVES HEIDEGGER

    Lancée par Emmanuel Faye, la pétition pour l'ouverture des archives
    Heidegger vient d’être republiée est peut maintenant être signée en
    ligne :
        http://archives-heidegger.hermeneute.com

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    {FR, 27/10/2009}

    LES LECTURES INDUSTRIELLES

    De Olivier Ertzscheidt
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/09/scanne-moins-fort.html

    "1.a) l’activité du robot de lecture, ses actes de lecture : scanner,
    crawler, indexer. b) les produits dérivés de cette activité, les textes
    de lecture en langage humain.?

    2.a) l’association des lectures humaines et des lectures machiniques.
    b) la commercialisation des lectures humaines définies comme "hits".?

    3.a) l’espace des lectures industrielles est le face-à-face des
    industries de lecture et des publics de lecteurs. b) l’industrie de la
    lecture entreprend la commercialisation de toutes les lectures, sous le
    slogan de l’"accès à toute l’information". c) l’industrie de la lecture
    entreprend aussi la commercialisation des lecteurs."

    Alain Giffard.
     
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    {Ablali, 02/09/2009}

    VIENT DE PARAÎTRE

        Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques

    Sous la direction de Driss Ablali et Dominique Ducard
    Paris : Honoré Champion / Besançon : Presses universitaires de Franche
    Comté, Collection "Lexica, mots et dictionnaires" dirigée par Bernard
    Quemada et Jean Pruvost, 2009, 312 p. ISBN : 978-2-7453-1969-2
    Editions reliée (55 euros) ou brochée (24 euros).

    * Table des matières :

    Repérages
    Notices
      Références contemporaines
          La sémiologie de Ferdinand de Saussure (1847-1913)
          La sémiotique de Charles S. Peirce (1839-1914)
          La sémiotique de Louis Hjelmslev (1899-1965)
      Perspectives actuelles
      Sémiotique de l’école de paris
          Introduction
        Sémiotique l’action
        Sémiotique des passions
        Sémiotique subjectale
        Sémiotique tensive
        Socio-sémiotique
        Éthosémiotique
      Sémiotique des cultures
      Sémiotiques textuelles
        La sémiotique textuelle d'Umberto Éco
        Sémiostylistique
      Sémiologie interprétative
        Sémiologie des textes et discours
          L’aventure sémiologique de Roland Barthes
          La sémanalyse de Julia Kristeva
        Sémiologie des indices
        Sémiologie de l'image
      Sémiologie du cinéma et de la télévision
        Sémiologie du cinéma
        Sémiologie de la télévision
      Socio-sémiotique des médias
    Vocabulaire
    Bibliographie
    Tables et index
        Auteurs des notices
        Auteurs des notions
        Index des noms de personnes
        Index des notions

    * Auteurs des Notices et des Notions :

    Driss Ablali, LASELDI, Université de Franche-Comté
    Sémir Badir, FNRS, Université de Liège
    Anne Beyaert-Geslin, CeReS, Université de Limoges
    Jean-François Bordron, CeReS, Université de Limoges
    Marie-France Chambat-Houillon, CEISME, Université de la Sorbonne
      Nouvelle Paris 3
    Nicolas Couégnas, CeReS, Université de Limoges
    Ivan Darrault-Harris, CeReS, Université de Limoges
    Dominique Ducard, CEDITEC, Université  Paris Est-Paris 12
    Carine Duteil-Mougel, CeReS, Université de Limoges
    Jacques Fontanille. CeReS, Université de Limoges, Institut
      Universitaire de France
    Anne-Marie Houdebine-Gravaud, Dynalang-SEM, Université Paris Descartes
    Yves Jeanneret, laboratoire Culture et communication, Université
      d’Avignon et des pays de Vaucluse
    Martine Joly, IMAGINES, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
    François Jost, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
    Eric Landowski, CNRS, Paris
    Laurence Leveneur, CEISME, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
    Anna Maria Lorusso, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
      Università di Bologna
    Claudine Normand, Laboratoire d'histoire des théories linguistiques,
      Université de Paris 10
    François Rastier, CNRS, Paris.
    Joëlle Réthoré, VECT, Université de Perpignan
    Michael Rinn, CEDITEC, Université de Bretagne Occidentale
    Emmanuël Souchier, GRIPIC, CELSA, Université Paris Sorbonne-Paris 4
    Anne-Gaëlle Toutain, Equipe Sens, Texte, Histoire, Université Paris
      Sorbonne-Paris 4
    Patrizia Violi, Dipartimento di Discipline della Comunicazione,
      Universita' di Bologna  
     
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    {FR, 27/10/2009}

    NOTE D'ACTUALITÉ SUR DARWIN ET RENÉ GIRARD

    De Nunzio La Fauci
    Apollonio Discolo by Nunzio La Fauci.
    Based on a work at apolloniodiscolo.blogspot.com

    Anthropologue, membre de l'Académie française, "parfois qualifié de
    'Darwin des sciences sociales'", c'est René Girard qui l'affirme, dans
    une de ses interventions publiées dans le Monde des livres, au sujet du
    naturaliste anglais.

    Girard ajoute : "...un peu comme si on voulait s'opposer à Newton ou à
    Einstein dans leur domaine. La première fois que je l'ai lu [Darwin],
    l'attitude était totalement différente. Il y avait encore une
    possibilité d'antidarwinisme réelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui,
    que l'on soit croyant ou pas : Jean-Paul II n'a-t-il pas dit qu'il
    voyait dans le darwinisme 'plus qu'une hypothèse' ?".

    Rien d'étonnant, à vrai dire. Un pape peut-il s'exprimer différemment ?
    Tout ce qu'il imagine juste est par principe plus qu'une hypothèse.
    Parfois, c'est un dogme.

    L'opposition au darwinisme s'est-elle finalement évaporée ? Un pape (et
    quel pape !) a-t-il pu le définir comme plus qu'une hypothèse ? Voilà
    des preuves écrasantes que le darwinisme dont l'immortel Girard parle
    n'a rien à faire avec la science.

    Si une idée a une valeur quelconque, dans la science, c'est qu'elle ne
    peut jamais devenir un dogme : et il faudrait se demander sérieusement
    pourquoi au contraire le darwinisme a une nette tendance à le devenir.
    La valeur scientifique d'une idée réside dans sa nature de défi, qui
    réclame des objections. Et elle meurt, en tant qu'idée scientifique, si
    elle cesse de les provoquer.

    Bref, une idée scientifique doit sa valeur à son éternel statut de
    simple hypothèse : elle peut se présenter parfois et temporairement
    comme la meilleure hypothèse, jamais comme plus qu'une hypothèse.
     
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    {FR, 27/10/2009}

    SUR L'IDENTITÉ DE LA POÉSIE ET DU LANGAGE

    Nous reproduisons, avec l’accord de l’auteur, Christophe Gérard, le
    début de l’étude
    Sur l’identité de la poésie et du langage (Energeia, I, 1, pp. 118-119)
                _________________

    Le texte "Langage et poésie" est issu d’un ensemble de notes
    manuscrites que E. Coseriu rédigea en préparation d’un cours de
    "Stylistique moderne romane" (Moderne romanische Stilforschung)
    dispensé entre novembre 1963 et mars 1964, à l’université de Tübingen.
    Il offre un bel aperçu de notes qui, minutieuses et rarement
    fragmentaires, comptent en tout plus d’une centaine de feuillets in
    octavo ainsi qu’une cinquantaine de fiches bristol. Cependant, lacune
    coutumière des archives, cette importante documentation ne couvre pas
    l’intégralité du cours, comme l’attestent les notes des élèves de
    l’époque. Aussi les premières séances du cours, qui pour l’essentiel
    semblent avoir consistés en un commentaire de la bibliographie générale
    (120 titres organisés en 10 sections), n’ont-elles pas ou peu laissé de
    traces manuscrites. Quoi qu’il en soit, ce cours n’ayant jamais été
    renouvelé par Coseriu et ces notes n’ayant pas connu d’avenir
    éditorial, l’intérêt de cette archive demeure aujourd’hui intact.
    Au-delà de son importance pour la connaissance de l’oeuvre cosérien, ce
    cours discute un vaste panorama d’approches (de Ch. Bally à A.
    Pagliaro, en passant par la stylistique italienne, l’école de Prague,
    le behaviourisme, l’école de Copenhague), développant ainsi un point de
    vue original qu’il conviendrait d’apprécier relativement aux études
    stylistiques actuelles et, de manière générale, à la linguistique
    textuelle. Une présentation du cours mériterait, au moins, un long
    article. Nous nous bornerons à faire quelques observations liminaires
    sur "Langage et poésie", texte choisi au motif que le problème de
    l’identité de la poésie et du langage constitue, selon Coseriu, le
    problème essentiel de la stylistique.

    Chez Coseriu, ce thème de l’identification de la poésie au langage est
    directement hérité de l’esthétique linguistique de B. Croce, qui le
    reçoit à son tour de G. Vico (Scienza nuova, 1725) :

      Langage et poésie sont pour Vico substantiellement identiques.
      Réfutant cette commune erreur des grammairiens, qui disent que le
      parler de la prose est né avant, et celui du vers après, il trouve
      dans les origines de la poésie telles qu’on les a ici découvertes,
      les origines des langues, et l’origine des lettres. [...] Il put
      réfuter l’autre commune erreur des grammairiens : que le parler des
      prosateurs est propre, et impropre celui des poètes. Les tropes
      poétiques, qui se rangent sous l’espèce des métonymies, lui
      apparurent nés de la nature des premières nations, non du caprice
      d’hommes particuliers, habiles en poésie [...]. (Croce B., 1904,
      Esthétique comme science de l'expression et linguistique générale,
      Paris, V. Giard et E. Brière, p. 222-223).

    Vico voyait alors dans la poésie un principe anthropologique, et ses
    conceptions, pour l’historien de l’esthétique que fut Croce, restèrent
    en la matière longtemps inégalées (cf. e.g. l’analogie du langage et de
    l’art chez W. von Humboldt). De fait, le cadre de pensée napparaît pas
    d’abord circonscrit aux problèmes spécifiques de la stylistique et, par
    exemple, chez Coseriu, la compréhension des références à Croce (sur des
    points aussi fondamentaux que l’identité entre intuition et expression
    ou l’objectivation poétique) passe à l évidence par la pensée
    esthétique, c’est-à-dire en particulier par la théorie crocéenne de
    l’art, et sans doute aussi par la réflexion esthétique menée par
    Coseriu lui-même, qui est antérieure au cours de stylistique.

    De fait, on entendra en premier lieu par poésie un art parmi d’autres
    (peinture, musique, architecture, etc.), en l’occurrence l’art du
    langage par excellence : "par poésie [Dichtung] je n’entends pas
    seulement la poésie [Poesie] dans un sens étroit mais plutôt la
    littérature comme art". Ce qui signifie d’une part que le terme de
    poésie ne renvoie à aucun "genre" littéraire (roman, nouvelle, etc.),
    d’autre part que si l’opposition classique entre poésie et prose paraît
    ici licite (discours littéraire vs. discours non-littéraire), ce nest
    pas en tant que ligne de partage des seules productions littéraires
    (ex. poésie versifiée vs. prose poétique).

    Il ne faut donc pas se représenter la poésie comme un usage
    linguistique singulier qui se distinguerait parmi d’autres usages
    linguistiques. Selon Coseriu, sa singularité ne procède d’aucun écart
    mais, tout au contraire, c’est le langage quotidien qui réalise un
    écart par rapport au langage poétique. De fait, le terme de poésie
    réfère bien plutôt, globalement, au mode par lequel le langage
    s’exprime ou s’accomplit dans sa plénitude, sans restrictions
    fonctionnelles a priori, à la différence par exemple de ce qu’on
    observe dans le langage quotidien, scientifique, religieux, etc. C’est
    cette absence de restrictions fonctionnelles qui, pour Coseriu, est au
    fondement d’une identification de la poésie au langage : "Die Dichtung
    ist also Sprache ohne Einschränkungen oder die Sprache als solche".

    Cette autre définition de la poésie apparaît d’un degré dabstraction
    plus grand que la première citée, centrée elle sur la littérature. Or,
    à première vue, les deux ne semblent pas s’accorder sur un point : dans
    la mesure où le langage poétique ne se voit appliquer aucune
    restriction fonctionnelle, ne devrait-il pas en même temps s’exprimer
    sans restriction de domaine d’usage ? En effet,

      Auch bei den alltäglichen Formen des Ausdrucks kann ein aufmerksammer
      Beobachter sehen, wie entlang des lebendigen Strömens die Wörter
      fortwährend phantasievoll erneuert werden und erfunden werden und wie
      eine vieltönige Poesie aufblüht, ernst und erhaben, zart, anmutig und
      leise lächelnd (Croce, 1970, Die Dichtung, p. 19.)

    L’observation ordinaire de manifestations poétiques, au sens
    étymologique de l’adjectif c’est-à-dire d’une créativité langagière
    dans le langage quotidien, ne permettrait donc pas de lui attribuer un
    rapport exclusif à la littérature, alors même que cette dernière
    constitue sans nul doute la situation d’élection du langage poétique.
    Ce dernier renverrait ainsi à la fois à une situation discursive
    privilégiée et, au-delà, à un mode d’existence observable, en dehors de
    cette situation, par moments (ceux des néologismes quotidiens, par
    exemple). Laissons la discussion ouverte pour finir sur un aspect
    majeur des thèses concernant l’identité de la poésie et du langage.

    Dans "Langage et poésie", l’argumentation en faveur d’une telle
    identité est prolongée sur le plan philosophique (Aristote), notamment.
    Certains de ces arguments (la contestation de la stylistique de
    l’écart, la théorie de Croce) se retrouvent en partie exposés dans un
    article éponyme publié en 1970. À la différence de "Langage et
    poésie", cet article se termine par une proposition somme toute
    inattendue : "Malgré tout, l’identification du langage avec la poésie
    n’est pas acceptable, et cela parce que le langage n’est justement pas
    absolu" ; c’est-à-dire qu’il est en rapport avec autre chose. En effet,
    le langage présente une dimension inaliénable qui est celle de
    l’altérité du sujet, et s’il implique ainsi l’expérience
    intersubjective c’est parce qu’il est la condition même de la
    communication avec un autre (vs. de quelque chose), sans quoi toute
    interlocution concrète serait proprement impossible.

    Tournant de la réflexion, qui malgré les apparences n’a rien de
    contradictoire (voir l’article indiqué), ce déplacement de perspective
    au niveau des rapports intersubjectifs, et donc au niveau du texte, va
    conduire Coseriu à définir les tâches de la stylistique et son
    inclusion au sein d’une linguistique du texte.
     
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    {FR, 27/10/2009}

    NOUVELLE REVUE

    Nouvelle revue consacrée à la linguistique éditée par le centre Coseriu
    de l’Université de Tübingen :

    Vient de paraître  : http://www.energeia-online.de/

    Energeia ist eine Online-Zeitschrift für Sprachwissenschaft und
    Sprachphilosophie, die an der Universität Tübingen von der
    Forschungsstelle Eugenio Coseriu Coseriu Archiv herausgegeben wird. Sie
    erscheint einmal jährlich unter der Adresse www.energeia-online.de und
    behandelt Themen der allgemeinen Sprachwissenschaft, Sprachtheorie und
    Sprachphilosophie, unter besonderer Berücksichtigung der romanischen
    Sprachwissenschaft.

    Energeia repräsentiert keine bestimmte vorgegebene theoretische
    Ausrichtung, bevorzugt jedoch sprachtheoretische Arbeiten, die eine vom
    Sprechen, von der Sprache oder vom Text ausgehende Sichtweise einnehmen
    und die Kategorisierungen der sprachlichen Phänomene nicht apriorisch
    setzt, sondern aus dem Funktionieren der Sprache und des Sprechens
    heraus begründet.

    Energeia besteht jeweils aus drei Teilen, einem ersten, in dem
    unveröffentlichte Originalbeiträge erscheinen, einem Rezensionsteil und
    einem Dokumentationsteil, der in Zusammenhang mit der Arbeit der
    Forschungsstelle Eugenio Coseriu Eugenio Coseriu-Archiv steht.

    Unveröffentlichte Originalbeiträge können jederzeit in elektronischer
    Form an energeia@coseriu.com eingesandt werden. Es wird gebeten, dabei
    die redaktionellen Richtlinien zu beachten. Die Aufsätze werden
    innerhalb einer Frist von drei Monaten von drei unabhängigen Gutachtern
    anonym evaluiert. Nach der Evaluation bekommen die Autoren Nachricht,
    gegebenenfalls mit einem Evaluationsbericht und der Bitte um
    Veränderung.

    Die erste Ausgabe wird im Herbst 2009 online geschaltet.
     
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    {FR, 27/10/2009}

    COLLOQUE - APPEL À CONTRIBUTIONS

            L’homme sémiotique –  pratiques et complexité.

    Université de Namur (Belgique), 19 – 21 avril 2010.

    Sans rechercher "le propre de l’homme", ce colloque entend contribuer à
    une anthropologie sémiotique entendue comme projet interdisciplinaire  
    des sciences de la culture.

    Si la sémiotique, en tant que discipline constituée, a naturellement sa
    place, c’est le sémiotique comme domaine d’objectivité  qui sera
    interrogé, non pas pour constituer des ontologies statiques, mais pour
    le reconsidérer sous l’angle de l’action, y compris dans ses
    engagements éthiques. C’est donc l’agir humain, considéré dans sa
    phylogenèse, son déploiement, sa transmission culturelle, qui sera
    privilégié.

    Alors que les programmes de naturalisation, exploitant les
    développements des sciences de la vie, ont retrouvé une vigueur
    nouvelle, ne pourrait-on, complémentairement ou de manière paradoxale,
    engager un programme de culturalisation des sciences cognitives ?  
    L’incidence des facteurs culturels dans les processus cognitifs, même
    de "bas niveau", a trouvé de multiples confirmations.

    Naturellement interdisciplinaire, ce colloque n’a pas pour but de
    tracer des frontières entre sciences de la vie et sciences de la
    culture : de l’éthologie à l’ergonomie, les contributions qui
    privilégient un recul critique sont les bienvenues –du moment qu’elles
    s’infléchissent vers la complexité des pratiques.

    Les comportements sont-ils des phénotypes susceptibles d’une
    détermination génétique ? Les techniques productives (Leroi-Gourhan),
    les récits mythiques (Lévi-Strauss), les rituels (Hocart) appartiennent-
    ils à des domaines séparés, ou sont-ils à reconsidérer au sein de
    pratiques complexes, tant "matérielles" que "sémiotiques" ?

    Qu’il s’agisse de culture matérielle ou de culture "spirituelle", les
    pratiques, du travail au jeu, peuvent être abordées comme des
    performances sémiotiques.

