Résumé : Cet article analyse les expressions qu'a connues le système idéologique indo-européen dans la très longue durée des sociétés occidentales, en s'appuyant sur la grille à six cases formées par le dédoublement de chacune des trois fonctions (souveraineté, force, production) en deux aspects opposés et complémentaires, séparés par un critère commun en aspects "donnés par le divin" vs aspects "construits par l'humain". Passant d'un équilibre "donné par le divin" dans la royauté mycénienne des XVIe-XIIe siècles avant notre ère à un équilibre "construit par l'humain" dans l'Athènes classique, ce système connaît ensuite des équilibres moins purement contrastés. Sous les Carolingiens, c'est un équilibre "donné par le divin" qui domine, sans être totalement exempt de traits propres à un équilibre "construit par l'humain", alors que c'est l'inverse qui prévaut après la mutation féodale des XIe-XIIIe siècles. Du XIIIe siècle jusqu'au dernier quart du XXe siècle, ce sont ainsi les aspects "construits par l'humain" qui s'imposent toujours davantage au détriment des aspects "donnés par le divin", bien que ces derniers ne se voient jamais totalement éliminés des formes symboliques et institutionnelles de l'Occident. Depuis un gros quart de siècle, la remontée en puissance d'aspects "donnés par le divin" dans nos sociétés amène à s'interroger sur le caractère d'invariance que présenterait dès lors la forme symbolique constituée par le système idéologique indo-européen dans le monde occidental.