Carine DUTEIL-MOUGEL : INTRODUCTION À LA RHÉTORIQUE

ANNEXE 10 : Figures de mots du premier genre (Quintilien)

FIGURES DE MOTS [1] du premier genre

« Le premier tire son origine des mêmes sources que les défauts ; en effet, la figure de mots serait un défaut, si elle n’était pas voulue, mais accidentelle […] Aussi, quoiqu’elle s’écarte de la façon simple et directe de s’exprimer ; est-ce un avantage considérable, qui est de rompre l’ennui d’un parler quotidien et toujours formé de la même manière, et de nous sauver d’un genre de langage banal. » (2-3, p.202)
« Ces figures ou d’autres analogues, qui auront lieu par hypallage, par addition, par retranchement, par transposition, attirent sur elles l’attention de l’auditeur et ne la laissent pas languir, car, de temps à autre, il est réveillé par quelque figure notable ; de plus, de cette affinité avec un défaut dont j’ai parlé, dérive un certain agrément, tout comme, parfois, dans les mets, l’acidité est agréable. » (27, p.209)

« On peut trouver à propos des noms, des figures qui portent sur le genre » (6, p.203)

permutation entre les voix : « exprimer par la voix passive ce que nous faisons, et inversement, par la voix active, ce que nous subissons » (7, p.203)

« La figure porte aussi sur le nombre des noms, soit lorsqu’on trouve un pluriel après un singulier, ou inversement » (8, p.203)

« l’infinitif est employé à la place du nom » (9, p.204)

« Nous nous servons aussi du verbe pour le participe » (9, p.204)

« transforme soit les parties du discours, soit les cas » ; « Quelquefois, on réunit les deux figures » (10, p.204)

« on change aussi les temps » (11, p.204) ; « et le mode » (11, p.204)

« renversement de l’ordre naturel [de la phrase] » (15, p.205)

l’adiectio : « Nam neque Parnasi uobis iuga, nam neque Pindi (on peut se passer en effet du second nam) » (18, p.206)

« Le retranchement que l’on fait dans le contexte d’une phrase entraîne ou un défaut ou une figure : Accede ad ignem, iam calesces plus satis, où l’expression complète serait en effet : plus quam satis est. » (18, p.207)

« nous nous servons aussi du comparatif au lieu du positif » (19, p.207)

« Nous mettons en opposition deux comparatifs » (19, p.207)

« Il y a aussi des figures, comme la suivante, qui ne ressemblent pas certes à un solécisme, mais qui cependant, changent le nombre : on les range ordinairement parmi les tropes, comme lorsque l’on se sert du pluriel en ne parlant que d’une personne : “Mais nous avons couru une immense carrière,” le singulier pour le pluriel : “Tout comme le Romain valeureux sous les armes du pays de ses pères …”» (20, p.207) ; « De nous-mêmes aussi nous parlons comme des autres » ; « Nous nous servons de notre personne au lieu de celle des autres, et nous imaginons certaines personnes au lieu des autres. » (21, p.208)

« On peut comprendre aussi dans le même groupe ce que nous appelons la parenthèse ou l’incise, lorsqu’au milieu de la phrase s’intercale une autre pensée » ; « on y ajoute l’hyperbate, quand on n’a pas voulu la  compter parmi les tropes » (23, p.208) ; la seconde figure du même genre ressemble à la figure de pensée nommée apostrophe ; elle change, non pas le sens, mais la forme de l’expression [2] » (24, p.208)

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NOTES

1 Nous indiquons dans les citations uniquement le numéro de section et le numéro de page dans la mesure où toutes les figures de mots sont abordées au Livre IX, chapitre III.

2 « Ceux qui ont établi des distinctions terminologiques pour de telles minuties appellent cette dernière figure métabase » (Livre IX, III, 25, page 209).