    Enfin, comme elles relèvent de la raison pratique, elles n’échappent
    pas, même pour la transgresser, à une normativité éthique qui reste à
    décrire en termes d’engagement.

    Le colloque se déroulera en trois grandes sessions successives et
    articulées : (I) critique des sciences de la culture ;
    (II) anthropologies et sémiotiques ; (III) objets culturels : création,
    transmission, interprétation.


    * Calendrier :
    Appel à contributions : 01/11/2009.
    Date limite pour la réception des propositions (résumés  de 1 à 2
      pages) : 15/12/2009.
    Ces propositions seront envoyées à l’une des adresses suivantes :
        frastier@gmail.com
        edanblon@ulb.ac.be
        jean.giot@fundp.ac.be
    Réponse aux propositions pour le 31/01/2010.

    Les communications sont orales, uniquement, afin de favoriser les
    discussions, et d’une durée de 20 minutes.

    La participation à l’ensemble du colloque est souhaitée. Un programme
    complet sera en février 2010 envoyé aux auteurs de communications et à
    toute personne qui en fera la  demande.  
     
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    {FR, 27/10/2009}

    COLLOQUE

    XXXIe Colloque international d'Albi
    Langages et Signification
    Du 11 au 15 juillet 2010
    au Centre Saint-Amarand, 16 rue de la République, 81000 ALBI
    organisé  par l'association C.A.L.S. et le C.P.S.T. de l'université de
    Toulouse-Le -Mirail, avec le concours de la Mairie d'Albi et du Conseil
    Général du Tarn.  

    Thème : L'écrit : de la signification et de l'interprétation à la
    traduction et aux discours critiques.

    Les propositions de communications doivent être envoyées de préférence
    à notre adresse électronique, en fichiers joints:
        p.marillaud.cals@orange.fr  
    Toutes les informations nécessaires figureront très bientôt sur le site
    du colloque qu'a ouvert Robert Gauthier (gauthier@univ-tlse2.fr),
    responsable de l'équipe d'édition du C.A.L.S. :
        http://w3.univ-tlse2.fr/CALS.htm  
    Ces résumés devraient ne pas dépasser 20 lignes et ne doivent être
    accompagnés ni de notes ni d'une bibliographie. Communiquer des mots
    clés n'est pas exigé. La fiche du résumé doit obligatoirement comporter
    le nom de l'auteur de la communication, l'établissement qui l'emploie, 
    et son adresse électronique.
    Les résumés des communications devront nous parvenir de préférence
    avant la fin du mois d'avril 2010, mais plus tôt serait mieux...
     
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  • SdT vol.15 n.4
  • SdT vol.15 n.3
    Résumé: 2009_06_23
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 15, numero 3.
     
     
                            LA CITATION DU MOIS
            ________________________________________________________
     
            La philologie, dans son meilleur état, est dans une 
            double relation face à la création littéraire. Elle 
            s'en dissocie en restituant les conditions externes de 
            la production et de la compréhension, et en se 
            chargeant de la préservation des documents. D'un autre 
            côté, au contraire elle s'identifie avec l'objet au 
            point d'entrer dans le processus créatif, comme si elle 
            pouvait le faire revivre. De l'objectif, on est passé 
            au coeur d'une objectivité.
                        Jean Bollack, note X 1955
            ________________________________________________________
             
     
                    SOMMAIRE
     
     
    1- Presentations
        - Bienvenue a nos deux nouveaux abonnes, dont Gaetan Pegny.
        - Changements d'adresse.
     
    2- Textes electroniques
        - Le dossier genetique de Madame Bovary.
     
    3- Publications
        - Eschylle : "Les Choephores" et "Les Eumenides",
          trad. J. et M. Bollack.
     
    4- Textes
        - G. Williams : "Les collocations".
        - F. Rastier : "Traduction et linguistique des textes".
        - J. J. Sterne : "Comment ecrire un bon livre a l'universite".
     
    5- Appels : Colloques et revues
        - Colloque International consacre aux Langues des Signes (CILS),
          Namur (Belgique), 16-20 novembre 2009.
        - Rencontres interdisciplinaires sur les systemes complexes 
          naturels et artificiels : "Le contexte",
          Rochebrune, 17-24 janvier 2010.
        - 10th International Conference on the Statistical Analysis of
          Textual Data (JADT 2010), Rome, June, 9-11, 2010.
             
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [information réservée aux abonnés]
     
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    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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    {FR, 15/05/2009}
     
    BEAUX SITES
     
    Tout le dossier génétique de Madame Bovary
        http://bovary.univ-rouen.fr/
     
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    {FR, 15/05/2009}
     
    ESCHYLE
     
    Les Choéphores et Les Euménides
    Traduction de Jean et Mayotte Bollack
    2009, 144 pages, 13,50 euros, ISBN : 9782707320865
    Editions de Minuit, parution le 4 juin.
     
    Le meurtre du grand roi a eu lieu. C'est le sujet d'Agamemnon, la
    première pièce de la trilogie d'Eschyle que depuis vingt-cinq siècles 
    nous appelons l'Orestie. Lui succèdent les deux pièces réunies dans ce 
    volume, Les Choéphores, ou "Les Verseuses de libations", et Les 
    Euménides ou "Les Bienveillantes". L'une célèbre la vengeance rituelle 
    d'un meurtre horrible par une exécution scandaleuse, qui demande à son 
    tour une purification : deux enfants tuent leur mère, une reine, et son 
    concubin. Les libations répétées, offrandes ou sacrifices, ne se 
    concilieront pas les morts. L'autre conduit au lent ralliement des 
    puissances souterraines qui défendent les victimes des crimes de sang. 
    L'unité des deux pièces apparaît dans le fait qu'elles appartiennent 
    toutes deux aux suites et aux lourdes conséquences d'un désastre 
    primordial : pourtant elles ont chacune un monde à elle, l'un humain, 
    l'autre divin : elles sont jouables conjointement ou séparément. Leur 
    traduction a pu donner dans le passé des chefs-d'oeuvre de pompe ou 
    d'éloquence, mais jamais sans doute la lecture brute des mots et de la 
    métaphore grecque n'a aspiré aussi intensément à rencontrer le théâtre 
    et son ouverture à la modernité, sur le terrain de la langue étrangère. 
    L'alliance se cherche entre le déchiffrement patient de la lettre et 
    l'oralité éclatante de la performance.
     
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    Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes Textes
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    {FR, 15/05/2009, Williams, 16/06/2009}
     
    LES COLLOCATIONS
    Geoffrey Williams, Université de Bretagne Sud
     
    Les travaux contextualistes ont démontré l'importance de la collocation 
    dans l'organisation interne du lexique. Les deux principes défendus par 
    Sinclair (1987), celui du choix ouvert (open-choice principle) et celui 
    de l'idiome (idiom principle) organisent nos choix linguistiques. Il 
    est de plus en plus évident qu'une fois un choix ouvert opéré, nous 
    sommes confrontés à des restrictions idiomatiques, qu'elles soient 
    lexicales ou syntaxiques. Dans cette hypothèse, la notion d'idiomatisme 
    est très large et va au-delà même des catégories de formules figées et 
    d'idiomes répertoriées par Moon (1998) pour inclure les formules 
    colligationnelles (Renouf et Sinclair 1991) et les grammaires locales 
    (Hunston et Francis 2000). Cependant, bien que, dans une classification 
    linguistique, la collocation soit classée avec les autres phénomènes de 
    figement, mes propres travaux me conduisent à lui attribuer une place à 
    part. Le rôle joué par la collocation dans l'organisation du lexique à 
    la fois au niveau psychologique et linguistique est primordial.
     
    La collocation est au coeur de l'organisation du sens en contexte 
    (Sinclair, 1991, Sinclair et al. 2004). Cette position est dite 
    néo-firthienne, et repose sur le précepte du linguiste anglais John 
    Rupert Firth : "you shall know a word by the company it keeps". Dans 
    cette approche, le texte est central, il ne s'agit pas d'étudier des 
    phrases isolées, mais des phrases comme éléments d'un texte situé 
    lui-même dans un contexte plus large. La collocation ne doit pas se 
    réduire à des formules figées prises en dehors de leur contexte, mais 
    va de pair avec le texte.
     
    Ceci n'est pas nécessairement le cas dans tous les modèles de recherche 
    puisque l'analyse de la collocation a aussi connu un autre
    développement dans le monde plus formaliste de la phraséologie sur le 
    continent européen, et surtout en Russie. Les premières études sur la 
    collocation ont certes essayé d'assembler des formules réelles et de 
    les réunir dans un dictionnaire ; toutefois, elles étaient le fruit de 
    l'intuition du linguiste et soumises aux contraintes imposées par les 
    théories linguistiques et le format des dictionnaires. La linguistique 
    de corpus ne s'est imposée en lexicographie que très récemment, et n'a 
    toujours pas totalement pénétré le monde de la phraséologie. Pour cette 
    raison, lors de mes conférences, je tiens à distinguer deux approches :
    * Les collocations fonctionnelles - la tradition lexicographique,
    * Les collocations contextuelles - collocation textuelle et cohésion 
      lexicale.
    L'objet de l'étude est le même, mais le point de vue, l'étendue du 
    phénomène et la manière de le traiter sont différents. Les collocations 
    peuvent être recensées largement, mais pas exclusivement, selon des 
    critères statistiques de cooccurrence. Ainsi le linguiste de corpus est 
    libéré de l'analyse phrastique et peut considérer la collocation comme 
    élément de cohésion contextuelle. L'objet, donc, est souvent le même ; 
    les outils d'analyse et les objectifs sont différents. 
     
    Dans mes travaux, je traite de la collocation comme d'un phénomène à la 
    fois contextualiste et lexicographique. La définition adoptée traite la 
    collocation comme une relation sémantique entre deux unités lexicales 
    qui sont en cooccurrence de manière significative et régulière. Le lien 
    qui les relie est un lien de modifié à modifié.
     
    La relation est sémantique car chacune des unités est porteuse de sens. 
    Les unités sont lexicales et pleines pour la même raison, mais d'autres 
    unités peuvent s'insérer pour former des unités collocationnelles. La 
    collocation est restreinte à deux unités pour des raisons de calcul 
    statistique, mais la notion d'unité lexicale est laissée dans 
    l'ambiguïté puisque mot orthographique et unité lexicale ne coïncident 
    pas toujours. La cooccurrence est régulière et significative en termes 
    statistiques, mais aussi psychologiques puisque le locuteur natif 
    reconnaîtra les unités collocationnelles comme "normales". La notion de 
    normalité est relative et ne signifie pas "bien formé" car les unités 
    obéissent à des règles sémantiques et non syntaxiques. Le lien est de 
    modifié à modifié puisque la valeur des deux unités est affectée, il 
    n'y pas d'élément qui domine l'autre.
     
    Les travaux de Phillips utilisaient des réseaux relativement
    restreints ; par contre, les réseaux collocationnels (Williams 1998,
    2002) vont plus loin et constituent des réseaux de choix lexicaux, mais 
    avec la même optique que celle de Phillips, c'est-à-dire l'extraction 
    de champs contextuels dans lesquels une association de lexèmes de 
    degrés de technicité divers est tout à fait envisageable. Mes propres 
    travaux ont trois grands objectifs : caractériser le langage d'une 
    communauté de discours scientifique, utiliser les liens collocationnels 
    pour l'extraction d'un lexique et enfin, l'organisation d'un 
    dictionnaire électronique spécialisé. Dans le cas des réseaux 
    collocationnels, au lieu d'envisager la collocation comme un lien plus 
    ou moins fort entre deux unités lexicales, le choix d'un mot ouvre une 
    série de possibilités exprimées à travers le système grammatical. 
    Chaque mot plein devient un noeud potentiel, le choix d'un collocatif 
    donne accès à un nouveau réseau collocationnel avec son propre 
    environnement textuel. Ainsi, un réseau collocationnel est construit en 
    suivant les enchaînements collocationnels à l'intérieur de 
    l'environnement textuel clos qui est celui d'un corpus. En construisant 
    un réseau de collocations, il doit donc être possible d'isoler des 
    schémas de référence qui définissent le lexique d'une communauté de 
    discours spécialisée mais aussi d'utiliser ces schémas pour la 
    catégorisation d'un corpus (Williams 2002). Les travaux de Berry-Roghe, 
    Phillips et Williams ont mis en lumière des réseaux de choix lexicaux 
    opérés dans les textes ; les travaux de Sinclair sur le principe 
    d'idiomaticité vont plus loin que les relations au sein de binômes et 
    ouvrent la voie vers la phraséologie.
     
    La notion d'aboutness mise en évidence par Phillips ne concernait que 
    des réseaux locaux, ce qui peut élucider le sens d'un seul mot dans un 
    contexte de corpus précis. Cependant, si l'on accepte que chaque membre 
    du binôme collocationnel est capable d'avoir ses propres collocations, 
    il doit être possible d'explorer plus loin les réseaux afin de mettre 
    en relief des thèmes dans un corpus. C'est précisément ce j'ai mis en 
    lumière avec les réseaux de collocations (Williams 1998).
     
    Le but d'une analyse lexicale basée sur les réseaux de collocation 
    n'est pas de nier l'apport des classifications externes par 
    disciplines, mais d'enlever le flou d'appartenance afin de mettre en 
    évidence le noyau dur et les approches transdisciplinaires. Par contre, 
    pour les thèmes internes, le point de départ sera les termes eux-mêmes 
    afin de croiser les résultats de la classification prototypique des 
    disciplines avec le réseau du terme, ce qui permet d'identifier 
    l'apport de chaque discipline et des variations de sens.
     
    La sous-catégorisation par collocation n'est pas une fin en soi, il ne 
    s'agit pas de remplacer des systèmes de classification établis, mais de 
    regarder l'usage des langues autrement. Les prototypes nous permettent 
    un regard sociolinguistique sur la langue pour voir comment des 
    communautés différentes utilisent la langue en contexte. 
     
    Dans une approche sociolinguistique d'une communauté de discours 
    scientifique, le but n'est pas nécessairement d'extraire la 
    terminologie mais de décrire l'usage des mots dans des situations 
    d'interaction communicatives. Ceci permet de voir comment des mots 
    techniques et semi-techniques sont employés dans des contextes 
    disciplinaires par rapport à des contextes thématiques. Il sera ainsi 
    possible de repérer des différences d'emploi qui peuvent mener à des 
    difficultés de compréhension au sein d'une communauté thématique.
     
    Ainsi, la notion de co-occurrence significative des mots pleins et des 
    mots grammaticaux ont été employé dans des outils de désambiguïsation 
    lexicale, comme "Sketch Engine" (Kilgariff et al. 2004). Ces études 
    sont précieuses pour le lexicographe face à la masse de données 
    présentes dans un corpus. Dans cette communication, quatre théories 
    autour de la collocation contextualiste seront considérées : la 
    prosodie sémantique (semantic prosody - Louw 1993), l'amorçage lexical 
    (lexical priming - Hoey 2005), les réseaux collocationnels et la 
    résonance collocationnelle (Williams 1998 et 2008 respectivement).
     
    La prosodie sémantique décrit les connotations des mots, ou plutôt de 
    classes de mots. La notion a été introduite initialement par Sinclair 
    (1987, 1991) pour décrire la tendance de certains verbes à être 
    associés à des événements désagréables. L'idée a été reprise et élargie 
    par Louw. L'important est qu'il s'agit d'une tendance et non d'une 
    règle. Il fallait prendre en considération l'environnement du mot dans 
    sa description dans un dictionnaire afin de montrer la tendance, et les 
    variantes. La notion d'amorçage lexical de Hoey va beaucoup plus loin. 
    Selon Hoey, chaque mot est associé à un environnement lexical et 
    grammatical. Le mot, ou le phrasème, est amorcé pour des relations. Ces 
    amorces sont le fruit de notre exposition à la langue et sont donc 
    personnelles. Elles sont fondamentales pour notre apprentissage des 
    langues et la gestion de notre fonds lexical. Il s'agit donc d'une 
    approche plutôt comportementaliste de la langue. Cependant, ces amorces 
    peuvent être approchées directement dans un corpus.
     
    Les réseaux collocationnels traitent de la co-occurrence significative 
    pour explorer les thèmes dans un corpus. Les réseaux montrent comment 
    le sens est créé par un environnement. Tandis que les réseaux décrivent 
    l'environnement en synchronie, la résonance collocationnelle est une 
    exploration de ces environnements en diachronie afin d'analyser les 
    transferts de sens. La résonance montre comment un mot peut garder les 
    aspects d'un sens littéral dans un sens figuratif, et également comment 
    un utilisateur peut, de manière inconsciente, porter la prosodie 
    sémantique d'un mot dans un environnement contradictoire. Ici, nous 
    sommes concernés uniquement par l'aspect du transfert de sens en 
    fonction de l'environnement textuel. Cet environnement est fourni par 
    le corpus.
     
    Le verbe "forger", que j'ai traité dans le cadre du projet IntUne peut 
    servir comme exemple de résonance collocationnelle (Williams 2007).
     
    Dans le sens dictionnairique du lexème, "forger" est associé au 
    forgeron, au fait de travailler des métaux pour créer des objets et des 
    outils, c'est cet aspect qui va donner la résonance collocationnelle 
    dans les emplois figuratifs. Dans le corpus, le lexème est employé
    360 fois, mais une fois seulement dans le sens de base. Dans quatre 
    autres cas, le mot est en co-occurrence avec "outil", donc, une 
    extension du sens, mais, dans la grande majorité des cas, l'emploi 
    figuratif domine. Les collocations à droite du noeud désignent 
    principalement des concepts abstraits liés à des êtres humains ; ainsi 
    nous avons un groupe de collocations qui relève d'une image de soi, 
    très souvent accompagné du pronom possessif "son". D'autres décrivent 
    une image du monde, surtout le monde politique. Un troisième groupe 
    décline les opinions des locuteurs.
     
    L'amorçage lexical opère à plusieurs niveaux limitant les choix au 
    niveau syntactique, de la prosodie sémantique, des collocations. Les 
    probabilités d'emploi attachées à ce mot tendent vers l'abstrait plutôt 
    que vers la création d'outils. Cependant, le sens employé ici puise sa 
    force sémantique dans son sens littéral avec la notion de façonner, de 
    créer un outil.
     
    Un autre verbe dans la classe de construction d'identité est le mot 
    "construire". Les collocats de ce verbe montrent clairement que le sens 
    littéral est priviégié. Construire signifie bâtir une construction à 
    partir d'autres éléments, comme des briques. Dans la construction, la 
    notion de force est moins présente que dans "forger", le fait de 
    construire demande de la patience afin d'assembler les éléments pour 
    créer un édifice. Le premier écart métaphorique mène à la construction 
    de bateaux, d'engins et d'avions. Il est intéressant de constater que 
    la métaphore de la construction peut continuer avec les collocats : les 
    bateaux de guerre étant des bâtiments ; les briques et les pierres 
    restent des éléments de construction par excellence que la construction 
    soit concrète ou abstraite.
     
