Carine DUTEIL-MOUGEL : INTRODUCTION À LA RHÉTORIQUE

ANNEXE 9 : Figures de pensée (Quintilien)

FIGURES DE PENSÉE [1]

l’interrogation : elle admet une infinie variété : « Il y a figure, toutes les fois qu’on se propose, non d’avoir des renseignements, mais de presser quelqu’un : “Que faisais, en effet, Tubéron, ton épée dégainée à l’armée de Pharsale ?” » (7, p.171) ;
« Nous interrogeons aussi sur ce qu’il est impossible de nier : “C. Fidiculanius Falcula n’a-t-il pas été enfin accusé ?” ou ce à quoi il est difficile de répondre, comme dans les formules courantes : “Comment ? Comment est-ce possible ?” ou pour rendre odieux, comme Médée chez Sénèque : “Quels pays me dis-tu de gagner ? ” ou pour apitoyer, comme Sinon chez Virgile : “Quels pays, quelle mer peut, hélas ! m’accueillir ?” ou pour presser l’adversaire et lui enlever tout moyen de feindre, comme Asinius : “Entends-tu ? Le testament que j’attaque est celui d’un furieux, non celui d’un homme qui a manqué à ses devoirs”. » (8-9, p.171-172) ;
« Elle convient à l’indignation : “Qui pourrait adorer le pouvoir de Junon ?” et à l’étonnement : “Où ne contrains-tu pas tous les cœurs des mortels, maudite soif de l’or ?” » (10, p.172) ;
« C’est parfois un moyen de commander avec plus de vivacité : “Ne voudront-ils donc pas, ayant saisi leurs armes, Par toute la cité poursuivre l’étranger ?” et nous-mêmes, nous nous interrogeons, comme dans Térence : “Que faire donc ?” »  (11, p.172)

« Dans les réponses, il y a aussi une figure, quand, par exemple, une question est posée sur un point et que l’on répond sur un autre, parce que c’est plus utile ainsi, tantôt parce qu’on aggrave l’accusation, comme fit le témoin à qui l’on demanda si l’accusé lui avait donné des coups de bâton et qui dit : “Et je ne lui avais rien fait”, ou tantôt, ce qui est la forme la plus fréquente, pour l’éluder : “Je te demande, dit l’avocat, si tu as tué cet homme”, l’accusé répond : “C’était un bandit”» (12, p.172) 

« On peut vouloir aussi que la défense précède l’aveu, par exemple, chez Virgile, dans les Bucoliques : “Ne t’ai-je donc pas vu tendre un piège, vaurien Au bouc de Damon ? ” et il est répondu “Fallait-il que, vaincu dans le concours de chant, Il ne me payât pas son dû ? ”» (12, p.172-173) ;
« Ces répliques sont voisines de la dissimulation [2], une figure où l’on ne dissimule que pour faire rire […] car, si la réponse avait un tour sérieux, elle serait un aveu. » (14, p.173) 

l’interrogation feinte : « façon de se poser des questions et de se répondre » (14, p.173) 

la subjection, la suggestio : « quand, après avoir posé une question, on n’attend pas la réponse et on la fait soi-même immédiatement » (15, p.173) 

« On interroge aussi en usant d’une comparaison » (16, p.173) 

l’anticipation : « elle est d’un effet admirable dans les procès, car elle consiste à prévenir les objections. Elle n’est pas rare dans les autres parties et convient surtout à l’exorde. » (16, p.174) ;
Elle comporte des espèces différentes : « L’une d’elle est une sorte de défense anticipée » ; « Quelquefois, c’est une sorte d’aveu » ; « ailleurs, c’est une manière de prédiction : “Car je dirai, juges, non pour aggraver l’accusation” ou d’excuse : “Pardonnez-moi, je vous prie, si je me suis laissé emporter trop loin” ou très fréquemment, de préparation, quand nous expliquons d’habitude assez longuement pourquoi nous allons agir ou nous avons agi. » (17, p.174) ;
« Le sens et la propriété des mots sont aussi confirmés par une anticipation : “Et pourtant, ce n’était pas un moyen de punir le crime, mais de l’empêcher ”, soit par une rectification : “Citoyens, dis-je, s’il est permis de les appeler de ce nom ”. » (18, p.174) 

