Résumé : Leo Strauss est aujourd’hui considéré comme l’un des représentants les plus importants de la philosophie politique du XXème siècle. Alors que sa pensée fait l’objet de conflits idéologiques violents aux Etats-Unis, elle ne donne pas lieu, en Europe, à un débat d’interprétations. L’article propose de soumettre les textes de Strauss à une lecture double, à la fois philosophique et politique. Il s’agit ici – contre les lectures apologétiques – de situer Leo Strauss dans une tradition antilibérale et antidémocratique, mais en essayant de montrer en quoi il tente d’en renouveler les termes, particulièrement dans sa réappropriation d’une pensée rationaliste. L’article propose plus précisément d’explorer les implications politiques du « platonisme » de Strauss, notamment tel qu’il est articulé dans Philosophie und Gesetz (1935) en le resituant dans le contexte politique et intellectuel des années 1920 et 1930. Ce qui est à première vue un simple commentaire érudit sur la philosophie islamique et juive du Moyen-Âge, s’avère être une réflexion sur les rapports entre philosophie et État autoritaire. Philosophie und Gesetz ne théorise cependant ni une forme de ‘résistance’ philosophique ni ‘l’exil intérieur’, mais dresse plutôt le portrait d’un ‘fascisme idéal’ et de la fonction de la philosophie à l’intérieur de celui-ci.
Zusammenfassung : Leo Strauss wird heute als einer der wichtigsten Vertreter der politischen Philosophie des 20. Jahrhunderts betrachtet. Während sein Denken in den USA sehr umkämpft ist, findet in Europa keine Debatte um die Interpretation seines Werks statt. Die Texte von Strauss werden in dem Aufsatz einer doppelten, zugleich politischen und philosophischen Lektüre unterzogen. Gegen die apologetischen Interpretationen wird sein Denken hier in einer antidemokratischen und antiliberalen Konstellation situiert. Jedoch soll auch gezeigt werden, inwieweit er sich in eine rationalistische Tradition einzuschreiben versucht. Der Aufsatz rekonstruiert die politischen Implikationen seines Platonismus’, indem Philosophie und Gesetz (1935) im politischen und intellektuellen Kontext der 1920er und 1930er Jahren verortet wird. Was auf den ersten Blick als ein bloßer Kommentar der jüdischen und islamischen Philosophie des Mittelalters erscheint, erweist sich als eine Reflexion über das Verhältnis zwischen Philosophie und autoritärem Staat. Philosophie und Gesetz theoretisiert jedoch nicht den philosophischen Widerstand oder das innere Exil, sondern projiziert in den vormodernen Begriff des Gesetzes einen ‚idealen Faschismus’ und stellt die Frage nach der Rolle der Philosophie innerhalb desselben.
Pour citer ce document
BRUNO QUÉLENNEC (2012) «Quel Platonisme ? Philosophie et État autoritaire chez Leo Strauss», [En ligne], Volume XVII - n°3 (2012). Coordonné par Christophe Cusimano,
URL : http://www.revue-texto.net/index.php/http:/www.revue-texto.net/1996-2007/Archives/Parutions/Archives/Parutions/Marges/docannexe/file/4227/docannexe/file/4405/docannexe/file/96/docannexe/file/4712/docannexe/file/Archives/SdT/docannexe/file/Parutions/Semiotiques/index.php?id=3051.