    De la construction en dur vers la construction d'identité, il n'y a 
    qu'un pas. Nous passons au sens figuratif pur, mais les amorçages 
    lexicaux sont toujours actifs puisque la résonance reste active ; 
    l'identité et les relations doivent être bâties sur des fondations, 
    c'est un travail qui est réalisé avec patience à partir de plusieurs 
    éléments qui forment un ensemble.
     
    Les théories de la résonance collocationnelle et de l'amorçage lexical 
    essaient d'expliquer les mécanismes de l'acquisition du langage, de 
    l'emploi et de l'évolution des langues. Comme toutes les théories 
    issues de la linguistique de corpus, ces mécanismes sont construits à 
    partir des faits du langage. La question est de connaître la pertinence 
    éventuelle en lexicographie, et, dans le cas présent, en la 
    lexicographie bilingue.
     
    La première constatation est que la simple équivalence n'existe pas en 
    dehors de la terminologie technologique. Il semble donc évident que, si 
    un dictionnaire bilingue ne peut être équivalent à deux dictionnaires 
    monolingues mis face à face, il faut des corpus comparables afin 
    d'explorer les systèmes de relations internes pour chaque langue afin 
    de comparer les systèmes et les sous systèmes. L'étude des collocations 
    d'un verbe va permettre de construire les classes d'arguments
    possibles ; ainsi nous voyons les classes d'identité qui apparaissent 
    pour les verbes "forger" et "construire", il n'est pas certain que ces 
    classes seront présentes dans l'autre corpus, ou que les traductions 
    auront le même poids. Dans ce cas, il faut pouvoir montrer que 
    "forger", par exemple est une collocation importante de l'identité en 
    français, ce qui n'est pas nécessairement le cas en L2. Il est aussi 
    évident que, même si "forger" et "construire" entrent dans la même 
    classe sémantique, ils ne seront pas nécessairement des synonymes, 
    leur poids sémantique étant différent. 
     
    Bibliographie
    Hoey, M. (2005). Lexical Priming: A New Theory of Words and Language. 
      London: Routledge.
    Hunston S & Francis G. (2000). Pattern Grammar: A corpus-driven 
      approach to the Lexical Grammar of English. Amsterdam et 
      Philadelphie: John Benjamins.
    Kilgarriff, A., Rychly, P., Smrz, P. & Tugwell, D. (2004). "The Sketch 
      Engine", in Williams G. & Vessier S., Proceedings of the Eleventh 
      EURALEX International Congress. Lorient, France, July 6-10, 2004.
      pp.105-116.
    Louw, B. (1993). "Irony in the text or insincerity in the writer? The 
      diagnostic potential of semantic prosodies", in Baker, M. 1993. Text
      and Technology. Amsterdam: John Benjamins. pp. 157-76.
    Moon, R, (1998). Fixed Expressions & Idioms in English, Oxford, 
      Clarendon Press.
    Philips, M. (1985). Aspects of Text Structure: An investigation of the 
      lexical organisation of text. North Holland: Amsterdam.
    Renouf, A. & Sinclair, J. (1991). "Collocational Frameworks in 
      English", in Aijmer, K. & al. (eds) 1991. English Corpus Linguistics.
      Harlow: Longman.
    Sinclair, J. McH., Jones, S., Daley, R. (1970|2004). English Lexical 
      Studies: The OSTI Report. London and New York: Contiuum. 
    Sinclair, J. McH. (ed) (1987). Looking Up: an account of the COBUILD 
      Project in Lexical Computing. London: Collins
    Sinclair, J. McH. (1991). Corpus, Concordance, Collocation. Oxford : 
      Oxford University Press
    Williams, G. (1998). "Collocational Networks : Interlocking Patterns of 
      Lexis in a Corpus of Plant Biology Research Articles", International
      Journal of Corpus Linguistics. Vol 3/1 : 151-171.
    Williams, G. (2002). "In search of representativity in specialised 
      corpora: categorisation through collocation", International Journal
      of Corpus Linguistics. Vol. 7/1, pp. 43-64.
    Williams, G. (2007). "De l'architecture des sources à l'architecture de 
      l'entrée : le rôle du corpus", in Giovanni Dotoli 2007,
      "L'Architecture du Dictionnaire Bilingue et le Métier du 
      Lexicographe, Actes du Colloque International de Capitolo-Monopoli, 
      16-17 avril",  Fasano, Schena. pp. 39-53. 
    Williams, G. (2008). "The Good Lord and his works : A corpus-based 
      study of collocational resonance", in Granger, S. & Meunier,
      (eds), Phraseology: an interdisciplinary perspective, Amsterdam: 
      Benjamins. pp 159-173.
     
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    {FR, 15/05/2009}
     
    TRADUCTION ET LINGUISTIQUE DES TEXTES 
    François Rastier
     
    Résumé de conférence, in Tatiana Milliaressi, La traduction : 
    philosophie, linguistique et didactique, Travaux et recherches, 
    Université de Lille 3, p. 35-38.
     
     
    Les textes sont des centons -ils empruntent à d'autres langues. La 
    linguistique des textes est aussi une linguistique de l'intertexte.
    Tout corpus textuel est potentiellement plurilingue, car les genres et 
    les discours le sont.
     
    La traduction est un art, au sens d'une pratique réflexive, et ne peut 
    se réduire à des stipulations énumérables qui permettraient d'en faire 
    une simple technique. Cette pratique a toujours accompagné la réflexion 
    sur les langues : est-elle pour autant l'objet d'une science spécifique 
    comme la traductologie ? Ou bien la traductologie n'est-elle qu'un 
    domaine de la linguistique, et la traduction un simple champ 
    d'application ?
     
    1. La linguistique moderne est née de la convergence de plusieurs 
    traditions :
    (i) La tradition grammaticale visait à l'établissement et à la 
      compréhension immédiate -permettant "l'interprétation grammaticale" 
      (Schleiermacher), comme condition nécessaire, mais non suffisante de 
      la lecture. Elle restait monolingue, se contentant de transposer les 
      catégories de la grammaire grecque dans la grammaire latine, puis de 
      la grammaire latine dans les grammaires vulgaires élaborées à la 
      Renaissance.
    (ii) La pratique à grande échelle de la traduction, liée à la 
      colonisation, à l'évangélisation et à la modernisation administrative 
      des empires (russe, anglais, etc.), a permis de faire de la diversité 
      linguistique un objet de pensée en même temps qu'un problème 
      scientifique.
    (iii) Enfin, l'essor des nations européennes a conduit à restituer les 
      traditions discursives et de la profondeur historique des langues. 
      D'où la dimension tout à la fois historique et comparative de la 
      linguistique générale qui se constitue en science au début du 
      XIXe siècle. 
    La prise en considération de la diversité interne des langues 
    (diatopique, diachronique, diaphasique) ainsi que de leur diversité 
    externe a ainsi permis à la linguistique de se constituer en science, à 
    partir de cette discipline simplement scolaire qu'était restée la 
    grammaire.
    Dans la perspective comparative qui a présidé à la constitution de la 
    linguistique générale, une langue n'est au demeurant qu'une part 
    spécifique de groupes de langues en co-évolution ("familles", aires, 
    etc.) et la caractérisation des langues demeure une entreprise 
    contrastive. Tant en synchronie qu'en diachronie, une langue ne peut 
    d'ailleurs être décrite isolément, car elle est en interaction 
    constante avec d'autres. 
    Enfin, la méthodologie comparative suppose la traduction ou du moins en 
    précise les conditions. Cette méthodologie a en outre permis 
    l'affermissement épistémologique des sciences de la culture, comme le 
    montrent les travaux de Saussure, Dumézil, Lévi-Strauss, qui tous ont 
    élaborés leurs synthèse à partir de vastes corpus multilingues.
     
    2. Le problème de la traduction nous paraît à présent trop précieux et 
    trop central pour la linguistique pour que la traductologie devienne 
    désormais une discipline indépendante : une telle évolution serait sans 
    doute dommageable, tant pour les études sur la traduction que pour le 
    reste de la linguistique générale et comparée.
    Au sein de la linguistique, les études traductologiques assument une 
    responsabilité particulière : la grammaire ayant édifié ses catégories 
    à partir de la logique et de l'ontologie classiques, pour décrire les 
    langues classiques puis européennes "vulgaires", la linguistique dont 
    elle forme le noyau traditionnel inquestionné demeure largement 
    eurocentrique. La philosophie du langage qui la sous-tend considère en 
    effet la diversité des langues et des textes comme inessentielles.
    Sans égard pour l'obsession millénaire qui préside aux grammaires 
    universelles, une réflexion fondationnelle sur la traduction dans ses 
    principes et ses pratiques pourrait devenir alors l'occasion et le 
    moyen d'un triple décentrement, épistémologique, méthodologique et 
    descriptif.
     
    3. La pratique de la traduction oppose un démenti silencieux mais 
    tenace tant à la problématique de la cognition qu'à celle de la 
    communication. 
    Fondés tous deux sur la sémiotique appauvrie propre à la théorie de 
    l'information, les paradigmes de la cognition et de la communication 
    réduisent les langues de culture à des langues de service, 
    sous-langages artificiels aussi éloignés des langues dites "naturelles" 
    (c'est-à-dire culturelles) que le Basic puis le Globish le sont de 
    l'anglais. Sans corpus, sans traditions discursives, sans histoire, ces 
    idiomes restreints ne sauraient devenir les parangons des langues. 
    Aussi peut-on regretter que le Cadre Européen de Référence pour les 
    Langues, devenu à présent une norme internationale, reste pénétré d'un 
    utilitarisme "de bon sens" et ne permette aucune différenciation entre 
    langue de service et langue de culture : sans être exclus, les facteurs 
    culturels sont réduits à des "compétences".
    Seule la restitution de la complexité des textes peut garantir et 
    justifier, pour les applications qui le permettent, des simplifications 
    efficaces et rationnelles : paradoxalement, le simple ne peut être 
    obtenu qu'à partir du complexe, et l'on devrait éviter qu'un simplisme 
    a priori n'entrave l'apprentissage des langues sous couleur de 
    l'évaluer.
    Au cognitivisme, dérivé du conceptualisme classique, la problématique 
    de la traduction oppose qu'il n'existe pas de niveau conceptuel 
    indépendant des langues : les interlangues sont donc condamnées à 
    l'échec par les simplifications drastiques qu'elles imposent. Les 
    difficultés rencontrées par les projets comme WordNet et EuroWordNet, 
    censées édifier des "ontologies" propres à faciliter la traduction, 
    leur très faible utilité au regard des investissements qu'ils attirent, 
    peuvent ici servir de mise en garde. Les alignements de corpus, fondés 
    sur des pratiques effectives, se révèlent beaucoup plus utilisables.
    À la théorie de la communication, la problématique de la traduction 
    oppose que les textes oraux ou écrits ne sont pas de simples vecteurs 
    d'information, mais portent des valeurs inséparables des "faits". Le 
    changement de langue ne se réduit donc pas à un "transport" 
    d'information induisant des variations contextuelles.
    De fait, les enjeux économiques sont importants : les entreprises et 
    les sites marchands multilingues soulignent l'importance -au-delà des 
    prix- des valeurs culturelles variables qui s'attachent à la
    présentation des produits et aux argumentaires commerciaux.
    Les enjeux culturels sont plus importants encore. Chaque culture recèle 
    des traits qui peuvent prétendre à une valeur universelle, quand bien 
    même cette valeur lui resterait voilée par des préjugés d'appartenance. 
    Bref, les cultures ne peuvent être décrites que différentiellement, 
    comme les objets culturels qui les composent, au premier chef les 
    langues et les textes. Enfin, la diversité qui, par contraste avec 
    l'uniformité fondamentale du monde physique, fait la richesse des 
    "mondes" sémiotiques, suppose pour être comprise un décentrage 
    critique, et, plutôt qu'un relativisme, un cosmopolitisme 
    méthodologique nécessaire pour éviter l'ethnocentrisme -voire le 
    nationalisme  et le racisme. 
     
    4. Les divers niveaux linguistiques sont organisés par  une 
    multiplicité de normes de discours, de genre et de style encore mal 
    décrites, mais dont la maîtrise permet de traduire de texte à texte 
    plus encore que de langue à langue. Aussi, c'est à une théorie du texte 
    qu'il revient de définir linguistiquement le statut des unités de 
    traduction, et notamment les passages.
    La vocation de la traductologie reste de renouveler la linguistique de 
    l'intérieur : la question de la traduction peut y devenir centrale dès 
    lors qu'on quitte la problématique du signe pour celle du texte. Elle 
    permet en effet de réintroduire pleinement l'activité interprétative 
    dans la communication linguistique, en ouvrant la voie à sa 
    reconception comme une interaction entre passages au sein du texte et 
    de l'intertexte. La linguistique des textes, notamment dans ses 
    développements sémantiques, assume une responsabilité particulière pour 
    décrire, avec une méthodologie unifiée, les relations au sein des 
    textes et entre textes, qu'ils soient de même langue ou relèvent de 
    langues différentes. 
    On pourrait enfin décrire dans une théorie unifiée les reformulations 
    et transformations internes aux textes, comme les rapports entre les 
    textes d'une même langue, de langues différentes, de performances 
    sémiotiques appartenant à des systèmes différents (par exemple,
    l'adaptation d'un roman au cinéma). La traductologie s'ouvre ainsi à 
    une réflexion sur les rapports complexes entre traditions sémiotiques 
    et entre cultures. 
     
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    {FR, 15/05/2009}
     
    COMMENT ÉCRIRE UN BON LIVRE À L'UNIVERSITÉ
    Jies J. Sterne
     
            Comment écrire un bon livre à l'université
        Exposition des vrais principes qui norment la production 
        universitaire en France, à destination des plus jeunes afin 
        qu'ils apprennent à se diriger en cette science et des moins
        jeunes afin qu'ils les conservent en leur esprit
     
     
                Axiomes
    I. Moins je suis compris, plus je suis intelligent. 
    Cela est évident par soi.
    II. L'influence est le critère de la valeur intellectuelle.
    Cela est encore évident par soi : de fait, nous sommes intelligents et 
    un amas de gens intelligents est plus intelligent qu'un seul 
    intelligent. 
     
     
                Première Partie
            De ce que nous ne devons pas dire ce
            que nous pensons (comment être admis)
     
    PROPOSITION I - Ne jamais critiquer un ponte tant qu'il est vivant.
    Scolie : On risquerait sinon de ne plus faire partie des gens 
    intelligents. 
     
    PROPOSITION II - User du vocabulaire de la secte, et envoyer des fleurs 
      à ses collègues. Rédiger des hommages.
    Démonstration : Cela est évident à partir du scolie de la proposition I.
    Scolie : Parmi les gens qui pensent, envoyer des fleurs se dit aussi 
      "citer". Il faut veiller à citer tous les gens intelligents de votre 
      domaine.
     
    PROPOSITION III - Entre spécialistes, la répétition est de rigueur. On 
      n'hésitera donc pas à parler de ce dont tout le monde a déjà parlé. 
    Démonstration : Cela est évident à partir de la prop. II. L'importance 
      d'un domaine du savoir se mesurant au poids et au volume des 
      publications, on veillera ainsi à agrandir l'importance de son 
      domaine. On sera alors bien accueilli.
     
    PROPOSITION IV - Procéder par allusions (notre savoir est de 
      connivence).
    Scolie : Cela va de soi à partir de ce qui précède. Respecter les
      prop. I à III, c'est en effet avoir l'assurance d'être admis et 
      accepté par ses pairs. Une fois entre soi, il est inutile voire 
      nuisible que quiconque venu du monde extérieur s'immisce là où à 
      l'évidence il ne devrait pas (d'abord se trouver une niche. Il s'agit 
      ensuite d'y rester et de la défendre, puis de l'agrandir).
     
    Fin de la première partie
     
                Deuxième partie
            Ne pas penser (comment monter)
     
    PROPOSITION I - Fausse nouveauté (la mode, ou, comme cela se dit aussi 
      parfois dans un langage plus soutenu, la "modernité") : avec un peu 
      d'art, on pourra fort bien reprendre sous une forme différente ce qui 
      a été dit ailleurs. 
    Scolie : On peut ainsi rejouer l'histoire de la métaphysique à 
      l'infini. On nomme "avant-garde" ceux qui parviennent à faire de 
      grands bonds en avant tout en restant sur place. On pourra ainsi en 
      proclamant opérer des ruptures radicales, recycler la tradition (le 
      cloisonnement des écoles peut faciliter la reprise sous une forme 
      différente de ce qui a été dit ailleurs). On peut appeler 
      "déconstruction" l'acte qui consiste à ne pas détruire sans 
      construire non plus, et "post-modernisme" l'art du recyclage des 
      cadavres (mais on peut aussi leur trouver d'autres noms). Concilier 
      la prétention à la rupture et le respect du passé peut prendre la 
      forme de "retours" : il sera bon par exemple d'expliquer que la 
      biologie contemporaine est aristotélicienne. "Je suis tout neuf, donc 
      je suis tout nouveau, ce qui ne m'empêche pas de m'inscrire dans une 
      longue tradition".
    Corollaire I : Si on applique ce qui précède, on sera parvenu à être 
      d'une originalité attendue (la "distinction"). On sera ainsi certifié 
      conforme et on obtiendra les premières places partout. 
    Corollaire II : Par contre, il s'agit de faire attention : quand on a 
      réinventé l'eau tiède, bien dire que les autres ne l'ont pas fait. 
      Mais sur ces choses (les moyens de faire la guerre), plus tard. 
     
    PROPOSITION II - Capital : lorsqu'on écrit sur un auteur, ne pas 
      distinguer ses écrits propres d'avec les siens (paraphrase pieuse). 
    Scolie : On aura ainsi respecté toutes les propositions qui précèdent. 
      Cela permet à la fois de s'auréoler de la gloire de Leibniz ou de 
      Kant, et de se rétracter si on a repris à son compte une énormité de 
      l'auteur. 
     
    PROPOSITION III - Le positif (l'exactitude des faits) n'a pas 
      d'importance ; il est bon néanmoins, sans que ceci soit 
      contradictoire avec cela, de se parer de l'aura de scientificité et 
      donc d'autorité que les références aux sciences positives, à 
      l'histoire ou autres peuvent apporter.
    Démonstration : Au niveau de hauteur où la pensée doit se situer, le 
     contact avec ce qu'on nommera l'empirie n'est pas digne de nous (d'une 
      manière générale, nous sommes trop dignes pour être curieux). Le 
      philosophe en particulier, fonde toutes les autres sciences. Il n'a 
      donc pas besoin de les connaître. 
    Scolie : En histoire des sciences, l'exactitude étant une notion 
      dépassée, on pourra consacrer plus de temps aux thèses réfutées 
      qu'aux thèses plus fécondes.
     
