Résumé : Les réflexions proposées dans cette étude s'inscrivent dans le cadre de la conception morphosémantique du texte et de l'hypothèse de la perception sémantique élaborées par Rastier, qui articulent points de vue sémiotique et perceptif sur le langage. Nous prolongeons ici des analyses (Missire, 2013) dans lesquelles nous soulignions que cette mise en relation des problématiques perceptivistes et sémiotiques, entretient une forme de cloisonnement premier entre plans qui empêche de poser la question d'une perception sémiotique non réductible à la "somme" d'une perception sémantique d'une part et d'une perception de l'expression d'autre part. Nous argumentons ici que, dans l'état actuel de la théorie, problématisations perceptives et sémiotiques sont bien co-présentes, mais la sémiosis est toujours l'affaire de la rencontre ("appariement") entre deux plans dont la séparation n'est pas réellement problématisée puisqu'elle est à vrai dire constitutive de la sémantique comme discipline. Aussi le recours à une conceptualisation de type gestaltiste pour modéliser l'activité langagière se trouve précédée par une séparation principielle issue de la théorie linguistique (i.e. plans du signifiant et du signifié) non théorisée dans le cadre d'une théorie du champ perceptif. On voudrait ainsi dans ce qui suit s'interroger sur la possibilité de prolonger le thème phénoménologique dans la perspective morphosémantique, ce qui consistera à envisager directement la question de la phénoménalité du sémiotique dans le cadre d’une théorie du champ attentionnel.