l’hésitation : « Un air de vérité confirmée est apporté aussi, à nos dires, par l’hésitation, quand par exemple, nous feignons de chercher par où commencer, où finir, que dire de préférence, ou, s’il ne faut pas ne pas parler du tout. » (19, p.174-175) 
Exemple : “Pour ma part, je ne sais où me tourner ? Puis-je nier le bruit scandaleux que le tribunal a été corrompu ?” (19, p.175) ;
« Ce procédé vaut même pour couvrir le passé, car nous feignons aussi d’avoir hésité. » [3]  (20, p.175)

la communication : « ou bien c’est une consultation de nos adversaires eux-mêmes comme Domitius Afer défendant Cloatilla : “Dans son émoi, elle ne sait pas ce qui est permis à une femme, ce qui convient à une épouse ; peut-être est-ce le hasard qui vous a mis en contact avec cette malheureuse dans cet isolement ; toi, son frère, vous, les amis de son père, quel conseil donnez-vous ?” » (20, p.175) 

(le dialogisme) « ou bien et c’est un procédé très fréquent, nous ouvrons une sorte de délibération avec les juges : “Que conseillez-vous” ? ou : “Je vous le demande” et “Qu’aurait-il fallu faire enfin ?” » (21, p.175)

la suspension : « Mais parfois dans de telles formes de communication avec l’auditoire, nous ajoutons quelque chose d’inattendu, ce qui est déjà en soi une figure, comme le fait Cicéron dans les Verrines : “Et alors ? Qu’en pensez-vous ? Peut-être un vol ou un pillage ? ” ; puis, après avoir tenu longtemps en suspens l’esprit des juges, il suggère quelque chose de beaucoup plus malhonnête. C’est ce que Celsus appelle “suspension”. » (22, p.175-176)

la permission : « De la même source, à peu près, que la communication découle ce que l’on appelle la permission, lorsque nous laissons aux juges mêmes, parfois également à nos adversaires, le soin d’apprécier certaines choses : ainsi, Calvus dit à Vatinius : “Frotte-toi le front et dis que tu étais plus digne d’être prêteur que Caton.” » (25, p.176) 

les exclamations [4] : « Quant aux figures qui sont le mieux adaptées pour faire croître l’émotion, elles consistent surtout dans la simulation. Car nous feignons la colère, et la joie, et la crainte, et l’étonnement, et le chagrin et l’indignation, et le désir et d’autres sentiments semblables. De là ces traits : “J’ai été délivré : j’ai respiré.”, et : “C’est bien”, et “Quelle folie est la mienne !” et “Ô temps ! ô mœurs !” et “Malheureux que je suis ! J’ai séché mes larmes, mais la douleur reste néanmoins fixée dans mon cœur” et “Ouvrez vous maintenant immenses continents !” » (26, p.176) 

l’adulation : « Mais souvent sous un extérieur de liberté se cache l’adulation. » (28, p.177) 

Exemple pris chez Cicéron : « “Quel autre but avions-nous Tubéron, que de détenir un pouvoir qu’il détient aujourd’hui ?”, Cicéron réussit admirablement à présenter comme bonne la cause des deux parties et il se concilie ainsi celui dont la cause était mauvaise. » (29, p.177) 

la prosopopée : « Plus audacieuse, et, de l’avis de Cicéron, exigeant un plus grand effort est l’intervention imaginaire de personnages qui est appelée “prosopopée”. C’est une figure merveilleuse pour donner au discours de la variété et surtout de l’animation. Grâce à elle, nous dévoilons les pensées de nos adversaires, comme s’ils s’entretenaient avec eux-mêmes, mais on ne les croira que si nous les représentons avec des idées qu’il n’est pas absurde de leur attribuer ; de plus, nous pouvons introduire d’une manière convaincante des conversations tenues par nous avec d’autres et par d’autres entre eux et, en leur attribuant des conseils, des objurgations, des plaintes, des éloges, des accents de pitié, nous leur donnons les caractères qui conviennent. » (29-30, p.177-178) ;
« Il y a plus : à l’aide de cette forme de langage, il est permis de faire descendre les dieux du ciel et d’évoquer les morts. Les villes mêmes et les peuples reçoivent le don de la parole. » (31, p.178) ;
Quintilien mêle ensemble les conversations imaginaires (sermocinatio), la prosopopée et l’imitation.
« Il est même opportun de feindre ou que nous avons devant les yeux des choses ou des personnes, et que nous entendons des paroles, de nous étonner qu’il n’en soit pas de même ou pour nos adversaires ou pour nos juges » (33, p.178-179)  ; « Si l’on peut feindre les paroles, on peut feindre aussi des écrits » (34, p.179) ;
« Parfois, la prosopopée prend la forme d’une narration. » (37, p.180)