    PROPOSITION IV - D'une manière générale, la brutalité et la souffrance
      humaine ne sont pas des objets dignes d'être pensés.
    Démonstration : Cela est évident à partir de la considération de notre 
      dignité. 
     
    PROPOSITION V - Il convient de choisir un sujet suffisamment neutre 
      pour ne gêner personne. 
    Démonstration : Cela est évident à partir de la prop. I partie I et de 
      son scolie.
    Scolie : Fort heureusement, être plat et lisse dans ses écrits 
      n'empêche pas de ne pas l'être dans ses actions. On pourra ainsi 
      valoriser la voie moyenne tout en réintroduisant les fascistes dans 
      l'université. Mais il faudra alors attendre d'être installé.
     
    PROPOSITION VI  - Évacuer ce qui devrait poser problème. Faire passer 
      les échecs de son auteur pour des victoires ; lisser sa biographie, 
      en particulier s'il a participé à un massacre ou s'il l'a justifié (a 
      fortiori, ne pas dire que l'on s'intéresse à cet auteur à cause de 
      cette dimension de son "oeuvre").  
    Démonstration : On a vu en effet que les hommes de lettres doivent 
      garantir la propreté et le bon ton (ce qu'on nomme "subtilité" et 
      "finesse"). Il faut néanmoins acquérir un art de la dénégation 
      absolument consommé pour parvenir à nier certaines évidences. Être 
      sans cesse lénifiant et neutre n'est de fait pas accessible à 
      n'importe qui et en permanence, mais aux plus grands maîtres en notre 
      art.
    Scolie : On pourra commencer par le dépolitiser en affirmant que sa 
      pensée n'a rien à voir avec son action. Une fois qu'on l'aura ainsi 
      désincarnée, on pourra par contre affirmer que cette pensée a la clé 
      du monde contemporain (Heidegger, Tocqueville, etc.).
     
    PROPOSITION VII - Mon auteur et ma chapelle ont toutes les réponses. 
    Démonstration : Cela se déduit très bien des propositions I à III, 
      partie I.
     
    PROPOSITION VIII - Les réponses apportées ne font pas surgir de 
      nouveaux problèmes.
    Démonstration : Voir la démonstration de la proposition VII.
     
    PROPOSITION IX - Ne pas dire quand on ne sait pas (il y a assurément 
      une conception du savoir comme totalité bornée et autosatisfaite. 
      Elle se montre, c'est la Mystique).
    Démonstration I : Cela est encore une fois évident à partir des 
      propositions I à III, partie I.
    Démonstration II : Cela est aussi évident à partir de la définition de 
      la nature humaine. Si l'homme en effet désire naturellement savoir et 
      que notre profession et notre justification est de savoir, nous 
      serons vénérés et aurons satisfait nos besoins et ceux de notre 
      public en lui fournissant des réponses. CQFD.
     
    PROPOSITION X - Ne jamais revenir sur ce que l'on sait. 
    Démonstration : On a vu dans ce qui précède que nous avons déjà toutes 
      les réponses. Il serait donc grotesque d'y revenir.
    Scolie : Que nous sachions déjà tout explique que certains avancent que 
      rien n'a été fait depuis Aristote, et que c'est très bien comme ça. 
      Qui plus est, les livres et la tradition sont un capital (et pas 
      seulement symbolique...). Tout est donc bon dans la boutique. Quand 
      on a lu un pavé de 800 pages, ne jamais dire qu'il était franchement 
      sans intérêt (c'est déjà suffisamment dur pour soi). 
     
    PROPOSITION XI - Dans la mesure où les questions des autres disciplines 
      trouvent leurs réponses dans la sienne, veiller à bien dépasser les 
      limites de son propre savoir.
    Démonstration : Cela est évident à partir de ce qui précède. 
    Scolie : On peut notamment jouer sur la double compétence et utiliser 
      les sciences pour impressionner les philosophes, ou la philosophie 
      pour impressionner les scientifiques (M. Serres).
     
    J'en ai fini avec ce que je m'étais proposé de faire dans cette 
    deuxième partie, où je pense avoir expliqué assez longuement et autant 
    que le permet la difficulté de la chose, comment ne pas penser, et 
    avoir livré des choses telles qu'on en peut conclure bien des choses 
    remarquables, extrêmement utiles à connaître, comme on l'a établi et 
    l'établira encore. Mais il faut maintenant examiner l'attitude à 
    adopter quand on a atteint un certain niveau.
     
    [...à suivre...]
     
    Biographie de l'auteur :
                Jies J. Sterne
    Né le 20 avril 1972 à Austin (Texas, USA). Dans les années 90,
    Jies J. Sterne est venu faire ses études de philosophie à Paris, où il 
    a notamment rédigé une thèse en Sorbonne sur "Dieu et l'âme chez 
    Husserl et Heidegger : des précurseurs scolastiques aux sciences 
    contemporaines de l'esprit". Jugeant trop lent le train des réformes en 
    France, il est rentré aux Etats-Unis en 2001 et y a dirigé un centre 
    d'applications des études cognitives sur la manipulation des bovins et 
    la rationalisation des prisons. Il est néanmoins revenu il y a peu sous 
    nos latitudes pour apporter un peu d'air frais à la recherche
    française, dont il a aidé à repenser l'ouverture ; d'aucuns disent 
    même que par sa conceptualisation néo-rhizomique du "retour de la
    répétition" il nous aide à penser l'Ouvert-à-ce-qui-vient, et le 
    Encore-plus-du-toujours-déjà-là.
    Président d'honneur de l'ADRDFD (Amicale Dallas-Riyad pour les Droits 
    des Femmes et la Démocratie) ;
    Trésorier de l'ARCPE (Association Rénovante pour une Culture 
    Philosophique d'Entreprise).
     
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    Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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    {FR, 15/05/2009}
     
    COLLOQUE
     
    Nous avons le plaisir de vous annoncer l'organisation d'un grand
    Colloque International consacré aux Langues des Signes (CILS) qui se
    tiendra en novembre 2009 durant 5 jours à l'Université de Namur
    (Belgique).
     
    Pour toute information, visitez le site :
        http://www.cils-namur.be
    Ce site, tout comme le colloque, est en quatre langues : français,
    langue des signes française de Belgique (LSFB), anglais et signes
    internationaux (IS).
     
    Comité organisateur : Pr J. Giot, Pr J.-M. Klinkenberg,
    L. Meurant, A. Sinte, M. Zegers de Beyl.
     
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    {FR, 21/06/2009}
     
    APPEL À COMMUNICATIONS
     
                    Le Contexte
            Rencontres interdisciplinaires sur les
            systèmes complexes naturels et artificiels
     
    Rochebrune, 17 au 24 janvier 2010
     
    * Qu'est-ce que Rochebrune ?
    Ce n'est pas par hasard que Rochebrune est essentiellement un lieu.
    Hors de toutes contraintes institutionnelles, Rochebrune est le lieu du 
    doute et du questionnement de nos pratiques scientifiques en prise avec 
    les systèmes complexes du physique au social, naturels ou artificiels. 
    C'est, de ce fait, un lieu privilégié du dialogue interdisciplinaire 
    qui permet à chacun d'ouvrir ses perspectives en interaction soutenue 
    avec les autres. Ceci ne peut se faire que dans un lieu physique 
    approprié et depuis 1992, il s'agit d'un chalet isolé et chaleureux qui 
    nous accueille au sommet des pistes de Megève créant ainsi le vase clos
    indispensable à l'alchimie du dialogue.
     
    * Le thème
    On s'entend généralement à dire qu'un système est complexe si on ne
    peut pas retirer uncomposant du système sans que le système change de 
    nature, ou encore qu'un système complexe est plus que la somme de ses 
    parties. Mais que faut-il dire de son contexte ? Peut-on comprendre un 
    système indépendamment de l'environnement dans lequel il est plongé ?
    Et comment, en fonction de quelles questions et de quels critères,
    placer la frontière entre intérieur et extérieur du système. [...]
    Dans la pure tradition des journées de Rochebrune, cette question 
    transcende les disciplines et il convient donc d'explorer ce que 
    chacune d'entre elles a à en dire [...].
    [...]
    Si cette question vous interpelle et que vous prétendez pouvoir y 
    apporter un éclairage, vos doutes et vos propres questions, nous 
    attendons votre communication de 4 (minimum acceptable) à 12 pages 
    maximum à l'adresse suivante :
        jean-pierre.muller@cirad.fr
    Les communications seront évaluées en bonne et due forme et les
    contributions acceptées seront publiées après les journées de 
    Rochebrune et après intégration des commentaires et discussions, par 
    l'ENST-Paris.
     
    * Echéancier
    Date limite de réception des propositions :    30 septembre 2009
    Notification :                    31 octobre 2009
    Inscription à Rochebrune :            15 décembre 2009
    Journées de Rochebrune :            17 au 24 janvier 2010
    Papiers complets et révisés :            28 février 2010
     
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    {BP, 22/06/2009}
     
    CALL FOR PAPERS 
     
                    JADT 2010
            10th International Conference on the
            Statistical Analysis of Textual Data
     
    University of Rome (Italy) - June, 9-11, 2010
        http://jadt2010.uniroma1.it/
     
    [...]
    * Important Dates
    Title and Abstract (max 20 rows) :             31 July 2009
    Submission Deadline : First Version of Paper (Full-text) :
                                20 October 2009
    Notification to Authors :                10 December 2009
    Final Camera-Ready Paper Delivery :             10 January 2010
    Conference Dates :                     9-11 June 2010
    [...]
    * Contacts
        jadt2010@uniroma1.it
     
    555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
     
  • SdT vol.15 n.3
  • SdT vol.15 n.2
    Résumé: 2009_04_20
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 15, numero 2.
     
     
                            LA CITATION DU MOIS
                ________________________________________________
     
                Tant que les philosophes ne deviendront pas  
                grammairiens, ou les grammairiens philosophes,  
                la grammaire ne sera ni ce qu'elle était chez  
                les anciens, une science pragmatique et une  
                partie de la logique, ni en général une science.
     
                        Friedrich von Schlegel, Athenäum
                ________________________________________________
            
     
                    SOMMAIRE
     
     
    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 6 nouveaux abonnes, dont Virgine Ducay et  
          Nouzha El Kouchi.
        - Simon Bouquet change d'adresse.
     
    2- Publications
        - Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIV, 1).
     
    3- Textes
        - Gaetan Pegny : "Avec humanite et douceur", telle une
          lettre de Spinoza
     
    4- Appels : Colloques et revues
        - Ecole thematique "Methodes informatiques et Statistiques en  
          Analyse de Textes", Besançon, 14-19 juin 2009.
        - Colloque "Karl Buhler, penseur du langage -Linguistique,  
          psychologie et philosophie", Paris, 29-30 avril 2009.
        - Journee d'etude "Nous n'avons jamais ete humains :
          La nature humaine au prisme de la science-fiction et de  
          l'anthropologie", Paris, 7 mai 2009.
        - Colloque "Perception semiotique et socialite du sens",
          Paris, 15-16 juin 2009.
        - 6emes Journees Internationales de la Linguistique de Corpus,
          Lorient, 10-12 septembre 2009.
            
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [information réservée aux abonnés]
     
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    Publications Publications Publications Publications Publications
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    {FR, 06/042009 et Texto!, 17/04/2009}
     
    TEXTO! http://www.texto-revue.net
     
    Au sommaire : XIV-1 (coordonné par Evelyne Bourion)
     
     
    ______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
     
    Bernard ANCORI
        Permanence et actualité du système idéologique indo-européen :
        la Grèce ancienne, l'Occident médiéval
     
    Smaïl DJAOUD
        Quelques processus d'élaboration de concepts sur le Maghreb  
        dans les sciences sociales (Julien, Bourdieu et Tillion)  
     
    François RASTIER et Mathieu VALETTE
        De la polysémie à la néosémie
     
     
    ______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
     
    Emmanuel DESVEAUX et Philippe LACOUR
        Logiques amérindiennes  
     
    Philippe LACOUR
        Malaise logique dans la culture
    Sur une ambiguité épistémologique de l'anthropologie contemporaine.
     
     
    ______Dans la rubrique PARUTIONS ET TRÉSORS______
     
    François RASTIER
        Sémantique Interprétative.
        Préface à la troisième édition (avril 2009)  
     
     
    ______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
     
    Ecaterina BULEA
        Dynamique langagière et dynamique matérielle :  
        attitudes épistémologiques face à un problème philosophique  
     
    Maria Antónia COUTINHO, Rosalis PINTO, Audria LEAL, Carla TEIXEIRA et
    Ana CALDES
           La dynamicité de la langue dans des textes de différents genres  
     
     
    ______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
     
    Benoît HABERT
        Lire : Méthodiquement  
     
     
    ______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
     
    Coralie REUTENAUER
        Analyse et modélisation sémantiques à partir de ressources
        lexico-sémantiques
    Rapport de stage.
     
    Mathieu VALETTE
        Pour une science des textes instrumentée
    Introduction à Syntaxe & Sémantique, n°9, 2008,
    numéro thématique "Textes, documents numériques, corpus.
    Pour une science des textes instrumentée."
     
     
    ______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
     
    Julie SORBA
        La mer tragique et l'héritage homérique -Étude des lexèmes
        hals, thalassa, pelagos et pontos dans les tragédies d'Eschyle  
     
    Charlotte LACOSTE
        Un cas de manipulation narrative : Les Bienveillantes
    Ou comment éveiller le génocidaire qui sommeille en chacun de nous.
     
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    {FR, 06/04/2009}
     
    Cartographique : "Avec humanité et douceur..." [1]
     
            Monsieur,  
        
    Vous vous étonnez sans doute que j'aie tant tardé à m'exprimer au sujet
    des libelles qui prétendent me défendre. Il est vrai que j'ai déjà
    exprimé ce que j'avais à dire de la manière la plus claire qui soit
    possible, mais cela ne suffit point lorsque la lecture est d'emblée
    biaisée. On peut ainsi lire, sous la plume d'un de ces auteurs publiés
    à Paris dont on m'a appris l'existence, qu'"il y a donc comme deux
    Éthiques coexistantes, l'une constituée par la ligne ou le flot continu
    des propositions, démonstrations ou corollaires, l'autre, discontinue,
    constituée par la ligne brisée ou la chaîne volcanique des scolies.
    L'une, avec une rigueur implacable, représente une sorte de terrorisme
    de la tête, & progresse d'une proposition à l'autre sans se soucier des
    conséquences pratiques, élabore ses règles sans se soucier d'identifier
    les cas. L'autre recueille les indignations & les joies du coeur,
    manifeste la joie pratique & la lutte pratique contre la tristesse, &
    s'exprime en disant "c'est le cas". En ce sens, l'Éthique est un livre
    double. Il peut être intéressant de lire la seconde Éthique sous la
    première, en sautant d'un scolie à l'autre." [2]
     
    Le propre des scolies de l'Éthique serait ainsi leur caractère "positif,
    ostensif, agressif" [3]. Il est vrai que les scolies, comme leur nom
    l'indique, visent à expliquer les propositions ; il est vrai aussi que
    je suis un être de chair & de sang, & que le plus sage parmi les sages
    reste en proie aux passions, ce qui fait qu'on voit l'homme en lisant
    ses écrits ; il est de fait vrai aussi que j'ai parlé en termes très
    vifs des prêtres et de leur jalousie, ainsi que de ceux dont la seule
    jouissance consiste à enfermer leur argent dans leur cassette [4], &
    qu'il me semblait alors honorable, & non infamant, de risquer ma vie
    pour la liberté. Mais c'est que la plus grande fermeté peut s'allier à
    la plus grande douceur, & ce monsieur de Leuze aurait dû relever que
    c'est bien dans un des scolies de mon Éthique que j'avance que celui
    "qui s'efforce de conduire tous les autres par raison agit, non par
    impulsion, mais avec humanité & douceur, & a l'esprit suprêmement en
    paix." [5]
     
    Il n'y a donc chez moi nul terrorisme, & certainement aucun "terrorisme
    de la tête". L'homme vivant sous la conduite de la raison désire
    observer la règle de la vie et de l'utilité commune [6], & si j'ai pu
    dire que je n'ai rien voulu écrire qui ne s'accorde entièrement avec les
    lois du pays, la liberté et les bonnes moeurs [7], ce n'était point pour
    masquer ce que mes écrits pouvaient avoir de séditieux, car je ne
    pratique pas le double langage. C'est qu'il est vrai qu'en tous temps et
    en tous lieux, l'avare est le plus prompt à critiquer le riche lorsqu'il
    est pauvre, & qu'il n'a jamais été question pour moi de remplacer les
    anciens maîtres par de nouveaux. Si je me suis exprimé à la fois avec
    fermeté & douceur -ce que l'on peut nommer prudence, mais non
    dissimulation-, c'est parce que j'avais conscience que des séditieux
    pouvaient utiliser mes écrits pour se constituer un masque de sagesse &
    de générosité, ce que j'ai tâché de prévenir avec un succès dont je
    savais qu'il ne pouvait être que partiel. Ce Marx et plus encore ses
    suivants, ainsi que ceux qui n'aiment en moi que ce qu'ils considèrent
    être une anticipation de leur propre pensée et ne dédaignent pas la
    rhétorique, n'y ont jamais songé : c'est que l'homme reste semblable de
    sa nature, & retombe éternellement dans les travers que de plus anciens
    ont pourtant déjà décrits.
     
    De plus, mon Éthique est une, en ceci que j'ai voulu la placer tout
    entière sous l'égide de la vérité, qui est marque d'elle-même & du faux,
    & sa simple communication, toute nue & issue de la seule raison, a une
    valeur immédiatement pratique, la violence des usurpateurs et des
    traîtres ne pouvant s'exercer sans les masques que fabriquent les
    prêtres de diverses obédiences, dont ceux qui prétendent être des
    généreux mais sacrifient la vérité à la politique ne sont pas les moins
    cruels.
     
        Ton ami,
        Baruch.
     
    par Gaëtan Pégny
    publié dans Le Bateau Fantôme n° 3 (septembre 2003), p. 70-72
     
    Notes :
    [1] Spinoza, Éthique, IV, 37, scolie I.
    [2] G.Deleuze, Spinoza et le problème de l'expression, Paris, éditions
        de Minuit, 1968, p. 318.
    [3] Ibid.
    [4] Traité théologico-politique, 20.
    [5] IV, 37, scolie I, trad. B. Pautrat, Paris, Seuil, p. 397
    [6] Ibid., IV, 73.
    [7] Traité théologico-politique, § 20 et préface.
     
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    {Mellet, 07/03/2009}
     
    ECOLE
            Ecole thématique du CNRS
        "Méthodes Informatiques et Statistiques en Analyse de Textes"
     
    L'Ecole thématique du CNRS "Méthodes Informatiques et Statistiques en  
    Analyse de Textes" (MISAT) aura lieu du 14 au 19 Juin 2009 à Besançon.
     
