Résumé : La question du sujet, centrale en philosophie, est évidemment affectée par la reconnaissance, enfin établie du point de vue même de la philosophie, de sa nature fondamentalement langagière. Une analyse des formalisations possibles de la prise en charge des énoncés par leurs énonciateurs, acte langagier primordial, confirme ce fait en suggérant le déplacement de la question, de l’entité énonçante à celle des modalités de la constitution de ses énoncés. En découle une conception du sujet à réécrire en termes de latence, conception qu’il est intéressant de comparer à certains développements actuels de l’intelligence artificielle. La réponse cherchée est alors facilitée par la mise en évidence d’une perception corporelle (par là spécifiquement humaine et hors d’atteinte des capacités de simulation) de la vérité, mobilisant autant l’émotionnel que le rationnel. En évoquant alors le concept de « chair », proposé par Merleau-Ponty dans son ultime contribution, on peut envisager « une caractérisation en attente du sujet », liée par nature à l’émergence dans les corpus de références de textes de plus en plus vrais. Autrement dit, l’inspiration à l’œuvre dans l’humanisation de l’espèce, pourrait constituer la pierre angulaire d’une future « métatextologie ».
Abstract : The question of « subjective source », central in philosophy, is naturally affected by the recognition –at long last–, even in philosophical pondering, of its fundamentally textual dimension. The analysis of the various formalisations accounting for the endorsement of utterances by their speakers substantiates this by suggesting a new approach to the problem replacing the « speaker » by the « conditions presiding over the elaboration of the utterance ». This leads to a new conception of the subjective source better described as a latent subjective source, a view supported by recent development in Artificial Intelligence. The answer is facilitated by the uncovering of the corporeal (hence specifically human) perception of truth, both through reason and emotions. In reference to Merleau-Ponty's « Body », we could propose a « provisional characterisation of the subjective source », bound by nature to the emergence of reference texts ever closer to the ever eluding truth. In other words, the development of textual corpora, possibly the principle prevalent in the humanization of the species, could be regarded as the cornerstone of a future « metatextology ».