la personnification : « Nous personnifions souvent aussi des abstractions » (36, p.179) ; « On va jusqu’à faire parler par fiction une personne indéterminée » (37, p.180) 

l’apostrophe [5] : « consiste à détourner du juge notre propos » (38, p.180) ; « [Elle] est d’un effet admirable, soit que nous attaquions les adversaires : “Que faisait en effet alors ton épée, Tubéron, à la bataille de Pharsale ?”, soit que nous nous tournions vers une invocation : “C’est à vous en effet que j’en appelle désormais, collines et clairières sacrées d’Albe”, ou à quelque imploration génératrice de haine : “Ô lois Porcia et lois Sempronia !” » (38, p.180) 

l’hypotypose : « Quant à la figure, dont Cicéron dit qu’elle place la chose sous nos yeux, elle sert généralement, non pas à indiquer un fait qui s’est passé, mais à montrer comment il s’est passé, et cela non pas dans son ensemble, mais dans le détail  […] D’autres l’appellent hypotypose, et la définissent comme une représentation des faits proposée en termes si expressifs que l’on croit voir plutôt qu’entendre » (40, p.181) 

la transposition des temps : « Et ce n’est pas seulement ce qui s’est passé ou se passe, mais ce qui se passera ou aurait pu se passer que nous imaginons. Cicéron, dans son Pro Milone, fait un admirable tableau de ce qu’aurait fait Clodius s’il s’était emparé de la préture. » (41, p.181)

la topographie : « Certains rhéteurs rangent la description claire et expressive des lieux dans la même catégorie de figures ; d’autres l’appellent topographie » (44, p.182) 

l’ironie en tant que figure : « dans la forme figurée de l’ironie, toute l’intention est déguisée, le déguisement étant plus apparent qu’avoué ; dans le trope, l’opposition est toute verbale ; dans la figure, la pensée et parfois tout l’aspect de la cause sont en opposition avec le langage et le ton de voix adoptés. […] en un mot, si une métaphore continuée fait une allégorie, l’ironie-figure est faite d’une série d’ironies-tropes. » (46, p.183) 

l’antiphrase : une sorte d’ironie-figure ; « figure qui tire son nom de sa forme négative » (47, p.183) 

Exemples [6] : “À quoi bon citer les décrets d’Antoine, ses rapines, les héritages qu’il s’est fait donner, ceux qu’il a arrachés par la force ?” et : “Je passe sur cette première violence inspirée par la débauche” et : “Non, je ne lis pas même les témoignages relatifs aux 600.000 sesterces”, et : “Je pourrais dire ...” » (47, p.183) 

« Il y a encore ironie, quand nous avons l’air de donner un ordre ou de faire une concession : “Sous le souffle des vents, va, gagne l’Italie !” » (48, p.184)

« et, lorsque nous concédons à des adversaires des qualités que nous ne voulons pas leur voir reconnues. » ; Ce procédé a beaucoup plus d’effet, quand nous possédons ces mêmes qualités, que n’a pas notre adversaire : “Accuse-moi de peur, Drancès, toi dont la droite Entassa des monceaux de Troyens immolés.” » (49, p.184) 

« Un résultat identique est obtenu, quand nous feignons au contraire de confesser, pour ainsi dire, des fautes qui ne sont pas les nôtres ou même qui sont imputables à nos adversaires » (49, p.184)

« Et ce n’est pas seulement aux personnes, mais aussi aux choses que s’applique cette technique qui consiste à dire le contraire de ce que l’on veut faire comprendre » (50, p.184) 
Exemple : “Ô l’admirable tendresse ! ô singulière bienveillance ! ” (51, p.184)

« Ne sont guère éloignés de cette façon de feindre divers procédés, semblables entre eux : l’aveu, qui ne portera aucun préjudice, comme : “Tu as, Tubéron, l’avantage le plus souhaitable pour un accusateur : un prévenu qui avoue” » (51, p.184) ;
« en second lieu, la concession, lorsque confiants dans l’excellence de la cause, nous donnons l’impression d’admettre même des faits qui nous sont défavorables : “Un noble capitaine de navire, d’une très noble cité, s’est libéré à prix d’argent de la crainte d’être battu : c’est humain !”» (51, p.184-185) ;
« en troisième lieu, l’accord, comme dans le même plaidoyer, lorsque Cicéron convient que “dans le procès il y a eu corruption”. » (51, p.185) 