    Cette école est destinée à toutes les personnes désireuses d'acquérir  
    ou de perfectionner des compétences en vue de la constitution et de  
    l'analyse de corpus de textes dans le cadre de recherches  
    pluridisciplinaires, notamment en analyse du discours : chercheurs  
    confirmés, jeunes chercheurs, post-doctorants et doctorants, étudiants  
    de Master2 s'orientant vers une thèse, ingénieurs, archivistes,  
    documentalistes, professionnels de diverses branches.
     
    Elle est organisée par le pôle Archive, Bases, Corpus de la MSHE de  
    Franche-Comté et par l'UMR Bases Corpus Langages CNRS-UNS-MSH de Nice,  
    et bénéficie de la participation d'une quinzaine de formateurs, tous  
    spécialistes reconnus, membres notamment du réseau JADT.
     
    Les inscriptions sont ouvertes et une première sélection de
    candidatures aura lieu à partir du 10 Avril, première date-limite de  
    dépôt.
     
    Toutes les informations utiles se trouvent sur le site de l'Ecole MISAT  
        http://laseldi.univ-fcomte.fr/ecole/ .
    Contacter jmviprey@univ-fcomte.fr.
     
    L'Ecole MISAT est soutenue par la Délégation Centre-Est du CNRS.
     
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    {FR, 06/04/2009}
     
    COLLOQUE
     
    chaire de Philosophie du langage et de la connaissance
    UMR 7597 / Histoire des Théories Linguistiques (CNRS, U. Paris-Diderot)
     
            Karl Bühler, penseur du langage
            Linguistique, psychologie et philosophie
     
    29 et 30 avril 2009
    Collège de France - 11, place Marcelin-Berthelot - 75005 Paris
    Accès libre, sans inscription
     
    Comité organisateur :
    Sylvie Archaimbault (CNRS, HTL)
    Jacques Bouveresse (Collège de France)
    Janette Friedrich (Université de Genève, HTL)
    Jean-Jacques Rosat (Collège de France)
    Didier Samain (Université Paris-Diderot, HTL)
                ____________________
     
    À l'occasion de la toute récente parution de la traduction française de  
    la Sprachtheorie de Bühler (1934) -Théorie du langage. La fonction  
    représentationnelle, éditée par Janette Friedrich et Didier Samain,  
    Agone, janvier 2009 [1]-, la chaire de philosophie du langage et de la  
    connaissance du Collège de France (Pr Jacques Bouveresse) et l'UMR 7597  
    d'Histoire des Théories Linguistiques (HTL) du CNRS et de l'Université
    Paris-Diderot organisent les 29 et 30 avril au Collège de France, à  
    Paris, un colloque intitulé : Karl Bühler, penseur du langage.
    Linguistique, psychologie et philosophie.
     
    Née à un moment où la psychologie se constituait en discipline
    autonome, tout en restant nourrie par la réflexion philosophique,
    l'oeuvre de Bühler occupe, pour l'histoire contemporaine des sciences  
    du langage, une position privilégiée, traversée de surcroît par les  
    divers questionnements de l'époque. On a souvent mentionné sa relation  
    critique à Wundt puis à la Gestalt, à la phénoménologie husserlienne et  
    au Cercle de Vienne, et, du côté des linguistes, à la phonologie  
    naissante. Ce ne sont là du reste que les interférences les plus  
    notoires. En linguistique, l'oeuvre doit sans doute autant à Paul et  
    Brugmann qu'à Troubetzkoy, et la remarque vaut mutatis mutandis pour  
    les autres champs disciplinaires. L'originalité du médecin et  
    philosophe de formation qu'était Bühler aura notamment tenu au dialogue  
    qu'il a constamment mené avec les grands linguistes de son temps, sans  
    être à proprement parler "linguiste" lui-même.
     
    Lontemps ignoré en France, Bühler y bénéficie désormais d'un réel
    intérêt. Dans ces conditions, la parution prochaine d'une traduction  
    française de son oeuvre majeure, la Sprachtheorie, dont ce sera de  
    surcroît la première édition critique, comblera une réelle lacune dans  
    les publications francophones. Toutefois, tout comme le reste de
    l'oeuvre, l'accès à ce texte et la compréhension de ses enjeux n'en  
    restent pas moins délicats. C'est ainsi, pour ne citer que cet exemple  
    immédiat, qu'on crédite généralement Bühler, à juste titre, de la thèse  
    que le langage ne se limite pas à sa fonction cognitive, puisqu'il
    possède aussi une fonction "d'appel" et une fonction "d'expression". Or  
    c'est pourtant bel et bien la fonction représentationnelle que l'auteur  
    mentionne en sous-titre de la Sprachtheorie, en lui conférant donc  
    d'office un statut privilégié.
     
    Parce qu'elle était en relation avec l'ensemble du savoir linguistique,  
    psychologique et philosophique d'une époque particulièrement féconde  
    pour les sciences humaines, l'oeuvre de Bühler engageait une réflexion  
    générale sur le rapport entre langage et cognition, et entre sciences  
    du langage et disciplines connexes. Elle invite aussi, et peut-être  
    plus fondamentalement, le linguiste et le philosophe d'aujourd'hui à  
    réfléchir sur nombre de notions (langue, phrase, ...) qui constituent  
    leur métalangage ordinaire.
     
    Notes
    [1] Préfacée par Jacques Bouveresse, cette édition inclut une
        présentation de l'oeuvre par Janette Friedrich, le texte traduit
        par Didier Samain, un appareil de notes et un important glossaire.
                ____________________
     
    mercredi 29 avril - salle 2
    Matinée - Présidence : Didier SAMAIN
     9h00 Ouverture : Jean-Jacques ROSAT (Collège de France)
                      Sylvie ARCHAIMBAULT (CNRS, HTL)
     9h15 Janette FRIEDRICH (Université de Genève)
       La force représentationnelle du langage
    10h30 Pause
    10h45 André ROUSSEAU (Université Lille III)
       La dette de Karl Bühler à l'égard de deux prédécesseurs :
       Philipp Wegener et Alan Gardiner.
    12h00 Pause-déjeuner
    Après-midi - Présidence : Sylvie ARCHAIMBAULT
    14h00 Michel DE FORNEL (EHESS)
       Champ déictique et champ symbolique
    15h15 Fiorenza TOCCAFONDI (Université de Parme)
       Karl Bühler's Theory of Perception
    16h30 Pause
    16h45 Jérôme DOKIC (EHESS)
       Deixis à l'imaginaire et simulation
    18h00 Fin de la première journée
     
    jeudi 30 avril - salle 5
    Matinée - Présidence : Janette FRIEDRICH
    9h15 Didier SAMAIN (Université Paris 7)
       Linguistique ou théorie du langage, généricité des concepts et
       axiomatisation des domaines
    10h30 Pause
    10h45 Perrine MARTHELOT (université Paris1, EXeCO)
       De la Crise de la psychologie à la Théorie du langage :
       le langage aux prises avec le monde
    12h00 Pause-Déjeuner
    Après-midi- Présidence : Jean-Jacques ROSAT
    14h00 Kevin MULLIGAN (Université de Genève)
       Signification vs vouloir dire chez Bühler, Wittgenstein
       et leurs contemporains
    15h15 Federico ALBANO LEONI (Université de Rome "La Sapienza")
       Karl Bühler et la physionomie acoustique des mots :
       les occasions manquées de la phonologie
    16h30 Pause
    16h45 Jacques BOUVERESSE (Collège de France)
       Karl Bühler et le mode de pensée axiomatique dans
       les sciences du langage.
    18h00 Fin du colloque
     
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    {FR, 19/04/2009}
     
    JOURNÉE D'ÉTUDE
     
        Nous n'avons jamais été humains : La nature humaine
        au prisme de la science-fiction et de l'anthropologie
     
    Organisateurs : Serge Gruzinski et Marika Moisseeff
    7 mai 2009 - 9h30 à 21h00
    Musée du quai Branly - Théâtre Claude Lévi-Strauss
    37, quai Branly ou 218, rue de l'Université - 75007 Paris
    Métro ligne 9 : Alma-Marceau ; RER C : Pont de l'Alma
     
    Dans le cadre de l'exposition Planète métisse, Serge Gruzinski, qui en  
    est le commissaire, et Marika Moisseeff, un des auteurs du catalogue de  
    cette exposition, organisent une journée d'étude sur la notion  
    d'identité humaine et les questions connexes d'anthropomorphisation du  
    non humain et d'animalisation de l'humain.
     
    Seront, notamment, explorées les conséquences de l'alliance entre  
    science et technologie sur les représentations occidentales
    contemporaines de la nature humaine à partir desquelles les Occidentaux  
    tendent à se définir en tant que groupe culturel particularisé en  
    regard d'autres cultures telles que, par exemple, celles qu'ils  
    inclinent à désigner sous l'appellation "peuples premiers". Ces  
    représentations de la nature humaine s'adossent aux théories de  
    l'évolution et de la néoténie : les espèces se succèdent et  
    s'engendrent dans une dissimilitude orientée ; mais l'homme aurait  
    cette particularité de naître avant terme, conservant des potentialités  
    qui l'auraient conduit à développer des techniques avec lesquelles il  
    est devenu apte à se transformer lui-même. Dans cette perspective,  
    l'humain renvoie à une espèce inachevée dont le devenir a partie liée  
    avec la technologie.
     
    Ainsi, plus la science s'évertue à spécifier ce qu'il en est de la  
    nature humaine, plus elle tend à la rattacher à la fois au préhumain et  
    au posthumain. Tout s'est donc passé comme si au moment où le  
    développement de la science, au XIXe siècle, avait offert à l'homme  
    occidental le moyen de définir sa nature propre indépendamment de sa  
    relation à Dieu, il s'était vu de plus en plus contraint à la concevoir  
    comme fondamentalement hybride : animale et humaine et/ou naturelle et  
    artificielle. Le socle de ce renouvellement de la définition
    occidentale de l'humanité est une hiérarchisation, non seulement des  
    espèces, mais également des "peuples" ou "civilisations", les
    orientations sexuelles et les modes de reproduction étant appréhendés  
    comme plus ou moins évolués en fonction de leur degré de recours à la  
    science et à ses émanations technologiques.
     
    La redéfinition des frontières entre les humains et les non humains,  
    animaux et machines, permet d'envisager la possibilité pour l'homme de  
    créer des doubles de lui-même tels que chimères, clones, robots et  
    cyborgs. Et les auteurs de science-fiction, en donnant corps et en
    mettant en scène les hybrides nés de l'imaginaire scientifique, nous  
    incitent à regarder ce qu'ils reflètent de la conception occidentale de  
    l'humanité et à réfléchir sur la teneur idéologique qu'elle véhicule.
    De ce point de vue, il faut considérer les oeuvres de science-fiction  
    comme des productions mythologiques. En tant que telles, elles donnent  
    un accès privilégié à la cosmologie occidentale contemporaine et au  
    système de valeurs censé expliciter la hiérarchisation des êtres et des  
    groupes culturels. Dans les oeuvres de science-fiction, les auteurs  
    jouent sur ces différentes dichotomies telles qu'elles tendent à être  
    articulées dans l'idéologie occidentale. Les problèmes interculturels y  
    sont entrecroisés avec ceux liés à la différence des sexes, de même que  
    l'hybridité humain/animal, humain/machine permet d'aborder de façon  
    innovante la question des minorités sexuelles.
     
     9h30 Accueil du public (accès libre) Théâtre Claude Lévi-Strauss
    10h00 Serge Gruzinski - CNRS, Introduction
     
    Matin : Identité homme-animal, homme-machine
    10h10 Conférence de Marika Moisseeff - CNRS
       Nature contre culture ou le pouvoir animalisant de la viviparité  
       dans certains films de science-fiction.
    11h10 Pause café
    11h30 Table ronde
    Denis Vidal - IRD et Emmanuel Grimaud - CNRS, ethnologues
       Une perspective anthropologique sur les dieux et les robots
       autour de la présentation du film d'Emmanuel Grimaud Cosmic City,  
       les dieux robotisés attaché au livre Dieux et Robots qu'il vient de
       publier aux Editions L'Archange Minotaure.
    13h00 Pause déjeuner
     
    Après-midi : Altérités sexuelles et culturelles
    14h30 Marika Moisseeff- CNRS, Introduction
    14h40 Conférence d'Elisabeth Vonarburg, écrivain de science-fiction :  
       Vraies histoires fausses
    15h40 Pause café
    16h00 Table ronde
    Joëlle Wintrebert et Pierre Bordage, écrivains de science-fiction,
    Maxime Cervulle - Paris 1, sociologue des médias et des études  
    culturelles,
       Peau noire, prothèses blanches : Will Smith et les robots,  
       science-fiction et anxiétés raciales.
    18h00 Conclusion
     
    18h30 Projection du film Aeon Flux, de Kusama Karyn, 93mm, 2005, USA.
     
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    COLLOQUE
     
            Perception sémiotique et socialité du sens
     
    Paris, 15-16 juin 2009
    Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, 75005 Paris
     
        Argumentaire 
     
    Les évolutions (inter)disciplinaires des dernières décennies ont
    reconduit pour l'essentiel une opposition, que l'on pourrait qualifier  
    de fondatrice, entre deux grandes approches de la cognition et du  
    social. L'une prend son point de départ dans les préférences et les  
    projets portés par les individus, et cherche ensuite à faire émerger de  
    leurs interactions les dynamiques collectives, tout en restant  
    attentive aux déterminations qu'en reçoivent en retour les vies  
    individuelles (individualisme méthodologique dit 'complexe'). L'autre  
    porte d'abord son attention sur les structures socio-sémiotiques  
    publiques, pour ensuite retrouver les vies individuelles dans leurs  
    efforts pour s'adapter à, et, si possible, transformer, des formes et  
    des rôles largement préconstitués (forme de holisme que, par symétrie,  
    on pourra qualifier aussi de complexe).
     
    Bien que fondamentalement inchangée dans sa polarité depuis Durkheim,  
    cette confrontation s'est trouvée quelque peu renouvelée dans les  
    années récentes, marquées notamment par le développement des sciences  
    cognitives et le programme de la naturalisation, par les progrès  
    réalisés dans la modélisation des systèmes complexes, par la relance  
    aussi des problématiques d'inspiration phénoménologique dans les  
    sciences cognitives et du langage. La vision du social et du symbolique  
    héritée par exemple de l'anthropologie structurale a été questionnée à  
    partir de là.
     
    Dans cette conjoncture historique, un certain nombre d'orientations  
    philosophiques se sont avérées éclairantes, dans la mesure précisément  
    où elles reconduisaient, chacune à sa façon, à la question d'une  
    constitution croisée du cognitif et du social, redistribuée entre  
    diverses instances : sujets, corps, langages, pratiques, techniques.  
    Sans aucunement répondre à un projet explicite de totalisation, une  
    anthropologie philosophique a commencé de prendre corps au travers d'un  
    ensemble d'approches : déploiement, dans la postérité de Husserl, d'une  
    thématique du Lebenswelt ; phénoménologie sémiotique d'inspiration  
    merleau-pontienne ; philosophie des formes symboliques dans la  
    filiation de Cassirer ; philosophies wittgensteiniennes ou
    pragmatistes (expression, habitus, normativité, sens commun) ;  
    philosophie de la technique comme constitutive de l'humain. Sur un plan  
    plus directement scientifique, ces orientations ont été relayées par  
    les épistémologies dynamicistes et constructivistes (voire  
    enactivistes), par les théories gestaltistes et microgénétiques du  
    langage et de la perception, dans toute une série de travaux
    d'anthropologie linguistique, plus généralement dans l'étude des formes  
    et pratiques sémiotiques - enfin, dans certains travaux
    (interprétations ou modèles) attenant aux neurosciences.
     
    Le présent colloque se propose donc de renouveler le débat entre les  
    deux grandes approches évoquées en ouverture. Plus précisément, il  
    s'agit d'élaborer des cadres dans lesquels puissent se rapprocher, et  
    peut-être co-évoluer, d'une part des modèles (philosophiques comme  
    scientifiques) de la perception, du corps propre, de  
    l'intersubjectivité et de la signification (souvent repris de la  
    tradition husserlienne), et d'autre part des modèles socio-sémiotiques,  
    dans lesquels formes symboliques, intentionnalités et conduites  
    procèdent de participations à des interactions collectives, à la fois  
    émergentes et instituées, car fondées sur la reprise de formes héritées  
    et transmises.
     
    A cette fin, on sera sans doute conduit à mettre en position centrale  
    la question de la sémiose -prise au sens radical d'une sémiogenèse  
    expressive et pratique, débordant la seule mise en oeuvre de système de  
    signes, ou la simple réanimation de traces déjà individuées.  
    Sémiogenèse vue alors comme une médiation essentielle de la conscience,  
    et le principal étayage des intentionnalités, en tant qu'elles  
    s'appellent, se forment et trouvent leurs limites dans cet exercice  
    même. Sémiogenèse reposant, dans le même temps, sur la reprise de  
    formes instituées et héritées, ou plutôt, sur un art et des techniques  
    de cette reprise, impliquant des formes à la fois malléables,  
    partiellement mémorisées et collectivement prolongées. Formes présentes  
    à la conscience sans y être déterminées, et formes indicatrices d'une  
    transcendance qui ne peut être du même type que celle d'un objet :  
    plutôt celle d'un jeu, d'une norme, d'une destination par des tiers  
    dont le mode de présence/absence n'est pas non plus celui de l'objet.  
    Ce sont, à partir de là, la persistance et l'identité des projets et  
    des objets qui apparaissent tributaires d'une précession de signes  
    autorisant, par leur permanente reprise, la réitération de parcours de  
    constitution (vécus, dans leur effectivité même, comme présence du  
    social en chacun) : parcours toujours tributaires, donc, de régimes  
    sémiotiques, c'est-à-dire expressifs et techniques, d'appréhension, de  
    transformation, de destination (gestes, procédures, langages,  
    inscriptions, instruments). Ces régimes se fondent sur une  
    ritualisation des formes et des conduites, donnant lieu à une  
    appréciation des écarts, selon les divers modes reçus de la reprise.  
    Ils s'inscrivent dans des domaines dont le volet pratique est  
    essentiel, et relèvent de genres qui engagent les sujets en fonction de  
    modalités plus ou moins contraignantes.
     
    Revenant au vocabulaire de la phénoménologie, on dira donc que le  
    langage, la culture, le social, ne sont pas des superstructures qui  
    viendraient s'empiler par-dessus un être au monde plus originaire : ce  
    sont des dimensions intrinsèques de cet être-au-monde, qui est d'emblée  
    être-au-monde-social et être-au-langage. On ne peut sans doute en  
    traiter si l'on est toujours astreint à un choix forcé entre attitude  
    naturelle, et attitude phénoménologique conçue comme le seul fait d'une  
    conscience intime. S'ouvre alors la possibilité d'une réorientation  
    sémiotique des problématiques phénoménologiques, permettant de revoir  
    la problématique de la constitution du champ de conscience à la lumière  
    d'une philosophie de la transmission et de l'institution des formes  
    sémiotico-symboliques.
     
