Résumé : Le monde cumulatif de la culture, au sens cosmopolitique du terme, est bien l’objet des sciences de la culture: elles ont pris pour tâche de l’objectiver sans égard pour les préjugés d’appartenance. Maintes questions restent ouvertes. Relativement à une anthropologie philosophique, que serait une anthropologie sémiotique? Comment réconcilier le langage et la pensée, le contenu et l’expression, l’universalité postulée de l’esprit humain et la diversité des cultures? Comment décrire l’environnement humain, massivement sémiotisé? Il faut dépasser les théories sur l’origine du langage pour mieux comprendre l’émergence du sémiotique, en s’appuyant notamment sur les acquis récents de la linguistique et de l’anthropologie. Comme les langues sont des œuvres humaines plus que des produits providentiels de l’évolution, les oppositions sommaires entre inné et acquis, nature et culture doivent être relativisées. Cette tâche incombe à la sémiotique des cultures. La fédération des sciences de la culture est la plus récente de toutes, puisqu’elle n’a que deux siècles. C’est le projet même de Lumières que de comprendre le monde humain par lui-même, dans son unité comme dans sa diversité corrélative, sans tenir compte de déterminations extrinsèques. Pour une sémiotique des cultures, il est impossible de projeter des catégories a priori sur ses objets. Pour connaître les spécificités toujours locales et évolutives d’une culture, il faut la comparer avec d’autres, voire toutes les autres. Une culture ne peut se comprendre qu’au sein du corpus constitué par les autres cultures, auxquelles elle est liée par un faisceau de similarités et de différences, d’emprunts et d’innovations propres. Toute l’histoire des sciences de la culture aura été marquée par la constitution progressive de leur domaine d’objectivité, celui de la diversité humaine. Elles doivent trouver un équilibre entre l’unité du genre humain, découverte et affirmée politiquement au temps des Lumières par le concept même de Droits de l’homme, et la diversité des hommes dans le temps comme dans l’espace. Il n’y a pas là un universalisme prétendument abstrait et eurocentrique, mais un cosmopolitisme bien compris qui récuse les préjugés locaux, les supériorités prétendues. Le II SEMICULT traitera de ces questions selon six grands axes, permettant d’organiser la réflexion et d’inscrire les interventions. 1. Renouveau de la linguistique, néosaussurisme, sémantique interprétative et au-delà (Responsable: Éric Trudel). 2. Corpus: des textes aux œuvres * (Responsable: Mathieu Valette). 3. Arts et œuvrés: Littérature, Théatre, musique... (Responsable: François Rastier). 4. Sémiotique des cultures et sciences des cultures (Responsable: Maria de Fátima B. de M. Batista). 5. Anthropologie sémiotique et cultures (Responsable: Pierluigi Basso Fossali). 6. La reconstruction et perspectives épistémologiques (Responsable: Maryvonne Holzem).
Pour citer ce document
(2022) «SEMICULT II, CONGRÈS INTERNATIONAL SÉMIOTIQUE ET CULTURE», [En ligne], Volume XXVII - n° 3 (2022). Coordonné par Créola Thenault-Baltaretu,
URL : http://www.revue-texto.net/index.php/http:/www.revue-texto.net/1996-2007/archives/parutions/archives/parutions/marges/docannexe/file/4227/docannexe/file/4222/docannexe/file/4401/docannexe/file/4783/parutions/Parutions/Semiotiques/docannexe/file/2363/docannexe/file/2363/docannexe/file/Parutions/Archives/Parutions/Parutions/Archives/Parutions/Marges/index.php?id=4810.