« Il y a aussi des éloges simulés, comme Cicéron attaquant Verrès à propos du chef d’accusation concernant Apollonios de Drépanum : “C’est même un plaisir pour moi de savoir que tu as volé quelque chose chez cet homme, et je dis que tu n’as jamais rien fait de mieux.”» (52, p.185) 

« Parfois, nous exagérons les accusations portées contre nous que nous pourrions aisément détruire ou nier » (53, p.185) ; « Quelquefois, nous employons le même moyen pour mettre en doute des charges aussi graves, comme le fait Cicéron dans le Pro Roscio, lorsque, de toute la force de son éloquence, il exagère l’énormité du parricide, déjà évidente par elle-même. » (53, p.185)

l’aposiôpèse (la réticence: « pour indiquer la passion ou la colère : “Vous que ... Mais il vaut mieux calmer l’onde agitée” ou l’inquiétude et une sorte de scrupule » (54, p.185) ;
« ou bien, cette figure sert aussi de transition : “Or, Cominius – mais excusez-moi, juges”. » (55, p.186)

« À ce genre appartient aussi, s’il faut toutefois la compter parmi les figures, la digression où d’autres voient une des parties d’un discours » (55, p.186) 

« Il y a une autre forme de figure, qui n’est pas, à vrai dire, une réticence, puisqu’elle ne laisse pas une phrase inachevée, mais qui la suspend, cependant, avant la fin pour ainsi (dire) naturelle, comme ici : “J’insiste trop ; le jeune homme semble vivement ému”, et : “Que dire de plus ? Vous avez entendu le jeune homme lui-même”. » (57, p.186)

l’éthopée : « l’imitation du caractère d’autres personnes » (58, p.186) ; « [Elle] peut être rangée, elle, parmi les figures qui excitent des émotions plus légères. En effet, elle s’emploie presque uniquement pour plaisanter, mais elle se rapporte aux faits et aux paroles. » (58, p.186-187) 

l’exposition : « Mais nous pouvons aussi, d’une manière analogue, imiter nos propres paroles et nos actions en recourant à l’exposition, avec cette différence que c’est plutôt pour soutenir un point de vue que pour railler » (59, p.187) 

les tours : « Sont également agréables en eux-mêmes et très utiles pour concilier la sympathie, par leur variété et surtout par leur nature, les tours, qui, présentés d’une façon simple et sans apprêts, nous rendent moins suspects au juge. De là, par exemple, ce quasi-repentir que l’on feint à propos de ce que l’on a dit […] ou quand nous feignons de chercher ce que nous pourrions dire : “Que reste-t-il encore ?” et “N’ai-je rien oublié ?” ou de trouver sur-le-champ une réponse, comme le fait Cicéron : “Reste aussi à parler d’un seul autre délit de ce genre-ci” et “Ce fait m’en rappelle un autre”.» (59-60, p.187) 

« Ce qui donne aussi du charme au discours, c’est, après avoir mentionné certaines circonstances, d’en différer la discussion, et d’en confier le dépôt à la mémoire du juge, et de réclamer ce dépôt ou encore, de répéter certaines de nos assertions en usant d’une figure, (car la répétition en elle-même n’est pas une figure), et de détacher spécialement quelques points et de donner au plaidoyer comme des visages différents. » (63, p.188) 

l’emphase : « lorsque d’une phrase donnée sort un sens caché » (64, p.188) 

la controverse figurée [7], la controuersia figurata :« Toute voisine [de l’emphase], sinon identique à elle, est la figure qui est le plus en vogue actuellement. Il faut venir maintenant en effet au genre de figure le plus employé et dont on attend particulièrement, je crois, que je parle, et qui consiste grâce à certaines insinuations à faire entendre autre chose que ce qu’impliquent les mots, non pas nécessairement le contraire, comme dans l’ironie, mais autre chose, qui est caché et que l’auditeur doit, pour ainsi dire, découvrir. » (65, p.189) 

Quintilien consacre le dernier tiers du chapitre II à l’utilisation des figures dans les controverses : sections 65 à 107 (pages 189 à 201).