    D'où le titre-slogan "Perception sémiotique et socialité du sens", qui  
    voudrait en particulier attirer l'attention sur les postulats suivants,  
    soumis à discussion : (i) la socialité du sens doit être d'emblée  
    rapportée à des formes et des activités symboliques, qui redirigent en  
    permanence les interactions et conditionnent la formation des valeurs  
    et des utilités, (ii) le sens en tant que social ne se sépare pas d'une  
    recherche d'expression, concomitante de la formation de divers plans de  
    sémiotisation, et d'une constante ritualisation des conduites, fondant  
    la possibilité de la répétition et d'une évaluation des écarts, (iii)  
    l'historicité et la socialité du sens trouvent leur répondant, au  
    niveau de l'expérience individuelle, dans une perception d'emblée  
    sémiotique ; une telle perception, qui délivre directement un sens non  
    inféré, ne se sépare pas de dispositions expressives, et de dispositifs  
    pratiques, étroitement dépendants des médiations sémiotiques  
    instituées. 
     
    Nous souhaiterions ainsi convier les participants à deux journées  
    d'échanges entre sciences et philosophies, où pourront se rencontrer  
    des problématiques, des théories, des analyses, de factures  
    phénoménologique, pragmatiste, et sémiotique.
     
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    {FR, 06/04/2009}
     
    COLLOQUE
     
        6èmes Journées Internationales de la Linguistique de Corpus
     
    Lorient, 10-12 septembre 2009
        http://web.univ-ubs.fr/corpus/
     
    Les 6èmes Journées Internationales de linguistique de corpus auront
    lieu à Lorient les 10, 11 et 12 septembre 2009. Elles sont organisées
    par l'équipe LiCoRN -Linguistique de Corpus et des Ressources  
    Numériques de l'Université de Bretagne Sud.
     
    Objectifs
    Ces 6èmes Journées Internationales de Linguistique de Corpus visent à  
    promouvoir le développement de la linguistique de corpus en France.  
    Elles réunissent des chercheurs venus d'horizons divers qui
    s'intéressent à l'utilisation de l'informatique pour l'analyse des
    faits de langues.
     
    Les contributions attendues pourront concerner, de manière non
    exhaustive :
    * la lexicologie et lexicographie, mono~ et bilingues,
    * la lexicométrie
    * la terminologie,
    * la traduction
    * l'analyse du discours,
    * la linguistique appliquée et
    * la description linguistique.
     
    Conférences Plénières
    Béatrice Daille, Université de Nantes
    Susan Hunston, University of Birmingham
    François Rastier, CNRS...
     
    Organisation
    Les journées prendront la forme de communications orales d'une  
    vingtaine de minutes sur des travaux en cours. Seront également prévues  
    des communications affichées. L'ensemble des communications retenues  
    donnera lieu à publication dans les actes de la conférence.
     
    Soumission
    Les personnes désirant proposer une communication aux journées sont  
    conviées à envoyer un résumé long (deux pages) de leur contribution.  
    Cette contribution devra comporter au moins un paragraphe présentant le  
    corpus sur lequel a été conduite l'étude et les modalités  
    d'exploration, dont les résultats principaux seront présentés dans ce  
    résumé. Le résumé sera accompagné d'une page de renseignements
    pratiques comprenant le mode de communication souhaité (oral ou
    poster), le nom, l'affiliation, téléphone, adresse postale et  
    électronique. Les résumés doivent être en Times 12 avec interligne  
    simple et en format Open Office (odt), Word RTF, ASCII, ou HTML. Ces  
    contributions seront évaluées par deux experts du comité scientifique  
    de la conférence. Ces soumissions devront parvenir au comité  
    d'organisation à l'adresse suivante :
        Journées Internationales de Linguistique de corpus
        Geoffrey Williams
        Département d'Ingénierie du Document
        U.F.R. Lettres et Sciences Humaines
        4 rue Jean Zay
        BP 92116
        56321 LORIENT Cedex
    ou par courrier électronique à
        Geoffrey.Williams@univ-ubs.fr
     
    Calendrier
    Date limite de soumission 20 mai 2009
    Notification aux auteurs 5 juin 2009
    Version finale pour les pré-actes 13 juillet 2009
     
    Comité d'organisation
    Président : Geoffrey Williams, LiCoRN, Université de Bretagne Sud,  
      Lorient
    Jean-Yves Antoine, Université de Tours
    Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
    Jeanne Villaneau, VALORIA, Université de Bretagne-Sud, Lorient
    Ismail El Maarouf, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
    Chrystel Millon, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
    Christophe Ropers, LiCoRN, Université de Bretagne Sud, Lorient
    Delphine Séguin, LiCoRN, Université de Bretagne Sud
    Nathalie Dugales, Université de Rennes 1
     
    Comité scientifique
    Susan Hunston, University of Birmingham
    Marina Bondi, University of Modena
    Jean-Yves Antoine, Université de Tours
    Nathalie Gasiglia, Université de Lille3
    Thomas Lebarbé, Université de Grenoble
    Pierre Arnaud, Professeur, CRTT, Université Lyon II
    François Maniez, Professeur, CRTT, Université Lyon II
    Mireille Bilger, Professeur, Université de Perpignan
    Claire Blanche-Benveniste, Professeur Emérite, GARS, Université d'Aix  
      en Provence
    Thierry Fontenelle, Dr., Microsoft, US et EURALEX
    Sylviane Granger, Professeur, Université Catholique de Louvain,  
      Belgique.
    François Rastier, Directeur de recherche, CNRS-Paris X
    Wolfgang Teubert, Professeur, Université de Birmingham, Royaume Uni.  
    Agnès Tutin, Dr., Université de Grenoble.
     
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  • SdT vol.15 n.2
  • SdT vol.15 n.1
    Résumé:
    2009_01_06
    ________________________________________________________________________
    SdT volume 15, numero 1.
     
     
                            LA CITATION DU MOIS
                ________________________________________________
     
                Dès que l'homme se sert du langage
                pour établir une relation vivante
                avec lui-même et avec ses semblables,
                le langage n'est plus un instrument,
                n'est plus un moyen,
                il est une manifestation, une révélation
                de l'être intime et du lien psychique
                qui nous unit au monde et à nos semblables.
     
                            Kurt Goldstein, 1933
                ________________________________________________
             
     
                    SOMMAIRE
     
     
    1- Presentations
        - Bienvenue a nos 4 nouveaux abonnes, dont Ali Akili, Thomas 
          Hirsch et Maia Ponsonnet.
        - Francois Rastier signale son changement d'adresse electronique
     
    2- Carnet
        - Voeux 2009
        - Seminaire de Pierre Judet de La Combe :
          "Poesie et connaissance. Formes du mythe dans la litterature
           grecque archaique et classique"
     
    3- Textes electroniques
        - Portail des bibliotheques nationales europeennes
     
    4- Publications
        - Syntaxe & Semantique, 9, Mathieu Valette (dir.) :
          "Textes, documents numeriques, corpus. Pour une science des
           textes instrumentee"
        - Texto! : nouveautes de la derniere edition (XIII, 4).
     
    5- Appels : Colloques et revues
        - Seminaire "Cognition, communaute(s) et technique :
          l'emergence et l'institution de normes", Compiegne,
          19-23 janvier 2009
        - Atelier "Hans Blumenberg contre Heidegger", Paris,
          14-16 mai 2009
        - Journee ConSciLa "Semantique de l'oral spontane", Paris,
          6 fevrier 2009 (programme et resumes des communications)
             
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    Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes Nouveaux abonnes
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    [information réservée aux abonnés]
     
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    {FR, 22/12/2008}
     
    VOEUX
     
    Meilleurs voeux à nos lecteurs pour cette nouvelle année !
     
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    {FR, 22/12/2008}
     
    SEMINAIRE
     
    Séminaire de Pierre Judet de La Combe à l'Ehess, année 2008-2009
     
    Titre général du séminaire :
            L'interprétation littéraire. Théories et pratiques.
     
    Thème pour l'année :
            Poésie et connaissance. Formes du mythe
            dans la littérature grecque archaïque et classique.
     
    Séminaire hebdomadaire, le lundi de 11 h à 13 h,
    au 105 Boulevard Raspail, 75006 Paris, salle 5.
     
    L'analyse du texte de la Théogonie d'Hésiode, lors du séminaire de 
    2007-2008, a montré comment le mythe, qui est pris dans cette oeuvre 
    comme forme systématique permettant d'ordonner tout ce qui peut ou a pu 
    se dire sur le passé divin et héroïque, a une fonction critique dans la 
    construction d'un présent possible.  Nous avons pu voir comment la 
    réorganisation sémantique et syntaxique proposée par Hésiode des récits 
    mythiques traditionnels, qui portent sur un passé posé à la fois comme 
    définitivement révolu et comme modèle, est liée à une analyse précise 
    des conditions du présent de la performance du texte.
     
    La validité que vise le récit théogonique est semble-t-il double : à la 
    fois la capacité d'intégrer sur le mode le plus cohérent possible 
    l'ensemble des traditions narratives existantes, de manière à produire 
    une présentation totalisante du divin et à construire les catégories 
    qui permettent d'engendrer la multiplicité des récits traditionnels, 
    et, également, la capacité de définir, par contraste, dans une 
    sociologie implicite, les potentialités du présent humain et la 
    pertinence des différents types de paroles, notamment poétiques, 
    politiques et religieuses, qui ont le divin comme présupposé.
     
    Comme les prises de position d'Hésiode, sur les versions du mythe et 
    sur leur pertinence pour le hic et nunc de la performance, sont 
    présentées en acte, sur un mode narratif et non argumentatif, en accord 
    avec le matériau traditionnel qu'il analyse et réactualise, sans donc 
    que le principes de la critique soient explicites, l'attention s'est 
    également portée sur l'écoute que suppose cette forme de poésie, sur la 
    virtuosité interprétative requise du public, dans la perception de la 
    variance diachronique des formules et des types narratifs au cours du 
    texte, cette variance donnant accès au sens.
     
    Une comparaison a ainsi pu être esquissée avec une autre forme de récit 
    interprétatif portant sur la totalité des choses, celui que, après 
    Hésiode, déploient les théories cosmologiques des physiciens. Ces 
    récits posent une autre relation entre passé et présent, puisque la 
    présentation de l'origine des étants inclut le présent, qui devient 
    ainsi l'élément d'un cycle, alors que la totalisation mythique est 
    réalisée dans le passé une fois pour toutes. Ce genre de construction 
    théorique suppose un autre emploi du langage, qui vise l'explicitation 
    des principes déterminant la théorie. Paradoxalement, la poésie 
    publique, en performance, d'Hésiode apparaît plus cryptée que le texte 
    écrit, réservé à des cercles sociaux fermés, des physiciens, texte 
    destiné à susciter une argumentation contradictoire.
     
    Le séminaire de 2008-2009 interrogera d'autres utilisations du mythe, 
    qui posent un rapport différent entre passé et présent :
    - l'épopée "monumentale" de type homérique, à partir de passages théo- 
      et cosmogoniques : les modèles théogoniques sont présents, mais leur 
      signification change du fait qu'ils ne sont pas pris eux-mêmes comme 
      objet, mais servent, sur un mode figuratif, dans les discours, ou 
      schématique, dans la construction du récit, à construire une autre 
      réalité que l'histoire des dieux ;
    - plusieurs odes lyriques (Pindare, Bacchylide), qui posent une
    continuité entre passé et présent ;
    - la tragédie, à partir du Prométhée d'Eschyle et des Troyennes
      d'Euripide, de manière à discuter la thèse souvent admise d'une perte 
      de sens du mythe, qui serait discuté à partir de valeur plus 
      modernes. Ce thème, la tragédie, nourrira l'essentiel des séances.
     
    Parallèlement à la lecture des textes, seront examinées les thèses 
    modernes majeures sur l'interprétation du mythe : les Romantiques, 
    Ernst Cassirer et Hans Blumenberg, dans la tradition allemande ; pour 
    la France : Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss et Jean-Pierre Vernant. 
    Ces lectures aideront à cadrer la question, toujours ouverte, du 
    rapport entre inventivité mythique et originalité poétique.
     
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    Textes electroniques Textes electroniques Textes electroniques Textes
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    {FR, 22/12/2009}
     
    BON LIEN
     
    Portail des bibliothèques nationales européennes
        http://search.theeuropeanlibrary.org/portal/en/index.html
     
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    Publications Publications Publications Publications Publications
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    {FR, 22/12/2008}
     
    VIENT DE PARAÎTRE
     
            Textes, documents numériques, Corpus.
            Pour une science des textes instrumentée
                (Syntaxe & Sémantique n° 9)
     
    Etudes publiées sous la direction de Mathieu Valette. 150 p. 18 euros.
    Information :
        http://www.unicaen.fr/services/puc/rubrique.php3?id_rubrique=55
     
    L'accroissement massif des données textuelles numérisées (Internet, 
    Gestion électronique de documents) génère de nouvelles questions et de 
    nouvelles problématiques en termes d'analyse et d'indexation des 
    contenus, de recherche d'information et d'interprétation assistée.
    Il apparaît crucial pour la linguistique, science des textes, de 
    prendre part et position face aux enjeux théoriques et méthodologiques 
    naissants et de ne pas laisser à d'autres disciplines le soin de 
    décrire, seules, ces nouveaux objets sémiotiques. Cette livraison de 
    Syntaxe & Sémantique offre un panorama de recherches récentes menées 
    actuellement sur l'instrumentation de la linguistique des textes dans 
    la double perspective des études académiques (incidences de l'outil 
    informatique sur l'étude des textes) et à visées sociétales (statut 
    linguistique du document numérique, enjeux du multilinguisme).
     
     
                    Sommaire
     
    Mathieu Valette - ATILF, Nancy :
      Introduction : Pour une science des textes instrumentée
    François Rastier - INaLCO, Paris :
      Sémantique du Web vs. Semantic Web ? Le problème de la pertinence
    Ioannis Kanellos, Christian Mauceri - Telecom, Brest / IBM, Paris :
      Une conscience interprétative face à un univers de textes.
      Arguments en faveur d'une Analyse de Données Interprétative
    Damon Mayaffre - BCL, Nice :
      De l'occurrence à l'isotopie. Les cooccurrences en lexicométrie
    Sylvain Loiseau - LIMSI, Orsay :
      Corpus, quantification et typologie textuelle
    Bénédicte Pincemin, Céline Guillot, Serge Heiden, Alexei Lavrentiev, 
    Christiane Marchello-Nizia - ICAR, Lyon :
      Usages linguistiques de la textométrie. Analyse qualitative de la 
      consultation de la Base de Français Médiéval via le logiciel Weblex
    Monique Slodzian - INaLCO, Paris :
      Paradoxes du multilinguisme
    Jean-Michel Daube - INaLCO, Paris :
      De la lexicologie textuelle multilingue outillée
      à la lexicographie numérique
     
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    {FR, 22/12/2008}
     
    TEXTO! http://www.revue-texto.net/
     
    Au sommaire : XIII-4 (numéro coordonné par Jean-Louis Vaxelaire)
     
     
    ______Dans la rubrique DITS ET INÉDITS______
     
    Jean-Michel FORTIS 
        Le langage est-il un instinct ? 
        Une critique du nativisme linguistique, de Chomsky à Pinker 
     
    Enrique BALLON AGUIRRE 
        De la sublimación del amor 
     
    François RASTIER 
        Passages et parcours dans l'intertexte 
     
     
    ______Dans la rubrique DIALOGUES ET DÉBATS______
     
    André GREEN 
        Le rejet de la psychanalyse par Cl. Lévi-Strauss 
     
     
    ______Dans la rubrique LA LETTRE ET L'INTERPRÈTE______
     
    Gilbert VINCENT 
        Le concept de tradition selon Ricoeur 
        -Perspectives herméneutiques et pragmatiques 
     
     
    ______Dans la rubrique SAUSSURE ET SAUSSURISMES______
     
    François VINCENT
        Sémiose et système saussurien : vers une formalisation ? 
     
     
    ______Dans la rubrique CORPUS ET TRUCS______
     
    Sylvain LOISEAU 
        Corpus, quantification et typologie textuelle 
     
    Christian MAUCERI 
        Interpretive Latent Semantic Analysis 
     
     
    ______Dans la rubrique ARTS DU LANGAGE______
     
    François RASTIER 
        La généalogie d'Aphrodite
        -Réalisme et représentation artistique 
     
     
    ______Dans la rubrique REPÈRES POUR L'ÉTUDE______
     
    Anje MULLER GJESDAL
        Référence du signe et sens textuel
     
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    Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels Appels
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    COLLOQUE
     
    Séminaire Interdisciplinaire de
    Philosophie, Sciences et Technologies Cognitives
     
            "Cognition, communauté(s) et technique :
             l'émergence et l'institution de normes"
     
    Université de Technologie de Compiègne
    Amphi Colcombet, Centre de Transfert
    Du lundi 19 janvier au vendredi 23 janvier 2009
    http://www.utc.fr/phiteco/seminaire2009/index.html
     
    Réunissant des enseignants-chercheurs de l'UTC et des intervenants
    extérieurs français et étrangers, le séminaire expose et confronte dans 
    une perspective interdisciplinaire, sur un thème renouvelé chaque
    année, les tendances actuelles des études cognitives. Le thème du 
    séminaire de janvier 2009 est " Cognition, communauté(s) et technique : 
    l'émergence et l'institution de normes ". Conformément à sa tradition, 
    le séminaire souhaite principalement -mais pas exclusivement- traiter 
    ce thème en relation avec les questionnements suscités par le phénomène 
    de la technique et par l'émergence de nouvelles technologies 
    (numérique, information, communication, robotique, réalité virtuelle, 
    design, organisation,...) : comment les dispositifs techniques que nous 
    fabriquons peuvent-ils affecter, voire transformer, nos façons de 
    définir des valeurs et des normes collectives, mais aussi nos 
    appartenances, nos désirs et nos identités ? Inversement, comment 
    penser les conditions de l'émergence des normes d'usage de nouvelles 
    technologies (communicationnelles, interactives, perceptives,...), et 
    donc les conditions de la constitution de nouveaux types de communautés 
    techniques ?
     
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    {FR, 22/12/2008}
     
    COLLOQUE
     
                Hans Blumenberg contre Heidegger 
                14/05/2009 - 16/05/2009 : atelier
     
    Hans Blumenberg est sans doute le plus important philosophe allemand 
    après Heidegger, mais, assurément celui des penseurs d'après-guerre qui 
    fut le plus sous-estimé. Connu, dès son premier grand ouvrage, La 
    Légitimité des temps modernes (1966), pour être un historien complexe 
    de la modernité, il a surtout été perçu comme un historien de la 
    philosophie et un critique de la théologie. Son esquisse systématique 
    de la Métaphorologie (1960) n'a été comprise qu'ultérieurement comme le 
    pendant de l'histoire de l'être heideggérienne et comme une entreprise 
    parallèle à la Grammatologie de Derrida. Les conséquences de sa 
    frappante réfutation de la Théologie politique de Carl Schmitt n'ont 
    pas encore été assez discutées. Comprendre et discuter l'entreprise 
    philosophique de Blumenberg sera donc l'objectif de cette rencontre.
     
    Dates : les 14, 15 et 16 mai 2009
    Horaires : le 14 mai de 13h00 à 18h00, soirée à partir de 19h00, le 15 
    mai de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, le 16 mai de 9h00 à 12h00
    Lieu : Goethe-Institut (Paris)
    Contact : Heinz Wismann, hwismann@noos.fr et Patricia Lavelle, 
    patricia.lavelle@noos.fr
     
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    JOURNEE D'ETUDES
     
            Sémantique de l'oral spontané
        Rencontre entre sémanticiens et spécialistes du français parlé
     
    Journée ConSciLa du 06 février 2009
    ENS, 45 rue d'Ulm - Amphithéâtre Rataud
    organisée par Régis Missire
     
    Alors que la syntaxe du français parlé fait depuis de nombreuses années 
    l'objet de descriptions avancées, la question d'une "sémantique de 
    l'oral" reste peu explorée : si d'un côté l'abstraction des conditions 
    effectives de réalisation de la parole est en effet constitutive pour 
    la sémantique lexicale, la sémantique textuelle a de son côté 
    notoirement privilégié l'élaboration de ses modèles à partir de textes 
    écrits. De fait, c'est bien dans les travaux des spécialistes du 
    français parlé que l'on observe des intérêts variés pour les questions 
    d'ordre sémantique en relation avec l'oral : outre les descriptions que 
    les intonologues ont de longue date consacré aux valeurs sémantiques 
    des contours prosodiques, on peut également mentionner la Grammaire de 
    l'intonation (1998) de Laurent Danon-Boileau et Mary-Annick Morel qui, 
    dans une problématique énonciative, a de fait intégré à son modèle une 
    composante sémantique (cf. p. ex. la conception onomasiologique des 
    constituants du "préambule") ou encore les analyses des reformulations 
    et hésitations caractéristiques de l'oral spontané de Claire Blanche-
    Benveniste, qui souligne les aspects dynamiques de la composition 
    sémantique de l'oral (2005). Diversement abordées en intonologie, dans 
    les études énonciatives ou en syntaxe, ces questions sont ainsi restées 
    pour l'essentiel étrangères aux préoccupations des sémanticiens. Or une 
    sémantique prenant pour objet les modalités d'assignation du sens aux 
    suites linguistiques peut éclairer le fonctionnement de l'oral
    spontané, et s'enrichir de sa description. Parmi les points de
    rencontre entre sémantique et oral, on peut évoquer, notamment, les 
    points suivants :
     
    * Sémantisation du prosodique / prosodisation du contenu : si la 
    prosodie module le flux expressif et établit des rapports figure / fond 
    entre les composants de l'énoncé et les domaines ou entités auxquelles 
    elles renvoient (par exemple le fonctionnement des contours prosodiques 
    de thématisation comme détachant une partie de l'énoncé en lui donnant 
    une saillance de figure (Lacheret, François, 2004), certains
    sémanticiens ont développé complémentairement une conception prosodique 
    du sens (cf. par exemple le concept de prosodie sémantique (Louw, 
    1993), ou appréhender le plan du contenu dans des modèles continuistes 
    de type reconnaissance de formes (hypothèse de la perception 
    sémantique, Rastier 1991). Les approches gestaltistes en sémantique 
    (Cadiot, Visetti, 2001) permettent notamment de traiter sur un mode 
    continu (l'isotopie par exemple) les phénomènes segmentaux : ainsi, en 
    considérant la variété d'empan syntagmatique au long duquel les formes 
    sémantiques peuvent être lexicalisées, du plus compact au plus 
    décumulé, devient-il possible de reprendre la question des relations 
    entre phases amalgamées et décondensées du discours à tous les paliers 
    de l'analyse.
     
    * Énonciation et reformulation : le locuteur est son premier
    interprète, et la profération linguistique n'est pas la simple 
    actualisation d'un à-dire conceptuel selon une planification linéaire, 
    mais également une détermination régressive de ce à-dire par 
    approximations et reprises successives, c'est-à-dire par négation du 
    déjà-dit. Reformulations, modifications, hésitations, etc. sont ainsi 
    pour la sémantique un observatoire sur les cours d'action que 
    constituent l'énonciation et l'interprétation, et un accès privilégié à 
    la pensée qui s'élabore et se précise dans le temps même de sa 
    formulation. 
     
    * Production spontanée et phases de l'oral : Il importe également de 
    décrire les régularités sémantiques corrélées aux types d'interaction 
    et de contexte dans lesquelles les données orales sont recueillies 
    (discussions à baton rompu, phases cursives plus longues (récit, 
    témoignage), etc.) dans la perspective d'une poétique des genres de 
    l'oral, et au-delà des caractéristiques des textualités de l'oral.
     
    En confrontant spécialistes de l'oral -auxquels on a demandé de centrer 
    leur intervention sur des questions de sémantique- et sémanticiens 
    -auxquels on a demandé de travailler sur des données orales-, cette 
    journée d'étude se propose de faire un point sur cette problématique, 
    et susciter des rencontres entre chercheurs appartenant à des champs 
    qui se croisent peu. 
     
     
    Communications :
     
    Claire Blanche-Benveniste
      À propos des interprétations sémantiques des reformulations
     
    Simon Bouquet
      Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral 
     
    Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
      Schématisation discursive et schématisation intonative :
      question de "genre" ?
     
    Bill Louw
      La prosodie sémantique : miroir de la variation contextuelle,
      à l'écrit comme à l'oral
     
    Régis Missire, Catherine Rouayrenc
      Sémantique du préambule :
      descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
     
    Mary-Annick Morel 
      Mouvements du regard, des mains et de la mélodie : coénonciation, 
      colocution et gestion du sens dans le dialogue en français.
     
    NB : les horaires détaillés de la journée seront communiqués 
    ultérieurement.
                __________________
     
    Claire Blanche-Benveniste
      Professeur émerite, Université de Provence / EPHE
     
        À propos des interprétations sémantiques des reformulations
     
    Les phénomènes nommés "reformulations" -ou "bribes" [1], "ratés", 
    "réparations", "disfluences"- sont présentés comme des caractéristiques 
    de l'oral spontané. Dans les cas les plus nets, comme en (1), la 
    plupart des analyses identifient une "erreur", 'quatre ans', un 
    "indicateur" d'erreur 'pardon', et la "réparation" de l'erreur, 'trois 
    ans' (en anglais "reparandum", "editor" et "repair" [2]) :
     
    (1) cela fait quatre ans que je pardon trois ans que je travaille à la 
        salle
     
    Pendant toute une période, ces phénomènes ont été étudiés en français 
    surtout pour leur intérêt pragmatique : nombreuses reformulations dans 
    les interactions, relations des locuteurs à leurs énoncés, traces de la 
    planification des discours, etc.  Du point de vue de la grammaire de la 
    langue, ils étaient généralement vus négativement, comme s'ils 
    témoignaient que les locuteurs ne pouvaient pas en temps réel répondre 
    à toutes les contraintes que leur imposerait la grammaire. Pour en 
    rendre compte, disaient Apothéloz et Zay (1999), il valait mieux 
    "s'affranchir de certaines attentes morphosyntaxiques". Ces phénomènes 
    semblaient avoir peu d'intérêt sémantique [3]. Depuis les années 2000, 
    ils intéressent les traitements automatiques du langage cherchant des 
    modèles d'analyse (parsers) capables de décrire les productions orales 
    spontanées. Du coup, il est question de créer des parsers qui seraient 
    aussi efficaces que les humains dans le traitement de ces "réparations" 
    (Ferreira & Bailey 2004 ; Heeman, McMillin & Yaruss 2006) et ces 
    phénomènes sont interprétés dans des perspectives différentes de celles 
    de l'erreur et plus orientées vers les mécanismes cognitifs.
     
    Je voudrais proposer quelques pistes d'interprétation sémantique pour 
    certains types de reformulations en forme de listes énumératives 
    (entassements, piles [4]), qui ont une structure proche de celle des 
    coordinations. En ce cas, ce qui a souvent gêné l'analyse c'est la 
    difficulté à leur trouver un statut syntaxique satisfaisant, à traiter 
    du caractère intentionnel ou non de leur production et à leur fournir 
    un sens autre que celui de l'erreur. Pour décrire ces formulations, je 
    ferai l'hypothèse qu'il ne s'agit pas de la difficulté à trouver une 
    bonne dénomination pour un référent qui existerait préalablement à sa 
    désignation mais qu'il s'agit très souvent de construire un référent et 
    de le construire à travers des approximations successives, sans que le 
    référent soit toujours réellement accessible par l'auditeur.
     
    (2) c'est une sorte de comment dire pas peut-être une insulte mais un 
        mot pour désigner quelqu'un
     
    Le rapprochement qui me semble éclairant, dans ce domaine, est celui 
    qu'on peut faire avec des formes de littérature contemporaine (Michaux, 
    Ponge, Pinget, Claude Simon), qui ont précisément orienté toute leur 
    oeuvre vers cette difficulté à constituer des référents.
     
    Références bibliographiques
     
    APOTHELOZ, D. et ZAY, F., 1999, "Incidents de la programmation 
      syntaxique : reformulations micro et macro-syntaxiques", Cahiers de 
      Linguistique française n°21, 11-34.
    BERRENDONNER, Alain, 1990, "Pour une macro-syntaxe", Travaux de 
      linguistique n° 21, 25-36.
    BIKIALO, Stéphane, 2000, "La reformulation créative dans Le palace de 
      Claude Simon : détournement de la reformulation et déroute de la
      nomination", Semen, 12, Répétition, altération, reformulation dans 
      les textes et discours, 2000, [En ligne], mis en ligne le 4 mai 2007. 
      URL : http://semen.revues.org/document1874.html. Consulté le 25 
      juillet 2008. 
    BLANCHE-BENVENISTE, Claire, 1987, "Syntaxe, choix de lexique et lieux 
      de bafouillage", DRLAV n° 36-37, Dialogues. Du marivaudage à la 
      machine, 123-157.
    BLANCHE-BENVENISTE, Claire, 2003, "La naissance des syntagmes dans les 
      hésitations et les répétitions du parler", in Le sens et la mesure. 
      De la pragmatique à la métrique. Hommages à Benoît de Cornulier. 
      Paris: Champion, 153-169.
    BLANCHE-BENVENISTE, Claire, 2004, "Les aspects dynamiques de la 
      composition sémantique de l'oral", in A. CONDAMINE (dir.), Sémantique 
      et corpus. Paris: Lavoisier, 40-73.
    BLANCHE-BENVENISTE, Claire 2005, "L'étude grammaticale des corpus de 
      langue parlée en français", Geoffrey WILLIAMS (éd.), La linguistique 
      de Corpus. Presses Universitaires de Rennes, 47-66.
    BLANCHE-BENVENISTE, Claire et  WILLEMS, Dominique, 2007, "Nouveaux 
      regards sur les verbes faibles", Bulletin de la Société de 
      Linguistique de Paris, 
    BOURAOUI, J.L. et VIGOUROUX, N, (IRIT), "Etude des dysfluences dans un 
      corpus linguistiquement contrasté" (bouraoui,vigouroux@irit.fr).
    CLARK, Eve, V., 1997, "Speaker perspective an reference in young 
      children", First Language, 17-31, 57-74. 
    DEHE, N. & KAVALOVA, Y., (eds.), 2007, Parentheticals. Amsterdam: 
      Benjamins.
    FERREIRA F. & K.G.D. BAILEY, 2004, "Disfluencies and Human Language 
      comprehension", Trends in Cognitive Sciences, vol.8, n° 5, 231-237.
    FEYEREISEN, Pierre, 1984, "How do aphasic patients differ in sentence 
      productions ?", Linguistics 22-5: 687-710.
    FORGET, D., 2000, "Les insertions parenthétiques", Revue Québécoise de 
      linguistique, 28/2, 15-28.
    FOX, B.A. and JASPERSON, R., 1996, "A syntactic exploration of repair 
      in conversation", in DAVIS, P. (ed.), Descriptive and theoretical 
      Modes in the alternative linguistics. Amsterdam : Benjamins.
    FOX, B.A., HAYASHI, M. & JASPERSON, R., 1996, "Resources and repairs : 
      A cross-linguistic study of Syntax and Repair", in OCHS, E, 
      SCHEGLOFF, A. & THOMPSON, S. A., Interaction and Grammar. Cambridge: 
      Cambridge University Press.
    GERDES, Kim & KAHANE, Sylvain, (submitted), "Speaking in Piles.
      Paradigmatic Annotation of a French Spoken Corpus".
    HEEMAN Peter, A., McMILLIN, Andy & J. Scott YARUSS, 2006, "An 
      Annotation Scheme for Complex Disfluence", Interspeech 2006- ICSLP, 
      Ninth International Conference on Spoken Language Processing, Paper 
      1859.
    MOREL, Mary-Annick, 2007, "La reformulation dans le dialogue finalisé 
      en français", in M. KARA (éd.), Usages et analyses de la 
      reformulation, Recherches Linguistiques N° 29 : Metz.
    MOURET, François, 2007, "Les coordinations de séquences de compléments 
      en français" (On line)
    NOREN, Coco, 1999, Reformulation et conversation. De la sémantique du 
      topos aux fonctions interactionnelles. Uppsala: A1cta Universitatis 
      Upsaliensis.
    PISANI, D.B.  and  REMEZ  R.E. (eds.), 2005, The Handbook of Speech 
      Perception, 708 p. Oxford: Blackwell.
    RIEGEL, Martin et TAMBA, Irène , 1987 (dir.), Langue française 73: la 
      reformulation du sens dans les discours. 
    ZAY, Françoise, 1995, "Note sur l'interprétation des expressions 
      référentielles dans les parenthèses", Travaux Neuchâtelois de 
      Linguistique 23, 203-223.
     
    Notes
     
    [1] "Bribe" était le terme choisi par l'équipe du GARS pour éviter un 
    jugement de valeur dans la terminologie (Blanche-Benveniste et Jeanjean 
    1985).
    [2] Terminologie explicitée par exemple dans Ferreira & Bailey 2004, 
    Heeman, McMillin & Yaruss 2006.
    [3] J'ai tenté à plusieurs reprises de rendre compte des processus 
    dynamiques de constitution du sens, révélés par les bribes 
    (Blanche-Benveniste 2003, 2005).
    [4] "Piles" est le terme choisi par S. Kahane et K. Gerdes dans un 
    article à paraître.
                __________________
     
    Simon Bouquet
      Université Paris X Nanterre
     
        Le programme néosaussurien et la sémantique de l'oral 
     
    Divisée entre des approches logico-grammaticales se réclamant souvent 
    d'un "cognitivisme" hégémonique et des approches herméneutiques
    dispersées -les premières comme les secondes souffrant d'un déficit de 
    réflexion proprement générale-, on peut tenir que la linguistique est 
    aujourd'hui, à cet égard, une discipline en crise. Dans cette
    conjoncture, tenter de clarifier de possibles bases épistémologiques 
    communes à de champs de recherche multiples apparaît comme une tâche 
    salutaire.
     
    A cette fin, une hypothèse mérite d'être examinée : la vision de 
    Saussure pourrait, une nouvelle fois dans l'histoire des sciences 
    humaines, jouer un rôle fondateur quant à une telle clarification 
    épistémologique.  En effet, le manuscrit De l'essence double du 
    langage, retrouvé en 1996 et publié en 2002 (Ecrits de linguistique 
    générale, Paris, Gallimard), n'a pas seulement permis de relire 
    l'ensemble du corpus des textes originaux saussuriens et d'apprécier 
    combien ceux-ci sont incommensurables au Cours de linguistique
    générale ; il peut également être considéré comme l'esquisse,
    consistante et originale, de principes épistémologiques propres à 
    définir une science du langage unifiant linguistique de la langue et 
    linguistique de la parole.
     
    Ces principes épistémologiques -qu'on qualifiera de néosaussuriens pour 
    les différencier de ceux reçus du Cours- se laissent développer dans 
    les quelques propositions suivantes :
     
    1. la description du langage par une science dite linguistique peut 
    être conçue comme articulant inséparablement deux domaines d'analyse : 
    celui de la langue et celui de la parole -ou du discours ("Sémiologie = 
    morphologie, grammaire, syntaxe, synonymie, rhétorique, stylistique, 
    lexicologie etc., le tout étant inséparable", ELG, p. 45) ;
     
    2. cette linguistique duelle est concevable, essentiellement, sur la 
    base de deux principes généraux -le principe de sémioticité et le 
    principe de différentialité- posés comme transversaux à ses deux 
    domaines :
    2.1. le principe de sémioticité postule un objet homogène pour la 
    linguistique de la langue : l'objet "signe" ; celui-ci ressortit à 
    trois sphères de "signes locaux" -dont les unités irréductibles sont 
    respectivement : le phonème, le morphème, la position syntaxique-, ces 
    unités sémiotiques se composant dans des plexus sémiotiques, à la fois 
    par une articulation interne à leurs trois sphères et par la triple 
    articulation de ces sphères entre elles ; selon le principe de 
    sémioticité étendu à la linguistique de la parole, cette dernière a 
    affaire à des "signifiés globaux" qui (a) s'étendent à la totalité 
    d'une séquence de parole analysée, (b) peuvent être regardés comme 
    composant eux-mêmes des unités et des plexus, (c) déterminent 
    l'interprétation des signes locaux de la langue ;
    2.2. le principe de différentialité pose que les signifiés de langue et 
    des signifiés de parole peuvent être décrits par une notation (une 
    "littéralisation") strictement différentielle -en d'autres termes : par 
    une algèbre répondant exclusivement des relations systémiques des 
    objets posés comme "signes" par le principe de sémioticité ;
     
    3. concevoir que l'analyse des signifiés de langue et des signifiés de 
    parole est inséparable -et, d'autre part, que ces deux types de 
    signifiés peuvent faire l'objet d'une littéralisation différentielle- 
    revient à postuler une quadruple articulation du langage, dont rend 
    compte, crucialement, l'écriture de "lois de corrélation" régissant la 
    détermination des signifiés locaux de la langue par les signifiés 
    globaux de la parole.
     