« On en fait un triple usage ; lorsqu’il est trop peu sûr de s’exprimer ouvertement ; puis, lorsque les bienséances s’y opposent ; en troisième lieu, seulement en vue d’atteindre à l’élégance [8], et parce que la nouveauté et la variété charment plus qu’une relation des faits toute directe. » (66, p.189) 

Il mentionne pour le premier usage, le recours à l’ambiguïté [9] ; pour le deuxième usage, l’emploi des sous-entendus [10], des insinuations équivoques, d’une sorte d’insinuation voilée [11], et de l’euphémisme (atténuer certaines choses pénibles). Enfin pour le troisième usage, il mentionne l’utilisation de l’ironie, du procédé qui consiste à faire entendre une chose par une autre, du procédé qui consiste à tirer parti du serment [12], de la comparaison [13], puis [14] de la concentration, de la conséquence, de l’inférence, de la menace, et de l’exhortation [15].

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NOTES

1 Nous indiquons dans les citations uniquement le numéro de section et le numéro de page dans la mesure où toutes les figures de pensée sont abordées au Livre IX, chapitre II.

2 Quintilien a traité de la dissimulation dans le livre VI, III, 68.

3 « Parmi les figures de mots, il en est qui diffèrent peu des figures de pensée, comme l’hésitation. Quant elle porte sur la chose, elle doit être rangée dans le premier groupe ; quand elle porte sur le mot, dans le suivant. » (Livre IX, III, 88, page 227).

4 Certains rhéteurs la rangent parmi les figures de mots mais « Quand ces exclamations sont vraies, elles n’entrent pas dans la catégorie dont nous parlons ici, mais simulées et faites par souci d’art, elles doivent, sans nul doute, être rangées parmi les figures. » (Livre IX, II, 27, page 177).

5 « Mais on appelle aussi auersio (apostrophe) tout développement qui détourne de la question principale l’attention de l’auditeur : “Je n’ai pas en Aulis avec les Danaens juré d’anéantir la race des Troyens”. » (Livre IX, II, 39, p.180-181).

6 Avec les exemples que Quintilien donne, l’antiphrase semble être davantage la prétérition.

7 « C’est presque le seul procédé comme je l’ai montré plus haut [(Livre IX, I, 14)], auquel l’on donne aujourd’hui le nom de figure ; et de là vient qu’on parle de controverses figurées. » (Livre IX, II, 65, page 189).

8 « Reste le troisième genre de figures, où l’on cherche seulement une occasion de s’exprimer avec plus d’élégance, et c’est d’ailleurs pourquoi Cicéron estime que de telles figures ne trouvent pas place dans une contestation. » (Livre IX, II, 96, page 198).

9 « Que les faits conduisent eux-mêmes le juge à soupçonner, et écartons tout le reste, afin que cela seul subsiste ; c’est à quoi nous aident beaucoup aussi l’appel aux passions, les silences qui interrompent le débit, et les hésitations,. De cette façon, le juge cherchera de lui-même je ne sais quoi auquel peut-être il ne croirait pas, s’il avait entendu exposer, mais auquel il croit, parce qu’il pense l’avoir trouvé lui-même. » (Livre IX, II, 71, pages 190-191).

10 « Ce qui aide l’orateur, c’est que l’auditeur se réjouit de comprendre les sous-entendus, se félicite de sa propre intelligence, et, dans l’éloquence d’un autre, trouve de quoi se louer lui-même. » (Livre IX, II, 78, page 193).

11 « qui consiste à demander au juge l’application plus rigoureuse du droit, mais qui laisse percer quelque espoir de clémence, non pas ouvertement, pour ne pas donner l’impression de composer, mais en laissant soupçonner de manière plausible notre façon de penser, comme cela se fait dans beaucoup de controverses » (Livre IX, II, 90, page 196).

12 « Et l’on ne mérite pas créance, quand on jure pour avoir l’occasion de lancer un quelconque petit trait, à moins de pouvoir y réussir aussi bien que Démosthène » (Livre IX, II, 98, pages 198-199).

13 Quintilien doute que la comparaison soit une figure « car tantôt c’est un genre de preuve, tantôt même un genre de cause » (Livre IX, II, 100, page 199). 

14 Quintilien reprend les propositions de Rutilius Lupus (Publius), l’adaptateur latin du traité Sur les figuresde Gorgias le Jeune (Ier siècle av. J.-C.) - rhéteur et maître du fils de Cicéron.

15 Quintilien mentionne également les figures que comte Celse : « exclure, affirmer, récuser, émouvoir le juge, recourir à des proverbes et des citations poétiques et des plaisanteries et des marques de malveillance et des invocations pour aggraver l’accusation, flatter, pardonner, dédaigner, admonester, faire des excuses, conjurer, reprendre » (Livre IX, II, 104, page 200).