    Après avoir précisé les grands traits de cette perspective
    épistémologique, on l'illustrera par une application à la "sémantique 
    de l'oral", en examinant comment une "grammaire de langue"
    différentielle des pronoms personnels français se laisse articuler à 
    une "grammaire de parole" différentielle, pour rendre compte de 
    l'intégralité des emplois possible desdits pronoms personnels. 
                __________________
     
    Anne Lacheret, Mathieu Avanzi, Bernard Victorri
      Laboratoire MODYCO, Université de Nanterre, Paris Ouest, France
      Université de Neuchâtel, Suisse
      ENS, CNRS, Lattice, Paris
     
        Schématisation discursive et schématisation intonative :
        question de "genre" ?
     
    Cette communication s'ancre sur les concepts d'espace scénique et de 
    géométrie intonative que nous travaillons dans une approche 
    contextualisée de la prosodie, fondée sur l'hypothèse majeure 
    "qu'énoncer, c'est construire un espace, orienter, déterminer, établir 
    un réseau de valeurs référentielles, bref un système de repérage." 
    (Culioli 1999). 
     
    Jusqu'à présent, nous nous sommes appuyés principalement sur des 
    discours narratifs (récits de vie en situation radiophonique) pour 
    sonder cette hypothèse (Lacheret & al. 1998, Lacheret 2003). Il s'agit 
    ici d'explorer un tout autre type de données, ou autre genre : des 
    séquences explicatives extraites de corpus d'itinéraires, dont les 
    premiers fondements d'analyse intonative sont présentés dans Lacheret & 
    al. (2007) [1]. Deux modes de représentation sont ici en jeu : spatiale 
    (évocation de lieux) et procédurale (déplacement). Autrement dit, un 
    parcours dans l'espace peut être analysé de manière schématique comme 
    un but à atteindre, le point d'arrivée, composé d'un ensemble de 
    sous-buts, ou étapes intermédiaires au trajet. Le déplacement entre le 
    point de départ et le point d'arrivée est considéré comme un trajet 
    global et le déplacement entre deux étapes intermédiaires est vu comme 
    un trajet élémentaire. L'objectif est de montrer comment l'organisation 
    prosodique de ce type de discours relève de deux processus centraux : 
    segmentation discursive et mise en saillance d'éléments, tous deux 
    associés à l'empaquetage conceptuel en cours. En d'autres termes, les 
    schémas prosodiques renseignent sur la représentation cognitive de 
    l'énonciateur relativement à ces différents types de trajets et sur la 
    façon dont il donne à voir l'objet de discours. En conséquence, elle 
    nous permet de poser des hypothèses précises sur les indices perceptifs 
    utilisables par le co-énonciateur pour s'approprier cette 
    représentation.
     
    En pratique, il s'agit de défendre une méthode d'analyse inductive et 
    interprétative de la dynamique des constructions prosodiques. Cette 
    approche repose sur l'analyse d'un jeu d'indices acoustiques précis et 
    quantifiés (application d'un principe de quantité pour le repérage de 
    proéminences et de frontières prosodiques de rang variable). 
     
    L'hypothèse du principe de quantité et l'analyse qui en découle 
    conduisent à la mise au jour de la représentation cognitive de l'espace 
    à manipuler et à l'interprétation linguistique de ses différentes 
    modalités de construction : évocation d'entités et saillance relative 
    de ces entités, liage ou ruptures entre entités et relations de 
    contraste ou de symétrie associées, marquage graduel des points de 
    jonction et transitions, mais aussi parfois relations conflictuelles 
    entre différents repères inhérentes à la planification spontanée du 
    discours [2].
     
    Références Bibliographiques
     
    Berrendonner A. & al. (à par.) : Grammaire de la période.
    Culioli A. (1999) : Sur quelques contradictions en linguistique. Pour 
      une linguistique de l'énonciation, 2, Ophrys.
    Fauconnier G., Sweetser E. (1996) : Spaces, Worlds and Grammar, The 
      University of Chicago Press. 1996.
    Lacheret-Dujour A., Ploux S., Victorri B. (1998) : "Intonation et 
      thématisation en français parlé", Cahiers de Praxématique, 30,
      C. Fuchs & Ch. Marchello-Nizia (éd.), 89-111.
    Lacheret (2003) : La prosodie des circonstants, Louvain, Peeters
    Lacheret A., Victorri B., Avanzi M. (2007) : "La mise en scène 
      intonative dans la description d'itinéraires en milieu urbain", in 
      Structuration grammaticale et structuration discursive, Tranel, 47, 
      79-102.
    Victorri B, Fuchs C. (1996) :  La Polysémie. Paris, Hermès, 1996.
     
    Notes
     
    [1] Certes, ce types de données conforte merveilleusement bien une 
    certaine façon de travailler en sémantique qui repose sur une 
    conception spatiale des représentations cognitives (Fauconnier & 
    Sweetser 1996, Victorri & Fuchs 1996). Néanmoins, si nous considérons 
    que l'opération de repérage constitue un processus inhérent au 
    fonctionnement discursif en général (repérage spatial ici, temporel là, 
    modal ailleurs), il est possible de faire émerger des principes 
    d'organisation prosodique génériques qui, par delà la variation de 
    genres, reflètent la dynamique des constructions discursives et 
    praxéologiques (mise en saillance d'unités, empaquetage) et sont 
    déclencheurs d'effets interprétatifs précis.
    [2] Voir les concepts de "schémas d'action" : <action-confirmation> vs. 
    <action-réfection> travaillés dans le cadre de la Grammaire de la 
    période (Berrendonner & al., à par.)
                __________________
     
    Bill Louw
      University of Zimbabwe
     
        Semantic prosody: mirroring contextual variation
        in oral and written language.
     
    (texte inédit présenté par Carmela Château, Université de Bourgogne)
     
    The term 'prosody' has always implied a predisposition for the spoken 
    word rather than its written counterpart (Cudden, 1979: 537; Abrams, 
    1971:139). Even Grice (1978: 124) supposes that irony will be 
    instantiated as a form of tone of voice. Recourse to a specialized 
    treatment of the relevant linguistic terms (Crystal, 1975) offers 
    little help: definitions for paralanguage or paralinguistic features 
    are redolent with the idea that voice gesture is involved in many 
    aspects of their realisation. However, very few scholars have 
    questioned the issue of tone to the point of asserting that the nuances 
    of meaning inherent in phenomena such as irony might be recoverable 
    within the fabric of the language itself, rather than merely within its 
    suprasegmental features, or even its grammatical and structural 
    elements. The key to taking this inquiry further lies in pursuing the 
    analogy provided by 'gesture' by means of probabilistic, predictive and 
    computational models that relate the co-occurrence of linguistic forms 
    to the situational and cultural contexts that generate them (see 
    Sinclair's (2006) pamphlet entitled Phrasebite). Empirical 
    respectability for doing this resides in the use of large corpora of 
    natural language, such as the Bank of English and the British National 
    Corpus. One example of this type of model, based upon Breal's notion of 
    meaning by contagion, is to be found in Louw's (1993) widely-quoted 
    article that establishes binarity of choice for all breaches of a 
    semantic prosody: irony or insincerity. This study and its widely 
    ignored further proof (Louw, 2000) by means of the automation of 
    Firthian (1957) assertions and Sinclairean amplification (1991) make 
    the case not only for the fact that exceptions to a semantic prosody 
    (Louw, 1993) are scientifically recoverable, but that the binary 
    distinction operates at levels of empirical reliability that are 
    self-verificatory (Louw, 2003) of the scientific rigour underpinning 
    semantic prosody. This fact frees earlier investigations from their 
    reliance upon the limited range of intuitively-derived examples or 
    poorly recorded voice recordings that are often produced to establish 
    claims made for a tone-of-voice model. Collocation alone is capable of 
    settling the matter as to how precisely context and culture imprint 
    themselves upon the fabric of language through newly discovered forms 
    of markedness (Enkvist, 1973; Louw, 2003, 2007; 2008). These forms of 
    markedness (delexicalisation and relexicalisation) (Sinclair, 2004: 
    181) are themselves the product of (1) Firth's (1957) assertion, proved 
    by Sinclair in the OSTI Report (Krishnamurthy, 2004) that collocation 
    is not a syntactic phenomenon, but 'abstracted' from syntax, (see 
    Halliday, 1966, contra) and (2) that all literary and humorous devices 
    have in common the phenomenon of relexicalisation (Louw, 2008). The net 
    result of this corpus-based approach to meaning is that voice and 
    gesture theories may now be abandoned in favour, not of syntactic 
    methods, but of methods that have opened for inspection the contexts of 
    culture and situation. These operate at the high level of abstractness 
    assigned to collocation by Firth (1957), in conjunction with Malinowski 
    (1935), Sinclair (2006) and Louw (2007; 2008) for collocation as 
    instrumentation for language and by Louw (2008) using the work of 
    Wittgenstein (1922) and Frege (1884) to determine the segmentation or 
    chunking (see also Sinclair and Maurenen, 2006) of contexts rather than 
    co-texts, and of Carnap (1928) and Russell (1947) to determine the 
    nature of events and their recoverability using computational means.
     
    Références bibliographiques :
     
    Abrams, M.H. (1971) A Glossary of Literary Terms. New York: HRW.
    Breal, M. (1897) Essai de semantique. Hachette: Paris.
    Carnap, R. (1928). Der Logische Aufbau der Welt. Berlin-Schlagtensee: 
      Weltkreis-Verlag.
    Crystal, D. (1975) The English Tone of Voice: Essays on Intonation, 
      Prosody and Paralanguage. London: Edward Arnold.
    Cudden, J.A. (1979) A Dictionary of Literary Terms. Harmondsworth: 
      Penguin.
    Enkvist, N.E. (1973). Linguistic Stylistics. The Hague: Mouton.
    Firth, J.R. (1957). Papers in Linguistics 1934-1951. Oxford: OUP
    Frege, G. (1884). The Foundations of Arithmetic: A Logico-Mathematical 
      Enquiry into the Concept of Number, translation (1974) by 
      J.L. Austin. Oxford: Blackwell.
    Grice, H.P. ((1978) 'Further notes on logic and conversation'. In 
      P. Cole (ed.). Syntax and Semantics, Vol. 9. London: Academic Press.
    Halliday, M.A.K. (1966) 'Lexis as a linguistic level.' In C. Bazell, 
      (Ed.) In Memory of J.R. Firth. London: Longman.
    Krishnamurthy, R. (2004). English Collocation Studies : The OSTI 
      Report. London: Continuum.
    Louw, W.E. 1993. Irony in the text or insincerity in the writer? The 
      diagnostic potential of semantic prosodies. In M. Baker et al (Eds.) 
      Text and Technology: In Honour of John Sinclair. Amsterdam: John 
      Benjamins.
    Louw, W.E. 2000. Contextual Prosodic Theory: Bringing Semantic 
      Prosodies to Life. In C.Heffer and H. Sauntson (Eds.) Words in 
      Context. In Honour of John Sinclair. Birmingham: ELR.
    Louw, W.E. 2003. Dressing up waiver: a stochastic-collocational reading 
      of the Truth and Reconciliation Commission (TRC), Harare: mimeo, also 
      available in the Occasional Papers dei Quaderni del CeSLIC at 
      http://www.lingue.unibo.it/ceslic/e_occ_papers.htm
    Louw, W.E. 2007a. Truth, literary worlds and devices as collocation. 
      Closing Keynote presentation at TaLC6 on 7th July 2004. In Hidalgo, 
      E., Quereda, L., and Santana, J. Proceedings of the Sixth Conference 
      on Teaching and Language Corpora. Amsterdam: Rodopi.
    Louw, W.E. 2008a 'Consolidating empirical method in data-assisted 
      stylistics: towards a corpus-attested glossary of literary terms.' In 
      Viana,D. and Zyngier, S. Eds. Directions in Empirical Literary 
      Studies. In Honour of Willie van Peer. Amsterdam: John Benjamins.
    Malinowski, B. 1935. Coral Gardens and their Magic. London: Allen and 
      Unwin.
    Russell, B. 1947. Human Knowledge: Its Scope and Limitations. London: 
      Routledge.
    Sinclair, J.M. 1991. Corpus, Concordance, Collocation. Oxford: OUP.
    Sinclair, J.M. 2004. Trust the Text. London: Routledge.
    Sinclair, J.M. 2006. Phrasebite. Pescia: TWC.
    Sinclair, J.M. and Maurenen, A. 2006. Linear Unit Grammar: Integrating 
      speech and writing. Amsterdam: John Benjamins.
    Wittgenstein, L. 1922. Tractatus Logico-Philosophicus. Trans. 
      D.F. Pears and D.F. McGuiness, 1960. London: Routledge and Kegan 
      Paul. 
                __________________
     
    Régis Missire, Catherine Rouayrenc
      CPST - Université Toulouse 2 / ITEM - CNRS
      CPST - Université Toulouse 2
     
        Sémantique du préambule :
        descriptions de la périphérie gauche de l'énoncé oral spontané
     
    Rompant avec une conception trop partiellement formulée en termes de 
    détachement ou de dislocation des arguments verbaux, Morel et
    Danon-Boileau ont proposé dans leur étude du français parlé (1998) des 
    descriptions renouvelées de la périphérie gauche de l'énoncé oral 
    spontané. Ce qu'ils ont appelé préambule serait ainsi justiciable d'une 
    analyse tout à la fois intonative et segmentale, dont la forme 
    maximalement décumulée consisterait en une suite ordonnée de 
    constituants opposables par leur position et leur fonction, énonciative 
    ou argumentale, selon le modèle général :
     
      Préambule = ligateur + point de vue + modus dissocié + cadre + 
      support lexical disjoint
     
    Clairement onomasiologique (chacune des positions de ces séquences 
    pouvant être occupée par des unités linguistiques de nature et de 
    longueur variable), cette perspective théorique revêt, à côté d'une 
    dimension formelle liée à la position relative des segments, un 
    caractère interprétatif s'agissant de l'assignation de telle fonction à 
    telle partie du préambule. C'est à détailler la distribution entre 
    paramètres sémantique et syntaxique (i.e. positionnel) que nous 
    souhaitons consacrer cette communication, en nous attachant en 
    particulier :
     
    (i) à décrire les modalités de "conflit" entre contraintes
    positionnelle et sémantique : par exemple, alors que certaines 
    particules énonciatives manifestent préférentiellement telle dimension 
    sémantique, que se passe-t-il quand elles apparaîssent dans une 
    position non canonique ? sont-elles tendanciellement recatégorisées, ou 
    bien la prescriptivité de cet ordre canonique souffre-t-elle des 
    aménagements ? On montrera notamment qu'il convient de distinguer au 
    moins deux grands types de parcours thématiques dans le préambule en 
    fonction de la position du support lexical disjoint.
     
    (ii) à étudier les façons dont les catégories locutoires s'instancient, 
    en prêtant notamment attention aux différents jeux de décumul ou d
    'amalgame de ces catégories, pour lesquels on proposera une typologie 
    (on distinguera par exemple le figement linguistique de segments 
    solidarisant plusieurs de ces dimensions (p.ex : "je sais pas mais") et 
    l'indifférenciation entre certaines de ces catégories (p. ex certains 
    emplois de "moi" qui peuvent être tout à la fois point de vue, cadre ou 
    support disjoint). 
     
    Références bibliographiques :
     
    Icart-Séguy, H., (1976), Dialogue de femmes, documents et archives pour 
      la recherche sociolinguistique, Université de Toulouse II.
    Blanche-Benveniste, C, Rouget, C., Sabio F., (2002), Choix de textes de 
      français parlé, Honoré Champion, Paris.
    Blanche-Benveniste, C et alii, (1990), Le français parlé. Études 
      grammaticales, Paris, CNRS.
    Morel M.-A., Danon-Boileau, L., (1998), Grammaire de l'intonation. 
      L'exemple du français oral, Ophrys.
                __________________
     
    Mary-Annick Morel
      Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (EA 1483)
     
        Mouvements du regard, des mains et de la mélodie : 
        coénonciation, colocution et gestion du sens 
        dans le dialogue en français.
     
    La présentation repose sur l'analyse de plusieurs corpus de dialogues 
    enregistrés en audio et en vidéo. Il s'agit d'analyser les 
    cooccurrences d'indices (direction du regard, variations de la mélodie, 
    éventuellement geste de(s) main(s)) accompagnant la gestion du sens par 
    le parleur et les anticipations coénonciatives que ces indices 
    manifestent. Il s'agit également de prendre en compte les productions 
    sonores ou gestuelles de l'écouteur (celui auquel les propos sont 
    adressés) et de proposer des hypothèses plus précises sur son temps de 
    réaction, et sur la nature des indices qui traduisent l'interprétation 
    des anticipations faites par le parleur, du côté de l'écouteur.
     
    Références bibliographiques
     
    Bouvet D., La dimension corporelle de la parole. Les marque 
      posturo-mimo-gestuelles de la parole, leurs aspects métonymiques et 
      métaphoriques, et leur rôle au cours d'un récit, Paris, Peeters, 
      Société de Linguistique de Paris, Coll. Ling. LXXXI,  2001.
    Bouvet D. & Morel M.-A., Le ballet et la musique de la parole. Geste et 
      intonation dans le dialogue oral en français, Paris-Gap, Ophrys, 2002.
    Candea M. et Sender J.-G., Prosodie et indices gestuels, quelle place 
      dans la grammaire de l'oral ? L'exemple des pauses, Travaux 
      Linguistiques du CERLICO n°21, 2008 : 95-105.
    Hascoet N., Le geste et l'intonation à l'oral spontané : une étude de 
      cas. Doctorat de l'Université de Paris 5 - René Descartes, dir. 
      Laurent Danon-Boileau, 2005.
    Kendon A., Gesture. Visible Action as Utterance, Cambridge University 
      Press, 2004. 
    McNeill D. & Duncan S.D., Growth points in thinking for speaking, in 
      McNeill D. (ed.), Language and gesture, Cambridge University Press, 
      2000: 141-161.
    Magro E.-P., Disfluency markers and their facial and gestural 
      correlates. Preliminary observations on a dialogue in french, in 
      Proceedings of DISS'05, Disfluency in spontaneous speech Workshop, 
      10-12 septembre 2005, Aix-en-Provence: 127-131.
    Morel M.-A. & Danon-Boileau L., Grammaire de l'intonation. L'exemple du 
      français oral, Paris-Gap, Ophrys, 1998.
    Morel M.-A., La reformulation dans le dialogue finalisé en français. 
      Propriétés intonatives et mimico-gestuelles, in "Usages et analyses 
      de la reformulation", M. Kara dir., Recherches linguistiques n°29, 
      2007 : 123-144. 
    Tabensky A., La prise en compte de l'autre. Geste et parole dans 
      l'interaction, Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, tome 
      XCVI-2001, fasc.1, Louvain, Peeters : 227-240.
     
    555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555555
  • SdT vol.15 n.1